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Critique(s)/Commentaire(s) Publiques de
David Hainaut

  • ODETTE TOULEMONDE (2006)
    Premier film réalisé par le populaire écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, ‘Odette Toutlemonde’ suscitait une curiosité bien naturelle. Berçant dans un univers féérique rappellant volontiers celui d’Amélie Poulain, l’histoire repose sur l’admiration d’une lectrice (Catherine Frot) envers son écrivain fétiche, Balthazar Balsan (Albert Dupontel). Ce dernier, dont la carrière va être rapidement ruinée par la critique et la télévison, trouve refuge chez cette fan hors du commun. S’en suit un rapprochement entre deux êtres que tout sépare pourtant (culture, mode de vie, moeurs...). Détruit par l’intelligentia parisienne, Balsan saisit ainsi l’importance et l’influence de ses oeuvres chez le commun des mortels. Serait-ce là une approche autobiographique du réalisateur? Il y a en tout cas, quelques similitudes entre celui-ci et le personnage. La trame psychologique se mêle en outre à de joyeux moments de comédie musicale, rendant hommage à l’illustre Josephine Baker. Destiné aux coeurs tendres, Odette Toutlemonde, s’il n’est pas un chef d’oeuvre, prouve que Schmitt est bien quelqu’un d’éclectique. Grâce bien sûr, à deux très bons acteurs. Examen d’entrée donc réussi pour le ‘néo-réalisateur’.
  • LA MÔME (2006)
    On craignait une once de déception. Enième biographie d’un mythe et battage médiatique agaçant, l’entrée dans la salle s’accompagnait d’un scepticisme presque naturel. Fort heureusement, celui-ci a vite valsé. Grâce à une réalisation esthétique et originale, Olivier Dahan, cet inconnu du grand public, a effectivement réussi son ambitieux pari. Plus encore que Claude Lelouch, qui dans la même lignée, avait signé le convaincant ‘Edith et Marcel’ en 1983. Mais Dahan, concédons-le, bénéficiait de moyens financiers à la hauteur des enjeux, la chaîne TF1 étant de la partie. Œuvre historique, émouvante et nostalgique, il faudrait être sacrément exigeant pour ne pas succomber au charme de ce film qui fera date dans le cinéma français. Grâce aussi, à l’impressionnante orchestration musicale. Magistrale, l’ex-discrète Marion Cotillard est donc parvenue à ressusciter Piaf. Son personnage écrase presque le reste d’un casting pourtant à la hauteur. On ne pourra d’ailleurs reprocher à Gérard Depardieu de s’y être perdu.Enfin, la perfection de l’ensemble et la charge émotionnelle permanente nous fait même omettre un montage parfois contestable – seul reproche possible au film. ‘Non, je ne regrette rien’, disait la môme. Eh bien assurément, nous non plus!
  • LE SAUVAGE (1975)
    Assurément, "Le sauvage" mérite une reconnaissance. Malgré près de trois millions de spectateurs en 1975 et une jolie place parmi les dix premiers du box-office français cette année-là, ce film semble curieusement sous-estimé des télévisions, et donc du public actuel. Tourné dans de merveilleux paysages sud-américains, le rythme effréné du film rappelle rapidement "L’Homme de Rio", qu’avait d’ailleurs co-écrit le réalisateur, Jean-Paul Rappeneau. Une comédie d’aventures surprenante, complète, à laquelle se mêlent pour notre plus grand plaisir, action, humour et, naturellement, beaucoup d’exotisme. Le tandem Montand-Deneuve (celle-ci particulièrement belle ici) agrémentant le tout, l’ennui est inexistant, outre le nombre restreint de personnages. Si les sorties de Rappeneau restent rares (à peine 7 films en 50 ans, l’excellent "Bon Voyage" étant le dernier), elles en valent décidément à chaque fois la peine.
  • LES HOMMES (1972)
    Habituellement confinés aux seconds rôles, Michel Constantin et Marcel Bozzuffi jouent cette fois les têtes d’affiches, dans ce thriller bien rythmé par Daniel Vigne, réalisateur de la dernière version de Jean de la Fontaine. S’inspirant de faits authentiques, une longue suite de réglements de compte parmi la pègre corse - qui fit une quarantaine de victimes dans les années cinquante -, les actes sont aussi héroïques que stupides. Evoquant aussi l’époque des blouses noires, la précision des dates à l’écran rend plus crédible l’histoire que le décor, parfois entâché d’anachronismes, les puristes ayant probablement remarqué la relative faiblesse du budget. Parmi toutes ces brutes, amis, frères ou beau-frères, où l’honneur de la famille prévaut sur tout, la présence de la jeune et jolie Nicole Calfan semblerait presque vaine. Et rappeler que la Corse se prêtera toujours admirablement bien aux tournages serait lui anodin. L’ensemble, parfois peut-être un peu brouillon, est franchement honorable. Quant aux concepteurs du Dvd, impossible de ne pas leur rendre hommage ici, eux qui nous ont placé quelques secondes d’une autre film – avec Annie Duperey – en plein cœur de l’histoire (à 1h03, serait-ce une erreur lors de la superposition des couches ? ). La bande son de Francis Lai entendue à ce moment-là, est pourtant bien celle des "Hommes". De mémoire de Dvdvore, nous n’avions jamais vu cela...
