L'intrigue débute comme une oeuvre télévisée d'une énième adaptation d'un roman policier de Georges Simenon. Un matinal quidam, portant sur son dos une imposante barrique qu'il veut déposer à l'unique débit de boissons encore fermé d'un petit village rural de la France profonde, découvre, à travers les rideaux de la porte, la silhouette d'un cadavre, celui de la tenancière. Qui est l'assassin ? En fait, le réalisateur s'en fiche royalement. Son propos est ailleurs, finalement bien plus dramatique que le décès de Yolande dont nous ne sauront rien : la mort d'une forme de ruralité familiale, de la petite exploitation paysanne indépendante. On entre chez les Saulnier qui vivent en métayage sur environ quinze hectares ; Henriette, la mère, trois enfants, un ouvrier agricole et des fins de mois plus que difficiles. On entre aussi chez Louis Guillon, un peu plus loin au village, propriétaire de la ferme, vieux garçon qui a deux employés, Pépette et Riri, et qui voudrait vendre son minuscule petit domaine devenu obsolète et ruineux. Ajoutez une permanente frustration existentielle, une lancinante misère sexuelle agrémentées d'une désespérante solitude et le charmant tableau de nos riantes et pimpantes campagnes français est presque complet, loin des représentations idylliques des trompeuses cartes-postales du passé et des immenses domaines sulfatés, triturés, dégradés des exploitations intensives de nos nouveaux capitalistes de la terre.

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