Sans atteindre les sommets d’horreurs de "Requiem pour un massacre", "L’ascension" est un film extrêmement éprouvant qui fait écho aux drames que la Biélorussie connut lors de l’occupation nazie (un quart de la population décimée). Sur le plan technique comme scénaristique, il y a deux temps dans le film de Shepitko. Avant que les deux hommes ne soient capturés, le film est réalisé caméra à l’épaule, comme pour le rendre le plus authentique possible, à grands (et superbes – bien qu’il soit compliqué d’utiliser de tels adjectifs au regard du propos) coups de longs plans-séquence rigoureux. Après, la caméra se fait moins nerveuse et pose les bases d’un tout nouveau regard sur les personnages. Avec un titre comme L’ascension, il ne peut que s’agir d’une allégorie de la figure du Christ qu’incarne le personnage de Plotnikov (celui de Rybak étant à rapprocher de Judas). Shepitko, élève de Dovjenko au VGIK, réalise un des films soviétiques d’après-guerre les plus remarquables, alternant avec justesse et sensibilité des registres extrêmement variés (la guerre, la foi, la trahison, la mort, le sacrifice etc…). Le cinéma dans ce qu’il a de meilleur et de plus durable.