  • BÉRU ET CES DAMES (1968)
    Malgré un très décevant premier épisode cinématographique, San Antonio et son équipe remirent le couvert, deux ans plus tard, avec ce "Béru et ces dames". Bien meilleur que "Sale temps pour les mouches", le premier opus, on se rend compte que le réalisateur, Guy Lefranc, ne bénéficie pas des mêmes moyens que André Hunebelle, pour ses "Fantômas". Ni d’un de Funès en tête d’affiche. Le célèbre commissaire crée par Frédéric Dard, est de nouveau interprêté par Gérard Barray, très crédible ici, mais dont on oublia vite le visage sur les grands écrans. C’est par contre moins le cas des seconds rôles, puisqu’on y retrouve le drôlatique Jean Richard – alors qu’il débutait au même moment en Commissaire... Maigret – en Bérurier, rôle que Depardieu reprit dans la dernière version de Frédéric Auburtin, l’irremplaçable Paul Préboist en inspecteur Pinaud, et les charismatiques Marcel Bozzuffi et Roger Carel. N’évoquons même pas la pléiade de petits rôles (Michel Creton, Marthe Mercadier, Jackie Sardou, Bernard Lecoq...). Couvert par un scénario rythmé, l’ensemble, sans être véritablement mémorable, reste cocasse et divertissant. Etonnant, quand on sait la malédiction qui plane sur San Antonio au cinéma – car les livres eux, se sont vendus à 200 millions d’exemplaires dans le monde - et qui se poursuivra inexorablement, en 1981 d’abord, avec "San Antonio ne pense qu’à ça", et en 2004 donc, avec "San Antonio", pourtant incarné par Gérard Lanvin. Qui diable, osera remettre le couvert ?
  • LA GRANDE LESSIVE (!) (1968)
    La Grande Lessive (! ) a confirmé ce que je pensais: la télévision a une mémoire sélective en ce qui concerne le choix de ses films montrés, et créé ses propres "classiques" de manière parfois arbitraire. Souvent (re)diffusé, ce film avec Bourvil a pris un tel coup de vieux, qu’il ne justifie plus ses fréquentes programmations, au contraire par exemple, d’"Un drôle de paroissien et de "La Grande Frousse", les deux premiers films tournés de concert par Bourvil et Jean-Pierre Mocky, qui davantage rangés encore, ont sans doute eu le tort d’avoir été tourné en noir et blanc. Ce qui ne plaît guère au public du prime-time... Mais "La Grande Lessive", qui aurait dû s’appeler "Le tube" aux dires de Mocky, n’est pas complètement inintéressant. Surtout parce qu’il photographie une époque où la télé commençait à conditionner le quotidien des Français, et à bousculer leurs habitudes. Hélas dans la forme, ce neuvième film de Mocky déçoit, victime de son aventure bien trop ambitieuse. Si on comprend qu’en 1968, l’ORTF, la télé d’alors, profitait d’un élan de curiosité général pour abrutir les foules, au point que certains en soient devenus esclaves; si on mesure combien la petite lucarne a interpellé les intellectuels français comme elle le refera en 2001 avec l’apparition du ”Loft Story”, on constate vite que l’entreprise (c'est-à-dire, projeter un élixir miracle censé saboter toutes les antennes de télé parisiennes) est mission impossible. Ensuite? La critique sociétale devient vite une comédie décousue et franchouillarde, où chacun y va de son petit numéro et où le mot fin se fait vite attendre. Bourvil barbu semble être quelqu’un d’autre en professeur de lettres, Francis Blanche n’est que très moyennement drôle en médecin malheureux, et Jean Poiret impose tout juste de sa présence en patron télévisé. On trouve finalement le moyen de rire grâce aux policiers que Mocky aime toujours ridiculiser, à travers Marcel Pérès et Jean-Claude Rémoleux (surtout). On soulignera au passage l’excellente bande originale – comme souvent – de ce surdoué qu’était François de Roubaix, trop tôt disparu.Avant d’entamer cette curiosité donc, il s’agit de se bien se remettre dans le contexte de l’époque, où on considérait qu’avoir une télévision en couleur était un privilège et où une deuxième chaîne venait de naître. Les trois millions de spectateurs ne se sont déplacés en salle par hasard, mais pour comprendre le phénomène télévisuel dont ils étaient alors devenus des esclaves conscients. Rien de bien grave face à la bouffonnerie informatico-électronique actuelle, mais ce film, symboliquement tourné en Mai 68, est lui aussi un témoin de la révolution culturelle. L’honneur est donc plus que sauf.
