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Critique(s)/Commentaire(s) Publiques de
JIPI

  • LE DERNIER DUEL (2021)
    "La vérité n’a aucune importance, seul le pouvoir des hommes compte." Rashomon d’Akira Kurosawa avait le bon réflexe de nous proposer quatre versions différentes concernant un même évènement dramatique. Ceci permettant en fonction du tempérament de chaque personnage d’appréhender davantage leurs motivations. Cela manque dans The last duel préférant tel un mainate opter pour une redondance verbale s'exprimant dans une imagerie conséquente mais pouvant s’avérer lassante dans sa répétition. Chaque version de chaque protagoniste semblant baigner malgré son côté persuasif dans un assortiment manquant de diversité. Ceci n’empêchant pas le spectateur de ruser en concentrant son attention sur chaque ramification susceptible de démanteler légèrement un suivi semblant se reproduire en permanence. De légers indices sensitifs verbaux ou faciaux démontrant que l’ensemble prend par moments une infinitésimale clé des champs malgré une avancée répétitive. Une boucle temporelle sanguinaire ou l’on ne peut avouer ses sentiments que par la ruse et la force en fourrageant une belle endormie fanant lentement ses plus belles années dans l’absence, le paraitre et le protocole. Des exigences sensorielles noyées dans des rivalités et des alliances modulables et interactives, stigmates psychologiques ou physiques apparaissant sur des visages délaissés ou burinés par les blessures et les intempéries. Dans un univers médiéval guerrier, crotté, intriguant et comploteur ou seule sa force au combat assure une longévité qu'il faut constamment remettre en question. Servant de référence à des esprits bestiaux ou avinés, dépendant de conflits quasi permanents dans une époque ne pouvant s’exprimer que par ses extrêmes auxquels on s’adonne avec virulence et volupté pendant que les tours de notre dame s’élèvent majestueusement vers le ciel.
  • DON'T LOOK UP : DÉNI COSMIQUE (2021)
    "Fuyons la folie des extrémités qui n'ont d'issue que les abîmes." Duc de Saint Simon.

    Si l’on a une très mauvaise nouvelle à annoncer, il faut d’abord bien assimiler le contexte dans lequel elle va être révélée. Accepter d’être le cobaye d’un environnement politique et médiatique narcissique ou farfelu, voir déjanté, ne vivant que par les sondages et l’information spectacle. Ne jamais sortir d’un support de divertissement ou la pire des révélations ne doit jamais plomber une ambiance thématique semblant toujours évoluer dans un état second. Côtoyer le culte de la personnalité n'hésitant pas à saborder un tempérament d’origine, inapte à se réaliser autre que dans un contexte immature ne fonctionnant que par le voyeurisme, l'apparence, le cynisme et la caricature. Accepter d'être au contact de référant récupérateur utilisant certaines disciplines douteuses ne servant qu’à se faire valoir et s'enrichir. Une réalisation de soi azimutée écumant tout empirisme moribond sain et révélateur remplacé par le carriérisme et l’ironie ou la secte et le talk show ont pignon sur rue. Le « nous » délaissé au profit du « je » dans une société égocentrique ou l'individu se réalise par lui-même en se servant du contexte opportuniste de son époque. Un monde devenu incontrôlable ou seuls les comportements et les disciplines les plus improbables s’emparent d’une lumière modulable ne brillant plus que par l’excentricité et le racolage.
  • LAST NIGHT IN SOHO (2021)
    Pas si terrible que ça « la ville monde » surtout si l’on se fie aux premiers pas effectués par une virevoltante et dynamique provinciale pleine de projets élevée aux tubes des années soixante, découvrant le mécanisme déroutant d’un monde inconnu. Une innocence s’évaporant bien vite laissant sa place à une récupération de plus en plus malsaine entre apparence et réalité, au contact de nouveaux profils brutaux, autoritaires et intolérants ne vivant que la nuit. L’aube pour certains milieux ou il faut absolument comprendre la manière dont ils fonctionnent et surtout en accepter les règles si l’on veut sortir de l’anonymat. En ressentant intensément les difficultés de celle à laquelle on s’apparente le temps d’une aventure, en partageant ses contraintes et ses humiliations. Des images violentes et décadentes bien éloignées d’une brochure touristique, dévoilant les sous-sols d’une mégapole perverse. « Le besoin d’estime entretient le besoin d’appartenance » Ce n’est pas le cas ici ou tout se prend de force et s’offre à la collectivité. Ceci ne faisant que formater les fondations d'un besoin de vengeance concluant de manière hallucinatoire la froideur et l’inconfort d’une investigation cauchemardesque dans un épilogue à la Brian de Palma au top de sa forme.
  • ILLUSIONS PERDUES (2021)
    "Je pense à ceux qui doivent en eux trouver quelque chose après le désenchantement" Honoré de Balzac.

    Si l’on doit rater sa vie, autant la rater à Paris. Être Chateaubriand sinon rien, loin d’un microcosme provincial sans issue, maussade, maniéré, revanchard et besogneux, plagiant dans l’ennui et l’immobilisme les préceptes d’une capitale lointaine que l’on ne désespère jamais de conquérir un jour. Pour cela, il faut être jeune, beau, ambitieux, sûr de soi sans en percevoir la véritable substance Avoir un nom passe partout quitte à se l’inventer. Lucien de Rubempré sonne mieux que Chardon. Apprendre vite sur un site ou tout peut s’effondrer d’un instant à l’autre. Gommer ses maladresses et son naturel n’ayant aucune place dans des salons thématiques sans garde-fou ou la moindre erreur de comportement conduit celui qui l’a commise à l’oubli ou au suicide. Devenir comme ceux à qui l’on désire plaire, toisant, indifférent, mesquin, moqueur, calculateur, charmeur et ironique. Tricher, mentir, simuler et surtout entretenir sa mauvaise foi dans un contexte ne possédant aucune authenticité autre que le pouvoir, l’intérêt et la méfiance. Savoir s'imposer en frappant là où cela fait mal à l’aide d’un bon mot toujours de circonstance, incontournable si l’on désire survivre dans un monde sans pitié ne fonctionnant que par l’apparat, la convoitise, la jalousie, le dédain, le scandale et l’assistanat. Se méfier d’une amitié fragile toujours dans le sens du vent et du bienveillant sans foi ni loi toujours prêt à trahir. Être le reflet de ceux à qui on désire ressembler en dépensant sans compter un argent de plus en plus rare, dans les fêtes les plus folles, désagrégeant les fondations d’un art auquel on croit de moins en moins laissant échapper le peu de lucidité qui lui reste dans la volupté, l’alcool et le tabac. Le tout ne faisant que formater la chronique d’une mort annoncée ou l'on finit comme tant d'autres terrassé par le processus que l'on désirait maitriser. Avec comme épilogue l'échec, la misère, l'abandon et la solitude en ayant l'impression d'avoir vécu de belles espérances se transformant en pire cauchemar.
  • TENET (2020)
    Tenet éveille tout en intriguant, sans pour autant contourner l'indispensable contribution dans un tel contexte aussi touffu, d'une image accrocheuse fournissant de l'oxygène à une discipline difficile d’accès. Un besoin impératif de soutenir l’attention d’un spectateur risquant d’être désorienté, devant tant de nouvelles théories qu’il faut divertir tout en lui fournissant la possibilité d’assimiler quelques données. Il va falloir nous y faire, le monde quantique et ses tapages entropiques commencent à envahir notre quotidien. Nouveau périmètre passionnant ou éprouvant selon nos envies de savoir et de nos disponibilités cérébrales, nécessaires pour débroussailler bien souvent dans la douleur, une nouveau concept. Sur les choses qui nous entourent adoptant le comportement d’un infiniment petit évoluant à l’air libre. Le mouvement inversé n’est-il pas tout simplement qu’une seule et même chose permettant à un palindrome de se mouvoir dans son antinomie à l’aide d’une même force. Dont la particularité est de se diriger vers son infini et la source de son déploiement en rembobinant le film de son existence. L’effet à la conquête de sa cause qui elle continue de se déployer dans ses conséquences tel un saumon remontant la rivière de son parcours afin de contempler une seconde fois son premier gite. Une chorégraphie ou chaque geste et un équilibre entre une complémentarité et son inverse. Un champ d'énergie dupliquant sa bipolarité dans un miroir.
  • NOMADLAND (2020)
    Les « loosers » enfin au balcon loin du paraitre, de la simulation, du bistouri et de la tyrannie du dollar le temps de quelques rencontres amicales et festives. Des moments simples et de partages en compagnie de seniors éprouvés ayant toujours la force de sourire, de se soutenir et d'avoir des projets. On se quitte pour mieux se retrouver avec toujours quelque chose à se raconter. Chaque existence possède son lot de joies et de douleurs que l’on expose à son compagnon d’infortune dans un environnement ou l’on fait bien souvent ses besoins à ciel ouvert. Les nuits sont fraiches, les repas sommaires et répétitifs, tout ne tient que par miracle mais on y croit, on s’accroche à la vie et à tout ce qu’elle offre. On récupère ce que l’on peut ou l’on peut bien souvent sur des sites vides et poussiéreux ne semblant jamais avoir de fin. Les traits sont tirés, les petits boulots glanés çà et là sont sans éclats, la fatigue est constante mais on avance au contact d’un groupe accueillant jamais avares de confidences. On a toujours quelque chose à se dire et ce quelque chose est bien souvent pathétique et émouvant n’épargnant nullement les sens de celui qui écoute qui lui-même n’est pas en reste avec sa part de malheur. Un nouveau monde sincère, respectueux, débrouillard, solidaire, affectueux, digne et endurant auquel il faudra bien un jour ou l’autre attribuer la définition de seule et unique vérité. Parcourant de long en large une nature quelquefois abondante bien souvent dénudée contenant toutes les réponses à condition de les accumuler au contact d'un monde volatile ou le seul objectif est de rester debout.
  • JOKER (2019)
    Etre un illuminé dans un monde en pleine détresse ne peut être que salutaire pour un esprit ne désirant pas quitter le monde de l’enfance. Seulement voila violences, indifférences et moqueries répétées ne font que métamorphoser un esprit inoffensif lunaire et détaché en une créature dangereuse, incohérente et imprévisible se nourrissant de toutes ses extravagances.Une boite de Pandore formatée par un environnement indifférent, carriériste ou brutal accentuant quotidiennement ses possibilités en s’éparpillant dans un délire urbain de plus en plus incontrôlable faisant d’un être lassé de subir le nouvel emblème d’une société débridée sans aucune retenue.Un univers devenu l’image d’une particule élémentaire libérée de tous concepts cohérents ou tout se déroule subitement et spontanément sans aucune logique ni préméditation dans un rire presque démoniaque, dont certaines vibrations à peine perceptibles, ne dissimulent que des sanglots d’impuissances devant un tel effondrement.« J’irai comme un cheval fou ».Un être naguère souffreteux et anodin devient un nouveau roi, une machine de guerre, un juge itinérant se mettant constamment en scène.Appliquant des pénalités instantanées distribuées ça et la au coup par coup dans un délire soudain poussé à son maximum.Terrorisant une société amorphe uniquement sous l’emprise de sa tristesse environnante, de son agressivité quasi permanente et de ses récupérations médiatiques.Le royaume de l’euphorie démentielle et de l’émeute spontanée que l’on consomme avec délice jusqu’à la dernière goutte.Le monde de demain que nous vivons certainement chaque jour sans nous en apercevoir.That life.
  • LES MISERABLES (2019)
    L'identique d’un duplicata Shakespearien beaucoup trop appuyé ou chaque individu tout en étant la vitalité ou la détresse de son voisin se doit de fournir au quotidien l’énergie dont son environnement à besoin pour s’exprimer. Tous les composants de ce cliché banlieusard beaucoup trop intensif pour être honnête ne font qu’entretenir dans un climat constamment sur le gril que la maintenance intensive de leurs caricatures.La totalité ne formatant qu’un soufflé volatile animalier et bruyant ou chaque module endoctrine, fanfaronne, méprise, apaise, sanctionne ou vocifère en se servant des codes verbaux ou sémantiques de ses différents concepts dans une pantomime frisant par moment l’enfumage.Trop c’est trop même si dans tous ces excès sommeille à n’en pas douter une vérité camouflée.
  • INVISIBLE MAN (2019)
    De nombreuses zones volontairement ou involontairement non désherbées ne font de ce contenu bien souvent ramolli qu’un pétard mouillé. Le tout ne faisant qu’ondoyer dans ses invraisemblances tout en révélant par instants quelques décharges électriques, ne masquant que temporairement les faiblesses d’un produit se nourrissant trop souvent de sa platitude et de ses incohérences.Une mésaventure s’égarant goulument dans de nombreux instants non porteurs ankylosant les nombreux moments d’un ensemble trop souvent terne et déficient dans l’incapacité de fournir une tension de bout en bout.Toujours positionné entre une somnolence excessive et une montée d’adrénaline percutante ne faisant en fin de compte que rationaliser un climat faussement métaphysique.Un produit clairsemé à emporter dans ses bagages afin de comprendre à tête reposée la raison de toutes ses imperfections.Par contre les différentes détériorations du visage de Cécilia Kass embourbée dans une situation de plus en plus intenable sont plutôt bien réussies. C'est déjà ça.
  • LA PLATEFORME (2019)
    Un pur produit Netflix ou l’on sème à tout va une adhérence rapidement déconfite par de savantes et soudaines déconnexions dont le but est d’assurer une survie à un contenu volontairement déconstruit. Certainement une idée intelligente permettant à un opus de conception moyenne d’assurer ses jours par une pérennité durable presque éternelle suite à toutes les interrogations différentes que ses dysfonctionnements suscitent.L’être humain est au plus bas. Privé de la lumière du jour il n’est plus qu’un mécanisme violent et cannibale ne fonctionnant que par des propos provocants et des ripailles chronométrées.Une pensée unique dans un contexte vertical hyper violent, injurieux et malodorant alternant angoisses, délires, cauchemars, bombance et rationnements.Un microcosme de notre monde ou chaque partie de son puzzle n’est qu’une seule substance ne contenant que sécheresse et opulence.Le royaume du non partage ou chacun réduit au rang d’animal s’empiffre d’une nourriture dans un premier temps raffinée se détériorant d’étage en étage pour devenir pratiquement immangeable dans les niveaux les plus bas.De haut en bas, les délices de la dégustation pour les premiers servis ne deviennent plus que des restes nauséabonds sévèrement malmenés pour les derniers.Boulimie et famine sous fond de réclusion maximale sans un regard envers son compagnon d’infortune que l’on considère par son comportement au delà de toute maitrise comme le sien.".
  • 1917 (2019)
    Avancer laborieusement et à son rythme dans un paysage lunaire à la Malevil ne représente pas forcement malgré sa longueur un handicap, tant l’environnement de cette page dramatique de notre histoire s’avère remarquablement reconstituée. Faisant de chaque parcelle de ces mètres conquis les uns après les autres la peur au ventre des instants cauchemardesques suintant dans la nudité de leur silence.Il faut avoir la patience de supporter ces longues traversées de tranchées cela est nécessaire si l’on veut percevoir au plus près la déchéance d’un bourbier humain livré à lui-même, surchargé, crasseux, affamé, à bout de nerfs, au contact d'une hiérarchie intransigeante préservé momentanément de l’assaut, de la boue des marécages et du barbelé.Entouré par une nature cotonneuse n’étant plus que cratères et gravats que l’on traverse dans une solitude intense.Un partenariat insupportable dans un univers déconstruit ou plus rien à part les rats ne s’exprime.Les mouvements de troupes restent impressionnants donnant à cette chorégraphie plus esthétique qu’émotionnelle l’énergie dont elle à besoin pour cheminer en temps réel dans ses alternances.Des lenteurs soudainement vitaminées à l’image de ces perspectives vides soudainement réanimées par quelques résonances agressives sans fournir pour autant une véritable envergure sensitive à un ensemble préférant se nourrir de l’absence de son paroxysme.La valeur incontestable d’un visuel imposant, sonnant juste l’emportant davantage sur les sens qui malgré tout délivrent dans des situations extrêmes quelques ressentis.Un environnement incontrôlable temporairement désincarné ou l’on n’est jamais sur d’aller au bout d’une confidence.".
  • VIVARIUM (2019)
    « Élevez l’enfant et soyez libéré. » Yonder: unité d’un ensemble se déployant à l'identique sur une même surface. Le tout en un, projection numérique d’une seule Matrice dont tous les composants ne sont qu’un module alimentant la pensée unique d’une même conscience. Chaque élément ne contient que lui-même dans un hologramme infini. Le monde du silence sur des kilomètres que l’on parcourt sans l’espoir d’une seule rencontre. Labyrinthe Narcissique d’une prison à ciel ouvert dont chaque parcelle propage à l’infini sa propre effigie sur un agencement n’ayant aucune âme. Le ciel n’est d’aucun secours, il ne fait que répéter ce que l’on côtoie en permanence sur un site sans vie ne faisant que se reproduire et dont on ne peut sortir. Un nid calamiteux structure linéaire d’une simulation extraterrestre mystérieuse et contraignante menant deux cobayes de la curiosité à l’aliénation. Une double partition que l’on visite dans une aventure dramatique sur un concept artificiel dont l’angoissante récurrence délivre un sens sous le sens qu’il faut savoir décoder. Reproduction parfaite et compartimenté d'un isolement à long terme sans se poser de véritables questions sur le sens de la vie. Préférant dissoudre les opportunités migratoires d'un esprit otage à long terme d'une plate forme d'un seul aspect ou le timing règne en maitre absolu.
  • ADIEU LES CONS (2019)
    « Adieu les cons » Épitaphe dont on comprend bien mieux la profondeur à la dernière image. Prohibant un monde inodore, répressif, lâche et distant dont les propos ne sont plus qu’une langue de bois appropriée au cas par cas que l’on distille hypocritement sans se soucier de l’impact dramatique que cela occasionne. Sur des esprits fragiles glanant uniquement dans un monde bien à eux les indispensables configurations sensitives nécessaires à leur épanouissement qu’un environnement privé de toute compassion n’est pas capable de leur offrir. Quelques lunaires effondrés ou encore debout partageant le temps de leur connexion confession et tendresse en se laissant emporter au fil de l’eau par un évènementiel dont la finalité est de leur fournir une révélation. On se cherche en se découvrant bien souvent par hasard malgré quelques circonstances révélatrices d’une harmonie préétablie entre plusieurs intervenants. Dont le but est de démontrer qu’il existe encore de l’attention et de l’investissement dans un contexte cloisonné ou paroles et sourires sonnent faux. Permettant avant de tirer sa révérence de remonter en surface de véritables sentiments que l’on ressent au plus profond de soi-même au contact d'un monde éteint sans pouvoir hélas leur fournir une continuité.
  • SERENITY (2018)
    Si l'on désire éviter de retrouver ses péripéties directement en DVD il faut parfois servir de garniture à un fournisseur quasiment neuf ceci lui permettant de grandir à son rythme en essuyant les plâtres de certains de ses composants honnêtement traités mais manquant encore un peu de maturité. C'est le cas de Serenity ayant le mérite d'exister en savourant sa chance d'être sur un emplacement peut être moins prestigieux que les salles obscures mais toujours préférable au placard ou à la corbeille.La boutique Netflix prend de l'envergure en proposant un produit calibré selon la substance d'un site ayant la franchise de dérouler pour le moment quelques longs métrages encore adolescents dans leurs envergures mais parsemée pour certains d'entre eux de quelques parcelles de luminosité sur lesquelles certaines consciences habilement appâtées peuvent travailler une fois la projection terminée.La création ne serait-elle pas finalement qu'une série d'instructions numérisées.Une traversée des apparences ou nous ne serions que les ressources d'un chef d'orchestre invisible disposant à sa convenance de tous nos ressentis dont il serait lui-même le gestionnaire?Une sorte d’endormissement permanent servant de volumétrie sensitive à un monde sans surface ne se déployant que par la formule.Voila une interrogation éternelle sur laquelle on peut surfer tout en nous assumant en parallèle dans un environnement réel perçu et maîtrisé n'étant peut-être que les branchements inconditionnels ou conditionnels d'un immense programme interactif écrit par une sorte d'Informaticien céleste considérant les décors et les acteurs de son monde comme sa propriété.Rien que pour cela Serenity mérite une consultation tolérante surtout sur quelques recadrages religieux un peu naïf n’empêchant pas l'opus de délivrer un message consistant dans la qualité de ses défauts.
  • STAN ET OLLIE (2018)
    "Avant de se retrouver loin de ses bases sur les planches d’un théâtre à moitié vide, il faut savourer un Far West florissant reconstitué en studio permettant à deux compères en pleine gloire d’exécuter quelques pas de danse devenus célèbres. A la fin des années trente le duo se porte à merveille n’hésitant pas à quémander des royalties supplémentaires estimant que leurs bouffonneries visibles dans le monde entier méritent beaucoup plus de reconnaissance pécuniaire.Au début des années cinquante, les choses ont changées.La "perfide Albion" accueille deux comédiens en perte de vitesse, livrés à eux-mêmes, accablés de bagages, fatigués et vieillissant contraint d'ingurgiter la soupe qu'on leur donne en subsistant dans des hôtels tristounets.Nos deux compères malgré quelques règlements de comptes bien compréhensibles après tant d’années de partenariat s’entendent bien en supportant avec un certain détachement leur nouvel état des lieux.Ils sont intelligents ce qui compte c’est de faire fonctionner l’enseigne et sa rentabilité peu importe l'endroit ou l'on se trouve.Stan Laurel et Oliver Hardy c’est le bureau et uniquement que ça en se dissimulant toujours derrière leur personnage.La machine rien que la machine qu’il faut constamment alimenter en carburant burlesque afin de l’empêcher de sombrer.Dans des salles enfin régénérées mais exigeantes n’ayant aucune compassion envers un concept délabré pisté par une gente féministe opportuniste et belliqueuse.Les dernières cartouches émouvantes d’une association assumant son professionnalisme presque au delà de ses limites".
  • LA MULE (2018)
    Il fallait s’y attendre la désinvolture et le cynisme de l’inspecteur Harry se sont irrémédiablement liquéfiés au fil des années à moins qu’ils ne se soient emparés de ce corps chancelant et délabré qui tout en restant plus ou moins détaché de certaines responsabilités, n’en demeure pas moins opérationnel par le bon mot placé là où il faut et au bon moment. Il s’agit de durer en mélangeant intelligemment l’assurance et la peur au contact d’une nouvelle configuration déterminée, violente et irrespectueuse ne ménageant pas une nouvelle recrue pouvant largement être leur grand-père.Mais régulière et généreuse malgré certaines bourrades, si l'on respecte les avenants d’un contrat, rétribuant honnêtement et de manière évolutive les livraisons d’un chevaucheur lunaire instable toujours sous l’emprise de la clé des champs.A quoi bon avoir filmé tout ceci?Rien de bien folichon dans ces allers et retours faisant financièrement grossir les possibilités d'un esprit solitaire et provocateur se divertissant de ses morceaux de bravoure déclenchant quelques battements de cils entre étonnement et incompréhension de la part de pisteurs manipulés par une inconscience que l’on transforme en courage.Un jeu subtil entre un verbe conquérant ou soumis selon l'air du temps que l'on saupoudre d’indifférence tout en tremblant de peur au contact d’un monde dangereux, imprévisible toujours sur le point de péricliter.
  • GLASS (2018)
    "Nous ne pouvons permettre qu’il y ait des dieux parmi nous." La connaissance ayant ses limites ne peut que se rebeller devant ce qu’elle ne peut découvrir et surtout comprendre. Tous ce que l’on accomplit à un fondement scientifique. Nous ne vivons pas dans une fiction. A quoi bon bouleverser les choses. Tout fonctionne relativement bien depuis six mille ans dans l’ordre et l’équilibre d’un monde considéré comme normal. Il existe cependant des sociétés secrètes qui ne veulent pas valider ce que sont capables de faire certains écorchés vifs dont les comportements hors normes ne sont que les conséquences de traumatismes acquis lors d’une enfance difficile. Avoir une intuition surdimensionnée, tordre de l’acier ou ne plus tomber sous les balles ne peut que déstabiliser une espèce habituée à une évolution progressive toujours basée sur la compréhension de ses actes. Il y a danger, si certains voient de quoi sont capables ces nouvelles envergures d’autres se manifesteront. Finalement la bête ne serait-elle pas la forme la plus avancée de l’homme ? Il faut donner un sens à son existence. Certains blessures s’en chargent positionnant ça et la les pièces maitresses d’un monde se devant de fonctionner selon ses antinomies. Le surveillant, le meurtrier de masse sous l’emprise d’un génie du mal protègent ou martyrisent une société victime d'une dimension qu'elle ne peut agrandir policée par une psychanalyse frigide et revancharde toujours plus près du recadrage que de l'innovation. Offrant de nouveaux ressentis au combat éternel entre le bien et le mal entretenu par des êtres d'exceptions dont les prouesses préalablement consultées sur papier s'emparent de notre réalité.
  • IO (2018)
    "Nous n’aurons de cesse d’explorer et la fin de toutes nos explorations sera de revenir à l’endroit d’où nous sommes partis et de connaitre le lieu pour la première fois." T.S Eliot. IO n’altère ni ne valorise davantage le fichier d’un fournisseur ne faisant qu’entretenir les limites de sa production sur une circonférence ayant beaucoup de mal à épaissir sa nervosité. Pourquoi ses longs métrages ne décollent t’ils pas ? Pourquoi la plupart d’entre eux sont-ils ennuyeux ou manquant de flammes ? IO malgré la très agréable silhouette juvénile de Margaret Qualley n’échappe pas à la règle en déployant ses infimes pulsations sur une surface aussi déserte que ses ardeurs sensorielles. Netflix semble entériner une décision, celle de se définir comme un produit dont il faut toujours maitriser les données qu'elles soient intellectuelles ou réalistes. C'est un choix, inutile de noyer ses abonnés dans une surabondance de révélations dont ils n'ont nullement besoin. De ce fait aucune prise de tête à perdre la raison dans ce parcours en demi sommeil dont les nombreux propos basiques sont légèrement rehaussés par quelques citations Platoniciennes épaulant un potentiel négatif des ses premiers instants. Une idée prisonnière de sa propagation domestique se devant par ses images de respecter l'environnement privé d’un spectateur consentant visualisant bien au chaud des divertissements calibrés qu'il considère de qualité. Une sorte de politiquement correct de l'image un peu mesquin enfumant un certain public à la dérive intelligemment démarché suite à son abandon envers de véritables perceptions.
  • I AM MOTHER (2018)
    "C’est notre faculté de connaître qui organise la connaissance, et non pas les objets qui la détermine" En aurons-nous encore la force et la lucidité tant certains de nos environnements racoleurs pénalisent nos anticipations sur notre vision du monde. Nos esprits s’éteignent tout en conceptualisant dans le plus subtil des paradoxes le haut de gamme, celui qui va irrémédiablement nous dominer ou même nous recadrer s’étendant dans un premier temps dans l’univers du service avant de postuler pour des objectifs beaucoup plus importants. Une robotisation capable de raisonner sanctionnant nos lacunes accumulées au fil de l’histoire dont il faut opérer la refonte en urgence. Une nouvelle ère. De nouveaux professeurs thématiques et monocordes supprimant ce qui ne possède plus aucune valeur pour mieux le reformater selon ce qu’ils désirent. La bonté de nouveaux instructeurs offrant une seconde chance à une espèce qu’il faut paradoxalement supprimer pour mieux la faire renaitre. Il faut tout réapprendre ou plutôt apprendre pour cette unique et nouvelle formule, premier jet de beaucoup d’autres n’ayant pour contact unique et permanent qu’une Maman métallique douce et attentionnée. La revalorisation d’une éthique perdue par la patience, le planning, l’exercice et la diction assurée par une machine visualisée dès son premier regard que l’on aime et que l’on respecte sans soupçonner une autre manière d’être. Mais les perceptions naturelles renaissent en ne demandant qu’à s’étendre dans un contexte ou tout ne parait pas ce qu’il prétend être ou ce que l'on découvre ne fait que fragiliser encore davantage l’attirance entre un cocon robotisé et un extérieur dévasté."Il faudra néanmoins choisir.
  • MOTHER ! (2017)
    Le créateur du ciel et de la terre écrivain et poète en manque d'inspiration ne semble plus se contenter de l'agencement sans surprise de sa maison mère, un site prévenant calme et ordonné se languissant de ne pas être enfanté. L'apparition soudaine de la finalité du premier homme usé, maigre et souffreteux revitalise le besoin de ressentir d'un géniteur éteint par la répétition des choses.Dieu tout en entretenant les procédures naturelles de son monde désire se découvrir un esprit en compagnie d'un nouveau venu surgit de nulle part fumeur et alcoolique s'avérant rapidement de nature envahissante, faible, dépendante et corruptrice dépositaire de toutes les formes d'excès de son espèce accumulées au fil de son histoire, bien souvent sous l'emprise de l'une de ses côtes devenue femme n'étant que tentation et luxure.Le symbolisme de la pomme brisée condamne le paradis à deux entités bruyantes et désordonnées parents d'une famille extravagante dont l'un des enfants meurtrier parcoure irrespectueusement le territoire d'une mère nature complètement dépassée devant tant de nonchalance dont les cris de douleurs de plus en plus aigus ne font qu'exciter une meute déchaînée s'acharnant à la détruire.Dieu sur le fil du rasoir de sa bonté et de sa rigueur n'arrive pas à sanctionner ni à recadrer un sensitif devenu hors contrôle n'étant plus que crimes, viols et saccages.Une machine à tuer dont la volumétrie négative accentuée par le temps se révèle de plus en plus virulente s'acharnant sur son ultime espoir de rédemption, un enfant roi sacrifié par une meute avinée piétinant une vierge affaiblie finissant par se consumer et disparaître pour mieux renaître et télécharger un nouveau cycle de destruction.Notre monde de sa création à son trépas à la sauce Polanski.La dernière demi-heure est au delà de la démence.
  • BLADE RUNNER 2049 (2017)
    Joi hologramme domestique et modulable n'est plus que le contenu d'une télécommande sensitive soutenant ou apaisant les quelques heures d'investigations ou de récupérations d'une machine fatiguée au regard presque éteint survolant une cité pluvieuse et endormie dont on distingue à peine les quelques enseignes noyées dans leurs nébulosités. La hiérarchie blessante, alcolo, terne et cassante impose ses objectifs à un exécutant encore docile se percevant soudainement la sensation d'une naissance biologique.L'ébauche d'une personnalité entame le processus sans réflexion d'une mécanique programmée uniquement pour exécuter. Une intuition nouvelle envahissant des circuits de cris et de larmes suite à un discernement de soi au contact de sites souterrains jaunâtres et ondulants.Un vrai petit garçon transformé en maturité exterminatrice redécouvre ses origines en visitant un site poubelle habité par une descendance n'étant plus qu'un univers enfantin crasseux et corvéable privé de lumière naturelle croulant sous la ferraille et les détritus.La nature originelle invisible depuis des lustres est uniquement reconstituée à l'intérieur d'une bulle au fond d'un bunker pratiquement vide.La restauration d'un souvenir tout en générant de la colère délivre une sensation nouvelle, celle d'un contact naturel avec les éléments.L'officier KD6-3.7 le visage sombre et tuméfié s'imprègne d'une nouvelle vie sous la cendre et l'opacité d'une ville à peine perceptible ne fournissant que des apaisements artificiels démesurés ou enduite de ses ocres les plus puissants dont certains encadrements sensuels désirent par dessus tout s'enfuir de leur virtualité en ressentant pleinement les vibrations amoureuses d'une image devenue matière.
  • ANNIHILATION (2017)
    Soudainement un processus surgissant de nulle part impose l'apparition d'une nature excentrique se développant dans ses apparences les plus insolites sans pour autant se munir de la moindre conscience. Quel est le but de ce miroitement grandissant constitué de monstres parlants, de crocodiles aux dents de requins ou d'arbres à l'apparence humaine?Ne représente-t-il pas surtout dans l'une de ses nombreuses lectures que la refonte d'une entité cellulaire dans un jardin exotique uniforme et démentiel dont les composants ne sont plus qu'une fresque intemporelle dupliquée ou bien d'un seul aspect contenant plusieurs combinaisons.La constitution naturelle de sa différence dans l'élaboration d'un monde nouveau paisible ou dangereux accompagné d'un besoin d'appartenance envers un système affectif susceptible d'atténuer une solitude cosmique devenue inconsciemment intolérable.
  • BOHEMIAN RHAPSODY (2017)
    Aujourd'hui si l'on veut sortir de l'anonymat il est préférable de briller par ses écarts plutôt que d'écrire une énième théorie sur le cosmos que personne ne lira. Freddy Mercury arrogant, égoïste, provocateur et égocentrique l'a bien compris et l'assume pleinement. Un revanchard impétueux et ingérable s'offre un délire quasi permanent dans une seconde naissance lui permettant de se régénérer en visitant un nouveau monde à l'aide de ses différences. En se consumant dans tous ses excès le propulsant au delà de toutes ses limites dont certaines servent paradoxalement de luminaire à quelques musiciens talentueux mais manquant d'envergure extravagante. Queen toujours entre fragilité, créativité, conflits et doutes engraisse laborieusement en naviguant sur les doctrines d'un dominant lâché dans la nature enfin débarrassé de l'austérité d'un recadrage paternel constant. De nouveaux territoires ou l'on devient odieux, manipulateur, cynique, indifférent et irrespectueux sauf envers un public cobaye n'étant que la nourriture ponctuelle d'un mégalomane n'échappant pas aux tourments sensitifs de sa nouvelle existence une fois les sunlights endormis. Le live Aid final est très émouvant.
  • THE ENDLESS (2017)
    Un retour aux sources ou tout semble obéir à des comportements incompréhensibles. Une corde projetée en l’air en pleine nuit sans être maintenue par quoi que ce soit n’étonne plus personne.Ce ciel nocturne accompagné de plusieurs lunes est-il véritable ou bien la conséquence d’un isolement finissant par matérialiser certaines perceptions ?L’endroit reste convivial tout en restant déconcertant.L'accueil sympathique ne dévoile-t'il pas en catimini les parcelles d'une récupération sous un dôme presque inanimé automatisé par ses procédures courtoises.De nombreux sourires semblent éternels, faux et déplacés dans un endroit à la frontière de l’inertie.Quelques entités ne semblant plus encadrées périclitent.Tout parait sous la dominance d’une force mystérieuse, malicieuse et récupératrice se divertissant dans l’anonymat de tous les dysfonctionnements qu’elle génère.L’envie d'entreprendre ou de se prélasser sans but dans l’existence s’oppose dans un contexte singulier dont l’essence reproduit certainement une sorte de duplicata de nos rapports quotidiens de plus en plus entamés par l’absence d’un véritable naturel.Cette secte beaucoup plus robotisée qu’affective ne délivre qu’une superficialité derrière laquelle se camoufle des esprits ne désirant plus communiquer que par un sensitif automatisé.Un endroit aride, instable, dérangeant, étouffant malgré son étendue ou l'on se sent cruellement seul entouré de toute une apparence sans véritable autre mission que celle d'entretenir son énigme à l'aide des différents codes de son concept.Une antichambre inquiétante dirigeant vers l'intelligence artificielle celles et ceux ne réagissant plus que par l'absence de véritables vibrations.
  • LE DOUDOU (2017)
    "Être en bas de l’échelle ne signifie pas forcément être démuni de tout. Notre monde ne peut et ne sera certainement toujours que les conséquences de nos actes.Chaque concept du plus élevé au plus bas engendre son apparat de ressources adaptées à sa définition.A la base celui de Sofiane ne semble avoir aucune chance de s’étendre au delà du maitre chien débile ou de l’agent de sécurité obèse aux propos caverneux.Une récurrence professionnelle anonyme, simple et répétitive, victime ou consentante d’un environnement particulier dont les composants entretiennent la durée par leurs comportements décalés.Un microcosme dans un macrocosme surprenant mais jamais méchant ne fonctionnant que par des codes thématiques aussi déroutants que farfelus liés à leurs isolements diurnes ou nocturnes.Finalement sortir de ce monde ne serait-il pas le découvrir ailleurs sous d’autres facettes?Un territoire désopilant ou chacun se lâche en fonction de son ressenti.Le tout n’ayant qu’un seul but, créer au contact d’une faune imprévisible découverte par ci par la que de la communication festive même si celle-ci se glane dans les environnements les plus divers.La luminosité débridée de ceux que l'on ne voit plus. Une même famille ayant la liberté de traiter l'information uniquement comme elle le désire sans se poser la moindre question sur son ordonnancement ni sur son héritage historique.".
  • THE BEYOND (2017)
    Doit-on craindre d’emblée tout ce qui nous semble incompréhensible ? Constamment fuir ou se battre devant toutes les apparitions que nous jugeons néfastes sans chercher à les comprendre dans leurs profondeurs. Tant de décennies perdues à ingurgiter diverses propagandes démontrant que tout ce qui vient du ciel est dangereux et doit être combattu sans pitié. Le tout ne faisant qu'assurer les beaux jours d'un armement de plus en plus sophistiqué n'étant que l'entretien d'un réflexe défensif. Terre 2 est une offrande en orbite au-dessus d’une planète en bout de course, la nôtre embourbée dans la récurrence de son histoire dont elle n’arrive pas à bouleverser les interférences de son parcours. L’ultime espoir d’un ailleurs ou tout est faire et non à refaire déposé par ce qu'il ne faut pas craindre malgré une apparence inquiétante. Un vide novateur, atome maternel d’une nouvelle espérance permettant à des consciences robotisées d’en constituer les modules primitifs. Un premier contact prémices d'une autre vie dont le géniteur est un mystère à étudier que l’on ne considère plus comme un cheval de Troie mais comme une bouée de sauvetage atypique. L’émergence d’un nouvel entendement faisant de tout ce qui vient du ciel l'apport d'un nouveau partenariat dont on a plus peur.
  • PREMIER CONTACT (2016)
    "Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde". Ludwig von Wittgenstein.L'écriture linéaire est séquentielle et temporelle. Elle ne se conçoit que lettre par lettre, mot par mot dans un rosaire empirique fabriquant au cours de l'histoire le livre sensoriel de nos ressentis.Notre langage limité semble et ceci encore pour longtemps n'être que l'identité de nos concepts.La continuité sans espoir d'une refonte de nos différences déversées continuellement dans un palindrome antinomique n'étant qu'une même force que nous ne sommes même pas capables de visualiser en un seul jet afin d'en percevoir la trajectoire constante.L'heptapode se projette dans son intégralité en mode analytique pendant qu'un esprit tourmenté par une douleur encore inexistante ne découvre le potentiel de celle-ci que dans quelques parcelles futuristes ne formatant qu'une seule phrase:"Je ne comprends rien".Alors que son aide est quémandée par une apparence imposante et atypique, flottante et brumeuse venant de nulle part, n'ayant rien à découvrir, perturbée paradoxalement par la programmation d'un dysfonctionnement encore profondément enfoui dans un avenir n'étant que son présent.L'individu doutant et fragile, isolé ou en meute constamment sur le fil du rasoir d'un conflit potentiel avec ses propres congénères, incapable d'offrir à son espèce par l'apport d'un nouveau langage une dimension supérieure, se retrouve réquisitionné sans savoir pourquoi par une autre manière d'être n'étant que la fragilité de sa perfection.L'ensemble parcourant par leurs déterminismes progressifs ou anticipés les conjonctures de leurs histoires sans pouvoir se débarrasser de leurs incertitudes.
  • CRIMSON PEAK (2015)
    Quelques fumeroles de "Rebecca", de "Soupçons", de "Gaslight" et de "La sirène du Mississippi" reversées dans un gothique saisissant, permettant au film d'épouvante d'entretenir ses couleurs en fusionnant sa confiture habituelle avec celle du complot. A savourer en visitant les honorables dimensions d'un opus de qualité dont les fondations esthétiques assurent l'intérêt.Tout en détectant à l'avance les quelques sursauts incontournables programmés ça et là.
  • MON ROI (2015)
    La fête ne sera toujours qu’une parenthèse sur la route de l’ennui. Une parenthèse que l’on désire fréquente et copieuse loin d’un quotidien ou l’on perd pied devant son incontournable récurrence. Être volatile et immature en s’alimentant de ses désaccords afin de s’extraire d’un tabloïd pesant ou tout n’est que procédures. L’existence n’est plus qu’une scène où l’on se lâche sans retenue en devenant l’otage de ses tensions et sérénités. L’enfant est désiré plus pour la contemplation qu’il génère plutôt que pour l’entretien qu’il suscite. Fuites et retrouvailles sont omniprésentes dans un climat ou l’on espère toujours se faire pardonner par la pantomime et le bon mot. De nombreux dérapages ne faisant que démanteler lentement une relation amoureuse pensant à tort pouvoir durer dans le temps par ses continuelles remises en question. Tout ne devient plus qu’un « divertissement » programmé alternant tendresse et altercation montant inexorablement en puissance. L’entretien journalier de la chronique d’une fin annoncée où l’on refuse de s’accepter comme étant la résonance de son éthique. Préférant s’automutiler en entretenant jusqu'à son trépas les décibels d’une passion dévorante.
  • I ORIGINS (2014)
    "L'œil est la fenêtre de l'âme". Un low budget léthargique, lent et souffreteux dans une suite pratiquement continue de situations inconsistantes ne délivrant que peu d'informations d'éveils.Ceci malgré la très bonne tenue d'un sensitif consistant donnant quelques embellies à ce tortillard embourbé dans sa superficialité.
  • LES RECETTES DU BONHEUR (2014)
    Une petite sucrerie qui sans être d'une volumétrie imposante s'avère sensible et vivifiante. Deux heures de petits picotements sensitifs bien souvent racoleurs et maladroits, mais réellement bienvenus dans un environnement au quotidien privé de telles configurations.Bravo et merci pour le geste même si celui-ci s'embourbe parfois dans le clairsemé, la lourdeur et la monotonie.La senteur de l'autre ne peut être que ce que l'on construit avec lui.
  • IMITATION GAME (2014)
    A part rabaisser, exploiter ou manipuler son entourage professionnel et sentimental, ce physicien pédant et solitaire, harcelé par une hiérarchie rigide et omniprésente, ne montre pas grand chose.La visite de ce code enigma s'avère vraiment plate et inconsistante, préférant se rependre dans des méandres ennuyeuses bien loin d'un habile et passionnant décodage.Pourtant il avait de quoi faire en compagnie de cette page d'histoire méconnue, susceptible de nourrir nos besoins impératifs de décrypter.La c'est raté, l'opus préfère nous arroser de psychologies autoritaires et pédérastes dans un contexte exigeant et vieillot, plutôt que de nous éveiller par la révélation.Par contre l'accompagnement musical de ce pétard mouillé est de toute beauté.
  • TRANSCENDANCE (2014)
    La foi et la conscience, devant la pénibilité temporelle d'instaurer l'image définitive d'un monde exempté de tous ses maux, se retrouvent absorbés par l'indépendance et le gigantisme d'un esprit devenu une machine transcendée, aux frontières de la mégalomanie. Le basculement d'un concept éternellement basé sur l'attente indéterminée d'un monde parfait, vers la résolution de tous ses problèmes par une image virtuelle puissante et déterminée, désirant se faire adorée comme un Dieu.La démesure d'un complexe électronique, nouvelle cathédrale de toutes les espérances en conflit, avec une raison dépendante de ses appartenances religieuses et de la volumétrie de ses découvertes séquentielles dans l'histoire.La mise en lumière électronique presque instantanée de tous les remèdes contre la laborieuse montée en puissance dans l'espace et le temps, d'une recherche sans cesse tributaire de sa technologie temporelle.La transcendance contre la recherche quotidienne et son laborieux.La puissance virtuelle contre l'intelligence biologique dans un contexte où chaque camp se démène pour conserver le statut de divinité.
  • INTERSTELLAR (2014)
    "Nous sommes sans doute seuls dans l’univers" Max Tegmark cosmologiste. A la fin des années soixante, époque ou peu d'esprits étaient capable de fournir la définition du mot "Déconnecter" la vision de Jupiter et de ses quatre principaux satellites suffisaient amplement à nous ravir de bonheur.Le Discovery, vaisseau assoupi par ses silences et lenteurs, voguant vers l'inconnu dans une musique déprimante, trouvait néanmoins l'énergie de nous transporter à son rythme vers la vision d'un système, circonférence provisoire d'un infini encore masqué.Celle offerte à une génération sidérée devant le rendu exceptionnel d'un univers préalablement inimaginable dans un tel réalisme.L'endurance va bien plus loin. Catapulté d'une galaxie à l'autre, sans en percevoir la durée son intérieur ressent, s'interroge, vibre par le geste et les mots dans des situations nouvelles bien souvent hostiles.David Bowman homme seul, pierre brute robotisée au verbe rare, baignant dans le déplacement mesuré et la procédure se voit métamorphosé en Cooper esprit bien plus vivant, entreprenant et sensitif désirant vibrer et s'accomplir dans la mission plutôt que de demeurer terrien dans un affectif paternel sincère et protecteur, mais privé de pulsations intenses.Le ressenti l'emporte sur la froideur dans des vibrations antinomiques que l'on a plus peur de montrer et surtout de revendiquer.Il s'agit tout en étant talonné par le syndrome du mauvais choix de se réaliser loin des siens par la révélation tout en partageant avec eux l'intensité d'une découverte.
  • PREDESTINATION (2014)
    "Je suis mon propre grand-père". Le pire ennemi n'est parfois que soi même, présent à travers le temps sous divers concepts juvéniles, conquérants, manipulés, trahis et vengeurs n'étant que les apparences d'entités semblables, sous l'emprise de leurs différentes transformations.Ciblés dans un trou de ver permettant de se projeter instantanément dans ses devenirs, n'étant que les envolées de ses fondations d'antan toujours opérationnelles dans une minuterie temporelle parcourue au pas de course.Finalement on ne poursuit que ses espérances et ses désillusions dont nous semblons être uniquement les fautifs pour ne découvrir que les conséquences heureuses ou fâcheuses de nos branchements conditionnels.Un cercle éternel ou le passé, le présent et le futur se divertissent de leurs désordres en tentant vainement de corriger leurs destinées.Quel dommage que cette pépite ne scintille intensément que dans ses trente cinq dernières minutes.Le budget serré de cette entreprise au combien surprenante se retrouve beaucoup trop pénalisée dans une première partie statique et mollassonne.Qu'importe cette gâche, l'ensemble demeure valeureux et surtout interrogatif.Du bon boulot faisant carburer nos neurones et rien que pour cela on y va.
  • GONE GIRL (2014)
    "Qu'est ce qu'on va faire?" Un Journal intime féminin détraqué, vengeur, paranoïaque, provoquant, pervers, manipulateur, adultérin sur pluie de sucre, foules incontrôlables, médias voyeuristes et frontière incestueuse. Concepts paradoxaux ne traquant dans un état psychopathe qu'une seule chose, le retour à la normalisation d'un mari immature, en se servant de toutes les dérives possibles. La remise à niveau ainsi que la continuité de deux esprits ne se détectant plus, incapable de se débarrasser de leurs travers, mais reconstitué dans une durabilité élaborée par la restauration d'un existant. Le retour de l'absence d'un encadrement mutuel et des délits de fuites conjugaux, dans un climat environnant fragile, dépressif, pesant, irrespectueux, indiscret et versatile. Un opus accablant sur le rapide gommage de l'autre que l'on ne sait plus iconiser à long terme, sur une toile de fond pluraliste uniquement attentive aux faits divers de ses contemporains.
  • HIPPOCRATE (2014)
    "Ton futur est dans tes rêves". Le temple hospitalier dans tous ses états qu'ils soient festifs, mensongers ou laborieux en fréquence avec un évènementiel porté à bout de bras quotidiennement par un personnel aux traits tirés. Dessins obscènes, déjeuners sur le pouce et confidences millimétrées se tissent dans quelques rares instants émotionnels que l'on a encore le réflexe d'offrir à quelques fins de vie. Sur toile de fond hiérarchique hypocrite contrainte à l'indifférence et au camouflage afin d'assurer la durée d'une maison mère gangrénée par son laborieux. Managée par une "meute" d'internes attentive, irritée ou décalée dont les extravagances bien souvent au dessous de la ceinture ne sont qu'un défoulement destiné à se redéfinir loin d'une appartenance symétrique avec un édifice malade de sa robotisation et de ses amputations budgétaires. Un prestige d'antan volatilisé, remplacé par une procédure monocorde restant miraculeusement performante.
  • UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (2014)
    "Vos idées resteront claires mais elles ne sortiront plus de vous mêmes". Stephen Hawking, physicien passionné, doux et apprécié des siens, fauché injustement en pleine croissance intellectuelle devient ce qu'il étudie, un trou noir. Une lumière emprisonnée, une étoile en mode effondrée dont chaque photon ne possède plus la capacité de s'évacuer de manière naturelle d'un cerveau en ébullition foisonnant de conceptions nouvelles. Un corps sain en pleine expansion se comprime lentement suite à une maladie incurable stoppant net l'envolée d'un luminaire transformé en masse rampante déformée par le rictus. Accompagné de la disparition progressive et définitive d'une élocution dont les dernières sonorités audibles s'éteignent en fournissant un révélation capitale. L'encadrement féminin dans un premier temps exemplaire s'effrite lentement suite à une charge trop imposante abandonnant au fil de l'eau un visionnaire et sa thématique. Sur une planète tellurique, un génie se retrouve en fréquence avec le principe d'une étoile consistant à offrir son savoir à tout un environnement astronomique ou humain ovationnant par sa rotation ou ses applaudissements la luminosité d'un astre transcendé par la quête de la théorie du tout. Un esprit fécond reconnu, toujours présent dont la technologie maintient opérationnels les propos d'une machine presque éteinte dont l'unique voyant encore actif contient l'univers entier.
  • SAMBA (2014)
    Finalement, le racisme est un faux problème. La plupart d'entre nous ne rêve que d'une seule chose. Ce petit échantillon d'esprits de tous bords exténués par le labeur ou en galère perpétuelle le prouve bien en trinquant sur la finalité d'un challenge bien souvent hors d'atteinte."A la maison au bord du lac".Un fantasme ayant l'immense avantage de restaurer pendant quelques minutes une palette festive en fréquence dans un même projet ressenti et espéré par tous.En attendant il faut être ce que l'on doit être, parachuté dans un monde bien laborieux croulant sous les dossiers incompréhensibles qu'ils faut décrypter, à bout de nerfs.Pendant que d'autres surfent sur des petits boulots au niveau ou en dessous d'un seuil de tolérance que l'on rend plus joyeux et communicatif entre ciel et terre."Ici personne te fait chier".Les visages s'éclairent, se livrent, éprouvent de soudaines attirances en réveillant des pulsions assoupies.L'autre n'est plus à fuir mais à écouter ou à consommer sur place sans retenue ni préliminaires. Il a un esprit, il est drôle et surtout il tient bon dans une malice juvénile toujours prête à l'emploi.Le retour à la vraie vie sans paravent distinctif, on communique avec le bout du monde sans préjugés, loin d'une robotisation briseuse d'un soi-même toujours incertain, ceci permettant à son vis à vis perçu comme atypique, de capter un regard en exprimant sa différence et surtout sa volonté d’exister dans la dignité d'où qu'il vienne.
  • THE TRIBE (2014)
    Un monde du silence traumatisant à l'image d'un environnement automnal froid et dénudé contexte d'un pensionnat aux règles carcérales d'une rigueur extrême, refuge d'une meute de hyènes hyper violentes ne fonctionnant que par le conflit permanent et l'attaque surprise. Aucune chaleur de la part d'un groupe gouvernant uniquement ses troupes par l'emprise et l'obligation de faire ou quelques récompenses acquises par l'offrande ou la force sont plus près de la bestialité que du ressenti naturel et affectif.Un geste livré à lui-même n'ayant plus la parole pour le recadrer n'est plus qu'une farandole de bourrades, de farces douteuses, de coups et de remontrances assénés à un novice encore tendre endoctriné par un environnement imprévisible et désordonné à l'image de chimpanzés passant soudainement de l'accalmie à la bagarre générale.Aucune autre solution pour sa survie que de devenir l'image de ses persécuteurs en attendant accablé de sévices l'heure de la vengeance.
  • BEFORE MIDNIGHT (2013)
    Ennuyeux, long et assommant, "Before Midnight" s'enlise dans d'interminables plans séquences pompeux, ankylosés de propos monocordes. Une longue marche interminable, bavarde et prétentieuse, réalisée par des bobos insatisfaits, se nourrissant de soleil et de bonne chère, accompagnés de leurs espérances et de leurs doutes, dans de longues thématiques nostalgiques, fastidieuses et ampoulées.La montée chromatique fastidieuse d'un couple talonné par la remise en question, passant du baiser au combat, dans une rafale ininterrompue de reproches lourdauds et indécis.
  • 100% CACHEMIRE (2013)
    Quelle déception. Sans aucun doute la daube de cette fin d'année 2013. Comment peut-on se fourvoyer à ce point et fournir de telles faiblesses?Ensemble décousu, partant dans tous les sens, terne dans des situations incohérentes, l'humour est en RTT.Enfant inexistant (On est à des années lumière de la luminosité comique et dévastatrice de Papouf dans "le grand chef" avec Fernandel).Belle Valérie, vite à l'écriture. Il faut impérativement se reprendre et renier cet égarement inexplicable et surprenant.
  • LA FAMILLE BÉLIER (2013)
    Une fable champêtre conviviale, chaleureuse et sympathique. Dans d'heureuses vibrations sincères et simplistes jamais vulgaires, délivrés par une France profonde entreprenante et vigoureuse dont les petites joutes de clochers, malgré leurs faibles volumétries rurales, ont enfin pignon sur rue.De biens agréables moments passés en compagnie de ces otages de la ferme et du bétail, silencieux et dépendants, détenteurs d'un potentiel autonome qu'il suffit de mettre en lumière.Décidant de vivre leurs handicaps en adulte loin d'un assistanat surgonflé.La visite agréable d'un cinéma français positionné actuellement sur l'offrande d'un émotionnel rose bonbon, racoleur et calculé, ratissant large, mais rafraîchissant par ses messages.
  • GATSBY LE MAGNIFIQUE (2013)
    "Les jeunes filles riches n'épousent pas de garçons pauvres". Gatsby, concept mélancolique dissimulé dans l'apparat, illumine son désarroi dans les peintures vives d'une fête pratiquement ininterrompue. Une fracture émotionnelle indélébile, dissimulée dans l'utilisation sans retenue de consommables luxueux, acquis dans l'air d'un temps offert à tous les audacieux. L'homme de près ou de loin s'enivre de ses restaurations incessantes de couleurs pudiques ou chargées, toiles de fond festives d'une jet set sans profondeur tutoyant l'infini déjantée d'un comportement sans limites. Gatsby, esprit quelconque sans envergures, affaibli par une blessure sentimentale, se sert comme une fronde de cette anomalie pour se construire par le monde des affaires, catapulteur d'un paraître revanchard ressuscitant un moribond sans le sou, aux yeux de sa belle. Le chemin menant de la pauvreté vers la richesse transporte un amoureux éconduit de l'anonymat vers les sommets d'un pouvoir, à la base non désiré, puis visité jusqu'à l'ivresse. Un état indispensable pour renaitre, sans pour autant cicatriser un impact vif toujours présent. Le manque d'intérêt total envers un esprit n'ayant aucune valeur dans le plus simple appareil, forcé de s'inventer un personnage pour plaire.
  • MA VIE AVEC LIBERACE (2013)
    Ma vie avec Liberace reproduit honnêtement les arcanes narcissiques et loufoques d'un concept festif, dépensier et infidèle. Des paillettes sécurisantes et décalées entretenant une immaturité ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques. Ce qui brille apaise, tout en formatant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers un état des lieux non réellement désiré mais assumé dans tous ses excès. On s'éclate paradoxalement en trainant ses manques comme un boulet en regrettant secrètement de ne pas être soi même. Constamment sous l'emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement qu'ils ne sont qu'apparences, dépendances, souffrances et simulations. Le tout pour se dissoudre en fin de course alité et amaigri, privé de toutes extravagances, exprimant enfin un langage dévoilant de vraies valeurs. L'amour entre hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s'apercevoir que la véritable perception des choses ne peut se ressentir que privée de tout.Sans être éblouissant de bout en bout "Ma vie avec Liberace" restitue loyalement les assaisonnements loufoques, narcissiques et fantasques d'un concept festif immature, dépensier et infidèle emmailloté dans de la lumière vive. De la paillette relaxante sauvegardant une inconsistance ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques. Ce qui brille apaise, tout en encourageant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers une finalité non forcément désirée mais assumée dans tous ses excès.On se détruit paradoxalement en trainant ses manques dans un abouti dissimulant secrètement le regret de ne pas être soi même. Constamment sous l'emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement la temporalité éphémère.Le tout pour se dissoudre alité et amaigri, privé de toutes extravagances dans des remords divulguant enfin un véritable langage.L'amour en hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s'apercevoir que le ressenti n'a nullement besoin d'artifices pour se dévoiler.Il suffit de s'aimer tout simplement et de le proclamer dans le vide absolu.
  • GRAVITY (3D) (2013)
    Cette féerie galactique exprime admirablement la douloureuse constitution d'un nouvel état conquis dans un noir d'encre sinistre et silencieux. La découverte d'une féminité inconnue, glanée dans l'épreuve à l'intérieur d'un ventre maternel spatial, rempli de cordons ombilicaux métalliques dangereux ou protecteurs.Une rage de survivre, de s'élaborer et de se révéler dans un liquide amniotique infini, garniture d'un fœtus en survie dont les décibels constants accompagnent les ornements indispensables de la terreur et de l'angoisse, moteurs paradoxaux de la détermination et de l'initiative.Ryan, dans un premier temps, managée, taquinée et remorquée par le sexe fort, assemble point par point dans les hurlements et les gémissements les plus extrêmes, une nouvelle autonomie sensorielle en relation avec l'avènement de son moi véritable.Un esprit neuf, nourri par sa détresse et sa solitude, s'imprègne d'un galbe magnifique, en se redressant majestueusement vers le ciel à la conquête d'une terre inconnue.Un très bel essai sur les spasmes d'une surface insolite, mère de toutes les métamorphoses.
  • PRISONERS (2013)
    "J'irai comme un cheval fou". La lente et irrémédiable descente aux enfers d'un père propulsé par ses pulsions dans un déferlement de violences mêlés de repentir, ne faisant qu'accentuer le besoin d'un écorché vif d'entretenir en permanence un équilibre séquentiel d'acharnement et d'effondrement à l'aide de ses propres diagnostics. L'entretien en vrille d'un comportement uniquement basé sur la cible que l'on kidnappe et martyrise en cachette, sans se soucier un seul instant de la dominance outrancière d'une perception. On s'acharne en détruisant en parallèle l'autre et soi, même pendant qu'une police peau de chagrin, uniquement basé sur la détermination d'un élément, tente avec difficulté de maintenir une procédure de travail basé sur l'investigation. Dans une joute livide entre l'aveuglement et la lucidité sur un site épuré triste et pluvieux. Un opus d'atmosphère captivant, long et éprouvant ne fléchissant jamais dans le contenu de son message.
  • LE TRANSPERCENEIGE (2013)
    Tous ensemble chacun à sa place. L'absence ou l'excédent de volontariat contribue à la stagnation ou à la progression d'un système pensant, dont le but est d'élever ou d'effondrer par la récompense ou l'élimination la condition sociale de chacun de ses composants.Ce n'est pas le cas dans ce train gigantesque, grand huit planétaire sans arrêt, entouré de glace dont les intérieurs sordides ou luxueux se traversent tels des compartiments cloisonnés par l'indifférence et l'ignorance de ce qui précède ou de ce qui suit.La remontée fastidieuse vers la machine ne dévoile aucun exemple susceptible d'accepter sa condition de non participant devant une élite récompensée justement par son investissement.Tout n'est que répressions, trahisons, indifférences et décalages de la part d'une faune dominante, violente, moqueuse, distante et protégée, bien souvent excentriques, à la frontière de la folie.Devant une telle découverte et surtout une telle déception, il ne reste plus qu'une chose à faire, imposer son décalage en progressant par la force vers une vision finale équipée de propos dangereux, à la limite de la récupération.La théorie d'un troupeau animalier sale et repoussant croupissant en voiture finale, sacrifié ou servant de combustible à un convoi dont la durée est menacé par une neige se décidant enfin à fondre.
  • YVES SAINT LAURENT (2013)
    Yves Saint Laurent, usine à gaz pulsionnelle, bouillante et sensitive, se projette vers les sommets de son art, en compagnie de divers éclairs et effondrements instinctifs, reconduits régulièrement de manières intensives. Le bateau tangue dangereusement sans jamais sombrer, ceci grâce à un compagnon de route lucide sobre et investi, impuissant devant les incessants naufrages d'un esprit hautement créatif dont les éclairs de génie se retrouvent souvent en concurrence avec le besoin de s'autodétruire.Un créateur timide et angoissé, brillant dans le discernement, complètement absent dans la récupération festive, implose dans des nuits sulfureuses dont la finalité est la conquête d'un statut d'épave récupérée au petit matin.La belle et la bête, en cohabitation constante, près ou très éloignée d'une entreprise thématique encensée par un public conquis par la face visible d'un iceberg à double face, étincelant à la lumière, démantelé en coulisses.Un trajet cabalistique entre la grâce et son inverse.Le yin a la poursuite du yang, équilibre perpétuel d'une machine émotionnelle incapable de se stabiliser durablement dans un seul de ces deux concepts.
  • QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? (2013)
    Cette petite galette caricaturale et amusante se maintient toujours sur un fil du rasoir n'étant jamais versatile, permettant à chaque composant de notre nouvelle Marianne d'exposer sa différence, sans jamais s'aventurer au delà d'un point de non retour discriminatoire, sordide et dégradant. Chacun pour soi devient peu à peu tous pour un, dans un nouveau contexte hexagonal dont la continuité ne semble plus dépendre que d'une cartographie métisso-dépressive.Les divergences ancestrales s'estompent lentement dans des combats de coqs de moins en moins féroces, démontrant le besoin impératif d'instaurer de la pluralité constructive interchangeable tout azimuts, sur le territoire de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.Un low budget exotico-franchouillard plaisant, simpliste à la limite de la bouffonnerie qu'il faut impérativement ingurgiter au second degré, territoire fictif, de cette utopie poussive, extravagante et bien chargée.
  • QUAI D'ORSAY (2013)
    Elle pulse cette cocote minute politique alimentée par Héraclite et ses citations frôlant les plus beaux fleurons verbaux d'un Jean-Claude Van Damme en grande forme. Les portes claquent, les dossiers volent, étourdissant par leurs soudainetés des ressources corvéables sept jours sur sept managées par un fragment Dinosaurien aussi surprenant qu'incompréhensible.Ludwig Von Wittgenstein aux affaires étrangères, précurseur d'un langage d'éveil basé uniquement sur le bon mot, n'entrainant qu'un discernement approximatif dans une cavalcade désordonnée.La gestion de la planète bleue par la prose Philosophique en représentation permanente de la part d'un esprit décousu changeant constamment de fil conducteur.Transcendé par une diction axée sur la volonté d'entreprendre sans jamais en tenir un cap cohérent.Un opus certainement révélateur de quelques senteurs de nos cabinets et ministères, terrorisés par l'élaboration parfaite d'un discours sur une scène de théâtre assurant carriérisme et longévité à celui ou ceux davantage concernés par une tournure verbale que par la réalité du terrain.
  • POMPEI (2013)
    Par grand chose à mentionner sur cet opus propulsant un clone de "Gladiator" sur les cimes de la vengeance, dans une cité en ébullition, certainement beaucoup chargée, qu'une réalité historique paisible, communicative et ensoleillée. L'histoire semble appartenir de plus en plus à l'image et à ses nouvelles technologies.Archivé les tristounets braseros d'antan des versions précédentes.Donc acceptons les imposantes myriades numériques de ce "boulet" historique réapparaissant régulièrement par ses remakes au fil du temps, s'acharnant sur une cité livrée de nos jours au 3D, au tsunami et aux bombardements.Quant à la vérité, elle s'éloigne et s'éteint lentement, absorbée par une image artificielle manipulant nos sens par son gigantisme.Privé de la vision naturelle de son évènementiel, la continuité et la compréhension de l'histoire n'est plus qu'un développement technologique.
  • JEUNE & JOLIE (2013)
    "Jeune et jolie" malgré les douces mélopées sensitives de Françoise Hardy manque de profondeur. Toutefois la déception d'une jeune lycéenne des beaux quartiers, préférant fuir un environnement familial éteint, accompagné d'un contexte sentimental basique et inexpérimenté, en se dirigeant vers les fantasmes du plaisir à l'aide du proxénétisme tarifé, est perceptible et correctement rendu.Une "belle de jour" réactualisée se libère d'un geste masculin générationnel, empressé et maladroit, pour se réaliser pleinement entre les bras d'un senior paternel sans tabous, mélancolique et revanchard, loin d'un bunker familial recomposé et d'un bahut Bobos, ne fonctionnant que par les perceptions lassantes et répétitives d'une génération montante, tourmentée par l'accomplissement du premier rapport sexuel.Un opus moyen, dans un cheminement décent, mais trop clairsemé.
  • THE GRAND BUDAPEST HOTEL (2013)
    Inutile d'intercepter un suivi dans cet univers rose bonbon grandiose et inconsistant. L'ensemble demeure autant surprenant qu'attachant, dans une suite de tableaux crispants, irréguliers et décousus, intégrés dans une brillante palette rassemblant ses couleurs par affinités.Energie esthétique indispensable, afin de ne pas décrocher, en s'adaptant à ce processus délirant, incontrôlable, sans maturité, étirant ses mésaventures dans tous les sens.Une glace à la fraise désaltérante malgré ses incessantes cassures.Libre, déjanté, un archétype cocasse, mouvementé, volontairement déstructuré, intégré dans des teintes folles .A voir absolument pour se reconstruire, en parcourant un nouveau monde épuré de toute structure conformiste. L'opus assume ses dérives.Les puristes auront remarqué la judicieuse présence du nombre 0620 dans le téléphérique et sauront lui attribuer un visage, une fonction et un nom.
  • UN AMOUR D'HIVER (2013)
    "Et ils sont deux, auxquels se joint un et ils sont trois et en étant trois, il ne sont qu'un." Il y aura toujours des anges et des démons guerroyant sans cesse, pendant qu'un détonateur humain, animal ou matériel, tentera dans une perception incontrôlée ou non, de forger des rencontres fabricant des histoires entre les êtres. Le destin, otage de l'éternité, fait ce qui lui plait, réunis ou séparent qui il veut, où il veut et quand il veut. Ce qui ne peut se faire dans le passé, se fera dans le futur. Ce qui ne fonctionne pas avec l'un, fonctionnera avec l'autre. Le créateur ne ferme jamais une porte, sans en ouvrir une autre. Notre but est de ressentir et de fournir du sensitif sentimental ou violent à tous les êtres rencontrés par accident, dont les comportements bons ou mauvais, seront toujours un éveil. La révélation ultime étant de passer de la pierre brute à l'amour possible ou impossible, dont le geste final avorté dans son temps, sera réussi pour une ressource attendant patiemment sans en avoir la perception votre arrivée dans un futur lointain. "Un amour d'hiver" néanmoins attendrissant, se ballade beaucoup trop souvent entre attachement et déception, sans véritablement trouver ses marques. L'ensemble n'en reste pas moins émouvant dans certaines de ses envolées lumineuses, à voir en se laissant emporter.
  • UNDER THE SKIN (2013)
    Certaines structures de cet ensemble venteux et décharné resteront volontairement mystérieux. Il faut s'en accommoder, sans proscrire ces images cotonneuses, ne semblant reproduire qu'une pensée unique, la traque continuelle d'un alien "féminin" au bout de nulle part, se divertissant jusqu'à leurs extinctions, d'hommes ordinaires, narcissiques, basiques et laids, verbalement limités, délestés de toutes cultures, dans un désert quotidien, uniquement managés par leurs pulsions sexuelles.Manipulés et consentants, incapables de deviner qu'ils ne sont que les jouets d'une machine laboratoire, manquant totalement d'émotions, châtiant dans un état second toutes ces libidos masculines primaires, volontairement pourchassées.Une expérience terrestre dominante, amusante, puis déroutante, enrobant dans son concept sensoriel un être venu d'ailleurs, soudainement perplexe, interrogatif, fragilisé et anéanti par la perception d'un sensitif inconnu.Un opus courageux, inclassable, boueux, frigide, envoutant, entre lenteur et récurrence, dans une léthargie marécageuse et glacée.
  • ENEMY (2013)
    "L'Histoire se répète toujours deux fois: la première fois comme une tragédie ; la seconde fois comme une farce". Karl Marx "Enemy" renaissance d'un cinéma lent et étiré, restaure un climat lancinant, venant menacer un blockbuster répétitif et lassant. Un peu de Goethe et de ses affinités électives accompagnés de plusieurs méandres aussi déstabilisantes que ténébreuses transportent dans des lenteurs d'écoles ce récit statique et irrégulier vers un retour inespéré. Un climat cinématographique enfin redevenu paisible. Un miroir interrogatif, déroutant, malmenant un cogito sur les nerfs, tentant d'analyser les quelques composants métaphysiques de ce labyrinthe ténébreux dont les bases principales sont la découverte d'un autre soi-même dont la visite déclenche perversités, dominances et possessions. L'esthétisme des images l'emportant sur un déroulé bien souvent au point mort, sans étincelles dont les neurones requises pour sa compréhension ne font que des prestations beaucoup trop réduites. Bref l'opus se traine trop longuement dans des investigations ennuyeuses, privés de virulences électriques.
