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MON CHER PETIT VILLAGE-1985-
Nationalité : Tchécoslovaquie
Titre VO : Vesnicko ma strediskova
Durée : 1h38
Date de sortie en France : 01/07/1987
Réalisation : Jiri MENZEL
Scénario : Zdenek SVERAK
Prise de vues : Jaromir SOFR
Musique : Jiri SUST
Distributeur : Les Films Cosmos
Visa d'exp. : 65967
Résumé
Chroniques moraves du bonheur. Qu'il vente ou qu'il neige, été comme hiver, ainsi qu'un sagace et ponctuel métronome, l'enveloppé et bougon Pavek s'en vient chaque matin, depuis cinq ans déjà, allure martiale et coup de sifflet autoritaire, prendre au passage son jeune aide Otik, grande perche dégingandée, orphelin un peu simplet qui l'accompagne dans ses quotidiens déplacements professionnels. En effet, nos deux compères livrent avec leur imposant camion bleu océan, sable, ciment, luzerne, aux alentours, sous les directives quinquennales d'un vague plan local (à moins que ce soit le contraire) de l'omniprésente coopérative agricole. Mais le brave garçon, au constant sourire chevalin, débordant de serviabilité et de gentillesse, est en fait une véritable charge pour le bourru Pavek, essentiellement à cause de son irrépressible gaucherie et de sa naturelle et catastrophique innocence. C'est d'ailleurs après une énième bévue (un pilotage fort approximatif occasionnant la chute d'un poteau chez un client pointilleux) que son mentor prend la résolution de se séparer de son cafouilleux assistant, dès la fin de la saison des moissons. Décision sévère qui arrange d'ailleurs bien du monde : pour commencer le jeune vétérinaire de la région qui utilisait la maison d'Otik pour ses illicites amours adultérines avec l'affriolante Turkova, mais aussi l'arrogant directeur du département "Bois et Plaques", vague cadre praguois à la suffisance affichée, en recherche d'une discrète et abordable résidence secondaire.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 17/20
Merveilleuse petite chronique villageoise qui nous décrit avec un papillonnant regard aigre-doux le quotidien de quelques habitants emblématiques d'une faussement idyllique bourgade de Bohême, avec son placide et bucolique médecin poète, aux hasardeuses déambulations automobiles, alcoolique et rimbaldien à ses heures, l'éternel mari jaloux et trompé qui essaime ses soupçons à tort et à travers, l'adolescent pubère et rêveur, amoureux transi de l'institutrice qui lui préfère un philosophe peintre de passage et surtout, l'incontournable Otik Rakosnik, "l'idiot du village" avec son impossible casque stéréophonique pour aplatir ses volumineuses oreilles. Un petit chef-d'œuvre d'humour et de tendresse, véritable clin d'œil respectueux à Jacques Tati et surtout au duo Laurel et Hardy, qui n'oublie pas d'égratigner au passage la fameuse normalisation soviétique du pays, d'un subtil metteur en scène tchèque qui nous avait déjà fortement enchanté avec ses dramatiques "Trains étroitement surveillés" qui lui permirent quelques élogieuses et solides reconnaissances internationales.
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Critiques - Commentaires Public
Note : 19/20
Découvert cette perle de 1985 en janvier 2009 grâce au dvd. Que de fraîcheur ! Que de bonne humeur (d'une veine comparable à "Pleure pas la bouche pleine" de Pascal Thomas ou à "Chant des Mers du Sud" de Marat Sarulu) !... Si le réalisateur emprunte d'abord à Tati le climat villageois bon enfant, à Laurel et Hardy la complémentarité de deux silhouettes contrastées, ses deux personnages affichent un plus : le petit gros est un artisan bourru, tuteur du grand maigre "retardé", un être qui attire d'emblée la sympathie car ça chauffe pour ses oreilles, délocalisation à Prague en vue : fort heureusement les figures locales, laborieuses autant que débonnaires, pèsent sur les décisions ! Peinture de la Tchécoslovaquie sous la bureaucratie soviétique (la santé communautaire fait qu'on se prendrait à regretter les changements politiques advenus depuis) : charmant village avec cimetière au ras du jardin où on se rince souvent la cloison l'après-midi en dégustant quelque grillade... Les travers sociaux universels sont abordés avec minutie, la mise en scène joue sur plusieurs tableaux (la nouvelle de l'adultère sur fond de télé et maquette de bateau !). Des dialogues d'une grande saveur, une sensualité pleine de joie du fait des entraves. Bien capter les petites intrigues car elles s'inscrivent dans un fil narratif sinueux mais précis. Beaucoup de poésie "couleur locale" aussi (je pense à ce "Dormeur du Val" de Rimbaud ânonné par le médecin, et quel médecin !...). Un beau voyage dans une dérision de tous les instants, quelques allusions à la grande ville, et retour immédiat vers les aléas de la technique, les merveilles de la vie champêtre. La musique est sur mesure, toujours entre Marche de Radetzki et fête foraine, plane aussi un brin de romantisme allemand... Dans ce milieu préservé, tout de suite familier au spectateur, la philosophie fait songer à Marcel Pagnol le méridional. Plusieurs sources d'inspiration font la richesse globale. Pour les réfractaires à la démesure de certains cinéastes de l'est, on est dans une forme d'absurde, mais les excès ne franchissent jamais la ligne jaune ici... Vraiment dommage que ce morceau de roi, antidote puissant à la morosité collective, ne puisse ressortir en France à nouveau sur grand écran !
Bibliographie
Dvd
Il comprend en bonus : - Une analyse par Romain Le Vern et Anne-Laure Brénéol (12 minutes) - Un dossier pédagogique conçu par RCA - Contreplongée (20 pages)