  • CASINO ROYALE (1967)
    Un peu moins de quarante ans avant le 21è James Bond, ‘Casino Royale’ fut d’abord une parodie de films d’espionnage, genre très en vogue alors. Doté d’un casting riche et séduisant, cette sorte de ‘Austin Powers’ des sixties (la vulgarité en moins), rassemblait ainsi les héros de la Panthère Rose, Peter Sellers et David Niven, les respectables Woody Allen et Orson Welles, et le couple de stars du moment, Ursula Andress et Jean-Paul Belmondo (l’acteur français, ayant toujours refusé une carrière hollywoodienne, n’apparaissant toutefois que furtivement). Mieux, jusqu’aux plus petits rôles, les grands noms du cinéma apparaissent (épinglons encore William Holden, Jacqueline Bisset, Georges Craft, Déborah Kerr…). Un défilé certes attractif, mais au bout du compte, le résultat des …cinq réalisateurs semble mitigé. Multiples longueurs, scènes trop artisanales, image imparfaite, les deux heures du film pourront paraître insurmontables pour l’exigeant public actuel. Néanmoins, les puristes devraient apprécier l’esprit et l’humour très british, et se régaler devant cette jolie synthèse du vedettariat cinéphilique, fruit d’une époque assez magique finalement….
  • LES COMPAGNONS DE LA MARGUERITE (1966)
    Poursuivant mon parcours – chronologique! - de la longue filmographie de Jean-Pierre Mocky, je n’ai malheureusement pu voir le film succédant à "La Grande Frousse" ("La Cité de l’indicible peur"), à savoir "La Bourse et la vie", visiblement inexistant en DVD malgré la présence de Fernandel. Serait-ce la faute aux difficiles héritiers de ce dernier? Peut-être... J’ai donc effectué un petit bond dans le temps, en scrutant "Les Compagnons de la Marguerite" film que je ne connaissais que de nom. Et il m’a plu, malgré une première moitié de film bien plus captivante que la seconde. Mais encore une fois, Mocky parvient à couvrir les imperfections de son film par son scénario original et un casting incroyable, jusqu’aux rôles les plus mineurs. A nouveau, Francis Blanche se fond dans un personnage de flic drolatique à souhait, tandis qu’on succombe face à celle qui campe sa femme, Paola Pitagora, sorte d’Anouk Aimée italienne que les puristes ont certainement remarqué dans "Kapo" ou dans "La viaccia". Une actrice qui reste toujours très connue dans son pays. Expert en rénovation de vieux manuscrits, Jean-Louis Matouzec (Claude Rich, dans la même année qu’"Oscar"), utilise ses talents de faussaire pour modifier les registres de l’état civil afin de faciliter son divorce avec une femme (Catherine Rich, la sienne dans la vie! ) qui ne le désire plus, bien trop obnubilée par la ...télévision. Ce qui au passage, préfigure "La Grande Lessive", critique virulente de la petite lucarne qui sera le film suivant de Mocky. Falsification de documents manuscrits, divorce compliqué: cette histoire se déroulant à la fin des années soixante peut aujourd’hui nous sembler anachronique, où dans les ordinateurs ont pris le dessus sur l’administration, et où les divorces se comptabilisent autant que les unions sacrées. Mais voilà, au moment du film, Mocky venait lui-même de divorcer de la jolie Véronique Nordey, et l’homme s’est semble-t-il lui-même rendu compte des complications d’une séparation. Un réalisateur qui par ailleurs, a été aussi victime de l’administration, son père ayant modifié sa date de naissance (1929 au lieu de 1933!) pour le faire voyager en bateau! Une farce qui démarre en trombe, qui nous offre ensuite une pléiade de situations drôles, mais qui se perd finalement dans plusieurs séquences inutiles. D’où une qualité d’ensemble moindre qu’"Un drôle de Paroissien", par exemple. Bien que le film reste à ce jour l’un des plus gros succès publics de Mocky.
  • LE TONNERRE DE DIEU (1965)
    En (re)visionnant aujourd’hui "Le Tonnerre de Dieu", un sentiment de bien-être vous accapare. Telle une sorte de bouffée d’oxygène, tandis que l’ère du zapping bat aujourd’hui son plein. Au lieu de se détériorer, le cinéma de Denys de la Patellière ("Les grandes familles", "Un taxi pour Tobrouk"...) jouit plus que jamais de son époque, de ses vedettes, de ses valeurs et de ses beaux mots. Une pléiade de bons sentiments aussi, sans que l’on ne tombe toutefois dans l’excès. Et une histoire certes simple, mais dont on ne décroche jamais. Riche vétérinaire à la retraite et sans enfants, un Jean Gabin fidèle à lui-même recueille une jeune et insouciante prostituée, Michèle Mercier, prisonnière d’un proxénète sans scrupule, le pourtant élégant Robert Hossein. Joli coup de la production, ces deux derniers acteurs étant alors au faîte de l’actualité – nous sommes en 1965-, avec le début de la saga d’Angélique. Ils aideront naturellement à faire de ce Tonnerre un gros succès, tourné en partie dans les alentours de Nantes, ville originelle du réalisateur. A noter que Georges Garvarentz, beau-frère de Charles Aznavour (dont on entend un morceau dans le film), signa ici l’une de ses meilleures bandes-originales.Un résultat donc probant, révélateur d’un temps que l’on regrette sitôt la fin d’un film, qui devrait être diffusé plus qu’une fois par décennie sur les grandes chaînes nationales. Une fiction qui prouve par ailleurs, qu’il ne faut pas nécessairement vingt mouvements de caméra à la minute pour obtenir un résultat visuel efficace. Et finalement, tellement reposant. Un film à déguster.