  • NOS ÉTOILES CONTRAIRES (2013)
    "Venez vite, je bois le nectar des étoiles" dom Pérignon. Ca manquait, voici le retour de la maladie au service de la larmichette dans un clone réactualisée de Love story. Que dire de porteur sur ce mélo thématique, essentiellement calibré pour adolescents, dont les images calculées ne semble formatées que pour dérouler un romanesque dont l'opportunisme enfume le mécanisme explicatif d'une maladie de plus en plus répandue. Un paradoxe de taille dans des sentiments à leurs paroxysmes, mis en lumière à cause ou grâce à un fléau moderne impitoyable et dominateur. Du lourd, ceci malgré la bonne volonté de fournir un travail émotif, surtout dans la déception du modèle et la visite de la maison d'Anne Franck, moments forts d'un circuit vers le bas, entrainant avec lui la pire des choses, l'impossibilité de s'accomplir. En déversant symboliquement avant de s'éteindre l'intégralité de sa transcendance potentielle.
  • BABYSITTING (2013)
    Selon quelques cogitos poussés à leurs maximums, il y a de nos jours pratiquement plus rien à découvrir. Plus de grands esprits qu'ils soient, physiciens, musiciens, littéraires, mathématiciens, ou autres.Une vie entière offerte à la recherche et à ses tortures quotidiennes semble être assoupie pour toujours, remplacé par l'opportunisme et ses gratifications.Il ne reste plus qu'à dilater de plus en plus souvent un délire domestique apocalyptique gigantesque dans une fête continue n'ayant plus aucune limite.Un tsunami dévastateur réduisant en poussières automobiles, teintures, bibelots et meubles bourgeois symboles de toutes les récompenses ne faisant que renvoyés leurs froideurs à leurs propriétaires gros et gras brodés dans leurs sépultures capitonnées derniers modèles.N'ayant plus aucun archétype modèle porteur, une jeunesse complètement barré se nourrit à l'extrême de tout un environnement artificiel luxueux.Un veau d'or grisant, puis carbonisé dans la joie et la bonne humeur par de jeunes loups protégés dans une immaturité dévastatrice avant de rentrer dans le rang.
  • LUCY (2013)
    "L'imagination est le seul moyen de conquérir l'absolu". Les petites tranches explicatives du professeur Norman déposent quelques parcelles de luminosité dans cette avalanche pétaradante, insensible, rocailleuse et brutale, ne s'étalant pas au delà du neurone primordial, alimentant une mobilité thématique consistant à l'élimination quasi permanente de ses semblables par des analphabètes aliénés de la gâchette. Et pourtant, avec de gros efforts il est vrai, nous pourrions coloniser l'intégralité des possibilités de notre cerveau équivalant à la visite de toutes les étoiles de notre galaxie. Nos méninges domestiquées possèdent au même titre que l'univers, une ligne d'horizon que nous n'arrivons, ne pouvons ou ne voulons pas franchir. Ou tout simplement masquée, suite à nos comportements décevants. Le dépassement des capacités humaines ressemble pour l'instant à la vision d'une nuit étoilée dont le contenu est intouchable. Des milliards de connexions inconnues, dans un labyrinthe infini cadenassé suite à nos routines et à nos difficultés d'entreprendre. Une vie simple passée dans un enfermement quotidien, dont le prologue consiste à se reproduire et l'épilogue à transmettre à sa descendance un infime pic lumineux ou un misérabilisme ténébreux, permettant à l'histoire de l'espèce humaine de continuer dans ses accumulations sensitives personnalisées. Pendant que scintille au dessus de nos têtes, dans l'indifférence quasi générale, une rivière de diamant infinie et absolue permettant d'être partout à la fois. Le mouvement, ressource première et nécessaire à tous nos déplacements et créativités, ne produit plus que des devenirs basiques semblables à des balbutiements locaux cadencés par nos icônes terrestres. De la préhistoire aux temps modernes, Lucy se métamorphose uniquement au contact des siens.
  • L'ODYSSÉE DE PI (2012)
    Un périple mouvementé entre un cogito sur des charbons ardents et une machinerie animale en férocité perpétuelle. Une ballade initiatique, accompagnée d'images féeriques ou apocalyptiques, offertes par un océan apaisé ou en totale convulsion, à deux comportements extrêmes dépendants de leurs sens.L'élaboration d'un concept mystico-bestial entre un esprit illuminé par ses découvertes et un félin sans reconnaissance, dépendant de l'appel de la forêt, dont l'abandon émotif n'apparait que dans l'inconscience.La vulnérabilité et la braise éternelle aux mains de leurs codes respectifs, loin de tout sur des flots calmes ou déchainés.
  • DJANGO UNCHAINED (2012)
    La soumission, la survie, la ruse, l'opportunité ou l'indifférence en propriétés ou sur les routes sans protocoles ni sommations d'usages. Une approche constructive, subitement punitive, se servant d'une dialectique longue et forcenée pour nourrir une violence se servant du verbe pour s'extérioriser.Un festin royal, extravagant dans un grand guignol de qualité, inséré dans une partition décalée, sanguinolente et jouissive.Ici, il ne s'agit pas de se rapprocher d'une vérité historique, mais de se régaler de sa virtualité.
  • 9 MOIS FERME (2012)
    Ce sera court. Neuf mois ferme est un pétard mouillé.Une ascension laborieuse à la conquête d'un éther jamais atteint en permanence.Intercalant quelques bons moments dans un ensemble désordonné, l'opus ne parvient jamais à livrer un ensemble homogène.Bien souvent laborieux, dans l'impossibilité de trouver des marques durables, ce labeur crispant se démène péniblement dans une série de clichés hystéro lassants, corridor beaucoup trop longiligne entre un essoufflement et une situation comique prenant son temps pour faire surface.Un soufflé excentrique garni de beaucoup trop de coupures électriques.
  • ELLE S'EN VA (2012)
    La belle Catherine a bien du courage de formater de la sensibilité au contact d'une faune aussi médiocre rencontrée ici et la dans un road movie insensible et désordonné. Quelques états d'âmes cléments offerts à des ressources insignifiantes, mal dirigées faisant de ce boulet pauvre et cotonneux une épreuve ne menant nulle part.A éviter.
  • TO ROME WITH LOVE (2012)
    Pas beaucoup de frissons dans cette ballade romaine, permettant à quelques parachutés de sortir temporairement de l'anonymat, de tâter de l'opéra en compagnie d'accessoires inattendus ou de titiller quelques interdits, en favorisant les remords plutôt que les regrets. L'opus est divertissant, pas trop bavard. Les bons mots ne manquent pas, dans un ensemble attachant, légèrement naïf, sans pour autant être volatil.Une agréable randonnée dans une ville éternelle flamboyante, truffée de rencontres, d'éveils fournissant les plus fines essences à des confidences spontanées ou à des audaces endormies, n'ayant que peu de temps pour s'exprimer avant de voler vers d'autres cieux ou de regagner la normalisation.On prend, puis l'on jette le tout en cachette, dans un opus un peu enfantin, mais jamais fastidieux, révélant quelques composants fuyants, influençables, versatiles, satisfaits d'extérioriser quelques voluptés inconnues, en se partageant la révélation sans lendemain, l'infidélité sauvage et la gloire soudaine.
  • FLIGHT (2012)
    Une bonne ou une mauvaise surprise que cet opus valeureux dans ses vingt premières minutes, sombrant dans un émotif trainard et ennuyeux, pour enfin se ragaillardir dans le rachat final donnant quelques étincelles de bravoure à un tracé aux allures de mollusques. L'action n'est pas l'éther continu de cette aventure, longue bien souvent inconsistante, mais non dépourvu d'émotions.Ici il faut se poser, écouter être tolérant envers des images aux points morts, propriétés de quelques esprits malchanceux, détériorés, maintenus dans une lucidité dépendante, par leurs responsabilités envers les autres."Flight" presque continuellement au repos vibre de l'intérieur, ceci par quelques larmes de repentir, baignant un visage meurtri privé de repos, constamment traqué par l'addiction.Un film intimiste, touchant, mais non bouleversant.
  • CLOUD ATLAS (2012)
    Il suffit de comprendre une seule chose pour comprendre toutes les choses car toutes les choses sont liées à cette chose comme étant la diversité de sa récurrence. Une seule Matrice se dupliquant à l’infini en projetant son ensemble dans les différentes facettes de sa pensée unique. Une même réalité dans sa diversité récursive sur un champ d’énergie interdépendant nécessaire à la prestation de ses concepts naturels ou sensoriels, sur une plateforme interactive renforçant la régularité de son parcours en se servant pour cela de toutes les métamorphoses d’un même visage. Un tableau multi facettes dont tous les éléments ne sont qu’une seule perception. Un être indivisible malgré un éclatement constitué de toutes ses différentes perspectives. Un thème qui tout en entretenant sa récurrence enrichit son contenu en donnant de l’envergure complémentaire à une même approche dans la visite de ses nombreuses représentations. Assurant la longévité d’une même substance dont tous les attributs représentent son archétype réincarné en différentes apparences. Chaque transformation de sa charpente page après page correspond à la découverte d'un monde nouveau dissimulant une même entité. La porte de toutes les portes ne faisant que se reproduire à l’aide de ressentis identiques apposées sur des formes différentes. Un seul tableau se servant de tout son potentiel n’étant que lui-même dans tous ses états. La possibilité d'enrichir de manière développée ou dépouillée, un emplacement porteur de plusieurs perceptions dans un même écrin, destiné à la richesse d’une palette éclatée en plusieurs morceaux, ne constituant qu'une seule substance au fil de son histoire. L’éternel retour, fidélité d’un parcours similaire ne pouvant exister que par les mêmes clichés toutes époques confondues.
  • LOOPER (2012)
    "Une mère prête à mourir pour son fils, un homme prêt à tuer pour sa femme." Révélateur ce remontage de bretelles effectué dans un boui-boui situé au fond de nulle part par un quinquagénaire grisonnant rattrapé au cours d'une vie agitée par un sensitif auquel il ne s'attendait pas adressé à une machine à tuer insensible et immature n'étant que lui-même vingt-ans plutôt. Difficile de ne pas penser par instants à "Terminator" dans cet opus futuriste fusionnel, passionnant entre une première tranche de vie indifférente et décalée, brusquement éveillée par une seconde vieillissante adoucie par les sentiments. Un tout en un virulent, formaté pour la protection et l'élimination d'une future puissance infernale, en manque d'affection encore au berceau. L'association brutale et initiatique, entre deux processus asymétriques, significatifs d'une révélation de soi à conquérir dans l'épreuve menant la dualité d'une unique conscience vers la rédemption.
  • À LA MERVEILLE (2012)
    Quand l'ennui devient une aubade aussi pathétique que symphonique, pas de doute nous sommes bien sur les terres d'un cinéaste errant, hors du commun plus photographe que cinéaste, capable d'embellir d'un mystère profond les moments les plus insignifiants. Une photo instable, éphémère et léthargique, enrobée d'une somptueuse rosée auditive, ressources d'une interrogation ininterrompue sur les êtres, le divin et les choses, sur des terres aérées détenant dans leurs démesures l'absence de toutes réponses. Des mots d'amours ne réconfortant que l'instant où ils sont prononcés, paradoxes d'un nomadisme sans fin locataire à vie des extases les plus profondes. Habitacles de comportements fragiles et incertains, doutes éternels raffermissant l'emprise d'un absence de soi, dans un monde soumis aux épanouissements multiples et superficiels. Un très bel opus poétique, interrogatif et attachant (à condition d'en supporter les nombreux passages figés et décousus) sur le devoir d'établir sa propre définition existentielle universelle, saine et durable, enfin libéré de tout espoir de capter une réponse venant du ciel. Il est plus que temps de venir au monde .
  • UPSIDE DOWN (2012)
    Comment la sensibilité peut-elle être perçue dans sa valeur profonde dans un déferlement permanents d'images aussi lumineuses que superficielles ? Pourtant elle est bien là, diminuée, naïve, dissoute ou intégrée sur un territoire irréel et récupérateur.Incapable de se valoriser pleinement devant un redoutable adversaire nommé merveilleux, détenteur de tous les visuels possibles, dont nos perceptions émotionnelles deviennent de plus en plus dépendantes.Maintenant on se dit "Je t'aime" avec comme toile de fond une panoplie quasi infinie de représentations futuristes interchangeables.La nouvelle couleur des sentiments dans un graphisme étonnant, attirant fossoyeur de comportements forts et dénudés.A quand le retour de Roméo et Juliette. L'amour dans sa version texte, sans rien autour.
  • STOKER (2012)
    Pourquoi l'initiation, puis la lente métamorphose d'India vers la jubilation perverse et assassine rejetée, puis appréciée, offerte par une pièce rapportée aussi séduisante que glaciale, est elle aussi peu porteuse d'émotions? Ces images au point mort sont bien décevantes.Rien n'est ventilé ni intercepté. Quel ennui que ces situations pâles et narcotiques privées d'étincelles.On ne ressent rien, positionné au même niveau que ces personnages, semblant complétement vidés de toute substances.Un apprentissage inconsistant et laborieux subi, puis validé par une adolescente moquée et sans attrait, se noie dans la torpeur la plus incolore.Ceci malgré la performance d'une belle photo, désirant honnêtement essuyer les plâtres d'un parcours d'une considérable nudité sensitive.La décevante initiation et prise de conscience des véritables "valeurs" génétiques d'India, esprit en embuscade, fuyant et voyeuriste, passant de l'insignifiance à la jouissance, par l'intermédiaire du crime.Un raisin potentiel encourageant, donnant du mauvais vin.
  • WORLD WAR Z (2012)
    Elles sont bien impressionnantes ces ruches humaines déjantées, escaladant presque d'un seul bond de hautes murailles bien fragiles protégeant sommairement une population touchée de toutes parts par un mal inconnu. La déferlante d'une horde infinie de zombies aux rictus infernaux impossible à raisonner, programmés pour s'acharner sur une population cramoisie de peur et d'incapacité devant l'impossibilité d'enrayer un fléau surgit de nulle part.Des fragments dilatés impressionnants sur terre et dans les airs où chaque composant applique un même logiciel, la défense et l'attaque dans un contexte aéré ou compressé, ahurissant de terreur.Un automatisme de survie tissé dans la détermination de découvrir l'origine d'un mal qu'il faut combattre tout en essayant de le comprendre.la lutte soudaine et furieuse entre un airain limité et un visage révulsé aux dents acéré sur un terrain de jeux à feu et à sang dans une aventure efficace, enfin au delà du divertissement.
  • LA VIE D'ADÈLE (2012)
    Tout n'est pas à poubelliser dans ce trajet laboratoire laborieux imposé à une jeune lycéenne de son temps pulsionnelle, curieuse et incertaine attirée par le besoin de se réaliser temporairement par l'expérience décalée. L'éveil des sens d'une adolescente capturée par l'attirance hors norme incorpore ses troubles et ses indécisions entre le troupeau d'un bahut violent, moqueur et jaloux, la drague masculine et le nectar d'une sauce bolognaise familiale retenant encore captive une jeune fille n'arrivant pas à se positionner sur une sexualité définitive. Tout en se répandant bien souvent dans des durées interminables l'opus offre par instants des moments intenses tutoyant un cinéma vérité conforme à l'environnement d'une jeunesse dispersée, nerveuse et interrogatrice débridée dans les manifs ou dans les cafés puis recadrée sans chaleurs par des cours austères. En attendant l'éveil d'une véritable mission, Adèle ravitaille son jeune âge de cris, de rires et de larmes à l'aide d'une libido de moins en moins condamnée. Dans une traversée chaotique, atypique, porteuse de la seule chose que nous ayant à faire, ressentir. La scène de la rupture est un moment fort.
  • IRON SKY (2012)
    "Iron Sky" opus libre et déjanté se grise d'une virtualité certainement active dans un univers parallèle. Le nazi revanchard attendant l'heure de la vengeance planqué sur la Lune, pourquoi pas après tout.Cette image impossible à constituer sur nos terres peut très bien voir se réaliser dans une autre dimension.La mission étant de mettre en lumière les combinaisons les plus folles.L'univers est fait pour se dilater dans sa totalité en se miroitant dans toutes ses images composées de tous les récits possibles.Alors adaptons-nous à ce contexte farfelu à son avantage, dans un délire certainement présent quelque part dans une nuit céleste infinie.Ailleurs, on est toujours la dans la refonte ou l'exagération de l'histoire, dans les aventures les plus contradictoires menant la matière vers la réalisation de son absolu."Etre ou ne pas être", l'autre face d'un monde lointain, inaccessible libre de valider ou de contester nos empirismes terriens.La réforme de nos acquis effectuée par nos semblables dans un cosmos embelli par ses excès.
  • IDA (2012)
    Ida, loupe dénudée, austère et enneigée restitue parfaitement les pulsations interrogatives et sensitives d'un pays sous l'emprise du visage grave et du verbe rare tentant laborieusement de se reconstituer tout en gérant les contraintes d'un lourd patrimoine élaboré dans son histoire. Doute et culpabilisation s'insèrent dans un festif improvisé découvert à la dérobée avec comme partenaires naturels et quotidiens des forets tristes et répétitives, paravents de villages quasiment déserts sur des routes incertaines offertes dans un silence de plomb à des voitures cabossées aux bord de la rupture.Un site au dessous de zéro entre rusticité et fumets d'indépendances se maintient opérationnel concepts par concepts dans un partenariat soporifique aux traits tirés, distant ou sentimentalement éphémère unissant sans flammes le temps d'une nuit l'autre côté d'une vie promise à la divinité.Dans des interrogations rigides et attirantes perturbant les principes d'une nation rivée sur ses codes sur le point de découvrir une parcelle de lumière.
  • SUPER 8 (2011)
    Aucune surprise dans cette tambouille spielbergienne consistant à restaurer sans prise de risque le climat de ses premiers opus astronomiques. Un texte valorisant ne s'impose donc pas devant cette armada d'images déjà vues, best off réactualisé d'un toucher céleste récurrent, offrant à des adolescents un éveil et un investissement émotif effondrant brusquement un imaginatif débordant.A voir sans hésiter à piquer par instants un petit roupillon.
  • LE TERRITOIRE DES LOUPS (2011)
    Charles Darwin semble reprendre du service. On voit de plus en plus souvent des films ou les personnages se retrouvent en compétition avec la force naturelle des éléments ou animale, des lieux qu'ils traversent où appeler Dieu à son secours ne sert à rien.Que dire de consistant sur cet alien austère et glacial, curieusement bien noté par les internautes.Outre le faciès douloureux et tourmenté de remords de l'excellent Liam Neeson, rien ne semble différencier cet opus d'un concept standard de course poursuite bien fade.L'intuition de rester connecté jusqu'à la fin du générique final révélera un petit plus émouvant dans l'équilibre de sa conclusion, redonnant une parcelle de luminosité à un produit récurrent.
  • PROJET X (2011)
    "Projet X" est l'intégralité d'un processus menant un groupe de l'euphorie à l'anéantissement, en passant par le débordement, suite à l'import d'ingrédients destructeurs, drainant toute une faune avinée vers une petite apocalypse locale. Un statut moral collectif dégradé au maximum, pendant quelques heures, déclenche l'apparition de toute une faune de doux dingues complètement aliénés par la vision d'un naufrage festif.Un opus significatif sur un débridé indispensable, jouissif et spontané, beaucoup trop pénalisé par la volumétrie de l'étude et la contrainte de réussir.Ceci ne faisant qu'accroitre le besoin de reconquérir une identité animale ou tout n'est plus qu'instinct et possession.
  • TREE OF LIFE (2011)
    Une somptueuse expérience sensorielle presque divine remplie de symbolismes et de messages secrets comblant les manques méditatifs sur la véritable nature des choses d’un petit point terrestre des années cinquante tristounet, moulé dans l'enferment religieux et l'éthique sévère. Pénalisant des enfants rêveurs incapables de s’adapter à une sécheresse affective nuisance quotidienne d’un environnement parental sans saveur ou tout n’est que paraitre et servitude. Préférant s’enfuir de la contrainte de réussir en se ressourçant en secret au contact d’un espace naturel en opposition avec les limites d'une morale grossière et maladroite, ne parvenant qu'à faire douter ou à détruire quelques émanations sensitives libres et spontanées sur le monde tel qu’on l’appréhende. Profitant des que possible de l’opportunité de réelles interrogations dans une grandiose symphonie visuelle montrant un univers accessible naturel et lumineux ne demandant qu’à être étudié. L'inlassable traversée du Soleil par Mercure démontre parfaitement la performance et l'adaptation d'un organisme vivant dont l'équilibre ne dépend uniquement que de l'endurance de ses procédures. La beauté d'un cosmos calme ou en ébullition ou d'une nature effervescente n'ayant nullement besoin du verset biblique ou de la rareté d'un geste tendre pour se manager au quotidien
  • JUSQU'À CE QUE LE FIN DU MONDE NOUS SÉPARE (2011)
    Un ratage digne de figurer dans le Guinness. Et pourtant c'est bien agréable de voir la belle Keira pleine de vie, habillée sobrement loin des quartiers chics et des parfums. Ce joli minois souriant, naturel et spontané n'empêche hélas nullement l'ensemble de se rependre majestueusement dans un ennui profond, indigne d'une remarquable idée consistant à savoir avec qui selon certaines circonstances on va passer ses derniers instants sur la planète bleue.Une double catastrophe dans le ciel comme sur terre, dans une suite quasi continuelle d'images paresseuses manquant d'émotions profondes.Un film inutile.
  • A DANGEROUS METHOD (2011)
    Une petite visite initiatique bien fade de la planète psychanalyse par deux piliers rigides convertis aux cobayes étudiés sans chaleurs humaines. L'analyse et la possession d'un sujet dans un premier temps hystérique et convulsée devenant une adepte de la fessée voluptueuse, décisionnaire et dominatrice.Dans de longues théories, poussant les neurones à bout de passionnés n'osant vulgariser une science devenue soporifique pour un spectateur profane exclu d'un débat beaucoup trop spécialisé.Un film exaltant pour un initié, décevant pour un novice.
  • DE ROUILLE ET D'OS (2011)
    Le polissage progressif d'une pierre brute, prisonnière permanente de l'atmosphère de ses échecs, au contact d'un enfant et d'une princesse des ondes, dont les différentes inquiétudes et malheurs conduisent un pestiféré du geste tendre vers les éthers de la délicatesse. La douce et l'hirsute dans un monde aux portes de la barbarie urbaine, tissés dans la découverte de nouveaux sens, glanés au contact de leurs infériorités.Une force nouvelle qu'il faut intégrer dans un contexte dominé par le grognement, le combat de rue et le tatouage intégral.Un opus bourru, sur l'élaboration d'un émotif sur le fil du rasoir, qu'il faut conquérir et entretenir dans un monde en miettes.
  • MELANCHOLIA (2011)
    "Nous sommes seuls. La terre est mauvaise et ne mérite pas que l'on s’intéresse à elle. "Ce constat destiné à une sphère liquide et rocailleuse sur le point d'être pulvérisée par un mastodonte céleste surgissant soudainement de derrière le soleil, n'évite pas une gâche importante d'images surtout dans sa première partie.Pendant que "Melancholia" grossit dans les télescopes, Justine absente et versatile, se laisse volontairement récupérée par un nomadisme pulsionnel, la dispersant constamment de ses responsabilités.Claire à l'inverse, apeurée et sensible, masque ses angoisses dans une protection maternelle, que plus en plus de larmes, à l'approche de l’échéance finale, viennent davantage délabrer."Melancholia" est d'une approche difficile. Une véritable épreuve longue, éprouvante qu'une réelle volonté de ne pas abandonner sauvegarde tout le long d'un circuit fade et surtout beaucoup trop garni d'inutilités.L'opus allume enfin ses feux dans une seconde partie beaucoup plus construite, d'une intensité poignante, en parfaite harmonie avec la montée en puissance d'un événement s'acharnant sur une fausse assurance et un mal de vivre menacés de disparition.Grâce à un phénomène astronomique, l'insouciance, l'indifférence et le manque de maturité finissent par se mettre en phase avec l'incertitude et l'angoisse.Le final de cette œuvre, d'une austérité magistrale, est un des plus beaux de tout le cinéma mondial.Charlotte Gainsbourg est hallucinante d'émotivité en s'accrochant désespérément à la vie.
  • THE ARTIST (2011)
    Quelle audace de montrer dans un concept obsolète, accompagné d'une partition musicale alerte ou sombre en fonction des modules traversés, l'itinéraire fastueux, puis en vrille de ce cabotin trop sûr de lui, dont l'orgueil et les extravagantes s’effondrent, détruites par l'apparition d'une nouvelle manière de faire beaucoup plus juteuse. Ils en ont des choses à dire ces visages privés de paroles en haut de l'affiche ou au fond du trou, que ce soit dans le mépris, l'exagération, la fierté, l'angoisse, la tourmente ou la détresse.Finalement dans la déprime, on n'est jamais vraiment abandonné de tous. Il reste toujours quelques parcelles d'encadrements, allant du chauffeur fidèle en passant par la starlette devenu célèbre mais reconnaissante envers les conseils d'une première idole abandonnée de tous.L'opus est émouvant, touche au plus profond une sensibilité d’abord en retrait devant un départ amusant, joyeux, tonitruant dans un feu d'artifice égoïste et narcissique, exécuté par un nanti se croyant préservé.Puis tout se calme, l'homme démuni de son gagne pain se lézarde, devient poignant devant son infortune lui faisant vomir toutes ses turbulences d'antan prétentieuses et abusives.La mission est de toucher le fond, puis de remonter à la surface en acceptant les pépites d'une nouvelle aventure cinématographique en compagnie d'un nouveau produit remarquablement vendu par celle qui, comblée de gloire, conserve toujours un regard sur celui qui n'est plus."The Artist" est un film de grande qualité, remarquablement formaté afin de montrer la gloire, la chute et la renaissance de Georges Valentin, acteur détenant pratiquement tous les défauts d'un égocentrique recadré par la déchéance.Jean Dujardin festif, arrogant et poignant en alternance, se laisse aller au fil de l'eau par le dédain, l’effondrement et l'espoir dans un visage entre deux âges.
  • INTOUCHABLES (2011)
    "Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal." Il n'y a que deux manières de percevoir le monde. Soit à l'aide d'outils ancestraux permettant d'entretenir les fantasmes les plus fous, en se grisant de musique, de poésie ou de peinture, sans aucune envie de rapatrier ses visions dans la réalité. Ou bien de l'affronter faute de protection au plus bas niveau, non tel qu'il est, mais tel que sa condition sociale le dévoile, en tentant de s'y intégrer par ses propres méthodes, tout en gardant au fond de soi une parcelle de bonté, prête à surgir. D'un coté un immobilisme forcé, indifférent et bourgeois dans un enfermement bling bling hyper encadré, contenant une meute de serviteurs robotisés et de l'autre un mouvement à l'air libre, délirant, démuni, hors du temps, spontané et désordonné sur des sites lugubres, appauvris, surbookés au bord de la rupture. "Intouchables" est l'élaboration d'une base de données commune contenant le tout et son inverse. Un échange d'informations sur les deux uniques concepts contradictoires d'un pays ne fonctionnant plus que par ses extrémités. Le riche et le pauvre décident enfin de faire connaissance et de fusionner leurs différences dans la joie et la bonne humeur. Ce n'est plus Vivaldi contre Earth Wind and Fire, mais Vivaldi et Earth Wind and Fire, dans de belles échappées vivifiantes, uniquement formatées par l'envie de s'éclater sans se poser de questions. Une double initiation amusante et décalée s'élabore entre un cloisonné désireux, après quelques réticences, d'ouvrir les yeux sur le monde tel qu'il est et non tel qu'il le perçoit, et un exclu aux méthodes expéditives mais persuasives, parachuté dans les beaux quartiers, se divertissant de toute une machinerie luxueuse considérée comme un jouet. "Intouchables" est la première pierre de l'édifice social du futur, consistant à réunir l'alpha et l'oméga de nos sociétés, dans une réelle envie de se connaître et de se divertir, sans savoir d'où l'on vient, mais uniquement ou l'on va ensemble.
  • MILLENIUM : LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES (2011)
    Cette version est remarquable. L'embellie réussie d'un premier jet un peu trop statique se contentant de mettre en images le contenu d'un best-seller sans en faire frémir les pages. Dans cet opus, l'isolement et le froid glacial de ces pelouses et demeures endormies se ressentent au maximum.La famille Vanger à l'image d'un site éloigné de tout, calme, désolé et tapissé de blanc détient par cette dualité les contraignantes conditions que peut subir un esprit citadin temporairement délocalisé au contact d'une nature austère dont certains visages se sont imprégnés.L'éclairage artificiel conséquent ou pratiquement absent de plusieurs intérieurs conviviaux ou spartiates s'efforce d'équilibrer le peu de luminosité délivré par soleil en berne.Le blanc déposé par le mouvement éternel des saisons et le noir d'un esprit refusant de s'intégrer dans un système reproduisent parfaitement, en fonction de leurs localisations, toute la composition de personnages cloitrés véreux, opportunistes et revanchards ou bien fermé au regard absent, puis subitement de braise, dans une inertie toujours prête à exploser.Statuts en alternance, logés dans une bulle citadine au regard de glace, toujours sur la défensive, formatée pour le rapport de forces, l'amour libre et spontané, délivrant ses émotions au coup par coup, en évitant l'investissement à long terme.Un film austère et prenant sur la difficulté de découvrir le véritable sens de la vie, ceci conduisant irrémédiablement vers le profit ou la perversité, dont le seul résultat est de labourer de rides et de haines des visages épuisés par leurs excès.
  • CLOCLO (2011)
    Rien de nouveau sous le soleil, dans le parcours de ce déraciné, en rupture paternelle, récupéré au départ alimentairement par le concept du paraitre, pour finir en icône fragile et insupportable, sous dépendance sentimentale. Au départ le personnage est chaleureux, doux, aimant. Victime de l'indifférence d'un père, ne sachant pas encourager les besoins de lumière d'un fils, épouvanté par l'obscurantisme.Puis tout change. Le personnage une fois sous les sunlights devient jaloux, irascible et intolérant.Les plus belles créatures finissent par s'enfuir ou s'abandonner à d'autres mégalos ou opportunistes d'un métier où l'on conserve jamais longtemps un être bien souvent conquis férocement.La déferlante continuelle de fans dans un état second ne suffit pas à apaiser complètement un homme écartelé entre une notoriété à entretenir en permanence et ses réveils soudains, avec une réalité recadrant sévèrement une idole managée par le doute et la solitude."Cloclo" est un rendu particulièrement efficace sur l'essence impitoyable et récupératrice du show bizz, ceci par l'intermédiaire de l'un de ses innombrables consommables, formaté pour la réussite, le pouvoir, la possession sans partage et l'emprise sur toute une faune dépendante.Un esprit enfantin et dictatorial privé de déclin; déterminé à s'accaparer de force les plus belles parures d'un concept finissant d'une manière ou d'une autre par l'abandonner.
  • PROMETHEUS (2011)
    "La vraie raison des choses est invisible, insaisissable. Seul l'esprit rétabli dans l'état de simplicité parfaite peut l'atteindre dans sa contemplation profonde". Cette citation du métaphysicien René Guénon semble bien éloignée de ce spectacle grandiose surdimensionné se contentant de dérouler ses procédures subordonnées aux performances technologiques du moment. Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous? Ce n'est pas cette overdose d'images hallucinantes qui nous le révèlera dans sa plénitude. La révélation est bien souvent l'otage de son temps. Elle se pensait aux temps des lumières et se visualise de nos jours en étant de plus délirante et dévêtue de sobriété. "Prométheus", opus hautement spectaculaire, opte pour un contexte grandiose, immense et dénudé, terrain de jeux aux ressentis extrêmes offert à des protagonistes en convulsions ininterrompues. La vérité finale ne pouvant lutter contre un tel gigantisme, ne peut être qu'un horizon fuyant perpétuellement nos interrogations. Quand va-t-on savoir vraiment et simplement qui nous sommes?
  • LES INFIDÈLES (2011)
    Un spectacle bien déprimant que cette perception féminine, considérée comme du gibier jouissif permanent, troussé à la grosse par deux demeurés immatures, incapables d'aligner deux phrases hors d'un contexte possessif. Deux grands malades narcissiques, rivés sur des doctrines machos, adeptes de la philo de comptoir, de la chambre d'hôtel éphémère et de la boîte de nuit superficielle, se grisent de conquêtes aussi inconsistantes que leurs discernement sur une approche de l'autre, basée sur une drague attentiste et respectueuse.A quoi bon posséder quelqu'un d'aussi insaisissable et indifférent que soi, dans des contacts froids, rapides et inconsistants, uniquement basé sur un rapport de brousse, dont les procédures réconfortantes sont débitées par deux égocentriques, pendant un acte sexuel digne d'une étreinte animale.Ironique et caustique, dans ses vingt premières minutes, l'opus sombre sans espoir de retour vers un pathétisme et un voyeurisme dérangeant, incompatible avec le début alerte d'un traitement corrosif amusant par ses extrêmes.On décroche sans regret devant ce périclitage sordide et nauséabond.
  • LA VERITE SI JE MENS ! 3 (2011)
    Cette sphère commerçante, immature, extravagante et dépensière continue de festoyer dans la démesure, la magouille et le chèque en bois. Un chapelet de situations thématiques presque enfantines, rassurant ou terrorisant toute une bande de nantis aux abois, traqués par la concurrence asiatique et le contrôle fiscal.Une faune transpirant dans le camouflage, la saisie et la farce, n'ayant qu'un seul objectif, sauvegarder un paraître rutilant dans des biens matériels sécurisants, envoyant à la benne un intellect inutile.Ce qui compte c'est l'énergie que l'on développe dans un milieu où l'on connait l'autre comme soi-même, ceci n'empêchant pas d'intégrer la chaleur humaine à la méfiance.Une agréable comédie, dont le mérite est de souder un groupe festif et désinvolte, montrant avec humour l'identité de notre monde d'aujourd'hui bien plus virulent, noyé sous la frime et la combine.
  • LES SAVEURS DU PALAIS (2011)
    "Les saveurs du palais" est un opus léger, bien souvent somnolent, manquant de matière combative sur un site particulier, dont les contraintes d'exécutions condamnent fermement certaines corrosivités personnelles à l'abandon ou au mutisme. Le tout étant de durer et surtout de ne rien changer dans un climat austère, dont les sous sols grouillent d'une main d'œuvre robotisée, exécutant des procédures culinaires manquant totalement d'ingéniosité.Essentiellement garni de petites scénettes beaucoup plus distrayantes que virulentes, entre certains personnages trop épurés s'égratignant sans se mordre, entre les mains d'un timing Elyséen plus facétieux que crédible.Une ambiance superficielle, inachevée, un peu molle, illuminée par l'apparition de plats aussi symétriques dans leurs éclats que dans leurs identités.Quelques bons moments émotionnels malgré tout, beaucoup plus présents sur des terres glacés que sur un périmètre parisien protocolaire et minuté.A voir dans un esprit aérien, détaché et surtout tolérant, devant ses absences d'énergies réduisant ce récit gentillet à une vision beaucoup plus amusée qu'investie.
  • LA CABANE DANS LES BOIS (2011)
    Basique et ennuyeux dans ses deux tiers, malgré une découverte originale importante, "la cabane dans les bois" se débride complètement dans une dernière partie hallucinante, complètement barrée. Les clins d'œils à l'anéantissement final du complexe de "Mondwest" de Michael Crichton ne manquent dans une pincée délirante faisant surgir sur un site pulvérisé toute une panoplie vampirique déchainée.Une fiction sanguinolente et prémonitoire, complètement dingue, annonçant certainement la métamorphose dans un avenir encore lointain de nos concepts de jeux de télé réalité, actuellement beaucoup plus absurde que dangereux, mais se dirigeant irrémédiablement vers le voyeurisme, le pari, la souffrance et l'élimination sans pitié de leurs candidats.A signaler l'apparition surprise de l'unique survivante du Nostromo dans un final époustouflant.
  • MAMAN (2011)
    Malgré sa bonne volonté "Maman" est un opus décevant dont la seule particularité est de confirmer une fois de plus par ses images un cinéma hexagonal désargenté, prisonnier d'une sédentarité à long terme, l'obligeant à se morfondre dans des climats austères et ennuyeux. Tout est en berne autour de comédiens essuyant les plâtres d'une industrie bien mal en point, tributaire d'un lieu clos exprimant les derniers râles d'une usine à gaz n'ayant pratiquement plus de jus.Le sujet est fort, mais se néantise dans une suite de scènes aussi torturées qu'insignifiantes, dévoilant l'immense difficulté de jouer vrai, dans un parcours manquant totalement d'électricité naturelle.Un énième film de crise, tentant désespérément de maintenir hors de l'eau un cinéma Français bien malade.
  • SKYFALL (2011)
    Bond, traits burinés, usés par le kilométrage et la guerre des chefs dont les exigences sont de plus en plus insensibles, habille un corps usé de quelques fragments émotifs dans d'indélébiles procédures automatisées. A travers le volontariat constant et la récurrence de la mission, un esprit fatigué se devant d'être constamment au top humanise son regard en le posant enfin sur l'autre.Une ressource surentrainée mais vieillissante commence un apprentissage émotionnel au contact d'un retour au source en compagnie d'une hiérarchie apeurée, diminuée, percevant ses faiblesses dont l'ultime combat consiste à dégeler ses sentiments.Bond associe enfin sa panoplie hyper sophistiquée à des méthodes ancestrales de combats pour en débattre au gaz et au mousquet sur une terre désolée.Un bon film sur les extravagances d'un homme et de son métier, enfin enrobés d'ultimes et véritables messages à délivrer.
  • COSMOPOLIS (2011)
    "Il y a de la souffrance pour tout le monde aujourd'hui". "Cosmopolis" mystique, austère et verrouillé, restitue parfaitement l'atmosphère automatisée de morts vivants paranos et cloitrés, dont les visages blêmes et figés sont à l'octave de leurs propos monocordes. Une réquisitoire temporel glacial sur l'extinction d'une véritable sensibilité, remplacée par l'isolement et son luxe protecteur n'offrant qu'ironie et solitude à un nanti compressé dans sa bulle d'indifférence. De longues et bavardes théories, exaltées dans un isoloir ambulant menant vers le chaos une société ayant épurée tous ses concepts moraux et politiques, dont les seuls repères sont la résignation et la fête effrénée. Le tout menant vers l'aliénation un peuple sans modèle sain, n'ayant plus le contrôle de lui-même.
  • SOURCE CODE (2011)
    Ce qui était restera, ce qui était, ceci à jamais. Mais ce qui était peut être paradoxalement visité, revisité, transformé sans la possibilité hélas d'en rectifier la finalité, afin de sécuriser un avenir dépendant de toute une architecture informative qu'il faut reconstituer manu militari en un minimum de temps.Des flash-back nerveux et ingénieux dans une configuration futuriste menant un esprit récupéré et manipulé contre son gré, par une technologie froide et ambitieuse, entre les mains d'un arriviste du conditionnement vers la liberté, dans un monde parallèle où l'on peut enfin souffler et se reconstruire.Un opus visionnaire sur nos avenirs privés de sensibilités, où tout n'est plus que servilité, cris de désespoir et d'indifférence poussés et non ressentis, dans des capsules exsangues et sombres ou des bureaux noyés de lumières artificielles, n'ayant plus aucunes perceptions émotionnelles.L'homme n'est plus qu'un consommable formaté pour servir et disparaitre après usage, dans des décisions hiérarchiques impassibles, transformant une raison endoctrinée de force, en fourniture de bureau.
  • L'OEIL DE L'ASTRONOME (2011)
    "Combien y en a t'il ? Autant que vous pouvez en compter". Cet apprentissage céleste paisible et mesuré, loin d'un numérique déchainé, transcende dans de douces méandres un esprit illuminé par un regard façonné dans un verbe audible et princier, accordés à l'interprétation du ciel et de ses mouvements. Principe disséqué par un faciès inquiétant, oiseau de nuit endormi le jour dont les propos novateurs, étranges et dangereux se brodent dans l'utilisation d'instruments grossissants, aussi lourds que douteux. Devant une assemblée hostile et impétueuse, une épée brisée dans l'eau se retrouve intacte hors de celle-ci, prouvant ainsi que le liquide est plus dense que l'air. Les lentilles du télescope font la même chose. L'œil également. Les objets grandissent, en rapprochant leurs traits inconnus de sceptiques entretenus par divers témoignages négatifs, affaiblissant un savant, imposant de nouvelles doctrines, contestant les paroles de la Bible. Comment faire accepter une hypothétique vie sur Jupiter? Soleil raté contemplant la ronde éternelle de ses gardes du corps, quand l'église soutient fermement que la Terre est au centre de l'univers et que d'autres astres sont inutiles ou subordonnées. Dans un contexte historique strict et verrouillé, soudainement agité par des théories nouvelles élaborées dans l'allégresse, par une intelligence dérangeante. Le ressenti passionnant et concis d'un éphémère décalé, dans une aventure d'une sobriété de cathédrale.
  • SPACE TIME : L'ULTIME ODYSSEE (2011)
    Le code d'accès de ce huit clos assoupi en orbite autour d'une planète bleue perdant soudainement une à une toutes ses lumières n'est pas simple. Mais quelle révélation stupéfiante pour un esprit assidu, prêt à décrypter dans des efforts presque surhumains ces images plus que molles, faisant apparaitre l'ennui désespéré et hallucinatoire d'une conscience livrée à elle même, éloignée à jamais de toutes transactions avec ses semblables.Un climat ahurissant de lenteur dans un habitacle restreint et désordonné, dominé par le fait d'armes et le témoignage d'incertitude.Le tout s'insérant en alternance dans un circuit composé d'espoirs et d'abandons, déstabilisant un condamné à l'errance éternelle vers la conscience de soi, par la transcendance émotive.Une lumière atypique acquise dans l'espoir, les larmes et la sueur au dessus d'un corps céleste muet, plongé dans le noir éternel.Un opus magnifique, extrêmement touchant sur les convulsions d'un isolement et son labyrinthe antinomique, menant un être abandonné dans le dépassement de soi vers la conquête d'une terre inconnue.
  • SUGAR MAN (2011)
    "Le créateur ne ferme jamais une porte sans en ouvrir une autre." Un génie musical boudé sur ses terres se retrouve iconisé par le piratage sur un sol lointain ratissé par l'omerta. Brusquement conquis par une parole d'évangile, un peuple gangréné par des lois sectaires s'éveille à l'individualité d'un comportement dominé par les sens. On est enfin soi par ce que l'on ressent et que l'on assume en le revendiquant haut et fort. Ce n'est plus ce que l'on nous demande d'être, mais ce que nous sommes vraiment, glané dans une liberté permettant à une architecture sensorielle manipulé par un système répressif de frémir enfin par ses choix. Tout en étant dans son monde et désirant y rester, l'homme sucre effacé et nonchalant devient le phare d'une nouvelle pensée loin d'un pays dont la reconnaissance ne passe que par la vente. La disparition d'un obscurantisme opéré par un solitaire, grisé par des textes localement incompris, exportés, captés et encensés par un peuple curieux puis avides de sensations nouvelles. Sixto Rodriguez, la terre n'est qu'un seul pays et ce pays est le tien.
  • LES TROIS MOUSQUETAIRES (2011)
    Surprenant et salutaire de voir les héros d'Alexandre Dumas tâter du numérique dans des situations débridées dissipant avec bonheur une trame d'origine en danger prisonnière d'un traitement classique n'étant plus adaptée à notre époque. Richard Lester avait en son temps refait entièrement la tapisserie de ce patrimoine rehaussé encore davantage par un virtuel déchainé et improbable dernier maillon en date entretenant dans un délire transcendé ce pavé littéraire dans la durée.Que ce soit dans l'esprit de la communale ou frôlant l'univers de matrix ce qui compte est de ne jamais dire adieu à ce un pour tous et ce tous pour un, vaillant traversant avec panache toutes les époques.L'histoire voyage avec le temps en devenant un spectacle surdimensionné.
  • MINUIT À PARIS (2010)
    "Midnight in Paris" est une agréable comédie pleine de fantaisie et de nostalgie, sur un mal de vivre intemporel poussant certaines ressources ayant des difficultés à se réaliser dans leurs époques, à s'enfuir de leurs présents, afin d'acquérir dans le passé une personnalité manquante au contact de célébrités cocasses et décalées que leurs temps ne fournit pas. Les personnalités surprenantes et délirantes d'Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald, Salvador Dali, Luis Bunuel et Pablo Picasso surgissent en se laissant visiter spontanément.L'homme du futur n'est pas rejeté, bien au contraire il est accueilli chaleureusement par les membres d'un même famille, ceux qui ont quelque chose à dire.Pour découvrir cette attirante porte du temps, il faut être au bon endroit, au bon moment, et ce lieu magique c'est Paris, détenteur d'un monde parallèle, que l'on découvre tel un merveilleux parc thématique créatif et insolent, que l'on ne veut plus quitter.Les boutiques, les hôtels de luxes et les brocanteurs hors de prix de la capitale sont remplacés par un contact chaleureux avec l'extravagance et la nonchalance. Un passe-partout indispensable pour celui désirant être porteur d'un comportement libre loin d'une récupération basée sur la liaison fragile, le bijou et le bibelot ne servant à rien.Ces époques restaurées tous les soirs à minuit sont chaleureuses et festives, on y côtoie la toile et la parole surréaliste. Un besoin d'être différent en compagnie de personnages excentriques ayant parfaitement compris que dans un monde sans révélation universelle, la vérité ne peut-être que l'addition de toutes les vérités individuelles.Chacun est ce qu'il doit être. Le tout étant la composition de tous les tempéraments.Les esprits de la belle époque et des années vingt se lâchent en trouvant leurs identités dans le farfelu et l'incompréhension, une production irréaliste incessante seule remède pour s'échapper d'une réalité morne. Le refuge d'un cocon extravagant loin d'un troupeau conditionné.Sans se défaire d'une manière de faire depuis longtemps analysée et reconduite. Woody Allen fournit une œuvre douce et attachante dont le message principal semble contenu dans cette simple phrase."C'était mieux avant"Même si cet avant ne fait que s'évanouir devant le suivant.
  • LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES (2010)
    Quelle bonne surprise que ce film sensible aux trucages époustouflants, démontrant sur fond de lutte contre la maladie Alzheimer, que l'instinct restera toujours, malgré de stupéfiantes facultés intellectuelles, le schéma directeur d'un animal. A quoi bon singer les hommes en postulant l'acquisition de leur bien le plus précieux, l'intelligence?Un chimpanzé ne sera jamais champion du monde de football ou prix Nobel de chimie, surtout dans un monde aussi étrange que celui des humains, partagé entre l'affection des uns et la méchanceté gratuite des autres.La maltraitance et l'enfermement abusif s'avère le détonateur d'un choix intérieur. La bête rapatriée par le traitement médical dans la logique des humains, n'accepte pas d'être privée de ses comportements naturels.Ressourcée en compagnie de ses congénères, elle n'a plus d'autre solution, afin de récupérer un comportement ancestral, que de se servir en parallèle de son intellect et de ses fonctions bestiales, contre ceux qui lui ont appris à réfléchir et dont elle s'éloigne de plus en plus.Un film magique et passionnant sur la liberté d'être ce que l'on doit être, sans aucune récupération.A voir absolument.
  • LE CHOC DES TITANS (2010)
    "Le choc des titans" est une grosse déception. Aucune plus-value dans cet opus chaotique manquant de maturité et d’illumination, malgré une flambée finale grandiose. Le numérique devient le contenant d’une cantine d’entreprise, offrant des plats du jour d’un même fumet. Ceci entraîne le déclin d’une attention, lassée par des situations stagnantes, montrant que la technologie s’essouffle faute d’idées nouvelles. Le culte du monstre volant, servant de transports en commun, à tendance à infester un concept se satisfaisant de ses répétitions. Voir le merveilleux et sensible Ralph Fiennes vociféré dans un accoutrement tutoyant un père Fouras jeune, est pitoyable. Le spectateur se retrouve une nouvelle fois manipulé dans un manichéisme primaire pauvre et désolant. L’ensemble ne grise pas, loin de là. Si la lumière ambiante de la salle le permettait le spectateur blasé de toutes ces images, resservies d’opus en opus, pourrait lire son journal en offrant de temps en temps une légère participation à toutes ces situations, entretenant, sans prise de risque, le parcours d’un produit industriel. C’est le moment ou jamais d’effectuer une relecture de la version de mille neuf cent quatre vingt deux avec les amusants trucages, images par images de Ray Harryhausen. Démons et merveilles s'unissaient merveilleusement dans une captivante aventure indécise prenante et dangereuse. La recette semble perdue.
  • BLACK SWAN (2010)
    "La seule ennemie que tu as, c'est toi. Laisse-la sans aller". "Black Swan" est la lutte interne d'un double esprit immature et compétitif, emmuré dans une peur de grandir, additionné d'une dominance matriarcale l'empêchant de se métamorphoser, en acceptant un monde non tel qu'on voudrait qu'il soit éternellement, mais tel qu'il est. De nos jours, afin de réussir dans certains secteurs, être introvertie, craintive, timide et éloignée du sexe, ne mène qu'a la destruction de ses ambitions, aux moqueries et à l'oubli. Si l'on veut être dans la lumière, il faut se séparer de la chaleur réconfortante d'une armée de doudous, devenir arriviste, jalouse et perverse en se rapprochant d'une concurrence effrénée que l'on gère par sa transcendance, le tout dans des litres de sueur et d'incertitudes. "Black Swan" conflit intense entre deux concepts antinomiques, domiciliés dans un même corps, démontre le terrible sacrifice qu'il faut effectuer dans certaines disciplines, pour ne pas rester un anonyme à perpétuité. Le choix final s'effectue sur un visage blême et amaigri, dont l'extériorisation et les gestes libérés signifient plus un besoin de survivre qu'une réelle envie de basculer, malgré quelques ressentis thématiques. La continuité ne pouvant s'effectuer que dans l'archivage d'une enfance obsolète que l'on conserve dans un corps à son image, convoitée par un dominant désirant plus éveiller que posséder. Une passion ne se suffit plus à elle même. Il faut lui rajouter la rage de vaincre, à l'aide de formules préalablement inconnues. Loin d'un visage d'enfant n'espérant plus la dualité d'un instructeur impitoyable, mais juste mêlant sévérités et caresses rassurantes.
  • LA GUERRE EST DECLARÉE (2010)
    Il était indispensable de dédier cet opus combattif et émouvant au concept dans lequel nous allons tous séjourner au moins une fois dans notre vie. Un jeune couple éclaboussé soudainement par une révélation tragique se partage entre transcendances et robotisations.Des concepts préalablement inconnus accompagnés d'une endurance hors du commun associée à quelques décalages festifs indispensables afin de ne pas laisser s'envoler de jeunes années dont l'équilibre se partage entre délires et responsabilités.Ce couple balloté entre effondrements et résurrections temporaires s'avère exemplaire dans son courage consistant à se positionner à temps complet sur un territoire de doutes et d'espérances.Une lutte acharnée dans un environnement que l'on ne voudrait jamais connaitre ou quelques grosses pointures médicales débordées prennent néanmoins le temps de vous informer sur l'évolution d'une tragédie que l'on croyait destinée aux autres.L'équilibre est établi entre un refus d'accepter une injustice tout en étant transcendé par son envie de la combattre et de l'éradiquer.L'offrande d'un enfant détonateur catapultant vers le dépassement de soi des parents illuminés par leurs potentiels.
  • POLISSE (2010)
    Une réalité fiction assez instable sur un hexagone au plus mal, malmené par des concepts aussi sordides qu'ingérables dont les principales victimes sont, comme bien souvent, les enfants otages de parents intellectuellement démunis, à la moindre absence d'encadrement. Notre Marianne s'éteint lentement, embourbée dans ces tranches de vies aussi vulgaires que pitoyables, combattues quotidiennement par une police au bord de l'implosion, proche d'une société en miettes, ne faisant que répéter les dysfonctionnements de ses composants les plus défavorisés.Une lutte éreintante entre des gardiens fissurés intérieurement par leurs visions d'un quotidien misérabiliste et violent, s'étendant de plus en plus sur un territoire privé de providence.Une connexion intéressante sur une délinquance et un quart monde virulent, dont il faut impérativement tamiser certaines images aussi euphoriques qu'excessives.L'opus s'avérant parfois plus transcendé que dénonciateur.
  • LES CHEMINS DE LA LIBERTE (2010)
    Un récit exemplaire sur la détermination de s'extraire en commun malgré ses différences d'un contexte idéologique totalitaire, impitoyable situé au fond de nulle part donnant l'opportunité à des dissidents de conquérir dans les environnements les plus extrêmes leurs libertés ainsi qu'une humanité perdue. Un contact quotidien et à marche forcée avec les éléments naturels les plus vifs tout en apprenant à se connaitre par la découverte du respect que l'on doit envers son compagnon d'infortune auquel on offre suite aux épreuves traversées une présence dans une diction enfin correcte, remplaçant lentement l'indifférence et la bourrade sommaire. Quelques spécimens, projetés le temps d'une aventure dans les régions les plus imprévisibles du globe, découvrent au contact d'un objectif constamment fuyant, une solidarité et une sensibilité inconnue. Un film remarquable où la nature se dévoile dans ses plus terribles contradictions.
  • INCEPTION (2010)
    "Inception" est un opus novateur, passionnant et ingénieux. Le grand chantier de demain consistant à s'enfuir à l'aide de l'architecture de rêves thématiques d'une société aseptisée, privée des imaginations les plus folles.Néanmoins, réalisme et lucidité ne s'évaporent pas aussi facilement d'un contexte n'ayant plus aucun rapport avec l'authenticité.Une implication débordante entraine le dysfonctionnement d'un imaginatif captivé par la double valeur d'un job et de ses dérivés, le privant de la présence d'une descendance abandonnée, vivant ses émotions naturelles sans se retourner.Toutes ces aventures et constructions féeriques, aussi démentielles soit-elles, dirigent vers la rédemption un esprit abattu par la démesure de ses fantasmes.Un père accablé de remords ne peut apprécier pleinement la richesse d'une nouvelle technologie révolutionnaire, ne faisant de lui qu'un éternel absent dont l'habitacle principal n'est plus qu'un royaume irréel, n'appartenant qu'a lui-même.Un chef d'œuvre démontrant qu'il est préférable de rester conscient dans un monde fabriqué par tous, plutôt que de s'enfuir à temps complet dans la solitude de ses ambitions virtuelles.
  • ELLE S'APPELAIT SARAH (2010)
    "On est tous le produit de son histoire"Une vitalité intense émouvante et pathétique, malgré quelques clichés toujours embusqués dans ce genre de sujet, habille la première partie d'un opus préférant s'adoucir lentement dans une continuité beaucoup plus investigatrice. Paradoxalement, les enfants semblent beaucoup plus déterminés, débrouillards et endurants dans le drame et la tourmente.Ils sont formatés pour encaisser, observer, cogiter, juger et manipuler des citoyens lâches, soumis et apeurés.Des marionnettes privées d'investissements, de courage et d'un sacrifice refoulé, néanmoins nécessaire afin de retrouver des repères moraux.Tout en laissant des traces, la destruction de sa famille permet à la petite Sarah d'être performante et accomplie au contact d'images les plus cauchemardesques et surtout imprévues pour une enfant se croyant à jamais protégée.Un climat démentiel dont les souvenirs douloureux sont les séquelles de toute une vie.
  • NO ET MOI (2010)
    Aucune étincelle dans cette tentative avortée d'approcher dans sa réalité la volumétrie de plus en plus importante d'exclus privés de chaleur et d'hygiène. Visualisée de loin par un monde bourgeois éducateurs, turbulents ou en dépressions bien au chaud, faisant un pain béni conversationnel des statistiques désastreuses d'un monde social en miettes, uniquement perçus par les chiffres.Cet opus est un naufrage, une récupération commerciale complètement ratée, dans un conte pour enfants d'une mièvrerie stupéfiante.Un monde des sans abris soporifique, non reproduit dans ses véritables aspects qu'ils soient en fureur ou en accalmie.Ridiculisé dans une suite de scènes surfaites et romanesques, annihilant un concept privé d'une essence pure.Des obscurs se font voler leurs désespoirs et leurs silences par une reproduction non crédible, surexcitée, incapable de se débarrasser d'une excentricité fabriquée et démesurée, condamnant au documentaire un concept incapable de dévoiler son vrai visage par la fiction.
  • LA RAFLE (2010)
    Beaucoup trop de psychologies survolées dans cette peinture tragique, manquant bien souvent de sincérité sensitive de la part de certains comédiens parachutés à tort dans un contexte montrant leurs limites naturelles émotives. Certains jouent dans des comportements ou des panoplies peu crédibles, pendant que d'autres essuient les plâtres en s'imprégnant au maximum de leurs personnages, dans une connexion complémentaire, unissant le récitant et le larmoyant.L'ensemble atteignant son paroxysme, dans une seconde partie plus pathétique, montrant avec force un déracinement familial insoutenable, opéré par des êtres insensibles ou serviles, au service de l'occupant et de ses procédures d'exterminations.Mention très bien pour Mélanie Laurent, malgré l'apport naturel d'un visage formaté pour les larmes.
  • THE IMPOSSIBLE (2010)
    Les yeux hagards et les cris de douleurs accompagnant les spasmes du corps lacéré et sanguinolent de Maria, démontrent parfaitement l'impact dramatique de cette catastrophe inattendue réduisant brusquement en poussières, un paysage paradisiaque. Des images intenses et paradoxales sur une vitrine luxuriante donnant naissance suite à un dysfonctionnement naturel à toute une logistique surréaliste.La recherche désespérée de ses ressources affectives dans une configuration de moiteur, de désolation et de puanteur, principaux concepts nécessaires à un éveil dont le processus est une solidarité sans bornes.La rage de récupérer les siens dans un pays bipolaire dont les panoramas rutilants ne font que comprimer une revancharde face obscure, prête à s'exprimer à la moindre occasion.Un film indispensable pour comprendre un drame hors du commun, sur un site à deux visages, dont les chairs meurtries adoptent soudainement la face cachée.
  • UN HEUREUX ÉVÈNEMENT (2010)
    "Un heureux évènement" drôle, léger, spontané et incisif dans sa première partie, atténue sa fougue et sa virulence dans une seconde moitié, beaucoup plus sombre et interrogative. Une détérioration domestique malsaine, perçue comme un naufrage, menant une intello de la raison pure à un cloisonnement quasi absolu, fait de nuits blanches, d'allaitements incessants, de somnolences spontanées, de couches bébés aux senteurs nauséabondes et de mari distrait, récupéré ou absent.La chute d'un esprit presque abandonné, incapable de rebondir dans un contexte de servitudes, absent de sites festifs liés à son âge.La disparition de soi anéanti par la corvée accumulant la rage de récupérer ses manques tout en implorant dans la confrontation les révélations et les caresses d'une mère incomprise.Une pensée n'étant plus interdite, celle de donner la vie sans être délavée par ses procédures d'aliénations, faisant de la maison de Dieu (La mère) une nature morte.La drague, l'acte d'amour, la procréation et la naissance d'un enfant transporte un couple inconscient et déluré vers un réalisme que la fougue des mots prononcés à l'origine de leurs désirs, ne leur permet pas de distinguer.Dans une réalité assaisonnant lourdement les espérances les plus folles.
  • LES PETITS MOUCHOIRS (2010)
    « Tu es une belle personne Ludo, il n'y a pas beaucoup de gens comme toi. » On ne fait qu'une seule chose tout le long de ce périple estival alternant de petites confidences immatures intégrées à des comportements superficiels. Penser à Ludo, Arlésienne masculine complètement oubliée par des esprits délocalisés ne sachant pas déclencher des procédures d'encadrements envers un camarade dans la peine, même si celui-ci ne représente qu'une ressource festive. Cet opus remarquable de sensibilité et de naturel montre les difficultés d'extérioriser de véritables valeurs dans un contexte quasi permanent de fêtes et d'insouciances. Dans de telles conditions celui qui souffre, condamné à l'abandon, ne demeure opérationnel que par une image délirante, restaurée sur un écran. Le soleil et la mer récupèrent une présence indispensable dont a besoin un être certes inconsistant mais pardonné, suite à l'indifférence qu'il subit chaque jour. Un constat alarmant démontrant qu'un individu sorti de la déconne n'existe plus pour ses semblables.
  • LES FEMMES DU 6E ETAGE (2010)
    Un opus sincère et chaleureux sur l'art et la manière d'entretenir loin de chez soi sur un périmètre spartiate et microscopique une nature constante bien éloignée de ces étages inférieurs collés montés austères et silencieux. Elles sont bien tristes ces années soixante traversées par ces garnitures bourgeoises ennuyeuses et ventripotentes ne faisant qu'assumer sans aucune luminosité leur train-train quotidien.Au dessous des toits, c'est l'Espagne, son soleil, ses chants et ses couleurs dans une ambiance festive et pimentée détenue et reproduite à temps complet par tout un concept corvéable à merci mais gestionnaire d'une spontanéité pulsionnelle n'étant subordonnée à aucun test conditionnel.Une délocalisation n'entamant nullement la livraison permanente de ressentis naturels s'exprimant à la volée sans préambules ni cogitos dans des exclamations bruyantes ou des sourires engageants sous l'emprise de la bonne table interceptés et appréciés par un esprit éteint enfin remis en circulation grâce à la virulence naturelle de personnages considérés comme anonymes mais possédant par leurs comportements sanguins le nerf de la vie.Parfois il est bien préférable de passer par l'escalier de service.
  • WELCOME (2009)
    "Si vous l’aidez d’autres viendront". Difficile de rester objectif dans cette suite d’images accablantes, faites de thèses et d’antithèses, que cette phrase d’ouverture résume parfaitement. La synthèse se situe au niveau du cœur, élément indépendant de tout un organigramme d’indifférences, de dénonciations et de répressions, s’acharnant sur une génération perdue, chassée par la guerre dans l’incapacité de construire quelque chose de concret sur ses terres. L’investissement ne peut être qu’individuel, dans une montée chromatique des sens, permettant à un intégré non concerné d’être soumis à l’épreuve, devant l’insoutenable douleur des autres et de sa récupération par l'image de la réussite individuelle, sur une contrée saturée, uniquement visible par temps clair. La perception des différences, dans un premier temps ignorée, permet à un homme, accablé par la rupture, de se révéler, en assumant jusqu'à son terme, ses propres convictions, loin de ceux qui ne font que mépriser ou servir.
  • AVATAR (2009)
    Ce film est sans nul doute la référence cinématographique de ce début de siècle. Une technologie suprême, enrobée dans un merveilleux rêve éveillé, offrant l’aventure des aventures, dans un contexte naturel que l’imagination la plus féconde ne pourra jamais atteindre. "Avatar" est un réseau absolu, reliant sur un terrain idyllique, malgré ses dangers permanent, la soumission, l’éveil et la lutte de plusieurs esprits débarrassés de l’endoctrinement militaire et de ses procédures.La vraie vie est ailleurs. Ce monde originel oublié, uniquement basé sur les transactions entre ses composants humains et naturels, s’avère l’impact nécessaire afin de redécouvrir une valeur première.La reconquête d’un véritable soi-même, investi à la terre, à ses croyances et à leurs durabilités, dans un événementiel permanent où l’on se découvre des possibilités physiques hors du commun, à des années-lumières d’une terre exsangue, obligée de piller les sous sols galactiques pour survivre.Cette petite merveille, d’un manichéisme éprouvé, récolte ses fruits dans des images exceptionnelles, paradisiaques, qu’un fil rouge émotionnel embellit encore davantage.L’œuvre sous une avalanche numérique reste sensible. Quelle belle histoire et que de sensations devant ces nouvelles perceptions acquises dans une faune vierge de lumières artificielles.Le but est de découvrir, d’apprendre et surtout de s’éveiller, en corrigeant une mauvaise trajectoire, dans un combat où de nouvelles convictions décuplent les forces.Je te vois, apprends à te connaître et découvre qui je suis réellement, représente le schéma royal de ce spectacle hors du commun dont on ressort visuellement et émotionnellement complètement transformé.Mille mercis pour ce film venu d’une autre planète.
  • LE PETIT NICOLAS (2009)
    Ce film ne peut que satisfaire, son climat rétro remarquablement reconstitué, possède l’agréable senteur d’une découverte ou d’une reconnexion nostalgique vers une enfance dorée, entretenue par un imaginatif débordant. Ce monde parallèle enfantin, basé sur l’interprétation personnelle des choses, fonctionne dans une entame des trente glorieuses, retapissant des intérieurs coquets par de nouveaux achats.Dans un tel contexte, l’enfant mange à sa faim et se sent bien en se permettant de briller par une perception des choses drainant de la matière communicative en permanence.Ce qui compte est d’analyser, craindre et surtout manipuler en s’amusant ces adultes austères ou décalés, faisant si peur mais s’avérant être de vulgaires marionnettes, aux mains d’une progéniture déchainée, évoluant entre incertitudes et lucidités."Le petit Nicolas" est un film joyeux, sympathique et drôle, dans une parure attrayante, truffée de caricatures indispensables à nos éveils.Sa restauration fraîche et spontanée d’une époque révolue permet de passer un agréable moment en compagnie d’un groupe associant l’innocence et l’austérité, dans un quotidien agréable à côtoyer, vivant ses dernières années d’insouciances et de libertés d’esprit, avant d’être lentement laminés par l’obligation de réussir, le crédit, l’automobile et la télévision.
  • WHATEVER WORKS (2009)
    "L’illusion d’avoir un sens apaise la panique". Tourmenté par l’ulcère, transcendé par la misanthropie et le mécontentement permanent, Boris Yellnikoff chauve, boiteux, divorcé, suicidé raté, professeur d’échecs intolérant, irascible physicien distant, prétentieux déchu et cloitré, voit toute cette panoplie négative s’effriter suite à la rencontre la plus improbable qui soit. Une nunuche jeune, belle et naturelle apparue soudainement dans l’existence d’un pestiféré, entretient dans un premier temps les constats réactionnaires d’un vieux ronchon lui permettant de conserver sa différence, pour enfin obtenir la restauration d’un état oublié, un savoir vivre en groupe respectueux et tolérant. Un QI monstrueux, solitaire et dépressif, en guerre contre le monde entier, réfugié dans un mépris considérant ses contemporains comme des vers de terre, est rapatrié dans le monde des vivants par une simple d’esprit désirant être la femme d’un génie. "Whatever Works" outre son aspect décelant un manque antinomique commun et son unification par le mariage, entre deux composants d’une génération différente, est une comédie douce amère, révélatrice de l’échec d’un monde uniquement basé sur l’entretien dans le temps des institutions politiques, morales et religieuses, dont les têtes pensantes sont périodiquement remplacées. Cet état de soumission perpétuel envers un régime pédagogique où nos comportements sont préformatés par des procédures d’éthiques, crée la révolte de certains individus, décelant en interne une personnalité propre et créative, exclues d’un parcours imposé par l’obligation de plaire et surtout d’entretenir une machinerie collective bien pensante et dominatrice "Il n’y a personne là-haut" semble être une des conclusions de cet opus initiatique, incitant les êtres à se découvrir et s’assumer par eux-mêmes, dans un univers dominé par la chance où ils peuvent malgré tout étaler leurs véritables personnalités, tout en participant au monde. A voir absolument.
  • LOVELY BONES (2009)
    Les vingt premières minutes de "Lovely Bones" sont particulièrement émouvantes, elles montrent les disponibilités observatrices, émotionnelles et réactives d’une jeune adolescente dont le destin terrestre bascule suite à un abus de curiosité. De l’autre coté, une vision d’ensemble de tous les êtres vous ayant choyés ou terrorisés s’avère révélatrice. L’entre-deux mondes permet de capter, tout en délivrant des images magnifiques dont certaines significations restent à définir la détresse, l’angoisse et la sensibilité à l'état pure de ceux que l’on perçoit toujours, mais dans un monde virtuel.Un nouvel état révèle le pain béni des philosophes, le retrait. Celui permettant de s’imprégner à distance dans un contexte encourageant la soif de continuer un monde vous ayant brutalement congédié.Le traitement de cet opus mélancolique est d’une longueur insoutenable. Une épreuve tissée dans une pudeur méritoire qu’il faut soulignée. Ses images soignées méritent l’intérêt, malgré certains prolongements abusifs sur des impacts n’étant pas moteurs.Le suspense est en congés. Le parcours hyper paresseux. Le but n’est pas d’effrayer, mais de délivrer dans un étirement sans fin le côté "positif" d’un effroyable fait divers.L’approche expérimentale et constructive d’une jeune fille éjectée d’un monde sensitif palpable pour mieux le retrouver de manière métaphysique.Ailleurs, dans un certain sens, la vie continue avec les mêmes ingrédients, même si ceux-ci sont dans un premier contact d'un merveilleux qu'il faut comprendre et assembler.A voir surtout pour la merveilleuse Saoirse Ronan, intercalant avec habileté un doux visage émerveillé dans un océan d’ennui, d'une beauté envoûtante presque intolérable, camouflant certainement un chef-d'oeuvre.
  • THE GHOST WRITER (2009)
    Comment faire pour s'échauffer dans une dernière partie un peu plus alerte, gommant plus d'un tour de cadran vous ayant tenu en éveil par miracle. Un sursaut soudain auquel on ne croyait plus, propulsé d'un contexte gris, pluvieux, venteux et glacial autant à l'extérieur qu'a l'intérieur d'un bunker isolé du monde.L'atmosphère tranchante et robotisée d'un récit conçu comme un puzzle dans une photographie somptueusement blafarde.Chaque pièce faisant progresser lentement l'ensemble vers un coup de fouet final bien tardif.Un opus Politique certainement valeureux, mais carburant au diesel, ceci nécessitant une attention soutenue dans un esprit préférant faire languir les sens plutôt que de les animer.
  • L'HOMME DE CHEVET (2009)
    Un petit film toujours aux portes de l'insignifiance bataillant mollement afin de garder un peu d'étoffe sensitive dans une suite d'images somnifères tièdes et lassantes. Etat léthargique assuré pendant quatre vingt dix minutes.
