"L'Empty Quarter" : c'est ce grand désert aride au sud de l'Arabie Saoudite (pas de pluie, pas de sources, températures avoisinant les 45 degrés...) où, en décembre (période choisie par le cinéaste en 1985), le thermomètre descendrait parfois à 15 degrés. Un endroit mythique où emporter en jeep une jeune fille invitée à partager une chambre d'hôtel, au prix d'une libido exacerbée : qu'elle "craque" enfin. Ne plus jamais s'ennuyer sans référence à l'autre, être rassuré par la possession physique. Quelles que soient les répercussions, au moins voyager à deux et non plus tout seul. On sent bien l'expérience du photographe de presse, reporter dans le monde entier, qui s'est forgé une obsession à partir de chimères et sait qu'il va la digérer par le biais du cinéma. J'ai souffert de la superposition des dialogues, cette voix-off mâle sur le débit féminin, fort heureusement le dvd permet de revenir en arrière pour tout capter, y compris ces magnifiques plans sous la lumière rougeoyante ou dans la pénombre. Ai été un peu heurtée par la violence du monologue mâle, au plus près de ses pulsions. mais tout autant par la riposte de la belle, elle y va fort... Il reste une part d'insolite, le cinéaste et sa monteuse (Franssou Prenant), fervents globe-trotters dans la vie, créent quelques énigmes, comprend qui peut. Mais j'ai bien voyagé, les images (cette lumière !), les atmosphères africaines diverses, et ce besoin d'amour de chacun doublé de la terreur de dépendre, tout ce travail d'orfèvre de la caméra, rachètent LE GRAND ABSENT sur l'écran, en tous cas pour la femme que je suis et qui aime également se rincer l'œil et le cœur au cinéma : un personnage masculin INCARNE...