A croire que, déjà, Pasolini se sentait maudit ! Ce premier film largement autobiographique le laisserait à penser, notamment l'issue... Le réalisateur insiste sur la pauvreté mère de tous les vices et se veut aussi, par de multiples facettes, le beau gosse joué par l'acteur : certes pauvre, mauvais garçon, mais aussi irrésistible et fatal. C'est traversé de quelques éclairs de tendresse que la rudesse vient systématiquement saccager. Se décèle de manière claire l'homosexualité du cinéaste : la caméra "lèche" les muscles mâles dans les fréquents corps-à-corps, mais le baiser d'initiation à la blonde captive, lui cache le visage !). Musique stridente du début bien qu'il s'agisse d'une ritournelle de Bach (les prises de son ont progressé !). Un film plein de nihilisme et de fracas, à l'issue Ô combien prémonitoire quant à nos belles sociétés modernes... Déjà dans les sixties ! Reste cette impression d'avoir croisé les mêmes décors dans d'autres films italiens de cette époque, villes aux rues quasi-désertes, alignement de cabanes plus que de maisons en banlieues, terrains vagues.