Une caricature du patronat "d'avant-guerre", ici une sorte de Don Juan détenteur absolu du gagne-pain de la communauté, manipulant son monde, en particulier abusant ses employées sans pilule contraceptive... Dehors affables, mais une vraie fripouille. Au passage, égratignure de la sacro-sainte soutane, Renoir ose gratter là où ça démange ! On sent la déferlante de 1936 dans les débats autour de la coopérative, certes le travail reprend toute sa noblesse s'il est géré en commun pour peu qu'on ait une certaine philosophie, je pense à la grossesse de la jeune fille. Beaucoup d'énergie, ça pulse, de la Traction Avant au bon vieux train d'antan, et d'escaliers en corridors... Une merveille surtout en 2007, au moment ou le Code du Travail (droits actuels restants hérités du Front Populaire de 1936) risque sa peau au profit d'un capitalisme cette fois poussé jusqu'au grotesque...Renoir, après mille rebondissements familiers pour resserrer l'intrigue du couple central, illustre le tournant de 1936 par deux événements parallèles (avec une caméra qui n'en finit pas de tournoyer entre un immeuble et une cour, mais on est comme aimanté à la suivre) : la première scène rend hilare, ce vieux type ivre-mort qui chante et ne sait plus où il est... Second tableau, au milieu de ce capharnaüm, un couteau sera sorti par un individu plutôt sobre... Et tout cela s'encastre bien, en quelques secondes, la suggestion d'une vie meilleure.