  • LA CHASSE À L'HOMME (1964)
    Encore une comédie franchouillarde des sixties au casting détonnant ! Avec un sujet avantgardiste – une réflexion sur l'utilité du mariage, consternant à l'époque -, Edouard Molinaro, futur réalisateur d'"Oscar" et de "Hibernatus" pour rappel, proposa une audacieuse esquisse de comédies à sketches, très en vogue alors. Effectivement scindé en trois parties, le plaisir de retrouver un tel casting (Belmondo, Brialy, Rich, Blier, Darc, Laforêt, Deneuve et sa regrettée soeur Dorléac, rien que ça...) nous détournerait presque de la qualité relativement moyenne du scénario. Mais d'autres aspects rendent ce film intéressant : le maniement si particulier de la caméra par Molinaro, le charme hélas trop rare de Françoise Dorléac – dire qu'à 22 ans, la soeur de Catherine Deneuve décéderait accidentellement trois ans plus tard-, la classe d'un Jean-Claude Brialy qui n'était pas encore le bouffi de nos jours, ou l'attitude toujours aussi désinvolte de Belmondo forment un bon cocktail. Sans oublier la présence de deux figures incontournables de la période, la charmante Mireille Darc, et Bernard Blier, drôlatique à souhait. A défaut d'être un film extraordinaire donc, "Chasse à l'homme" reste donc très plaisant à revoir. A plus d'un titre, rappelons qu'il fut en outre dialogué par Michel Audiard (à épingler "Un amant exceptionnel ne peut faire qu'un mauvais mari", ou "Je vous laisse le choix entre le mariage et les menottes : - J'avoue que la différence m'échappe").
  • LA GRANDE FROUSSE (1964)
    Au terme de la vision de ce film oublié par le commun des mortels, j’ai été littéralement déboussolé. Figurez-vous donc, retrouver Bourvil en inspecteur dans un film fantastique qui préfigure "Le Pacte de Loups", cela a de quoi désarçonner n’importe quel cinéphage du coin! Un petit rappel s’impose: quelques mois avant "Le Corniaud", Bourvil accepte de tourner une nouvelle fois avec Jean-Pierre Mocky, suite à l’énorme succès d’"Un drôle de paroissien". Avec, encore à ses côtés, un casting quatre étoiles pour l’époque: Jean-Louis Barrault, héros des "Enfants du Paradis", Francis Blanche qui sortait des "Tontons Flingueurs", Jean Poiret, Raymond Rouleau (un brillant acteur belge hélas lui aussi oublié), Jacques Dufilho et une poignée de seconds couteaux bien connus de l’époque (Marcel Pérès, Dominique Zardi, Michel Dupleix...) Le pari est risqué, car il s’agit d’une adaptation très libre du roman d’un écrivain réputé raffiné, le Belge Jean Ray ("Malpertuis"). Mais surtout, que le genre fantastique français a toujours eu beaucoup de peine à trouver un public. Filmée dans un décor médiéval particulièrement envoûtant, cette comédie policière (car au final, c’est de cela qu’il s’agit) évoque la vie d’un village et d’une poignée d’aristocrates qui, apeurés par la présence d’une bête - on s’inspire ici de celle du Gevaudan -voient d’un drôle d’oeil l’arrivée d’un détective privé. Le noir et blanc aident des décors inquiétants, l’ambiance glauque est assurée même si rapidement, la farce prend le dessus pour donner une mixture inhabituelle, saupoudrée par des dialogues efficaces du dramaturge Raymond Queneau. Un ensemble étonnant dont on a, concédons-le, un peu de mal à y pénétrer d’emblée. A l’instar de "Snobs" deux ans plus tôt, le film fut malmené par la critique et rapidement ôté de l’affiche (à peine trois semaines), avant de finalement émerger plusieurs années plus tard (des intellectuels, puis Lino Ventura et Yves Montand, l’ont tous soutenu) pour en faire un objet culte. Preuve en fut, sa présence parmi les 100 meilleurs films ...du monde, selon un sondage américain. A mes yeux, le plus marginal des six premiers Mocky reste le plus original, et détient - jusque là – le plus beau thème musical (de Gérard Calvi, le père de l’animateur Yves), cadrant pleinement avec l’esprit du film. Dans lequel je rends ici hommage à Véronique Nordey (ah, quelle douce voix! ) qui, suite à son divorce avec le réalisateur, quitta tout autant son univers cinéphilique pour enseigner. Dommage!