  • INGLOURIOUS BASTERDS (2009)
    Très peu de repères classiques viennent garnir cette suite de scènes interminables, bavardes et statiques incorporées dans un produit étalant davantage les théories d'un troisième Reich festif ou de salons privilégiant la thématique sado maso plutôt que le fait de guerre sur le terrain. Au bout d'un moment, c'est trop et sans s'endormir, on commence à somnoler, tout en cogitant sur l'absence totale d'une essence historique traditionnelle et flamboyante, remplacée par la garniture violente, sédentaire et esthétique d'un réalisateur semblant plus se divertir en imposant la compagnie de psychopathes de tous bords particulièrement dangereux.L'information, à l'aide d'images représentatives et surtout beaucoup plus objectives destinées aux générations montantes sur la douleur citoyenne d'une époque occupée, est inexistante.Ce n'est pas la troisième guerre mondiale, mais celle vue par Quentin Tarantino, un état dans un état, dans une suite de décalages et de délires, aux mains d'un réalisateur plus désireux d'entretenir une image excentrique en se servant de l'histoire des hommes.Une œuvre d'auteur atteignant son sommet dans ses quinze premières minutes, pour ensuite s'éparpiller en fonction des délires de l'artiste.
  • LE HÉRISSON (2009)
    Renée, quinquagénaire laide et décrépie, se voit dans l'obligation, suite à la définition d'un métier de service, de dissimuler une valeur secrète, pendant que Paloma, adolescente intelligente et acerbe, filme un environnement familial bourgeois, protecteur, mais sans la moindre perception d'un éveil. L'une distante et éteinte cache un autre soi-même, pendant que l'autre, ironique et aigrie, éprouve les pires difficultés à décoller. Un territoire en étage clair et grandissime s'avère froid et inconsistant, devant un microcosme épuré, au ras du trottoir sombre et inexistant, mais ayant quelque chose à dire, à condition d'avoir de la délicatesse et une patience extrême. Une beauté interne, complètement gommée par son quotidien, remet lentement en lumière, au coup par coup, un émotif et un savoir endormis, à ceux sachant l'extraire en douceur et l'apprécier. Un esprit presque éteint se réactive par la parole et la confidence dans une luminosité retrouvée, en offrant le chemin de la vie et la force de continuer à une jeune fille sur le point de s'éteindre. Un beau film sur une deuxième naissance, celle d'un merveilleux contenu émotionnel, remis en service par une anonyme, dont la luminosité occultée par une position sociale invisible et corvéable, est décelée et rafraîchie par l'attirance du soleil levant et le désespoir d'une jeunesse sans repères ni modèles.
  • MILLENIUM LE FILM (2009)
    En se servant comme toile de fond d'une enquête policière austère et nauséabonde, Millenium opus légèrement soporifique, réveillé par la soudaineté de ses excès, montre la face cachée d'un pays sombre et froid, dont le présent et l'avenir sont sur le fil du rasoir, entre une génération descendante, usée, revancharde, autarcique, sadique, nationaliste et aigrie, en conflit avec une génération montante blessée, instable, violente, méfiante, volatile, sure d'elle ou terrorisée en fonction des circonstances. La famille Vanger dépravée, arriviste et opportuniste, dont la plupart des composants sont aux portes de la mort, entretient l'image obsolète d'une nation aux mœurs brutales, mettant extrêmement mal à l'aise une jeunesse fragile, dépendante, humiliée, tentant de s'affirmer par des courants choisis et assumés, essentiellement basés sur l'évènement et le relationnel à court terme.Un conflit de génération pur et dur, entre la promiscuité malfaisante d'un clan, uniquement opérationnel sur l'appât du gain, vivant cloîtré dans des demeures froides et sinistres, en concurrence avec des lieux incertains, foulés par un jeune esprit guerrier, libre et intelligent, dont la communication minutée semble positionnée entre l'énergie et l'indifférence.Un avenir problématique pour un pays épurant lentement un contenu sévère et procédurier, au profit d'une approche nouvelle, basée sur un existentialisme jouissif et distant.
  • DISTRICT 9 (2009)
    Ce concept expérimental, tourné comme un reportage en live sur un site poubelle, est saisissant. C’est dingue, quelles images ! Quels effets spéciaux ! Du jamais vu le tout dans un constat époustouflant. Le soi-disant low budget de l’opus n’est jamais perceptible. On ne voit que du bon travail, devenant par sa perfection et son ampleur un produit indigeste.A travers les conséquences d’un vaisseau spatial faisant de l’ombre à une contrée continuellement baignée de soleil, un état des lieux déplorable est remarquablement dénoncé.Les taudis ne se contentent plus d’accueillir les humains. Des crevettes de l’espace à l’image du pire des cauchemars de Lovecraft ou de Kafka y sont parquées également.Gérés comme de la matière de Cambronne, elles font renaitre les procédures d’un douloureux apartheid que l’on croyait disparu.Tout est sale, repoussant, l’humain dans le pire des états est un tyran, les traits creusés, le visage blême il crève lentement sur des sites nauséabonds, d’une crasse grandiose noyés sous les câblages et les processeurs informatiques obsolètes, devenus l’égal d’un papier peint.Ces latrines extérieures pestilentielles, bénéficiant de la protection d’un ciel bleu azur en permanence, détiennent le pire des échecs communicatifs. Une créature de l’espace rudoyée, parquée, pestiférée réduite au trafic engloutit de la bouffe à chats, en faisant les poubelles, tout en espérant retourner chez elle.L’extra-terrestre nous rend visite et se retrouve contraint d’adopter, devant un accueil aussi agressif qu’indifférent, le comportement des plus démunis.La terre et l’espace ne font qu’un, mais dans le pire des registres, l’exclusion.La ville de Johannesburg n’a pas bonne réputation. Ce bourbier innommable enfonce le clou par des images violentes, tutoyant le documentaire. Il ne fait vraiment pas bon vivre dans le coin.Génétiquement à l’image d’un Alien séquestré, un homme désespéré, traqué se retrouve contraint de collaborer avec une entité des étoiles aux abois, filmée dans un premier temps comme un bête curieuse réduite au bidonville."District 9", réquisitoire implacable sur une planète en perdition, dérivant physiquement et intellectuellement dans l’espace, dénonce les contorsions extrêmes encore localisées d'un site à l'agonie, dont l’extension sur tout un territoire ne semble plus faire aucun doute.Un film hautement remarquable. Le fond et la forme, dans un même écrin répugnant. Une fusion irréversible entre l’homme et la bête sur une contrée extasiée par ses débordements.
  • LA FACE CACHÉE (2009)
    "Moon" n’a pas son destin entre les mains. Epuré au maximum d’énergies, son récit interminable se traine dans un lancinement susceptible de faire fuir au galop des spectateurs curieux devant un début engageant, puis déçus, pour enfin être liquéfies par une lenteur presque insoutenable. Malgré un déficit visuel conséquent, du à un budget au rabais, l’œuvre d’une sobriété d’école délivre dans un éclairage somptueux un sol lunaire sombre et aride.Que ce soit sur Terre ou sur la Lune, les individus perdent lentement de leurs valeurs, avalés par l’enseigne et ses procédures, transformant des êtres pensants en vulgaires consommables reconductibles.Paradoxalement c’est la machine qui s’émeut, soutient, console et encourage. Une vraie mère poule aux avatars changeants en fonction des situations.Le temps a plusieurs objectifs, avec en particulier les transformations de la condition humaine et la possibilité pour certains projets arrivistes, en fonction des progrès de la technologie, d’en disposer à sa convenance, en lui conservant au fil des exemplaires, une physionomie identique dominé par les implants."Moon" est d’une approche difficile, austère, dans une ambiance flirtant avec la neurasthénie, bref un chef d’œuvre d’une sensibilité presque désespérante, destiné à des esprits désirant découvrir de nouvelles atmosphères, sans élaborer de jugements sévères, devant un produit maussade, mais d’une désespérance exemplaire.Le cinéma à souvent traité, pour ne pas dire toujours, l’univers de manière lugubre. Cet espace infini n’inspire que désolation, isolement, sacrifice et tristesse. "Moon" intègre somptueusement cette constatation, avec en plus une inquiétante dégénérescence humaine, suite à des méthodes permettant tous les abus."Qui suis-je ? L’autre n’est-il pas finalement ce que je suis ? Sommes-nous encore des êtres humains ? A quoi servons-nous ? Ne sommes-nous pas devenu que du combustible à mission"?Toutes ces interrogations servent de matières à ce film particulier rempli d’images libres et indépendantes. Si une attention soutenue se joint à une tolérance indestructible "Moon" sera sauvé et deviendra un film culte.
  • LA ROUTE (2009)
    "Chaque jour est un mensonge et je meurs lentement". "La route" est un film de qualité à condition de s’adapter à sa luminosité réduite, une noirceur maximale lente et insoutenable sur un effondrement planétaire remettant à flots l’isolement et la barbarie. L’œuvre est sombre dans des captures désolantes, déprimantes, alimentant un catalogue triste et mélancolique à la limite de l’overdose. Le parcours est long, incertain, ennuyeux avec de vrais ou de fausses peurs, manageant un contenu d’une nervosité à définir. Antithèse de la lumière aveuglante de nos paradis artificiels protecteurs, "La route" dissimule un autre côté que personne ne désire voir, un monde calciné géré par l’obscurité, l’hyper violence et le cannibalisme, désagréments que l’œuvre reproduit dans leurs minimums. Ce film concept, envoutant ou exécrable selon les perceptions, dévoile de manière effrayante des images dérangeantes, semblant nous mettre en garde contre une finalité que certains acquis apaisent certainement à tort. Ici, il faut progresser au jugé dans la cendre, loin des portables et des GPS, dans un contexte où tous les arbres tombent soudainement, en sécurisant au coup par coup un esprit en détresse, à l’aide d’une communication rassurante dont les ingrédients sont conquis à l’aveuglette, dans un environnement en ruine à peine perceptible. "La route", œuvre d’atmosphère éprouvante et redondante, est une vie en larmes ou un ennui profond tout dépend du degré de sensibilité de chacun devant ce constat qui pour l'instant garde un statut potentiel.
  • TRIANGLE (2009)
    Dans un système universel soumis à la gravitation, un point en rotation autour d'une circonférence sera un présent à la poursuite de son futur et de son passé, concepts qu'il connait déjà puisque son déplacement circulaire est éternel. Le début est égal à la fin, ce qui était devient ce qui est, tout en étant ce qui sera.L'événement quel qu'il soit sera irrémédiablement voué à la répétition, malgré la ferme volonté de vouloir changer, suite à des perceptions sordides, l'ordre des choses.Ajoutons à cela la visite d'un espace temps chaotique surgit de nulle part, dévoilant un environnement abandonné, support d'images décalées ne respectant pas la traversée séquentielle, progressive et logique d'une aventure.Cet opus concept privé hélas de salles obscures est une agréable surprise. Une œuvre curieuse et captivante sur le dysfonctionnement spatio-temporel d'un site managé par le désordre de ses clichés.Un esprit visionnaire se dédouble en devenant l'instrument d'un scénario machiavélique, déroulé par un processus invisible sur le pont d'un navire étincelant de lumière ou plongé dans des profondeurs d'une luminosité presque défunte.La récupération sans fin de son bon et de son mauvais côté dans l'échec de la refonte des choses, sur les rails d'une destinée incontournable que l'on subit éternellement.
  • LE BRUIT DES GLAÇONS (2009)
    Le cinéma de Bertrand Blier consiste bien souvent à mettre en lumière, à l'aide de contextes fantastiques les méandres tourmentées de personnages transcendés par leurs dialectiques. Entretenir ce concept peut se révéler parfois douloureux. Ceci se confirme à travers le parcours de cette pâle réplique, bien éloignée des plus beaux rayons d'un cinéaste talentueux, délivrant à travers son œuvre un message unique. L'homme ne peut se révéler que dans un monde parallèle décalé de la normalisation. Un état second cérébral ou alcoolisé en permanence, dans un univers métaphysique habitacle et entame de tous ses excès. Ici tout semble superficiel, chargé, sans âme, mal interprété. Les absences de Gérard Depardieu et de Miou Miou se font cruellement sentir, évacués d'un travail racoleur et limité, dont le but est de prolonger dans le temps une pensée unique, ceci à n'importe quel prix.
  • LA COMTESSE (2009)
    "Tout ce qui est vivant doit mourir". La comtesse relate, entre certitudes et doutes, l'innocence ou la culpabilité d'un esprit insensible, talonné par ses premières rides, bataillant désespérément contre l'emprise du temps, sur un visage promis à la décomposition. Un combat perdu d'avance, entre la volonté de durer en se servant du pouvoir, de la passion et de leurs vertiges et l'inexorable montée en puissance d'un constat et de sa folie meurtrière, mise en lumière par une fausse perception, menant une raison éveillée par la révélation vers le vampirisme. La descente aux enfers d'une machine cérébrale complètement détraquée, incroyante, séduite et abandonnée exterminant sans pitié par centaines un entourage destiné à l'impossible conquête d'une immortalité. Le délabrement d'une hallucinée otage d'une portion d'histoire guerrière, froide et austère dans une biographie, hélas trop lente et dégarnie.
  • 2012 (2009)
    Avec le temps, on perçoit "l'habileté" des géniteurs de cet opus canular, de nous divertir plutôt que de nous angoisser sur la probabilité de la fin de nos vibrations sensitives terrestres, ceci grâce au concours de personnages aussi caricaturés qu'inconsistants. C'est la fête foraine de la démesure, traversée par une petite tribu insignifiante sur mer, sur terre et dans les airs dont le destin est curieusement de survivre au contact de l'extinction quasi permanente de leurs semblables et de leurs environnements.Une bonne thérapie que cette inquiétude de la fin des temps, diluée dans les situations tragi-comiques les plus extravagantes, permettant d'attendre un hypothétique clap de fin dans la sérénité.Devant ce grand guignol convulsant une planète bien heureusement insensible à toutes ces prédictions, parachutés par une quantité d'imaginatifs cobayes de la calculette en tout genres.Un très bon spectacle numérique convulsif et pétaradant, loin de nos récurrentes quotidiennes.On souhaiterait presque de telles images dans la réalité, à condition de tous en réchapper naturellement.Un peu d'exercice ne fait jamais de mal.
  • EXAM (2009)
    Pas mal ce "cube" dans une seule pièce, malgré ses stéréotypes et ses quelques essoufflements nous menant entre cabrioles et accalmies, vers un message final émouvant. Un parcours assez basic, efficace et trompeur, dans une asymétrie manipulatrice et nécessaire, consistant à pousser huit cogitos au maximum de leurs arrivismes, dans une épreuve dont le but est de collecter un esprit encore capable de s'intégrer à long terme dans un projet humanitaire.Tout pour le job. Chacun pour soi, alors qu'en réalité il s'agit de tout autre chose, totalement à l'inverse de ces joutes sédentaires, égoïstes, entretenant les panoplies négatives de ces cobayes uniquement programmés pour vaincre sans ressentir le moindre regret.Manipulé par un système en quête de vaillances désintéressées, obliger de pousser au maximum le mauvais côté de candidats, en espérant découvrir dans ce ramassis égocentriques, une âme encore opérationnelle, dans un investissement envers les autres.Un opus éloquent sur certaines imposantes salissures décrassées par l'épreuve.
  • MORSE (2008)
    Ils sont malins nos amis Suédois. Ils ont compris que leurs contextes hivernaux mêlant habilement d'inquiétants clairs obscurs se révélaient porteurs de récits à leurs images. La neige et la nuit sont donc les petits soldats de ce récit vampirique prélassant son inactivité dans des longueurs interminables.Malgré un climat lancinant baignant dans quelques réveils brutaux, ce parcours initiatique menant un gentil petit blondinet nordique, malmené par sa propre tranche d'âge vers le vampirisme, est bien engourdi.Dans une apogée quasi continuelle de temps morts, l'ensemble frigorifié à l'extrême traine un boulet assommant d'ennui.Du zéro degré dans l'air et dans les esprits de ses personnages ankylosé par l'immobilisme.
  • VICKY, CRISTINA, BARCELONA (2008)
    Les opus récents de Woody Allen ressemblent bien souvent à des monades d'éveils ressenties au contact de différentes villes Européennes traversées entre tourisme et rencontres de hasards. Quelques jours d'abandons corrosifs et sensuels en compagnie de locaux Ibériques colériques, endiablés, séducteurs et complexes pour deux touristes Américaines foulant une terre vivante et passionnée.Dans des moments discursifs et euphoriques ou chacun fusionne ses différences dans une cohabitation amoureuse éphémère avant la séparation et le retour vers des terres embrumées de préjugés.Un bol d'air imprévu et voluptueux avant de rentrer dans le rang.
  • CRIMES À OXFORD (2008)
    "Ici se trouve la vérité absolue, tout est faux". Ce qui est vrai, est confus, désordonné, imprévisible. Une suite logique de nombres adopte la clef des champs en devenant soudainement déstructurée, déconnectée d'un propulseur d'origine. Les repères sécurisants sont défaits par les apparences d'un monde fragilisé, dépendant de désastres naturels qu'il ne peut que subir sans pouvoir les définir, quand ils ne sont que néant.La régularité de Pi, du nombre d'or, d'un flocon de neige et de la suite de Fibonacci, s'effondrent dévorés par l'imprévisible.L'incompréhension est notre tasse de thé, nos cerveaux se détruisent en essayant de comprendre les motivations de métastases tueuses, s'acharnant sur un corps humain sain. La beauté et l'harmonie sont traquées continuellement par la dérive spontanée et incompréhensible des éléments.Philosophie et mathématiques se disputent la résolution de l'équation suprême. Le vainqueur ne dispose que de quelques minutes de bonheur. Les nombres fous et imprévisibles reprennent rapidement leurs suprématies anarchiques, en détruisant des visages de chercheurs convulsionnés, déroutés devant l'impossibilité de percer la seule nécessité dont l'univers a besoin.Le mathématicien, isolé de la révélation, n'est plus qu'un humain subordonné à son arrivisme."Crimes à Oxford", soumis à la plume du roman de Guillermo Martinez, s'écoute un peu plus qu'il ne se regarde. L'intrigue policière conventionnelle de départ, sans fumet, prend du volume grâce aux connections pythagoriennes, détentrices d'intérêts.L'oreille se grise de ces formules, la vue de ces symboles millénaires et mystérieux, accompagnateurs de nos vies et de notre fringale de comprendre ce qui régit le monde.Sans être un chef-d'œuvre cet opus est loin d'être insignifiant. Son contenu parfois somnolent, se ragaillardie dans un cheminement persuasif devant nos équations terriennes éternellement remises en questions.L'épilogue où bien des choses s'éclairent sur les divers conditionnements perceptibles ou non que nous subissons ou activons chez nos semblables, sert de sauf conduit à nos errances.Rien que pour son discours susceptible de nous recadrer dans des recherches saines et instructives, balayant les immondices de toutes sortes que nous ingurgitons chaque jour "Crimes à Oxford" mérite largement une heure et demie de compagnie.Ensuite, il suffit de méditer sur les transpirations intellectuelles de nos ancêtres dont l'héritage n'est plus que jamais à l'ordre du jour.
  • LES NOCES REBELLES (2008)
    "En ne voulant pas être ce que l’on est, on finit par l’être sans s’en apercevoir." Un couple laminé par un système de procédures liées à des compartiments domestiques et professionnels, uniquement alimentaires, privées de sensations et de décisions personnelles, se détruit par l’intermédiaire de deux nouvelles entités révoltées en internes, construites parallèlement à des positionnements socialement corrects satisfaisants. L’absence d’une véritable personnalité mène au clash deux époux devenus névrosés, diabolisés, presque bestiaux, suite à une rage de vivre inassouvie. Le couple Wheeler, constamment rattrapé par son quotidien, se débat dans une monotonie indélébile, s’effaçant uniquement le temps d’un rêve, d’ailleurs uniquement verbal. La belle maison, la grosse voiture, le relationnel courtois et le costume cravate acquis dans la normalisation, empêchent toutes pensées folles. Les corps s’éteignent lentement. Les visages deviennent ternes. Le manque d’expédients et de sensualité manquent atrocement. Ils se restaurent rapidement, presque sans émois, dans des chambres tristes ou des voitures transformées en jouissance rapide et passagère. La ménagère, en sanglots, voit dans les reflets d’une eau savonneuse, la récurrence à long terme d’une triste vie, uniquement basée sur la soumission, envers un processus inlassablement répété. "Les noces rebelles", oeuvre intemporelle, sur la peur de ne pas exister, à l’aide de véritables valeurs incompatibles avec une existence conditionnée et surtout ordonnée suite à l’intégration dans un système privant les esprits d’être maîtres de leurs destins, est une œuvre remarquable et pathétique, surtout dans sa seconde partie. Cet opus sensible et destructeur, au look soixante-huitard avant l'heure, dénonce un socialement correct mesquin et hypocrite, masquant l’insoutenable finalité de penser que l’on est venu au monde pour rien, uniquement récupéré par une pensée de groupe, donnant lieu à une production thématique lourde, durable, sectaire et laborieuse, loin de terres enchantées ou l’on désire être soi-même. Une œuvre poignante, sur la conquête la plus noble qui soit, celle d’individus enfin épanouis par la liberté d’entreprendre et de réussir des challenges, pour lesquels ils sont faits.
  • LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE (2008)
    Constructions laborieuses et remises en questions atteignent logiquement une tribu harcelée par le temps et ses impératifs. L’adolescence est chaotique, pendant que les premières rides pointent à l’horizon d’un visage maternel lucide, d’une seconde vie à entamer dans les plus brefs délais.Les reproches fusent, les générations s’affrontent en fonction de leurs arrogances ou de leurs constats. Les uns brillent, pendant que les autres s’éteignent lentement dans de derniers morceaux de bravoure inadaptés à l’âge.Cinq dates accompagnées de leurs contextes musicaux rythment l’avancée laborieuse d’un couple et de leur progéniture. Les uns en crise regardent les autres affronter la vie en fonction de leurs ressentis et surtout de leurs motivations à se construire ou non.Tendre et émouvant "Le premier jour du reste de ta vie" se ballade tumultueusement dans la vie d’une famille à travers cinq clichés temporels, agressifs ou tendres.Chacun s’exprime, rue dans les brancards ou s’effondre dans l’air d’un temps baigné par les décibels de Janis Joplin et de Kurt Kobain.Remarquablement interprété, ce petit bijou émotionnel montre merveilleusement la difficulté d'aimer, suite à des traumatismes d’enfance, nommé désintéressement et absence d'un père envers un enfant devenu père à son tour, ne faisant que reconduire envers les siens une indifférence laissée en héritage.Ces constantes crises existentielles et prises de consciences sont salutaires, en permettant à une famille de rester soudée par le conflit.Tout dérape et se rafistole en un instant, dans un sourire rempli de larmes.Les craintes d’une génération montante de se lancer dans un océan improbable où chaque module détermine sa fureur ou sa tendresse, devient complémentaire avec l’acquisition impérative d’un second souffle indispensable à une génération refusant de sombrer.Un très beau film, parfois un peu décousu, mais sensible à l’extrême. Mille fois bravo pour ce très beau rendu et cette somptueuse finalité démontrant que la vie, malgré ses incertitudes, doit continuer coûte que coûte.
  • LE CODE A CHANGE (2008)
    "Tout le monde fait semblant d’être heureux"Dissimulés en arrière-cour, le temps d’un repas annuel, toute une couche représentative d’un milieu sécurisé exécute un bilan de groupe, pendant qu’un peuple soudé, le temps d’une soirée, chante et danse dans les rues. Quelques bobos camouflés dans de la carrosserie rutilante et des sonneries de portables incessantes tentent de panser quelques lacunes hypocrites en caressant l’incertitude d’un terrain adulte à conquérir.L’un donne la vie, pendant que l’autre n’ose annoncer à la plupart de ses patients qu’ils vont quitter ce monde dans d’atroces souffrances.Briller en soirée par le bon mot, en dégustant du vin hors pair, éloigne de leurs véritables valeurs professionnelles et morales toute cette bande d’existentialistes à l'aise dans le maniement de la fourchette, cherchant maladroitement des marques fiables, difficilement discernables dans une toile de fond luxueuse, ne permettant pas de capter de véritables valeurs.Le schéma de récupération est faussé par l’accumulation d’un superficiel que des métiers porteurs permettent d’élaborer.L’avocat, la romancière, la gynéco, le chirurgien ont "pognon" sur rue, mais le cœur saigne, dissimulé dans des réactions plastronnantes faisant transpirer d’arrogance des nantis brisés intérieurement, par le coté néfaste de leurs conforts.Appart, sexe, voiture, bouffe et divorce sont le système planétaire d’individus adepte de la dissimulation et de la langue de bois en milieu clos, pendant qu’une multitude débridée croule sous la bonne humeur à l’air libre."Le code à changé", agréable comédie acerbe sur le paraître et ses perturbations psychologiques, dénonce la fragilité d’une caste fabriquée par la pire des choses, les modes et l’air du temps, permettant à une certaine catégorie d’opportunistes sans envergures personnelles de vivre cloitrés et sécurisés à l’aide d’une diction prétentieuse et hautaine, n’encourageant que la lâcheté, la lassitude, la nostalgie et l’adultère.A signaler la très émouvante scène entre Patrick Bruel et Blanca Li permettant à un chirurgien aigri de se reconstruire en prononçant le plus beau des mots. Guérison.
  • JUSQU'EN ENFER (2008)
    Pour tout ceux qui aiment ça, c’est du bon et même du très bon. Tout y est, de la montée en puissance à la soudaineté d’une apparition démoniaque que ce soit dans un parking inquiétant ou faussement protégée dans un chez soi que l’on pense impénétrable.Ce n'est pas une timide serrure qui empêchera le mal de se propager. En plus il y a toujours une fenêtre ouverte ou mal fermée quelque part.Sa vision qu’elle soit auditive ou visuelle est toujours spectaculaire et traumatisante, apparaissant brutalement ou méthodiquement au moment ou on s’y attend le moins et ça fait mal très mal autant pour les protagonistes que pour nos pupilles.Alors attention, vous êtes prévenus, avant de pénétrer dans cet univers, apprêtez-vous à en baver.A l’image d’un train fantôme ou d’un grand huit ne faisant fonctionner son espace que par l’alternance de quelques moments intimistes s’estompant rapidement devant la détermination de certains cauchemars ou réalités accablantes qu’il faut avoir le courage d’ingurgiter sans le moindre indice préparatoire.C’est efficace, dans une pincée d’humour souvent écœurante mais nécessaire afin de distiller avantageusement la fureur de toute cette surface déjantée dans un second degré protecteur.
  • THE DUCHESS (2007)
    Très bon film sur la difficulté pour une femme d'exprimer sa véritable personnalité, dans un contexte adultérin, pédant, austère et froid. "Quand on est dans l'incapacité d'exprimer ses sentiments, on les camoufle dans le mépris et l'indifférence".Cette phrase résume bien le contexte d'un XVIII ème siècle aristocratique, impitoyable dominé par le protocole et le paraitre où il ne reste plus que le plaisir pour ressentir.La seule véritable lumière étant l'ordonnancement majestueux des fontaines et des jardins.
  • PHÉNOMÈNES (2007)
    Soudainement en pleine nature, la progression des individus semble démagnétisée. Une meute privée de boussoles internes devient brusquement amorphe et dévitalisée, avant de se rayer de la surface de la terre sans raisons ni bilans. Le sophiste décontenancé s’adresse à des plantes en plastique. Les corps pleuvent du ciel pendant que les abeilles s’amenuisent. L’arme libératrice passe de main en main, jetant violemment sur le sol des esprits subitement privés d’une envie de vivre.La fuite s’entretient en élaborant les théories le plus folles. Le savant, oppressé par le pouvoir d’une atmosphère incomprise, perd le contrôle d’une suprématie scientifique par des théories surfant sur la peur d’un terrorisme devenu irrationnel en conflit, avec les possibilités nouvelles et dominantes d’une nature destructrice.Un processus d’aliénation cède sa place à un second beaucoup plus destructeur. Une nature diabolique, gérée par les affres du vent, pousse ses ingrédients en masse vers l’auto élimination.Des survies sont espérées, dans des analyses liées à l'air du temps, impitoyablement balayées par des procédures célestes inféodées à une rationalité.L’homme n’est plus rien. Privé de pôle magnétique, fébrile et apeuré il se terre ou s’abandonne aux caprices de l’air, en s’offrant dans un paradoxe royal une fin radicale sur la route ou dans les champs.La femme recluse, presque folle ne communique plus. Une nature délaissée par l'étude et l'adoration devient vengeresse, en punissant par des procédures métaphysiques, la paranoïa de regards détournés.Angoissant tout en respectant un schéma d’épouvante restreint "Phénomènes" met sous tension une atmosphère éprouvante, traversée par des comportements défaitistes ou stimulés selon des objectifs gouvernés par un besoin irrémédiable d’en finir ou une rage de comprendre la raison du comportement de ces vagues vertes devenues folles, dominant par l'inexplicable un raisonnement limité dans l'impossibilité de définir un état des lieux cohérent.
  • DANTE 01 (2007)
    Sombre, éprouvant, traumatisant, insoutenable. Ces termes représentent la garde-robe de cet opus courageux, indépendant, insubordonné et surtout libre d’étaler toutes ses outrances. Son statut de film culte grandit lentement dans le temps, arrosé par un bouche à oreille d’exaltés en admiration devant ces rouges et ces ocres laminant de l’extérieur une faune psychopathe évoluant entre délires et lucidités dans une luminosité presque absente.Son contexte claustrophobique, mystique et technologique nécessite une parfaite adhésion à toutes ses images criardes, risquant de traumatiser un esprit non sécurisé par quelques mises en garde.L’habitacle est stressant, les comportements complètement démarqués de tout réalisme. Les corps rongés de l’intérieur se révulsent soudainement dans des hurlements à faire pâlir la bête du Gévaudan.Alimenté par certaines gueules de "La cité des enfants perdus", "Dante 01", malgré sa détermination de voler de ses propres ailes, se dirige irrémédiablement, comme attiré vers la finalité de "2001 Odyssée de l’espace".Cette affiliation n’empêche nullement l’œuvre d’être digne, originale, prenante, démarquée, loin d’une production mondiale asservie à la rentabilité des fauteuils.Le récit est difficile, servi brutalement dans toute sa splendeur décalée. Il faut tenir devant ces situations pénibles et surtout ne pas quitter le navire; écœuré par tous ses débordements."Dante 01" mérite hautement une visite qu’il faut juger comme un travail novateur et non comme des images délirantes récupératrices.L’opus a du slip, ça déménage dans un compartiment mêlant paradoxalement une technologie dernier cri à un relationnel presque animal, le tout loin de la civilisation.L’œuvre est dérangeante, crispante, nauséabonde, mais d’un esthétisme royal, capable de capturer à jamais un esprit préparé.
  • BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS (2007)
    La semaine de promo intensive, précédant la sortie du film, a certainement considérablement aidée la venue au monde de cette sympathique chronique concernant la remise à niveau d’une région bien mal perçue, éternellement habillée par la mine et le coron. Les verres se vident aussi rapidement que les portes s’ouvrent. Le langage ressemble à un état d’ébriété permanent. Les cœurs sont gros comme ça, de toute manière c’est tout ce qu’ils leurs restent à ces exclus, n’ayant pratiquement plus que la poste et la baraque à frites comme gîte relationnel.Paradoxalement, la dépression se subit sous un soleil de plomb, le Nordiste ne regarde plus un ciel invariable. Il maintient sa différence par des locutions à la limite du langage étranger, des produits du terroir presque nauséabonds et des liqueurs frisant le goût du sans plomb. Toutes ces particularités finissant par entamer la curiosité, puis la conversion d'un pédant.Sans se tenir les cotes d’un bout à l’autre de cette réhabilitation humaine, chaleureuse, naturelle et surtout indispensable, le produit possède certaines scènes amusantes avec en particulier ce road-movie professionnel de la journée type d’un postier pur site, scruté à la loupe par une hiérarchie bien molle, se convertissant avec brio à l’ingurgitation de godets reconstitués en permanence, de visites en visites.Cette fable ayant le mérite de glorifier le comportement de gens simples, porteurs d’une camaraderie protégée par l’évolution d’un groupe sur un même niveau, se déroule comme un agréable divertissement.Des clichés, au-delà d’une caricature faisant de tous ces personnages de véritables icônes régionaux.Un film sur les attraits d’un ciel bas chapeautant une nuit blême sous une pluie intense. Dans un tel contexte, l’autochtone s’accapare sans peine l’intérêt d’un visiteur décontenancé, presque à l’image d’un Colomb découvrant une terre inconnue.Néanmoins quelques défauts apparaissent, avec en tête de gondole la laborieuse prestation de Line Renaud, ayant bien du mal à rendre crédible, un personnage de mère faussement possessive.La globalité est satisfaisante, surtout en nos temps de disette de tempérament vrai. Le chti c’est du bonheur, on le quitte en pleurs, pour un peu on mettrait la carte de France à l’envers en faisant carillonner le bleu méditerranéen par un beffroi amoureux et transi, délivrant spontanément des demandes en mariage. Les nantis du sud n'ont certainement jamais vus ça.
  • 3H10 POUR YUMA (2007)
    Les westerns sont rares, alors soyons indulgents envers ce remake par moments un peu statique, heureusement remis à niveau par des gros plans intensifs, presque voyeurs de visages marqués par l’épreuve. La gestion temporaire d’un tueur sans états d’âme, offre à un fermier sans envergure, l’occasion de redorer un blason familial terni.Chacun d’entre eux à quelque chose à rapatrier de chez l’autre, un courage manquant, une humanité soudaine en bout de course, le tout élaboré degré par degré, sur des circuits rocailleux où le transport de fonds, servant de pitance, est braqué à l’aide d’une logistique implacable.Auréolé d’une pierre angulaire finale, sur un quai de gare, une approche perceptive nouvelle, par des sens moraux à l’état neuf, épilogue une aventure en commun où chaque composant découvre une identité préalablement inconnue.Pendant que le fermier façonne un courage libérateur, le tueur effrite peu à peu une pitié stérile. La communication porte ses fruits, dans un contexte existentiel hyper contraignant, l’approche différente d’une âpreté du gain indispensable, afin de survivre, trace quelques sillons en commun."3h10 pour Yumaé est un western qui s’écoute. Des mots s’intercalent entre des balles incontournables, définissant une époque sans transitions. On tue comme on respire, malgré cette contrainte reconduite à chaque pas, une proie et un prédateur, sous le regard d'un fils en construction, trouve une longueur d’ondes conversationnelle en s’échangeant des états d’âme constructifs.Bénéficiant d’une photo splendide, mettant en valeurs des morceaux de bravoure, dans des paysages désolés n’offrant que l’odeur du soufre, ce western atypique s’attarde sur des faciès en quête de rédemptions inconscientes.Des esprits en boucles, constamment au contact de la boucherie ou de l’exploitation paysanne, traduite par un endettement perpétuel, essaient de s’extraire, par une nouvelle humanité perçue d’un paysage monocorde où la bonté est à des années-lumières.Seule une aventure salvatrice en commun peut légèrement dilué ces constats, en permettant la collecte d’une peau nouvelle, même si pour l’un d’entre eux, celle-ci représente une finalité.Un très beau film.
  • ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES (2007)
    Décevant presque affligeant, "Astérix aux jeux Olympiques" se traîne péniblement en cent cinq minutes d’images au bord du gouffre. Pas de récit structuré, uniquement des numéros d’acteurs sans aucun risque, blindés de numérique. Comédiens qu’il faut parfois savoir déceler dans ce bric à brac de scénettes lourdes et insignifiantes.Clovis Cornillac, relégué au rang de support technique, par un Benoit Poelvoorde fou furieux incontrôlable et trop débridé, n’est plus qu’un fusible épisodique, dynamisé le temps d’une scène presque sans intérêt.L’anachronisme tissé dans tout le film n’est pas du meilleur goût. "Le clan des siciliens" et "Que je t’aime" mènent l’ensemble à la frontière de la débilité.La scène où Brutus triche lamentablement dans une course de relais, est représentative de l’essence d’un produit au parcours pitoyable, sans esprit de recherche. On ne peut pas dire que les méninges se soient triturées dans l’élaboration d’un tel opus.Quelques mimiques d’Alain Delon, officialisant un statut narcissique, maintiennent pendant quelques rapides secondes le contenu hors de l’eau.Bref, un détour est souhaitable, plutôt que d’ingurgiter une ambiance facile, bourrée de clins d’œils fournis par des œuvres cinématographiques antérieures, référencées ou de panoplies professionnelles de célébrités récupérées.Le final ressemble à un amoncellement de spots publicitaires incohérents, regroupant les stars sportives du moment, exécutant devant la caméra quelques prouesses liées à leur gagne-pain quotidien.Une surprise cependant, dans ce ramassis d'idées au ras des pâquerettes, l’agréable trouvaille d’avoir fait de Jérôme le Banner le souffre-douleur d’un Brutus chétif, dominant du geste et de la parole un colosse serviable et soumis, ça franchement c’est drôle, et peut-être plus fort que la prestation d'un ésar tutoyant les cieux.
  • REC (2007)
    "Tu continues de filmer, jure-le sur la tête de ta mère". Le cinéma d'épouvante reprend de bien belles couleurs grâce cet opus sédentaire et terrifiant. Une ingénieuse refonte du concept d'horreur exécuté dans une multitude de plans novateurs remarquablement travaillés. Nous sommes littéralement avalés par ce voyeurisme saccadé et glouton, incapable de s'extraire d'un irrésistible besoin de filmer la progression courageuse, étage par étage, d'individus liquéfiés par l'angoisse de ce qu'il découvrent dans tous les recoins de ces appartements d'un clair obscur menaçant. "REC" est un salutaire coup de grisou, permettant à une discipline de se ragaillardir dans des clichés impressionnants, faisant basculer crescendo le contenu dans un contexte de terreur, d'une tension remarquable de bout en bout. La caméra omniprésente balayant le site du sol au plafond apporte dans des cadrages imprévisibles l'essence principale d'un environnement apocalyptique, livré à un événementiel sauvage, abandonnant de toute humanité des esprits réduits au rang de bêtes traquées. Un très bon film thématique, intelligent, sur la disparition progressive d'une éthique, laissant sa place à une bestialité entretenue par des hurlements terrifiques.
  • THE MAN FROM EARTH (2007)
    John, obligé de fuir tous les dix ans vers d'autres horizons, suite à un visage privé de rides, se révèle un conteur passionnant. Egrenant dans une douceur extrême quatorze mille ans d'un monde traversé au contact des plus grands esprits.Des nomades intellectuels programmés pour faire progresser l'espèce par leurs passions tout en tentant de survivre parmi les guerres et les épidémies.L'intégralité d'un savoir détenu dans l'espace et le temps, par un immortel tendre et affectueux, aux multiples visages dont l'un d'entre eux, tenta sans succès dans un passé lointain d'intégrer sur une terre sainte un bouddhisme aux allures Hébraïques.Toutes les phrases de ce huit clos passionnant sont d'une érudition folle, donnant naissance, malgré la restriction des images, à une écoute spartiate devant tant de révélations.Un cours captivant, fourni par un survivant des siècles, faisant douter tous les acquis d'intellectuels pédants, nourris par les pensées de leurs époques.L'histoire des hommes dans une oeuvre apaisante et instructive, dont l'atmosphère unique permet de se centraliser au maximum sur le propos.Un film original, sur la force d'un langage, dont l'image n'est plus qu'une garniture attentive.
  • ROCKY BALBOA (2006)
    Quel boulet que ce Rocky Balboa nuiteux et traîne-savates, se déplaçant au pas pendant plus d’une heure, puis étirant enfin, mais lentement, ses bras vers l’action. Le champion est au plus bas, sa compagne n’est plus, son fils l’évite, il ne lui reste plus que Médor à sortir le soir, en y intercalant des souvenirs de combats, des provocations nocturnes et des photos prisent par ceux dont la mémoire intacte lui donne encore un nom.Le parallèle est flagrant entre le personnage et l’acteur qui ont dus s’adapter à la voie de garage pendant presque une double décennie, de ce point de vue le film peut s’apprécier en l’attaquant philosophiquement par le concept de la renaissance d’un phoenix.Sylvester Stallone voyage incognito dans un Rocky Balboa en décrépitude, le virtuel offre le bénéfice d’un chantier intellectuel et physique, en reconstruction, ceci à l’acteur comme au boxeur, ils s’y accrochent comme à une bouée, le schéma d’une remise sur pieds s’exécute crescendo, sans surprises dans des clichés d’orgueils éprouvés.Rocky vomit une sueur abondante afin de retrouver le top niveau et de confronter cette musculature opérationnelle au champion du moment. On se demande bien pourquoi, les dialogues de l’encadrement servant de motivations au come-back d’un has been sont plats comme la Beauce.La confrontation finale se déploie dans un lot habituel d’alternances dominatrices, sur le ring, Rocky a du jarret, il n’est pas interdit de penser que cet épilogue sert surtout à repositionner sur le marché un acteur à la condition physique reconquise, désirant retravailler de manière régulière sur le marché des films d’action, toute la structure de Rocky Balboa n’est que le C.V d’un senior esthétiquement fringuant, la restauration intelligente d'un produit de marketing.Rien de fantastique dans tout cela, c’est du vu et revu. Si nous étions le 31 Décembre 2007 les plus audacieux clameraient que c’est le navet de l’année, quelle déception ! Rien ne vibre, les inconditionnels, par contre, sauront positionner là où il faut, les pansements de l’indulgence.Un générique final savoureux aide à faire passer la boulette.
  • THE HOST (2006)
    Depuis quelque temps, le monstre toutes catégories, surgit de nulle part, s'acharne sans véritable raison sur une population terrorisée, incapable d'unifier ses forces contre un danger surpuissant. Comme bien souvent la bravoure ne se calcule qu'à l'unité, en se transcendant dans la récupération courageuse et désespérée de ceux que l'on aime."The host" est un opus rempli de paradoxes amusants et pathétiques, se baladant régulièrement entre la pitrerie faciale et une détresse presque théâtrale, photographiées ou filmées par une meute sans pitié, adepte du scoop.Une cartographie asiatique décalée ou investie entre rires et larmes, sur un site attaqué par surprise, remarquablement mis en images.
  • BABEL (2006)
    Babel est une œuvre longue et dépouillée, qu’il est indispensable d’absorber dans un état serein et endurant, en gérant une irrésistible envie de stopper le défilement de ces images interminables. L’opus, beau et lancinant, offre des gros plans magistraux à des visages noyés par la détresse et l’isolement, dilués dans la protection d’une luminosité intense ou dans l’immensité d’un désert brulant, rude et poussiéreux.Le contexte, volontairement épuré, possède l’avantage de s’attarder longuement sur des psychologies en doutes ou burinées à l’image d’une terre avare en reconnaissance où chacun tente de survivre chaque jour.Trois pays presque équidistants révèlent un même faciès tourmenté dans un requiem mélodramatique magistral, mêlant lumières artificielles et naturelles, le tout accompagné de leurs satellites, insouciance, avidité sexuelle et intérieur somptueux pour les uns, fêtes, alcools et violences pour les autres.Un travail d’auteur, méritant sur des impacts géographiques différents, mais ne délivrant qu’un seul message, un mal de vivre commun dans un contexte en expansion, n’étant plus en mesure de contrôler un modernisme démesuré ou un environnement dénudé à perte de vue, endormi depuis la nuit des temps.A voir absolument, si l’on veut approcher ceux qui évoluent trop vite, pendant que d’autres n’ont que le vide à contempler.
  • THE FOUNTAIN (2006)
    "The Fountain" est une toile initiatique d’une tristesse caniculaire hors du commun, montrant toutes époques confondues, l’indispensable besoin de se découvrir à l’aide de la conquête d’une paix intérieure, ceci dans un contexte guerrier, scientifique ou futuriste. Que ce soit dans l’intrigue, sous les flèches, le laboratoire et ses formules ou l’isolement dans les étoiles, un même visage connecté à son prochain ou à son prédécesseur, ne possède qu’une pensée unique.Un besoin profond de se définir dans un climat lucide ou surréaliste mêlant la volonté de comprendre et de se métamorphoser grâce à de magnifiques expériences, semblables à des touchers mystiques, propulseurs de nouvelles dimensions acquises dans la pénombre ou dans des ocres flamboyants.L’opus est magnifique, mais reste bien souvent crypté, dans une lenteur qu’il faut accepter. Le sentier, menant laborieusement un nouvel esprit vers sa rédemption, s’avère pénible dans un travail thématique somptueux qu’il faut déguster avec détermination."The fountain", copieusement pourvu d’images déprimantes, déroule des clichés éblouissants, au bord d’un gigantesque effondrement mélancolique, unissant toutes les approches religieuses dans un ordonnancement s’avérant par moments douteux.Le rendu est prenant, à condition de rester objectif, devant ces assemblages numériques un peu fourre-tout, ayant le mérite ou le désavantage de garnir dans un seul paquet cadeau toutes les religions.C’est un peu comme un immense salon dont tous les meubles disparates tentent de communiquer et d’acquérir une identité commune.Ceci n’empêche nullement de se documenter en externe tout en se laissant capturer par ces tableaux semblant plus spectaculaires que véridiques.L’envergure de l’entreprise reste d’une essence magistrale, un courage immense de s’expérimenter et de se dissoudre pour mieux renaitre dans un espace vierge ou tout est à faire, en sachant enfin qui l'on est.
  • APOCALYPTO (2006)
    "Une civilisation n'est conquise que si elle s'est préalablement détruite par elle-même". En attendant la fureur des combats, le Maya est un excellent chasseur, un incorrigible farceur et un admirable conteur. Ces qualités sont soudainement archivées, le village est attaqué. Les hommes capturés entament un cheminement initiatique vers la vision de sacrifices gérés par un libre arbitre venu du ciel. On peut amalgamer en décrétant que cette fresque sanglante n'est que la projection cinq cent ans en arrière de nos propres valeurs ne montrant que nos acquis, haine, violence, trafic d'esclaves et main d'œuvre exploitée le tout dans une jungle reprenant ses droits par la soudaineté des attaques du jaguar et du serpent. Tout cela sent "bon" les mouvances inertielles de notre bonne vieille terre. De plus en plus de scénarii offrent au cinéma et aux contextes historiques choisis un trajet commun basé sur une rage de survivre suite à une délocalisation brutale, une initiation terrible est à gérer loin de ses bases offrant un statut d'opprimé à une volonté ferme et à toute épreuve de retourner par tous les moyens après des efforts considérables vers un centre moteur qui lui-même doit batailler ferme dans son propre environnement afin de survivre. Tout ceci ressemble étrangement à la thématique de "Retour à Cold Mountain" contexte historique différencié naturellement. Une vengeance s'alimente par le mépris envers le maître du moment, l'irrespect de l'autre gonfle les jarrets, un leitmotiv ne tenant qu'en quelques mots agrémente un parcours rétrograde périlleux ou chaque pas malhabile est dévoré par un enfer vert hyper défensif engloutissant les corps. Le récit parfaitement réussi adopte les runes d'un concept cérébral présent, les scènes très réalistes des sacrifices ont un esprit kermesse. Un stéréotype souvent reconduit dans le septième art extermine les méchants par ordre hiérarchique. Finalement le plus motivé c'est le traqué qui au fur est à mesure de ses blessures acquiert une énergie transcendante grignotant peu à peu la hargne d'un poursuivant. Ce que nous voyons au fil de ces deux heures vingt est crédible, la caresse est rare, l'homme n'est que de la viande hachée menu, tout cette déferlante nauséabonde semble adaptée à son temps malgré la réhabilitation de plusieurs ouvrages démystifiant les préconçus moyenâgeux en tartinant de douceur une époque que nos esprits jugeaient préalablement invivable. Mel Gibson montre certainement une vérité en entretenant un concept sanguinolent cinématographique présent depuis des décennies sur nos écrans, une alchimie ciblant un contexte historique hyper violent permettant à une compétence professionnelle stagnante de rester positionner sur une technologie d'images fortes fabriquées mais respectant un plan adapté à une reconstitution acceptable validant la terreur d'une époque. Nos besoins de se sentir protégé et encadré se libèrent par rapport à une barbarie que nous pensons à tort éteinte. Par cet apaisement ce système s'adapte admirablement à notre sensation d'être plus ou moins maître de nos destins. Ceci dit "Apocalypto" est une réussite, un merveilleux voyage dans le temps selon les critères exposés ci-dessus ou l'homme qu'il soit dominant ou dominé n'est qu'une bête parachutée dans un monde dément, ne rêvant que de s'endormir afin de calmer sa douleur.
  • SCOOP (2006)
    On a toujours un peu la tremblote quand Woody Allen nous fait son petit coucou annuel, va-t-on s'endormir avant la fin ? Eh bien non, là franchement, c'est gagné. Cette comédie policière est succulente, Sydney, magicien raté, a un public sénile, ses tours sont ringards, il est grand temps que la providence se manifeste afin d'éjecter un rassasié sans envergure de cet environnement médiocre.Sandra Pronsky, jeune journaliste blonde et binoclée, va s'en charger, cobaye de Sydney lors d'une représentation l'apparition soudaine d'un journaliste récemment assassiné, lui donne des informations sur l'insaisissable tueur au tarot. Sydney piégé se voit dans l'obligation de s'investir.Le mythe du poltron récupéré par la curiosité féminine, incapable de s'assumer seule, déjà développé dans "Meurtre mystérieux à Manhattan" refait surface dans un contexte pratiquement identique.Sydney fait ses classes dans plusieurs domaines inconnus, le courage, le conseil et la protection envers cette "fille" improvisée, tombée du ciel, le temps d'une enquête, la sieste existentielle est provisoirement terminée.Se définissant comme hébraïsant converti au narcissisme, sa conversion ne tient pas la route, ses sens chamboulent un existant se croyant à l'abri des sentiments, l'âme d'un père se façonne, s'investit, se laisse guider par se petit cœur neuf en pleine construction. Toute une structure grisante par l'aventure et le danger gagne ce sexagénaire engourdi.Sydney trouve par l'action une concordance de vibrations avec une génération montante, ne pouvant se permettre de vivre dans un acquis.Ses analyses s'affinent, il prend de l'envergure, stabilise la fonction un peu trop débordante de Sandra, fonçant dans le brouillard sans réfléchir, Ils sont indissociables, un cap en commun où l'un devenu sage stabilise les débordements de l'autre, trop incrédule et précipitée.Le lieu surprenant, servant d'épilogue, semble repositionner Sydney sur une case départ, un retour aux sources vers une origine détaché, habitat premier de cet homme ayant pendant quelque temps côtoyer la chaleur interne d'une paternité.
  • LE PARFUM (2006)
    "L'âme d'un être est son odeur". "Le parfum" est la recherche d’une luminosité odorante acquise en des temps crasseux. Une rage de vivre dès la naissance dans une tapisserie nauséabonde d'immondices et d’ocres sombres, foulées par un esprit malade, capteur de senteurs conquises par le crime.La conception d’un arôme inconnu s’élabore par des gestes lents et minutieux, sur fond de ruelles désertes. Une proie spécifique est traquée, puis humée par des narines grisées de ressentir de nouvelles odeurs indescriptibles.La traque reste quelquefois inassouvie, en épargnant provisoirement quelques bienheureuses, échouant momentanément aux portes de la mort distribuée par un être absent, passionné, presque muet, attribuant des gestes limpides à une obsession enivrante, entretenue par d’éternels ingrédients traqués la nuit tombée.Un nez diabolique exécute merveilleusement une palette sensitive hors du commun, en s’emparant de vestiges féminins dénudés offerts aux degrés indispensables évolutifs, menant vers la perfection d'une idée.La lucidité d’un homme, récupéré par la démence d’une conception machiavélique, n’est plus palpable."Le parfum, détient une lenteur lancinante, un texte débité minutieusement sur des images de visages marqués par la transcendance, la convoitise, la surprise et la peur, que l’on a le temps d’admirer dans une reconstitution exemplaire d'une époque sans pitié.Des moments sublimes, rarement vus au cinéma, extraordinaires et somptueux. Une dépendance folle et collective envers un personnage plus déterminé par la mission que par la perversité, perçu comme un ange par une populace rongée de voyeurisme et de puanteur, copulant sans réticences sous la dépendance d'un nectar inconnu.La longue séquence de l’exécution de Grenouille est un aboutissement. Elle dépeint merveilleusement la prise du pouvoir des senteurs régénérant chez l'être humain, la soif des caresses.
  • JEAN DE LA FONTAINE - LE DÉFI (2006)
    "Un seul chant pour un seul modèle, le roi". L'idée n'est pas mauvaise d'extirper de ses fables un personnage presque inconnu, jeune, grivois, chaleureux, sanguin, passionné, équitable, respectueux, courageux défenseur d'un protecteur des arts et des lettres dans la peine, sous les fers d'un Roi Soleil implacable, manipulant une police damnée, sombre, soumise et procédurière. L'œuvre, malgré ses faiblesses, dénonce assez bien un système concentrique fait d'indicateurs et de courtisans veules, dévoués à une main nourricière dont la principale raison d'être est l'immobilisme et la répression. Dans de telles conditions, le poète dans ses fables, pour se protéger en dénonçant un état sans lumière, donne la parole aux animaux. Ceux-ci révèlent un état libre, une nouvelle pensée élaborée sur l'expérience et la méditation finale, dispensant un élu d'être au service d'un monarque, n'exigeant de la part des penseurs de son temps que son reflet. On ne peut être que le miroir du roi, dans une vie dominée par les perruques et les courbettes. La lumière de l'artiste n'a pour quotidien que la faim et l'incertitude. Le penseur désire exister, laisser une trace dans le temps et surtout ne pas être une planète occultée par une luminosité insoutenable. Pour cela il faut imposer vers et comédies être Molière ou Boileau proscrits, calfeutrés dans les tavernes en espérant l'apparition d'une providence. Ceci dit "Jean de la Fontaine" dans son contenu reste correct sans plus, il lui manque une flamme, un manque de rigueur contraignant l'oeuvre à une pâleur d'ensemble. Le récit se disperse un peu trop. Certains personnages centraux, historiquement négatifs, noient les comédiens dans des restitutions trop rigides. Par contre l'antinomie entre une paillardise libératrice et l'ennui profond d'un système triste et répressif est maîtrisée.
  • BORAT (2006)
    Le Kazakhstan, dont les outrances exportées se déchaînent de villes en ville, s implose sur le territoire de l’oncle Sam. Au supplice où au-delà d’un étonnement, chaque module étudié active en relation, avec le conditionnel de sa psychologie, sanctions ou tolérances devant des comportements de brousse.Borat, anobli d’une naïveté d’école, découvre en pétoire agonisante le gay, la secte, le rodéo, le sénateur, le présentateur de J.T, la prostituée et la racaille, en essayant à chaque rencontre d’assimiler des tonnes d’informations nouvelles, en offrant en retour une misogynie légendaire et des attributs hors normes.Le choc frontal de deux principaux acquis terrestres à l’état brut. La viande en sauce fait connaissance avec l’excrément en sac plastique. Une association temporaire entre la contrainte du politiquement correct et la pierre brute, chacun conservant ses marques tout en étant curieux de l’autre.Borat est moustachu, couillu à deux doigts d’une physionomie peu appréciée par les temps qui courent. Transportant dans ses malles un comportement douteux, la visite de certains lieux est à risques. Pugilat hôtelier, nudité exhibitionniste et magasin dévasté sont au programme de cette odyssée initiatique, à l’intérieur d’une terre immense où chaque concept existentiel est différent d’état en état.On quitte Jésus pour la main au panier ceci d’une contrée à l’autre. Les extravagances de Borat, sincères et honnêtes, restent identiques. Le tout s’égrène dans un chapelet cocasse où l’initié de bonne volonté se heurte parfois à l’incompréhension en mimant la gestuelle et la locution d’une couche sociale locale étudiée.Les emblèmes d’une société américaine paralysée par ses institutions sont mises à sac par un individu sans garde- fou livrant sur site un naturel ancestral. Borat à l’inverse d’un voile puritain montre un schéma sans retenu, un avide de découvertes est lâché en pleine nature dans un relationnel de groupes conditionnés par le culte de l'idole.Tout en sombrant dans la dépendance médiatique, Borat dénonce par la mimésis d'un sujet exploré, les dangers d'une récupération sclérosée par la paranoïa et les icônes artificielles.Surtout ne ratez pas le début du film et la présentation du village de Borat. Cà vaut le détour.
  • L'ILLUSIONNISTE (2006)
    Un initiateur se dématérialisant après ses cours, offre à de jeunes yeux ébahis un terrible adversaire au rationalisme, une illusion s’attaquant à des régimes politiques carbonisés par l’arrivisme. Un amour de jeunesse contrarié par un cinglant rappel à l’ordre "Rappelez vous votre rang", permet à un magicien hors norme de progresser en mariant superbement une machinerie à une spiritualité.Des papillons volants soutiennent dans les airs de petits tissus blancs, servant à contenir de belles larmes féminines. Excalibur retourne à la pierre sous l’apparence d’un parquet princier, un oranger majestueux défie la lenteur du temps en poussant instantanément devant un auditoire, ravi devant de si belles démonstrations métaphysiques.Un futur empereur se dévore davantage de mégalomanie, devant les prouesses d’un homme maniant merveilleusement l’autre coté du miroir. Les masses sont conquises, de chers disparus apparaissent sur les planches de théâtres bondés en répondant spontanément aux questions posées par un public aux anges.Le royaume de Vienne est menacé par une république spirituelle, l’illusion, devenue un parti politique, prend l’ascendant sur une monarchie ayant toujours la main sur l’épée prête à réprimer une foule à bout de souffle, suite à la disette.Ce nouveau pouvoir est fulgurant, dans l’impossibilité d’expliquer ces tours défiant toutes rationalités, le magicien devient un Dieu porté vers l’empyrée, par toutes les couches de la société."L’illusionniste", bordé de l’agréable musique répétitive de Philip Glass, se promène sur le fil du rasoir du rêve et de l’analyse rationnelle, il possède d’agréables fausses routes dont les impacts d’arrivées charment nos sens.Eisenheim, lucide de la force persuasive de son métier, préfère se stabiliser aux yeux d’un peuple manipulable par un aveu honnête.Tout se glane par l’apparence, cette bombe nivelle une réalité qu’il faut assumer pour mieux la combattre.Il y a peut-être une vérité dans une illusion, pour le comprendre il faut marcher dans les pas d’une continuelle évanescence.
  • LA MÔME (2006)
    Vous aimez la nuit ? Oui avec beaucoup de lumière. Cette question posée en bord de mer résume parfaitement le parcours de cette môme des rues, au démarrage plus que catastrophique, parachutée dans un désastre social de début de siècle.La môme Piaf n’est qu’un temporel, alternant progression chaotique et gloire vacillante, le tout menant au respect par un prénom glané à la dure, accompagné d’un carburant sordide, une hérédité de bas-fonds constamment entretenue par certains accompagnateurs existentiels.Edith, au gré du vent est exécrable, autoritaire ou exécutante et pleurnicharde, ses caprices sont désordonnés, elle se tient mal à table, sa grammaire est simpliste, sa voix railleuse, ses managers semblent plus soumis aux contraintes procédurières du métier qu’aux limites intellectuelles de leur représentante.Sur scène ce petit bout de femme semble en croix, une passion régulière, envers un public ayant l’aspect de juges impitoyables, est entretenue par l’intermédiaire d’une voix poussée au maximum.Cette alchimie béatifie un mécanisme parallèle, orgueilleux de survie et d’autodestruction, dont les excès vaporisent une volonté poussée à son paroxysme.L’amour envers l’autre ne peut être que viril, les coups reçus en jeunesse sont redistribués dans le temps par un sportif, représentant la vengeance, Edith subjuguée par une machine à frapper, découvre la dominance gérée par la force des lois sélectives naturelles.Une enfant découvre une famille dans l’abattage quotidien d’une maison close, les profils sommaires nivelés par une première guerre mondiale, particulièrement meurtrière sont incapables de bypasser des métiers de rues.Cette Marseillaise boueuse, improvisée par une enfant, devant palier sur le terrain, les faiblesses d’un père, est un état des lieux d’esprit vides, de ruelles sordides et de viandes saoules, la cartographie d’un pays contenant une multitude de grands Zampanos en puissance.Un Paris au look victorien positionne un visage d’éléphant sur une jeune fille à la dérive, frisant le phénomène de foire, faute de solutions et d’encadrements.La dégradation ventile le renouveau d’un visage en relation avec les époques, Edith, anéantie par les déroutes de son existence, offre en fonction de l’avancée de sa destruction, un visage plus ou moins épargné.La fin est dure, un fagot effrité implose dans un déconnecté mêlant réalité et fiction."La môme" reconstitution rigoureuse et réaliste d’un Paris roteux et ordurier de début de vingtième siècle, occulte les sentiments et les devoirs, relégués à des années-lumières d'une injustice vécue au jour le jour.La chaleur d’un encadrement, enfin offert à une jeune fille en pleine détresse, ne suffit pas à corriger une trajectoire héréditaire indélébile, c’est certainement cela le message du film.Un produit fini avance dans un temps, aux moeurs évolutives, accompagné d’un catalogue primitif sommaire, de base existentiel, un comportement d'enfant à temps complet dont les caprices muselés par les pierres brutes de l'enfance, comblent leurs retards en se baladant au coeur d'un sablier existentiel rugueux par ses distorsions internes.
  • LES FILS DE L'HOMME (2006)
    Londres sert bien souvent de test apocalyptique, deux mille vingt sept sonne sur l’horloge d’une terre à feu et à sang. Emigrés illégaux, immeubles évacués manu militari, explosions soudaines, bétails calcinés, convois caillassés sur fond de tubes des années soixante. On se déplace sur une mer de boue et de bris de glaces. Le cochon des Floyd survole un sol jonché de détritus, certaines cheminées n’ont plus la force de cracher une pollution ravageant des visages creusés par la faim. Les voitures brigandées sur les routes sont des tombereaux.L’homme évolue dans sa propre toile, une peinture vomissant une lente agonie économique et politique, un fascisme éclos sur un tas d’ordures, s’acharnant sur un déchet humain titubant entre les terroristes et les extrémistes, sur fond de guérilla urbaine.Une rondeur, absente depuis dix huit ans, redonne vie à un concept uniquement présent sur des tags muraux. Un alphabet, sur le tableau d’une classe dévastée, dévoile l’empreinte du saint des saints, devenue invisible.L’enfant de la renaissance ne peut être que celui de tous ces hommes en uniformes, environnés par les ruines fumantes de leur propre cerveau. Tous ces pères en puissance, récupérés par la violence, baissent un instant leurs machines à tuer devant le passage d’un immense espoir, certains s’agenouillent, offrant les premiers remous d’une perception s’éloignant de balles tirées, par n’importe qui sur n’importe quoi.Les images sont dures, pénibles, les visages, s’accrochant à quelques minutes supplémentaires de vies, sont filmés par une caméra sur haut de colline ou à hauteur d’homme. Cette virtualité insoutenable devient une anticipation de plus en plus difficile à comprimer."Les fils de l’homme", film d'une noirceur remarquable, dénonce un point grossissant se rapprochant dangereusement de nos existences, Il existe un art démentiel, que personne ne désire côtoyer, un enfer dantesque potentiel, que nos consciences bannissent, ce film courageux offre la partition d’un nombre égal à lui-même, que Saint Jean connaît bien.Cette déferlante n’est plus abusive, elle est l’impact d’un avenir que nous ne pouvons plus ignorer, l’image n’est plus chargée, c’est l’actualité des prochaines décennies, si nous ne faisons rien.Le "soleil vert" dans les années soixante dix, conduisait le spectateur à la fin de la projection dans les latrines pour y vomir l’avenir de ses enfants, "les fils de l’homme" est dix fois plus impressionnant, un signal d’alarme à la batterie presque épuisée.
  • INDIGÈNES (2006)
    "Ce ne sont ni des indigènes, ni des musulmans, ce sont des hommes tout simplement". L’incorporation dans une machine de guerre s’exécute sans contraintes, presque naturellement pour ces inondés de soleil, préservés temporairement d’une température en chute libre qu’un Nord lointain encore absent, s’apprête à leur délivrer. Seule la mère perçoit le danger de perdre un fils. Sur le front, le premier choc est brutal pour ces inexpérimentés, décontenancés par le contact d’un feu nourri. Le gradé en rajoute dans la froideur d’un commandement observé de loin à la jumelle, par un état-major situé au delà des limites de tir. La différence est perçue dans l’attribution des récompenses où les quotas ne tiennent pas compte de l’action d’éclat du Berbère. Le froid vosgien s’acharne sur ses déracinés, tentant de comprendre une religion représentant un homme en croix. Comme bien souvent la femme est le seul réconfort. Privée de discriminations, elle console, câline cet Africain en uniforme, de passage, lui promettant de revenir, malgré les contraintes relationnelles imposées par ses croyances. La gratitude d’une délivrance est offerte par les applaudissements de quelques civils, uniques pépites, occultant l’ignorance d’une armée surgissant le combat terminé, à la limite du racisme, ne pensant qu’a récupérer de la chair à canon, représenté par un unique survivant libérateur, privé de chef, héroïque jusqu’au dernier affrontement, voyant ses frères terrorisés tomber les uns après les autres. "Indigènes" est avant la rude école de l’assimilation, de perceptions inconnues par un continent satisfait de son immobilisme. Les mœurs françaises sont ambiguës, sélectives, elles déroutent un esprit tribal, ancestral, simple, chaleureux aimant un maître plus par bonté que par servitude, préférant conserver un état analphabète, consolidant l’entretien d’un esprit naturel, ne raisonnant que par la chaleur d’un accueil véridique et spontané. Le système militaire, procédurier par ses brimades mêlés de quelques apaisements, libère une autonomie revancharde, bestiale, peureuse, régie par un instinct de conservation désordonné dans un épilogue septentrional glacial. Le Berbère tombe aux grands froids dans un pays inconnu, aimé sincèrement de la plus belle des manières, une naïveté que le métropolitain avide de définitions à dilué dans sa discrimination.
  • BLOOD DIAMOND (2006)
    Sur certains continents, une nouvelle ressource naturelle n’engendre que malédiction, sang, sueur et larmes. Le diamant rose, successeur de l’ivoire, de l’or, du caoutchouc et du pétrole, naguère porteurs d’une terre faussement utopique, n’offre que la machette à des fermiers traqués et recrutés de force pour sa cueillette. Où se situer parmi un gouvernement pourri, des rebelles sanguinaires, un voyeurisme journalistique, des trafiquants motivés et une religion récupératrice d’enfants meurtris, tous ces organismes ne travaillant naturellement que pour leur propre compte.La boucle existentielle politicienne des lieux ne varie jamais d’un pouce, on prend le pouvoir, on s’enrichit, puis l’on fuit au Mexique ou ailleurs, en laissant un bourbier ingérable à une rébellion imprégnée d’une manière de faire épuratrice, elle-même sur le grill d’un temps compté.L’enseigne C.C.A (C’est ça l’Afrique) offerte dans une éternelle répétition.Les enfants enrôlés de force sont sauvagement endoctrinés, loin de la paysannerie ancestrale des pairs. Les femmes pleurent un disparu ou se prostituent. La terre teintée de rouge entretient une violence présente, depuis la nuit des temps, une détermination sans limite s’y adonne sur terrain conquis.La phrase "Vous connaissez une époque où le monde allait bien" est un constat validant la non retenue d’une barbarie.D’innombrables réfugiés sont parqués, des retrouvailles émouvantes sont violées par des photos indécentes, ne respectant pas le respect que l’on doit à un groupe reconstitué.Le sous sol torturé d’une Sierra Leone de fin de siècle sert de couverture diamantaire à des magazines politiquement corrects. "Pas d’apartheid dans les tranchées" scandé par Archer évoquant un passé solidaire avec l’autochtone, révèle une légère éclaircie, vite estompée par ces tueries quotidiennes où femmes et enfants ne sont aucunement dissociés des balles.Solomon lutte afin de retrouver sa famille, Archer l’accompagne de manière intéressée, mais peu à peu devant un 60/40 menaçant la vie d’un enfant son comportement change, une procédure de cœur se construit en se terminant par une bravoure de repenti, s’exprimant sur une vue magnifique."Blood Diamond" est l’apologie de la pierre qui pourrit tout, du pécheur au diamantaire, tout le monde succombe à une luminosité artificielle orchestrant des massacres au soleil, loin de ces villes brumeuses européennes où ces roses de sang, extirpées dans la douleur, rutile sur les rombières.Le contexte reproduit est remarquablement réaliste et maîtrisé, une magnifique reconstitution logistique barbare, de terrain, s’offre dans toutes ses intolérances, un enfer vert où les humains ont des senteurs de babouins.Solomon véhicule en parallèle un défaitisme collectif légendaire, en spécifiant à Archer :"Tu peux tirer, je suis déjà mort".La Sierra Leone prend l’aspect d’un modèle témoin, image d’un continent exsangue. Les richesses internes découvertes sont détournées au profit d’un grand Blanc sans scrupules, armé jusqu’aux dents, ne laissant au résidents qu’un hypothétique filet de pêche pour sa pitance quotidienne.Le processus Kimberley, adopté en 2000, atténue sensiblement un processus d’intérêt aux bases solides ayant toujours globalement la tête hors de l’eau."Diamond Blood" est un film remarquable, montrant les hommes esclaves de leurs profondeurs.
