The Bowery est un obscur et marginal quartier de la cosmopolite ville de New York, éponyme de la rue principale qui le traverse de part en part, où se retrouvent, aimantées par le malheur et la désolation, toutes les épaves de la société, les nombreux laisser-pour-compte du réticent rêve américain. A travers le personnage emblématique de Frank Matthews qui revient dans le secteur, après un vague séjour professionnel à Jersey comme simple manoeuvre dans les chemins de fer, nous suivons la déchéance quotidienne de quelques quidams, au bout du rouleau, qui ne survivent que dans l'alcool, les petits boulots occasionnels, le vol et une maigre aide sociale. La plupart du temps, avachis à même le sol ou le trottoir, après avoir consommé quelques alcools en nombre, dans des bars minables où fusent les invectives et les agressions, jusqu'au bout de la nuit, ces foudroyées épaves humaines, tentent vainement, dans la mesure du possible et de leur dégrisement, le lendemain, de vendre leurs bras, pour décharger quelques hypothétiques camions en manque de main-d'oeuvre momentanée. Toute la misère et la vacuité du (nouveau) monde, dans cet époustouflant et cafardeux lumpenprolétariat, véritable cour des miracles où se côtoient faciès à la Jérôme Bosch, sidérantes loques sorties d'un tableau de Francisco de Goya et faramineux déglingués chers aux visions avinées d'un Edvard Munch transatlantique.

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