  • LES MONSTRES (1963)
    Voilà le genre de comédies que l’on aurait envie de revoir, sitôt une première vision bouclée. Un peu comme a pu le faire plus récemment, "Oss 117" - toutes proportions gardées bien sûr. Car ici, l’on berce carrément dans le chef-d’œuvre de la comédie - à l’italienne-, il serait bon de le rappeler. "Les Monstres" est un ainsi un film de deux heures peuplée par dix-neuf sketches, qui pour la plupart, réunissent un célèbre duo d’acteurs italiens, Ugo Tognazzi (très différent que dans la multidiffusée "Cage aux folles"), et Vittorio Gassman ("Le Fanfaron", autre comédie notoire de Dino Risi). Et effectivement, comme le titre le présage, les personnages sont tout simplement odieux... mais tellement réels. Un réalisme qui vous glacerait le sang ! Les pires péchés capitaux de l’homme sont regroupés ici. Et cela fait mouche, qu’ils agissent par égoïsme, vanité, corruption, superficialité ou par avidité. En termes de méchanceté - et de drôlerie, car nous sommes tout de même là pour ça ! -, seul le personnage de Louis de Funès serait à même de rivaliser avec ces Monstres, qui connurent d’ailleurs une suite, quinze ans plus tard ("Les nouveaux monstres"). "Les Monstres", c’était au temps où le cinéma transalpin baignait dans la plus belle période de son histoire, avec des idées et un humour génialissimes – un comique de situation, qui n’éxiste quasiment plus de nos jours. Basée sur les plus basses valeurs humaines donc, ce film datant déjà de plus de quarante ans reste évidemment indémodable, et c’est justement là toute sa force ! A signaler la présence dans un sketch, d’une hégérie française de l’époque, Michèle Mercier, alors à l’aube de sa période Angélique...
  • UN DRÔLE DE PAROISSIEN (1963)
    Jusqu’à sa mort en 1970, Bourvil l’a souvent dit: les rôles les plus intéressants de sa carrière, il les a obtenu en tournant dans ses quatre films avec Jean-Pierre Mocky. Or, la rencontre entre les deux hommes aurait pu ne jamais se faire, l’entourage de l’acteur l’ayant déconseillé de travailler avec le réalisateur contestataire qui de plus, n’avait même pas de cachet à lui offrir, vu les coûts élevé de cette production! Mais voilà, le scénario original du film, la pléiade d’acteurs chevronnés et le discours du réalisateur avaient su aisément convaincre l’un des monstres sacrés du cinéma français d’alors. Comme ”Snobs” un an auparavant, Mocky flingue simultanément tous les pouvoirs (aristocratie, église, police) pour signer une farce corrosive, solide et jouissive. On rappellera qu’il s’agit de l’histoire d’un bourgeois déchu, n’ayant jamais travaillé mais contraint de subvenir aux besoins des siens. Lui vient alors l’idée saugrenue de soutirer l’argent des troncs de toutes les églises de Paris, en compagnie d’un ami (Jean Poiret). A une époque où ces dernières étaient encore très fréquentées, le solde pouvait en effet se révéler très rémunérateur! Intervient ensuite la Brigade de surveillance des Eglises (qui existait bien! ), une troupe de sous-flics dans laquelle on retrouve Francis Blanche, afin d’essayer de mettre le grappin sur les deux malhonnêtes. Une histoire tirée d’un fait réel où un ingénieur temporellement au chômage, pour nourrir sa famille, avait dérobé l’argent des troncs sans jamais être soupçonné. Vindicatif, l’homme souhaitait surtout reprendre l’argent à la paroisse de son village, qui n’avait jamais su l’aider en des moments durs. Plus jeune, le pauvre garçon avait pourtant lui-même gracieusement donné de sa poche aux plus démunis! Nommé à Berlin pour l’Ours d’Or, ce succès international (l’Australie, le Japon et Les Usa l’ont racheté) mérite plus que jamais une attention. Loin d’être démodée, cette comédie bon enfant aura de quoi ravir les 7 à 77 ans. Bien dommage que les mémoires collectives restent dictées par les programmations télévisuelles, et que ce film soit sans doute simplement victime du ...noir & blanc, ce qu’on ne déplorera jamais assez. Car les plus jeunes – dont je fais partie! - devraient savoir que Bourvil, ce n’est pas que "Le Corniaud" et "La grande vadrouille"!
  • LES VIERGES (1962)
    C’est paradoxal, mais contrairement à ce que l’indique son titre, le quatrième film de Jean-Pierre Mocky est bourré de poésie. Après avoir signé une farce plutôt réjouissante (”Snobs”) l’année précédente, le réalisateur en revient aux relations amoureuses, en y portant cette fois un regard exclusivement féminin. Pour rappel, Mocky avait évoqué celui des hommes dans ”Les Dragueurs”, et ceux tant masculins que féminins dans ”Un Couple”. A l’instar de ces deux bijoux, ”Les Vierges” est, davantage qu’un film, une description intéressante de l’époque pré-soixanthuitarde, et de ses mentalités qui aujourd’hui, nous semblent quasi surréalistes. Mais c’est justement ce qui en devient captivant! A travers cinq sketches, cinq situations - drôles ou non -, on nous rappelle ici combien la vie intime, sans pilule contraceptive, était tout sauf évidente pour la gent féminine, et combien régnait alors une forme de machisme primaire. Car tout le propos du film est là: pourquoi l’homme pouvait-il connaître une multitude d’aventures étant jeune, et (s’) exigeant ensuite une femme pure pour son mariage? Cette réalité d’un autre temps, qui existe cependant toujours aujourd’hui, mais plus forcément dans notre monde occidental, allait connaître une issue, quelques années plus tard, avec la Loi Neuwirth (1967) et la légalisation de la pilule.Quant à notre bonheur de cinéphage, on l’oublierait presque, il s’exprime de différentes façons: par la radieuse Stefania Sandrelli et les quelques jolis minois du film, par Georges Blain en étonnant bourgeois zozoteur (comme son paternel incarné par Francis Blanche, qui est à mourir de rire), par Charles Aznavour en prof de chimie qui s’éprend de l’une de ses élèves, ou par Jean Poiret en beau-père dragueur et moderne. On notera aussi la présence de Patrice Laffont, qui, bien avant la naissance des ”Chiffres et des Lettres”, allait tourner quelques mois plus tard le premier opus des Gendarmes, et ainsi poursuivre sa tentative – avortée – dans le monde du cinéma. Pour l’anecdote, notre jeune homme reçut pendant ce tournage une gifle mémorable d’une partenaire, pour avoir essayer de l’embrasser trop ...langoureusement! Belle illustration de l’esprit de ces ”Vierges”, en somme ...
