inconnu(e)
Produit par Martin Scorsese, réalisé par Spike Lee, sur une musique de Seal Chakar Khan, Clockers est l'adaptation du livre de Richard Price où la violence est montrée sans concession. Pour l'écrire, l'auteur avait passé trois ans à Jerzey City. Il avait mis casque et treillis militaires pour traîner avec des flics honnêtes ou pourris et des dealers, psychopathes pour certains, obsédés par la religion pour d'autres. La plupart incapable d'aligner deux mots à la suite. Spike Lee nous plonge dans l'univers glauque du Bronx. Tout cela sur fond de racisme, d'antisémitisme et de discours sur la souffrance du peuple noir cher au réalisateur. Le personnage principal Strike est un dealer de bas étage, lorsque son chef de bande Rodney lui offre une promotion. L'un des rivaux de Strike est retrouvé mort. Deux policiers enquêtent, l'un, l'inspecteur Mazilii, aimerait résoudre rapidement cette affaire qui lui apparaît comme un règlement de compte du mileu. Son coéquipier Rocco, lui, se complique la tache en recherchant la vérité. Spike Lee aborde tous les thèmes des quartiers difficiles afro-américains : l'argent, la drogue, la peur et l'envie de s'en sortir alors que l'on vient d'un milieu défavorisé. Le cinéaste nous montre avec une réalité saisissante une scène sur le cynisme ordinaire où des flics font l'autopsie d'un noir assassiné, avec une décontraction digne de vacanciers. Comme si le corps d'un macchabée noir était devenu un spectacle si courant qu'il mérite à peine le détour. Enfin Spike Lee, pour être politiquement correct, nous dépeint un Bronx où les ghettos sont propres, les dealers compréhensifs et les drogués en bonne santé. L'image des policiers généreux, qui sont habités par un idéal de justice en béton, est le fruit de l'idéalisme du cinéaste. Des clichés que le livre dénonçait pourtant.