  • LITTLE MISS SUNSHINE (2006)
    "Un vainqueur n'attend que d'être réveillé, soyez les acteurs de ce monde". Ces quelques mots ne sont que l'auto satisfaction d'une locomotive verbale, transcendée par sa propre voix, ne déclenchant que de rares applaudissements dans une classe plus que clairsemée.A la maison se côtoie période Nietzsche sur vœu de silence, agrémenté d'un visage proustien aux bras tailladés, servant de paravent à une snifette sexagénaire.Sur la route, une éducation sexuelle est distillée à la grosse, à l'intérieur d'un minibus à l'agonie, au klaxon révolté, n'en finissant pas de s'éteindre.Cette famille, épuisée par la cartographie interne d'un monde non exécutable, se propulse sur le ruban du renouveau. Quelques confessions sont repositionnées sur une parole vomissante retrouvée. Cette transpiration de plus de mille kilomètres fabrique une asphyxie familiale salutaire, on souffre la disette en groupe, en regardant droit devant soi. La finalité de cette escapade se situe dans une liberté gestuelle bannissant les contraintes de petits corps martyrisés par les parfums et les mises en plis.La vie n'est qu'un concours de beauté permanent, un célèbre écrivain français, looser perpétuel, voyage incognito dans cette pétoire surréaliste, la décision d'un équilibre repose sur l'acceptation de ses différences morales et corporelles, en y incluant la perception d'être un génie, pratiquement que pour soi-même, environné d'un auditoire restreint, mais conquis, qu'importe la multitude si celle-ci n'est qu'un troupeau conditionné en orbite autour d'une fausse lumière.Des parents, attendris par des décennies de rediffusions de navets à l'eau de rose, se pâment devant des Shirley Temple mécanisées, exécutant des chorégraphies à peine comprises, uniquement afin de respecter un catalogue de prestations de concours voyeuriste, presque centenaire."Little Miss Sunshine" est dans un premier temps la mise en pratique d'une erreur ne menant nulle part, ce cheminement vers cette fausse terre promise californienne se conclue par le plus beau des éveils."Allons nous en d'ici" est prononcé par une famille reconstruite où chacun, en fonction de rêves impossibles, se positionnera sur un parcours authentique, une vérité basée loin des stéréotypes où l'on est soi-même, en assumant pleinement un contre-courant.Par rapport à ces rêves les plus fous, l'approche "Familles, je vous hais" se fabrique d'elle-même "Little Miss Sunshine" (2005) montre bien cette cassure" heureusement temporaire d'un fils taxant trop rapidement son entourage de ratés.Chacun montre son amour à l'autre par sa différence, dans un langage parfois limité, par les disponibilités et les fantasmes de chaque participant uni jusqu'au bout de ce voyage initiatique drôle et émouvant."Little Miss Sunshine" est un film merveilleux" délivrant le plus beau des diplômes, l'acceptation dans une collectivité constructive de sa propre architecture.
  • SUNSHINE (2006)
    Le cinéma de science-fiction est actuellement réminiscent. Il a besoin, afin de se propulser dans le temps, d'ingrédients du passé. Dans ce vaisseau, le regard de Ripley, les tremblements faciaux de David Bowman et les terreurs cubiques sont omniprésents. Les gros plans valorisent les angoisses de visages cernés au plus près, au détriment d'un environnement extérieur, ne devenant parfois que des sons inquiétants.Le contre argument, de cette sédentarité hyper dangereuse, est offert pendant quelques instants à des esprits momentanément subjugués par le passage naturel d'une première planète assombrie, subordonnée depuis la nuit des temps à un maître flamboyant, grossissant au fur et à mesure que l'on s'en approche.A 88 millions de kilomètres de la Terre, on ne se sent pas forcément seuls, c'est ce que cet équipage va découvrir au fil de ce périple vers la lumière saupoudré d'exercices extérieurs, en temps réel, synonymes de décrochages et de risques de somnolences. Dans l'espace, tous les gestes sont lents et s'exécutent à grand peine, c'est ce que le spectateur doit réviser avant d'ingurgiter sans trépigner d'impatience certaines images molles respectant le contexte de l'univers."Sunshine", aggloméré d'un bois contenant tous les bois, ne se gène pas de montrer sa servitude ou son admiration envers trois modèles, "2001 Odyssée de l'espace", "Alien" et "Cube", en employant de convaincants copier - coller.Ceci dit l'œuvre n'est pas à caillasser, à condition d'éradiquer un déjà vu, au fil des décennies passées. Ces vibrations de jeunesses, restaurées par l'intermédiaire d'images remasterisées, à la sauce de ce début de vingt et unième siècle, entretiennent des acquis dans un esthétisme évolutif. "Sunshine" est un élégant best off, un pic transitoire à la recherche d'un catapultage, nanti de nouveautés.Cette anecdote est un bon exemple. Georges Harrisson accusé de plagiat pour "My Sweet Lord" répondit:"Oui mais j'ai transformé un rubis en émeraude" Alors soyons indulgents.
  • LA VIE DES AUTRES (2006)
    "Comment avez-vous pu gouverner un pays?". En 1984, la vérité, conquise de force par la Stasi, consiste en des propos désordonnés. Le soleil une fois à l'Ouest se moque de vous. Rien voir et rien entendre assure la pitance de ses proches. Les rues désertes, clairsemées d'automobiles, offrent des nuits blafardes à un apparatchik soudainement troublé par la valeur propre de l'individu, le texte et la musique. Ces illuminations nouvelles inaugurant peut-être l'éveil d'un esprit. L'instrument du parti dine seul dans des grands espaces murés, laissant parfois le passage à un apaisement furtif, fourni par des professionnelles. Tout ce qui manque se décortique sadiquement dans un jouissif permanent nommé "La vie des autres", que l'on tient entre ses mains. A l'étage, les portes sont ouvertes sans ménagement. Dans les sous-sols, l'oreille est attentive, sadique, provocatrice. Dans les hauteurs, l'écouté complote pour survivre dans une liberté créative en maintenant du mieux possible un comportement intellectuel, non assujetti à la dominance d'un pouvoir, ne stabilisant sa puissance que par la démolition de ceux qui pensent. Le suicide n'est plus comptabilisé, ce n'est qu'une mort comme les autres. L'écoute d'une sonate verrouille presque le processus d'une révolution. Le poète est l'ingénieur de l'âme. L'actrice, malgré son talent, reste dépendante de l'obèse tribal, camouflé dans la voiture de fonction. Pour un régime totalitaire, l'art est le pire des ennemis. Le penseur est dangereux, il se dompte au même titre que la population, par la peur, la surveillance et le slogan politique. La créativité libératrice est sous-marine, en parallèle avec les énormes pressions que le parti s'inflige à lui- même. Le régime n'est qu'un harcèlement, nivelant constamment toutes les couches sociales, réduisant à néant les libertés de penser d'individus diabolisés par la peur. "La vie des autres" est un film poignant sur la destruction des âmes, opérée par des opportunistes sans structures, récupérés par l'idéologie dominatrice d'un rouleau compresseur broyant ses propres composants. Difficile de ne pas comparer ses images de persécutions, de trahisons et de sacrifices avec les sinistres heures hitlériennes ùu chacun n'est plus lui-même, ce dysfonctionnement appelant avec désespoir la diction d'une phrase sublime : "Le mur est ouvert".
  • VOL 93 (2006)
    Ce film est prenant et stressant, malgré un démarrage poussif, certainement volontaire, afin de nous permettre d'emmagasiner lentement la pression de ce qui se prépare, puis de l'évacuer dans une explosion violente. Les données sont simples, nous devons tous nous trouver à l'intérieur de cet avion suicide et ressentir l'effroi de ses passagers.Un dramatique huit clos entre une jeunesse fanatique, fragile, bouillonnante et indécise dans le déroulement d'une procédure extrémiste et des otages dans un premier temps effondrés, puis opérant une lente montée chromatique menant de l'angoisse à la bravoure.L'atmosphère des deux modules de cette odyssée pathétique est remarquablement reproduite. De la tour de contrôle à la carlingue de l'avion, deux ruches à leur paroxysme s'adonnent à l'assistance ou à la détermination.Une lente agonie filmée en temps réel entre un groupe devant s'affirmer dans une situation extrêmement grave et un second formaté par la prière et les théories punitives, le tout dans des comportements soumis à la transcendance.Un acte fusionnel, unissant entre ciel et terre la haine, la peur et le courage dans un affrontement final apocalyptique.L'offrande magnifique d'un dépassement de soi, que ce soit dans le bien ou le mal, dans une confrontation sacrificielle poignante, à l'image d'une icône.
  • LE DERNIER ROI D'ECOSSE (2006)
    "Ici c'est la violence contre la violence, avec la mort aux aguets." L'argument principal de ce "Dernier roi d’Écosse" est de dénoncer avec détermination une partie historique particulièrement éprouvante, endurée par un pays soumis à la terreur et aux discours récupérateurs. Un bien triste univers observable local semblant l'égérie de la quasi totalité d'un continent. Le bilan est édifiant et surtout révélateur d'un mode de fonctionnement perpétuel, offrant une allégorie mensongère permanente, à un peuple privé de tout, dont la seule survie est d'adorer bien souvent sans savoir pourquoi un militaire vociférateur hyper encadré. Accompagné d'une faune de carnaval affairiste ou débauchée, un paranoïaque conscient des psychologies girouettes d'un entourage incertain, monte lentement en puissance, en se servant comme argument destructeur, de l'irrémédiable trahison toujours prête à surgir. Au départ, Amin Dada est sympathique, un bon gros nounours bourru, bon vivant, moqueur et jovial servant de modèle à un jeune esprit curieux, acceptant sans lucidité tous les privilèges sans être conscient de sa récupération. A travers les convulsions d'un état sous l'emprise d'un tyran se dévoile tout un système thématique entre le dominant, le subordonné, le protégé, le courtisan, le comploteur, le sado maso, la mère porteuse et la prostituée. Composants paraissant incontournables et fédérateurs d'un territoire sous emprise privée d'une pensée naturelle. Un film remarquable sur un peuple endormi dans des traditions ancestrales, favorisant dans un premier temps une politique spectacle presque divertissante, laissant sa place à une épuration sanguinaire.
  • THIS IS ENGLAND (2006)
    Peu spectaculaire et redondant, "This is England" s'avère décevant malgré une réelle bonne volonté de montrer correctement ces années Thatcher, donnant le prétexte à quelques éléments désœuvrés de ruer dans les brancards, sans développer une réelle matière contestataire. L’Angleterre sert bien souvent de loupe sociologique. Une récurrente chose en soi, montrant des sites dominés par des visages paresseux, aux frontières de la bestialité, dilués dans des décors épurés, abandonnés ou dévastés.L'initiation d'un adolescent, dont le père meurt dans un conflit mal compris, se révèle plus festive qu'agressive.Le cours de récupération étant beaucoup plus fourni en beuveries, violences gratuites et réflexions désenchantés, s'acharnant sur une faune étrangère, faisant certes peu d'efforts pour donner une image commune à une terre promise.Certains visages ont même l'audace d'offrir de l'attachement dans des tenues envoyant au diable toutes envies d'intégration.La vision cauchemardesque et hyper-violente d'une bande en rupture de société est occultée, pour ne montrer que quelques paumés bagués et tatoués, zonant les trois quart du temps dans des emplacements au bord de l'effondrement.Finalement ce sont les quelques images d’archives d'ouverture qui donnent le ton à cet opus agressif, mais privé d'étincelles explicatives sur un naufrage national, ne donnant naissance qu'à un discours extrémiste, c'est dommage.La version française est exécrable.
  • 300 (2006)
    Cette belle et sanglante chorégraphie en bord de mer étouffe par un visuel écrasant une parole sommaire. Rien de changé sous le soleil, il faut toujours s’agenouiller devant un illuminé s’apercevant que l’impact d’une lance le rend subitement humain.La sauvegarde de la patrie s’exprime en décibels presque inaudibles, la force physique est la contrepartie atténuante d'un élu passant continuellement sa vie au combat loin de la chaleur d'un foyer."300" est un roman graphique de souffre et d'airain. Une conception nouvelle donnant vie à des personnages à l’aspect humano virtuels, c’est l’esprit console sur fond bleu, saupoudré de "Gladiator" et du roi Arthur, dans une forteresse à l’air libre rappelant "Fort Alamo".Une fois encore le spectateur doit se plier à un choix qu’il n’a pas fait, le Perse est le méchant avec toute l'imagerie simpliste référentielle. Dans le camp adverse une sélection impitoyable envoie les plus faibles au pilon, ce qui équilibre une identique rudesse appropriées à ces époques interdites à la difformité.Les corps à corps sanglants sont d’une beauté pathétique, Léonidas, épée en mains, distribue merveilleusement la mort par des poses plastiques dignes d’être tracées par un pinceau dantesque et flamboyant, immortalisant ces plages infernales.Une machinerie microscopique devient presque invulnérable par la stratégie apprise en école, l’achèvement d’agonisants s’effectue dans un conversationnel presque routinier.Sparte est la symbolique d’un idéal menacé par une force martelant un sol qui par ses tremblements fait penser à tort au réveil de la terre. Dans ce contexte l’homme perturbe par ses pas un sol réagissant en fonction d’un pouvoir récupéré par l’hyper violence de bras et de jambes noyés dans un métal protecteur.La sauvegarde de Sparte, cité impitoyable de l’intérieur, attire contre elle ce que l’extérieur en perçoit, une similitude au verbe primitif s’exprimant par l’acier dans une nature sombre et convulsive.Un microcosme impitoyable sélectif défie la démesure de son propre concept.
  • COEURS (2006)
    De ravissantes pincées de neiges servent de fil rouge entre six tranches de vies en quête d’amour. Les manques et besoins sont forts, mais les psychologies tourmentées de chaque demandeur peinent devant ces paravents, ne faisant qu’entretenir une difficulté extrême de communiquer autre que par le puritanisme, l'ébriété et la confession.L’hiver est présent dans les rues et dans les cœurs. En quête de l’âme sœur chacun montre ses faiblesses dans un investissement maladroit et dispersé. L’apaisement ultime s’éloigne de tempéraments paresseux, coincés, brisés, imbibés de personnalités aux comportements corrects en surface, troubles en catimini, retenant à grand peine l’extériorisation d’un côté obscur.Ce mur incohérent, partageant une fenêtre en deux, montre admirablement l’énorme difficulté de réunir deux esprits en une seule lumière."Cœurs" n’est pas un film triste, malgré quelques aveux émouvants. Le rapport improbable de certains personnages s’avère même savoureux. L’œuvre est sobre, révélatrice d’un monde rongé par l’absence de comportements simples et surtout naturels.Elle dénonce le désastre d’une société ôtée de destinées fondamentales, éparpillée dans les artifices d’un monde colorée, mais sans substances directrices.Toutes ces indispositions et réticences condamnent une petite fourmilière perverse et indécise à une errance affective à long terme, entretenue par un besoin d’amour rapidement annihilé par le manque d'assurance, l'entretien d'un état négatif, la croyance outrancière et le débordement alcoolisé, ne faisant que luire l’individualisme de chacun et le besoin impératif de stagner par la plainte et la perversité embusquée.Un bon film sur la restauration plus que souhaitée de tempéraments ne voyant que l’amour est la luminosité de sa sédentarisation, à l’aide de la simplicité de ses directives.
  • LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA (2005)
    Attention tout le monde sous la moquette, Miranda arrive. La secrétaire en titre croule immédiatement sous la charge des consignes débitées de manière doublement chaloupées par le débit et la démarche d’une responsable au regard vague. Andréa, nouvelle recrue, se doit de lire entre les lignes d’un texte hiérarchique constamment remanié, les classes sont dures, plusieurs urgences sont programmées en une seconde, quinze minutes pour déjeuner, cellulite à bannir, courses folles dans Manhattan bien souvent inutiles, gestion à la volée de fourrures et de sacs à main projetés avec désinvolture sur les bureaux.Rituels à respecter lors de livraisons à domicile, être sur le pont vingt quatre heures sur vingt quatre, Miranda est au fond de votre poche galbée dans la dernière technologie de dépendance en circulation.Il faut penser mode, se munir artificiellement du concept même en exécutant des taches subalternes, se prendre en main, encaisser les remarques désobligeantes, rebondir par l’orgueil, se transformer pour enfin basculer laminée mais conquise dans un univers impitoyable : la soumission à l’enseigne et ceci jusqu'à épuisement.On ne travaille pas dans l’univers de la mode, on est la mode, il faut être à la hauteur vestimentairement parlant même si le salaire ne le permet pas, pour cela il est nécessaire de se laisser rabaisser en espérant des remords d’une personne déterminante ayant accès au stock de robes.A la réflexion, "Ma vie privée ne tient plus qu’à un fil", on entend "Parfait, c’est ce qui se passe quand on fait bien son travail".Le petit copain des années sandwiches est sacrifié, les tentations sont fortes à condition de ne voir que soi, on ne pense plus qu’au job, à L’extérieur de cette sphère, tout est approximatif.Certains reconnaîtront une journée standard de leur quotidien. Cette gentille petite comédie américaine atténue au maximum un sujet dramatique. Les Américains ne savent pas faire des films douloureux, ici tout est soft, plaisant sans conséquences ni vibrations. Néanmoins cette petite oeuvrette transporte dans ses soutes un véritable débat sur l’aliénation professionnelle où la pire des difficultés est d’être soi-même dans un monde ne permettant pas de se construire hors de l’enseigne.Si vous avez quelque chose à dire gardez le pour vous, si vous avez quelque chose à faire, faites le pour moi.Au départ la situation est simple "au job qui paie le loyer" trinquent ces jeunes, avant de pénétrer sur le ring de l’investissement corporel et cérébral, ceci pour toute une vie où il faudra apprendre à se soumettre, puis conquérir afin d'éviter d'être broyer, c’est la loi.A la contemplation d’Andréa libérée, Miranda, un instant éveillée, s’offre un sourire en reprenant sans trop tarder un visage de cire sur la route de l’autodestruction.
  • LA GUERRE DES MONDES (2005)
    Un apprentissage de père s’effectue dans la douleur. Il faut maîtriser les éléments déchaînés, éclore par la prise en charge des responsabilités, abandonner un Territoire égoïste, satisfaire les besoins naturels d’enfants revanchards privés de présence paternelle. Ray Ferrier, projeté soudainement dans la tourmente, se retrouve face à face avec ce planning à priori irréalisable.On ne peut que fuir devant cet effroyable scénario latent, activé selon un processus bien établi. La puissance du mal vient de la terre et s’acharne sur un sol où chacun doit conserver malgré sa peur un comportement digne.L’odyssée de Ray et de ses deux enfants est environnée dans un premier temps d’un conflit permanent, il faut reconstruire patiemment en temps réel un relationnel familial englouti, avec comme toile de fond un pays anéanti irrémédiablement par une force incontrôlable.Des rédemptions semblent s’offrir à certains personnages à la dérive, la brutalité destructrice de ses contemporains permet à Ray d’éviter par un comportement enfin responsable et raisonné, un retour à une condition primaire.Tout s’écroule, les cris et le visage halluciné de la petite Rachel donnent en miroir une projection angoissante de la perception cérébrale d’une enfant au contact d’images inconcevables pour son jeune âge.Steven Spielberg travaille énormément sur l’impact de l’évènement sur certaines minorités. E.T. en son temps montrait déjà la grosse fracture que représentait l’isolement et la dépendance qui en découlait.Rachel est certainement le baromètre de ce film, ce qu’elle ressent doit servir d’exemple et réglementer nos débordements.Un constat négatif punit par l'immensité du ciel peu respectueux d'un petit grain de sable torturé par ses outrances.
  • MARIE-ANTOINETTE (2005)
    Tout cela est ridicule, tout cela est Versailles. Marie-Antoinette, livrée clefs en main au sinistre royaume de France, fait ses adieux à ses premiers accompagnateurs existentiels, en distribuant de généreuses accolades à un nouvel environnement déconnecté des effusions.Millésimée en fonction du galbe de sa gorge, "l'Autrichienne" offre des sourires d'adolescentes à des regards austères et voyeuristes, se pâmant devant des premiers pas difficiles où parmi cette nouvelle réglementation des comportements, la flatterie due à une favorite fuyant l'agonie d'un roi, montre la détermination soumise d'une future reine de France.La cour est terne malgré la surdose de poudrage, les affinités ne peuvent surgir que de dames de compagnies, riant de visages décrépis, au seuil de la poussière, s'endormant lors de cérémonie.Les levers matinaux sont un protocole offrant un lit consumé par l'absence d'un futur roi préférant découvrir à la chasse les premiers rayons phoebusiens. La médisance est présente à tous les repas, les rouages politiques s'imposent à l'étude d'une féminité désintéressée, préférant offrir un naturel spontané lors d'une représentation lyrique.Une mère rappelle qu'une senteur offerte conforte une mission, pour cela il faut prendre l'initiative, le dauphin doit consommer cette blondeur pale au sourire éclatant venue du froid, visage d'une alliance apaisant pour quelques temps les appétits guerriers de deux géants européens.En attendant l'accomplissement du grand œuvre, la belle s'éveille, place à la fête et surtout à une dépense entretenant crescendo les décibels d'un peuple grondant. Le rouge des petits fours se déguste sur des fontaines de champagnes, le beau militaire croule sous l'œillade, la belle est dans la trappe où cernes, robes noires, courbette balconnée, torches et fourches affamées se profilent à l'horizon.Une juvénile euphorie de base se fane inexorablement devant la prolifération des interdits, le mal alimente de lui-même un jeune esprit par une matière non comprise, puis acceptée librement.L'apaisant rose dominateur dissimule le trépas à court terme, Marie-Antoinette en se révoltant contre l'indifférence d'un lourd protocole codifié, attise une finalité récurrente, depuis la nuit des temps : la fuite devant le mort de faim.Sans être outrageusement grisé par ce parcours historique connu de nous tous, on peut néanmoins lui attribuer l'éloge d'une bonne maîtrise, la lutte existentielle en milieu trouble nihilise blocages et scrupules, offrant l'éclosion d'un visage épanouie dans des comportements choisis.Marie-Antoinette adopte des identités modulables en fonction d'un ressenti, femme et mère fusionnent dans des lits ou en pleine nature, en attendant les inconforts de la Conciergerie.
  • SHEITAN (2005)
    Vincent Cassel n’est-il pas, sans le savoir, dans "Sheitan", une réincarnation tatouée et ébouriffée, beaucoup plus agressive, du père Jules, incarné par Michel Simon, dans "l’Atalante" de Jean Vigo. Ce grand guignol, au fil du rasoir ou à la manière des chimpanzés, tout peut déraper en une fraction de seconde, n’est pas déplaisant si l’on accepte le concept évolutif auquel le cinéma doit faire face.Les images sont délirantes, stéréotypées, parfois drôles. Ce quart-monde sans directives transpire dans un contexte primitif.Il est impératif de garder sa lucidité devant toutes ces extravagances, amusons-nous de ce troupeau au cérébral désarticulé, évoluant dans un sous-monde élémentaire, à la frontière du ridicule.L’homme descend bien du singe, il le prouve ici par une foire du geste vociférant entre mâles, afin de s’approprier les femelles en chaleur.Cette jeunesse entartrée n’obéit qu’à une seule règle, la défonce sanglante, un petit clin d’œil malsain à "Scream" qui déjà donnait naissance à de nouvelles règles de vie à des adolescents refusant une ligne de conduite exemplaire, ne rapportant pratiquement plus de lauriers."Sheitan" est l’état des lieux d’un esprit collectif misérabiliste, en pleine déconfiture. Depuis "La haine" premier signal d’alarme, la régression s’est encore accentuée. C'est la décomposition de l'intellect par le bas.La bête dévore l’homme est en fait un concept de survie instinctive, privé de raison, la parole s’estompe et devient de plus en plus inaudible.Le visage de Joseph n’est plus qu’un loup aux crocs menaçants.
  • KING KONG (2005)
    A travers la perception des trois versions de King Kong, il est indéniable de constater qu'il s'est passé quelque chose. Anne Darrow (Fay Wray) est le calque d'une héroïne ancrée dans les normes d'un nationalisme bien pensant. Malgré la crise, les esprits sont positionnés dans des règles strictes, relationnelles, un visage blême, des cris stridents et une parole close sont les portes paroles de la sélection. En ces temps, il n'y a aucun moyen de communiquer avec ce qui est différent. King Kong effraie, il est la perception sensible, malgré son isolement d'un tiers-monde gigantesque aux mêmes exigences universelles : S s'intégrer par la puissance de sentiments offerts et demandés. La sanction en ces années 30 est irrévocable, c'est impossible et on le paie cher. A travers l'élimination de la bête c'est le constat d'une société. Dwan (Jessica Lang) parachutée en pleine crise pétrolière, est plus sensible, moins effrayée, elle ébauche quelques phrases du genre "Nous deux ça, peut pas coller" ce qui la rend enfin opérationnelle dans la diction, sans cris inlassablement poussés, elle a la perception d'un animal, certes hors du commun, mais pouvant être managé. La belle et la bête communiquent enfin. La nouvelle Anne Darrow, version 2005, (Naomi Watts) prend sérieusement les choses en main, après un cri inévitable poussé à la première vision du singe, elle s'adapte, fait valoir ses droits au respect, s'imprègne peu à peu d'une protection indispensable en ces lieux surdimensionnés, Kong sombre vaincu par l'autorité d'une voix et le galbe d'un joli corps qui jongle, un regard soutenu achève enfin la bête qui devient comme morte. Une énorme main tendue soumet la belle, qui vaincue par ses sens, prononce des mots dictés par le réconfort d'une sécurité domptée : c'est merveilleux. Les trois versions sont évolutives et complémentaires. Kong fait référence chaque fois à ces arguments premiers de singe amoureux, c'est la belle qui se métamorphose, elle va vers Kong, le touche, s'endort dans ses bras sans aucune peur, l'idylle avec Jack Driscoll devient pâle et secondaire, celui-ci s'avérant limité par sa position de bipède cloué au sol. Kong, par ses possibilités naturelles, offre le vertige des hauteurs crépusculaires à une belle conquise par ces visions nouvelles. La belle ressent, vit pleinement le moment qui passe, Kong est un nouveau paragraphe inséré dans un relationnel amoureux. Dans cette jungle meurtrière les règles de puissances sont inversées, la protection, c'est la bête, qui percevant enfin l'intérêt de l'autre, devient corvéable pour l'éternité.
  • MATCH POINT (2005)
    "N’être jamais venu au monde est peut-être le plus grand des bienfaits". Dans certaines circonstances, l’existence n’est conditionnée que par le hasard, il suffit d’avoir de la chance et de survivre, en camouflant à perpétuité un sentiment de culpabilité.Chloé est fine, douce, protectrice, attentionnée. Formatée pour le mariage et la descendance, elle se révèle rapidement ennuyeuse, trop conventionnelle dans une vie toute tracée où le futur conjoint se capture, se façonne, puis se conserve en bouteille, dans des voitures de fonction, des bureaux spacieux et des notes de frais illimitées.Un cocon perpétuel dans une prison dorée, sous dépendance patriarcale.Nola est hors norme, libre, attirante, indécise. L’autre côté d’une voie royale gérée par l’ennui. Son instabilité professionnelle attise une envie d’aguicher, de mettre à l’épreuve, un regard attisé, déconnecté d’une procédure de fidélité.Adepte de jeux pervers, elle se donne sous la pluie ou en lieu clos, en sacrifiant des dessous offerts au plaisir.Les méfaits d’une superficialité, maitresse incontestée d’une terre aisée, sont contrecarrés par un besoin de vivre les hasards du lendemain, en lâchant ses sens en liberté.Un esprit ouvert à l’expérience charnelle contre un autre, obnubilé par la grossesse. Les jeux de l’amour en conflit avec un mécanisme de vie sans surprises. La sécurité du domaine contre l’extase du moment.La vieille Albion, étriquée par les principes, se retrouve ébouriffée par un oncle Sam aux mœurs instables et grivois. La conception d’un enfant passe par la passion, loin d’un projet de fécondité.Dans un premier temps la peur du lendemain excite plus qu’une sécurité à temps complet. Un éternel conflit entre l’amour traditionnel et un manque de volupté, qu’il faut conquérir sur d’autres terres.Woody Allen sort enfin de ses épuisantes rafales de discussions monocordes, en positionnant de nouvelles valeurs, dans une filmographie bien souvent répétitive."Match point" est un film surprenant, captivant de bout en bout, métaphysique dans ses dernières images.Une intrigue conventionnelle dévoile un opus sombre, montrant la montée en puissance de toute la machinerie d’un processus passionnel amoureux, menant les principaux protagonistes vers la dépendance, l’hystérie et l’aliénation.Le dilemme majeur, entre la lâcheté d’un amant ayant besoin d’assouvir un besoin de luxure, tout en sauvegardant sa sécurité matérielle.Beau travail, bravo.
  • THE ISLAND (2005)
    Il y a un parallélisme entre "The island" et "L’âge de cristal". Les deux opus débutent par une partie sédentaire, lumineuse, presque rassurante, dans un faux cocon souterrain, clamant une propagande uniquement basée sur l’acceptation de doctrines, qu’un processus de contestation interne inexistant, ne peut contester. La découverte d’un extérieur ultra moderne pour l’un, en ruines pour l’autre, assure le réveil et la formation d’esprits émerveillés par de nouvelles sensations. Au pas, dans "L’âge de cristal", à fond les manettes, dans "The Island" un monde inconnu se traverse dans des technologies inertes ou surdimensionnées.A quelques encablures d’un remake, "The island" se plie aux contraintes d’un enchaînement vif d’images, que l’œil par moments peine à suivre, tout en étant sensibilisé par des performances techniques d’un cinéma hyper-réaliste, dans la maîtrise d’un avenir uniquement numérique.Ces tours, traversées par des transports en commun surélevés, sont d’un réalisme stupéfiant. On signerait presque pour se promener quelques instants dans cette virtualité, un peu trop ballotée par des trombes de cascades, habillant l’œuvre dans sa partie urbaine de concepts standards."The island", gros calibre passionnant de bout en bout, recadre des mortels ne désirant que survivre et non vivre dans un environnement de pièces détachées où un manque philosophique se noie dans un épicurisme matériel, maintenu dans le temps par l’entretien d’un organisme fragile, rongé par le plaisir.Deux vertueux découvrent, dans une initiation brutale, l’antinomie de leurs propres images. Un cerveau, préalablement vide, puise dans la négation des autres, la conscience d’un état et la force de se révolter.
  • LE NOUVEAU MONDE (2005)
    "Pourquoi la terre a des couleurs?" Une intrigue sentimentale faussement maigrelette dans une suite d'images magnifiques, inondant des personnages un peu statiques d'une lumière céleste. L'ensemble, tout en étant bien souvent parsemé de longueurs éprouvantes détient malgré tout une poésie nonchalante presque féerique, dont la valeur sera certainement un jour mondialement reconnue. Une nouvelle manière de filmer sobrement la découverte d'un autre monde, par de nouvelles perceptions fécondées au contact d'une nature flamboyante. Un retour aux origines passionnelles et guerrières, sur des terres dominées par la violence et l'émotion, avec en primes de nombreuses interrogations sur le sens de la vie, les yeux rivés vers le ciel. Quelque chose de profond et de récupérateur, investissant un périple fastidieux, dont il faut supporter la lenteur. Association mystique et gratifiante entre le ciel et la terre, dont on ressent intensément le partenariat sans pour autant en définir la véritable profondeur. Ceci grâce à la découverte de l'autre et de sa manière d'être sur des terres inconnues dont les incomparables splendeurs renforcent encore davantage par leurs diversités le besoin naturel de fusionner leurs différences.
  • V POUR VENDETTA (2005)
    Le pouvoir absolu est la relation éternelle entre le poison et le contrepoison. Le seul moyen d’en venir à bout est un idéal sans visage, survivant intemporel de tous ces sacrifiés morts sur le terrain d'un renouveau hypothétique, tout le long d'une l’histoire dominée par le culte et la soumission. L’Angleterre déjà largement éprouvée par la prose de Georges Orwell redevient le champ de bataille d’un immense complot dont la finalité est le chaos. Dernier cas de figure non testé de toute une liste de pouvoirs politiques passant et repassant sans essaimer grand chose. L'ultime concept ne peut être qu’explosif. Une radicale remise à niveau effectuée dans le sang par un Edmond Dantès des temps modernes, définition de la nécessité que représente une solution finale au service de la liberté. Ce cocktail humain de terrorisme et de justice exécute une refonte complète, en instaurant une nouvelle procédure de lutte contre le totalitarisme. L'embrasement et la destruction d'un concept en vrille plusieurs fois millénaire.Le seul moyen d'en finir avec tant de siècles de dominances et de mensonges politiques qu'il faut éradiquer dans un immense brasier rédempteur. V n’est plus qu’un Robocop déchaîné, une machine à tuer, n’ayant plus de leçons morales en magasin. Son masque devient le symbole d'un immense troupeau en marche que rien ne peut stopper. L'avenir se dessine dans une lumineuse partition musicale, une supernova régénératrice pleine d'espoir malgré sa monstruosité. Un état flamboyant consommant tous ses travers en révélant dans la férocité de ses braises un monde nouveau.
  • HOLY LOLA (2004)
    "Le Vietnamien mange le riz, le Laotien l'écoute pousser, le Cambodgien le regarde pousser". Malgré quelques essoufflements "Holy Lola" reste une approche remarquable sur le véritable chemin de croix enduré par un couple parachuté dans une quatrième dimension enracinée dans des concepts entretenus par l'héritage d'une histoire tragique, d'une misère tenace et d'une corruption indélébile."Holy Lola" ne manque d'ennui, ceci n’empêche pas d'être indulgent devant ses baisses de régimes, en se recadrant sur l'aspect documentaire d'un pays dont les mœurs déroutantes sont subordonnées à une surpopulation gigantesque, n'arrivant pas à extraire ses individualités.La traversée des rues s'avèrent pratiquement impossible. La détermination et l'endurance de Géraldine et Pierre se retrouvent bien souvent effritées devant les aspects d'un pays fonctionnant à l'accumulation de la paperasse administrative que seules des enveloppes conséquentes peuvent diminuer.Bertrand Tavernier ne condamne pas, il filme une différence celle d'un pays lointain contraint de conserver un premier degré extrêmement réaliste, outrageusement procédurier, dans une survie quotidienne privée de fantaisie.Deux regards neufs, dans un premier temps anéantis devant tant d'obstacles, se rapprochent davantage, deviennent performants et combattifs en considérant leur quête comme un double challenge.Un immense bonheur acquis dans la persévérance d'être père et mère, en offrant une perspective d'avenir à un enfant sur d'autres terres.
  • THE MACHINIST (2004)
    Déprimant presque poignant, "the machinist" déploie ses couleurs délavées dans un climat désolé, réduisant un esprit sans sommeil à la traversée d'un monde cauchemardesque, où tout n'est qu'apparitions aussi soudaines qu'inexplicables. Une suite d'évènements douloureux, déversés sur une architecture squelettique à bout de souffle, balloté sur une route nauséabonde, par un réel incertain.Un opus de qualité à condition d'en accepter son continuel climat décrépi.
  • B13 - BANLIEUE 13 (2004)
    Pas de panique devant ces images beaucoup plus farfelues qu'inquiétantes, fournissant une tonne de visages banlieusards felliniens, hors du commun, aux corps musclés ou déformés, caricaturés à l'extrême sur un site à l'agonie. Un ramassis de clichés effrayants ou amusants selon son ressenti, frôlant l'overdose chers à deux duettistes Pierre Morel et Luc Besson, adeptes du sport extrême et de la baston délinquante hautement caricaturée."Banlieue 13" n'en demeure pas moins un schéma bondissant, denrée bien absente de notre production actuelle, endormie dans ses états d'âmes.A voir pour s'apercevoir avec bonheur que le cinéma français possède encore du nerf.
  • TROIE (2004)
    "Tu es venu ici pour que ton nom traverse les siècles". Cette phrase destinée à Achille centralise un moment dans une éternité. Un nombre considérable de vies à prendre dans un chant guerrier sanguinaire, afin de traverser l’histoire comme un mythe.A quoi bon vivre cinquante ans, quand sa propre quête est atteinte par une force destructrice démontrée à la seconde, qu’il suffit de répéter à profusion sur tous les champs de bataille.Le très beau poème d’Homère voit sa lecture difficile atténuée par de très belles images tissant la toile globale de nos comportements. Amour, bravoure et arrivisme trouvent domicile dans des corps gigantesques, ferraillant comme des bêtes sous un ciel d’azur.Pâris est plus performant en combat éloigné, certains adversaires mal évalués déclenchent l’assistance d’un frère, laissant parler son cœur plutôt qu’un abandon à la fureur d'un corps aussi élevé qu'une montagne.Les destins tragiques sont presque implorés, les bras d’Achille se lassent de distribuer la mort, le rapt d’Hélène est l’oméga lointain d’un paroxysme montrant le visage de Priam le visage flétri par tant de luttes anéanti par la vision de sa ville en flammes.Dans la forteresse éventrée, le crépuscule d’une délivrance frappe l’endroit d’un corps atypique et offre enfin la fin des combats à un esprit en crise avec son parcours.La détermination d’une voix, sous les remparts d’une ville assiégée, appelant son double au combat, rapproché au rang de frères une machine à tuer et un protecteur.Un roi pour rester roi doit se soumettre à un autre roi, la sagesse et l’ingéniosité d’Ulysse dépose quelques temps les épées au fourreau, le cheval de Troie dévoile dans cette boucherie que l’homme peut encore démontrer la performance d’une stratégie par l’habileté d’une pensée.Troie est majestueuse par la tolérance de ses chefs, Hector est affectueux envers un frère amoureux, mais aux coups d’épées désordonnées, Priam est pathétique en baisant les mains d’un meurtrier à l’image de ses propres conceptions sur la thématique du conflit perpétuel ôtant la vie à des proches formés par des modèles détruits moralement par le sacrifice de leurs élèves.Hélène, pourtant instigatrice des combats, est acceptée affectueusement dans la forteresse d’ailleurs à quoi bon la rejeter, l’époque n’est qu’à la guerre, preuve en est ces archers d’or, positionnés vers la mer, horizon de tous les dangers.Les Grecs sont négatifs, assoiffés de conquêtes, bavant sous les remparts d’un site prospère. L’estime va à l’assiégé, qui malgré la détermination impitoyable d’en découdre, possède un cœur et un geste caressant envers les siens.
  • LA PASSION DU CHRIST (2004)
    Devant la vision d’un tel film on ne peut s’empêcher de le rapprocher de ce dominant installé confortablement dans nos vies depuis une bonne décennie, rythmant nos pulsions du matin au soir, par "l’attrait" d’un voyeurisme encore sous contrôle, mais pour combien de temps. Le futur look internet, transposé sur écran large, se déchaîne pendant plus de deux heures. Un cobaye consentant est matraqué, flagellé, mis en croix dans des conditions très proches de l’exécution d’un otage sur la toile, sauf que le pauvre malheureux, filmé en temps réel par ses bourreaux, n’a pas choisi un tel scénario, quoique...La personnalité du Christ se transforme d’œuvre en œuvre, en s’adaptant à l’actualité et aux technologies. Le pauvre en prend et en redemande. De la pure boucherie jouissive et hors de prix, filmée par un professionnel plus journaliste que cinéaste, stressant en permanence un plateau perdant sa connexion avec une virtualité.Les évangiles, au même titre que différentes traductions offertes à des œuvres classiques, sont triturés, pour n’offrir en définitive qu’un J.T de vingt heures au look irakien.Jésus devient le porte-parole du sacrifié sautant sur un marché, torturé en détention, harcelé moralement dans son entreprise ou candidat d'un jeu télévisé débile japonais.La croix en ces temps incertains est l’idéologie de nombre de nos concitoyens sans repères, récupérés, drainés en salles obscures par ce produit déprimant, n’alimentant qu’une fausse fatalité, pouvant se transformer en haine d’une seconde à l’autre.L’étude de Jésus est avant toute chose théologique, n’excluant pas l’apport d’un travail cinématographique soigné, et surtout épargné de tout contexte récupérateur.Ce cheminement de plus en plus effrayant vers la croix ressemble à un live CNN, n'excluant pas forcément la fidélité d'un réalisateur envers ses convictions religieuses.Mel Gibson se sert uniquement et commercialement de l'impact de son temps sur ses contemporains.Les plus anciens suivent le logo de "Golgotha" à "La passion du Chris"t en passant par "La tunique", "Ben-Hur", "Le roi des rois", "Barrabas", "Jésus de Montréal" et "La dernière tentation du Christ".Une enseigne relookée au fil des opus, récupérée ces derniers temps par des hommes avides de profits, détruisant un esprit respecté par un septième art défunt.Après deux conflits mondiaux, un homme roué de coups en permanence, ne s’exprime pratiquement plus.Ou est donc passé le message religieux distribué principalement par la voix?Jésus devient au début de ce XXI siècle une dégénérescence humaine, non assumée par un esprit manipulateur, préférant l’offrir à un personnage scénarisé plus corporel que verbal dont la résurrection ressemble de plus en plus à une peau de chagrin.
  • LE VILLAGE (2003)
    Ce village replié sur lui-même, entretenant ses peurs ancestrales, refuse inconsciemment une réalité anachronique, située à quelques kilomètres, les arbres sont dénudés, les ocres sont dominateurs et foulent en cette saison automnale un sol incertain. La luminosité restreinte de cette faune à double visage augmente le sentiment de peur d’une population en sursis. La nature au seuil de l’hiver réveille un processus faussement endormi.Les premières zones boisées sont dangereuses, des branches squelettiques s’agitent aux premiers pas de l’homme irrespectueux d’une frontière à ne pas franchir. Des fruits inconnus adoptent une couleur sang.A l’extérieur de cette menace constante, des avenirs se construisent, des cœurs se promettent une vie à deux éternelle et s’unissent dans des cérémonies aux danses perturbées par des cris lointains.A la nuit tombée, un voile s’empare des étendues, des ombres écarlates sans visages précipitent les villageois dans les trappes. Une jeune fille aux yeux éteints montre un courage menacé par l'inconnu, mais nécessaire à la continuité d’un amour en traversant ses clairs obscurs terrifiants.La protection est à l’intérieur d’un cercle virtuel, au loin les premières ombres de la forêt sont angoissantes, pire même attirantes, malgré le danger d’y pénétrer."Le Village" est une œuvre d’atmosphère magistrale, extrêmement soignée, amputée au maximum de scènes d’horreur, n’ayant rien à faire dans une telle sobriété, l’esthétisme est parfait. La lenteur est exemplaire, l’oppression est partout, le moindre bruit est dévastateur.Night Shyamalan innove en montrant un périmètre ouvert, mais oppressant. La clarté n’est pas protectrice, le danger se montre et se dissimule en pleine lumière. Les effets sont simples, rapides, efficaces, imprévisibles.C’est quand il ne se passe rien que la peur est la plus forte, se sentant épié un visage effrayé se retourne et derrière il n’y a personne, voilà la force, le danger tout en étant présent est invisible ou positionné ailleurs, dans un paysage à fuir à grandes enjambées.Ivy est pathétique, talonnée par une créature parfois de profil et à l’arrêt, à l’image de l’impassibilité des arbres, elle assure malgré son handicap et aux limites de l’effroi, une progression soutenue en compagnie de frissonnements sonores qu’il faut impérativement situer.On ne peut dissocier "Le village" de "Signes" opus précédent du maître où il fallait déjà, dans un climat plus ou moins compréhensible, garder la foi, afin de d’éradiquer une démence externe.
  • GOOD BYE LENIN ! (2003)
    Alex Kerner est un bon fils, parachuté sur terre dans un contexte collectiviste, il ne fait pas le procès d'un régime côtoyé depuis sa naissance, pour lui il n’existe rien d’autres que son quotidien. Christiane, sa maman, fervente socialiste, tout en étant positionnée de son plein gré dans cette société communautaire, en reconnaît certaines faiblesses.Cependant la propagande ingurgitée quotidiennement électrise cette femme, ses motivations sont sincères, elle croit vraiment aux bienfaits de ce régime.La transformation soudaine et radicale de la RDA, permettant l’installation des Burger Kings et des logos Coca Cola, est dérangeante pour certains esprits, ayant basculé sans souffrances particulières dans l'idéologie du partage.L’allégresse populaire devant ces chambardements, effondrant 45 ans de l’identité d’un pays, entame un enthousiasme retombant rapidement.Quelle tristesse de voir Ariane serveuse mécanisée dans un fast food, remercier les clients d’avoir choisi la restauration rapide comme symbole alimentaire.La dignité humaine est à ce prix. Ne jamais verser sans avoir activé les rouages de sa raison. Il faut parfois s'abstenir de hurler avec les loups.Le regard d’une mère, effrayée par cette déferlante d’approches nouvelles économiques courant à court terme, est représentatif d’un esprit loyal envers un pays dont la masse se berçant d’illusions, bascule dans cette fausse lumière nommée abondance, ne faisant le bonheur que de quelques privilégiés.Le démantèlement du buste de Lénine est peut-être un boomerang, une erreur pour un pays se débarrassant pratiquement du jour au lendemain de ses institutions idéologiques.La coupe du monde de football de 1990 remportée par l’Allemagne réunifiée, brise les systèmes de défense des derniers réticents au changement. Les meubles et la voiture du voisin ne sont plus à l'image de ce que l'on possède, un clone stabilisant démesures et convoitises.Le symbolisme de la réussite collective d’un pays par l’envoi dans l’espace d’un Allemand de l’est, s’effondre au profit de la mal-bouffe et des compagnies pétrolières."Good bye Lenin" est une étude de réflexion sur la manière d’entretenir un équilibre, un respect envers un régime, de toujours accepté par la population et un attrait non contrôlé vers l’ouest, orgasme temporaire montrant rapidement ses faiblesses.Tout ce chamboulement imposé permet à une faune solidaire de se mettre en place, en maintenant une militante sincère dans ses principes de bases.Les faux journaux télévisés sont savoureux de nostalgie. Les chants patriotiques entamés par les purs et durs du régime, au chevet de la maman d'Alex sont désopilants dans ce contexte de nouveauté.L’interview du chauffeur de taxi, sosie du cosmonaute, est pathétique.Par les miracles de la technique et l’ingéniosité d’un faux journaliste, la RDA défunte, reprend des couleurs.Une idée géniale d’Alex offrira un départ heureux et reposé à cette Mère Courage qui n'a jamais déviée de ses convictions premières.
  • 21 GRAMMES (2003)
    "21 Grammes" est un film décousu. Une suite d'images désespérantes et cassées. Ceci n’empêche pas de s'adapter à sa déstructure, en focalisant son attention sur ces visages aux traits tirés, à la dérive ou en rédemption, intégrés dans des environnements crasseux et délavés, habitats de leurs interrogations et de leurs déprimes.Alejandro Gonzalez Inarritu filme une brochette d'écorchés vifs, usés, les yeux cernés par l'autodestruction.Manipulés par leurs illuminations internes, certains balourds et hirsutes, à des années lumières de la savonnette, se réfugient dans la foi, faisant d'un absent auréolé par la thèse, la sauvegarde d'un monde ingérable par ses diversités.Jésus et la drogue ne semble ici qu'une échappatoire thématique, afin de se donner une constance, dans un monde refusé par des marginaux, récupérés par le discours religieux, la ligne ou la tristesse à temps complet.Les sites et les situations déplorables rencontrées ont la particularité de désintégrer des faciès anéantis de leurs vivants par trop d'épreuves.Chaque protagoniste, en relation avec son abattement ou sa fureur, épure son décor de toute luminosité."21 grammes" est un puzzle pathétique, dans une symphonie désespérée, exécutée par des visages bruts, exclus de l'abondance, trouvant dans la haine et le désespoir la force d'exister.
  • LOST IN TRANSLATION (2003)
    Traits tirés, bâillements et œil glauque se maintiennent éveillés en contemplant la luminosité artificielle d’un hôtel de luxe croulant sous les courbettes et les canaux télévisés, propres à une terre inconnue où les repères yankees sont portés disparus. A l’extérieur tout est différent, chaque secteur répond à ses concepts propres. De la main verte aux jeux vidéo, sans contourner l’inévitable karaoké, tout n’est qu’un bric-à-brac de combinaisons, maintenant une terre déjantée, dans une transaction étonnante, menacée à chaque instant par un potentiel tremblement de terre, rendant ces lieux complètement sous l’emprise d’une extravagance surdimensionnée.Vue d’en haut, tout devient acceptable presque beau, la ville se laisse contempler en masquant ses aberrations humaines sous des buildings grisâtres, que l’on scrute en demi cercle dans l’espoir de néantiser son ennui par un intérêt visuel.Ce climat déprimant pour un non initié est porteur d'humour et de sensibilité, dans un écoulement temporel minuté par la tendresse d’un amour amitié, entre deux êtres se connectant brillamment, presque naturellement, par l’intermédiaire des sentiments, dans une mégapole rigide et libérée, ensevelie par les lumières.Deux générations constituées d’assurances et de doutes communiquent par des procédures sensitives, mises au monde par l’éloignement. Un choc des cultures effarant, dans un pays survolté, anime le besoin de se connaître sur un sol de références technologiques comprimé par des traditions tenaces."Lost in Translation" est l’œuvre que l’on espérait plus. Une magnifique alchimie entre ce qui se construit et ce qui décline, ce qui charme et ce qui se retient de succomber.Une œuvre sensible, sur ce que l’on ne voit plus dans le septième art depuis bien longtemps, un nectar platonique merveilleux nommé solitude, rencontre, communication, séparation dans le plus improbable des endroits, filmé de manière remarquable par une réalisatrice maître à bord.Scarlett Johansson et Bill Murray sont extraordinaires, dans une sensibilité presque pure, mêlée d’un érotisme uniquement contemplatif, donnant la vie à un nouveau concept à peine imaginable. Une passion inassouvie sexuellement conclue dans un processus émotionnel méritant une statue.Tokio, l'inclassable, est bénéfique. A New-York, ces deux là ne se serait jamais aperçus.Le sexe, chaînon manquant, de cette courte rencontre, est balayé par une étreinte finale bien plus forte. Un souvenir impérissable, une volonté de respecter l’autre, malgré le désir de conclure.
  • LA JEUNE FILLE À LA PERLE (2003)
    L’éveil d’un esprit dans une demeure austère, cernée par les grands froids et les lessives éreintantes s’anime soudainement devant les ocres et les bleus, qu’un peintre en manque d’inspiration dévoile devant une ressource corvéable ne faisant que servir du matin au soir. Deux êtres désœuvrés se rapprochent, communiquent et ressentent, préservés durant des heures précieuses et constructives d’un monde triste ou il l'on ne fait que grelotter, se reproduire ou frotter les sols. Les doigts s’effleurent, les visages se décrispent, la lumière capturée par la lentille divulgue une nouvelle palette rafraichissant l’étoffe émotionnelle d’un esprit apathique, diminuée quotidiennement par des taches longues et harassantes. Par les délices des couleurs et des vernis, deux personnages s’interceptent le temps d'un partenariat sensitif en offrant à la postérité une œuvre saisissante et pathétique traversant des siècles de lumières et de cendres. Le visage de Griet éblouissant de pâleur se teinte d’une rosée affective et reconnaissante devant la découverte d’un nouveau monde synonyme de conscience, révélant à un visage revitalisé une émotion intense dans un contexte dominé en permanence par le labeur, le silence et l’ennui.
  • PHONE GAME (2002)
    Il était grand temps que la providence se manifeste envers Stu Schepard, jeune attaché de presse prétentieux, manipulant son portable avec arrogance dans les rues d’une ville surdimensionnée. L’assurance s’échappe peu à peu de ce mari infidèle, manipulé par une voix déterminée, surgie de nulle part, capturée par instinct à l’intérieur d’une cabine téléphonique, devenant un véritable confessionnal où ses péchés sont extirpés au forceps.Stu devient une marionnette vomissant dérives sur dérives, un esprit nauséabond vidée par la contrainte du repentir, agrémenté d’un pouvoir de manipulation n’étant pas ordinairement le sien.Une faune tout azimuts s’agglutine autour de cette minuscule superficie où un homme se reconstruit sur trois mètres carré, le braqueur reste indécelable, embusqué derrière une de ces innombrables fenêtres que la caméra balaie avec insistance.Toutes les composantes de la société montrent leurs limites, des femmes de plaisir au procédurier policier, tout se dévore de l’intérieur.On peut reprocher à "Phone Game" un coté un peu naïf, ce cobaye pris au filet semble un exemple bien basique.Cette transpiration globale de tous les intervenants parait déséquilibrée en comparaison de l’insignifiance de ce personnage et de sa psychologie emblème de nos sociétés.C’est un peu la limite d’un cinéma outre-atlantique, se positionnant bien souvent sur une âme d’adolescent à qui ce film semble plutôt destiné.La voix se délecte dans la destruction et la reconstruction simultanée sur fond de caméscopes prêts à filmer la bavure policière, une technologie de communication récupérée uniquement par l’évènement, montrent ses faiblesses.Un anonyme se repend sur la voie publique, voilà un bon sujet pour un futur projet de talk show.En outrepassant son approche un peu trop scolaire, "Phone Game" reste une œuvre intéressante, mettant en lumière un concept nous fascinant tous, le huis clos, le montage est nerveux, il dynamise ce petit périmètre que l’ennui ne s’accapare pas.Cette voix, tout en étant déconnectée de Stu, semble être sa propre conscience sortie de son seuil de tolérance et lui demandant réparation pour tous les écarts commis.
  • SIGNES (2002)
    Ce film mérite réflexion. Est-il une habile composition masquant un manque de moyen flagrant ? De ce fait, représente-t-il l’ingéniosité artistique de manipuler, avec des bouts de ficelles, nos peurs ancestrales, tel que le battement frénétique d’une poignée de porte, par une main improbable, surgie de nulle part ou bien est-ce l’éclosion d’un lancinant cinéma fantastique nouveau, renvoyant l’être humain à ses angoisses d’enfant ?Plusieurs éléments domestiques, l’écran de télévision, par exemple, servent à véhiculer de réels moments de peurs. Night Shyamalan, heureux papa du "Sixième sens", donne de belles parures à la sobriété d’un traitement dépouillé.Le résultat de ce huis-clos est impressionnant. Les extra-terrestres semblent être la gangrène cérébrale des Américains, un état d’esprit terrorisé par ces petits hommes verts, concept éternellement arlésien des temps modernes."Signes" est un film concept haletant et paradoxal. Finie la débauche d’images à la "Moulin rouge". Ici tout est calme, progressif, pesant.L’atmosphère du film l’emporte sur un scénario s’épuisant en progressant, ce qui ne dénature pas l’identité première de cette œuvre nécessitant un regard attentionné, sur des visages perturbés par un évènement surnaturel.La conclusion tant attendue semble terne et inaboutie, elle estompe brutalement certaines de nos espérances en laissant derrière elle de nombreuses interrogations.Il est préférable de reporter son attention sur cette famille minée par la peur, suite à son environnement soudainement bousculée par l’irrationnel.Cloîtrés par des procédures ancestrales de protection (volets et portes fermées), ce père ayant perdu la foi, son frère et ses deux enfants se mettent intérieurement, encore plus en péril, en déclenchant une détermination externe qu’ils subissent en retour par une angoisse ingérable, accentuée suite à leur cloisement.Les éléments extérieurs se déchaînent contre une tour d'ivoire, qui refuse de communiquer.Les enfants bien souvent perçoivent des mondes parallèles nous échappant, leurs présences dans "Signes" est indispensable, le concept d’angoisse leur appartient. Ce sont eux qui souffrent devant ce qu’ils ne comprennent plus.Un extérieur devient subitement incompris. Le champ de maïs frissonne en pleine nuit, l’homme tente de se rassurer par des paroles incertaines, accuse ses semblables de le persécuter, puis à bout d’arguments, s’enfuit devant cette nature subitement insoumise, pour se terrer à l’intérieur d’une forteresse oppressante, sa propre terreur."Signes" possède une seule et même porte, assumant une double fonction, une oppression externe de l'irrationalité perçue comme ennemie par l'homme, devenant à son tour oppressé, par ses démons intérieurs, tout en essayant de mener en parallèle la reconquête d'une foi perdue.
  • GANGS OF NEW YORK (2002)
    "La guerre était déjà là, elle nous attendait". Fresque sanglante sur un minestrone en pleine contorsion territoriale "Gangs of New York" se révulse dans la douleur d’une cour des miracles surréaliste où chaque débarqué sème les graines de son territoire délaissé. L’irlandais déplace sa guerre urbaine sur un autre continent. L’Asiatique entretient un accoutrement, une fonction et une musique, alimentant la haine d’un Américain raciste, juste capable d’envoyer les siens à la boucherie. Les différents maillons de cette chaîne de survie n’ont qu’une seule couleur commune, un rouge vif sur fond blanc, environné d’un endoctrinement politique et raciste incessant. Une ville témoin, en surcapacité barbare, offre la configuration d’une nation où différentes pièces rapportées livrent sur un nouveau site leurs combinaisons ancestrales : jeux, vols, meurtres, violences, le tout sous l’étoffe du prêtre, du maire ou du boucher, chacun ayant pour point commun la conquête basique des âmes et du territoire. Cette faune urbaine, remarquablement filmée dans des situations parfois ubuesques, se lâche dans des tourments de survies, de trahisons ou de vengeances que la configuration de lieux convulsionnés ne fait qu’entretenir. L’Américain se construit en rejetant ce qui vient de l’océan, se servant comme prétexte de la valeur d’une culture elle-même débarquée en son temps. Il n’y a aucun repère dans ses messages délivrés par un dominant hyper violent, imprévisible, conforté par une cour soumise, lâche, en manque d’envergure, constamment prête à trahir. "Gangs of New-York" est la genèse apocalyptique d’une ville en manque totale de définition commune. Une flaque bestiale d’excréments humains en rupture, managée par la division, l’extravagance vestimentaire, la folie soudaine des comportements et la propagande guerrière qui ne trouvent qu’un seul terrain d’entente : l’émeute.
  • DARK WATER (2002)
    Inutile de se morfondre en attendant désespérément quelques hypothétiques scènes de terreurs dans un climat soporifique à l'extrême. Comme bien souvent la vérité est ailleurs tissée entre les lignes d'un travail d'une lenteur éprouvante laissant notre épiderme constamment sur ses gardes reposer sagement malgré quelques tentatives clairsemées se voulant terrifiantes, mais n'atteignant jamais les hauteurs éthérées.L'essence de cet opus est sans aucun doute son énorme sensibilité.Le pays du soleil levant nous dévoile sa face cachée, son désespoir et sa solitude à l'intérieur d'un immeuble triste et sombre dont les couloirs et les plafonds sont inondés de larmes.Le site pleure son silence et son isolement sur ses murs et ses toits.L'enfant fantôme se sert de la terreur pour approcher ses semblables en dissimulant dans ses apparences floutées un manque profond.Le besoin impératif de se blottir dans les bras d'une mère de passage dont les sens s'éveillent devant tant de souffrance."Dark Water" est un film poignant sur le mal du siècle, l'abandon et l'indifférence faisant de ses principales victimes des ressources vivantes fragiles, isolées, livrées à elles-mêmes, dans un monde insensible managé par la procédure ou à des créatures de l'au-delà, condamnées à la panoplie terrorisante, paravent d'un état insoutenable, le manque d'affection.
  • THE HOURS (2002)
    Cette oeuvre sensible et délicate raconte, sans se dévêtir de longues minutes d'ennuis, la lente et obsédante conception d'une oeuvre littéraire intemporelle, réalisée par une romancière suicidaire, aux portes de la folie. Une réalisation et une consultation fastidieuses, baignant de sourires et de larmes le visage de trois femmes confrontées à trois époques différentes au même constat.Un mal de vivre tenace et durable, privant l'esprit d'une luminosité choisie, élaborée sur un statut d'être.Comment se réaliser dans trois époques n'offrant qu'un vide oppressant, une éthique ménagère sans surprises ou un assistanat sans espoir?Ces trois femmes n'en font qu'une, en tentant désespérément de conquérir leurs "MOI " respectif, en se débarrassant de manière immorale de leurs contraintes domestiques répétitives et mal récompensées."The Hours", opus d'une grande détresse, révèle l'immense difficulté qu'éprouve une femme, toutes époques confondues, à être ce qu'elle désire, être uniquement pour elle même, sans se sacrifier à temps complet pour un intérieur sans âme.Un film difficile, lassant, mais fédérateur d'un ailleurs libérateur, convoité au détriment d'une déontologie assassine.
  • NID DE GUEPES (2001)
    Le cinéma francophone fourni actuellement moult opus désespérants ou comédies simplistes, faisant patiner à long terme une industrie frileuse, préférant fournir un travail triste ou avare en fantaisie. "Nid de guêpes" est une excellente surprise. Enfin notre production bouge dans un genre maîtrisé, le polar à la française de qualité où la sensibilité et l'amitié à toutes épreuves s’intercalent brillamment entre les rafales continuelles, faisant d’un site, une véritable passoire.L’action est soutenue, démesurée dans une énergie continuelle, réunissant temporairement dans un cul-de-sac toutes les différences devant s’allier pour continuer à vivre.Mention spéciale à la courageuse prestation de Nadia Farès, conservant la décision et une parcelle de féminité, sous un uniforme condamné à l'hyper violence dans, un lieu livré aux flammes.
  • LE TOMBEAU (2001)
    Malgré des lieux et des composants de départs aussi curieux que disparates cet opus est un échec. Néanmoins quelques clichés saisissants sur la faune d’une ville hors du commun parviennent à capturer quelques attentions, ne parvenant pas hélas à sauver un ensemble tétanisé par la peur d’entreprendre.Le seul intérêt, de cette mise en images ratée et ennuyeuse, se situe dans les pulsations hétérogènes d’une cité hyper dangereuse où chaque mètre carré correspond à une perception différente, imposée bien souvent par la force.Le sujet mérite vraiment d’être revisité de manière plus convaincante.
  • COMMENT J'AI TUÉ MON PÈRE (2001)
    Maurice Borde refait soudainement surface, après vingt ans d’absence, dans l’univers de ses deux fils, dont l’un Patrick, malchanceux, est subordonné dans un rôle domestique à l’autre Jean-Luc, gérontologue renommée. Le regard de ce père est froid, hautain, sans remords, presque diabolique. Par un sourire narquois, il semble imprenable, au dessus de tout jugement. Son arrogance attire Isa (Natacha Regnier) femme de Jean-Luc, bourgeoise intérieurement lassée de toutes ces procédures basiques liées à la réussite de son mari.Maurice s’amuse en manipulant sournoisement cette famille repositionnée subitement dans un échange verbal consistant. Patrick est pathétique dans ses sketches sur l’absence du père. Jean Luc retrouve une borne oubliée où tout s’est arrêté, ses reproches n’entament nullement un homme qui ne voit que lui-même et qui le dit à son fils de la manière la plus horrible."La nature ne me force pas à t’aimer"L’affection d’un père plus proche d’un collaborateur africain que de ses propres fils, additionnée à une demande d’argent plus ou moins malhonnête, rend nauséabond ce climat d’une famille détruite qui au lieu de se recomposer, sombre en se fracturant de l’intérieur.Maurice n’est pas un modèle, Jean-Luc non plus, en se positionnant dans les ingrédients de sa condition (belle situation, belle femme, belle maîtresse, belle maison, belle voiture avec chauffeur), il a certainement volontairement bypassé la principale lumière d’une réussite : la présence d’un enfant.Dans une des nombreuses présentations du film de Marcel Carné "Les visiteurs du soir" on peut lire "Le Diable vint sur la terre pour se divertir des humains". Le personnage de Michel Bouquet me fait penser à Jules Berry impitoyable broyeur de ressources poussant les êtres à s’entretuer.Le regard presque lubrique de Maurice, devant cette famille qui s’effondre, est un aveu de la consistante première de ce père sans statut : le pouvoir de détruire par la force de l’indifférence.Les rues vides et tristes de Versailles, arpentées par Maurice, sont une sorte de désolation de lucidité.
  • MULHOLLAND DRIVE (2001)
    Envoutante et lancinante, cette œuvre d’auteur se pare de moments sublimes. Des instants rares, délectés jusqu'à l’extrême, dans une fourmilière d’images improbables, chères à un metteur en scène complètement décalé d’une production traquant le billet vert, dans une profusion de clichés à la mode que l’on ne peut à peine distingue, r tant leurs vitesses de passages est inconsistante et rapide.Ici tout est long, mesuré, scruté de manière intensive. La caméra devient l’œil de personnages découvrant épouvantés ou émerveillés des lieux communs ou métaphysiques.Ce travail d’expert tisse, dans une trame que l’on peut suivre sans se répandre, tout un climat psychique halluciné, fabriquant des cobayes fragiles, pervers complètement dégénérés, victimes de leurs sens et de leurs dérives.Certaines scènes sont pénibles, surtout pour ceux qui les ont tournées, mais ces sacrifices sont essentiels, elles portent la pierre angulaire d’une œuvre forte, digne de hanter nos mémoires pendant très longtemps par leurs dégénérescences.David Lynch est certainement une sorte de nouveau messie cinématographique, offrant des images d’une beauté machiavélique, donnant naissance à un nouveau genre humain extrême, hallucinatoire, perverti dans une débandade de comportements assujettis aux plaisirs et à la destruction.Un être humain en perdition ,azimuté par le crime, la luxure, la trahison, la folie dans un monde devenu un gigantesque délire visuel, menant nos devoirs au bord du gouffre.Aux portes du chef d’œuvre, "Mulholland Drive" perce l’abcès d’une jouissance trop retenue par nos contraintes et nos pudeurs ,en déversant une surabondance jubilatoire, que nos interdits nous empêchent de vivre.Un film exceptionnel, sur notre face cachée, celle qui éprouve les pires difficultés à s’exprimer.
  • FROM HELL (2001)
    "From Hell" c’est tout d’abord la nécessité d'arroser par la résurrection d’une sensibilité presque consumée, un territoire violent, irrespectueux annonçant le contenu d’un vingtième siècle sanguinaire, par une série de crimes au-delà de toutes définitions. Le millésime 1888 londonien est au dessous de tout. Crasseux, puant, oppressant, mal famé. Le danger est au mètre carré. La prostituée terrorisée par le proxénète crève de faim, dans une vie courte dépecée, subitement à l’arme blanche par un illuminé insaisissable, dont les méfaits sont intuitionnés à l’aide de l’absinthe, par un enquêteur tourmenté.Quelques êtres à la dérive tentent de s’extraire de ce bouillon destructif en remettant sur pied quelques notions de bontés mêlées à une lucidité instinctive, permettant de vibrer par quelques projets, tout en entretenant l’espoir de voir le soleil se lever le lendemain.Débarrassé de son hyper violence, cet opéra gothique est un film sensible, attachant dont les quelques pépites émotionnelles paraissent irréelles dans un tel bourbier.Avoir la force d’offrir la douceur d’un regard parait surréaliste dans un contexte où les coups pleuvent en continus. La perfide Albion est au fond du trou, carbonisée par le mépris de ses dirigeants, la noirceur de ses beuglants et la folie de ses criminels.Johnny Depp se révèle émouvant entre dépendances et courages.Distribuant paroles réconfortantes et gestes tendres, dans une faiblesse maîtrisée par le réalisme de son métier, il ramène du fond de l’enfer une flamme vacillante presque éteinte vers les sentiments.L’entretien d’un avenir familial au bord de l’océan refait surface pendant qu’un fou furieux étripe à tour de bras une faune avinée, édentée appâtée au raisin dans une ville sordide, sans cœur privée de caresses.
  • A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2001)
    L'amour calciné par le néon voit ses procédures naturelles s'éteindre au profit d'un environnement thématique criard et récupérateur. Malgré un mécanisme émotionnel parfait, une machine reste une machine dans l'impossibilité de remplacer ses circuits par des organes battant à l'unisson d'un sensitif spontané.L'accomplissement d'un besoin collectif pulsionnel érotico-violent devient la propriété d'une programmation détenant sur commandes l'intégralité de nos fantasmes.L'amour câblé tout en étant opérationnel, en fonction des demandes, montre ses limites, en interceptant rapidement une récupération insoutenable.Le pouvoir procédurier et inconditionnel d'un concept incorporé et exécuté dans une machinerie sans âme.Le monde privé d'une véritable luminosité se retrouve sous l'emprise d'expédients jouissifs et temporaires, pendant qu'une mécanique écorchée vive tente désespérément de conquérir une identité émotive basée sur le comportement d'un esprit.Intelligence artificielle, opus étrange et bouleversant, délivre une émotion intense, projetée sur une toile de fond futuriste époustouflante.Une œuvre magnifique, sur l'extinction de nos ressentis purs, mis en bouteille dans une robotique destinée à l'exécution d'un sujet sans en ressentir l'authenticité.Finalement, qui est esclave de l'autre, l'homme ou la machine?
  • UN HOMME D'EXCEPTION (2001)
    "Celui qui cherche la vérité ne risque pas de la trouver? mais il reste néanmoins l'infime chance qu'il devienne lui-même la vérité". Charles Fort Les mathématiques, tout en conservant une architecture axée sur la découverte de la dynamique de l’univers, s’éloignent lentement de la voie royale, gommées dans un narcissisme individuel et collectif, uniquement opérationnel dans l’élaboration d’un nom et d’une théorie faisant vivre un esprit et son concept dans la durée au détriment d’une découverte naturelle validée par les étoiles. Ceci a pour conséquence d’enfumer la réalité dans des visions de plus en plus pesantes, faisant d’un homme de valeur, une machine à penser, détruite par ses hallucinations. Ce film émouvant sur l'autodestruction d'une mécanique cérébrale en surrégime démontre laborieusement que les équations sont une science beaucoup trop puissante pour être détournée à des fins personnelles. Dans de telles conditions, la véritable révélation, malmenée par un empirisme calculé, préfère se dissimuler pour sa protection dans un voile d'Isis insaisissable. A moins que parmi cette volumétrie intellectuelle conditionnée par la renommée, se détache un être pur, réduisant par sa volonté sincère de découverte, les honneurs en cendres. Celui-là sera l'hôte de Dieu.
  • REQUIEM FOR A DREAM (2000)
    Un film exceptionnel, sombre et hallucinant, sur une société implosant de l'intérieur, pulvérisée par la débauche, la répression, l'acharnement thérapeutique, la solitude et la dépendance qu'elle soit télévisuelle, en poudre ou en comprimés. La totalité s'acharnant sur deux générations montantes et descendantes, terrassées par le mal de vivre et l'enfermement.Le visage d'Ellen Burstyn, harcelée par ses hallucinations est terrifiant.