  • SNOBS ! (1961)
    Après s’être intéressé de fort belle manière aux rapports amoureux, dans "Les Dragueurs" d’abord, dans "Un Couple" ensuite, avec un style respirant bien la Nouvelle Vague, Jean-Pierre Mocky change radicalement de cap pour son troisième film, en signant une farce dont les années 50 et 60 nous ont copieusement abreuvé. Truffée de gags, celle-ci est toutefois agrémentée par la dénonciation du snobisme, dont Mocky voyait des adeptes partout dans la société, de la Magistrature au Clergé, en passant par l’Armée. L’occasion d’envoyer quelques petites piques envers ces milieux du pouvoir – et au passage aussi, envers Monsieur Tout-Le-Monde – ce qui valut au film d’être conspué à sa sortie et presque directement ôté de l’affiche. Longtemps interdit, il obtiendra pourtant la sympathie de ...Woody Allen (qui racheta plusieurs gags à Mocky!) et des plus prestigieuses universités anglaises (Oxford et Cambridge) qui avaient apprécié l’humour très ...british du film. Nul n’étant prophète en son pays, il faudra attendre en France une critique élogieuse d’un journal à la fin des années 70, couplée d’une ressortie sur grand écran, pour qu’il soit reconnu à une plus juste valeur. Les acteurs, de Francis Blanche à Michel Lonsdale en passant Noël Roquevert, offrent une touche supplémentaire fort appréciable à leur personnage.Au final, l’ensemble – qui peut sembler parfois brouillon – a relativement bien vieilli, et mérite donc un détour. On regrettera néanmoins de ne plus y trouver le traitement poétique qui avait fait la force des deux premiers films de Mocky.
  • UN COUPLE (1960)
    Inexplicablement passé à la trappe, ce film de Jean-Pïerre Mocky a pourtant de la valeur et tout d’abord une belle histoire de départ, puisque pour recruter ses personnages centraux, le réalisateur eut l’étonnante idée de joindre à la presse des portraits-robot. C’est ainsi que furent embrigadés l’oubliée Juliette Mayniel (vue dans Les Cousins de Claude Chabrol) un ...peintre en bâtiment, qui malgré de fort belles dispositions, se limita à cette seule expérience au cinéma. Regardez-le bien, car il vaut largement certains de ses comparses d’alors! Si quelqu’un a du neuf, d’ailleurs...Dans cette étude de moeurs qui évoque la viabilité d’un couple, chacun, y compris dans notre monde de brutes actuel, se sentira à un moment concerné. C’est tantôt déroutant, tantôt troublant, mais il en reste heureusement un zeste d’optimisme. Un film scénarisé par Raymond Queneau (Zazie dans le métro) et qui fut soutenu par plusieurs intellectuels, tel Jean Cocteau qui avait dit de lui: "il est dérangeant parce qu’il est un miroir pour chacun d’entre nous". Certes à un moment, on peut regretter que ce couple s’évade si longuement en campagne pour tenter de régler ses comptes, mais on appréciera un ensemble au ton plutôt inhabituel pour l’époque. Nous sommes en 1960, la Nouvelle Vague est palpable, et on peut se demander, en voyant son deuxième film après Les Dragueurs, pourquoi Mocky n’a jamais été cité comme l’un de ses investigateurs. Par ailleurs, on sourira dès l’entame – et d’une intro mémorablement drôle – en constatant que ce film fut interdit par la censure aux moins de 18 ans, même si l’on ne tombe même pas une fois sur le moindre bout de sein. Sans doute parce qu’un couple qui se brise après trois ans pour des motifs surtout sexuels, même suggérés (on disait simplement "physiques" à l’époque), ça n’était pas tout à fait montrable à la jeunesse d’alors. Nouvelle Vague oui, mais Mai 68 semble encore assez lointain!Dommage vraiment, que les télés l’aient dénigré par la suite, car ce film mérite autant le détour que certaines pantalonnades multi diffusées. Heureusement qu’il reste le DVD!
