Un des plus beaux films de 1994 et le film qui révéla Tsai Ming-liang. Un univers clos et étouffant, filmé en longs plans-séquence asphyxiants; des personnages solitaires, qui font l'amour par désoeuvrement, qui ne communiquent plus. Taïpei aura rarement semblé aussi étroite. Seul le personnage de Lee Kang-sheng, l'acteur fétiche de Tsai, semble encore avoir des sentiments, mais il est à peine sûr de sa sexualité. Les personnages de Yang Kuei-mei et de Chen Chao-jung, autres acteurs fétiches du cinéaste, semblent complètement perdus, vides, à la recherche de quelque chose qui n'existe plus. Le long plan final est d'une rare cruauté, lorsque Yang Kuei-mei pleure, seule sur un banc...Au milieu d'un parc presque désert et en déconstruction, mais ce plan, qui dure six minutes, est aussi un espoir, dans le sens où la jolie Yang Kuei-mei peut encore pleurer pour refléter sa solitude et son désespoir. « La rivière », le film suivant de Tsai, prolongera le personnage ambigu de Lee Kang-sheng. Ce sera de nouveau un film magnifique. Et pour finir, je dirais « Vive l’amour ».