Il serait parfaitement vain de vouloir résumer ce film largement a-narratif qui foisonne d'éléments irrationnels et hautement absurdes. C'est avec une profusion débordante et outrancièrement hyperbolique, usant de tous les éléments stylistiques disponibles (juxtaposition, collage, accumulation, déstructuration, animation, coloration, saturation) que Vera Chytilova enfièvre son ballet délirant, avec une effarante maîtrise, frisant parfois l'excès surnuméraire et la surcharge démonstrative. Passant du coq à l'âne, du noir et blanc à la couleur, avec toujours cet invisible fil conducteur d'une radicalité dévastatrice, entre intuitive provocation et mauvais goût assumé, la réalisatrice fait penser aux heures glorieuses d'un dadaïsme triomphant, aux plus facétieux courts métrages d'une Agnès Varda slave, aux souriants pataquès de quelques Zazie désormais praguoises. Un étonnant patchwork visuel, surprenant, intelligent, fort justement primée par le Grand Prix du festival de Bergame (1967).