  • FRIPOUILLARDS ET CIE (1959)
    "Fripouillard et compagnie" est, avec "Un Coup fumant", l’un des deux films tournés de concert par Louis de Funès et Toto, son pendant exact italien, en termes d’humour et popularité s’entend. Hélas, aucune de ces deux comédies ne figure ni au panthéon du cinéma, ni à celui de la carrière des acteurs. Le duo, en dépit d’un scénario loufoque et honorable, ne s’illuminant que trop rarement. Si l’on peut se féliciter de la réédition du Dvd, on pourrait néanmoins trouver regrettable de ne pas y trouver trace de la version originale. Car, de même que le jeu et les farces de de Funès perdent (au moins) la moitié de leur saveur dans une autre langue, celui de Toto reste tout aussi inexportable. Ajoutons à cela que Fufu était encore à quelques années de sa gloire, il n’en fallait pas moins pour que Toto ne soit totalement oublié pour le commun des mortels en France, alors qu’il est toujours à ranger du côté des mythes dans son propre pays. Tourné durant l’hiver 58, l’outil, une satire sur les impôts, cultive par ailleurs des aspects historiques et sociologiques savoureux, et reste donc très utile à revoir. Sans oublier le charme et l’esprit de l’époque. Tout n’est pas perdu, finalement...
  • LES YEUX SANS VISAGE (1959)
    Incontournable classique du cinéma, il n’est pas étonnant de constater que l’œuvre à connotation fantastique de Georges Franju n’ait pris la moindre ride, alors qu’il date pourtant de 1960. Comme quoi. Une fiction qui allait d’ailleurs vite inspirer Alfred Hitchcock, et surtout, bien plus tard John Woo, qui fit de "Volte Face", une fiction certes plus violente que poétique. Certes, un côté étonnamment spectaculaire pour l’époque apparaît ici, lorsque le docteur Génessier (incarné par Pierre Brasseur) réalise une opération destinée à ôter le visage de l’une de ses victimes. Une scène toujours intenable, mais qui représente bien un esprit baignant entre la réalité et le fantastique. Et qui quelque part, préfigure l’actualité de ces dernières années, avec l’évolution de la greffe du visage. Au bout du compte, il ne faut pas être un cinéphile averti pour s’apercevoir de la qualité intemporelle de ces "Yeux sans visage". Angoissant et esthétique.
  • UN TÉMOIN DANS LA VILLE (1959)
    Alors que Lino Ventura n’était véritablement connu du grand public que depuis une année, grâce notamment, au "Gorille vous salue bien" et au "Fauve est lâché", certains critiques craignaient pour l’acteur qu’il ne quitte plus jamais ses personnages de "brute dégénérée". Heureusement, l’acteur dirigea ensuite sa carrière de manière exemplaire, devenant parfaitement éclectique. Dans un "Témoin dans la ville", Ventura campe un homme ayant loupé de justesse un crime parfait, seul un taximan (Franco Fabrizi, vu dans "I Vitelloni", "Le petit baigneur" et "L’homme-orchestre") apparaissant comme l’unique témoin de sa culpabilité. Prisonnier de cette situation, il s’obstine à retrouver cet homme, qui songe plus à conquérir sa standardiste (Sandra Milo). S’en suit alors une chasse à l’homme classique, mais dont on ne se lasse jamais. L’occasion se présente alors de découvrir la vie nocture parisienne de la fin des années cinquante, si captivante.Voitures, taxis, métro, le Jardin d’Acclimatation: cet ensemble documentaliste régénère et offre un nouvel intérêt à cette histoire finalement simple. Si l’on s’aperçoit que rien n’a fondamentalement changé dans le métro en un siècle, les premiers radio-taxi poussèrent à cette époque-là aux oubliettes les vieux (mais si charmants) indépendants fonctionnant encore au pifomètre, comme l’un d’eux le précise si poétiquement dans le film.Un parfum noir, nostalgique et agréable plane tout au long cette fiction, signée Edouard Molinaro, qui retrouvera Lino quatorze ans plus tard, dans "L’emmerdeur".
  • LES MISTONS (1957)
    Un court métrage de Truffaut à ses débuts, dont l’aspect campagnard traduit bien la passion que le réalisateur vouait pour Jean Renoir, et qui préfigure "Les 400 coups", son premier succès, puisqu’il met en scène de jeunes adolescents. Ceux-ci traquent deux fiancés (Gérard Blain et Bernadette Lafont), leur passion, leurs baisers, comme pour caresser le rêve de l’amour qu’ils ne connaissent que de loin. Un film qui contrecarre par ailleurs "Chiens perdus sans colliers" (1955) de Jean Delannoy, qui représentait l’adolescence plus négativement (dans un centre de redressement), ce qui mettait en rage le critique des Cahiers du Cinéma qu’était François Truffaut. Opposition de points de vue, réaction face une société jugée trop ringarde, techniques nouvelles : ces "Mistons" sont évidemment l’un des points de départ de la Nouvelle Vague que connaîtra le cinéma français à la fin des années cinquante. Avec du bon et du moins bon.
  • LE FEU AUX POUDRES (1956)
    Un Ventura oublié. L’un des premiers films tournés par Lino Ventura, et oublié, probablement car l’immense acteur, flic pour l’occasion, n’y apparaît qu’à sa moitié. Ceci dit, cette réalisation d’Henri Decoin ("Razzia sur la chnouf"), certes ultra-classique, se laisse suivre plus qu’honorablement. Raymond Pellegrin, celui qui fut la voix de Fantômas, campe un policier s’infiltrant dans un trafic international d’armement, à une époque (1957) où les conflits étaient légion dans le monde. Ce trafic est orchestré par un acteur à l’accent allemand toujours savoureux, Peter Van Eyck ("Cent Mille dollars au soleil"), ami de Albatrasse (Charles Vanel, primé au festival de San Sebastian pour ce film), Françoise Fabian apportant la touche féminine habituelle. Cocasse mais convaincante aussi, l’apparition d’Albert Simonin, plutôt célèbre pour sa plume ("Touchez pas au grisbi", "Les tontons flingueurs"...) que pour ses talents d’acteur. Cette fiction se caractérise par de splendides plans d’extérieurs (Sète, Roquefort...), qui parviennent à illuminer le noir et blanc, c’est dire, et à rendre une ambiance un peu à contre-sens des films policiers noirs de l’époque. Plaisant.