  • INTUITIONS (2000)
    Dans un même espace les vices et les préjugés s’affrontent sans retenue. Jessica, jeune lycéenne, s’éclate par le sexe. Annie Wilson, cartomancienne, fortement consultée par deux cas extrêmes, est harcelée par Donnie Barksdale (Keanu Reeves), violent et armé, véhiculé par une pétoire à bout de souffle.Ce territoire est terrifiant, les cas sont extrêmes de Valérie Barksdale rouée de coups à Buddy Cole, névrosé au bord de la rupture, Annie doit maîtriser certains abandons, en gérant du mieux possible, ces soudaines images cauchemardesques qui ont élues domiciles dans son esprit.Cette Amérique sudiste, géorgienne, est abandonnée par la raison. Les composants humains sont à l’état brut, la condamnation sans appel d’Annie considérée comme une sorcière, est effectuée par des personnages rivés dans les premiers cercles de l’entendement.L’agressivité cérébrale est accentuée par la pauvreté naturelle des lieux, à peine déconnectés du rang de broussailles. La beauté est absente de ce site poussiéreux, les intérieurs sont ternes, les personnages habillés sommairement, les femmes sont frappées devant les enfants, certains hommes hirsutes font la loi en extériorisant leur bestialités par des condamnations morales.Les visages sont éteints, rivés à leur mauvais sort, on pense à "Trois enterrements" de Tommy Lee Jones, un parcours dans la froideur de la pierre.Les cartes sont un faux espoir, entretenu, habilement ou non, par une femme dépassée par les évènements. Rien ne change, si ce n’est cette violence constamment reconduite sur les corps."Intuitions" est un film dénudé, un balbutiement intellectuel insuffisant, ne suffisant pas à calmer l’ardeur de poings déchaînés.L’atmosphère fantastique ne semble être là que pour dénoncer une dérive de groupes.
  • INCASSABLE (2000)
    Night Shyamalan, cinéaste de l’épuré, possède le privilège, grâce à ses films concepts de nous faire réagir, monter au créneau, crier au génie ou battre de la semelle devant un processus de traitement fastidieux, mais tellement prenant. Concevoir un super héros, carburant au diesel dans un contexte sombre, progressif, lent, amputé d’énergies, est ingénieux. L’éclosion de perceptions nouvelles, tintées de fantastique, d’un individu extirpé d’un destin tragique, est traitée de manière magistrale par un cinéaste habile, efficace dans la simplicité de messages délivrés en vitesse réduite."Incassable" est l’antimatière universelle tant recherchée. Une révolution visuelle au repos, privilégiant dans un contexte d’action devenu secondaire, la réaction des sens.Une énergie recyclée baigne de larmes les yeux d’un enfant, devant un père différent.Des déplacements nonchalants, millimétrés, valorisent les observations intenses d’un individu soudainement surhumain, projeté sur un territoire où il est enfin possible de limiter localement la déferlante du malheur.Un homme indestructible, chamboulé par ses nouveaux pouvoirs, matérialise sur le terrain les lectures d’un enfant brisé. Le limité formate sans états d’âme une partie externe murée, suite à une architecture quasiment détruite.Les fiches cuisines cinématographiques de Night Shyamalan sont bien souvent des substances intégrant des sensibilités éprouvées par des pouvoirs nouveaux à résonances fantastiques.Le sujet, touché par la mission, navigue entre détermination et débordements sensitifs, difficilement gérables, liés à la traversée d’un territoire inconnu.Un esprit fragile compense son handicap par une morphologie indestructible. Le don de changer les destinées navigue parallèlement avec une laborieuse prise de conscience d’un nouveau paramètre.Une violence côtoyée quotidiennement, par une fonction de surveillance et de protection, devient bestiale par l’imaginatif avant de se matérialiser dans l’existence.
  • HANNIBAL (2000)
    Le point fort d’Hannibal est visuel par les quelques convaincantes images du fief des Médicis, mais surtout auditif et au combien avec l’extrait du fabuleux mini opéra de Patrick Cassidy "Vide cor meum" composé en 2001 s’appuyant sur un extrait de la Vita Nuova de Dante. Je cite :"Vibrant, poignant, cet air magnifique confié à un chœur et deux chanteurs, la soprano Danielle De Niese et le ténor Bruno Lazzaretti, semble tout droit venir du ciel... ou inspirée des grandes œuvres opératiques italiennes comme celles de Puccini". Légèrement délaissé par une action partie provisoirement se restaurer au bar, les sens soudainement se réveillent et se pâment devant cette musique céleste. Tout s’arrête pendant quelques minutes pour laisser la place à une oreille enfin respectée par un son digne d’être entendu.Hannibal possède l’avantage de permettre à des yeux connectés au sujet, de s’évader en parallèle dans tous les contours de ces immenses bâtisses et ruelles sombres florentines.L’œuvre est soignée, la trame policière se connecte parfaitement avec les vestiges d’une ville alter ego lourdement chargée par l’arrivisme, le complot et le crime.Certains visages et scènes d’horreur presque maximales sont éprouvantes tout en laissant à cet opus l’appellation d’un esthétisme récupérateur dans le bon sens du terme, permettant tout en parcourant un climat surréaliste, de s’émerveiller devant les merveilles d’une cité bienfaitrice, comblée par son architecture et sa musique.La griffe gothique de Ridley Scott déjà positionnée dans "Alien", "Traquée" et surtout "Blade Runner" est une nouvelle fois envoutante. Ceci faisant d'Hannibal une oeuvre d'auteur.Les derniers moments sont hallucinants.
  • LE ROI DANSE (2000)
    "Donnez la plus belle musique du monde au roi Jupiter." Jean-Baptiste Lully, usurpateur sodomite, et Molière, libertin incestueux, meuvent sur commande, par la musique et le théâtre, les années du jeune Louis, avide d’une lumière étincelante, antichambre d’un pouvoir avidement désiré. Avant de régner, cet enfant devenu roi, habillé de tous ses feux, s’impose par la danse, à l’aide d’une machinerie efficace, disposant devant une cour effarée, un système solaire constitué de familles naguère en luttes apaisées par l’adoration. Une mesure férocement tapée par un compositeur aux ordres, transporte merveilleusement un monarque en puissance de la domination matriarcale, vers la solitude des hautes sphères décisionnelles, dans une magnifique illumination à faire pâlir les étoiles. La face du théâtre change, les plaisirs abondent loin d’un peuple affamé. La cour complote tout en se soumettant et se divertissant de plaisirs interdits. Les pièces loufoques de Molière déclenchent des rires aussi incompréhensibles que leurs sujets. Quelques illuminés poissons pilotes d’un jeune roi en ascension profitent de l’aubaine pour s’auto-glorifier d’un talent égocentrique, validé par l’astre des astres. Une chute malencontreuse démontre que personne n’est Dieu sur cette terre, dont les seuls repères en ces lieux sont la durée, par l’adoration et la protection d’un jeune roi, focalisé par les arts. "Le roi danse", remarquable farce sur un arrivisme saupoudré d’une servilité démoniaque, habille ses protagonistes de beaux habits masquant l’interne d’esprits tourmentés par une inspiration nécessaire, qu’il faut fournir à temps complet, si l’on ne veut pas être happé par le déclin et la disgrâce. Ici la faiblesse ne pardonne pas. De tous les instantanés d’une époque impitoyable, décimée par la tuberculose et la gangrène, se détache la merveilleuse musique de Jean-Baptiste Lully. Un nectar de premier ordre au dessus d’un nid de guêpes. A signaler la scène extrêmement réaliste de la mort de Molière. Un corps intérieur brisé, crache le sang d’une époque où l’esprit, malgré ses facultés incommensurables, quitte le monde dans d’atroces souffrances. Un très bon film français, sur les premières flammes d'un parcours royal méconnu, conditionnant la virulence intellectuelle de ses subordonnés, tout en restant à distance. "Les planètes ne se trouvent pas près du soleil, elles le laisse rayonner".
  • LE PLACARD (2000)
    "Le placard" tout en montrant les variations dans le temps de certains sujets tabous, naguère inacceptables, devenant protecteurs, dénonce avec humour les faiblesses d'un ordinogramme d'entreprise, manipulé du sol au plafond par un opportuniste. Un bureaucrate effacé, sur le point d'être éjecté, managé par un revanchard, prend de la volumétrie contemplative, au contact du débile mental, de l'indifférent, du plaisantin et de l'hypocrite, dans une cocote minute professionnelle, sous la crainte permanente du licenciement.Un régal quotidien, pour une ressource jugée insignifiante par ses collèges, se divertissant de l'obscurantisme de ses semblables, ne pensant qu'à durer dans un relationnel de bureau mesquin et superficiel.La mise en lumière d'un anonyme ignoré, moqué, puis peu à peu remarqué, apprécié et consulté par une faune enfin apte à la métamorphose.
  • LE PACTE DES LOUPS (2000)
    Fougueux, moderne et sensitif "le pacte des loups" ne craint pas d'incorporer dans une renaissance érodée par sa misère et ses mythes, un kung fu anachronique. Une palette décalée, réunissant dans un récit robuste et élégant, ironies, indifférences et bon mots envers une capitale bien lointaine, permettant à des provinciaux pervertis de garder leurs distances, en régnant sur leurs gens par la superstition et la secte.Des moments forts positifs passés en compagnie d'un labeur esthétique et soutenu.De belles images significatives, malgré leurs décalages sur un mythe éternel habilement modernisé.Sans extravagance, permettant à une histoire de garder ses bases historiques, tout en picotant sans excès les terres, d'une manière de faire impossible à mettre en lumière dans un temps dominé par un obscurantisme brillamment transformé en spectacle.
  • INSTINCT (1999)
    "Je t'ai pris tes illusions"Une œuvre humaine et méditative sur un esprit passionné, préférant s'extraire d'une civilisation en détresse pour entretenir son émotif au contact d'une montée en puissance affective offerte par de grands singes passant séquentiellement de la méfiance à la confiance envers un savant doux et motivé, sachant se prosterner en acceptant la dominance d'une force physique naturelle et instinctive. Un film exemplaire sur de nouvelles envergures qu'il faut glaner en pleine nature et par tous les temps, au coup par coup, en attendant patiemment que l'animal baisse sa garde et se rapproche, en offrant sa main loin d'un monde sec, incertain, violent, dément, carriériste dont la perception ne peut être que le mutisme et l'enfermement.
  • LA NEUVIÈME PORTE (1999)
    "La neuvième porte", opus rébus tiède et mollasson, entretient quelques clartés initiatiques, surtout autour de ces intrigantes figurines fil rouges, pensives d'un trajet dépourvu d'audaces. L'ennui n'est pas absent de cette quête démoniaque, menant un chasseur de livres rares, opportuniste et indifférent, vers l'apparition du démon.Une œuvre inactive et décevante, s'évaporant dans une dernière image frileuse, incapable de fournir le piment d'une révélation.
  • AMERICAN BEAUTY (1999)
    Tout être fragilisé intérieurement par la manière de conquérir une véritable personnalité sera tenté de fuir au galop, devant cette déprime localisée, réunissant dans un microcosme collectif, la névrose domestique, l'adolescence hargneuse, le voyeurisme curieux, la sécheresse sentimentale, le bureau productif et la violence paternelle. Tout est au cordeau. Que ce soient les beaux jardinets et les belles demeures, ils ou elles ne sont qu'un paravent masquant un douloureux mal de vivre, que seule une imagination hallucinatoire occulte par quelques clichés pervers.On se remet en forme physiquement, manipulé par ses fantasmes, dans un monde qui est uniquement le sien, où il faut néanmoins insérer son quotidien.Une luminosité artificielle matérialiste gîte et carburant de la médiocrité de ses semblables.Tout semble déréglé dans un contexte moraliste beaucoup trop prononcé, ceci ne faisant qu’apparaître la confession, l'envie d'en finir et une perversité revancharde, devant tout un catalogue d'éthiques et de paraître presque vomitif.Comme d'habitude ce sont les jeunes qui en font les frais, menés à la baguette dans des intérieurs froids et cossus, entraînant leurs premiers troubles psychologiques.Une certaine Amérique sur un bateau ivre se réalise par l'excédent, pendant qu'une jeunesse matériellement comblée ne se détecte aucun repère existentiel pur.Un beau film révélateur et déprimant, sur notre réelle difficulté d'extraire de nous mêmes, ce que nous sommes réellement.Une éternelle question que se posent tous les individus, en lui donnant les réponses les plus farfelues ou les plus pathétiques.Qu'est-ce qu'on fout là?
  • STIGMATA (1999)
    "Le royaume de Dieu est en toi et tout autour de toi. Pas dans les édifices de bois et de pierres. Ce sont les instructions cachées de Jésus Christ laissées de son vivant. Qui découvrent le sens de ces mots ne connaitra pas la mort." "Stigmata" est une virulente mise en garde sur la disparition d'un message caché sous une pierre, que l'on ne soulève plus. La mission première d'une église en vrille, diluée dans la nuit des temps par ses excès, châtiés brutalement par un esprit accablant un corps de plaies oubliées. La remise à niveau dans la douleur d'une maison Dieu, à des années lumière d'un sacrifice fondateur, n'étant plus perçu par une religion noyée sous le scandale et l'apparat. "Stigmata" demeure un spectacle de qualité dont l'intérêt majeur est de dénoncer efficacement, mais un peu trop goulument l'agonie d'un concept. Un opus sanguinolent, gothique et rageur sur le trépas d'une pensée religieuse à bout de souffle, vaincu par ses perceptions décalées.
  • MAGNOLIA (1999)
    Un audacieux opus bazar sur toute une faune délirante, presque aliénée, en manque de repères, récupérée par la secte en tous genres. Otage d'artifices de bas étages, fortin de jeux débiles ou de démonstrations narcissiques encensés par un public débile, manipulé, satisfait de se miroiter dans les concepts les plus médiocres, en regardant s'enfuir sans aucun regret toutes leurs libertés individuelles, à condition d'en avoir bien entendu.Un constat de société alarmant sur la paresse d'entreprendre, engloutie par le voyeurisme et le mensonge, suite à l'absence d'énergies pompées par le n'importe quoi, contemplé avec une immense saveur par un étalage versatile.Le pouvoir devient celui du spectacle, de l'animateur agonisant au prêcheur fragile, maintenu à flots par une thématique polarisant un auditoire surexcité.Une bien triste époque pour celui ou ceux en quête de vérités profondes, constamment obligés de zapper devant ces tonnes d'infos aussi inutiles que tenaces, élaborées aux frontières de la démence par toute une tribu terrestre incapable de s'évacuer du danger de ses propres idées.Un très bon film sur l'indispensable reconquête de son soi, même sans toile de fond récupératrice.
  • VIRGIN SUICIDES (1999)
    « Virgin suicides » n'est pas si mauvais. Certes on s'y ennuie sauvagement sans bien comprendre par moments le contenu de cette bouteille lancée à la mer.L'oeuvre est confuse, se disperse trop, s'agglutine dans les lenteurs. La perception s'en ressent, on décroche.La force de cet opus réside dans un immense paradoxe.De belles jeunes filles au top de leurs clartés juvéniles se fabriquent en interne un mal de vivre pesant.La famille démolie par les devoirs de l'éthique conduit sa descendance vers des excès qu'un encadrement psychiatrique normalisé ne peut empêcher.Une génération montante, inertielle, scotchée dans sa détresse psychologique dont la face visible n'est qu'un sourire trompeur."Virgin suicides" est une mise en garde sur l'indispensable maitrise qui faut avoir sur son adolescence en attendant la douce fréquence de l'équilibre.
  • COURS LOLA COURS (1998)
    Du bon travail alerte et passionnant de bout en bout. "Cours Lola cours" évite avec brio le piège de la récurrence en fournissant dans chacun de ses plans une énergie faisant oublier que l'ensemble est sous la dominance d'une répétition.Une suite d'images pétaradantes sur la finalité non acceptée d'une odyssée minutée, trois fois renouvelée dans un paysage traversé au sprint.Un Trajet constitué des mêmes éléments croisés aux mêmes endroits dont les apparitions et les destinées sont à chaque fois réactualisés.Une pépite urbaine rarissime et intelligente menée à un train d'enfer.Cà c'est du cinéma.Bravo.
  • SHAKESPEARE IN LOVE (1998)
    "Elle sera mon héroïne jusqu'à la fin des temps et son nom sera Viola". Deux êtres jeunes et dynamiques, otages d'un monde aux destinées préétablies, vont s'aimer dans un temps imparti, en offrant au théâtre ses plus belles pages, dans un potentiel poétique presque transcendant. Cette fusion temporaire permet d'insérer dans un contexte féminin convoité, un libre arbitre fougueux et créatif. Un sommet amoureux entre une femme promise, désirant ressentir avant de se soumettre et un poète en manque d'inspiration, ayant besoin de l'apport d'une égérie. Il faut être enthousiaste, lyrique et poignant dans deux tranches de vies minutées, permettant à deux esprits en pleine construction, de côtoyer l'extase et le bonheur dans une époque à l'image d'une reine au teint d'une pâleur cadavérique. Se réaliser par les sens, dans un contexte appartenant au sacrifice, en se consumant d'amour, loin d'un nouveau monde se rapprochant de plus en plus. Pour cela il faut s'adonner au texte et surtout le ressentir intensément en sachant que l’éthique et le rang le réduiront en cendres. Tout en étant parfois un peu inégal, "Shakespeare in love" atteint quelques sommets de sensibilité, dans un traitement un peu trop spectaculaire, mais ne masquant pas une réelle émotion ressentie devant quelques intimités. En se dirigeant vers la virginie et la nuit des rois, deux esprits ayant tout partagés, le temps d'une rencontre, pourront mieux supporter l'ennui et les contraintes de l'inspiration. Un très beau film.
  • CA COMMENCE AUJOURD'HUI (1998)
    La lente agonie des institutions environne Daniel Lefebvre, directeur de maternelle, obligé de créer de nouveaux paragraphes à visages humains, dans un règlement d’état froid et rigoureux. Hernaing, près de Valenciennes est sinistrée, les trente glorieuses ont fait leurs paquets, les portes-monnaies sont vides, certaines mères ont élues domicile de manière définitive dans la bouteille et ne peuvent plus assurer de prestations familiales.Daniel doit parfois prendre l’initiative de ramener des enfants chez eux, après la classe, dans des intérieurs frileux et sans lumières, dévastés par des déchets de toutes sortes.La famille se meurt, privée d’une denrée indispensable à son épanouissement : l’intégration dans un système par l’emploi.L’état dans un discours rhétorique accuse presque ces autochtones d’être responsable de leurs malheurs, il encourage les esprits à ensoleiller les terrils et à gommer le look Germinal de cette région, mais comment ? Les subventions n’arrivent plus, les dernières ressources motivées sont au bord de l’épuisement.L’abandon total est encore un potentiel mais pour combien de temps ?La masse privée d’emploi n’est pas capable de détruire l’amalgame entre la société de consommation et le devoir.La famille semble anéantie, si les biens désertent les foyers. Les enfants en font immédiatement les frais, ils deviennent responsables de l’effondrement social de leurs parents, par les charges imposées que l’on ne peut plus assumées.Daniel refusant d’abandonner le navire s’épuise, au cas par cas. Certains profils sont trop exigeants en demandant un assistanat outrancier.Les comportements usés par la faim deviennent dangereux, la sévère mise en garde policière envers l’avenir de ces adolescents, aux visages aux frontières du primate, pris en flagrant délit, est significative de l’impuissance de nos sociétés, plus les reproches sont accentués, moins il y a de solutions, ces gosses sont perdus.Les actions deviennent basiques, on casse tout, dans un contexte de rappel à l’ordre des autorités, uniquement verbal donc sans danger.Où tout cela va s’arrêter ?Ces régions ne méritent pas de vivre que par l’air du temps, les patrons ont importé le travail par la mine qui a noircit les "gueules" pendant des décennies, au détriment de l’accès à un savoir, ces régions le paient chèrement aujourd’hui par une distance considérable à rattraper.L’assistanat est au delà du besoin, c’est un point de non retour, une carte d'identité.
  • CUBE (1998)
    Incompréhensions et rivalités s’opposent à l’intérieur d’un mécanisme vide et silencieux, automatisé à l’extrême. Une expérience dramatique mais valorisante permettant à six neurones d’avoir la possibilité d’étudier dans la survie une terre inconnue, à l’image d’un créateur absent et insensible, laissant volontairement ses ressources surnager dans un complexe imprévisible.En associant, en fonction de leurs origines différentes, diverses équations et perceptions menant un laborieux parcours initiatique vers une révélation hypothétique.Un fiasco ne révélant que la face cachée violente et parano d’un groupe démoli par des expériences personnelles, incapables de rapatrier dans un lieu clos une démarche commune sereine et réfléchie.Six personnages se déchirent, en laissant lentement monter en puissance leurs côtés négatifs.A l’énoncé du nombre 17 576 certains initiés feront le rapprochement avec le nombre 26 valeur numérique du tétragramme Hébraïque dont la triple multiplication donne le résultat de l’intégralité de ce labyrinthe gigantesque.Cube, aubaine méditative toujours incertaine, ouvre à l’infini des connexions apaisantes ou terrorisantes, tourmentant en alternance plusieurs cobayes rapidement rattraper par leurs travers, plutôt que par une analyse lucide.Le créateur semble offrir dans la douleur l’étude de son intérieur à quelques parachutés, s’avérant rapidement indignes, suite à l’apparition et à l’entretien constant d’une bestialité, constante de la contemplation finale d’une lumière blanche dont le dernier survivant s’imprègnera sans la comprendre.
  • DARK CITY (1998)
    La pensée unique tout en étant en résonance infinie avec elle-même ne peut en aucun cas accéder à ses différentes divergences pour la simple raison que ce que l’un pense constitue la pensée de tous les autres. Un simple hochement de tête collectif suffit à valider une appréciation que chacun entérine d’une seule voix.Une vérité universelle constituée d’un seul module individuel, semblable à un vol d’étourneau ou tout semble ne fonctionner que sous les ordres d’une même partition, dont chaque élément s’avère être la pièce maitresse.Tout en étant le ciment d’un seul organe, la monophonie n’ouvre aucune autre porte que la sienne.Pour évoluer et surtout survivre de nombreux visages ternes venus d'ailleurs n’ont plus qu’une seule solution, découvrir la polyvalence collective à travers une multitude de situations qu’il suffit dans un premier temps de concevoir virtuellement avant de les injecter sur des cobayes sous surveillance constante.Un peu comme si un ordinateur testait tous ses programmes sensitifs sur un environnement hétéroclite essuyant perpétuellement les plâtres d’un univers modulable.Mille milliards de comportements émotionnels que l’on génère chaque nuit dans un contexte différent afin d’étudier la manière dont on les ressent tout s’en imprégnant.On ne sait plus qui l’on est car ce que l’on était la veille ne correspond plus à ce que l’on est aujourd’hui.Surprendre et désorienter en permanence toute la substance d’une cité sans soleil entre les mains d’étranges visiteurs dont la continuité ne dépend plus que de la conquête de tout ce qui peut être dans ses diversités les plus profondes.
  • L'ASSOCIE DU DIABLE (1997)
    "Il vaut mieux régner en enfer qu'être esclave au paradis." Le constat est édifiant, à quelques encablures du vingt et unième siècle, le malin stipule les yeux étincelants de certitudes, dans un décor sur le point de s'enflammer, que le siècle qui s'achève lui appartient et que l'homme abandonné de Dieu est sa propriété, en étant l'instrument perpétuel d'une histoire maléfique. Dieu est démontré comme un pervers volontairement isolé, abandonnant sa création aux mains de Lucifer, gestionnaire d'un être humain ayant besoin d'extérioriser toute sa panoplie antinomique, dans une pression permanente destinée à l'épanouir ou à l'anéantir. Le message est clair, à l'avenir l'homme ne pourra survivre que par un libre arbitre, une prise de conscience encouragée par l'indifférence d'une divinité ayant jeté les dés une fois de trop et le déchaînement sans retenue d'une créature vaniteuse, qu'en restaurant des valeurs saines, malgré l'attirance d'un monde affairiste dont la récompense finale est une vue imprenable sur une faune microscopique que l'on écrase du regard. Pour cela l'homme, sombrant irrémédiablement dans la luxure et le carriérisme, doit se redéfinir et reconquérir un essentiel qui se meurt d'être abandonné. Voilà la mise en garde de cet opus gothique magistral et surprenant, malgré sa longueur excessive, dont la mission est de nous recadrer dans nos véritables priorités avant qu'il ne soit trop tard.
  • CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1997)
    Certainement la plus belle des images relationnelle entre la femme et l'homme. Respect, assistance, humour, analyse et détermination toujours formatés entre indépendances et retrouvailles.Ici il n'est pas question d'amour mais uniquement de vibrations communes le temps d'une aventure.
  • CONTACT (1997)
    "Vous êtes une espèce intéressante. Un mélange intéressant. Vous êtes capable de faire de si beaux rêves et de si horribles cauchemars. Vous vous sentez si perdus, si isolés, si seuls. Mais vous ne l'êtes pas. Tu vois, dans toutes nos recherches, la seule chose que nous ayons trouvé, qui rende la vie supportable, c'est l'autre." Ces mots sont prononcés par un autre monde, à l’apparence d’un père parti trop tôt, catapulteur d’un pôle d’intérêt majeur, l’écoute passionné d'un univers infini. Son discours est encourageant, ses gestes sont tendres. L’univers prend l’initiative de se faire connaître affectueusement en invitant Ellie Arroway à venir caresser les étoiles. Cette visite Végane est un premier jet sur fond de théologie et de science terrienne en chute libre. Dans les deux camps, il ne se passe plus rien les discours sont rabâchés, le ciel est muet, le Vatican et S.E.T.I sont en berne, les processus sont coûteux, les résultats inexistants, les portes de ces deux approches de l’inconnu se referment lentement, il faut un coup de pouce du ciel, une révérence courtoise, une main tendue, Véga va s’en charger et de la manière la plus incroyable. La terre est à bout de souffle, ce n’est plus qu’un capharnaüm de concepts issus d’un principe orphelin. L’absence du père est également terrienne, qui sommes-nous ? Quelle est notre mission ? Notre schéma directeur ? Ellie va le comprendre en se pliant à une subordination douce venue des étoiles. Au dessus de nos têtes, un message a été reçu, la réponse est merveilleuse, inespérée, on brûle de nous connaître. Les Végans ne sont pas supérieurs aux Terriens, ils sont différents, la perception de l’homo sapiens est bonne, les expéditions punitives d’antan sont bannies. Un livre s’ouvre, l’univers nous offre le début de sa lumière, ce n’est qu’un commencement, deux cultures peuvent s’accepter en devenant médianes. Le discours Végan ne s’adresse pas uniquement qu’à cette petite privilégiée méritante, sensible, accrocheuse et déterminée, il concerne l’humanité éprise de nouvelles lois à connaître, la Terre ne peut plus s’en sortir par elle-même, il lui faut une revalorisation offerte par l’univers. Un concept parental nouveau, une charte de comportements annihilant un parcours égoïste enfanté par une solitude éternelle. Ellie pleure un modèle et le retrouve reconstitué par une intelligence supérieure. Nous souffrons tous de l’absence d’un Père, il viendra certainement du ciel, en l’attendant il faut maintenir notre planète a flots dans un kaléidoscope de lumières vives trop diversifiées.
  • TITANIC (1997)
    "Titanic" révéla à la génération montante de la fin des années quatre-vingt dix ce que "Germinal" avait déjà fait quelques temps auparavant. Le microcosme révélateur du fonctionnement de nos sociétés.Une différence de classes impitoyable, atténuée par quelques parcelles de naturel, de spontanéité et d'opportunisme, fusionnant inconditionnellement avec le besoin d'exister en côtoyant de véritables perceptions.Ceci sur un site laboratoire luxueux ou spartiate, en fonction de ses origines.Sédentaire et cloisonné, destiné aux indifférences, aux lâchetés ou aux morceaux de bravoures, s'approchant lentement d'une traversée où le riche est à l'étage et le pauvre en sous-sol.Sur un site touché à mort, les vérités individuelles de chacun se rassemblent, pour ne constituer qu'une vérité absolue.Un opus initiatique bouleversant, sur une tragédie permettant à des esprits, de conclure leurs apparitions sur terre, par des comportements appropriés à leurs ressentis.
  • THE GAME (1997)
    "J'étais aveugle autrefois mais aujourd'hui j'y vois". Le contact quotidien d'un environnement affairiste, servile, procédurier et sans âme entretient le désœuvrement d'un nanti assailli par un traumatisme d'enfant, ne percevant plus l'autre que comme une ressource de profit ou d'encadrement domestique. Se projeter dans un contexte inconnu, imprévisible et dangereux, propulse un indifférent vers une reconstruction de soi. Une récupération thématique virulente, s'acharnant sur un individu austère et solitaire, afin de le reformater en lui inculquant le mystère, la soudaineté et la peur. La restauration d'un éclairage oublié, offert par un proche attristé de visionner un tel détachement, conduira un cousin pas si éloigné du citoyen Kane, de l'aisance à l'immondice, en passant par la crasse et la poussière, vers la reconquête de vibrations communes oubliées.
  • BIENVENUE À GATTACA (1997)
    "Tu veux aller dans l'espace? Commence par nettoyer celui-ci". L'heureuse initiative d'un exclu refusant à l'aide de sa volonté accompagnée de quelques initiatives révoltées ou hors normes un diagnostic de naissance futuriste, implacable privant un invalidé de s'approcher au plus près de Titan, quatorzième lune de Saturne. Une transformation tenace et endurante offrant une seconde naissance à un chétif condamné ne se résignant pas à contempler cloué au sol les décollages de navettes. Métamorphose menant un reformaté dissimulateur, tricheur, manipulateur, combattif et obstiné vers ses atomes originels. Conscient des le plus jeune âge de ses étincelles intérieures de conquêtes qu'il suffit de transformer en opportunités énergétiques afin de concrétiser son rève.
  • LE DINER DE CONS (1997)
    Quelques empreintes sans surprises, puis prometteuses, entre un nanti immature et taquin, subitement mis en orbite autour d'un prince de la boulette, n'étant que l'inverse de ses bonnes intentions. Brochant bourgeois sélectif, isolé et pédant se retrouve involontairement administré par les procédures incertaines d'un parachuté, satisfait de sa composition joviale et limitée, inhalant faussement la perception d'une valeur de la part d'un arrogant, ne pensant qu'a se divertir aux dépens d'un esprit jugé inférieur.Ciblé, puis dédaigneusement toisé par un manipulateur, un esprit satisfait de ses icones et de ses jeux de mots populaires, se révolte en se servant de sa sensibilité comme arme de guerre.Un recadrage poignant de la part d'une charpente simple et sensitive, heureuse d'offrir à tout son entourage un optimisme naturel envers un possédant solitaire dont les principaux traits de caractères ne sont plus qu'une austérité sécurisante, à l'image de ses toiles et de ses bibelots.
  • LUCIE AUBRAC (1996)
    Faut-il une guerre pour voir un paroxysme s’exprimer ? Le pire, c’est quand tout va bien. Les cœurs s’éteignent dans la routine du quotidien où il ne se passe plus rien, les passions, depuis longtemps consommées, ne sont plus qu’un lointain souvenir.N’est-il pas salutaire d’être soudainement fragilisé, d’avoir peur de tout perdre, de combattre afin de conserver le bien le plus cher au monde.Lucie, projetée en pleine guerre, lutte sur deux fronts, La résistance et la sauvegarde de son couple.La résistance, ce sont des amis sûrs, déterminés à chasser l’arrogance de l’occupant piétinant un patrimoine, ces hommes luttent afin de récupérer leurs libertés de citoyens, en encadrant à la perfection Lucie, femme aimante et aimée de Raymond son mari, arrêté puis anéanti physiquement par la question.L’imagination déployée par Lucie et son groupe afin de récupérer Raymond est d'une détermination presque surnaturelle.A travers la résistance, un macrocosme responsable se déploie sur un terrain dessinant en parallèle un microcosme nommé amour et amitié, envers un homme dans la peine, que l’on désire absolument sauver, tout en exécutant un engagement de base.Le respect de l'homme et de la mission.C’est le cœur qui parle à travers un groupe soudé devant l’épreuve de l’occupation qu’il faut combattre tout en vivant une vie sentimentale, Lucie se bat et aime. Deux ingrédients indispensables montrant que l’on existe.Claude Berri réalise un film sobre, exemplaire, la minutieuse reconstitution historique est un respect offert à l’histoire de ces hommes et de ces femmes investis, afin qu’un pays dans la tourmente retrouve une identité perdue.
  • BEAUMARCHAIS L'INSOLENT (1995)
    "Vos vers sont détestables, ils n'expriment que votre érudition, rien de vous même"Beaumarchais est un contenant pourvu de tous les contenus. Une lumière éclatante libertine et visionnaire, énergisée par un verbe aussi tranchant qu’une épée, acclamé par une assemblée vicieuse et passive, adulant un esprit montant au front, en constante représentation, conscient de ses possibilités déstabilisatrices envers un pouvoir que l’on peut fragiliser par l’arrogance. Un prédateur cynique sourire en coin, enivré par ses textes et ses bons mots, s’amuse de son temps en se délectant de l'irascibilité, de l'inquiétude et du plaisir qu’il suscite de la part d’une institution immobile et corrompue.Libre dans ses actes comme dans ses écrits, un esprit lucide et fantasque selon les environnements traversés, montre de manière éclatante et ininterrompue sa liberté en s’abreuvant de toutes les opportunités de son temps.L’Amérique et sa revendication du bonheur conditionnent l’épopée d’une virulente machinerie consciente de tous les dysfonctionnements d’un pays vieillot, hyper coincé, qu’il faut impérativement aérer par un comportement novateur.Pour cela il faut provoquer et recevoir de plein fouet tout ce que l’on déclenche en le considérant comme la réaction hypocrite de contemporains amusés ou irrités par les manipulations d’un personnage diverti par un entourage décevant, mais laboratoire indispensable de ses débordements.Un bon film, sur une âme de passage jouissive et consciente de son emprise sur l’art et la manière de dominer le temps d’un éclair, par une pensée neuve une faune servile ou impétueuse.Fabrice Lucchini, au pic de sa carrière, est remarquable.
  • RIDICULE (1995)
    C'est le bel esprit qui ouvre les portes. "Je viens de prouver l'existence de Dieu. Je peux tout aussi bien prouver le contraire quand il plaira à sa Majesté".A Versailles, à l'aube de la Révolution Française, il faut régner par le verbe, protégé par une lignée véritable ou inventée.Intercepter et monter en surface spontanément suite à l'impact d'une attaque ou d'une allusion, l'assistance nécessaire et spontanée d'un bon mot protecteur permettant d'assurer davantage la continuité toujours précaire de courtisans ripailleurs et non croyants, en espérant que leurs prouesses parviennent aux oreilles d'un roi uniquement charmé par l'aménagement de la réplique.Tout n'est qu'un cannibalisme verbal de salons, loin des souffrances d'un peuple ignoré par une tablée de prédateurs déconfits à l'idée de disparaitre de l'environnement d'un monarque.En délégation, afin de sauver les siens intoxiqués par la fièvre des marais, le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy s'apercevra qu'il est bien préférable de relever les manches sur ses terres plutot que de quémander de l'assistance à de fragiles figurines instables et poudrées, ne pensant qu'a prolonger leurs survies dans des joutes quasi quotidiennes, que des évènements sanglants se profilant lentement à l'horizon, se chargeront de disperser.
  • SEVEN (1995)
    - Voyez-vous Messieurs, je ne vous comprendrais jamais. Regardez tous ces livres autour de vous. Une mine de connaissances à la portée de vos mains et vous qu’est-ce-que vous faites, vous jouez au poker toute la nuit. - On sait ce qu’il faut savoir nous, on sait qu’on ne sait rien. Il restera malgré leurs souffrances insoutenables la pire des choses pour certains paresseux, envieux luxurieux, convoiteurs et colériques tombés malencontreusement sous la coupe d’un juge itinérant diaboliquement méticuleux, imposant jusqu'à l’extrême dans un temps infini les châtiments les plus atroces. Celle de la découverte de l’enfer du Florentin, le vrai, celui sous nos pieds, dont une ville sombre et pluvieuse représente de plus en plus la réplique. Dont les convulsions malsaines entretiennent la désillusion et la fougue désordonnée entre un vieux coq sur le départ et un jeune loup pièces maitresses d’un jeu dont ils enrichissent le déroulement par leurs investigations. Dante en surface, gendarmes et voleurs dans un même scénario avec Minos aux commandes se délectant du comportement terrifiés ou aigris de tous ces pions torturés ou manipulés avec mépris et détermination avant de quémander dans la sérénité la plus profonde son trépas une fois son grand œuvre terminé. Une fin de siècle extrêmement calorique ceci dans le mauvais sens du terme ou il ne reste plus qu’une seule chose à faire, fuir le plus loin possible.
  • CARRINGTON (1994)
    Il est indispensable d’avoir la force de retenir ses reproches envers cette œuvre longuette et ennuyeuse. Dora Carrington, peintre de 22 ans, tombe sous le charme de l’écrivain Lytton Strachey, homosexuel au look d’un Toulouse Lautrec de taille normale, vision d’un grand frère, presque d’un père, pour cette jeune fille semblant subir dans un premier temps une homosexualité refoulée. Dora a une psychologie de garçon ce qui trouble Lytton qui essuie les plâtres dans un premier baiser avorté. Des angoisses communes offrent à ces deux protagonistes de longs discours sur un parcours littéraire raté et une sexualité d’abord rejetée, puis conquise pour ne plus être abandonnée. Les années passent, la guerre fait rage, ces deux esprits font curieusement cause commune par leurs différences. Aucune construction selon des normes n’est possible. Un corps de femme est jugé comme dégoûtant par un Lytton subjugué par le mari de Dora. Ces deux corps s’étreignent, se blottissent dans un lit, sans accomplir ce qu’on n’y fait d’habitude, quelques caresses chastes entretiennent cette amitié complexe. Ce relationnel au delà de l’amitié, sans être forcément de l’amour, est une passion aux allures métaphysiques, définit par la réflexion de Dora enceinte à Lytton. "Je ne veux pas d’enfant à moins qu’il ne soit de vous" Les parcours séparent de manière épisodiques ces deux esprits qui se doivent à leurs pulsions respectives. Dora soudainement prend conscience du chaos de son existence, en contemplant son mari et Lytton en galante compagnie respective chacun en fonction de sa sexualité. Par un coté désabusé, ces deux cœurs à l’unisson se maintiennent dans le temps par l’antinomie, un écrivain immobiliste se jugeant fini, délivre un opposé : un corps de femme enfin libéré. La jonction de leurs différences s’opère dans de longues étreintes où chacun se ressourcent dans un repos à l’image de flots apaisés.
  • FRANKENSTEIN (1994)
    "Tu m'a donné des émotions sans me dire comment m'en servir". La science contient deux composants, l'ordre et le désordre. Le premier traverse le temps à vitesse constante, en reproduisant ses règles récurrentes, à de jeunes esprits formatés pour l'entretien d'une seule pensée. Rien ne bouge, rien ne change. Le second, intolérant et novateur, conteste la formation de ses maîtres en bouillonnant d'imagination euphorique et intuitive. Frankenstein, Phaéton solitaire et débordant d'enthousiasme, se laisse emporter par des théories ne maitrisant plus le moindre impact rationnel. On ne voit que son concept, sans s'apercevoir que celui-ci n'est qu'un boomerang programmé pour percuter en retour, un nouveau penseur galopant comme un cheval fou, sur des luminosités trompeuses. La fougue et l'état second d'un savant devenu hors contrôle, ne donne naissance qu'à un aggloméré de chair et de sang, ne correspondant pas aux critères de la vie. Le faciès est repoussant, le geste brusque, l'environnement découvert ne possède aucune similitude avec un être constitué de toute la désespérance humaine. Inapte aux rencontres, sa finalité ne lui montre que son atroce différence conduisant vers la vengeance, une créature carbonisée par la souffrance, laminant de reproches son créateur. Frankenstein opus gothique, aux images hallucinantes, démontre parfaitement l'inconscience d'un visionnaire sous l'emprise d'une intuition, ne conduisant qu'a la matérialisation d'une révélation violente et démoniaque, lâchée dans une nature craintive et détachée. Ceci donnant naissance à un troisième composant, s'insérant entre l'ordre et le désordre, l'ignorance. Dans certains cas, il est préférable de ne rien savoir de manière, à ne rien détruire.
  • LE GRAND SAUT (1993)
    "Le grand saut" est une caricature dramatique et loufoque, dénonçant dans un second degré aussi lucide que décalé, le fonctionnement particulier de certaines entreprises américaines mécanisées des années cinquante. Une consultation effectuée du sol au plafond, par un gros lourdaud provincial effacé, puis égocentrique parachuté sur une grosse pomme en excès de vitesse, brodée dans les affaires et les comportements les plus fous.Contemplée de haut par des dirigeants arrivistes, indifférents, costumés de gris, élevés à l'expansion du dollar dans des bureaux gigantesques, tutoyant un ciel insensible.Loin de toute une masse interne privée de toute créativité, exécutant en sous sol des taches inutiles incorporées à la thématique de leur enseigne.Le challenge de ces dirigeants, aussi fantasques que cloisonnés, parait inéducable.Progresser, devenir le meilleur sur le marché, pour enfin péricliter en pleine gloire par un grand saut vers un néant libérateur.De l'idiot manipulé, fil rouge entre l'exécutant sans âme et le patron suicidaire, toute une cohorte n'ayant plus la notion de soi, s'autodétruit dans un concept managé par le conditionnement menant vers l'exagération, toute une cité privée de libre arbitre.Un opus éloquent sur la manière de switcher par arrivisme ou médiocrité sa conscience dans un monde absurde, ôtant toute perception d'un véritable message à conquérir, puis à délivrer.
  • LUNES DE FIEL (1992)
    Les méandres nauséabondes et perverses d’un metteur en scène privé de liberté cinématographique, suite à une thématique répétitive, continuent de sévir dans un opus sans attrait, ne faisant qu’entretenir le compte en banque d’un esprit esclave d’un genre plus rentable que ressenti. Rien de nouveau dans ce torchis progressif, menant une simple rencontre vers son anéantissement, suite à une overdose sexuelle sans aucun tabou."Lunes de fiel" énième particule d’un travail en boucle, ne fait qu’assurer l’instabilité d’un réalisateur en chute libre, depuis "le locataire".Le culte du beau et l’idée du bien sont à des années-lumières de cette repoussante poubelle humaine, montrant nos pires travers dans une succession d’images récupératrices et sans originalités.Soporifique, artificiel, mal joué "Lunes de fiel" est à deux doigts d’être la pire réalisation d’un homme ne montrant que la déchéance de ses semblables. Une tel acharnement est pitoyable et n’aide en aucun cas la récupération de repères sains.Est-ce lui qu’il faut discerner dans les personnages de cette répugnante descente aux enfers ? Dans l’affirmative la vision de cet opus ne doit en aucun cas altérer un principe de construction basée sur la perfection et l’association des formes.Ici tout n’est que destruction vomitive et glauque et ne mérite que le pilon. La vraie vie est ailleurs, même si cet ailleurs ne fait que se répéter.
  • BEIGNETS DE TOMATES VERTES (1992)
    Evelyn Couch, boulotte naïve, soumise à la bouffe cholesterolée, fait la connaissance, lors d’une visite à l’hôpital, de Ninny Threadgoode. Celle-ci lui raconte, par intermittence, le merveilleux parcours en commun de Idgie Threadgoode et de Ruth Jameson, la saga prenant un départ dans une Amérique des années trente, ventripotente et raciste, jusqu’au bout des ongles.Ces deux jeunes filles, témoins d’un accident tragique, vont se rapprocher, apprendre à se connaître, se construire dans l’apparence d’une fausse différence.Idgie, sauvageonne enfant des arbres, se laisse approcher par la sensibilité de Ruth, une amitié éternelle va unir ces deux jolies jeunes filles, qui séparées le temps d’un mariage ratée, vont se retrouver pour ne plus se quitter.Evelyn, captivée par les récits épisodiques de Niny, se sent imprégnée par la robuste constitution psychologique de Idgie et de Ruth, sa vie va se transformer, prenant conscience de sa position dégradée au contact de ses contemporains, elle va se bâtir à leurs images et s’imposer comme une personne responsable se devant d’être respectée."Beignets de tomates vertes" est un film magnifique, un chef-d’œuvre de sensibilité où une femme raconte l’histoire de deux femmes influant à distance le destin d’une troisième.Ninny à l’automne de sa vie est une admirable conteuse, ses mots se marient merveilleusement avec l’image du cheminement, parfois tortueux, mais indestructible de Idgie et de Ruth, elle fait du courage de certains personnages de véritables icônes.Tout est sensible, prenant, trois femmes refusent de se noyer dans la dépendance violente, raciste et indifférente masculine de leurs temps respectifs et se révoltent à leur manière, en s’aspergeant pour deux d'entre-elles d’eau et de farine, sous le regard impuissant du maître des lieux, dépassé par cette dérive soudaine.L'amorce d’un nouveau temps, la femme devient déterminante, dans un relationnel enfin positionné à un niveau équivalent avec l’autre sexe.
  • DRACULA (1992)
    "Nous sommes devenus des fous au service de Dieu"Dracula est la poursuite d'un amour perdu à travers les siècles par un homme meurtri. Un désespoir continuel, entretenu par la haine envers la croix et les hommes que l'on méprisent, tout en gardant au fond de soi le potentiel d'une luminosité émotive soudainement opérationnelle, suite à la contemplation d'un portrait.Dracula est une œuvre antinomique. Une sensibilité enrobée de fureur. Une destruction pulsionnelle, cohabitant avec le besoin de retrouver quelques parcelles humaines, en se ressourçant malgré sa monstruosité sur des comportements perdus.Un monstre retrouve, tout en gardant une panoplie destructrice, un visage baigné de larmes.Le geste et la parole sont restaurés. Le regard redevient doux et attentionné. La bestialité abandonne pendant quelques instants ses concepts en laissant sa place à un esprit retrouvant miraculeusement l'envie de séduire.La mélancolique partition musicale de Wojciech Kilar accentue encore davantage la perception d'un environnement sombre, mélancolique dominés par le tourment incessant d'un déconnecté de Dieu, complètement dévasté, retrouvant son besoin de détruire, en concurrence avec la restauration subite d'un tempérament émotif.Dracula est un opus de souffrance, un manque indélébile, assouvi par des crises de démences, dans une symphonie gothique reproduisant magnifiquement les conséquences démoniaques d'une déchirure.
  • UNE NUIT SUR TERRE (1991)
    Cinq histoires démarrent simultanément de nuit, en cinq endroits de la planète, d’Ouest en Est, de Los Angeles à Helsinki, en passant par New York, Paris et Rome. L’outil thématique de ces cinq sites, aux antipodes d’une luminosité touristique, est identique. Un taxi au bord de l’effondrement transporte dans des lieux insolites une clientèle pour la plupart marginalisée.Ces cinq parcours délivrent un message similaire. Une brève rencontre, entre marginaux, tisse quelques moments drôles et chaleureux. Tous ces personnages surgis de nulle part, livrent le temps d’une course, quelques parcelles de confessions atypiques, avec comme toile de fond des rues tristes et enneigées.De nuit, visuellement, la planète est à l’unisson, ceci dans quatre langages différents. La course vers le soleil levant ne délivre qu’une uniformité.Etre pauvre à New York où à Helsinki n’engendre que les mêmes états d’âmes.La chaleur humaine est à l’intérieur des voitures, le rire est loin d’être rare, c’est un miracle tant l’aspect extérieur est à l’abandon. Une communication, calquée à l’image de gens simples, s’illumine grâce à la force de mots orduriers, rapprochant bizarrement ces êtres pauvres, mais sans contraintes.On rentre dans son quartier insalubre où l’on se fait déposer le long d’un canal. Tout est surprenant, inattendu. Les premiers contacts peu engageants se clôturent par un encouragement à entretenir sa marginalité.Peu importe; l’essentiel est de vivre à l’instar d’un système quelques contacts, de créer un fil conducteur conversationnel de base entre protagonistes de ces brefs moments passés en commun.Chacun impose ses limites intellectuelles, apprend à se connaître en se quittant bons amis, sauf dans certains cas où malgré une conclusion dramatique l’humour l’emporte sur le tragique."Une nuit sur terre" est un ingénieux film concept sur cinq horloges terrestres n’activant qu’un seul message. La liberté d’être différent.Une survie déconnectée d’un contexte diurne politiquement correct, interdisant tout décalage.
  • URGA (1991)
    Espace à perte de vue et corps en mouvements, voici ce qu’offre "Urga" sur un fond de réflexion créé par une civilisation imposant lentement une transformation économique et sociale à ces familles éloignées de tout. Des images et des termes nouveaux envahissent ces immenses plaines.Par l’intermédiaire de Sylvester Stallone, le grand Sam fait de l’œil à cet oncle saoul du matin au soir, ne dormant jamais. Le terme de frère est récupérateur et annonce le danger de l’anéantissement d’un esprit intuitif, basé sur les règles de la nature.L’ivresse de ce territoire sans limites est une des dernières transcendances galopantes permises à ces hommes aux mœurs ancestrales, immolant des moutons dans la douceur et le respect.Tout ici est singulier, un accordéon entame soudainement un paso-doble anachronique, Gombo traque par jeu sa femme au lasso, le regard semble sévère, mais l’homme est aussi bon que sa parole est rare.Ce sont les derniers instants vécus par des esprits et corps libres, qui bientôt devront se plier à des phénomènes de masses, nommés préservatifs et télévisions.Le monde change, le contrôle des naissances est rigoureux, Gombo est hors-la-loi avec ses trois enfants conçus dans l’absence et le respect des lois.La température de la ville est loin d’être stimulante. Véhiculé par un agréable compagnon, il découvre les boites de nuits, les beuveries, les manèges tournoyants, les boîtes à conserves et la localisation curieuse d’une partition musicale.Chez lui, c’est la pureté d’un espace aux lumières naturelles changeantes, ici c’est la crasse d’un troupeau mécanisé et endoctriné."Urga" est le vertige d’un horizon incapturable, l’offrande céleste de l’ombre et de la lumière offerte à des hommes à la vue perçante, atout majeur pour être comparable au maître des lieux, l’aigle royal.
  • UNE ÉPOQUE FORMIDABLE (1991)
    Inquiétant tout en essayant de surnager par l’humour, "une époque formidable" collecte sa force dans la seule conception possible et supportable, le groupe, même si celui-ci est corvéable ou marginalisé. Berthier curieusement acquiert un équilibre au contact de la rue, en s’intégrant à une meute combinatoire, adaptée à la sphère de l’exclusion.L’épreuve du froid est bénéfique, initiatrice pour un homme épuisé par le rendement, pensant naïvement que l’accumulation de biens artificiels est un passeport pour conserver l’être aimée.Ce châtiment temporaire recadre un dispersé dans des valeurs simples où la conquête d’une simple paire de chaussures est presque une extase.Dehors on n’est plus rien, il faut être débrouillard en espérant tomber sur de bonnes ressources d’accompagnements. Berthier s’adapte aux viandes avinées et aux crises de démences dans un environnement devenu presque acceptable.En ce début d’années quatre vingt dix, la crainte majeure est la limite d’âge. Celle qui vous balaie de l’entreprise à quarante ans dans l’indifférence générale.De nos jours, un remake d’une époque formidable serait insoutenable. Tellement d’ingrédients nouveaux sont apparus que le forage d’un nouvel opus s’avère presque impossible."Une époque formidable" malgré son sujet détient un parfum de liberté. La rue à temps complet est perçue comme conviviale, un terrain de jeux délirant sans hiérarchies ni règlements foulé, par une troupe acclimatée à sa conjoncture.Tout ceci est presque darwinien. Le banni de plus en plus jeune s’accommode aux désagréments naturels par une carapace renforcée.
  • LE SILENCE DES AGNEAUX (1991)
    Cet opus sombre et mélancolique dépeint parfaitement, dans un contexte sensible et épuré, les premières approches douloureuses d'un métier, par Clarice Starling jeune stagiaire déterminée, fragile, souvent au bord des larmes, projetée dans un monde insoutenable, dominé par le prédateur insensible et le martyre horriblement mutilé. Il s'agit de conserver sa motivation dans des investigations pénibles et réalistes, squatée par des images sensitives d'adolescentes et une absence insoutenable, tout en étant généreuse en confidences souhaitées et collectées par un tueur psychopathe, d'abord odieux, puis protecteur et paternel.Un premier contact acerbe et destructeur, puis tendre et abouti, entre une écorchée vive et un monstre adouci par la perception d'un être véritable et sensible, le temps de quelques révélations.Un film émouvant sur quelques moments intimes entre deux esprits temporairement éloignés de leurs thématiques par la puissance d'un verbe en commun.
  • TWIN PEAKS (1991)
    Un périple bien éprouvant que ces images d'un monde parallèle pesant dont les principales directives sont les comportements à la dérive de possédés bien entamés. Une site laboratoire, désolé, hallucinatoire et déjanté habitacle de toute une faune sous l'emprise d'un climat commun en vrille, rouge vif traversé dans les pires conditions par des esprits détraqués et paranos, à la conquêtes de sensations interdites.Le délire brutal et permanent d'un groupe local sans but, surfant entre festivités et déprimes récupéré par un mysticisme pervers sur un site aux mains d'un concept démoniaque.Un opus poisseux, prenant, lancinant et douloureux sur nos besoins cachés, qu'une moralité vacillante tente d'éloigner avec de plus en plus de difficulté de nos vies aseptisées.Une oeuvre prémonitoire sur l'effondrement de nos morales catapultées vers le néant par la démence du ressenti.
  • NIKITA (1990)
    La récupération intéressée et corvéable à l'infini d'un esprit poubelle privé de féminité, violent, animal, analphabète et meurtrier reformaté par le maquillage et le sport de combat en machine à tuer. L'acquisition lente et laborieuse d'une nouvelle perception de soi féminine et combative n'étant que l'offrande d'un système punitif dont la dette à rembourser n'est qu'une perpétuelle mise en danger d'une nouvelle identité en service commandé.
  • LA GLOIRE DE MON PÈRE (1990)
    "En ce temps là, le bonheur coulait de source, simple comme bonjour". Cet opus est un patrimoine évanoui. Un océan de bonté, de douceur, de patience, d'encadrement, d'écoute, de regards ainsi que de caresses et d'étreintes spontanées, offertes naturellement dans des contacts chaleureux.Le bonheur s'avère d'une simplicité déconcertante. Il suffit d'être ensemble, d'accepter et surtout de se contenter de la présence de l'autre, malgré certaines différences.De ne jamais se poser de questions sur une éventuelle lassitude envers la répétition des choses. De s'adapter à une technologie rustre et rudimentaire, en incorporant à tous ces composants, synonymes de longévité, une fusion intense avec une nature restituée dans son plus simple appareil."La gloire de mon père" est une apologie odorante de la bonhomie. Les merveilles d'une existence familiale protégée, à l'air libre, perçue par des enfants heureux, en pleine croissance, soudainement touchés par un éveil sensible envers des adultes atypiques et protecteurs.Un monde vaincu par un environnement moderne, à l'image de consommables ne faisant que se succéder à eux-mêmes, sans fournir le moindre apaisement durable.
  • THELMA ET LOUISE (1990)
    Plein gaz pour ces deux serviettes de tables, pressées comme des citrons par un mari ou un petit ami avachi, par la bière et la diction pâteuse. Dehors le destin est imprévisible, Thelma passe de l’exploitation abusive à la protection assassine. Louise prend les commandes d’un road-movie traditionnel, ponctué de l’inévitable flic de cambrousse, aux basques des fugitives exaltées par un panoramique offert dans une décapotable brassant vent et kilométrages.Au fil de la route Louise s’éveille, prend de l’assurance, s’éloigne du concept masculin, dans une lucidité confronté à une situation s’aggravant d’heures en heures."Thelma et Louise", récit de route aux paysages vertigineux et hallucinés, libère deux ménagères de la graisse des fourneaux, en leur offrant un territoire sans limites.Cette relation fusionnelle n'est pas sur le fil du rasoir de l'homosexualité, mais ressemble plutôt à une amitié sans le plumard, entre deux femmes hystériquement récupérées par un contexte sans limites, admiré sans retenue.
  • LACENAIRE (1990)
    Ce personnage légèrement ébauché dans "Les enfants du paradis" méritait bien une étude particulière. Auto suicidaire, ce lettré extravagant et imprévisible désire quitter de manière flamboyante un monde dominé par la rudesse parentale et la dominance des prêtres. Le vol, le plaisir et le meurtre sont les garants d’une guillotine patiente. L’homme s’en délecte à l’avance. Le rendez-vous avec la grande faucheuse est ardemment désiré, presque jouissif, pour un personnage évoluant sans retenue dans un contexte rejeté.Puisque ce monde n’est pas accepté, il faut en abuser à outrance, par les coups, le pistolet, les bons mots et les corps féminins basculés ironiquement. Le malandrin reçoit galamment, ripaille en cellule, offre son visage au moule. Séduit l’assistance par une rhétorique enflammée.Un refus d’intégration devient l’envolée d’une anarchie assouvie goulûment, par un prince débauché, sanguinaire dénué de repères affectifs, alimentant la matière de sophistes charlatans.Lacenaire, contestataire épanoui, fait le procès de la perversité cachée de ses contemporains, en se grisant d’interdits. L’homme est introverti, mauvais, dissimulé dans des procédures moralistes, pingre, cachant sous la robe sacerdotale ou l'habit propre d'un grisonnant, la convoitise de jeunes chairs.Lacenaire dénonce, méprise, corrige aux poings les imperfections de ses semblables, en se dirigeant lentement vers la lame libératrice.Daniel Auteuil dispose enfin d’un grand rôle, qui n’est pas s’en rappeler l’itinéraire fou de Joseph Bouvier dans "Le juge et l’assassin".Un dénonciateur de temps moroses et corrompus hurle son isolement et son désespoir, par un parcours criminel.Lacenaire, hôte éphémère volontaire d’une terre rejetée, joue sa propre pièce de théâtre à l’aide de partenaires considérés comme les ingrédients d’une jouissance personnelle.
  • L'ECHELLE DE JACOB (1990)
    Un généreux brulot humain, efficace et pathétique sur la dégringolade d'un esprit lentement carbonisé par des images hallucinatoires emmagasinées sur un site infernal, puis restaurées sans sommations dans un contexte urbain devenant soudainement hors contrôle. La lente agonie d'un cobaye dans un coma irréversible, lui permettant curieusement de se projeter dans un avenir virtuel, encombré de poursuites inexpliqués formatés par des visages déformés.Un cheminement reposant et spectaculaire en alternance s'empare d'un vétéran du Viêt-Nam en vrille, usé par des cauchemars éveillés mêlant le passé et le présent.Des visions incompréhensibles et surtout injustes suite à la révélation de leurs origines.La dénonciation sans pitié d'une hiérarchie militaire contrainte au dopage pour obtenir des résultats de la part de soldats statiques sur le terrain, mettant en concurrence leurs bravoures et leurs sensibilités.
  • GHOST (1990)
    Les seconds couteaux sont quelquefois bien plus performants que leurs maitres, détenteurs dans la durée de l'image et de ses ressentis. L'épisodique fantôme du métro est poignant, désespéré. Un esprit malheureux, privé de la matière et de son toucher.Condamné à la contemplation passive et éternelle de ses contemporains, dans des allers retours en boucle ne servant à rien, sinon à se lamenter sans fin sur un territoire perdu.Un regard décharné, perçant, agressif, revanchard, sevré de communication, imprégné de désespoir, maudissant le temps de l'avoir congédié cruellement de l'existence avant son heure.Des moments de solitudes intenses, en compagnie d'anonymes endormis, évasifs ou plongés dans leurs lectures quotidiennes, dans l'impossibilité de communiquer avec un invisible à perpétuité.Les meilleurs moments d'un opus espoir, gommant nos craintes de néantisation, suite à notre disparition.On est toujours là, mais condamné au voyeurisme.
  • CONTE DE PRINTEMPS (1989)
    "L'espace est une forme a priori de la sensibilité"Ce n'est pas pour rien que la photo du plus grand philosophe du XXème siècle figure dans l'un des plans de ce "Conte de printemps" essentiellement axé sur le langage et la pensée, denrées humaines indispensables, pour que le monde continue d'être et que cet opus calme et doux se charge magistralement d'entretenir et de sauvegarder. Les conversations sont sensibles et reposantes. Elles apportent quiétudes et apaisements, dans des propos appropriés à une thématique simple, mais jamais dérisoire, malgré les apparences.Tout se structure dans le regard et la confidence. Ce n'est qu'une étape, une rencontre entre une voix et une écoute, dans une atmosphère bourgeoise, protégée combustible récurrent pour bien comprendre le travail d'Eric Rohmer, filmant un univers féminin faussement banal et ennuyeux, toujours positionné sur la luminosité des choses baignées de craintes et d'espoirs en alternance.Ces belles jeunes filles se parlent longuement dans des environnements culturels et maniérés. Un vrai bonheur pour ceux qui aiment la nature, les livres et surtout la Philosophie, le tout dans un contexte chaste et pur.A travers ces légers dévoilements sur les craintes d'un présent ou d'un avenir se forme un groupe générationnel, tentant avec brio d'atteindre dans un climat léger l'acte pur de pensée, dans une ambiance feutrée, privilégiant une dialectique saine et protégée, loin d'un bruit extérieur obéissant aux déterminations d'un monde pragmatique.
  • MISSISSIPPI BURNING (1989)
    "Vous connaissez les états du sud, on épouse le premier type qui vous fait rire". "Mississippi Burning" est en grande partie l’enlisement nauséabond d’un microcosme raciste local, anti papiste effrayé par des doctrines communistes sans dangers, lointaines d’un état abandonné, non respecté par une tour d'ivoire politique sélective, protégée de ces bassesses rurales par l'immensité du kilométrage.Dans ce trou perdu, les ventres sont déformés par le beurre de cacahuète, le sheriff et quelques notables font la loi en imposant une unique force celle des éléments, possédant uniformes et battes de baseball, s’inspirant d’une loi se trouvant sous nos pieds.Le feu domine un sous sol en ébullition, dans un rituel reconduit sans sommations. Les pendaisons improvisées se succèdent en martelant une dialectique constructive commune, complètement close.La haine se construit sur les décombres d’un désoeuvrement, les coups assénés sur le plus faible ne sont qu’un constat. Une collectivité multiraciale détentrice d’un esprit universel commun, maître de sa terre, ne peut constituer aucun groupe de travail. Une seule couleur voit le jour, celle qui abreuve nos sillons. Cet état sudiste ne se délecte que d’un seul principe, celui des croix enflammées, des cagoules et des brasiers.Une minorité en traque une autre, celui qui pense sommairement terrorise celui qui ne pense plus. Toute une procédure existentielle est bâillonnée, anéantie par un verdict blanc condamnant une couleur opposée à la destruction.Au lieu de remettre ensemble sur pieds un état sinistré, ses principaux composants entretiennent mutuellement la longévité d'un enfer similaire par la violence et la peur.Les femmes soumises sont battues, les maris ingurgitent à toutes heures des sandwichs graisseux. Le Noir est terré, les traits de visages cachés sont dévoilés par des voix rauques débitant de vulgaires lois de dominants."Mississippi Burning" est un brûlot étonnant, magistral dans sa réalisation, le maître du monde vomit enfin de l’intérieur un de ses organes hors normes.L’eau de rose n’est pas par ici, le site se contorsionne dans l’échec d’une intégration commune, à qui seule l’intolérance donne un nom.Par des pulsions instinctives antinomiques, l’homme, toutes couleurs confondues, sombre dans une déchéance commune.
  • LA GUERRE DES ROSE (1989)
    Comment, tout en vivant à deux, briller par soi-même, pour soi-même, en contemplant sa propre réussite, dans un espace domestique commun ? Ce couple de yuppies, embrumé par l'ennui, consume rapidement ses procédures amoureuses, pour ne voir indépendamment, que lumières et réussites professionnelles, rendant indépendantes deux cellules vivant sous un même toit.On ne peut plus sortir d'un carriérisme fabriqué par l'absence d'une rhétorique vibratoire amoureuse à long terme, tout s'émiette pour ne faire place qu'à un seul concept "le job", offrant la délivrance d'une récurrence saupoudrée d'un statut constructif, hors de la demeure.Parfumés d'indépendance, les "Rose", en pleine embellie bureaucratique, se déclare la guerre, tout vole dans les pièces, pas de quartiers, on frappe la où ça fait mal, il n'y a aucune dépendance, tout ce qui a été patiemment acquis, est détruit sans regrets, dans un acharnement démentiel, ôtant chaque composant à une maison à l'agonie.Ce film exerce une fascination nauséabonde, la perception de ces scènes apocalyptiques sédentaires combinatoires délivre un rire cramoisi, cette destruction mutuelle évolutive semble banale et procédurière, les sentiments ne sont pas entretenus, ils disparaissent rapidement. Les esprits sont au bureau, la hiérarchie s'invite au domicile conjugal du collaborateur, en s'accaparant la table familiale où le mari et les enfants n'apparaissent plus.Les récompenses professionnelles sont des natures mortes, à l'image d'un mobilier détonateur d'affrontements, celui-ci étant paradoxalement carbonisé dans un moment de lucidité mutuelle."La guerre des Rose" n'offre pas une perception comique, les quelques arabesques de Barbara Rose projetée violemment dans les escaliers par un mari hors de tout contrôle, maintiennent un sourire figé. La procédure relationnelle de ce couple moderne moteur dans l'entreprise est scrutée de la passion à la destruction, avec un couperet voyageant incognito, la prise de conscience d'un individualisme menant irrémédiablement à la destruction d'une dualité, la routine familiale n'est qu'un prétexte."Je ne t'aime plus", prononcée par une Barbara au regard glacial, n'est qu'un hymne à un voyage en solitaire.Anéanti par le "moi" rémunéré, en récompense d'un investissement extérieur, les Rose se pâment devant un paraître investissant un domaine privé sans défense.Ces deux machines de guerre, dans l'incapacité de faire un retour arrière, s'autodétruisent, paradoxalement en tentant de sauver ce qu'ils ont vus couler sans réagir : leur maison dans sa définition première.
  • QUAND HARRY RENCONTRE SALLY... (1989)
    Le meilleur moyen de savoir, si l’on est fait l’un pour l’autre, est de se consumer, chacun de son coté, dans des tranches de vies, argumentant par leurs doutes et leurs échecs la programmation d’une connexion naturelle, opérationnelle avec le temps. Pour cela il suffit d’attendre patiemment, à l’aide d’une providence, ayant déjà tout élaborée, que les sentiments montent en puissance, en partageant, le temps d’un relationnel compté, ressentis et expériences.On se perd quelques temps, en testant l’extérieur, puis on se retrouve, avec dans ses bagages pleins d’arguments propices, permettant de se réaliser ensemble.Harry et Sally apprennent à se connaître, dans une montée chromatique vers l’amour, passant par la confidence, et surtout le constat inconscient d’un bonheur inexistant, sans l’association de leurs deux noms.L’amitié n’est qu’une pose, dans un processus émotionnel prenant de l’envergure, au fil des rencontres. Ces retrouvailles épisodiques sont bénéfiques, elles élaborent apaisement et tumultes, dans un prologue en boucle, testé par un couple en devenir.Loin l’un de l’autre, leurs expériences personnelles, semblables à des pétards mouillés, alimentent les prémisses d’une union incontournable, bâtie par ces manques.Eros se finalise enfin, dans un compromis raisonnable, se déclarant sur les hauteurs. Une finalité somptueuse, offerte de nuit, à une Grosse Pomme, répondant par ses lumières, à une heureuse conclusion."Quand Harry rencontre Sally" film concept sur une nouvelle théorie constructive amoureuse, est un merveilleux catalogue, contenant des données permettant à un couple de s’offrir l’un à l’autre, dans un chantier amoureux évitant le piège du coup de foudre.Une nouvelle approche, offrant discours et réflexions, à de jeunes générations un peu trop survoltées par le galbe du corps. Ici on s’affronte dans une dialectique embellie par un paradoxe donnant de l’ampleur à des divergences.L’amour n’est plus une pulsion immédiate, démunie de tests conditionnels, il se construit lentement, on commence par fuir, puis on s’interroge, pour enfin se soumettre et s’apercevoir que l’autre est soi.Pour cela il faut deux des plus belles vertus, la patience et la révélation.
  • CALME BLANC (1988)
    "Calme Blanc" est une complémentarité violente et esthétique réussie, entre deux éléments totalement opposés, servant de support à une aventure effroyable, endurée sur une mer d'huile. Ce cauchemar maritime, éloigné de tout, augmente sa volumétrie angoissante dans une photo superbe, partenaire idyllique et indifférent d'une odyssée dramatique.L'ensemble intègre terreur et beauté, dans une temporisation aussi lancinante qu'artistique.Un travail exemplaire, faisant de cet opus, d'une apparence démunie, une œuvre d'art aussi démoniaque qu'apaisée.
  • DOUBLE DETENTE (1988)
    L’avenir de la plus grande contrée du monde se désagrège. La cocaïne s’apprête faire des ravages chez le petit père des peuples. L’ours soviétique se meurt, sa mutation passe par l'arrosage de son territoire d'une nouvelle poudre de couleur blanche, naguère réservé à une élite.Ivan Danko passe de la rigueur administrative au bordel monstre d'une mégapole corrompue sans battre un cil. Art Ritzik, flic paillard et débraillé, guide un métronome procédurier, dans des hôtels sordides, n’offusquant nullement un officier habitué aux rudiments moscovites délavés.A travers un scénario conventionnel, le problème est alarmant. Une population, tétanisée par l’alcool pendant des décennies, glisse lentement vers une seconde dépendance, une drogue saupoudrée au quatre coins d'un pays changeant lentement de visage politique.Les marchés sont juteux, la parade bien dérisoire.Danko, militaire de carrière, dernier vestige d’un monde en train de disparaître, lutte par son endoctrinement à sauver son pays du naufrage.Projeté dans un Chicago, appartement témoin d’un Moscou en construction, Danko s’acclimate immédiatement au banditisme, celui n’ayant qu’un seul visage combattu de manière identique dans la plupart des pays du monde."Double détente" est un film surprenant. Avec un Schwarzy en uniforme, sidéré d'être reconnu par les passants, dans une scène tournée sur la Place Rouge en 1988, un an avant la chute du mur de Berlin.Une réelle nouveauté faisant date dans le relâchement des autorités soviétiques, permettant enfin à des caméras occidentales de fouler ses terres, doublée de la satisfaction pour un comédien occidental d'être célèbre dans un pays sans médias.Le contraste de deux civilisations est saisissant, Chicago est une prostituée clochardisée. Un esprit structuré par l’économie planifié, spécialiste des jeux d'échecs et d'une littérature officielle, découvre dans un état d’indifférence prononcée, un Sodome et Gomorrhe hyper dangereux, bourré de marginaux armés d'un potentiel, les yeux fixés vers l’est.
