Permet de constater les comportements des populations de 1939-1940 en Autriche, en Tchécoslovaquie (Prague) et en France (à Paris, à Marseille). Il faut deviner que ça se passe sous Pétain, début des camps français (St-Just), panique aux bureaux de contrôle des papiers. Repli collectif sur le chacun pour soi, sauve-qui-peut (mais aussi entraide par moments, compassion et, inévitablement l'éros français, sous une forme fugace qui ne manque pas de charme !). Règne de l'arbitraire. La permission tacite d'importuner, voire de carrément torturer, prendre les biens des cibles sans qu'elles aient voix au chapitre. On passe du système D à la pulsion de charger une catégorie afin d'évacuer son trop-plein. L'émergence d'un représentant de la furie collective. Le film en noir et blanc est romancé ce qu'il faut. Traversé d'images d'archives rendant plus perceptible encore la montée du fléau. L'instant de ce couvercle qui finit par sauter. Les quelques éclairs de fraternité font contraste avec le sauve-qui-peut, la panique de ces "pas comme la majorité" qui finissent par endosser une culpabilité imaginaire. Autre aspect occulté par nos cours d'histoire à l'école... Se croire épargné comme le jeune romantique, traumatisé mais encore en devenir. Beau et effrayant, la musique en accord parfait avec ce qu'on voit. Déjà un peu touffu par moments. Le pire de la Seconde Guerre, notre passé européen. Curieux, à notre époque de récession économique comme l'on se sent en terrain familier !