Je viens de me procurer un coffret DVD comprenant deux films dans lesquels joue Patrick Dewaere. Ces films ont la particularité d'être réalisé tous deux par Maurice Dugowson. Il s'agit de "Lily aime-moi" et "F comme Fairbanks". Mon article consacré à cet acteur sublime qu'est Patrick Dewaere ainsi que l'article sur son film "Coup de tête" montrent à quel point je le considère comme un élément essentiel à ce qui constitue aujourd'hui mon amour pour le cinéma. J'ai vu nombre de ses films, mais je ne connaissais pourtant les deux films proposés dans le coffret que de nom. Je viens de visionner "F comme Fairbanks" sorti en 1976 avec entre autres Miou-Miou, John Berry et Michel Piccoli. Patrick Dewaere y est "André" un jeune ingénieur chimiste qui vient de finir son service militaire. A son retour à la vie civile... il apprend que son amie ne l'a pas attendu et que les promesses d'embauche pré-armée ne seront pas suivies d'effets. Seule "Marie", passionnée de théâtre, campée par Miou-Miou, va lui apporter un peu de réconfort... momentané. Le chômage et ses doutes sur l'amour que lui voue "Marie" vont finir par faire craquer "André"... et il va sombrer dans une lente dépression, puis dans une folie sauvage. Petit, "André" avait pour héros Douglas Fairbanks, acteur des années 20 dont il porte encore le chapeau de "Zorro"... et il va très vite se rendre compte au travers de ses déboires que devenu adulte, il n'a rien de la force et de la sagesse de son héros d'enfance. Un personnage à la "Dewaere" donc, fragile looser... et instable psychologiquement. Le film prend beaucoup de sa force dans la relation qui existait alors entre Dewaere et Miou-Miou... En couple et parents d'une petite "Angèle" à la ville... ils vivaient au moment du tournage une rupture difficile tout comme dans le scénario de "F comme Fairbanks". La scène où "Dewaere" tente de récupérer sa dulcinée dans le film en cassant tout sur son passage est d'ailleurs d'une force et d'une violence inouie... Joue t'il la comédie à ce moment là ? Le final, lorsque notre anti-héros emmène sa chérie sur un tapis volant lors d'un ultime voyage onirique, rappelle ces rêves d'enfant et certains films où le héros finit par triompher de tous les dangers, plus beau et plus étincelant que jamais... Fin troublante quand on connait la destinée de Patrick Dewaere... Sans doute a t-il lui aussi finit par triompher de ses peurs, de ses angoisses en accédant à un ailleurs forcément plus limpide. Pour l'anecdote, on aperçoit dans "F comme Fairbanks" Christian Clavier et Thierry Lhermitte alors inconnus dans deux petits rôles de complément. Ce n'est pas le meilleur film de "Dewaere"... ou plutôt pas celui qui m'a le plus touché, mais ce film m'a beaucoup plu. Traiter le sujet du chômage à la fin des années 70 était assez tabou et Dugowson s'en tire superbement en dépeignant cette lente descente aux enfers plus psychologique que matérielle. Mais si j'ai aimé ce film, c'est encore et avant tout pour le jeu de Patrick Dewaere... Je n'ai pu m'empêcher de me faire la réflexion que décidément... en tant qu'acteur, il n'a jamais eu et n'aura sans doute jamais d'alter ego. Un tel personnage manque au cinéma actuel.