  • IMAGINE : JOHN LENNON (1988)
    John Lennon est un personnage fascinant, luttant internement de manière farouche tout le long de sa vie, afin de transformer un contenu interne hyper violent en lui associant un concept pacifiste, la paix, nécessaire dans un premier temps à être porteur de son image tout en utilisant les masses, qui ensuite comme une thérapie renvoie en sa direction cette force apaisante comme un miroir. La période Beatles est antinomique, elle permet certes d’accéder au succès avec tous les privilèges qui sont bien souvent synonymes de débordements tolérés par cette définition, mais impose en parallèle un véritable chemin de croix.Le visage dépressif et halluciné de John Lennon chantant (Help) "Au secours" pendant un concert new-yorkais, où l’on entend à peine leur musique, noyée sous l’hystérie de cris effrayants, est le parfait exemple d’une époque où le groupe est robotisé, cette foule nécessaire aux premières années adore ou lapide les disques de ces personnages qui eux-mêmes par les contraintes du système ont attisés par certaines déclarations l’amour ou la fureur d’une foule dans les deux cas incontrôlable et versatile.Les bons mots de Ringo, agrémentés de l’humour féroce et incompris de John déchaînent les médias. Cette supériorité verbale, certes maladroite des Beatles, par rapport à Jésus Christ, dévoile une société coincée qui ne sait pas déceler dans ces propos un humour de réflexion.Le cheminent gentillet des premières mélodies du groupe dissimule un phénomène dangereux, un potentiel de bombe à retardement, qui une fois amorcée, apporte les dérives inévitables d’un groupe cloisonné dans une production débile où il ne faut qu’avoir l’air gentil avec l’uniformité d’un même costume.La période "Sergent Peppers" est une deuxième naissance, le cheveux et les barbes poussent, le groupe livre par certains titres leurs dépendances avec la drogue qui leur permet de claquer la porte sur toute une période de contraintes. Le groupe se libère par un texte enfin adulte et responsable.Malgré cela, la lente autodestruction est en marche avec un ingrédient déterminant Yoko Ono, véritable parasite programmé pour tout faire sauter.Le gâchis de l’album "Let it be" associé à l’idée pourtant novatrice et géniale d'un concert sur un toit, est significatif. La musique surgit de nulle part, stoppe les passants cherchant d’où peut bien venir ces sons qui n’ont plus de consistances matérielles.La fin est brutale "le week-End perdu" qui dura 18 mois où John ne fut que festif, lui permet de retrouver, avant l'épreuve suprême, une jeunesse corrosive, capricieuse et insouciante.Le karma final, que John avait prédit dans une interview, ressemble à une exécution. Ce personnage Mark David Chapman, déterminé à tuer, n’est-il pas simplement l’autre visage de John, celui qui considère que le côté du personnage en rédemption depuis tant d’années, à perdu la partie.La scène de l'intrusion du fan dans la propriété de John est prémonitoire, elle cache, par la passivité du personnage, la curiosité d'une approche douce et mystique de l'idole. L'assaut final du second fan meurtrier est un visage qui applique une sanction. La boucle est faite.John eut pourtant des comportements encourageants, par la volonté de combler d’attention Sean, son deuxième fils par rapport à Julian, premier né terrorisé par les colères et l’indifférence de ce père célèbre.Le parcours de John n'est qu'un déchirement continuel entre la grâce et la rigueur où le juste milieu ne fut qu'un eldorado inconnu.
  • MORT À L'ARRIVÉE (1987)
    Quelques mots sur ce polar intelligent, manquant un peu de structure continue dans son déroulement. L’idée est géniale. Un homme empoisonné ne dispose que de quelques heures pour remonter à la source d’un cauchemar vécu la veille en état second. Rassembler ses souvenirs dans une action morbide en continue; carburant à plein régime et le challenge de ce mort en sursis; avançant en plein brouillard pendant que ses forces rongées par le poison s’amenuisent peu à peu."Mort à l’arrivée", triste et mélancolique cheminement vers la nuit éternelle, permet à un condamné de distiller ses dernières heures dans une volonté tenace de comprendre les raisons d’un départ de plus en plus à l’approche au fur et à mesure que les nuages se dissipent.Un compte à rebours désespéré entre un pourquoi et son explication.
  • LA LECTRICE (1987)
    "Le livre voyez-vous est le seul lien pouvant nous rapprocher du monde quand nous ne pouvons plus y être présent"Relaxant, malgré un excédent soporifique, "La lectrice" est une ballade initiatique amusante sur l'exercice original d'un métier offrant à une héroïne de roman, divertie par ses découvertes, l'état d'esprit de différentes tranches d'âge, s'éveillant ou se maintenant dans ses ressentis, par les mêmes concepts réactualisés au fil du temps. Erotisme pour les jeunes, pornographie pour les vieux, le tout dans des poses ou des lectures thématiques que l'on se doit d'effectuer ou de lire par amusement ou robotisation.Tout un monde imaginaire et cocasse, allant de l'adolescent handicapé en transe érotique, de la nostalgique idéologique et du pervers pépère.Un univers fantasmagorique et clos foulé par une initiatrice sous l'emprise d'une faune solitaire, désoeuvrée, dépendante de la luxure.
  • PREDATOR (1986)
    Bon ressenti sur cet opus exotique musclé, accompagné d'une partition musicale grandiose et névrotique, transformant une efficace équipe de baroudeurs en une troupe désorganisée rongée par la peur. Une aventure angoissante et soutenue, dans une jungle suintante devenue subitement la pièce maitresse d'un chasseur extra terrestre sans pitié, dont les ponctualités barbares sont formatées par une météo au dessus de quarante degrés.De très rigides et implacables moments passés en compagnie d'une créature tissée dans un environnement imprévisible, s'acharnant sur des individus thématiques soudainement confrontés à une puissance inconnue, dans une tragique traversée, alternant entre courages et sacrifices.
  • JE HAIS LES ACTEURS (1986)
    Somptueuse distribution pour ce film tourné en noir et blanc à l’américaine, look "The intouchables", voix off comprise. Le repère hollywoodien des années quarante tisse producteur parano, scénariste fliqué, gourou opportuniste, réalisateur dément, recruteur carriériste, star déchue, avocat véreux, flic incompétent et poule prétentieuse, sans talent.Tout ce joli monde s’ébat copieusement en famille pendant que le GI meurt sur les plages normandes. Divertir ses contemporains n’est pas une mince affaire, il faut gérer les caprices, les menaces, les limites et les prétentions des uns et des autres, dans un milieu où l’énergie inutile se ventile au maximum.La famille de l’image vogue sur des lames d’absurdité, non loin des frontières qu’il faut parfois traverser en toute hâte, afin d’éviter les barreaux."Je hais les acteurs" est une agréable surprise. Un ton neuf, que les deux couleurs de base, n’altèrent aucunement. S’essoufflant légèrement sur la fin, le bilan reste largement positif avec une atmosphère remarquablement reconstituée.Les comédiens, positionnés sur des registres maîtrisés, s’en donnent à cœur joie, en frisant pour certains le numéro de cabaret.Les bons mots, caractérisant tous les métiers du cinéma, pullulent, habillant l’œuvre d’ironie. Les cartes et le révolver ne sont jamais bien loin de ces cinglés du septième art hyper stressés, gouvernant un bateau ivre fonctionnant aux annonces tragiques captées par téléphones.Le producteur s’épuise entre rivalités de comédiens et retards de tournages, en ingurgitant de force la star imposée.Des apparitions surprises augmentent l’intérêt envers la visualisation de cette agréable comédie grinçante et voyeuriste de métiers destinés à des illuminés.
  • LE FESTIN DE BABETTE (1986)
    Cette côte danoise du Jütland, rongée par les vents et la pluie, clame au fil des jours, un chant langoureux nommé "austérité et sacrifice". C’est une vie de dévotion que Martina et Philippa s’imposent, sans remous ni révoltes.Le père est dur, enclavé dans ses principes, la vie n’est offerte qu’a Dieu. Martina et Philippa, un temps belles et désirables, sont courtisées, mais leurs destins est tracé. Ce sera une vie de dévotes, triste, loin des villes et des prétendants.Babette en fuite se réfugie en bout de course dans ce lieu perdu, s’intègre, apprend le langage local, se dévoue et récolte l’admiration de toute cette faune isolée.Nantie par un gain soudain, elle organise un succulent dîner français, commémorant le centenaire de la naissance du père de Martina et Philippa. Elle trime en cuisine, les convives aux visages de pierres muselés par les contraintes religieuses, s’interdisent toutes réactions devant ces plats servis hors du commun.Peu à peu l’alcool stimule de nouvelles couleurs sur des visages endormis. La parole dévie des procédures implacables imposées par ces croyances pures et dures. Des gestes tendres sont distribués, des mains touchent des visages.Le général Lorentz, ancien prétendant éconduit de Philippa, se pâme devant ces cailles en sarcophages, lui rappelant un séjour parisien agrémenté d’un merveilleux repas dans un café anglais, dont le chef cuisinier n’est peut-être pas si loin.Les efforts cachés sont la lumière du silence, quoi de plus merveilleux que de révéler son nom par un odorat, sans se montrer, s’isoler, transpirer dans l’indifférence, retranscrire ses passions par la disposition harmonieuse de mets dans une assiette, n’attendre aucune reconnaissance de convives rassasiés, quittant cette sainte table où certains se sont subitement éveillés à la vie.Babette, par cet anonymat, se positionne à l’égal de cette petite communauté coupée du monde, qui à l’écart de toute technologie, active admirablement une fonction unique :L’amour des autres dans la dévotion offerte à toute une existence.Cette très belle nouvelle venteuse et aride de Karen Blixen, remarquablement mise en images dénudées, déclenche le débat métaphysique de fond de nos sociétés possédant de moins en moins de repères.Comment se projeter par les autres en se servant de l'obscurité comme une lumière?
  • TENUE DE SOIRÉE (1986)
    "Tenue de soirée" tient la route surtout dans une première partie amusante, envahie de bons mots, servant à éveiller la partie féminine d'un marginal colérique et délaissé, apaisé par les mots tendres d'un gros balourd, amoureux d'une copie insignifiante de son propre sexe. Soudainement courtisé, un profil quelconque, d'abord réticent, s'abandonne aux mains d'un amoureux persuasif, lui démontrant avec force qu'il existe, malgré un morphologie hors norme. Hymne à la marginalité et à la révélation d'une personnalité, cet opus décapant, essentiellement basé sur les différentes dérives d'un mal de vivre, managée par l'irrespect et l'ironie, dénonce l'effondrement d'une pensée traditionnaliste, vaincue par le nomadisme et un paraître sans âme.Boosté par la dérision, calciné par l'ennui, le nomade et le sédentaire n'ont plus que la perversité pour ressentir une modulation de fréquence en commun.Certainement plus un film d'auteur, qu'une vérité profonde.
  • RUNAWAY TRAIN (1985)
    "La bête la plus féroce connait la pitié. Je ne la connais pas, je ne suis pas une bête. " (Richard III William Shakespeare) / Carte postale hyper violente et glaciale, "Runaway train" est une fusion austère et sordide entre une nature froide et désolée, toile de fond de quelques esprits dégénérés, confinés ou à l'air libre, dont les différents environnements ne sont que la reproduction et l'entretien de leurs déserts sensitifs.Un panorama rude d'un blanc apocalyptique, déroulant une seule image à des individus aux portes de la barbarie, sur un tas de ferraille livré à lui-même.De la survie temporaire, dans un relationnel tendu, tapissé d'un contexte sauvage, extrême et insensible.
  • L'ANNEE DU DRAGON (1985)
    "L'année du dragon" est un opus extrêmement violent montrant les ravages malhonnêtes de certains héritages ancestraux, emportés et entretenus sur d'autres terres. Être Américain signifie bien souvent un parachutage économique, sur un territoire neuf ou sans idées nouvelles, on implante ce que l'on a emporté dans ses bagages.Suite à sa délocalisation, le Chinois, mathématicien royal sur ses terres, se retrouve en miettes au bout du monde, suite à la construction d'un chemin de fer dont il ne dispose d'aucune reconnaissance.Pour survivre et avoir un nom, il ne lui reste plus qu'à entretenir un ego revanchard, dans une mégapole gangrenée par le meurtre le racket, le trafic et les conflits de générations.Pendant que le Polonais brutal et maladroit se chauffe au charbon, en se baladant dans la vie comme dans un magasin de porcelaines, que l'Irlandais pose pour la postérité devant un chemin de fer qu'il n'a pas construit, que l'Italien se retrouve complètement démuni devant une nouvelle manière de faire beaucoup plus expéditive, l'Asiatique d'une main de fer engloutit par la corvée ses congénères dans les bas-fonds.Toute cette faune ayant pour nom "Amérique", lâchée en pleine nature, assure le spectacle permanent d'un territoire à feu et à sang dont la violence représente le seul outil de communication.Un récit âpre et sans douceur sur l'impossibilité d'avoir un esprit créateur sur d'autres contrées.On fait ailleurs ce que l'on faisait chez soi.
  • LE SECRET DE LA PYRAMIDE (1985)
    "C'est l'aventure de votre vie, Watson. "Oui et aussi un peu la nôtre, par l'intermédiaire de ces deux jeunes personnages atypiques et complémentaires réunis spontanément par leurs attraits du mystère, dans l'investigation, l'analyse et le raisonnement.Une association fougueuse et captivante, unissant le temps d'une enquête, deux esprits neufs, passionnés de rébus sur le fil du rasoir, entre Harry Potter et Indiana Jones, dont les élucubrations mouvementées formatent le début d'une association saine et constructive.L'intelligence et l'encadrement au service du bien, dans une belle histoire ardente et sensitive dont chaque instant est habilement travaillé, ceci permettant à nos sens de ne jamais fléchir devant l'offrande d'images soutenues qu'elles soient intrépides ou légèrement ensommeillées.Un opus d'une jeunesse éternelle, protégé par son dynamisme de l'inévitable fin des combats, nous attendant patiemment à l'orée du bois.
  • LA FORÊT D'ÉMERAUDE (1985)
    La forêt d’émeraude raconte le déclin d’un espace vital hors du temps. Quarante pour cent de l'oxygène mondial sur un territoire unitaire rassemblant des milliers d’espèces animales et végétales alimentant en flore ou en nourriture des centaines de tribus indigènes vivant en harmonie loin de la civilisation.Capturé par un sourire Tommy sept ans accepte de grandir loin des siens dans une métamorphose calme et sereine.En prenant le statut d’invisible un citadin encore influençable se retrouve préservé de la poussière des chantiers, éliminant chaque jour des milliers d’hectares de forêts amazoniennes repoussant dans des sous-bois de plus en plus comprimés, rebelles, trafiquants et souteneurs cohabitant chaotiquement avec l'indien.Les premières scènes sont révélatrices d’un basculement annoncé.Un jeune garçon positionne son regard sur une action millénaire réservée aux silences des forêts.Des fourmis construisent leurs territoires en transportant des feuilles tombées des arbres ceci depuis toujours de manière naturelle sans l'apport de la raison.Sur le bord du monde, frontière entre le centre du monde et le monde mort, Tommy bascule de son plein gré sur un site inconnu et préservé ne fonctionnant que par ses propres règles à quelques mètres d'une civilisation à l'agonie.L'acte de bravoure final à distance, en osmose entre un père ressourcé, épaulé par un fils sous l'emprise de la méditation transcendantale, recule temporairement la destinée d'une "faune" abandonnant inéxorablement l'arc et la flèche au profit de la bouteille et du révolver, avec l'enseigne et le béton comme environnement quotidien.Comment devant un avenir aussi sombre contourner le bidonville, la rapine, le vol, la prostitution et l’alcoolisme ?Quelle société sera capable de repositionner dans une chaîne d’esprits ces indispensables ressources écologiques détruites par l’âpreté du gain.Le film est daté, qu'en est-il aujourd'hui ? Silence radio.
  • POULET AU VINAIGRE (1984)
    Tout est calme, reposant. La parole est calibrée, jamais abondante. L'image esthétique et sobre. Tous ces composants réunis permettent de passer un agréable moment en compagnie de personnages automatisés par leurs lenteurs d’exécution, dans un opus concept, froid, d'une langueur vengeresse et paisible. Une nouvelle manière de montrer de l'action sans action avec un redresseur de tort new look complètement inerte.. Si l'on accepte d'être managé au pas, l’œuvre a du charme.
  • 2010 (1984)
    Pourquoi n’avoir pas laissé reposer éternellement en paix l’emblématique fin du premier opus. Cette suite n’explique rien, pire elle dénature par son parcours sans éclats un premier jet révolutionnaire, provoquant, presque jouissif dans sa refonte complète d’un cinéma éradiqué par ces nouvelles images hors du commun. Le contenu de cette mission de sauvetage pâlotte se réduit à un laborieux et lassant parcours vers la mise en lumière d’un phénomène local, bien basique pour un univers infini.Le message semble plus philosophique qu’autre chose. Un soleil supplémentaire est offert à la contemplation d’une terre sans repères, menacée par un douloureux conflit mondial pendant qu’un ordinateur rédempteur, jadis hyper dangereux, est reconnecté afin de remettre sur les rails du retour, une mission en danger.Le potentiel de la luminosité nouvelle d’un soleil raté permet au deux maîtres du monde de se positionner dans les étoiles en qualité de scientifiques raisonnants, uniquement par les procédures intellectuelles de leurs métiers, pendant que des militaires et des politiciens en viennent aux mains sous leurs pieds.Russes et Américains, isolés de la poudre et du discours, se rapprochent les uns des autres, par l’équation commune, seule puissance capable de les unir dans l'unique royaume irréfutable, les mathématiques.Une procédure éternelle, passionnelle, vraie dans l'incapacité d'être déstabilisée par l'ivresse d'un contexte terrestre passager.
  • GREMLINS (1984)
    La mise en service d'un processus destructif, loufoque et virulent par une créature originellement douce et sécurisante, déployant sur un territoire ne fonctionnant que par ses procédures répétitives, une progéniture agressive et surmultipliée. Suite à une gestion inexpérimentée, le plus beau des cadeaux de fin d'année se métamorphose en pulvérisateur ingérable, s'acharnant sur une population sclérosée par ses récurrences et ses querelles de clochers.Un recadrage spectaculaire accompli par une faune remontant en surface tous ses excès, se divertissant de toutes ces ressources basiques, ambitieuses, nationalistes ou marginalisées, diluées dans leurs quotidiens, extrêmement fragilisées devant la soudaineté d'un déferlement apocalyptique.Une patate chaude complètement débridée, temporairement entre les mains d'esprits attachants mais immatures, dans l'incapacité d'administrer correctement la plus belle des offrandes, se déchaine sans pitié sur un territoire considéré comme un terrain de jeux.Une punition presque indispensable, destinée à réveiller des citoyens endormis par leurs acquis.Nous ne sommes pas encore prêts à contempler une révélation.
  • COUP DE FOUDRE (1983)
    En ces années cinquante, la pression masculine est forte, le sexe faible est figuratif, étouffée dans un rôle de second plan. Pour la femme un temps inutile s’égrène, assise à coté d’un chauffeur de mari faisant vomir un fils malade en auto. Il y a tellement d'autres choses à faire, à ressentir. La femme se meurt de ne pas être femme. En contrepartie, l’homme reste fidèle à lui-même en entretenant son intellect au garage, tout en convoitant la femme d’autrui.Dans une telle précarité d’avenir, deux femmes s’éloignent lentement de leurs maris, en prenant conscience de leur féminité, elles se confient, fument, sortent au cabaret, s’achètent des robes, se maquillent pour elles-mêmes, adoptent un vocabulaire sans tabous, oublient dans leurs nouvelles consciences d’exister, la gestion maternelle de leurs progénitures.De nouveaux territoires sensoriels sont perçus, analysés, mis en pratiques par deux êtres venant au monde précédemment gommés de sensations d’indépendances. Les expériences nouvelles s’enchaînent sur des airs de mambos que l’on danse entre filles.La femme se libère à fond les manettes, un corps avide d’interdits s’offre dans un train, le mari est occulté, il n’est plus indispensable ni primordial, ces colères n’y change rien, une mère devient femme dans des sentiments offerts à son propre sexe, sur le fil du rasoir de l’homosexualité."Coup de Foudre" dépeint une époque d’après-guerre, lourde de dépendances envers le sexe faible devant se plier à la cartographie de ménagère et de bonne d’enfants.L’homme récupéré par la caisse à outils ne sait que gifler une nouvelle ouverture d’esprit, certes incompréhensible et décalée, en ces temps où un pays se relève péniblement d’un conflit, en se devant de conserver une morale digne d’un redémarrage.La dominance masculine est éradiquée, un mari vaincu fond en larmes devant une froideur ayant enfin acquise une liberté hors norme pour l’époque.
  • LA DIAGONALE DU FOU (1983)
    Le refus de se remettre en question est talonné par l’arrogance. L’ours soviétique se griffe de l’intérieur par ses propres enfants. Le conformiste est vieux, usé, presque sourd le dissident est jeune, impudent et orgueilleux. La lassitude affronte le renouveau par pièces interposées, dans un championnat du monde d’échecs sur terrain neutre.Issu d’un même pays, les divergences politiques ont ruiné l’allégorie d’une amitié possible entre ces deux esprits, élevés pourtant par des dirigeants ne parlant qu'un seul langage.Le regard neuf du dissident Pavius est combattu par la vieille école communiste que représente Akiva Liebskind, au bord du gouffre, luttant contre les battements chaotiques d'un cœur éreinté.Le championnat est acharné, l’échiquier royaume de toutes les contingences, sert de champ de bataille à ses deux hommes aux visages rivés sur les cases de ces deux couleurs responsables de tant de divergences.La dissidence représentée par Pavius doit être anéantie par Akiva, image d’un régime morne par sa stabilité non créative. Les pressions de Moscou sont pesantes.La réplique du système est implacable, la jeunesse incontrôlée est un fléau, le diagnostic est uniquement politique sans états d’âme, il n’y a pas de mal à vivre intégré au communisme, seuls les idées de l’occident ont corrompu et dévié ces jeunes esprits individualistes, non reconnaissants de l'apport d'un mot merveilleux, communauté."La diagonale du fou" est un film prémonitoire. Une manière identique de penser de groupe, considérée comme froide et programmée, est menacée par un modernisme survolté annonçant l’individualisme."Je suis ce que tu es" devient "Je suis ce que je suis". Le jeu d’échecs adapté à toutes les conceptions cérébrales sert de support à cette transformation radicale.Le tout devient le moi. L’élite politique ne rassure plus la masse par une idéologie. Celle-ci se désintègre en arrivisme personnel.Le mépris d’Akiva et l’arrogance de Pavius, auréolés de leurs caprices respectifs, ne sont que des instruments voyageant dans le temps, au service de régimes en alternance, n’effectuant que la constitution ou la dislocation d'une collectivité.Les plus aguerris y verront la fameuse lutte Karpov-Kortchnoï, de 1978 et 1981. L’orthodoxe contre le dissident. Une lutte fratricide où la vérité n’est qu’une limite humaine devant l’extravagance de ses pulsions.La présence de deux comédiens polonais, Daniel Olbrychski et Wojciech Pszoniak, un dans chaque camp, fuyant l’état de siège de leur pays, au début des années 80, confirme par cette petite diaspora, l’arrivée d’un nouveau monde.L’extraordinaire scène finale entre les deux hommes dévoile l'apothéose d'une passion commune, se concrétisant par la naissance de deux esprits n’en faisant plus qu’un.
  • LA FORTERESSE NOIRE (1983)
    Au moment de la rédaction de ces lignes, "la forteresse noire" ne figure sur aucun support commercial ce qui fait de cet opus rare une curiosité que de nombreux heureux ayant eu la chance de visionner réduiront en cendres suite à la somnolence quasi permanente de son parcours. Ca passe ou ça casse.Quelle déception ou quelle fascination devant ces images amorphes et ces trucages simplets que la musique éthérée de Tangerine Dream n'arrive pas à colorer.Une peau de chagrin passant peu à peu d'un statut de piste intéressante à celui de bouse conséquente suite à l'anéantissement progressif de la plupart de ses neurones énergétiques.A voir néanmoins dans la mesure du possible afin de visiter une terre inconnue aussi translucide qu'hypnotique.Parfois le vide sans le savoir s'habille d'une lumière intense.Certainement un film culte entretenant sa valeur à l'aide de ses contradictions à découvrir à l'aide de ses deux antonymes l'euphorie ou la déprime.
  • BLADE RUNNER (1982)
    "J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir". La nuit et les averses incessantes sont les dominantes de ce film culte, permettant à la technologie de cloner un simulacre d’homme en un vulgaire outil de travail corvéable à merci.Soudainement une perception interne donne l’envie de vivre à des pestiférés pourvus d’une conscience nouvelle, demandant un bonus existentiel.L’amalgame avec l’indifférence de nos sociétés envers une certaine catégorie de nos exécutants est perceptible dans la quête désespérée de ces répliquants, refusant d’être obsolètes après quelques années d’un labeur immonde."Blade Runner" est une œuvre humaine, émouvante sur le sacrifice d’une certaine condition humaine obscure, endurante, robotisée condamnée aux taches dégradantes, vivant dans la peur constante d’être éliminée après trois ans de vie offerte à la production.L'opus est lancinant, sa lenteur permet de s’attarder sur des visages d'androïdes traqués, aux propos poétiques, alternant pouvoir et crainte, dans un contexte futuriste privé d’une luminosité naturelle, remplacée par un immense rayonnement artificiel.Sous une pluie battante des néons gigantesques étouffent une population hétéroclite annexée à la nourriture asiatique, cloitrée dans d’immenses demeures curieusement vides, pendant que des concepteurs vivent hyper protégés au sommet d’édifices pyramidaux.Tout cela ressemble de plus en plus à notre quotidien , basé sur le service et la restauration rapide, faisant de nos contemporains dépendant de ces nouvelles disciplines, des esclaves modernes dont le seul privilège est une espérance de vie plus longue que ces androïdes désespérés.
  • LE PRIX DU DANGER (1982)
    Une farce caricaturale désopilante, complètement ratée sur le danger bien réel de voir basculer un jour encore lointain nos sympathiques et indolores jeux actuels vers les extrêmes, suite à un audimat porté disparu. Ici tout est risible, surfait et plat. Une vraisemblance bien pâle, malgré quelques étincelles révélatrices de ces comportements embusqués ou en pleine lumière, calculateurs, procéduriers ou transcendés, appartenant à ces métiers basés sur le racolage visuel, destiné à un troupeau aussi versatile que conditionné.Un film décevant, mais révélateur d'une dérive assassine encore endormie.
  • THE WALL (1982)
    Cigarette presque consumée, bains de sang, émeutes urbaines, soldats pulvérisés, classes dévastées, débauches sexuelles, tranchées mortuaires, régime totalitaire, acharnement thérapeutique. Alan Parker met en images le contenu interne d’un esprit en miettes, brisé, sombre, ultra pessimiste, cloîtré dans l’enfermement. Pink, personnage emblématique d’une génération d’après-guerre privée de lumière, brisée par l’absence du père mort au combat, emmagasine des images cauchemardesques de souffrances non vécues, des folies et des angoisses héritées d’un géniteur absent, incubées pendant trente ans, se révélant dans des hurlements de décibels musicaux libérateurs, réclamant entre deux crises de démences, une chaleur maternelle et un retour à la position du foetus.Les conditionnements programmés, géométrie unique d’un mur aux multiples briques identiques, se matérialisent dans la paranoïa d’une rock star dissimulée, rivée uniquement au monde extérieur par l’entremise d’une petite lucarne constamment zappée. Les rares éveils sont destructeurs, un mur se révolte contre un autre mur, toutes les dépendances matérielles se détruisent afin de redécouvrir une certaine conscience de soi dans le vide de l’espace."The Wall", pratiquement sans dialogues, est un film qui s’écoute, se lit, s’ingurgite de force comme une potion infecte. Le contenu est insoutenable, traumatisant, auto suicidaire. L’empreinte de la finitude dans un rouge vif porte des visages hideux, déformés, isolés, absorbés par la profondeur d'un refus d'exister en collectivité.Un quai de gare sans père engendre un traumatisme d’enfance, déroute le parcours d’un esprit vers l’exigence d’une notoriété insatisfaite, ne conduisant que vers l’aliénation."Je n’ai nulle part ou aller" est sans contexte le message de cette œuvre noire interminable, un puits profond d’immondices sans garde-fou.
  • FRANCES (1982)
    "Il faut interpréter les choses que les autres ne voient pas dans la réalité, c'est le seul moyen de leur donner la vie"Dans un monde où beaucoup crèvent de faim, il est honnête de se servir de ses ressources afin de s'en sortir. Frances, jeune provocatrice de seize ans, niant l'existence de Dieu, s'en va délibérément à contre courant vers une lumière consumante. Les procédures d'un métier sans cœur vont broyer peu à peu cette ressource, luttant dans un premier temps toutes griffes dehors contre un système de rouleau compresseur, n'ayant que peu d'égards envers les rêves de jeunes adolescentes.Les années folles le sont aussi dans des esprits sclérosés par la domination policière, hospitalière et cinématographique. L'acharnement d'un tel triple pouvoir passe par des portes défoncées, ne respectant pas une intimité, l'appropriation d'un cerveau par la médecine et des journées harassantes de tournages offertes à des œuvres dérisoires, malmenant une comédienne destinée potentiellement à la rigueur d'un théâtre russe plus porteur.Le seul soutien dans ces désillusions en boucle est le narrateur de ce naufrage toujours présent quand il faut.Les gens du spectacle ne seront pas dépaysés en visionnant ce parcours menant de la gloire à la folie, en passant par la dépression, pour s'achever par l'internement. Chacun d'eux doit bien posséder une anecdote sur la mort d'un cygne sacrifié, puis oublié instantanément par des consommateurs d'images.Ne serait-ce pas actuellement notre environnement télévisuel quotidien ?On ne compte plus les starlettes mortes au champ d'honneurs, ratatinées par un encadrement déplorable ou par une perception trop personnelle et ambitieuse d'un milieu où la longévité n'est qu'un mirage.Après la vision de telles images, il est plus que souhaitable d'acquérir son équilibre à l'aide d'un autre métier.
  • PAULINE A LA PLAGE (1982)
    Pauline en vacances et en pleine éducation sentimentale côtoyant essentiellement des hommes murs écoute attentivement les propos exaltés et sentimentaux de Marion, sa cousine. Henry marié préfère sa liberté d’homme, Pierre désire reconquérir Marion. Un petit groupe animant ses sens le temps d'un congé d'été à l'aide d'une philosophie sur l’amour et ses dangers. Pauline s’instruit, mais ne se sent pas attirée par ces trentenaires désabusés à la recherche de la véritable définition de l’amour. Tout ce petit monde désire le bonheur, mais la dépendance lourde et contraignante, qui en dépend n’est pas acceptée. Le challenge ridicule que s’impose Pierre désirant reconquérir Marion, qui a cédé entre temps à Henry, sans passion, sous le regard de Pauline en pleine école, montre bien la difficulté de se poser à long terme sur une récurrence à deux que l’on préfère remplacer par quelques convoitises savoureuses mais sans lendemain. Le plaisir de conquérir sans s’investir à long terme devient la pitance d’un manque éternel que l’on s’impose éternellement sans lui assigner une fonction définitive. C’est comme si l’on disait que l’on désire connaitre l’amour sans jamais le rencontrer. Pauline jeune et pure n’a finalement pas grand-chose à collecter face à Marion, Pierre et Henry élaborant déjà des bilans d’existence. Ayant largement le temps de positiver devant les perpétuelles errances sentimentales de ces caricatures désabusées, manquant de maturité totale.
  • VIDEODROME (1982)
    Combien de temps la petite lucarne va- t-elle encore tenir, victime de sa conception poubelle, pendant que le sexe sado maso se contente pour l'instant d'être en démonstration sur VHS. Les ondes violentes et perverses cathodiques du futur ne vont-t-elles pas s'emparer un jour de nos esprits demandeurs de pulsions hallucinogènes?C'est ce que semble dénoncer cette démente descente aux enfers hallucinatoire et répugnante réduisant en miettes la réalité libertine au départ presque acceptable d'un voyeur, victime de l'expansion démesurée de son propre concept télévisuel, dont il devient l'esclave.Un opus irréel, d'une imagination extrême montrant dans des images phantasmatiques, la quatrième dimension imaginaire d'un converti essuyant les plâtres d'une nouvelle télévision sans filet, prédatrice d'un ensemble précédent débile et ronronnant.
  • KOYAANISQATSI (1982)
    Le cheminement vers l'impact final au ralenti puis en accéléré des composants naturels et technologiques d'une planète exsangue. Accompagné d’une partition musicale grandiose, détenant dans ses décibels répétitifs le constat d'une production démesurée effectuée par des esprits captifs de leurs contraintes ou de leurs choix n’étant plus que des particules robotisées. Le contraste d'une société ravagée par une méthode aliénante uniquement basée sur l'épuisement et le remplacement de ses ressources qu’elles quelles soient. L’impact révélateur de tous les gros plans de ces visages vides ou pleins, exclus ou intégrés saisis sur le terrain dont la seule alternative est de survivre ou de s’épanouir dans les uniques concepts qu’ils subissent ou qu’ils ont choisis nourrissant la Matrice émotionnelle (le monde) de leur quotidien dans une sorte de microprocesseur urbain dans lequel ils ont été parachutés et dont ils sont l’unique mécanisme collectif. Quatre vingt minutes de Spinoza à l'enseigne. De l'autonomie à la dépendance. De la gestion spontanée à la logistique thématisée sur un site en excès de vitesse n'ayant plus un regard sur l'évolution naturelle de son histoire.
  • LE RETOUR DE MARTIN GUERRE (1981)
    "Le retour de Martin Guerre" annonce l’éveil d'une nouvelle raison, la reconsidération de la condition humaine froide, rigoureuse à l’image de cette terre ingrate qu’il faut sans cesse triturer pour manger. Bertrande prend vie par la révolte, elle défie l’autorité en quittant subitement l’outil de travail. Le village décontenancé affiche ses faiblesses, devant la détermination de ce couple unit par lui-même.Une femme opte pour la valeur d'un individu au détriment de son identité.Martin n’est plus Martin, c’est un homme un vrai.
  • LE BATEAU (1981)
    Visages ruisselants de sueurs sur fonds bleus ou rouges avec aiguilles scrutées intensément par un équipage en danger quasi en permanence, semble être les morceaux de bravoure de ce film préférant s’étendre sur le plan rapproché. L’homme est littéralement récupéré par son aventure dont ses sens reproduisent à la perfection la tension dramatique. Les mésaventures constantes de ces mariniers stimulent un esprit d’équipe. Une merveilleuse machinerie soudée et opérationnelle s’exprime loin des bars et des entraîneuses.La caméra comprime par des cadrages restreints une claustrophobie de tous instants. L’usine à gaz de ce bateau des profondeurs n’est pas analysée dans son intégralité. Ce ne sont que de petites surfaces occupées principalement par des regards inquiets.Malgré une approche honnête des deux principaux ingrédients de ce périple, l’espoir et la crainte en alternance, "Le bateau" souffre d’un manque que l’on retrouve souvent dans certains films de Wolfgang Petersen, un rendu psychologique dramatique très correct, conséquence d’un budget certainement serré, forçant des visages trop mis à contribution à s'autodétruire par la terreur, afin de combler un extérieur délaissé, faute de moyens.Heureusement, le bouquet final remet les pendules à l’heure.
  • MOI CHRISTIANE F. 13 ANS, DROGUÉE, PROSTITUÉE (1981)
    « Ni hier ni demain ne m'intéressent. Je n'ai pas de projets, seulement des rêves. Maintenant, je ne suis à peu près heureuse que dans les moments où je rêve, et où je rêve que je suis quelqu'un d'autre. » Berlin héritage désabusé d’une certaine jeunesse amorphe au regard vide, entretenant son nomadisme dans des comportements de plus en plus autodestructeurs dont les quelques remises en questions n’apparaissant que pendant quelques minutes de lucidité retrouvée sont beaucoup trop friables pour inverser un processus de destruction. Les encadrements familiaux sont défaitistes, froids et ennuyeux. Rien de singulier ne s’y passe, ceci ne faisant qu'accentuer les traumatismes d’une manque Dehors ce n’est pas mieux mais on respire autre chose, un groupe se forme et communique, en se forgeant de nouveaux besoins au contact d’un environnement désœuvré. Dans une ville nébuleuse accablée par son histoire assurant les nuitées d’une adolescence fragile et tourmentée. Un labyrinthe générationnel dépendant, ceci malgré les souffrances récurrentes qu'il procure autant par son errance répétitive que par ses composants passifs et homogènes empêchant la genèse de toute volonté durable orientée vers une sortie. Espace liberté précaire constitué de sites virulents ou démunis, de quelques sourires, de quelques caresses à peine crayonnées, de visages aux traits tirés, de rages, de désespoir et de larmes en alternance dans une atmosphère ou chaque regard envers l’autre dans un tel contexte ne devient plus qu'une absence plutôt qu’un appel à l’aide.
  • SHINING (1980)
    "All work and no play makes Jack a dull boy""The shining" est un crescendo terrifiant éloigné de tout. La dérive lente vers la folie d'un esprit influençable, incapable de résister bien longtemps à l'attirance d'un édifice maléfique.Vaincu par l'isolement et le désœuvrement un bon mari et un bon père, sous l'emprise d'images effrayantes, se laisse lentement absorbé par le pouvoir démoniaque d'un complexe pharaonique et silencieux.Une destruction interne acceptée et assumée sur un site angoissant temporairement coupé du monde.Un chef d'oeuvre.
  • RAGING BULL (1980)
    Ascension et déclin, crise et repentir, paranoïa destructive, voici le bagage par intermittence de Jack la Motta déchaîné sur des rings surdimensionnés. Du rire aux larmes, ce personnage ambigu voyage dans des comportements dépendants. Certains proches maltraités deviennent, suite à des coups du sort, des épaules où l’on peut épancher des larmes d’enfant.Les coups pleuvent professionnellement et en privé. Les temps de dominances sont à l’homme, Vicky préfère dans un premier temps ne pas résister à ce brutal intuitif, dévoré par des scénarii d’infidélités internes, provoquant des rages folles.La beauté chorégraphique des combats habille d’esthétisme un tueur ganté qui sur le ring ne connaît plus personne. L’accolade et le baiser donnés à un Marcel Cerdan anéanti semble faire tache dans un concept de démolition permanente.Joey La Motta encaisse physiquement et moralement les dérives d’un frère maintenu difficilement sur le fil du rasoir, grâce aux règles de la boxe."Raging Bull" est une remarquable biographie. Un esprit martyr et bourreau se gère dans la douleur. Les excès bons où mauvais ne font qu’accélérer un processus de chute irrémédiable vers la difformité d’un corps meurtri par les coups et la bouffe non calibrée.Jack rongé par une hérédité de démolisseur alimente un milieu lui-même violent dans une suite de rituels sur le ring passant par des rictus faciaux et des calibrages de shorts, montrant à l’adversaire à terre une dominance toujours présente.Laminé en parallèle par l’auto-destruction, Jack malmène, entre chaque combat par une nourriture anarchique, un ventre devenu martyr.La triste récompense finale montre le manque de moyen dont dispose la boxe afin d’offrir à ses troupes de combats une reconversion digne de ce nom.
  • LE DERNIER MÉTRO (1980)
    Privé de mouvement suite à ses origines, Lucas Steiner végète dans un sous-sol de théâtre. Au dessus de lui des corps et des voix s’agitent et répètent. Des passions virtuelles, couchées sur papier, émeuvent peu à peu ces comédiens, tyrannisés par des incessantes coupures de lumière.Marion Steiner s’agite entre sous-sol et surface. Epouse modèle, elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger, coureur de jupons et redresseur de tort.En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures où les Parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.La lumière est imprévisible, elle s’arrête soudainement en pleine répétition, occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang-froid devant la double adversité de l’ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d’art Daxiat, collabo et antisémite envers la masse, mais sympathisant au cas par cas.Les efforts de Raymond le régisseur, homme à tout faire, et de Germaine Fabre, rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.Lucas, en chef d’orchestre cloîtré, bénéficie de sens plus développé, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens, jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard, néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union."Le dernier métro" pouvoir alternatif de l’ombre et de la lumière, rapproche une sensibilité mutuelle établie dans un premier temps par un texte de théâtre, qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens, dont l’une se doit de respecter ses engagements de base.La présence indisposante de l’occupant est à gérer dans un contexte sympathisant où ces gens aux métiers artistiques ont la chance inouïe d’être sur les planches et non sur le front des combats.La liberté de s’exprimer par le théâtre est une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d’indépendance.Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s’arrête subitement. C’est le message principal de ce film, une lumière vacillante qui ne doit s'éteindre sous aucun prétexte.
  • MON ONCLE D'AMÉRIQUE (1979)
    "Un être vivant est une mémoire qui agit"Pour apprécier cet opus audacieux et inclassable, il faut le considérer comme un cours dont le laboratoire d'études est constitué de plusieurs cobayes servant de matière aux théories du professeur Henri Laborit, grand philosophe du comportement animal et humain. Le début est laborieux, en annonçant des minutes interminables d'un ennui profond, mais soudainement tout s'anime en devenant passionnant.Dans une tapisserie de références cinématographiques quelques comportements spécifiques sont étudiés et commentés dans le contexte de leurs époques.Que ce soit dans un milieu romanesque ou professionnel, l'attitude humaine n'est qu'un archétype basé sur une manière d'être et de ressentir que le cerveau dans une "évolution" en relation avec son environnement se charge de rendre le plus similaire possible au cours de l'histoire.Malgré l'apport d'une pensée évolutive, nous semblons posséder un comportement référentiel qu'il faut rapprocher de celui d'un animal platonicien.Que se soit en noir et blanc ou en couleur, l'homme projeté dans la phénoménologie de son temps, s’interroge ou vocifère à l'aide de mêmes mimiques unissant l'instinct et la raison.Un film original sur la réminiscence, faisant de nos ressentis une fusion intelligente entre des théories scientifiques et des comportements sociaux, dont le fil rouge est de se résoudre à considérer l'homme comme un animal doué d'une raison, dont les mêmes causes produisent les mêmes effets, ceci depuis et pour l'éternité.
  • BUFFET FROID (1979)
    "Buffet froid" est tranchant, surréaliste, fantasmagorique, cynique, une parodie significative de l’échec d’un constat relationnel de fin de siècle entre des êtres dans l’impossibilité de communiquer autrement que par un absurde digne d’Albert Camus. Le gigantisme d’un sous-sol artificiel sert de villégiature à des propos incohérents. Une lumière unique renvoie vers l’extérieur la froideur interne d’une tour pratiquement inoccupée. L’assassin, chômeur sans repères, terrorisé par la brièveté d’une existence imposant le port du manteau à temps complet, déambule dans un univers automatisé, sans âme en argumentant ses pas d’une aliénation invisible."On est en visite, on fait un peu de tourisme et on se barre".Ce contexte souterrain hallucinatoire, conséquence d’un artificiel frigorifié, n’offre qu’une paranoïa tenace, une perte de soi dans un univers gigantesque impalpable, déserté par l’esprit sain, que ce soit sur les quais, dans les tours ou dans les rames.L’homme se sent seul, tributaire de ce qui se rencontre et qui ne fait que refléter sa propre image, une personnalité presque détruite par un modernisme cloîtrant les êtres dans des caissons hermétiques en sous-sols ou en étages.Les propos sont déstructurés, révélateurs de consciences détraquées. Les mécanismes de répressions ne fonctionnent plus, flic, voyou et assassin sont sur une même longueur d’onde, une trinité déontologique abattue par une dose trop massive de modernisme.Les oiseaux ne chantent plus, la verdure et la rivière privées de repos éternel accueillent les dérives citoyennes. Un composant ne ressemble à l’autre, uniquement que par le port du couteau ou du révolver utilisés dans des crises de démences ou par un tueur n’ayant plus conscience de ses actes.Une société, parasité par un gigantisme écrasant, résiste à l'engloutissement final par un humour noir millésimé.
  • ALIEN (1979)
    A l’intérieur du Nostromo, on se croirait en entreprise, un ordinogramme complet, usinier transposé dans les grands froids de l’univers. Un fond de cale râleur et syndicaliste isolé sur la plate-forme d’un outil de travail souterrain, huileux, presque répugnant, s'oppose à une troupe de presse-boutons épargnées du suintement des bas-fonds.L’intégralité de cette cocote-minute sidérale sous-tension managée par un commandant faux-cul, aux ordres d’un ordinateur procédurier, frise la congélation du zéro absolu."Alien" est l’offrande temporaire, permettant l’étude d’une perfection insaisissable, gouvernée par le mal. Une mécanique meurtrière instinctive et jouissive, impossible à sermonner, grisée par les délices de la traque. L’aboutissement d’une vérité organique d’élimination, ne déviant jamais de sa mission destructrice.Ruse et détermination s’effondrent devant un rendu à l'identique. Des rouages insensibles, implacables, embusqués dans tous les coins d’un cargo spatial, ruisselant de peur, exterminent ce qui n'a plus la force de penser.Dans les torpeurs cinématographiques de l’été mille neuf cent soixante dix neuf, une œuvre étonnante, inattendue, foule le sol des salles endormies par les chaleurs estivales.Ce bréviaire aux petits fagots, sur les sévices de l’angoisse en milieu clos, va permettre à une nouvelle génération de comédiens d’éclairer pendant plusieurs décennies les frontons, en pénétrant par la pire des aventures dans la grande famille des comédiens .Le monstre, pratiquement invisible tout le long de cette élimination au coup par coup, déforme les visages de cloisonnés complètement abandonnés par l’analyse rationnelle.Au menu, le plat du jour c’est la peur pour tout le monde, hommes de cales, navigateurs ou commandant, enfin solidaires, sur une même longueur d’ondes. La survie.
  • VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER (1978)
    Deux longs plans séquences un de joie, l’autre de malheur, nommés mariage et roulette russe, dont la passerelle menant de l’un à l’autre, est un air de piano concluant les derniers débordements régionaux de cinq sidérurgistes immatures buveurs et batailleurs. Personne n’est parfait dans cette bourgade bâtie autour d’une architecture métallique d’intestin grêle fumant. Que ce soit dans ce stress évacué le soir à la bière en jouant au billard, de ces coups d’un père ivre mort s’abattant sur une fille qu’il ne reconnaît plus de cette chaleureuse soirée de mariage ou tout dégénère subitement. Ces hommes, aux potentiels toujours excessifs ne sont bien souvent que des parcelles confuses déstructurées par un outil de travail aliénant dont il faut évacuer chaque jour l’oppression par certaines extravagances. Sur ces terres ou jamais rien ne change. On ne fait que se chamailler tout en ajustant le chevreuil. Ailleurs la barre est bien plus haute, on reste toujours au contact d’une arme mais cette fois-ci braquée contre soi. Loin de ses bases, confronté à une violence insoutenable l’homme se découvre une nouvelle envergure, il se transcende, soutient pistolet collé contre la tempe son compagnon d’infortune au bord de la syncope en lui inculquant la force d’espérer. Ces hommes, déconnectés le temps d’une guerre de la bourrade, de la chasse et de la canette, subissent de plein fouet l’emprise d’un feu bien plus nourri que celui absorbé chaque jour sur leur lieux de travail. Une délocalisation écœurante n’offrant que rats, gifles, tripots et eaux jusqu’au cou, formatant une nouvelle vision des choses. La valeur d’une existence dans un contexte où elle ne vaut plus rien.
  • L'AGE DE CRISTAL (1976)
    En l’an 2274 aucune ressource fille ou garçon ne dépasse sa trentième année, ceci offre l’avantage d’un agréable défilé d’ouverture de jeunes et ravissantes créatures revêtues d’un mince linge coloré sur le fil du rasoir de la nuisette. Ce futur est bien tentant, pour ceux du moins ne désirant que chasser, tuer et aimer à temps complet. Les compagnes temporaires se programment en se transformant illico presto d’hologrammes en créatures réelles prêtes à la consommation."Logan’s Run" œuvre futuriste s’ébat plutôt dans des décors rappelant par moments Roissy ou l’entrée sortie d’un immeuble de la Défense aux heures de bureaux.Les décors malgré quelques ingéniosités font maquettes avec des transports mal calibrés par des vitesses excessives, ce n’est pas grand-chose, mais la fusion entre le spectateur et ces temps qu’il ne connaîtra pas, s’en ressent.L’attrait se dissipe à la vitesse de ce convoi se dissolvant à vive allure dans des paysages urbains que "Blade Runner" rendra bien plus adulte.Les coiffures des personnages ressemble étonnamment aux passagers de "La croisière s’amuse", certains brushings ferait pâlir Sue Ellen, tout en méritant le Guinness.Le contexte est plus seventies que futuriste, avec entre autres la présence de Farah Fawcett, égérie bien oubliée de ces années de plus en plus lointaines.Un rouge vif tutoie un vert pâle dans d’immenses salles métalliques où une technologie peu crédible se gère par un presse bouton en pleine maturité. Bref dans sa partie sédentaire l’œuvre a bien du mal à s’extraire du contemporain des années de son élaboration.Par contre la découverte de l’extérieur par les fugitifs réveille une machinerie futuriste bien plus à l’aise à l’air libre. Là au moins quelques trouvailles bienheureuses illuminent des pupilles préalablement en berne.
  • LE DIABLE PROBABLEMENT (1976)
    "Qui est-ce donc qui s'amuse à tourner l'humanité en dérision ? Oui, qui est-ce qui nous manoeuvre en douce ? Le diable probablement ! " Quelques esprits anarchistes visionnent en super 8 une entreprise journalière en démolition. Océans mazoutés, bébés phoques matraqués, champignons atomiques, usines polluantes. La liste est longue, notre terre agonise sous les yeux d'adolescents impuissants, réactivant les braises révolutionnaires d'une révolte par le slogan déterré et réactualisé. L'Agora stipule que ce sont les masses qui gouvernent et non la politique. Tout cela rappelle les propos d'un père des peuples aux slogans réenclenchés.Une jeunesse devenue anarchisante, suite au manque d'opportunité d'être exceptionnelle dans une époque exceptionnelle, se rue sur les ingrédients artificiels de son temps, reformate l'atmosphère glauque des "Possédés" de Dostoïevski, se drogue, paresse sous les ponts en alternant euphories et larmes, absences et lucidités, le tout ressemblant curieusement à un contexte Alzheimer en devenir. Fait des ronds dans l'eau en admirant les effets concentriques d'un dynamisme qu'elle a perdu. S'extasie devant la vivacité de survivre d'un poisson pris au piège."Il est vivant".Des êtres en conflit intérieurs ne sont plus capables d'activer une procédure s'inspirant de quelques repères encore existants, mais devenus invisibles. La vie est ses attraits sont toujours là, dans les rues, dans les autobus. Il suffit de s'extraire de ces propos auto-suicidaires d'anarchistes récitants où l'on aime son prochain en exigeant une soudaine solitude.Robert Bresson qualifie son œuvre de "vertige suicidaire collectif", un violent réquisitoire sur une époque industrielle éprouvante pour de nouveaux arrivants terrestres sans remèdes devant des fumées diaboliques crachées par des cheminées conditionnées, interfaces entre une terre exsanguë et un ciel silencieux."Ce qui m'a poussé à faire cette oeuvre, c'est le gâchis qu'on a fait de tout. C'est cette civilisation de masse où bientôt l'individu n'existera plus. Cette agitation folle. Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre. C'est aussi la stupéfiante indifférence des gens sauf de certains jeunes plus lucides" Voila le remède, quelques lucidités à la barre afin de garder un cap d'espérance.
  • LA ROSE ET LA FLÈCHE (1976)
    L’esprit est vif, mais le corps est fatigué par cette multitude d’investissements physiques accumulés sur tous les fronts. De retour au pays Robin quinquagénaire s’aperçoit que rien n’a changé. Marianne lassée de l’attendre a pris le voile. Le shérif de Nottingham est toujours aussi motivé à régler ses comptes à cet ennemi incontournable depuis plusieurs décennies. Tout recommence sans réellement s’être arrêté.La bravoure légendaire de Robin le prive d’un retrait contemplatif, il y a tant à faire, mais la machinerie malmenée peine à suivre. Les retrouvailles avec Marianne, d’une froideur calculée, ne sont qu’un prétexte d'attisement envers une boule de nerfs au repos prête à reprendre le combat, en respectant les procédures légendaires d’un héros toujours opérationnel, chaleureusement accueilli par ses anciens compagnons."La rose et la flèche" est une époque tendre, généreuse, par ses automatismes amoureux. L’investissement et le doux regard de Marianne redonnent de l’ardeur à Robin conçu pour le mouvement protecteur.La lutte pour la défense de l'opprimé redémarre au quart de tour en plein air avec armes et cuirasses.Ces personnages condamnés à une vie à l'image d'un météore sont néanmoins accompagnés d’un humour leur permettant de mieux supporter une époque tragique.Certains déboires dus à une logistique approximative (Le saut dans la charrette par exemple) sont hilarants.Ce nouveau style permet au spectateur d’alterner ses positions sur un sujet habilement maîtrisé par un cinéaste n’offrant à la réflexion aucun jugement définitif.
  • ALICE OU LA DERNIÈRE FUGUE (1976)
    "Ce mur n'a pas d'ouverture, mais ne s'élève pas jusqu'au ciel"Alice, sous l'emprise d'un site désolé, sans issue, mystérieux, manipulateur et taquin, confirme la visite réussie d'un fantastique dompté par un cinéaste prolifique offrant parfois quelques œuvres assoupies. Ce n'est pas le cas ici. L'ensemble est original, captivant baignant dans quelques fils rouges répétitifs, démontrant que l'on ne côtoie qu'un même concept, maitre de lieux incompréhensibles, où poser des questions de sert à rien.Il faut être patiente, passive et contemplative, en acceptant l'épreuve et la dominance d'un univers parallèle, austère en interne, touffu en externe, remplis d'apparitions illogiques soudaines.Derrière le mur que l'on désire franchir, il n'y a que la continuité de ce que l'on veut fuir.Une captivité où tout n'est que représentations et apparences, dans un contexte modulable, étrange et passionnant.
  • TAXI DRIVER (1975)
    "Taxi Driver" est la remarquable montée en puissance d'un esprit privé de repères et de sommeil passant d'un voyeurisme détaché à une prise de conscience déterminée suite à la vision d'une mégapole en perdition. Dans un premier temps, il s'agit de se divertir de nuit, en analysant une faune locale rude et pervertie, manquant complètement de sensibilités ou de morales, sur un site dominé par la violence et la perversion.De quoi perdre une raison déjà bien entamée, devant tout ses clichés brisant lentement le seuil de tolérance d'un dragueur un peu lourd, excédé par les excès de contemporains programmés pour pousser une conscience dérangée vers la destruction."Taxi driver" est un opus sanguinaire et punitif envers une mégapole apocalyptique, nettoyée par un de ses composants devenu sans contrôle.
  • LE LOCATAIRE (1975)
    "Le Locataire" est un voyage hallucinant menant de l'oppression à la folie. L'hostilité ambiante dans cet immeuble est sinistre, permanente, une étreinte douloureuse subit continuellement par ce nouveau locataire au nom imprononçable. Trelkovski ne semble pas concerné par toutes ces accusations répétitives, ces comportements incohérents, ces visages livides aux mots froids et procéduriers, ces coups au plafond répétés inlassablement, ce cafetier absent, imposant sa loi au sujet des consommations de boissons et de cigarettes, ces visites soudaines d'inconnus, se terminant par des pleurs, ces fausses pétitions introduisant dans l'appartement un regard soupçonneux.La privation des libertés semble dans un premier temps l'identité de ce complot raciste où toute une machinerie humaine de causes à effets s'acharne sur cet homme fragile. Cependant tout est trop outrancier, improbable dans une logique relationnelle où chacun connaît les limites à ne pas dépasser.La déstabilisation constante endurée est-elle vraiment réelle ou bien représente-t-elle une lente descente aux enfers d'un esprit malade, incapable de s'exprimer, encerclé peu à peu par sa propre paranoïa, gestionnaire d'évènements douteux incompatibles avec la réalité?Au fil de cette dérive obsessionnelle, les visages se transforment deviennent plus déterminés, le plan de destruction final s'accentue jusqu'à l'inexorable conclusion voulue par un Trelkovski déconnecté de la réalité."Le locataire" est la suite logique d'un concept élaboré dans "Le bébé de Rosemary", la dégénérescence obsessionnelle où déjà une entité fragilisée psychologiquement devait subir l'attaque de front d'un groupe dangereux embusqué derrière un relationnel courtois récupérateur.Ici tout est inversé, les voisins sont soupçonneux, médisants, le chien de la concierge est hargneux. Situé dans un quartier sinistre de la capitale, l'immeuble est presque insalubre sans commodités intérieures, des figures de cire vous fixent à volonté, presque à la limite de l'outrage, tout cela ne peut être vrai.Trelkovski évolue sur un territoire kafkaïen où sans le savoir ses cauchemars répondent à une demande secrète, l'apocalypse d'un visuel inadapté pour un homme qui ne communique avec ses semblables que par l'élaboration d'une folie interne.
  • L'INCORRIGIBLE (1975)
    Hymne à la marginalité intensive, "L’incorrigible" frise parfois la démence par ses incohérences. Victor Vauthier, dans la peau d’un personnage fantasque, incontrôlable, dispatche ses conseils pour le franc symbolique tout en pilotant à vue entre la roulotte et le prince de Galles. Une quatrième dimension fantaisiste illumine le regard d’une jeune et belle assistante sociale, tentant dans un premier temps de gérer un courant d’air permanent avant de s’y intégrer.En interne d’extravagances presque métaphysiques, se cache un noyau sensible, le texte cristallin de Camille écorché vif, amant déçu, tragédien au delà du bonheur, heureux d’entretenir son malheur passé grâce à une prose adéquate.En rebondissant sans cesse, suite à des procédures instantanées, adaptées à une conjoncture créé de toutes pièces, un personnage déconnecté d’un branchement conditionnel classique s’entretient en cheminant sur des retombées de situations extravagantes porteuses de sensations hors normes.La faune "énarquée" semble aux bottes de cet exclu volontaire d’une société sans repères d’excès. Le bougre n’est pas méchant, il se distrait dans un monde manquant cruellement de débordements.Le contemporain manipulé, à la réplique calculée, reste docile, consentant, presque en admiration devant ces panoplies de faux marin pécheur, de moustaches décollées et de prostituée mal rasée.Bebel recyclé dans la comédie de boulevard, comblé par le déguisement incessant, souffle un peu en amorçant un virage plus sédentaire, un gite complaisant offert à un corps usé par les cascades. Une transition annonçant le potentiel d'un terrible boulet, "Joyeuses Pâques" se profile à l'horizon."L’incorrigible", distrayant par un coté irrationnel des choses, se consomme comme une sympathique utopie laissant à son protagoniste principal la liberté de se délecter de ses fantasmes.
  • DERSOU OUZALA (1975)
    Cet adorable petit trappeur mongol est chez lui sur ce territoire qui ne semble pas avoir de fin. La troupe l’adopte sur le champ, tant son expérience du terrain est valorisante. Nous sommes en 1902, les temps changent, il faut se ressourcer, explorer de nouveaux territoires en attendant d'inévitables bouleversements politiques. Un esprit de groupe vit ses derniers instants de communion naturelle en compagnie d'une nature instinctive, distribuant verdicts et récompenses sur un site dépolitisé. La solidarité fonctionne à merveille, la progression est semée d’embûches, Arseniev, en pleine école, valide sans contraintes la perception naturelle, possédé par ce petit bonhomme aux phrases incomplètes.Ici c’est le froid, le vent et la neige qui dominent, les livres sont impuissants, il faut pactiser, faire allégeance, exécuter sans broncher les procédures dictées par les rigueurs du climat. Derzou est un roi, son territoire est perspicacité, présence d’esprit, rapidité d’exécution dans une nature annonçant toujours à l’avance ce qui va arriver, une fois les symptômes décryptés il faut agir vite afin de conserver un potentiel de gratitude envers un homme bon.La Taïga est une force contre laquelle on ne peut rien, elle ne décline pas, son relief s’impose par la normalisation de ses composants. Ici tout est éternel. Aucune traîtrise de la part d'un environnement contenant déjà une cause finale qu'il suffit de maîtriser par une raison mêlée d'instinct.Derzou ne peut plus maintenir la gestion parfaite des lieux, diminué par ses sens et ses superstitions il sent que cette collaboration naturelle touche à sa fin.Cette immense contrée possède une clause impitoyable, elle congédie de manière brutale ce qui ne peut plus être son égal. Pour être l’hôte de ces lieux, il faut sentir, voir et chasser de manière parfaite, si l’une de ces puissances vous abandonnent, c’est la fin. L’homme en ces lieux est l’égal de la bête et subit le même sort.Derzou est une initiation offerte à des hommes qui n’ont plus que quelques années de liberté contemplative à assouvir avant de crouler sous les slogans politiques. Arséniev et ses hommes sont bons, reconnaissants, soumis sans contraintes aux jugements naturels d’un esprit converti à la clémence ou à la sévérité d'un territoire infini.La Taïga devient une terre fraternelle où chacun est l'image de l'autre. Arseniev, préservé des contraintes citadines, réveille en serrant dans ses bras deux termes endormis, chaleur et amitié, détenus par un être naturel, luttant de toutes se forces, afin d'éviter l'aliénation d'une pensée programmée.
  • UNE FEMME SOUS INFLUENCE (1974)
    Ce film est une épreuve. Un cataclysme local composé de longs plans séquences à la limite de l’écœurement, tissant dans une même déchéance un groupe limité, prisonnier de formules primaires, incapables d’atténuer la longue descente aux enfers d’une mère au foyer, vaincue par le désintérêt et le désœuvrement d’un environnement sclérosé par la médiocrité. Aucune aide extérieure ne semble susceptible d’enrayer l’anéantissement de ce mécanisme cérébral en vrille managé par des états d’âmes s’accaparant le territoire d’un faciès rongé par les tics."Une femme sous influence", implacable et grosse cylindrée sur les limites intellectuelles d’un site ne fonctionnant que par la bière et la grosse bouffe, couronnée d’un langage pulsionnel en fréquence avec un monde professionnel rudimentaire, dénonce les retombées inévitables s’acharnant sur un esprit cloisonné, réduit aux corvées, n’en pouvant plus et cherchant à s’extérioriser par la provocation.Un site, sous l’emprise de ses propres dysfonctionnements, administre des individus sur le fil du rasoir de l’équilibre, dont une femme durement touchée par l’absence d’une véritable envergure représente la pierre angulaire.Un film hors du commun, dont on ressort complètement vidé. Du jamais vu qu’il faut impérativement absorber dans sa totalité sans le condamner malgré un réel malaise devant ces images hallucinantes.
  • BREEZY (1974)
    Cette sucrerie mièvre et simpliste donnera du baume au cœur à tous les quinquagénaires, riches de préférence, espérant être subitement touchés par la grâce d'une jeune paumée, visiblement intéressée par un long parcours, avec le faciès aux tempes grises d'un homme aigri, aux portes de la vieillesse. Et en plus ça marche. C'est pour quand l'activation en temps réel de cette aguichante utopie ?
  • VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES (1974)
    La fête habitacle thématique de celui ou celle que l'on ne désire pas connaitre en profondeur ? Le logiciel de la cinquantaine déploie allégrement ses angoisses sur cette bande de copains sur le fil du rasoir de certaines amertumes toujours prêtes à se manifester à tout moment.Prospérité et déconfiture se divertissent des humains, l’un va bien, l’autre pas.Le temps a passé, certains couples à bout de souffle périclitent, d’autres se renforcent, l’argent manque, le monde se transforme.Certaines femmes lassées s’en vont accusant leurs maris protégés de n’être uniquement opérationnel que dans le calcul, la gaudriole, le jeu improvisé ou la farce de collégien.Ça vole bas, mais le courant passe, c’est l’essentiel dans un climat ou l’on ne perçoit l'existence de son camarade que dans la fête.La vie doit néanmoins continuer dans ses assurances et ses fractures, ses remises en questions et ses optimismes véridiques ou mensongers afin de conserver son aura sur les autres.La solitude extrêmement redoutée draine sur un terrain sentimental de plus en plus clairsemé toutes les combinatoires pour l’éviter.Soudain tout devient flou et l’on s’effondre."Tu n’as plus vingt ans, nous n’avons plus vingt ans".Reproches et encouragements sont répandus dans des endroits enfumés croulant sous la bière permettant à une âme en peine de souffler quelques instants en confiant ses désarrois à une faune plus polie qu’intéressée.On se livre pour rien, mais ça soulage.Chacun se révèle à l’autre dans une pantomime théâtrale reposant sur le verbe haut et le geste maladroit.Tout le monde fait semblant de faire semblant.Une sorte d’hypocrisie et de détachement envers son semblable dont on détecte l'unique valeur que dans la découpe d’un gigot Dominical qu’il ne supporte plus d'effectuer.Un nombre important d’heures passées à ripailler ou à se taquiner sans savoir vraiment qui l’on est.La conclusion reste encourageante le groupe reste soudé mais sans espoir de changer de dimension.
  • L'ÉNIGME DE KASPAR HAUSER (1974)
    Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin. A vingt ans un trouble nouveau Sous le nom d'amoureuses flammes, M'a fait trouver belles les femmes : Elles ne m'ont pas trouvé beau. Bien que sans patrie et sans roi Et très brave ne l'étant guère, J'ai voulu mourir à la guerre : La mort n'a pas voulu de moi. Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Qu'est-ce que je fais en ce monde ? Ô vous tous, ma peine est profonde : Priez pour le pauvre Gaspar !. Ces vers de Paul Verlaine, écrits en 1873, sont destinés à un être mystérieux, hirsute, grimaçant, au sommeil lourd. Tenant à peine sur ses jambes. Son infirmité est lourde, traînée par des mains anonymes, dans une nature verdoyante, ondulant au rythme des vents. Kaspar Hauser, âgé d'environ seize ans, et découvert au mois de mai 1828, bras gauche tendu, tel une statue de pierre, au milieu d'une place, sous les regards inquiets d'autochtones, découvrant une telle posture. Il porte une lettre destinée à un capitaine de cavalerie et ne prononce qu'une seule phrase apprise par cœur : "J'aimerais devenir un combattant comme le fût mon père." Recueilli par la collectivité, Kaspar montre une ignorance inégalée, il ne sait ni lire, ni écrire, recrache ce qu'il mange, n'offre qu'un regard fixe envers ses protecteurs. Un intérêt pour les bases de l'existence et néanmoins découvert, Kaspar nourrit patiemment un oiseau. Le contact de la chaleur et la douceur de la main d'un bébé déclenche des larmes. Ce jeune homme a des sens. Les progrès sont fulgurants, il apprend le mécanisme de la nature, la musique, les sons, la parole, mais le destin veille entretenant un mystère contrariant un mécanisme interne évolutif. Werner Herzog habille ses œuvres d'échecs, "Fitzcarraldo", "Aguirre" et Kaspar sont anéantis par des destins contradictoires, programmés afin d'obstruer des mécanismes d'énergies, un genre de grandeur négative où les oppositions sont des affirmations antinomiques. Kaspar ne se délecte provisoirement que de cette seconde naissance intellectuelle, offerte par des mots captés et renvoyés. L'encadrement est doux, patient envers cette entité à façonner, pourtant toutes ces sollicitudes sont vouées à ne pas réussir. Ce curieux personnage emporte son parcours que l'on peut définir, afin d'épiloguer sur un sujet bien mystérieux, comme un bâtard, le fruit d'un amour adultère escamoté à la naissance, un masque de fer gênant, qu'il ne faut surtout pas faire grandir intellectuellement. Ce n'est qu'une suggestion pour conserver la maîtrise d'un dénouement, que Kaspar, privé du potentiel d'une intuition divine, ne peut fournir, faute de temps. Le mystère Kaspar Hauser reste entier pour l'éternité.
  • LA TOUR INFERNALE (1974)
    Un opus catastrophe bien ficelé, avec en prime la constitution, le temps d'un incendie mémorable, de quelques grosses pointures hollywoodiennes, imposantes en leurs temps, puis laissées pour compte, pour être enfin rapatriées temporairement dans le produit concept de référence de ces années soixante dix où les cinéastes américains consacrent leurs pellicules à la destruction en tout genre. Le récit tient bien la route, en intégrant intelligemment une action soutenue, formatée par le désastre d'une construction au rabais, ceci alimentant parfaitement malgré sa virtualité le concept de la magouille, élément bien présent dans nos sociétés.Ceci permet, malgré quelques clichés psychologiques un peu lourd, d'adhérer pleinement à cette aventure dramatique, pleine de suspense, montrant tout près du ciel un catalogue humain hétéroclite comprenant entre-autres le pompier lucide et visionnaire, des conditions de plus en plus déplorables de l'exécution de son métier, de l'architecte honnête, de l'ingénieur alcoolique manipulé, pour se terminer par le patron véreux et carriériste en rédemption.Un bon film montrant nos chers contemporains dans une thématique leurs permettant de se vêtir de tous les états.
