Du charmant poème scolaire "Mes deux filles", Truffaut offrait dans les seventies de revenir en rappelant que Léopoldine se noya avec son mari, et qu'Adèle, belle et brillante pianiste se sentant la moins aimée de l'écrivain, prit la tangente en serrant les dents. Le film relate ses petits calculs à distance dans le glacial Halifax où revendiquée Hugo ou clandestine, elle réclame et empoche les mandats, court derrière ce Pinson magnifié plus il se dérobe, finit par colporter des inventions qui trahissent autant un excès de romantisme que l'effroi de n'être rien... Chaleur humaine et pourtant rudes images que ces embarcations et habitations devinées dans le noir. Que d'austérité comparé à la douillette Hauteville House de Guernesey et ses palmiers ! J'avais oublié lors de la sortie en salle l'épisode de la Barbade dans le sillage du lieutenant, cette errance qui peut être de la démence ou le détachement des joueurs qui ont atteint leur objectif... Pinson l'appelle et Adèle continue de marcher l'air absent. Ramenée de cet exil au bercail par une bonne âme, Adèle a-t-elle été hospitalisée puis enfermée une fois pour toutes ? A quel point, face au monstre sacré paternel pas si commode en famille notamment avec la gent féminine, était-elle artiste ou aliénée ? Ce film un peu sévère dans l'approche (j'en avais retenu la froide descente aux enfers d'une obsession non partagée) a le mérite d'attirer l'attention sur cet aspect. En plus de la prestation d'Isabelle Adjani alors en plein épanouissement... La voix-off révèle qu'une fois à l'abri du monde, Adèle Hugo aurait beaucoup jardiné, noirci à sa façon quantité de pages et... enterré tous les siens (1830-1915) !