  • L'IMPOSSIBLE MONSIEUR PIPELET (1955)
    Voilà encore un bien sympathique comédie, sortie tout droit d’une autre époque. Monsieur Pipelet (Michel Simon), concierge et facteur de métiers – deux emplois, presqu’un comble aujourd’hui -, félicite sa fille (la mignonne Etchika Choureau, dont la carrière s’arrêtera subitement dix ans plus tard) d'avoir réussi son bac. Courtisée par un intellectuel, le fils (Louis Velle) de son propriétaire médecin, l’idylle n’est pas vraiment au goût de ce dernier. Un sujet apparemment léger, derrière lequel se cache pourtant des problèmes sociologiques courants pour l’époque, quand hauts bourgeois et petit monde ne pouvaient imaginer un instant pouvoir s’unir. Le fils d’un médecin avec la fille d’un concierge, aussi brillante soit-elle, allons bon, pensez donc ! La mentalité est dépassée, et sera l’une des causes logiques du grand chambardement de mai 1968.Beau-frère de Michel Simon dans le film, Louis de Funès tient ici un second rôle intéressant, tout comme les irremplaçables et fidèles Noël Roquevert, Jess Hahn ou Jacques Dynam, quatre cents films à eux trois. Un fiction dans laquelle on a l’impression parfois qu’il ne se passe absolument rien (!), mais qui garde un côté aussi magique que touchant, surtout grâce à ses aspects nostalgiques (ambiance bon enfant, casting avec des personnages hors norme, côté documentaire…). Une bonne bouffée d’oxygène ! Quant au réalisateur, André Hunebelle, il nous offre une douceur tout à fait à l’opposé des ses films les plus célèbres, du "Bossu", aux épisodes de "Fantômas" ou encore des "Oss 117"...
  • ESCALIER DE SERVICE (1954)
    Nul doute qu’"Escalier de Service", outre pour les purs inconditionnels de Louis de Funès, n’évoque encore grand chose aujourd’hui. Négligé des télévisions – et donc des mémoires, cela va de pair -, la collection Atlas l’a remis au goût du jour, en ressortant le Dvd. Mais diable, quelle agréable surprise, ce film à sketches ! Très à la mode dans les fifties et les sixties, ce genre pour rappel, permettait de retrouver un nombre inquantifiable d’acteurs de l’époque, au temps où les cachets réduits de ceux-ci le permettait encore. Certes, comme dans le cas présent, les scénarios ne sont peut-être pas les plus creusés du monde, mais le plaisir de retrouver, scène après scène, toutes ces "gueules" de l’époque, outrepasse ces lacunes (Jean Richard par exemple, avant d’être Maigret durant vingt-trois ans, était à mourir de rire). L’histoire ? Marie-Lou, bonne à tout faire, se retrouve à la rue du jour au lendemain. Recueillie par deux jeunes hommes, elle se confie, contant ses dernières mauvaises expériences (licenciement, fuite, harcèlement moral...), dans un métier encore très courant, sur la place de Paris. Mignonne comme pas deux, la jeune actrice, Etchika Choureau, à la mode en ces années-là, ignore encore que sa carrière cinématographique allait être brisée par un mariage, dix ans plus tard. Mais soit, l’ensemble de Carlo Rim (réalisateur de "Simplet", avec Fernandel) tient fort bien la route, et parvient à sortir de l’énorme lot des comédies des années cinquante, dont certaines se différencient à peine...
  • L'ALIBI (1937)
    Moins intemporel que "La grande illusion ou que "Quai des Brumes" sortis à la même époque, "L’alibi" reste un film de bon calibre, à (re)découvrir notamment grâce à sa pléiade de stars de l’époque (Von Stroheim, Jouvet, Albert Préjean...). Le titre illustre bien le contenu d’une histoire peut-être trop conventionnelle pour notre vision aujourd’hui si exigeante, mais c’est plutôt l’ambiance noirâtre du film, ainsi que les dialogues soignés de Marcel Achard, qui rendent toujours savoureux ce film. Historiquement, l’entre-deux-guerres incarnée par les cabarets parisiens, et où les carrosses à cheval étaient encore d’actualité, vaut tout son pesant d’or. Cinématographiquement, Louis Jouvet en commissaire véreux, et Erich Von Stroheim en prestidigitateur mythomane, parviennent à imprégner le film de leur marque à travers un affrontement psychologiquement captivant, agrémenté par un certain respect et de ...bonnes manières. Finalement, on se dit qu’il en manque parfois dans le cinéma actuel, art qui ne fait après tout que refléter notre quotidien.