Un délice de chaque instant grâce à l'ironie du réalisateur qui piste (et le spectateur itou) l'élégante Madeleine de Beaupré, redoutable prédatrice avec sa visière glamour au volant... Les mouches tombent sous son charme de croqueuse, on s'attendrait au pire mais voilà que le prince alter égo débarque. S'ensuit la complicité nécessaire au milieu de personnages secondaires tout aussi savoureux. Brumeux noir et blanc, réparties entretenant le mystère : derrière leur malice de l'ultime. Le couple est attachant, mais le ton bascule vers l'angoisse... Il ne faut pas que les enchantements s'estompent au profit de la banalité quotidienne certes, légèreté de contact, alors pourquoi ce noir en arrière-plan et qui se rapproche ?... C'est justement cette note qui fait tout le prix de l'intrigue. Car, sous le drapé et les voiles de la dame, derrière sa familiarité mondaine (scène inoubliable de "la fricassée"), se profile l'atrocité de 1936, période d'un obscurantisme total... Sourire pour ne pas s'effondrer, réagir pour faire face au cataclysme imminent. Une oeuvre visionnaire, qui fait partager clairement le pressentiment de la guerre 1939-1945 dans toute son horreur.