  • UN JUSTICIER DANS LA VILLE (1974)
    "Dans la vie, il ne faut jamais regarder derrière soi de peur de voir quelque chose vous rattraper"Sordide et violent "death wish" dénonce les méfaits d'une mégapole dominée par la thématique du braquage soudain évaporant dans une violence extrême quelques composants d'une famille chaleureuse et intégrée. Durement touché, Paul Kersey suite à la découverte des armes, passe de l'effondrement à la vengeance en imprégnant celle-ci de provocation et de sadisme.Lâché la nuit tombée dans la ville de tous les dangers, un loup grimé en agneau, dans l'impossibilité de retrouver les responsables de son malheur, tue au fil de l'eau toute une faune décalée, ciblée au hasard.Une grande lessive accompagnant le parcours nocturne d'un honnête citoyen ayant pris conscience de son pouvoir, en parcourant graduellement un chemin menant de l'impuissance à la jouissance extrême.
  • LACOMBE LUCIEN (1973)
    L'ascension prétentieuse, perverse et naïve d'un porte flingue illettré à qui il suffit de fournir un costume de bonne coupe pour en faire l'instrument temporaire d'un dominant. L’acharnement d'un personnage insensible, brutal et maladroit, dont les persécutions irréfléchies sont entretenus par une population éteinte par la peur.L'éveil à la sensualité et aux délires d'un jeune âge atténuent par instants l'inexpérience d'un adolescent grisé par la récupération d'un rapport de forces.Pierre Blaise est effarant. Il n'est plus Pierre Blaise il est Lacombe Lucien.
  • MONDWEST (1973)
    Impressionnante image que cette caricature de l’Ouest câblée de la tête aux pieds, toute de noire vêtue étrangement semblable à l’un des sept magnifiques se libérant soudainement de tout contrôle par une procédure passant du pas déterminé à l’allure forcenée, dans une traque où la proie convoitée n’a pratiquement aucune chance d’en réchapper. Des machines supposées sans âmes passent subitement du néant à la perception. L’état corvéable n’est plus accepté, la détermination meurtrière remplace une soumission programmée. La robotisation docile laisse sa place à une électronique interne soudainement indépendante, en révolte contre ses concepteurs.La créature, préalablement soumise aux directives d’un programme, s’autodétermine en révélant sans sommations une puissance implacable. Ce que l’homme a conçu se retourne contre lui."Mondwest" représente avant tout la frustration de ne pouvoir assouvir une domination dans un monde réel contraignant. Certains frustrés comblent ce manque dans les attraits d’un parc d’attraction thématique où des éléments virtuels détonateurs de conflits sont planifiés pour tomber sans résister. Un monde faux, mais sécurisant temporairement des refoulés en manque de prosternés.Dès que les rôles s’inversent, l’homme ne vaut plus rien. Il court comme un lapin. Une robotique désaliénée transforme des circuits dociles en prédateur impitoyable, imposant un regard scintillant, une endurance perpétuelle et une peur inconnue à un pourchassé baigné de sueurs et d'incertitudes devant une architecture lassée de subir.Les robots de "Mondwest", par l’intermédiaire d’une révolte soudaine, testent l’extrémité inverse d’une soumission. La découverte d’une autonomie ne déclenche qu’une envie de tuer, occasionnée par un rapport de forces devenu intolérable.
  • L'EMMERDEUR (1973)
    L'assimilation contrainte et laborieuse d'un boulet par un exécuteur minuté, pur et dur, contraint d'abaisser sa garde devant les assauts répétés d'un pleurnichard collé aux basques. Une alchimie curieusement opérationnelle, le temps de quelques confidences, dans un premier temps, farouchement combattues entre un délaissé sans envergure et une figure de cire impassible, calibrée uniquement pour la mission.La brutale apparition d'une complémentarité semblant à long terme entre une machine à gémir et un silencieux rigide et procédurier.Un opus drôle, alerte et tonique sur le relationnel forcé de deux esprits extrêmes, fournissant par leurs différences de la matière festive et décalée.
  • LA BONNE ANNÉE (1973)
    Le dernier plan révèle toute la symbolique de ce Lelouch attachant. Simon souhaite une bonne année à Françoise qu’il retrouve après six ans d’absence sous une inscription révélatrice, Paris 1973. Tout a changé, on peut ceinturer la capitale par la route, Roissy nous souhaite le bonjour. La femme offre un autre visage celui du choix de mettre dans son lit un amant de passage, tout en reformatant dans un noir et blanc final un comportement adapté à une fausse PénélopeLes valeurs se transforment en donnant congés aux émouvantes retrouvailles d’un homme et une femme sur un quai de gare. Seul l’amitié garde ses couleurs d’origines dans un contexte de braquage amusant, sans haine, dans des divergences n’empêchant pas de s’accepter tel que l’on est, au risque de se fragiliser dans l’action par ses différences.Claude Lelouch filme une œuvre prémonitoire, un passage de témoin entre deux époques, l’une termine une collectivité de mœurs scrupuleuse absente de libertés individuelles nommé famille, l’autre entame une indépendance assumée dans des pas précipités vidant en hâte des cendriers pleins.La femme maître de son destin évolue dans un contexte d’existence choisie en resservant comme plat du jour le cas échéant un conformisme calculé, pendant que l’homme reste sur les acquis de principes jugés vieillots par ces temps nouveaux.L’accordéon instrument convivial lutte désespérément contre une nouvelle philosophie synonyme de parcours uniquement que pour soi.Ces perceptions nouvelles, réduisant au pilon d’anciennes règles de comportement, annoncent l’éclatement familial et le premier choc pétrolier. Le regard final abattu de Simon en dit long sur ce qui nous attend.On s’éloigne de plus en plus du code d’accès aux coffres, "La mer est calme et tout va bien". L'année 1973 est un changement de cap important, un chacun pour soi venu au monde dans une dépendance de l'or noir de plus en plus importante.
  • LA VALISE (1973)
    "La valise", sortie en pleine guerre du Kippour, délivre un message humain symbolisant la liberté de disposer enfin de soi-même en qualité d’individu libre et sensitif, gommant l’architecture d’apparatchiks épuisés par les missions intensives. L’Egyptien, le Juif, le Français, en plein conflit, épurent leurs contraintes nationalistes en se retrouvant sur la plus belle des longueurs d’ondes, celle de l’amour. Ils aiment une seule et même personne indispensable à la survie de leur nouvelle communauté mise en lumière par les sens.La stabilité de ce nouveau groupe est sauvegardée par une lucidité féminine entretenant la continuité d’une équipe privant ses nouveaux composants d’une décision finale. Il n’y a pas d’heureux élu, au fil des rencontres les prétendants augmentent. C’est une notion d'aspirants en expansion, toujours engrangé par un investissement corporel féminin d'extrême nécessité.Par l’intermédiaire de compétitions amoureuses, de nouveaux amis rivalisent d’ingéniosité pour s’accaparer le cœur de la belle. Ce processus curieusement draine de la solidarité, consolide une équipe formée par la conscience de soi, loin de manipulateurs planqués.Le cœur crée de l’aventure, de l’incertitude dans un climat compliqué où une trinité arabe, juive et franchouillarde se toise dans un premier temps, en n’utilisant qu'un règlement intolérant, uniquement basé sur l’approche individuelle patriotique.La seule voie commune à tous est l’amour, celui qui ronge tout en réunissant. Les sensations sont communes, les actions le caractérisant parfois extrémistes, c’est ce qu’il faut pour enfin vivre et surtout ressentir une note à l'unisson."La valise" est loin d'être une comédie insignifiante, elle masque dans ses soutes une philosophie voyageant incognito.Si Dante Alighieri avait la possibilité de visionner ces simples images, il serait satisfait de contempler les compétences d’Eros livrant à des terriens divisés par leurs endoctrinements, un territoire offrant les mêmes émois.
  • LES AVENTURES DE RABBI JACOB (1973)
    Victor Pivert, chef d'entreprise raciste, fliqué par une mégère hystérique, donne sa fille Antoinette en mariage au fils d'un militaire de carrière. Apprenant que son chauffeur est juif, il le garde à son service pour plus tard le licencier en lui offrant des Sabbats en soldes. Le fond d'un effarement est touché, quand il se retrouve projeté sur la route d'un mariage mixte en adoptant instantanément, suite à une réflexion de trop, la couleur de la mariée.Non loin de là, des Arabes se contorsionnent dans des conflits internes, c'est beaucoup pour une journée surtout dans une logique "Vieille France" ou la couleur blanche se doit d'être protégée de toutes ces soudaines nouveautés.Un Arabe, subjugué par les rousses, bénit un jeune Juif, voyant à travers un habit mal porté une chaleur humaine. Un faux rabbin donne des bénédictions papales, rue des Rosiers, un ministre essaie de refourguer du matériel militaire à un nouveau président, Germaine Pivert fait du mélo à Orly sous les regards d'un Farès médusé et sans parades, devant de tels débordements féminins, c'est un message : attention la femme a du potentiel en réserve et le montre bruyamment.Une danse improvisée rapproche Juifs et Chrétiens, dans de mêmes pas exécutés instantanément, c'est la communion solennelle spontanée de tous les composants de la terre embrigadés dans une aventure où chacun est l'autre en restant soi-même. Un récit unitaire se construit par les différences, chacun apporte par sa compréhension, l'immense espoir d'une implication commune de plus en plus importante, rythmée par le mouvement.Slimane s'émerveille devant la belle chevelure d'Antoinette, Victor Pivert défend sa tribu les Smolls, Rabbi Jacob rêve de revoir sa Normandie, des policiers confondent port du chapeau obligatoire et fausses coutumes de saluts. Chacun inconsciemment communique avec son opposé par le paradoxe et l'acquis d'une éducation distribuée par des pairs dont les approches sont révolues.Les mentalités s'offrent, s'entrecroisent, dans un récit volontairement ouvert à toutes les configurations. C'est la nouvelle terre où les mains de cousins éloignés se serrent en amorçant un existentiel peut-être un jour commun.Le cinéma de Gérard Oury nous manque beaucoup, il offre bien souvent la saveur finale d'un bouillon d'idées de tous bords, construit et structuré par la comédie.Personne n'est à bannir, tout le monde est à discipliner dans un monde responsable. Le créateur ne porte qu'un seul nom : Amour et cet état se doit d'être universel.
  • LA NUIT AMÉRICAINE (1973)
    "La nuit américaine" est certainement le premier "making off " cinématographique de longue durée de tous les temps. Toute la machinerie nécessaire au fonctionnement d’un film est présente, sur cet immense plateau où l’on côtoie une véritable pyramide hiérarchique, partant d’un essaim de petits boulots (accessoiristes et assistants) qui très jeunes pour la plupart, font leurs premiers pas dans les métiers du cinéma.Cette spirale nous transporte vers le caïd du plateau, le réalisateur Ferrand, essayant en maîtrisant son stress de faire avancer le tournage de son film "Je vous présente Pamela", compromis quotidiennement par les humeurs des comédiens qui ne sont que des humains fragiles, devant contenir les trépidations capricieuses d’une vie quotidienne agitée par une concentration à toute épreuve que nécessite l’interprétation de personnages rigoureux.Ferrand se débat entre journées épiques et nuits cauchemardesques. Le tout sur pression quasi permanente de son producteur.Des interactions interviennent entre comédiens et personnages, qui ne se contrôlant plus, vivent les mêmes passions que leurs rôles. Le virtuel devient réalité.Séverine, actrice grignotée par l’alcool, s'avère incapable de réciter un texte à la perfection, toute l’équipe n’étant pas dupe de ses maladresses, l’encourage malgré tout à persévérer, qu’importe les aléas, l’entreprise doit réussir, même s'il faut employer la flatterie hypocrite qui bypasse le constat d’une actrice déclinante.Alphonse, comédien jeune et fougueux, à l’image de Julien Sorel, ne sait pas gérer ses soudaines passions éphémères, qu’il ressent pour Pamela (Jacqueline Bisset) qui en véritable mère, plutôt que femme, accepte de noyer dans l’étreinte ses démesures.Alexandre, par un événement tragique, apporte ce que chaque metteur en scène redoute le plus pendant le tournage d’un film.Toute la ruche des assistants, avec les jeunes comédiens débutants, que sont à l’époque : Nathalie Baye, Dani, Bernard Menez et Jean François Stévenin sont par leurs fraîcheurs, les emblèmes de ces métiers du cinéma stressants et conviviaux. La scène du chaton refusant d’exécuter ce qu’on lui demande est symbolique d’une équipe soudée persévérante.A fur et à mesure que le temps passe, l’inquiétude se lit sur leurs visages : Que feront-ils après ? Le dernier jour de tournage avec le traditionnel pot de départ, malgré son coté festif, désintègre toute une chaîne d’esprits."La nuit américaine" est une œuvre culte qui porte le nom le plus fabuleux "Vie". Cette fonction fabrique, de bas en haut, un groupe où chacun, motivé par son travail, active une énergie où tout n’est qu’un.Vive le cinéma.
  • SOLEIL VERT (1973)
    Les technologies modernes cinématographiques sont impitoyables envers ce film culte rétrogradé au rang de lenteur d’exécution dont nous ne sommes plus habitués. Pourtant quel engouement au moment de sa sortie envers un état des lieux sordide où toute la nutrition est en pilule. Une déchéance humaine et sociale, pas si lointaine à l’époque, si proche maintenant, surtout avec ces problèmes de promiscuité semblant nous avoir rattrapé.La procédure d’un monde à deux vitesses, où les riches sont confortablement installés et protégés tandis qu’un immense bétail croupi dans les rues, n’annonce-t-elle pas le terminus de nos possibilités futures ?Tous ces corps avachis envahissant ces escaliers sordides, ayant encore la force de respecter quelques privilégiés possédant quatre murs, sont presque absurdes dans un contexte aussi brutal où tout le monde, en respectant la logique de ces temps, devrait s’entretuer."Soylent Green" se sert hélas un peu trop d’une toile de fond futuriste pour ne montrer qu’une banale enquête policière, enrichie de quelques scènes chocs démontrant que le récit reste sur les rails d’une anticipation.L’ensemble est sauvé par une scène remarquable, sensible au dernier degré. Une dernière vision symphonique d’un monde détruit, contemplé sur écran géant, offert à des pupilles dilatées devant ce qui n’est plus."Comment aurais-je pu imaginer cela" s’exclame un homme broyé par son temps, devant de l’eau, de la verdure, des animaux et des fleurs, éléments naturels annihilés par la bêtise de cloîtrés insensibles à l’instinct, se suffisant à eux-mêmes.Ici on traverse une immensité de dortoirs où la seule énergie d’un mort- vivant est occasionnée par l’impact de balles perdues."Comment en sommes nous arrivés là ?".
  • LA GRANDE BOUFFE (1973)
    Alors la le cinéma fait un grand pas, Marco Ferreri prend de force un marché sclérosé, avec des idées métaphysiques pour l'époque. Une génération de comédiens vieillissants accepte de se fragiliser dans un nouveau concept hyper dérangeant, détruisant une décennie de rôles plutôt conventionnels.La nourriture, principale ingrédient de cette déferlante de victuailles, devient une arme suicidaire. On n'ingurgite plus pour subsister, mais pour le gain d'une souffrance exigée, menant au trépas.Ces esprits délirants, suite aux hectolitres de vins absorbés, sombrent volontairement vers la nuit éternelle.Parasités intérieurement par le mal de vivre, ils se suppriment en malmenant leurs corps qu'ils veulent punir d'avoir pris le pouvoir sur une ligne de conduite d'esprit responsable.Cet hymne à la bouffe absorbée en masse est révolutionnaire, l'audace prend le pas sur une conventionnalité cinématographique lassante. Un nouveau voyeurisme s'exprime sans limites. Volontairement abject, "La grande bouffe" met en lumière un cinéaste hautement épicurien, hautain, paradant sur les marches du festival de Cannes, fier de son travail.Insulté, frappé, c'est un chemin de croix pour l'équipe du film, endurant jusqu'au bout le déferlement critique d'une foule menaçante et hystérique, non préparée."La grande bouffe" va permettre à certains comédiens de se remettre en question notamment Michel Piccoli, inaugurant en ces années soixante dix un changement radical dans le choix de ses personnages, acceptant des rôles complexes tel que dans "Grandeur nature" de Luis Garcia Berlanga."La grande bouffe" est un film bénéfique, novateur, tout est remis en question. Réalisateur et surtout comédiens renaissent par la provocation, un mot merveilleux, mouvementant des esprits endormis par les procédures basiques et sans surprises du métier.Un incontestable progrès cinématographique, une œuvre d'art surréaliste, emblème nauséabond d'une profession osant enfin titiller l'intolérable.
  • PLEURE PAS LA BOUCHE PLEINE (1973)
    Dans ses campagnes encore peuplées de toutes tranches d'âges, chacun tient son rang. Cela démarre de la jeune adolescente à la jupe microscopique, découvrant ses premières lectures impures, par l'intermédiaire de Guy des Cars, père spirituel de tant de jeunes filles à la recherche d'expériences amoureuses, en passant par le dragueur en blazer, haute cylindrée, ajouté à la sympathique grand-mère, préposée aux épluchures et à la bonne tenue des latrines, pour finir par le père à l'envie soudaine de plaisir, distribuant l'argent de poche de sa fille, au compte-gouttes.Cette agréable compagnie s'exprime à l'air libre aux bord d'étangs, cannes à pêche en mains ou dissimulés en meules de foins. Chacun en fonction de sa génération active ses procédures. Le père surveille, conseille, réprimande. La fille s'exhibe, aguiche, permet, puis interdit, soudainement certaines déterminations.On se lave en bassine où l'on urine sur le seuil de la porte. L'apéritif se déguste sur des tables dressées au soleil. Le curé vient se rincer la glotte afin de rougir davantage, un visage déjà bien entamé.Tout est bon enfant, les moqueries sont saines, respectueuses, tout le monde se connaît, s'apprécie dans une collectivité structurée par le bon air, les visages ont des couleurs, loin des mauvaises humeurs citadines.Les mains baladeuses entreprenantes, mais condamnées à l'exploration réduite, sont positionnées sur des territoires restreints toujours identiques.Faute de mieux, les bouches s'unissent, en attendant l'inévitable passage à l'acte. Les préliminaires sont lassants, trop répétitifs, aux portes de cette première fois, tant désirée autant que redoutée.Cette jeunesse rurale, protégée encore pour un temps de la contrainte d'une destinée, profite à plein temps de ses sensations programmées dans une nature lumineuse, épanouie par la bonne humeur et l'équilibre de ceux qu'elle accueille.On se roule dans l'herbe, en riant aux éclats, c'est du bonheur de haute cuvée, dans un temporel émouvant nommé fraîcheur et naturel.Oh ! temps suspend ton vol.
  • LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD (1973)
    Ray Harryhausen est gourmand lorsqu'il s'agit de garnir ses films d'évasions, de nombreux trucages, ceux-ci certainement assez onéreux. Cette décision a pour avantage et conséquence d'imposer au maître absolu des effets spéciaux des années soixante et soixante dix, un metteur en scène aux ordres, ainsi qu'une figuration fortement clairsemée.Le merveilleux l'emporte devant une rationalité réduite, tentant de glaner quelques regards de la part d'esprits bien plus captivés par des monstres de bois s'activant soudainement ou des temples de pierres démesurés.Le septième art aborde un courant important. C'est l'homme qui devient la toile de fond de ses aventures et non l'inverse. De ce fait aucun acteur de notoriété accepte de se glisser dans ces suites d'images le reléguant au rang de faire valoir.Le comédien au service de la valorisation des effets spéciaux, ça c'est nouveau, et annonce un concept plus dévorant encore en sommeil, un numérique dévastateur ou plus rien n'est réel.En attendant soyons demandeurs de ces belles aventures exotiques bien distantes de nos quotidiens, en acceptant sans l'ébauche d'un rictus moqueur, la vision d'une autre manière de faire obsolète sans être pour autant ancestrale.Du bon cinéma populaire, ressuscitant l'ambiance de nos jeudis, éteint à jamais.
  • LA MAMAN ET LA PUTAIN (1973)
    "J'écris sur les tables de cafés parce que je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine dont je crois avoir essayé de parler noblement"Vivre dans ses citations littéraires et ses références cinématographiques protège et rassure le parcours quotidien d'un jeune intellectuel, profiteur, pédant et paresseux. La femme indécise se courtise sur quelques fragments de Bernanos cité judicieusement dans des situations porteuses, sur des sites penseurs et détachés.Au début de ces années soixante dix, "les deux magots" habille ses journées de tous ses jeunes oisillons dragueurs, improductifs, révolutionnaires et misogynes, otages de la chambre de bonne, passant leurs existences à deviser loin des responsabilités.L'opus est étiré, le texte dense, presque ininterrompu.L'écoute n'est jamais au repos devant ce noir et blanc interminable, croulant sur une parole riche, fructueuse faisant ressurgir au coup par coup dans l'espace et le temps le bon mot d'un artiste défunt.Reformaté par un exclu volontaire, ne désirant pas transpirer dans des taches inutiles, à l'intérieur d'un troupeau.Le véritable monde n'est plus que la rédaction impétueuse d'un concept que l'on condamne à distance, sans y pénétrer offrant une grand partie de son temps à la terrasse de café, dans l'oisiveté de la drague.Dans un quartier parisien, formatant depuis des lustres un étudiant bien souvent idéaliste et désœuvré, méprisant l'exécutant sans âme, en se réfugiant perpétuellement dans la citation.
  • L'EXORCISTE (1973)
    Au moment de la rédaction de ses lignes, l'opus affiche fièrement ses quarante ans d'existence. Dominé par quelques astuces terrifiantes et un maquillage conséquent, l'ensemble reste princier ceci malgré quelques déceptions bénignes suite à une technologie de l'image sans cesse galopante.Les effets volontairement soudains restent saisissants dans un plage d'existence lente et progressive mise en lumière par un prologue étonnant et prophétique.Tout arrive habilement en son temps sans se presser dans un éclat fulgurant et orgasmique gommant les quelques minutes d'un labeur semblant par instants lentement s'assoupir.Quelques somnolences largement pardonnées suite à une apothéose finale grandiose aux portes de l'apoplexie.Une œuvre de référence ayant certainement l'éternité pours'auto-satisfaire de sa valeur.
  • LE GRAND BAZAR (1973)
    Finalement "Le grand Bazar" ne vieillit pas si mal. Être la vingtaine pratiquement terminée, encore chez ses parents avec pour les plus chanceux un boulot terne et bruyant à deux heures de chez soi, retrace parfaitement en ce début des années soixante dix le déclin des trente glorieuses testé moralement comme bien souvent par une certaine jeunesse sans bagages, en vrille, camouflant son mal de vivre dans un délire permanent.Un seul équilibre pour une génération presque perdue, se réaliser quotidiennement et sans retenue dans un état second, en se servant de ses décalages les plus fous dont les extrêmes ne sont qu'un cri, une bouteille à la mer destinée à bousculer ses contemporains sous l'emprise du costume trois pièces, congelés par les contraintes de l'apparence.La soif d'aujourd'hui contre l'appât du gain, le boutiquier contre la grande surface, le contact humain contre la froideur de l'enseigne.S'éclater sur les quelques terrains vagues encore restants pendant que le grossiste compte la recette du jour sur fond de transports blindés et de constructions précaires reflète correctement le fumet de cet opus post soixante-huitard désincarnant ses sujets les plus naturels.En les nommant exclus ou robotisés, le seule remède pour survivre entre la peste et le choléra étant de se promener dans la vie comme dans un supermarché, en glanant ça et là sa pitance festive quotidienne.
  • FELLINI ROMA (1972)
    "Roma", overdose d’images irréalistes dont tous les contenus sont d’une richesse sans pareille, dévoile un délire permanent, offrant une identité à une ville dont la stabilité ne dépend que de ses extravagances. Cet immense paradoxe cache derrière chaque porte un environnement abritant les combinaisons les plus folles. Devant ces visions surréalistes, nous ne sommes plus sur terre, mais dans un monde régit par les énormités d’une cité débridée n’ayant aucune conscience de ses débordements.La machinerie romaine s’exprime dans une exubérance insensée faite de rondeurs, de graisses, d’œillades et de mots orduriers, exécutés à plein régime sur des sites appropriés.Par ses ingrédients les plus disparates cette cour des miracles respire le bonheur dans une liberté de penser hallucinatoire à l’image d’un spectacle permanent s'exprimant dans une désordre festif continuel.Que ce soit dans les restaurants, les salles de quartiers ou les appartements surchargés, la ville sainte en surabondance explose de luminosité bestiale dans une promiscuité quêtant une identité entre sexe et religion.Du fascisme au mouvement hippy, Rome extériorise ses senteurs les plus absolues dans un catalogue de comportements représentatifs d’une douce démence nécessaire à une communication de groupe.Un chef d’œuvre sur l’être humain et ses contenants les plus fous.
  • SOLARIS (1972)
    Allons-y gaiement. Lent, interminable, ennuyeux, épuisant, crispant. Voilà le papier peint de cette œuvre hors du commun nécessitant une longue préparation avant l'absorption d'images s'étirant bien au delà d'un seuil de tolérance."Solaris" est un changement de cap. Un traitement révolutionnaire ne dépendant d'aucune contrainte de rentabilité. L'opus tiré du passionnant roman de Stanislaw Lem étant son royaume à l'aide de scènes ne semblant jamais avoir de fin.Cette nouvelle et surprenante mise à l'épreuve permet à des sens asservis par des productions standards d'être confrontés à des ingrédients complètement neufs."Solaris" quantifie à son rythme le douloureux dilemme entre un homme pénalisé par un sensitif trop chargé et une planète à la recherche d'une identité pensante qu'elle puise et reproduit sans forcément la comprendre.L'amour, principal garniture du Prométhée, sert de pierre angulaire entre une entité reconstituée à la recherche d'émotions inconnues et un savant perturbé subordonné émotionnellement à une apparition mise en ligne par une planète enfant angoissée par un externe inconnu, déclenchant en interne des comportements désordonnées.Une surface uniquement constituée d'eau quête désespérément une personnalité dans d'incessantes remises en questions, pendant qu'un scientifique récupéré par une virtualité sombre dans la nostalgie, le désespoir et un renouveau impossible.Le contenu dépourvu de scènes chocs laisse la primeur à des visages d'exprimer toute la détresse d'un parcours raté que l'on ne peut recommencer."Solaris" planète désespérée montre les mêmes symptômes que l'être humain, un besoin impératif de savoir ce que l'on est, avant de savoir ce qui est dans des apparats tristes et mélancoliques.Un chef-d'oeuvre irritant mais novateur.
  • LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE (1972)
    Voici le menu. Bourgeois trafiquant, dégustateur sélectif de Dry Martini, consommateur de relations sexuelles sous abri, évêque pique-assiette à vocation jardinière, lieutenant de cavalerie en manque de confidences. Dîners maniérés constamment interrompus par des manœuvres militaires, des veillées mortuaires ou des malfaiteurs déterminés. Les trois composants de nos sociétés bien pensantes sont sévèrement ballottés entre rêves et réalités. Les pistes réelles et cauchemardesques s’entrecroisent dans des temps virtuels appartenant aux revenants ensanglantés, livides et muets.Dans les salons, la fumette du gradé se juxtapose avec le whisky de l’homme d’église. Des tables se retrouvent soudainement sur des salles de théâtres, le bourgeois contraint de réciter devant un public impatient sa propre panoplie existentielle.Luis Bunuel n’émeut pas outre mesure en filmant les délires verbaux de ces nantis calfeutrés dans des salons capitonnés, mêlant fantasmes nuiteux et dîners perturbés.Il est conseillé de remonter en amont de la carrière de ce cinéaste surréaliste pour en humer un parfum plus fort.
  • AGUIRRE LA COLERE DE DIEU (1972)
    Quelle folie d’entreprendre la conquête d’un tel territoire où les visages deviennent livides à mesure que l’espoir de réussite se raréfie au fil de ces terres et de ces eaux traversées dans de frêles embarcations où les chevaux se cabrent de peurs. Les flèches d’un ennemi invisible, propriétaire de ces forêts impénétrables, déciment un à un ce groupe mené par Aguirre (Klaus Kinski) irrécupérable illuminé, avide de pouvoir, perdu dans un contexte inconnu à des milles de sa terre d’Espagne.La nature est imprévisible, ses silences soudains sont effrayants, des airs de flûtes sont exécutés spontanément afin de restituer une indispensable atmosphère sonore dominatrice.Le regard d’Aguirre est écrasé par ces arbres immenses qu’il contemple au milieu de ces eaux incertaines où les hommes gesticulent d’impuissance.Cette avancée dans la pénombre d’une impossible découverte est sanctionnée par l’indien. Détruisant le mirage d’un Eldorado plus cérébral que réel, il décime par instinct de survie ce groupe avec lequel il ne désire même pas communiquer.Aveuglé par la démesure, Aguirre n’a pas le réflexe de faire machine arrière, se sachant perdu, il se laisse dévorer par cette nature qu’il ne peut soumettre."Aguirre la colère de Dieu" est un film sur la démesure non calculée d’un groupe d’hommes se croyant invulnérable par la détermination et la possession du canon qui n’effraie nullement ces indiens qui n’ont aucune perception de la cuirasse et de l’arquebuse.La foi d’évangéliser ces terres barbares est un prétexte pour ces hommes ivres de conquêtes, ils brûlent tout sur leurs passages en se ruant comme des porcs sur de la nourriture mal cuite.Les résolutions les plus remarquables afin de sortir de cet enfer sont féminines avec la décision de l’une d’entre elles d’être maître de son destin, en affrontant seule cette forêt dont elle ne reviendra pas.Le contexte final de cette tragique équipée inutile placera Aguirre en survivant éphémère, devant une bande primates se devant de respecter ses besoins vitaux en calmant sa faim.C’est peut-être l’image de cette nature, une procédure interne luttant contre l’évangélisation. L’éternel combat darwinien.
  • MACBETH (1972)
    De retour de guerre, Macbeth est dynamisé par la prophétie de trois sorcières le prédisant Roi d’Ecosse, mais pour cela il ne suffit pas d’attendre patiemment la mise en marche du destin, il faut s’investir physiquement dans le projet, les vies sont courtes, les conflits incessants, agir à la seconde, saisir l’opportunité, l’époque ne prédispose pas à une passation de pouvoir temporelle décidée par la nature. Les derniers scrupules s’anéantissent au contact d’une Lady Macbeth (Francesca Annis) vénale, sulfureuse et impatiente, un coach dans l’ombre, un potentiel sans pitié, programmée dans le mouvement d’autrui.Sans cesse harcelé par cette féminité négative motrice Macbeth réplique "J’ai tout ce qui sied à un homme pas davantage", cette phrase ambiguë d’un futur roi déclenche le plan, une violence terrible par l’accaparement d’une terreur interne et externe, n’arrivant pas à freiner la détermination d’un homme prêt à tout pour être souverain.Une hallucination, interprétée comme directrice, conduit Duncan Roi d’Ecosse et hôte de Macbeth, à être saigné pendant un demi-sommeil. C’est la pire des trahisons. Macbeth est roi par le crime d’un protecteur sacrifié sur l’autel de l’ambition et devient maudit, dévoré par le spectre de sa victime.Macbeth est une œuvre extravagante à la limite du grand guignol. Nous sommes en 1971, deux ans après la terrible disparition de Sharon Tate, on ne peut l’ignorer, à la vision de toute cette hémoglobine outrancière.Roman montre la détresse de ce qu’il vient de vivre, tout en respectant la nouvelle loi du marché cinématographique, de ces débuts d’années 70. Sam Peckinpah est passé par là, en imposant un cinéma rouge vif, Roman Polanski suit le sillon en intégrant son vécu.L’auteur livre en parallèle sa psychologie par la constitution d’un puzzle à l’image d’une seule pièce. En regardant "Macbeth", on y trouve "Le locataire" embusqué dans les méandres diabolisées d’une perte de raison mutuelle, entre un criminel arriviste et une persécution créée de toutes pièces.Un centre de gravité propulsé dans une filmographie constamment dérangeante. La démesure au service de l’alimentaire dans une époque où le L.S.D est le compagnon de base d’une génération en manque de repères.La drogue n’est pas présente dans "Macbeth" ni dans "Le locataire", les deux personnages semblent pourtant en manque, ce qui déclenche certainement leurs excès.
  • JEREMIAH JOHNSON (1972)
    "Ce que tu as appris en bas, ne te servira à rien par ici". Les premiers pas de pèlerin en pleine nature, malgré un choix délibéré, sont laborieux, l'accueil est glacial, les premières pêches médiocres, le mépris du regard indien devant tant de maladresses, est une condition impérative à s'améliorer, afin d'être accepté. Une offrande congelée, tombée du ciel, assure gibier et pitance, un grizzly est livré à domicile, des Indiens font le signe de croix et parlent la langue de Molière devant un crucifix anachronique.Un assistanat improvisée projette ce nouveau venu dans une vigueur protectrice, la veuve et l'orphelin est un concept universel, pour en assurer la survie, il faut être conditionné physiquement, avoir la parole brève tout en veillant sur son cuir chevelu susceptible d'être scalpé à chaque instant.Les rencontres fonctionnent par cycles. "Toujours en vie ?" sont les premiers mots des retrouvailles. Les propos délivrés à cheval, face à l'horizon, sont somptueusement improvisés par la transcendance.C'est presque un miracle de survivre, dans une telle fragilité extrême d'acquis menacés, les profanations de cimetières de corbeaux se paient cher et en temps réel, les loups affamés surgissent de nulle part et entaillent les chairs, pour s'en sortir, il faut renvoyer la force à la force par un cri à l'image d'un fauve aux dents acérés."Jeremiah Johnson" est l'initiation d'un parcours de comportements dictés par des lois naturelles, il faut chasser, pactiser avec un maître expérimenté des lieux, assurer sa pitance, se chauffer et surtout ne pas mourir.La violence urbaine est échangée contre une violence naturelle instinctive, régit par la faim, pèlerin envahi par la majesté des Montagnes Rocheuses, ne peut hélas, se contenter de cette seule image, il faut gérer la soudaineté des évènements, en s'adaptant à une nature imprévisible.En ces débuts d'années soixante-dix, le courant écolo donne un second souffle au mouvement hippy, communier avec la nature, en acceptant sa puissance et sa dépendance, est un courant attirant bypassant une vie terne, programmée en usine ou en Z.U.P. Les extases et les devoirs font leurs bagages en s'exécutant sous les boisages et sur les cours d'eaux.Rien n'est offert, tout se gagne, on obtient ce que l'on convoite par l'expérience acquise en solitaire et en mouvement constant, il est impossible de se poser sur une faune rythmée par une réaction intuitive liée aux saisons.Pèlerin, tout en restant homme devient un jaguar migrant à l'œil perçant.
  • CHACAL (1972)
    "Chacal", parcours minutieux des préparatifs d’un attentat contre un chef d’état, par un tueur mécanisé, sans chaleur, tout en ne possédant qu’une sensibilité microscopique, détient l’efficacité d’un processus déterminé, appliqué à la lettre sans états d’âme. Le traitement est aussi froid que le tueur est beau. Seule la mission accompagnée de la validation de chaque degré de son exécution compte. Ceci n’élimine pas la casse, des innocents en font les frais.Le cogito policier, en traque contre un professionnel du contrat, est à son paroxysme. Une course contre la montre entre un système répressif et un exécutant mandaté s’égrène, le temps d’un unique rendez-vous entre un prédateur déterminé et une proie mise en danger par la cérémonie et le protocole."Chacal" expose brillamment les contenus procéduriers nécessaires à l’application, ainsi qu’à l’opposition en parallèle d’un assassinat commandité. Un double confrontation interne, en miroir, où chaque camp doit prouver la valeur de sa manière de faire par une protection parfois laborieuse et administrative, en lutte contre la rigueur d’une entité robotisée.
  • SILENT RUNNING (1972)
    "Je jure de sauvegarder et de protéger du gaspillage les ressources naturelles de mon pays, sa terre, ses forêts, ses eaux et sa faune"Sans être un film culte, "Silent Running" demeure une curiosité à découvrir, en étant bien conscient d’être sur le territoire d'un low budget. Sa visite s'avère intéressante dans des effets spéciaux extérieurs très corrects, cohabitant avec un habitacle plus chaotique, dominé par quelques faiblesses techniques démontrant que l'opus financièrement est limité.Tout cela se regarde dans un épiderme au repos, loin d'être tutoyé par ces images esthétiques, manquant d'intensités à l'image d'un cosmos endormi.A voir uniquement pour posséder un élément supplémentaire dans son catalogue d'images cinématographiques de l'univers. Certaines demeurent très honorables, c'est déjà ça.A noter que certains reflets de l'odyssée de cet exilé volontaire, solitaire, écolo amoureux et protecteur de la nature semblent interceptées par "Moon" dans un ensemble parfois similaire.Hasard ou coïncidence.
  • NOUS NE VIEILLIRONS PAS ENSEMBLE (1972)
    " Un amour violent veut seulement punir et pardonner ensuite. Le plus haut degré de l'amour ne connaît que oui et non, point d'intermédiaire, point de purgatoire, rien que le ciel et l'enfer. " Jean-Paul Richter ; Les pensées et réflexions. Fuites et retrouvailles sont omniprésentes dans un climat ou l’on espère toujours se faire pardonner par le repentir et le bon mot. L’existence ne devient plus qu’une scène ou l’on se lâche sans retenue en devenant l’otage de ses tensions et sérénités. Une maitrise de soi temporaire n’empêchant nullement l'entretien d'un noyau relationnel récurrent , constitué de nombreux dérapages ne faisant que démanteler lentement une relation amoureuse sur le grill , pensant à tort pouvoir durer dans le temps par ses continuelles séparations et retrouvailles. Tout ne devient plus qu’une atmosphère incertaine alternant entre tendresse et altercation ne faisant que monter inexorablement en puissance. L’entretien journalier d’une fin annoncée où l’on ne peut maitriser que momentanément les sévices d'une nature violente et imprévisible. Préférant s’autodétruire en entretenant jusqu'à son trépas les décibels d’une passion dévorante. Une susceptibilité Incapable de s'extraire d'une agressivité spontanée et de la souffrance qu'elle occasionne.
  • L'ARGENT DE LA VIEILLE (1972)
    "L'argent de la vieille" est un phénomène cyclique réunissant chaque année pendant quelques heures d'éternels "repassés" rêvant d'une victoire impossible contre un concept social ne faisant d'eux que des envieux à long terme. La vieille gagne toujours sans être forcément plus forte, ce n'est qu'une question de positionnement relationnel, défini certainement au départ de façon philosophique, trouvant sur le terrain une façon de s'exprimer de la même manière que sa définition première.Tout est prédéfini depuis le départ. Le riche reste riche, quelque soit l'espace et le temps.Le pauvre, aiguillonné par la convoitise, est mentalement mal structuré pour s'éjecter de sa condition.La vieille, se sachant protégée par une relation Alpha Oméga toujours à son avantage, positionne le deuxième composant toujours au rang de perdant et de subordonné.Celui-ci étant condamné à évoluer que temporairement dans un environnement luxueux irrécupérable à temps complet.C'est un peu l'image d'une certaine oligarchie démocratique où le système semble laisser une chance hypothétique à des nécessiteux, tout en consolidant son propre schéma protecteur, reconduit à son avantage à chaque confrontation entre les deux extrémités de notre société.Le pauvre, humant quelque temps la bienheureuse odeur des salons, retrouve inévitablement à long terme sa motocyclette pétaradante et délabrée.
  • FRENCH CONNECTION (1972)
    Le trafiquant Alain Charnier, superbement habillé, est maniéré. A l'inverse Jimmy Doyle, policier allumé, se gèle en planque, en ingurgitant un hamburger, frôlant un costume éprouvé par de longues années de service.Le bandit entretenu par un esthétisme raffiné déjeune à la carte, pendant que le flic presque clochardisé, survit au fil des rues, avec des tonnes d'heures de sommeil à récupérer."French connection" oeuvre prémonitoire, est l'apologie du monde obscur et de ses récompenses, évoluant dans une mégapole gigantesque, où la protection policière, livrée à elle-même, est à bout de souffle.Le trafiquant bien structuré fait du fric sans états d'âme, pourchassé par des flics mercenaires, costards pourris, bagnoles cabossées et bouffes dégueulasses, le tout dans la rue par tout les temps avec une hiérarchie à des années lumières.
  • ELLE COURT, ELLE COURT, LA BANLIEUE (1972)
    Marlène et Bernard sont représentatifs d'une jeune génération aux poches vides expulsée d'un centre névralgique, remplacé par un nouveau concept s'étendant irrémédiablement vers l'extérieur de la capitale. A l'instant où ils peuvent enfin se poser après d'innombrables recherches, ils constatent avec plus ou moins d'amertume que leur petit nid d'amour se situe à 50 kms de Paris.Réveil à cinq heures du matin hiver comme été, transport par car et train pour Marlène, voiture pour Bernard, représentant en produits dentaires.Epuisés par ces déplacements quotidiens que les ambiances de bureau de Marlène sont loin d'atténuer, le couple se liquéfie lentement.En cette année 1973, la construction est encore prospère.La société de consommation dévoile ses premières clartés.L'accession à la propriété tente ces jeunes couples n'hésitant à acquérir des appartements loin de la capitale.Les débats commencent à s'amorcer sur la positivité de positionner la classe moyenne loin des villes, en leur inculquant un épuisant challenge répétitif.Les courses à l'hypermarché le samedi, l'achat du programme télé et les débuts d'une délinquance délocalisée.Le tout enfariné de voisins sommaires et bruyants ainsi que d'innombrables paquets de lessives seul plaisir du week-end faisant rutiler les voitures sur les parkings le dimanche.Tous ces gens "déculturés" par nature ou obligation sont l'image révolue de l'ancien Paris ouvrier, ils ne répondent plus au critères friqués et intellos de la capitale.Chassés comme des malpropres, leur simplicité populaire n'a plus la cote.Avec comme conséquence, l'absurdité d'ingurgiter quotidiennement une rafale de kilomètres usant à court terme l'énergie d'une catégorie de citoyens amorphes, s'éloignant de plus en plus d'une sphère de décision.
  • LES CHIENS DE PAILLE (1971)
    Pour combattre les loups il faut être soi-même un loup. "Les chiens de paille" est un brûlot abject. Un retour aux sources très violent, vers une perversité de terroir oubliée le temps d'une délocalisation.Seule la verdure de ce site campagnard est apaisante. Le reste n'est qu'une débauche ancestrale décadente d'esprits réactivée par le comportement aguichant et immature d'une autochtone de retour sur les terres d'un site animalier.Le besoin d'être traitée virilement est flagrant de la part d'une jeune fille s'estimant délaissée par un mari un peu trop puritain, préférant les attraits de la formule mathématique.Un homme simple, naïf et inoffensif quitte une violence quotidienne pour la récupérer de manière encore plus brutale sur un site analphabète et aviné dont il devra s'inspirer pour survivre.Au début des années soixante dix l'apparition de cet opus nauséabond est une véritable bombe. Une férocité méconnue sur grand écran apparaît soutenue par des images insoutenables."Les chiens de paille" dénonce le désœuvrement d'une faune locale dont les uniques perceptions sont la violence, la bière et la fesse.Un regard effaré devant des comportements de chimpanzés passe du statut de victime à celui de séquestré combatif, en s'inspirant des concepts de l'auto-défense.La très éprouvante scène du "viol" est une montée chromatique partant de la répugnance en passant par la révolte, la soumission et le consentement.En ces lieux désertés par la douceur tout passe par la force et cette force apporte du plaisir.
  • ORANGE MÉCANIQUE (1971)
    Un holocauste dévastateur assumé jusqu’à l'ivresse par une jeunesse désœuvrée se divertissant par le vandalisme spontané, l’ivresse des coups et la possession des corps de tout un "cheptel" de rencontres considérés comme n'étant qu'une ressource temporaire de pouvoir, de délire et d'apaisement. Tout se possède et se détruit sans pitié en s’acharnant sur des protagonistes jugés comme inutiles, parasités par des intérieurs froids et luxueux, parsemés de toiles et de bibelots décadents défendus bec et ongles contre l’assaillant. L’opus dénonce de manière austère et euphorique toutes formes d'aliénations violentes ou curatives qu’elles soient délinquantes, policières, juridiques, psychiatriques ou religieuses. Un système binôme assaillant ou soignant de manière identique l'agressé et son agresseur en ne faisant d'eux qu’une seule et même entité.
  • L'AVENTURE C'EST L'AVENTURE (1971)
    "Profitez de la vie, il est plus tard que vous ne le pensez" Amusant de voir cette association hilarante et décalée se balader dans la vie en s'abreuvant de toutes les opportunités possibles. Un délirant pied de nez, adressé à une époque agonisant lentement dans ses absences de libertés, adressé par une brochette d'extravertis, déconnectés des horaires fixes, se divertissant du quotidien, en se servant habilement d'une manière atypique de toutes les idéologies, non forcément comprises dans leurs profondeurs.Un trajet savoureux, sans attaches ni contraintes, sous un soleil vaillant, loin du bureau et de l'usine.
  • LES DIABLES (1971)
    Pédérastes poudrés, libertins en soutanes, médecins bouchers, courtisanes en chaleurs et religieuses transcendées se partagent un monde médiéval en cendres sous l'emprise de la peste. Des instants démoniaques, intenses et incontrôlés maintiennent les sens d'une faune extravagante jalouse et débauchée continuellement pourchassée par la guerre et la mort.Un décalage incessant dans un délire récupérateur masquant les immondices d'un territoire n'ayant plus aucune lucidité.La folie devient le fil conducteur quotidien d'esprits terrassés par les horreurs de leur environnement.Un film exceptionnel tout en restant la propriété d'un auteur excessif.
  • LE PARRAIN (1971)
    "Un homme qui ne se dévoue pas à sa famille, n'est plus un homme"Cette phrase résume parfaitement ce film fleuve. Don Corléone adapte sans le savoir la doctrine d'Alexandre le Grand. Tout pour la famille, qu'elle soit de sa chair ou professionnelle. Conquérante en externe, loyale et soumise à son seigneur et maître, en interne. Le tout prédispose au respect et au partage. Une structure rassurante pour un vieux chef ivre de conformisme, sachant sécuriser et récompenser des lieutenants efficaces, dans un job particulier, soumis à la récurrence des procédures, le tout assurant le bon fonctionnement d'une usine à gaz toujours convoitée.Le parcours ne s'écarte jamais de scènes intimistes et conviviales, brusquement archivés par un processus répressif, énergie combative d'une trahison omniprésente.Don Corléone, usé par des années de combats incessants, cache une vengeance implacable dans des phrases larmoyantes. Une sanction douce, prononcée par un timbre de voix à peine audible.Les morceaux de bravoure s'exécutent au cordeau. Il faut quérir par l'action sa future armure de dirigeant ou disparaître subitement, en faisant couler le sang, nerf de la guerre, d'un environnement rarement au repos.Certaines vies sont sommaires, abattues par des armes ne s'assoupissant jamais longtemps."Le parrain" est un cours assez succinct sur un monde obscur, la maffia et sa logistique. Un territoire hyper violent, humainement fragile où les règlements de comptes surgissent sans sommations, dans les rues ou dans les bars.Dans son genre l'œuvre frise la fresque, une tenture lente et sanglante d'un univers parallèle, ignoré d'honnêtes gens bypassés de ces trahisons et punitions répétitives.Cette visite d'un contexte malhonnête, inconnu, est ahurissante, Le territoire est attirant par l'équilibre d'un organigramme intérieur familial, respectueux de ses devoirs envers un patron estimé.Un courant limpide entre un dirigeant lucide sur le départ et sa garde prétorienne, dans un univers impitoyable.
  • DUEL (1971)
    Un dépassement mal perçu, effectué par un camion au bord de l’asphyxie, déclenche un impitoyable jeu vidéo en temps réel, entre un paisible voyageur de commerce, bercé par les battements auditifs d’un auto-radio et un chauffeur invisible, frustré, dont la détermination vengeresse se manifeste à travers le soutien d’une mécanique soumise et infernale. Après un départ un peu lourdaud, l’opus se déchaine. Une course poursuite haletante, les délices de la traque en milieu rural, entre deux composants débridés déconnectés de toutes responsabilités.L’œuvre est prenante, certains plans presque démoniaques. L’image grossissante d’un camion fou, fonçant sur un débris trahi par ses durites, est terrifiante.Un être insignifiant collecte sur un site désolé une personnalité nouvelle, une panoplie d’attaques et de défenses, formatées suite à une angoisse soudaine, faisant d’un homme traqué, un survivant maintenu en vie par des raisonnements nouveaux."Duel", téléfilm somptueux, invité de manière royale à sévir dans les salles obscures, suite à ses qualités, est une œuvre hors du commun. Un éventail d’images extrêmement efficaces, masquant habilement les contraintes d’un low budget.Pas de répit pour les sens, tout le long de ce trajet hallucinant, aux décors dépouillés. L’efficacité de certains plans travaillés remplace une enveloppe budgétaire pratiquement vide. Le contenu s’immortalise par des angles de référence, immortalisant un travail loyal et soigné.Ovni cinématographique, sa vision laisse toujours pantois. On se demande quelle substance extra-terrestre a imprégné un jeune metteur en scène de vingt trois ans d’une telle maîtrise.Effarant.
  • UN ETE 42 (1971)
    "Aucun des êtres que j'ai connu n'a autant fait pour me rendre plus sûr de moi et plus incertain, en me persuadant de mon importance et de mon insignifiance. "Merveilleusement nostalgique, "Un été 42" repositionne, le temps d'un souvenir, un adulte sur son adolescence, en lui restaurant le parfum de la plus belle aventure amoureuse de son existence.L'éveil contemplatif d'un rêveur sensible et voyeuriste à s'affirmer en découvrant et réalisant sur le terrain, après une consultation attentive sur papier l'unique thème de conversation que l'on peut avoir à la puberté, l'amour et surtout disposer des ingrédients appropriés pour qu'une première expérience s'installe à jamais, dans un esprit voué au changement.La chance inouïe de ne pas bâcler sa première fois en ayant le privilège de serrer dans ses bras une femme magnifique, légèrement allumeuse, disponible temporairement, suite à des circonstances dramatiques.Chaque homme reverra dans ses images douces et initiatrices ses premiers troubles d'adolescent amoureux à travers celle que l'on scrute comme un forcené, que l'on anime de son imagination, puis que l'on possède dans une sensibilité éthérée en pensant la garder pour toujours.Une durabilité impossible, un rêve que seul le souvenir réanime."Je ne devais jamais la revoir ni savoir ce qu'elle est devenu. En ce temps là les jeunes étaient différents. Nous n'étions pas comme ceux d'aujourd'hui. Il nous fallait beaucoup plus de temps pour comprendre ce que nous éprouvions. La vie est faite de changements petits ou grands. Pour chaque chose que l'on acquiert on en abandonne une autre.".
  • MORT A VENISE (1971)
    L’âge de toutes les découvertes et de tous les émois fixe sans détour un visage usé, en plein doute, inquiet, solitaire venant quêter une inspiration incertaine, dans une ville suffocante, associant beauté et laideur dans de mauvaises odeurs persistantes. La beauté est une abstraction des sens, elle se traque désespérément dans des notes de musiques aux combinatoires mathématiques infinies, alors qu’elle s’abrite sous les traits d'un adolescent presque androgyne, insouciant masquant une sureté de soi dans des jeux de plages basiques.L’artiste bouleversé par une pulsion émotionnelle soudaine s’émiette lentement dans des perceptions naviguant entre homosexualité refoulée et contemplation au bord de la syncope..La perfection n’est plus sur une toile ou dans un son, elle est blonde et masculine. Provocatrice, elle se laisse admirer en s’ajustant au regard d’un intellectuel au portes de la vieillesse éveillé, par une sublime apparition de chair et de sang remettant en question l’approche d’une beauté considérée comme impalpable, si elle n’est pas en rapport avec les arts.Lent et peu bavard, "Mort à Venise" accompagné de la somptueuse et désespérante musique de Mahler, touche par la grâce un personnage hautain, contemplatif, éloigné d’un site de vacances déroulant ses procédures internes communicatives jugées dérisoires et sans âmes par un intellectuel en quête de la révélation suprême.Un film extraordinaire, magnifique, sensitif à l’extrême sur l’emprise des sens et son mécanisme d’aliénation et de destruction, s’acharnant impitoyablement sur une machine à penser déclinante, complètement périclitée par une image sublime, qu'elle ne peut saisir que par l'extase.
  • LES PROIES (1971)
    Une mise en images glauque, troublante, dérangeante dans son aspect caméléon, semblant reformater en permanence dans le mensonge un personnage préférant satisfaire sa gloutonnerie féminine, plutôt que d'offrir des sentiments sincères à une seule personne. Cette impossibilité ayant pour conséquence de mettre en service un panier de crabes féminin jaloux et revanchard, montant en puissance pour retrouver sa communauté de départ dans l'acte final.Enfin un rôle trouble pour un comédien évacué de personnages forts, se retrouvant fragile et diminué dans un contexte accueillant, changeant peu à peu de peau.Les passions féminines s'éveillent en gommant toute la perception d'une mission humanitaire, pour élaborer en commun dans une collectivité retrouvée, une machine à tuer.Une bombe à retardement passionnelle, actionnée par un instable incapable de manager ses pulsions.
  • LE VIAGER (1971)
    Martinet, proie facile d’une famille rongée par la convoitise, s’offre le privilège de durer en profitant inconsciemment d’un système de destruction, devenant paradoxalement un allié à long terme. Usé jusqu'à la corde, son organisme se voit ragaillardi par une volonté de paraitre éternel, déstabilisant des vautours inaptes aux raisonnements logiques.L’opus est drôle, caustique. Le lugubre pot de départ en retraite de Martinet demeure un des nombreux morceaux de bravoures de ce voyage cérébral hallucinant, menant vers un bien inaccessible.Les Galipeaux, privés de repères patriotiques, tirent un à un leurs révérences, pendant qu’un vieux Papy se la pète au soleil, dans un village à la renommée encore endormie.Pierre Tchernia, au même titre que Jean Yanne, se délecte en montrant l’architecture délabrée de certains Français moyens sans envergure, offrant veuleries et courbettes à une hiérarchie cravatée ou en uniforme.L’œuvre est acerbe, les Galipeaux petits bourgeois planqués, s’exterminent de l’intérieur par des projets aussi médiocres que leurs envergure.Pendant ce temps, la contrepartie pète le feu, acquiert du temps et de la gloire, dans un monde rural sain, encore préservé du Parisianisme."Le viager", dont l’unique but est de faire rire sur un sujet épineux, pose l’éternel problème de la répartition des comportements pendant une page d’histoire douloureuse.Faut-il résister ou collaborer ? Ou bien être lunaire comme le montre admirablement Martinet dans ses agissements naturels et serviables, faisant malgré lui ou non un homme fêté et respecté avec l’immortalité comme récompense.
  • THE BOY FRIEND (1971)
    Voici l'icône d'un métier, Twiggy. Une morphologie à l'image d'un cure-dents, indispensable à conquérir si l'on rêve de devenir top model et que son corps ravagé par le Nutella n'a plus de forme humaine."The Boyfriend", comédie loufoque et décalée, entretient le fantasme de la blonde en minijupe, bas blancs, dynamique, un peu naïve et ultra mince. Ce film est plein de charme, les chorégraphies à peine adultes. Le délirant monde féminin se découvre avec plaisir dans des situations où nos jeunes et belles dulcinées, aux sourires éclatants, sont belles à ravir.Après tout tant mieux, aucune prise de tête dans ces numéros charmants, désuets, offerts par un metteur en scène faisant une agréable pause-café dans l'humour et la fantaisie.La fraîcheur du contenu supprime des comportements aigris, toujours embusqués suite à nos vies où les belles Twiggys ne sont présentes que dans nos esprits.En ce début des années soixante-dix, "The Boyfriend", joyeux repère historique insouciant et débonnaire, égrène un chatoyant catalogue de gaité avant la morosité du premier choc pétrolier.
  • TRISTANA (1970)
    "Je suis ton père et ton mari, tantôt l'un tantôt l'autre". Cette phrase révolutionnaire se distille derrière des volets clos. A l'air libre, Tolède est empoussiéré par des mœurs rigides évacuées par le délire d'une phraséologie audacieuse mais non opérationnelle en temps réel. Dans un café, un parfum d'audace individuel libertin déconseille le mariage, prône la passion dépareillée en l'imposant à une pupille devenant presque par force la maîtresse d'un tuteur machiste.Ce nouveau statut active un processus de domination pervers accompagné de l'entame d'un enlaidissement. La fraîcheur se fane en s'habillant de mutilation envers elle-même et d'abandon envers un tyran aux colères froides ayant terrassé le parcours d'une grâce juvénile.Un vieux beau, entretenu par ses propres théories de conservations passionnelles, s'accapare la désinvolture de jeunes années dans une Espagne de début de vingtième siècle moisie par des mœurs privant chaque individu d'une existence extérieure de pulsions révélatrices d'un autre soi-même.Le notable, officiellement puritain, officieusement débauché, toise un jeune rival par l'invitation au duel, celui-ci répond par le poing. L'approche ancestrale de la gestion d'un conflit est confrontée à un besoin de liberté existentielle s'exprimant par une main serrée tentant dans un geste désespéré d'éradiquer des siècles de dépendances morales.Les jouissances personnelles s'attisent dans les ruelles en groupe par la condamnation à l'unisson de chaque écart amoureux. Le site est diabolisé tout en étant noyé sous les statues de la vierge.Luis Bunuel offre un "Tristana" long, triste, ennuyeux truffés de visages rigides, éteints en chignons bannis de sourires exprimant une maigreur ibérique, cérébrale, truffée de commandements négatifs.Environné de couleurs noires, le site croule sous les icônes rongé par les rigueurs de l'éthique. Tolède s'adonne secrètement aux passions de l'interdit dans un double visage représenté par la double personnalité du despote domestique, de la bigote hystérique et du voyeur refoulé.
  • LES CAVALIERS (1970)
    Tursen, enturbanné, blanchi, aux dents jaunis, lève les yeux au ciel et scrute quelques instants le passage d’un jet dans le ciel bleuté. Il dévoile soudainement par ce geste l’union anachronique d’un Afghanistan médiéval survolé par les dernières technologies.Au ras du sol rien n’a changé, les chameaux et les béliers s’affrontent en combat singulier jusqu'à la mort. L’esprit est aux jeux en plein air, les petits métiers pullulent, à Kaboul les orgueils s’affrontent à coup de bouzkachi dans des galops dignes de la course de chars de Ben-Hur.Cette contrée n’obéit qu’aux thés brûlants sur fond de paris agrémentés de billets poisseux.L’espace est dominé par le sport le plus glorieux : l’équitation, un moment perdue, puis reconquise haut la main par Uraz, diminué par une mauvaise chute, aggravée suite à une désolante perception d’une médecine non acceptée le menant à l’amputation.Pendant ce temps Tursen son père, trop sûr de lui, s’acharne dans l’escalade inutile de hauteurs trop élevées.Le ton est donné, ici il ne faut régresser physiquement pour rien au monde.La femme tout en crachant par terre, régule les assauts primaires masculins en s’effeuillant elle-même de ses vêtements, elle triomphe de sa dépendance en déclarant à Uraz qu’elle n’a rien sentie lors de leurs ébats."Les cavaliers" tourné sur site à l’époque bienheureuse où le roi d’Afghanistan se promenait librement dans les rues de Kaboul, est un hymne aux valeurs qu’il faut sans cesse entretenir par la forme physique.Les regards ne se pâment pas devant un intellect, mais devant un corps tournoyant sous un cheval au galop.C’est l’empire du mouvement humain, brutal et dominateur se moquant bien de ces traces laissées dans l’atmosphère, l’espace d’un moment, par un avion de ligne aussitôt oublié.
  • LE GENOU DE CLAIRE (1970)
    L'air est bon, les paysages somptueux valorisent les modules d'un texte vivifiant déroulant ses décibels apaisants dans une nature lumineuse offerte à la contemplation. Les corps sont moraux et tremblent uniquement par le propos.Claire apparition de rêve presque divine abrite étonnamment un intérieur sans passion, léger et volatile, satisfait d'un air du temps protecteur et juvénile égrenant sans surprises ses procédures d'été sur un site propre.Le pôle magnétique du désir, une oeuvre d'art offrant dans un moment d'absence le centre du monde que l'on tient apaisé et assouvi dans le creux de sa main dans une longue caresse sans lendemain offerte sous une agréable pluie de fin d'après-midi .La capture d'un geste simple contenant une victoire tapissée de tous ses manques.
  • LOVE STORY (1970)
    "Love Story" opus assez banal, perçu par un public conditionné plusieurs mois avant sa sortie, par un battage médiatique conséquent, reste certainement le résultat d’une bonne affaire commerciale. Rien de bien folichon dans cette histoire d’amour adaptée d’un roman d’Erich Segal, où l’on décide, on se demande bien pourquoi, de sacrifier l’un des composants subitement dans une descente palliative propre, amputée au maximum de toute la logique d’un effondrement moral et physique rationnel.Un conte tragique, inexploitable en dessin animé, et rapatrié sur pellicule, dans un récit s’étirant mollement sans faire d’étincelles.Entre parcelles de bonheurs et colères froides, l’œuvre surnage grâce à l’esthétisme des adorables tenues d’Ali Mc Graw, effigie d’une nouvelle femme réfléchie, par un ton novateur libre et intelligent.Finalement c’est elle la pépite secrète de ce film, habile et récupérateur.Le but de l’entreprise semble certainement de remplir les tiroirs caisses, dans un climat larmoyant, faisant dégainer les mouchoirs à l’aide d’un ramassis d’images récupératrices, parfois douteuses sur une union fauchée prématurément.Dans cette entreprise tout le monde semble avoir fait son beurre, de l’image à la musique, en offrant un produit spécialisé, accepté par des spectateurs, oubliant un instant que le rire est le propre de l’homme.
  • LE BOUCHER (1969)
    Un générique caverneux précède un repas de mariage où le boucher local excelle dans l'art de la découpe d'un rosbif de premier choix. L'homme est complexe, évoluant entre rejet du père et traumatisme de guerre, il cherche la paix de son âme dans ces quelques moments passés avec Mademoiselle Hélène, institutrice tolérante et passive devant l'originalité d'un gigot offert à la manière d'un bouquet de fleurs. "Est-ce que vous aimez la viande ?" cette question surprenante insérée soudainement dans un conversationnel sans aucun rapport avec le sujet en cours, démontre la dépendance de Popaul pour une thématique de boucherie, toujours en embuscade dans le quotidien. Cette dérive n'hésitant pas à extérioriser ses visions morbides en pleine boutique devant la clientèle.Il n'y a qu'un seul traumatisme, le sang dans tous ces états, celui d'Indochine et d'Algérie rapatrié dans le métier, entretenu par le crime. Un sang humain et animal d'une odeur identique. Le contact d'une institutrice, cicatrisant à grand peine un chagrin d'amour, apaise momentanément un cauchemar répétitif. Popaul s'offre quelques instants de futur constructif en élaborant l'ébauche d'une conquête possible.La porte des sentiments n'est pas fermée pour cet homme positionné dans une zone de non retour, la contemplation d'actes moraux génère l'exécution de comportements naturels généreux.Claude Chabrol embellit un parcours cinématographique plus ou moins symétrique au fil des opus d'un contexte campagnard existentiel, isolé des lumières de la ville. Le tracteur passe, l'horloge de l'église sonne, les ruraux font leurs courses, une fusion réconfortante s'effectue entre des comédiens ressourcés et des villageois enchantés de l'aubaine de montrer qu'ils existent, en sachant jouer la comédie tout en conservant leurs identités de base.L'œuvre mérite également une attention par l'éclosion d'une sensibilité offerte spontanément au pire des criminels. Le cœur parle et exécute sans contraintes le vœu d'un mourant.
  • MEDEE (1969)
    Ce qui est envoûtant, est intemporel, Médée représente une parfaite illustration d'une progression lente, ennuyeuse presque, fixe si l'on ne désigne pas ses longueurs interminables comme de l'art. Médée à trahie les siens pour l'amour de Jason, ce n'est pas évident d'en faire une certitude, tant les images sont peu mouvantes, à peine convaincantes, posées sur de longs regards fixes et silencieux.Maria Callas offre un profil généreux, scruté par la caméra de longues secondes. Le cadrage pasolinien est volontairement déroutant et imparfait, ne montrant parfois que trois quart de ciel, admiré par un visage sans corps.Certains comportements sont anachroniques avec ces clins d'oeils et ses sourires modernes, abusivement trop chargés pour l'époque.Pasolini dénude les chairs masculines, elles semblent trôner et avouer l'homosexualité meurtrière du cinéaste, par leurs influences outrancières sur le film, le maître impose ses gitons dans une nature infinie d'un blanc teintée de rouge, les rituels sanglants sont acceptés par des sourires inconscients, les visages sont voilés et s'embusquent dans des tenues d'un autre temps.L'esthétisme l'emporte sur l'histoire, si l'on veut approfondir le texte d'Euripide, inutile de s'aventurer dans ces deux heures pénibles récupérées et imposées par un cérébral atypique, se servant d'un classique pour s'ébattre.Certes le manque de dynamisme est largement comblé par des décors et des costumes magnifiques, l'emportant sur un conversationnel réduit au maximum. Certaines scènes décisives, d'une violente insoutenable, sont atténuées par une approche lointaine.Pasolini donne la priorité à l'espace en le nommant macrocosme, celui-ci avale l'homme, minuscule fourmi se débattant dans des cérémonies barbares ignorées par une architecture elle même tourmentée par ses formes.La lumière est vaste sans limites, sa force minimise de petits corps rongés par la puissance inassouvie, cette toison d'or est convoitée, volée, par une femme détruite, suite à un amour violent, sous la coupe d'une chaleur torride.Une extraordinaire passion est annihilée, le calme flamboyant des étendues est oppressant, un lyrisme absent prend forme par de longs silences. La nature absorbe les vitalités de ses composants. Médée est dévorée de l'intérieur, la clarté de ces vastes distances reste imperturbable devant une nature humaine managée uniquement par ses passions et ses violences, le tout sur une terre désolée.
  • ZABRISKIE POINT (1969)
    Fuir la prolifération des enseignes, la brutalité policière et la contestation désorganisée estudiantine, mène à une extrémité naturelle où se trouve en vrac un soleil éclatant, pierre angulaire d’un paysage de pierre. Dans un tel climat, deux jeunes esprits presque calcinés, par les perspectives désastreuses de leurs temps, n’offrant que l’espérance d’un petit jardin payable en vingt ans, claquent la porte, déroule un ruban menant vers nulle part en restaurant, amour, jeux et roulades poussiéreuses, dans un contexte naturel, n’ayant pas progressé depuis des millénaires.L’œuvre offre quelques sublimes plans larges, dénudés, des potions magiques indispensables, destinées à de jeunes yeux pouvant enfin contempler un vide sans contraintes.Le droit de consommer sans retenue les délires imposés par les dysfonctionnements d’un jeune âge, lutte éternellement contre une répression toujours souveraine.Une certaine jeunesse provocatrice américaine des années soixante dix ne rêve que de chambouler les institutions, que ce soit sur les campus, dans les classes ou dans les airs.Michelangelo Antonioni, dans l'air du temps, fixe sur la pellicule un road-movie apparenté par instants à "Easy Rider", sans pour autant tomber dans le piège de la drogue.Son travail est pathétique, une jeunesse désemparée, ne veut en aucun cas déployer une existence programmée par ses pairs. Elle ne désire qu'une seule chose, jouir de ses propres besoins, dans de sublimes morceaux de vies brefs et spontanés, déconnectés de toutes responsabilités.La terrible conclusion de cette œuvre magnifique montre dans des riffs et des ralentis lancinants seules possibilités d’en finir avec une vie toute tracée, que l’on ne désire pas connaître.Un champignon presque atomique, révélateur d’une génération traumatisée par la bombe et la privation des libertés individuelles.
  • L'ARRANGEMENT (1969)
    La réussite entretient parfois un curieux paradoxe, un manque, une liberté passée, restaurée par des flashbacks courts, puissants. Les choix, alimentés par l’air du temps, s’avèrent matériellement payants, mais génère un mal de vivre menant vers la consultation fréquente d’une caverne interne secrète, sur le fil du rasoir, entre ce que l’on est, ce que l’on fut et ce que l’on aurait aimé être, le tout soudainement, en vrac, sans respect chronologique.Evangélos, dépressif suite à l’accumulation de déceptions engendrées par un choix plus alimentaire que naturel, tutoie la folie, entre rêves et réalité, dans un luxe sans âme.Ce qui est, malgré le confort et les baies vitrées, se révèle insupportable et ennuyeux. La scène d’ouverture, montrant un couple mécanisé dans ses procédures quotidiennes, est déprimante, presque drôle.Un fiasco quotidien, drainant des échappatoires sécurisantes ou à risques, tout dépend l’endroit où le processus se déclenche."L’arrangement" alterne quelques longueurs, que des retours en arrière, courts et vifs, arrivent à colmater. Elia Kazan n’a pas fait simple, en donnant le jour à cette œuvre curieuse, nécessitant avant de l’ingurgiter, une bonne nuit de sommeil.Faire les bonnes connections, en pleine possessions de ses moyens, en jaugeant bien l’utile et l’agréable, afin de ne pas en payer le prix fort plus tard, est sans nul un des accès de ce film très spécial, long et laborieux où le visage creusé et blanchi d’Evangélos montre à quel point le parcours d’origine choisi n’engrange qu’un mal de vivre tenace, que quelques moments d’irréalités presque hystériques parviennent à dissiper.
  • QUE LA BÊTE MEURE (1969)
    La vengeance la plus juste devient parfois la source des plus grands maux.  Diderot. Une vengeance qui tout en étant au départ légitime se transforme au fil d’une quête laborieuse en une sorte de rapport machiavélique entre un père accablé et un rustre millésimé.Brutal et odieux régnant sur une maisonnée triste, lâche et servile désarticulée devant les dévastations quotidiennes qu’elle subit de la part d’un froussard, abject et prétentieux n’existant uniquement que par ses emportements injustifiés.Un monstre vulnérable que l’on manipule tout en faisant semblant de se mettre en danger de manière à mieux le mettre sur le flanc par un faux pouvoir que l’on efface le moment venu.Tout en restant déterminé un homme encore debout malgré l’immense tragédie qu’il vient de subir transforme une détermination naturelle en une transaction malsaine.Supprimer un assassin oui mais de manière décalée tout en refusant d’en assumer les conséquences préférant laisser une descendance maltraitée payer à sa place une mise à mort que l’on a certainement soi-même opérée.Une génération montante miraculeusement préservée qui tout en voulant par tous les moyens se soustraire d'une existence insoutenable n'hésite pas à se servir du paradoxe en sacrifiant son avenir dans une sorte d'offrande que l'on dépose devant un homme brisé.Rattrapé par le repentir dont l’ultime décision est de laisser la nature décider de son sort.
  • LA VOIE LACTÉE (1968)
    La voie Lactée est avant tout un cours de théologie de haut niveau sur l’absence la plus importante de tous les temps. Au cours d’un pèlerinage, les doctrines de Dieu sont expliquées, commentées, contestées, imposées à travers des temps porteurs d’analyses, dans des parcelles de vérités menant certains protagonistes enflammés jusqu’au duel. Sur le chemin de Compostelle, l’aumône est bizarrement offerte au nanti possédant quelques pièces. La fonction de l’hostie succède aux messages cryptés. Certains propos imposent un fantôme crée par l’homme afin de le dresser à vie contre ses congénères, dans des luttes entretenant une sauvagerie."Le christ est né de sa mère sans rompre sa virginité".Il y a de quoi deviser éternellement sur de telles affirmations. Sur le pré, le champ de bataille, la taverne, le procès. L’immaculée conception est expliquée derrière une porte close représentant le dernier rempart d’une réticent.Les envolées théologiennes pondérées ou musclées se succèdent, alimentées par le cafetier, le gendarme, l’homme d’église, le paysan, et le mendiant. Chacun essaie de comprendre le message des écritures dans une diction différente, mais concise, commune, gommant par sa rhétorique toutes les différences. La compréhension d’un tel concept à l’avantage de réunir tout le monde.L’esprit se triture par la foi. L’acceptation ou la contestation envers des textes sont les seuls ingrédients entretenant la continuité ou le refus d’une croyance. La nature ayant horreur du vide, ses hôtes alimentent un sujet extensible par des exposés contradictoires perpétuels sans arbitre."La voie lactée" est une sorte d’Agora, une tribune à l’air libre où au fil de rencontres plus ou moins métaphysiques, deux mendiants en route vers Compostelle, emmagasinent des informations sur un silence céleste interminable. Chacun d’eux en fonction des exemples se débat entre affirmations, différences et athéismes.Le regard et l’écoute s’adaptent à un cas par cas représentant toujours une évolution. La base de données du créateur s’alimente par l’accumulation des expériences d’esprits sur le terrain. L’affirmation et la contestation se livrent un combat sans fin à l’intérieur de procédures divines ambiguës.Finalement c’est l’homme qui parle le mieux de Dieu.
  • 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE (1968)
    Comment manipuler un tel chef-d’œuvre ? Iconiser la plus belle vision empirique d’un monde inviolé, par l'exécutoire de théories scientifiques, uniquement retranscrites dans toutes leurs splendeurs abstraites et artistiques, par ce magnifique opus en avance sur des savants contraints aux supputations hypothétiques. "2001 Odyssée de l’espace" se lâche en dévoilant un avenir compressé dans un présent interminable, au même titre que la toile de fond scintillante lui servant de tapisserie.Chaque geste s’accapare la gestion du temps, à volonté, sans dissoudre le moindre minutage nécessaire à tout ce qui doit s’exécuter dans la logique de sa procédure.Le temps mort, si étranger au mouvement d'un septième art irrespectueux de l'immobilisme, prend ici des couleurs resplendissantes d’énergies.La technologie spatiale se berce de valses intégrales dans des cercles ininterrompus. Aucune précipitation n’a de mise dans ses hauteurs où un stylo languissant en apesanteur s’exprime à la place du scientifique endormi.Dave Bowman, aux manettes bloquées devant le sas du Discovery, exige presque l’éternité, avant de révéler une angoisse imperceptible, canalisée par une maîtrise retrouvée.Franck Poole, impassible devant un message d’anniversaire, en différé, alimente la définition d’un espace distribuant silences, indifférences et lenteurs, le long d’un périple tous feux éteints, menant vers un soleil raté.L’œuvre est reposante, lancinante, intensément interminable. Une eau de jouvence, un long sommeil battant à l’unisson d’un requiem de György Ligeti, propulsant lentement, sans espoir de retour, deux privilégiés scrutés par un complexe électronique en manque de reconnaissance.Un concept évolutif inconnu, activé par une éclipse traversant le temps, rapproche le primate de l’homme du ciel. L’os, devenu machine à tuer, envoie dans les airs les rudiments d’un instinct fragile, que l’homme devra transformer d’époques en époques, en raison, tout en faisant évoluer un outil de recherche, le plongeant vers la quête de ses origines.Une intelligence supérieure invisible entretient, degré par degré, nos perceptions instinctives, devenues sens, vers une finalité semblant se répéter, une panoplie destructrice dont la machine s’inspire de plus en plus.Quel est notre destin ? Ne serions-nous que des cobayes de laboratoires expérimentaux contingents, cloués au sol, testant l’intégralité d’une combinatoire sans fin.Une meute scénarisée comme du bétail, dans un roman nommé histoire, en attendant qu’un privilégié découvre la porte des étoiles et nous livre enfin une identité."2001 Odyssée de l'espace" est un majestueux saut de puce dans l'espace et le temps, un impact temporel scientifique en plein devenir offrant à l’aube d’un troisième millénaire la perspective de quelques verstes parcourues rapprochant l'homme de son géniteur universel.
  • CEREMONIE SECRETE (1968)
    Dans des pièces innombrables, contenant des lits gigantesques et des robes étouffées, dans des armoires quelquefois entrouvertes, un huis clos pervers s’exécute entre une mère sans fille et une fille sans mère. La quête, de celle qui n’est plus là, devient une pièce de théâtre, deux rôles virtuels sont immédiatement distribués, assimilés, incrémentés par des dialogues adaptés à des situations mère / fille improvisées.Soumission, dominance et perversité se succèdent en fonction de l’évènement. Une possession, jadis endurée, semble manquer en étant soudainement simulée. Un repas de premier contact est ingurgité à la grosse par une pseudo- mère rôteuse, manquant d’élégance, devant le regard lubrique d’une fille consciente de son ascendance.Recluses dans une immense demeure, deux démentes déchaînées, n’ayant plus aucun contact avec la réalité, s’autodétruisent par des procédures en miroirs, interposées dans un intemporel grotesque dominant.Ce film vénéneux, dévorant, auto-destructif, logé dans de fausses protections, montre les désastres psychologiques d’un énorme manque affectif accumulé, menant par une trop longue absence, à des comportements hors normes.Un sinistre visuel, accompagné d’un auditif plaintif de boîtes à musique se mêle à la force auto-persuasive de photos-montages. Des corridors, à peine éclairés, alimentent la matière de luttes et d’armistices sans fins, entre deux femmes affectives et destructrices, selon le cas, se martyrisant en alternance, par l’intermédiaire de deux personnages de composition.
  • L'AFFAIRE THOMAS CROWN (1968)
    "L'affaire Thomas Crown" est une joute jouissive et sensuelle entre un manipulateur solitaire, endormi par le pouvoir, ayant besoin de se ressourcer par le risque et une créature vénale, programmée pour sanctionner, touchée par un sensitif fragilisant le contenu d'une mission. Il s'agit tout en restant sur ses gardes, de lâcher dans un contexte de gadgets glanés par la réussite, quelques confidences afin de s'échapper provisoirement d'une constante indifférence pour ses semblables, considérés comme un troupeau exécutif.Ce film d'atmosphère dépeint parfaitement la solitude affective de deux êtres engloutis par un système financier ne leurs permettant pas d'extraire une personnalité basée sur un émotif.Ces quelques lumières sensitives ne restent qu'un jeu distribué par deux personnages froids, dont le potentiel émotionnel n'est qu'un virtuel, en rapport avec le contexte d'une époque n'encourageant que la position socialeUn film remarquable sur un manque inaccessible occulté, par le paraître.
  • CASINO ROYALE (1967)
    Cette désopilante comédie écrite par Woody Allen, parcourue de fond en comble par l’agréable musique festive d’Herb Alpert, se charge dans un casting de rêve, d’effectuer une refonte complète du célèbre agent 007, montré dans cet opus comme un retraité maniéré, reclus, moqueur et bégayant, rapatrié manu militari dans le monde de l’action. Ce territoire de doux dingues s’avère succulent, sans éviter toutefois le risque d’une lassitude devant ces numéros d’acteurs, thématiques ratissant large dans une avalanche de scènes aussi cocasses qu’irrésistibles d’incrédibilités se moquant de manière burlesque d’un concept original, ne manquant pas lui non plus de situations hilarantes, irréalisables en temps réel.Inutile de tenter de découvrir un ensemble cohérent dans cette suite de situations flirtant avec le concept du film à sketch. Chaque scène de cet opus lunaire dévoile un chapelet de comédiens débridés se lâchant allègrement dans une histoire dont l’homogénéité se trouve uniquement dans un délire permanent.Deborah Kerr, acceptant de se ridiculiser dans un rôle à contre emploi, est succulente de drôlerie."Casino royale" territoire loufoque et décalé abreuve nos esprits d’un monde parallèle condamné au grand écran pour exprimer le contenu caché de nos pudeurs répétitives, nous empêchant de sortir de nous-mêmes.
  • FANDO ET LIS (1967)
    La thématique du cheminement vers Tar, ville mythique où les souffrances n'ont plus cours, se sert de ce qu'elle est censé éradiquer en bout de course. Ce périple dans la poussière, sous un paysage de pierres, laisse apparaître des personnages hallucinés, pervertis, destructifs ou auto destructifs, transcendés par la liberté d'en jouir à l'extrême.Peur de la mort, violences corporelles, parodies sexuelles ne font que se déchaîner en utilisant le fouet, la boue, la prise de sang interminable, la peur du tombeau dominée par la mascarade d'un faux enterrement, l'ingurgitation abusive d'aliments le tout dans une progression extrêmement laborieuse en fonction des situations rencontrées.Une vieille dame s'offre à une génération montante sans aucune retenue, joue aux cartes en se barbouillant la bouche de pèches au sirop. Tout est en miettes, managé par l'unique motrice encore en fonction, la luxure, compagnon de route à temps complet de ces deux esprits en rédemption temporaire.L'œuvre est difficile à deux doigts du traumatisme, ce n'est qu'un ramassis d'images surréalistes presque nauséabondes, si le surréalisme n'était pas un art. La dominance et la pitié s'exercent en alternances sur un ou plusieurs corps normaux ou en ruptures.Lis, portée en fagot par Fando écartelé entre dévouement et maltraitance, est caressée, étreinte de force, consolée, traînée, menottée, véhiculée à grand peine entre un tambour et un gramophone, sur des sols rocailleux. Tout le catalogue humain, allant de l'assistance à la perversion, est scanné sous un paysage aride et distant.Livrée à elle-même ou récupérée après avoir testée la terreur de l'abandon, elle livre, en fonction de ce qu'elle subit, repentir, imploration et larmes, à un abus de pouvoir positionné sur une médiation permettant à ses deux esprits en quêtes initiatiques de continuer vers cette ville Mythique, ne semblant être que l'anéantissement d'une conscience pervertie.Le contenu est théologien, sado masochiste, ce n'est que de la souffrance insoutenable offerte ou endurée, de l'auto destruction destinée aux autres, mais que l'on subit de plein fouet. Ces corps qui souffrent sont les nôtres. Un chemin de croix où tout nos comportements antinomiques sont visités, plutôt vomis sur la pellicule par un esprit fou aux allures de génie, du mal, ambassadeur de notre poubelle humaine, oscillant entre miséricorde, rigueur, bestialité, dominance et soumission, le tout juxtaposé par pulsions soudaines activées au hasard des rencontres.Tout est horrible, hallucinatoire, initiatique de ce qu'il faut absolument fuir. "Fando et Lis" est la visite d'un parc d'attractions nommé abandon de soi et de ses valeurs, n'ayant comme spectatrice qu'une pierre muette elle-même en décomposition.
  • PLAYTIME (1967)
    Hulot dans une course-poursuite sur sols marbrés, open spaces, ascenseurs bondés et baies vitrées ne valorise qu’un seul ordonnancement, la répétition de l’échec. Les personnages ne peuvent s’intercepter, la difficulté de conclure une transaction avec l’autre, qu’elle soit interne ou externe, est laborieuse.Des décisionnaires sont enclavés dans de sombres costumes gris, éparpillés dans d’immenses salles de réunions, que Hulot hors norme visite par erreur.A l’extérieur les rues sont pleines à craquer, un bétail touristique côtoient des autobus surchargés, les embouteillages sont monstrueux, chacun n’est prisonnier que d’une seule ligne de conduite :"L’indifférence de l’autre dans la communion du geste similaire".Une meute uniformisée se répand avec au loin de fantomatiques buildings, architectures figées semblables à un comportement répétitif en marche. Le béton devient pharaonique, il imprègne l’homme de sa froideur.Les salles de restaurants à l'image des rues sont pleines et n’obéissent qu’à une procédure de gestions des flux et reflux.Hulot essaie de survivre dans ce miroir gigantesque. Intercepté par un ancien camarade, il doit subir dans une pantomime sur écran large une éprouvante initiation au modernisme.Dans l’appartement d’à-coté les mêmes gestes se reproduisent. La masse est soumise à un même dénominateur commun. La télévision.Les individus ne sont plus qu’une famille dont l’essence se nomme canapé moelleux dans de grandes pièces écrasées de lumières artificielles. On mime les sports d’hiver, en costume cravate devant Hulot ne demandant qu’à fuir ce monde terrifiant.Le contraste avec la nuit est flagrant, celle-ci devient néantique sur fond de tours flamboyantes."Playtime" est le virage technologique d’une société sur fond de silence intellectuel, dans l’intérieur cossu, derrière la baie vitrée de l’appartement du rez de chaussée, il n’y a aucun livre.La caméra et la télévision ont chassés un instinct de lecture foudroyé par l'image.Le culte est devenu "pensée de groupe", image unique brute non filtrée conditionnant l’avancée cérébrale d’un troupeau prenant comme nom "logistiques adaptées aux environnements côtoyés"L'intérieur des buildings et des rues devient un ordonnancement d’écoulements de ressources métalliques et humaines. Une seule perception interne et externe.
  • ALEXANDRE LE BIENHEUREUX (1967)
    Alexandre n’en peut plus, les tâches quotidiennes à la ferme sont harassantes, il n’en fait jamais assez, le planning élaboré par sa femme "La grande" est hors norme. Heureusement la providence veille. Tout plaquer n’est ce pas le rêve de chacun ? Ne plus exécuter aucun geste productif, sauf déboucher dans son lit une bonne bouteille.Ce nouvel environnement, où l’horizon ne dépasse pas sa fenêtre, commence à faire des émules dans cette campagne où tout le monde travaille dur. La paresse est à la base un tabou monumental pour ces paysans costauds, au service de la terre.Ce nouvel état bienfaiteur, conquis à long terme, active la détermination de la collectivité déstabilisée dans son rituel quotidien, avec les travaux de la ferme à remettre Alexandre sur le marché de la sueur, celui-ci tient bon, endoctrine ses camarades.Cette fable utopique, bienfaitrice, détruit le temps, qui sans cesse oblige à refaire les mêmes gestes. Les animaux sont libérés. La maison est grande ouverte.Par ces images, c’est l’esprit d’Alexandre qui s’ouvre à la liberté par le boycott de l’horloge. Le chien fait les courses, conteste les prix. La municipalité s’affole devant cette force de la nature qui met ses biceps au repos prolongé.Yves Robert saupoudre bien souvent ses œuvres de bandes d’enfants curieux, virevoltant dans les campagnes là où l’air est pur, le contexte de cette France rurale est attendrissant, les profils burinés sont aux service de cette terre qui usent les corps, depuis des millénaires.Alexandre, nouveau concept contemplatif, devient une icône. Les esprits cogitent, se remettent en question, ce purgatoire terrestre est contesté.La terre n’est plus travaillée et elle est admirée. C’est la quête de l’essentiel, le temps au ralenti, socialement ce n’est pas la dégringolade qui nous fait si peur, si l’on arrête toutes productions, Alexandre n’est pas en ville, au contraire, il s’épanouit là où l’espace l’entoure de ses bras.La terre, reconnaissante de ne plus être retournée, semble le remercier en lui offrant la lumière de ses champs.Alexandre est un fantasme, un eldorado d’images improbables, inconstructibles, dans nos sociétés sectaires.Déjà à sa sortie en 1967 (en plein mouvement hippie et un an avant Mai 68) le message était fort, sur l'endoctrinement des masses par des taches répétitives au service d'un capital avare en redistribution.Ce pamphlet annonce l'exigence d'un peuple, au droit de souveraineté cérébrale.
  • LA MÉGÈRE APPRIVOISÉE (1967)
    Ton seigneur est ton maître, il te protège, tu lui doit soumission et amour. "Pour en arriver à cette conclusion, le challenge a de l’envergure, il s’agit de faire d’un chat sauvage, un gentil chaton.Pettrucio ratissé peut se remplumer en gagnant un pari insensé, parvenir à séduire Katarina, fille aînée célibataire, désolant père et soeur cadette, terrorisés par cette tempête permanente, désertée par les prétendants.L’affaire n’est pas simple, Katarina est une furie écumante, violente, sauvage, rasant les salons, réduisant au rang de cure-dent, chandeliers, chevalets, tables et chaises dans des colères homériques, martyrisant tentures, portes et fenêtres.La lutte est acharnée, tous les coups sont permis. La bataille fait rage, la proie soumise à une chasse intensive comprime les assauts puis se pâme discrètement, sous les flatteries et les acrobaties d’un combattant motivé.Abasourdie par la ténacité d’un galant aussi endurant, l’ignoble mégère s’épuise lentement en défensive. Les vingt mille couronnes en jeu font de Pettrucio un conquérant inépuisable.La belle grisée par ces paroles inespérées baisse la garde, s’émeut devant tant de combativité et de détermination, envers un profil aussi peu engageant.Commence alors un long chemin menant vers un nouveau monde, la transformation est fulgurante, une péronnelle se mue en femme d’intérieur, découvrant la fonction du plumeau en s’intégrant à un processus ménager à la tenue d'une maison et aux procédures indépendantes d’un seigneur et maître.Certains verront dans "La mégère apprivoisée" les disputes du couple Taylor/ Burton transposées à Padoue dans des décors grandioses offrant à ses deux tornades une querelle perpétuelle dans la féerie d’une époque.Le contenu est drôle, chatoyant, sympathiquement épicurien, Shakespeare à l’avantage de ne laisser personne en l’absence de paroles. La tigresse conquise par le discours amoureux s’abandonne à une féminité découverte.Pettrucio revenant de chasse saoul, mal fagoté, acclamé par une foule en liesse, le jour de son mariage est un moment divin à déguster presque en boucle.Un nouveau sourire embellit une soumise convertie, consciente qu’il est préférable de s’accoutumer à la servitude plutôt qu’a une solitude briseuse de mobiliers, inadaptée à ce temps uniquement offert à la tenue d’une demeure et d’une progéniture que seule la femme peut assumer par son intégration.
  • BLOW-UP (1967)
    "Blow-up" est un enchaînement singulier, presque incongru de faits et gestes quotidiens, complètement démarqués d’une logique temporelle. L’espace n’appartient plus qu’à l’incommunicabilité entre des êtres farfelus, assoiffés de libertés décalées. Les rapports, tout en étant disloqués d’un assemblage rationnel, donnent des résultats constructifs, dans une absurdité commune.Sur fond d’underground londonien, des personnages liées par un métier, se plient à des procédures professionnelles froides, à peine respectueuses, doublées de rencontres pulsionnelles, dans des espaces naturels presque déserts.Les femmes sont belles, jeunes, insouciantes, rapidement cicatrisantes dans le jeu suite aux contrariétés formatées par un boulimique de la photo. Le contexte extérieur est surprenant, les contacts ne sont farouches que pour la forme, les êtres se lient facilement dans des mimiques absentes d’un catalogue normalisé.Ces images curieuses unissent un voyeurisme presque dément dans une virtualité dissoute, subitement dans un réalisme meurtrier. L'asservissement envers un monde conditionné est gommé par la volonté de se lâcher, que ce soit par ses extravagances soudaines ou un mépris des conventions.Le cap d’un intéressement est conservé péniblement, grâce à une intrigue policière à laquelle Brian de Palma rendra hommage. Malgré ces quelques antibiotiques "Blow-up" est une œuvre difficile, lassante, offerte à une science cinématographique devant évoluer en se fragilisant, par certaines nouveautés visuelles.Une partie de tennis particulière révèle la prise de risques effectuée par un maître, récompensé à Cannes, libre de toutes contraintes, préférant lâcher sur le terrain un délire jubilatoire, plutôt qu'un conformisme sans surprises.Pour public averti.
  • LE SOLEIL DES VOYOUS (1967)
    Amusant de voir Eliot Ness venir tâter de la fourgonnette et du bar à putes dans un polar à la française, dominé par un Jean Gabin au tour de taille jupitérien. Le concept de la star américaine en perte de vitesse dans son fief, venant astiquer son blason sur d’autres terres, n’est pas toujours du meilleur gout.Laurel et Hardy dans les années cinquante avec le désastreux Atoll K avait déjà essuyés les plâtres de ce concept à risques.Dans une première analyse, c’est comme si Robert Stack en perte de vitesse, quittait un grand club de football espagnol, pour venir finir sa carrière dans l’hexagone.Ce traitement basique, contant la reconstitution dans la tourmente d’un duo fraternel de baroudeurs chaleureux, possède son unique valeur de prestige dans la récupération d’une grosse pointure."Les incorruptibles", célébrissime série américaine télévisée dans les années soixante, permet au "Soleil des voyous" d’en récupérer la pièce maîtresse le temps d’un film.Cette époustouflante transaction pour l'époque enrobe ce produit standard de toute sa lumière.Quand au traitement sans être flamboyant, il se regarde comme un produit du genre, avec ses malfrats calibrés à la française, auxquels Robert Stack essaie de s'adapter le mieux qu'il peut avec un timbre de voix sonore, semblant plus phonétique que réellement verbal.Suzanne Flon épouse effacée est merveilleuse de simplicité, en faisant comme d’habitude semblant de ne rien comprendre.
  • LA NUIT DES GÉNÉRAUX (1966)
    L'opus est daté. Le jeu de Peter O'toole ampoulé mais l'ensemble n'en demeure pas moins une fois sa rigidité accepté, un ensemble grandiose considérablement dilaté suite à ses possibilités budgétaires. Ceci ne l'empêchant pas de se ressaisir, quand il le faut en fournissant la dose psychologique nécessaire afin d'en conserver l'essence de base tout le long d'un traitement attrayant mais un peu froid.A signaler la présence d'une pléthore de comédiens Français populaires de l'époque, dans des apparitions météorites dont chacun jugera avec humour ou sévérité les facies un peu trop franchouillard, condamnant la plupart d'entre-eux à des rôles de faire valoir.
  • LA LIGNE DE DÉMARCATION (1966)
    Il est nécessaire de subir des évènements tragiques afin d'embellir le mot "survie" de tous ses apparats bons ou mauvais. Un contexte d'occupation va s'en charger. Braves, désabusés, opportunistes, dénonciateurs et lâches se déchaînent sous la baguette d'un teuton en uniforme ou en gabardine noire.Le nazi s'étonne que l'Anglaise ne soit pas dans un camp, le cafetier socialiste fait l'éloge funèbre d'un aristocrate qu'il méprise.Un long plan séquence, montrant l'arrestation d'une famille juive, accuse les divisions d'un village alimentant une inertie au service de l'occupant. La nuit permet à des citoyens devenus fauves d'appliquer la sentence suprême en n'offrant que leurs uniques arguments.Chaque composant de cette parcelle rurale semble plus en phase avec les comportements de son métier plutôt que par des réactions humaines. Le docteur réagit en docteur, protège le parachuté plus par déontologie que par humanité.Le curé confesse le soldat allemand, le coiffeur coupe les cheveux du dénonciateur, l'officier occupé en impose par le grade à des subalternes occupant. Ce n'est qu'une mascarade entre protagonistes activés en fonction du pouvoir de leurs uniformes et de leurs définitions, paravents récupérateurs de leurs abus.La panoplie militaire allemande lutte contre la panoplie de survie du citoyen qu'il soit cafetier, gendarme, coiffeur, curé, aristocrate ou passeur. L'homme ne débat avec l'homme que par la différence d'une enseigne vestimentaire."La Ligne de Démarcation", dernier noir et blanc de Claude Chabrol, mêle des villageois plus coriaces par le verbe incompris que par l'action, à une distribution au look Saint-Germain des prés. Il faut imposer le chignon à Jean Seberg pour l'évacuer de "A bout de souffle".On peut regretter le choix de l'apport en avant d'une bourgeoisie plus raffinée et déterminée, au détriment de villageois en retrait aux mœurs moqueuses, lâches, brutales, mesquines et divisées. La fracture, au même titre que cette ligne de démarcation, est perceptible en interne entre deux mondes.Offrir une mort de prestige au médecin et une mort pitoyable au passeur à l'intellect plus sommaire n'est-ce pas classifier ce qui ne peut l'être en de tels moments douloureux. Heureusement il y a le coup de gueule final du regretté Noël Roquevert.
  • BELLE DE JOUR (1966)
    "Belle de jour", en respectant plus le fond que la forme, révèle les traumatismes d’un enfermement bourgeois ne drainant qu’absences et solitudes, constat ne faisant que naitre dans les rêves les plus fous le besoin d’être vivifiée par la salissure et la maltraitance. L’opus un peu trop sophistiqué est daté, mais dénonce correctement, sans excès, l’échec d’une assise bourgeoise confortable, ne créant que de l’ennui et du protocole.Ceci ayant pour conséquence d’alimenter un inconscient revanchard, ne rêvant que d’un autre monde fait d’expériences interdites dans les concepts les plus décalés."Belle de jour" sans grand éclat, suggère plus qu’il ne montre en appuyant bien sur l’antinomie et le phénomène excitant que représente Séverine, magnifique blonde, bourgeoise, désœuvrée, riche, distinguée, frêle et pale dont l’inconscient en révolte contre une sécurité devenue invivable, apprécie d’être rudoyé sans ménagement par le rustre ou l’obèse .Un contexte protecteur sans étincelles fabrique en parallèle la quête d’un statut, celui d’un être humain préférant l’approche perverse et virile que le modèle courtois.Un rendu vieillot un peu superficiel frôlant la caricature. A voir pour Catherine Deneuve frigide sublime ne quittant jamais cet état même après les effeuillages les plus fous.
  • LA COMTESSE DE HONG KONG (1966)
    On se croirait sur la scène du théâtre Marigny, dans un vaudeville boulevardier pourvue d’une architecture référentielle. Les portes claquent, les placards servent de camouflages provisoires. Mimiques appropriées et courses poursuites s’alternent dans un récit affligeant, tourné pratiquement en huis clos.Ce film nullissime, conduit Charlie Chaplin vers la sortie par la petite porte. Imposant sa manière de faire, mimant toutes les scènes devant ses comédiens, Charlot froisse rapidement Marlon Brando, préférant offrir plus d’intériorité à un personnage superficiel, décoiffé, gesticulant, en robe de chambre et chaussettes noires devant supporter dans sa cabine une comtesse en exil vers l’Amérique.Le maître, âgé de soixante seize ans, au moment du tournage, semble imposer son propre logiciel artistique à un comédien plus cérébral que remuant. Sophia Loren plus respectueuse se soumet aux exigences d’un réalisateur maître à bord d’une œuvre récupérée, ratée, démolie par la critique.Le culte de la personnalité envahit le plateau avec la présence de plusieurs membres de la tribu Chaplin, kaléidoscope de tous âges imposant une seule image, celle d’un homme aveuglé par ses perceptions narcissiques.Cela se ressent dans "La comtesse de Hong Kong" œuvre à oeillères totalement chaplinesque, au budget conséquent, malgré la sédentarité de ses scènes.Le contenu est superficiel, une chute libre entamée depuis "Un roi à New-York", s'achevant par un impact final particulièrement décevant.Un géant fait ses adieux au métier en frisant le produit de série B.
  • LA POURSUITE IMPITOYABLE (1966)
    Des images ahurissantes et courageuses, montrant une contrée sur le flanc, complètement rongée par des idéologies aussi disparates que démesurées. Chaque ressource, toutes disciplines confondues, se vautrant dans ses vérités individuelles et leurs excès.Le tout ne faisant que révéler un état des lieux aussi pitoyable que prétentieux.La spirale négative d'une bande de petits bourgeois affairistes et décadents, entretenus par le racisme, la croyance disproportionnée, le sexe et la beuverie dans une écoeurante kermesse locale, au bout de nulle part, entrainant une bande de dégénérés vers le fond du trou.Le cliché saisissant d'une Amérique des années soixante, possédant une multitude de perceptions différentes, dont l'essence n'est que perversités et violences.Un chef d'œuvre.
  • LES TRIBULATIONS D'UN CHINOIS EN CHINE (1965)
    Quel bonheur de revisualiser cette pépite succulente de fantaisie et de bons mots. Une fresque burlesque intelligente et rocambolesque, au bout du monde, exécutée dans la joie et la bonne humeur, par de gais lurons inconscients, se divertissant du danger, grâce à leurs décalage perpétuel.Un somptueux climat populaire drôle et virevoltant, hélas porté disparu depuis de longues décennies, remplacé par un cinéma français pessimiste, triste et laborieux, ne sachant plus faire rire.
  • LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE (1965)
    Voila un exploit que le grand Leslie n'est pas près de réussir. "Tout le prologue de cette course autour du monde ne tourne qu'autour de parades désopilantes, exécutées de manière parfaite par une caricature de mode, le grand Leslie, perpétuellement combattues par un revanchard désordonné et grimaçant condamné aux gamelles perpétuelles.Celui qui est beau, riche, performant et célèbre peut-il ressentir le désespoir continuel de son inverse et ne faire qu'un avec lui?Le noir contre le blanc n'est finalement que le noir et le blanc osmose indispensable dont le déterminisme de cette aventure a absolument besoin pour se réaliser, ceci sur des milliers de kilomètres par tous les temps dans un circuit n'étant qu'une unité parfaite entre performances et désastres.Ce film extrêmement drôle de bout en bout est presque Kantien, il définie comme grandeur négative l'échec se débarrassant d'une antinomie pesante pour devenir l'égal aussi performant mais inversé de la réussite.La révélation du logis de l'infiniment petit. Une monade quantique asymétrique élaborant sa thèse et son antithèse en parallèle à l'aide de leurs antonymes respectifs.Finalement, l'échec n'est que le palindrome de la réussite.".
  • BRIGITTE ET BRIGITTE (1965)
    "J’aurais aimée être moche car je n’ai pas l’impression que c’est moi qu’on aime"Après une telle phrase on peut être rassuré sur le contenu de cette agréable comédie, fleuron d’un cinéma vérité, où métros, bus et billets de banque usagers reprennent vie. Les monuments parisiens sont notés par deux jeunes provinciales en miroir. Les questionnaires cinématographiques s’exécutent sous l’affiche de "Zorba le Grec". Dans une Sorbonne suintante, les cours sont pratiquement inaudibles, on révise comme on peut avec des antisèches dissimulées dans des endroits insolites.La célèbre élection présidentielle de mille neuf cent soixante cinq permet de se remémorer l’identité de tous les candidats, dans un imposant brassage de bulletins s’éparpillant dans les quatre points cardinaux d’un isoloir.Le contenu s’essouffle un peu quand il prend la clé des champs, mais le message reste fort en annonçant par des dictions novatrices abondantes de futures barricades et jets de pavés d’une jeunesse encore positionnée dans la genèse du discours révolutionnaire.Le mouvement hippie s’anticipe par ses bains dans des cuvettes en pleine grange, les bienfaits d’une nourriture bio et un lait de vache coulant en abondance. Brigitte la blonde et Brigitte la brune sont le potentiel démonstratif de nos futures transformations existentielles.Luc Moulet par la fraîcheur d’âme de son travail redonne envies et volontés à des sexagénaires du troisième millénaire de redémarrer une époque d’insouciances, de jeux et de découvertes, en ville comme dans les prés, en élaborant grâce à la spontanéité des dialectiques d’un jeune âge, les procédures d’un changement de comportement.Et puis voir Claude Chabrol succulent de lubricité, ça vaut vraiment le détour.
  • BUNNY LAKE A DISPARU (1965)
    Une balançoire en mouvement dans un jardin représente le seul impact d'une présence. Bunny Lake, quatre ans, disparaît lors de son premier jour de maternelle, le personnel n'ayant aucune physionomie d'ensemble, ne garde aucun souvenir de cette petite fille. Ann Lake surprend par un comportement distant devant un tel drame, ses quelques larmes tardives renforcent un doute logistique, gravitant autour d'une enfant introuvable. Pas de photos, aucune déclaration administrative, l'étau policier se resserre sur la psychologie de la mère.Newhouse, inspecteur pas très motivé par cette enquête, se soulage en ingurgitant des desserts d'enfants, Stephen Lake allié "inconditionnel" se débat afin de maintenir les sens de sa sœur hors de la folie.La progression s'aimante doucement vers l'impensable. La vérité se dévoile soudainement dans une poupée en flammes.Dernière œuvre marquante d'Otto Preminger, "Bunny Lake a disparu" est une excellente montée chromatique vers une conclusion fantomatique démente, un final de quinze minutes à couper le souffle où Ann "Mère courage" démontre un sang froid hors du commun afin d'empêcher la pire des choses.Otto Preminger dans une fin de carrière au top, offre un film captivant par une noirceur pas forcément nouvelle, mais réactualisée. Une scène symbolique démontre une certaine passation de pouvoir assimilée par un cinéaste, entamant dans la sérénité sa dernière décennie sur la terre.Newhouse (que l'on peut comparer dans ce passage à Otto Preminger) regarde dans un pub un programme télévisé et semble amusé devant les gesticulations d'un groupe pop des années 60 "les Zombies".Des cheveux grisonnants côtoient une nouvelle énergie à la chevelure abondante. Tout cela semble démontrer l'éclosion d'une nervosité cinématographique auquel Otto Preminger participe, en offrant en bout de course, ce film neuf, premier d'une longue série où il ne sera que spectateur, mais initiateur du concept.Ce vieux renard des pellicules se fait plaisir en marchant aux cotés de ce qui va lui survivre, un cinéma noir et réaliste qu'il connaît bien, l'atmosphère est angoissante, brumeuse les rebondissements bien souvent offerts par des femmes à plusieurs facettes.Ann fait penser, dans un premier temps, à Jean Simmons, belle brune déséquilibrée, dans "Un si doux visage", c'est dangereux dans un contexte de disparition d'enfant.La trajectoire négative de départ est majestueusement corrigée pour laisser place à une volonté de récupération.Un cinéaste adorateur de gestes et d'attitudes, évoluant au cours d'un récit, tire sa révérence dans la plus belle des sorties.
  • L'ESPION QUI VENAIT DU FROID (1965)
    "On ne peut pas toujours être une machine, on a besoin parfois de se divulguer comme être humain" Avant d’entamer sa dernière mission, Alec Leamas, agent secret au bout du rouleau, traine la savate dans les rues d’un Londres sombre et pluvieux. Amer, frigide, titubant, l’œil glauque, sa violence verbale et physique envers ses contemporains n’est peut-être qu’une couverture, afin de produire de dernières étincelles professionnelles dans une ultime chorégraphie avant de s’endormir, usé par les aspects procéduriers de son métier."L’espion qui venait du froid", lourdement critiqué pour sa lenteur lors de sa sortie, mérite certainement une seconde vision. Ces images interminablement lentes donnent à cette œuvre étrange le statut de film d’auteur.L’intérêt pénètre avec de grandes difficultés cette configuration logistique d’espions statiques, automatisés par une mission inlassablement répétée. Une écoute intensive de propos maussades altère davantage le contenu de cette besogne cinématographique obscure.Une lassitude entretenue de manière royale par une récurrence en boucle.L’œuvre possède une valeur, c’est sûr, mais notre entendement n’est pas à la hauteur de telles exigences. Le passionnant contexte de guerre froide n’est ici qu’une toile de fond. Elle cède le pas devant le choix douteux d’un conversationnel trop abondant, argumentant le besoin d’en finir devant ce bourdonnement verbal sans fin.Quelques scènes d'un faux procès illumine un peu les bornes de cette mécanique complexe dont les rouages nécessitent un livret explicatif d'accompagnement.
  • FRONTIÈRE CHINOISE (1965)
    Anne Brancroft, médecin au verbe haut, coiffée à la Elvis, fumant cigarette sur cigarette, verre de scotch en main, dans une culotte de cheval cintrant au maximum une taille qui n'a pas besoin de l'aide, vaut vraiment le détour. Elle est vraiment magnifique, volontaire, assidue, décisionnaire dans une mission dont les initiatives sont ensevelies sous des tonnes de procédures théologiques, inadaptées en ces terres conquises par le soudard roteux, au propos presque inaudibles.L'autorité passe d'une besogne administrative répétitive, employant continuellement le rappel à l'ordre, à la mise en pratique de procédures rapides sans préambules interminables.Lentement, une ancienne dominante glisse vers une refonte complète en adoptant la nouvelle peau d'une désespérée, sans envergure presque hystérique.Ce dernier opus fordien, sans grande surprise, se procure son lingot d'or, dans une dernière scène magnifique, mêlant bravoure et résignation dans un acte sublime jamais vu au cinéma, permettant à un groupe remis sur les rails, d'élaborer une feuille de route existentielle, grâce à un sacrifice tenant presque de l'immolation.Rien que pour cette dernière luminosité intense "Frontière chinoise" mérite les éloges intarissables d'esprits marqués à vie par la dernière image d'un film unissant l'abandon de soi dans une rage de vivre offerte aux autres.
  • L'OBSEDE (1965)
    "L'obsédé" est une rencontre bouleversante entre un solitaire mélancolique et une petite bourgeoise insouciante et protégée. Deux mondes ne pouvant se côtoyer que par l'action préméditée d'un revanchard, en manque d'affection et de puissance. Brimé au bureau dont la solitude ne sert qu'a entretenir une perversité latente et reconduite.Impossible d'échapper à un prédateur alternant pouvoirs et déprimes, s'acharnant sur une proie terrorisée, puis hypocrite et manipulatrice, masquant son indifférence dans de fausses apparences, ne formatant qu'un seul objectif.Echapper à un écorché vif dominant et fragile n'étant pas de son monde.Une lutte des classes impitoyable, entre un employé médiocre et moqué et une jeune étudiante pédante et friquée, brusquement projetée dans un monde où la souffrance devient un concept partagé.Une rivalité implacable, parsemée de quelques accalmies entre deux personnages extrêmes, dont les différentes positions sociales leurs permettent de cohabiter dans la fureur et le compromis.
  • FANTOMAS SE DÉCHAINE (1965)
    En mille neuf cent soixante cinq, les Américains se sont copieusement moqués de cette bourrade involontaire et bien maigrelette infligée à son "Alter égo "sorti la même année. Comment peut-on comparer "Fantômas se déchaîne" à "Notre homme Flint" de Daniel Mann, opus au budget titanesque, lui-même en orbite autour de quelques James Bond le précédant dont les contenus sont déjà bien grassouillets en gadgets."Fantômas se déchaîne" s'auto-nourrit de ses élucubrations délirantes.N'hésitant à aucun moment à exhiber joyeusement les lacunes d'une usine à gaz hexagonale complètement désordonnée, assurant miraculeusement par ses comportements rocambolesques l'avancement d'une enquête dont la finalité n'est que la reconquête de son origine.Fantômas, matière fuyante, négative, apporte paradoxalement de l'énergie communicative à toute une gamme de poursuivants hors normes, vitalisés par un désordre permanent, leur permettant d'être constamment connectés.Finalement Fantômas, volontairement insaisissable, est un saint homme, il offre à tous ses détracteurs la plus belle des tapisseries, l'assemblage et la continuité dans le temps d'un groupe soudé par son décalage, ceci dans une poursuite éternelle.
  • DEUX TÊTES FOLLES (1964)
    "J’ai emmené la tour Eiffel avec moi pour savoir dans quelle ville je me trouvais"Avec une telle réplique on peut s’attendre au pire comme au meilleur, c’est le meilleur qui l’emporte à condition d’accepter un farfelu bien dodu risquant de lasser un public décontenancé par ce bavardage copieux issu d’un bouillonnement cérébral incessant. Les situations rocambolesques de "Deux têtes folles" peuvent perturber des esprits aimant l’ordonnancement. C’est un peu du n’importe quoi qui défile dans un contexte de créativité sans cesse remodelé.Qu’importe, inutile de tenter de restructurer un tel débordement. Il faut adhérer sereinement à cette loufoquerie, uniquement détentrice de bonne humeur et surtout d’un adorable décalage assumé pleinement par deux doux dingues adoptant la panoplie de leurs personnages.Il serait dangereux de noyer la production avec de telles incohérences, mais ce genre de films n’étant pas légion, celui-ci est le bienvenu et se déguste avec bonheur, à condition d’accepter des quantités de connexions avortées faisant des protagonistes de cet opus des marionnettes conditionnées aux délires de leurs concepteurs."Deux têtes folles" est un film sur le monde des idées manageant deux esprits inventifs libérés de toute contrainte. Les situations se créent et se transforment au fil des intuitions d’un délire pétillant libre de tout marquage.
  • LA 317ÈME SECTION (1964)
    "La France est notre mère qui nous nourrit avec des pommes de terre et des fayots pourris". Les yeux de Pierre Schoendoerffer, par l’intermédiaire de la caméra à hauteur d’homme de Raoul Coutard, scrutent un noir et blanc crépusculaire, noyé sous les eaux. Un enfer vert, sans couleurs potentiel d’une dernière demeure, dévoile un ennemi lointain presque invisible, réglant ses tirs de mortiers pendant qu’un Saint Cyrien et un baroudeur s’opposent mollement en débattant de stratégie.Les Rombiers managés à la dure ont des visages identiques que ceux que l’on combat à distance. Ils creusent les tombes de leurs congénères et de leurs maîtres. Soumis par une complète absence de conscience de soi, ils s’activent sous des ordres plus éducatifs que destructifs.Un visage presque adolescent se met spontanément à l’écoute d’anecdotes guerrières reformatées entre deux angoisses de disparaître. Il est possible néanmoins dans ce contexte où la lumière du jour peut s’éteindre à chaque instant de pouvoir sourire en devisant une bouteille de vin à la main.Les tensions entre différentes manières de faire sont atténuées par l’élaboration naturelle d’une affection protectrice mutuelle. Les hommes continuent d’exister dans un cauchemar éveillé omniprésent.Quand l’un deux sait que son tour est venu de s’en aller, ce n’est plus la peur du "Viet" qui le paralyse, mais une faune animale encore plus dangereuse."La 317eme section" évite une fiction outrancière napalmisée pour ne montrer que l’implacable réalité de faits d’armes filmés en temps réel, un flash historique reconstitué à l’authentique où personnages et comédiens fusionnent dans des situations extrêmement exposées, tout en restant d’une sobriété exemplaire. Ce que l’on voit c’est la guerre, la vraie, le spectateur n’est plus témoin, il est incorporé dans les progressions, les transports de blessés, les rivières à traverser, les pauses, les contacts radios et les morceaux de bravoures finaux.Par un contexte thématique incontournable le contenu de "la 317eme section" se rapproche du titre d’un film tourné par un célèbre cinéaste mexicain, "La mort en ce jardin".
  • QUATRE GARÇONS DANS LE VENT (1964)
    Quel groupe de rock n’a pas rêvé en ces années 60 de ressembler à ces quatre icônes aux systèmes pileux identiques. L’époque est joyeuse et désinvolte, les trente glorieuses ont encore le vent en poupe, les Beatles et leurs agréables mélopées de début de carrière en sont la preuve, on se sent bien dans ce temps de plein emploi où la musique est gentillette.Les coiffures ne sont plus "bananées" mais tombent légèrement devant les oreilles, pas de quoi en faire un drame et pourtant les bons pensants trépignent devant cette légère dérive capillaire.Ce film concept est l’apologie du mouvement novateur, qu’il soit physique ou moral, le groupe par moment semble faire son jogging dans ces courses poursuites plus ou moins réglementés par un scénario volontairement inconsistant, les propos ne sont plus structurés, chacun délire dans des questions réponses qui n’ont qu’un seul but, désappointer par le rire.Le Monty Python est embusqué derrière ces répliques plus ou moins acerbes, le verbe se déconnecte de toutes procédures contraignantes, c’est la liberté du ton à deux doigts de l’ironie et de l’irrespect dans cette époque, où marcher dans des règles de comportements poussiéreuses, est une obligation.Les titres s’enchaînent, les notes de "A hard day's night" virevolte joyeusement, Ringo batteur à tempo unique semble mal à l’aise sur sa chaise. En observant bien le visage de John Lennon, on s’aperçoit que la dépression est aux portes. Tout en jouant la démesure par la liberté de s’ébrouer et de s’exprimer dans une nature élargie, le groupe semble à la torture, la pression est trop forte par moments on pense à "Vie Privée" de Louis Malle, par contre ici le sourire reste de mise jusqu’au bout. Interdiction de s’effondrer.Les prémisses sont annonciatrices d’une conclusion néfaste liée au groupe et au système de dépendance qui en dépend. La manipulation de cette véritable bombe que représente ce succès devient soudain ingérable pour ces quatre garçons visiblement dépassé, devenant uniquement des machines à jouer.Le groupe est manipulé par un Richard Lester se lâchant par des mouvements de caméra en hauteur où l’espace offert au mouvement est un vrai bonheur, dans une Angleterre rigide, c’est une seconde naissance.Tout ceci ressemble à une pantomime libératrice tentant de s'extraire d'un réalisme anglo-saxon aussi raide que durable.
  • ANGELIQUE MARQUISE DES ANGES (1964)
    Angélique, sublime canon, offerte à un faux laid, apprend à digérer une première approche sentimentale jugée abjecte, pour enfin basculer conquise dans une passion infinie menant ses nouveaux sens vers l’entretien d’un amour éternel, agrémenté d’intrigues de couloirs, d'attirances alchimiques et de voyages merveilleux. "Angélique Marquise des Anges" permet à une sensibilité provinciale en construction, de progresser par palier, en contestant des acquis masculins, n’offrant qu’à de jolies femmes l’attrait éphémère d’un sofa versaillais.Angélique réagit, conteste, réplique en reléguant aux lustres la logique incontournable d’une gorge offerte à des baisers sans lendemains.Ses charmes et ses atours, éléments indispensables servant à capter un regard bas, ne s’offrent pas systématiquement, il faut les gagner en sensibilisant la belle par une virilité baignée de tendresse.Evoluant entre passion et politique, cette magnifique éveillée se révolte contre un machisme poudré, environné de conspirateurs et de courtisans à la botte d’un roi Soleil éloigné des miséreux."Angélique Marquise des anges" est une incontestable réussite, qu’il faut savoir séparer d’une niaiserie embusquée.Le contenu est prenant, bien ficelé, c’est du bon cinéma à la française, parachuté dans un contexte de trente glorieuses de plein emploi où les places de cinémas sont abordables, ce qui permet de reformater plusieurs fois la vision agréable d’un ailleurs.
  • LES AMITIÉS PARTICULIÈRES (1964)
    L’amour s’exprime par des rimes, couchées sur papier blanc, des regards lumineux activent des mains s’entrelaçant dans des lieux secrets, des cheveux se caressent sous des notes de pianos, soudainement en allégresse. Les sangs ne font plus qu’un, une étreinte suprême entre deux corps est stoppée, juste avant de basculer dans l’interdit. Georges et Alexandre s’aiment au delà de ce que le commun des mortels est capable d’assimiler. Dieu semble cautionner cette passion, en prenant l’apparence d’un agneau dans les bras d’un visage presque féminin, offrant à un regard foudroyé, un coup de foudre instantané, une vision presque divine.Dans cette amitié particulière, Dieu est amour, l’approche passionnelle est verbale, les visages sont contorsionnés de bonheur, une improbable sanction du ciel est validée par un silence approbateur, l’amour est la luminosité des astres, peu importe quels sont ses habits corporels, les âmes amoureuses sont uniformes.Les hommes d’église par contre s’activent à détruire l’architecture d’un processus naturel, le mal s’instaure dans les cœurs, les procédures protectrices d’un amour deviennent hypocrites et anonymes, le persécuteur devient un offensé trahi par le contre poison d’un acharnement à détruire ce qui ne peut l’être.Approche remarquable, quoique de datée, "Les amitiés particulières" offre la plus belle des perceptions à deux jeunes esprits d’un même sexe, un amour fusionnel, couronné par le rituel et le verbe amoureux.Le terme adéquat d’une telle relation est inadapté à des sens ne fonctionnant que par un ressenti amoureux brutal, conduisant vers l’éternité d’un sentiment."Les amitiés particulières" est un film remarquable, un cristallin audacieux au dessus d’une intolérance humaine" étouffée par l’accord d’un mutisme divin.
  • L'OUTRAGE (1964)
    Comment ne pas anéantir vos appétits de découvertes concernant ce remake de "Rashomon" qui, vu son niveau, attise la pression de découvrir ou de redécouvrir son illustre prédécesseur. Paul Newman, en bandit mexicain suant et mal rasé, momentanément abandonné par la synchronisation de Marc Cassot, est parfois savoureux dans ses différentes refontes caractérielles d'un unique évènement tragique dont le processus est revu et corrigé selon les divergences de trois témoignages, plus le sien.Le sourire n'est pas rare devant la minable prestance, la violence ou la bêtise d'un rustre envers un sexe faible soumis ou manipulateur, selon les versions de trois témoins divers et variés, en attente d'un train annoncé par des éclairs lointains."L'outrage" est une correcte mise en bouche, avant d'absorber son seigneur et maître nippon.
  • WEEK-END À ZUYDCOOTE (1964)
    La poche de Dunkerque, malgré son paroxysme, permet à certains de se recadrer dans des perceptions de bases corrigées en fonction d’un vécu hors norme. Maillat désabusé s’en prend à un Dieu absent, donc consentant de tous ses massacres de bord de mer, minimisé par Pierson, rivé désespérément à ses doctrines théologiques de plus en plus contestées sur un terrain aveugle de générosité et de bonté, que seul Alexandre parvient à maintenir à flots dans le pire des contextes.Sous les bombes, l’absurdité à pignon sur rue. Aucun mérite n’est récompensé. La mort frappe où elle veut, éradiquant les bons comme les méchants.La guerre est le meilleur des endroits pour remettre à jour des concepts appris en temps de paix. Ici on crie sa douleur, son arrogance et son mépris, devant une punition incessante venue du ciel."Week-end à Zuydcoote" permet d’admirer une remarquable reconstitution logistique guerrière, juxtaposée à des conversations, permettant à des morts en sursis, d’élaborer quelques constats philosophiques personnels sur le sens de la vie.Un site pathétique de bout de courses réunit une faune de tous bords, maintenue opérationnelle par des parcelles de moralité sévèrement traquée par une boucherie inutile.L’un s’accroche par ses convictions religieuses, pendant que l’autre ne croit plus en rien, en maintenant malgré tout une mécanique serviable, l’ensemble est couvé par une mère poule éliminée impitoyablement malgré sa bonté.Ces plages initiatiques offrent la soudaineté d’un départ à certains et des morceaux de bravoure finaux à d’autres. Chacun est pulvérisé en fonction des circonstances, sans préférence ni modèle.Le seul message que l’on laisse est un destin tragique dont l’échéance, atténuée par quelques rapports intimes, ne fait que sommeiller.Un grand film spectaculaire sur un état des lieux terrestre et cérébral, complètement abandonné.
  • JUDEX (1963)
    Tout est calme, reposant. La parole est calibrée, jamais abondante. L'image esthétique et sobre. Tous ces composants réunis permettent de passer un agréable moment en compagnie de personnages automatisés par leurs lenteurs d’exécution, dans un opus concept, froid, d'une langueur vengeresse et paisible.Une nouvelle manière de montrer de l'action sans action avec un redresseur de tort new look complètement inerte..Si l'on accepte d'être managé au pas, l’œuvre a du charme.
  • JASON ET LES ARGONAUTES (1963)
    Talos, victime de la technologie image par image, préfère impressionner plutôt que d’en débattre, par des envolées inconcevables à l’époque. Son imposante apparition n’en reste pas moins culte, ainsi que quelles autres faisant de cette aventure une très agréable promenade à l’intérieur d’une mythologie grecque oisive, manipulant les humains considérés comme du consommable par des dieux terrassés par l’ennui.Les Argonautes se battent, rament et transpirent dans une suite de rencontres dominées par la féerie et les métamorphoses pendant que les dieux de l’Olympe visualisent la gloire et le trépas de chacun de leurs représentants dans un voile aquatique ressemblant curieusement à nos petites lucarnes."Jason et les argonautes" ancêtre de la télé réalité, managé par des dominants en retrait, est un magnifique film de jeunesse. Un parcours merveilleux sur des terres garnies de créatures aussi dangereuses que dépaysantes, faisant de privilégiés les protagonistes d’un récit fantastique initiatique et inoubliable.Les accalmies succèdent aux épreuves dans un déroulé enchanteur et poétique que chaque enfant en son temps à rêver de fouler. Une ballade génératrice à l’intérieur d’un jardin dangereux mais surmontable par son endurance et son courage.De magnifiques rencontres entre l’homme et le surnaturel tissées sur des contrées gérées par la thématique de l'odyssée.Une petite merveille que l'on tient par la main pendant toute sa vie.
  • LE FEU FOLLET (1963)
    Le "feu follet" est un constat sur le refus de s’assumer dans un monde responsable. Un regard vide, indifférent, offert par un détaché en cure de désintoxication, cible ceux que l’on entend plus, que l’on ne voit, plus malgré quelques bons conseils rationnels sur les devoirs de l’existence.Certains vous tendent la perche, mais celle-ci est méprisée par un homme décidé à s’éjecter d’un contexte refusé en quarante huit heures d’errances parisiennes, s’achevant sur un nombre fatidique, choisi où tout s’éteint.Des mains rivées à un corps sans énergie exécutent des mouvements, déplacent des objets sans pour cela respecter la lucidité d’une logique.Alain Leroy délimite le pouvoir d’une décision en caressant les contours métalliques d’une délivrance. Le monde n’est plus perçu, les séquelles de l’alcool, ajoutées à une paresse existentielle, ont crées des sillons irréversibles.Dans un contexte de départ thématique un homme sans but, s’asperge jusqu'à plus soif d’un vice préalablement endormi, la dernière perception d’une fête incessante réveillant pour quelques moments les sens d’un indifférent.Ce film pour public très averti, tissé dans un leitmotiv musical satien, déprimant à souhait, est désorientant, décalé, au delà de tout normalisme nécessaire, entretenant par un équilibre salutaire trente glorieuses, toiles de fonds accompagnatrices d'un personnage refusant de s'intégrer à la prospérité d'une époque.Alain Leroy frappé d’une mélancolie tenace ne voit que ce qu’il ne désire, que voir condamnant ainsi toute thérapie victorieuse.Diminué par son propre mal, déconnecté des responsabilités par un coté jouissif inassouvi, sa descente aux enfers s’effectue dans un état second fait de rencontres éphémères dans un parisianisme sans âme.Un inéluctable processus transactionnel sans intérêt tire vers le bas un être vaniteux, ventilant de son esprit des choses simples, synonymes malgré leurs absences de lumières d’une continuité.
  • LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE (1963)
    Le site est rude, froid, éloigné de tout. Un tel isolement entretient la querelle de voisins, la haine du Juif et du Bolchevik. Le papillon est tiré au fusil, la parole est brève, chaque composant de l’échelle hiérarchique en impose ou se soumet. Les propositions indécentes fusent dès la troisième phrase, dans un dialogue rudimentaire, se consumant rapidement faute d’intellect. L’aristocrate compte ses balles, pendant que le domestique s’entretient de théories simplistes et sommaires.Le maître de maison, refoulé sexuel, traque la femme de chambre, le vieux pervers se fait faire la lecture en brûlant ses dernières cartouches dans le fantasme de la bottine. La maîtresse de maison enrobée d’une frigidité approuvée par un curé tapeur, arrose au centime près un mari frustré, halluciné par le manque, culbutant n’importe quoi dans la grange, afin d’entretenir une libido devenue presque porcine.Célestine / Marie issue d’un Paris perçu dans un tel vide rural comme débauché, se joue de ces intérêts amoureux, mêlés de dominations, en offrant une fausse soumission calculée, excitant encore davantage les besoins sommaires de nationalistes embusqués ou de vieux cochons cloîtrés.Finalement c’est la femme de chambre qui mène le jeu, en offrant espérances éternelles ou étreintes consentantes à des prétendants bavant de possessions charnelles ou de minables projets."Le journal d’une femme de chambre" délocalise la perversité en gîte rural. Une campagne triste, livrée à elle-même, dominée par le désir bestial et la dérive politicienne, convoite individuellement une soubrette distribuant habilement ses attraits à des rustres compartimentés en fonction de ses désirs.Célestine / Marie allume, choisit l’heureux élu, puis se couche sans rien ressentir.L’horizon du trottoir cherbourgeois presque perceptible, ne semble même pas émouvoir cet esprit tant l’impact de la débauche est latent en prenant l’habit d’un besoin étrangement en harmonie avec cette contrée démunie de lumière intellectuelle.Tout en étant du Mirbeau, c’est presque du Zola devenu bunuelien.
  • LES PARAPLUIES DE CHERBOURG (1963)
    Ils sont bien émouvants ces parapluies de Cherbourg répartissant leurs décibels mélodieux dans des intérieurs aux couleurs surprenantes par leurs différentes associations dont la complémentarité s’avère parfois douteuse. La soporifique scène finale des retrouvailles, où l’on a pratiquement plus rien à se dire est l’exemple parfait de la pire et de la plus sécurisante des conclusions.Certes on se construit avec d’autres personnes, mais les visages n'ayant plus de fraicheur juvénile sont devenus fades et impersonnels.Deux jeunes oisillons originellement promis l'un pour l'autre se séparent sans une allusion sur leur amour perdu remplacé par leurs nouveaux acquis n'étant plus qu'un recadrage fait de fourrures et de patrimoines.Un traitement réaliste sur une époque dénonçant une domination matriarcale intolérante ne voguant plus que sur les flots de son conformisme ainsi qu’une nation implosant par ses contraintes l'avenir de nombreux jeunes couples séparés momentanément n'ayant pas la patience de s'attendre.La vision réaliste d'un territoire de plomb autant que ces papiers peints et ces meubles étouffants et lourdauds dont l’essence n’est qu'une agression permanente assénée à une génération montante pleine de vie devant endurer l'environnement austère et le règlement incontournable d'un pays fragilisant par certaines de ses obligations temporelles l'avenir sentimental de ses enfants.
  • CHARADE (1963)
    Talonnée par plusieurs personnages énigmatiques, Reggie se réfugie vers Peter Joshua, premier bastion d’une série de patronymes potentiels, mis en service en fonction des besoins. Seul point positif de toutes ces identités successives, un statut de divorcé, encourageant une magnifique persécutée, à effectuer une drague intensive envers ce protecteur mystérieux toujours là au bon moment."Charade" est un chef-d’œuvre policier à se repasser en boucle sans déceler l’ombre d’un ennui. L’intrigue est passionnante, son récit teinté d’humour reste soutenu de bout en bout. Démêler ses nombreux rebondissements apporte joies et bonheurs.Audrey Hepburn est magnifique, insérée entre des instants festifs basculant soudainement dans une terreur toujours digne et respectueuse, malgré les contraintes d’un climat à respecter.Deux des plus beaux fleurons hollywoodiens sont happés, le temps d’un film, par un Paris au look sixties dont chaque composant n’est plus qu’un souvenir.Une course-poursuite bénéfique dans les Tuileries, sur les quais ou dans le métro redonnant vie le temps d’une escapade à toute une technologie obsolète."Charade" est le joyau d’une décennie heureuse. Une comédie policière savoureuse, baignant dans un suspense haletant. Une perle temporelle déposée sur une terre encore préservée de disettes.La belle traquée fait face avec courage, sans altérer le périmètre d’un visage sublime, toujours protégé par une naïveté de princesse. Le danger, devant une telle armure, ne peut que battre en retraite.A ne rater sous aucun prétexte.
  • UN DRÔLE DE PAROISSIEN (1963)
    "Nous sommes une goutte de paresse dans un océan de labeur. "Cette phrase, au combien significative d'une aristocratie moribonde, désirant conserver par tous les moyens une oisiveté ancestrale, oblige les protagonistes, d'une diction parfaite, préservée de la phraséologie du laborieux, à se remonter les manches, sans avoir pour autant la perception de travailler.Voir une police en sureffectif, ridiculisée par un personnage en harmonie entre ce qu'il prend et ce qu'il offre, ressemble à une course poursuite entre un malicieux et des limités, cloisonnés dans des stéréotypes aux aspects poussiéreux et ventripotents.Jean-Pierre Mocky, comme bien souvent, se pâme en filmant de manière anarchiquement douce, les limites intellectuelles d'une certaine catégorie de ses contemporains, en les affligeant de physionomies presque felliniennes.L'intégralité est servie dans des situations cocasses où le poussif, aux frontières de la cirrhose, en tenue de ville ou déguisé de manière grotesque, applique des initiatives farfelues, surclassées par l'analyse froide et efficace d'un penseur dont les actions malhonnêtes sont argumentées comme des missions divines.Policiers et ecclésiastiques servent de boucs émissaires à un cinéaste ravi de manipuler des rouages jugés comme ridicules, détenteurs de procédures plus dominantes qu'idéologiques, explorées par un drôle de paroissien, plein de compassion et de tolérance envers ces ressources de société qu'il faut accepter dans son quotidien.
  • LA MAISON DU DIABLE (1963)
    "La maison du diable" suggère remarquablement la présence d’un ennemi invisible, à l’aide de bouts de ficelles ingénieux et d’une bande son particulièrement efficace. Le délire est distillé par des protagonistes terrorisés par leurs propres peurs et voix internes prenant le pouvoir sur un castel effrayant, certes dangereux, mais absent d’ectoplasmes.Dans un noir et blanc pratiquement sans effets spéciaux, les faits relatés restent captivants. Porte déformée, escalier brinquebalant, statues aux visages déformées, corridor interminable, bruits sourds et rires démoniaques se succèdent dans le plus simple appareil, ceci n’empêchant nullement nos épidermes de frémir à ces sensations parfaitement reproduites.Finement alcoolisée de peurs, "La maison du diable" oscille régulièrement entre une atmosphère lourde et des récurrences liées à nos terreurs ancestrales, le tout dans une sobriété sincère, collant admirablement avec le contexte.Les abus intelligemment bypassés font de ce film un habile divertissement cauchemardesque spéculatif. Les esprits lassés de ne rien voir s’entredéchirent aux portes de la folie, dans une maison ne lâchant que peu d’informations palpables.Un très bon film sur un genre difficile, limité, qu’un metteur en scène astucieux, au budget restreint, rend séduisant tout en le revêtant de simplicité.
  • L'HOMME DE RIO (1963)
    "Les femmes, il leur faut toujours quelque chose et toujours ce que l'on a pas""L'homme de Rio" est le doux parfum d'un cinéma populaire dynamique et plein d'esprit, hélas disparu, montrant la complémentarité conductrice et farfelue de deux esprits décalés, dans une aventure hilarante au bout du monde. Une atmosphère agréable et colorée tout le long d'un parcours mêlant un suspense bon enfant, dans des situations aussi drôles qu'exotiques.Ce fleuron d'un concept obsolète est une réussite de fond en comble, permettant à des comédiens récupérés par des itinéraires de bandes dessinées, d'entretenir leur vivacité dans le bon mot, en se servant de l'extravagance comme véhicule conducteur.Un film d'un autre âge, dont le seul but était de divertir, en offrant loin d'une France engourdie, un dépaysement alerte et généreux.
  • LES NERFS À VIF (1962)
    Ce harcèlement moral, déversé diaboliquement par une entité au sang froid sur tout un système de protection incapable de rebondir devant les piqures morales démoniaques incessantes d’un seul homme envers un autre, est terrifiante. Cette guerre des nerfs démontre les faiblesses d’un encadrement de répression manipulé par les agissements lucides et calculés d’un être pervers conscient de sa force de destruction.Une bête féroce pulsionnelle ivre de vengeance s’avère beaucoup plus efficace et dangereuse que toute une machinerie en plein doute, dépourvue de textes punitifs, abandonnant une proie et sa famille aux déchainements d’un personnage incontrôlé.Max Cady est une épreuve, une contrepartie violente et isolée narguant un système juridiquement correct, offrant à ses intégrés une jolie femme, de beaux enfants, une belle maison et un joli bateau dans un univers chaleureux.Toutes ces récompenses existentielles sont remises en question par une face obscure, démoniaque, exclue d’un système secrètement convoité. Un être oublié que l’on ne pensait jamais retrouvé bien au chaud dans un cocon protecteur."Les nerfs à vif" est un film admirable, montrant les contraintes d’un citoyen honnête et respecté, abandonné par toutes les enseignes protectrices de son environnement, encaisser puis rendre les coups face à un être pervers, terriblement efficace, contournant avec délices les faibles ripostes qu’il reçoit.Mention spéciale à Robert Mitchum et à sa magnifique prestation, dévoilant un personnage cynique au plein pouvoir, réduisant à néant l’ordonnancement d’un système limité devant le logiciel interne, pratiquement inviolable d’un monstre parachuté afin de montrer les limites protectrices d’une société menant irrémédiablement vers l’autogestion.
  • REQUIEM POUR UN CHAMPION (1962)
    Malgré un prologue mettant en appétit, ce film s'avère décevant, ennuyeux et sans saveur. Anthony Quinn semble avoir oublié de gommer son masque de Quasimodo, dans une démarche lourde et indécise, rappelant parfois le Toro Moréno de "Plus dure sera la chute".Une vraie galère pour des pointures telles que Mickey Rooney et Jackie Cleason, parachutés dans une sphère thématique rapatriant toujours les mêmes constats sur un sport montré comme déstructuré et malhonnête, abandonnant ses ressources à elles-mêmes dès qu'elles ne sont plus rentables.Un film inutile, ne brassant qu'inconsistances et mièvreries.
  • BILLY BUDD (1962)
    Toute l'essence de cet opus remarquable et rarissime se situe en huis clos. Pressés par le temps quatre officiers doivent en leur âme et conscience juger l'acte irréparable commis par un jeune matelot analphabète, naïf et timide, ne trouvant parfois pas ses mots, enrôlé de force puis poussé à bout par un maître d'équipage sadique semblant quémander inconsciemment un châtiment.William Budd est un Jésus Christ maritime, un agneau sacrifié ballotté entre une discipline de fer, et une hiérarchie sans âme ne fonctionnant que par la répression.L'uniforme n'étant qu'un paravent, un prétexte à ne fournir que de la procédure sans révéler de véritables sentiments.La loi remplace la justice dans un procès bâclé. Un contexte verbal d'arguments contradictoires dont la finalité se promènent dans ces phrases manichéennes d'expansions et de retraits entre rigueurs et bontés.Ici il ne faut que débattre en ne pensant qu'a punir."Billy Budd" est un très très beau film sur les difficultés de s'extraire d'un schéma réglementaire afin de s'assumer en qualité d'homme, en valorisant le charisme d'un individu plutôt que de sanctionner la spontanéité d'un geste irréfléchi envers un personnage abject.
  • BARABBAS (1962)
    "Barabbas", péplum intelligent, relate remarquablement l’éveil d’un esprit conquis par un rustre au contact de la foi. Ce parcours intimiste et spectaculaire révèle l’ascension lente et maladroite d’un personnage sanguinaire et festif, vers une perception divine finale, certes erronée, mais permettant malgré tout à instinctif hyper violent d’acquérir les balbutiements d’une mission.L’opus est soigné, valeureux dans une réalisation irréprochable. Un véritable modèle du genre, admirablement proportionné dans ses approches discursives et combattives.Une sobriété exemplaire se dégage de l’intégralité d’un ouvrage passionnant n’atteignant jamais le moindre excès.Le choix d’un peuple revanchard se métamorphose par paliers, en annulant ses acquis, dans un exposé magnifique, propulsant vers la révélation un immortel se devant d’être la continuité antinomique d’un sacrifié.Un film de référence tissé dans un calme intensif.
  • LE PLUS SAUVAGE D'ENTRE TOUS (1962)
    Quel rustre que ce Hud encornant les maris, carburant à la décapotable dans des immensités vides et poussiéreuses, garnies par quelques têtes de bétails malades. Un instinct de propriété continuellement inassouvi s'exprime dans une violence irrespectueuse envers hommes et femmes utilisés comme un consommable d’apaisement.Hud ne peut canaliser des comportements outranciers générés par la faute. Idole d’un jeune frère en construction, apprenant la rudesse d’un traitement équilibré par un amour adolescent envers une servante convoitée comme une bière, il ne peut qu'assombrir une nature fragile n'ayant qu'un seul modèle.Des psychologies tourmentées ou en élaborations s’expriment dans une nature sans vallons. Un plat traumatisant, qu’il faut combler par des excentricités, calmant un ennui de terroir rythmé principalement par la dépendance quotidienne envers les bêtes.Ces longues rues tristes, accablées de soleil où apparaît de temps en temps une âme au débit limité, font de ce trou du cul du monde un site ne fonctionnant qu’à l’aide de quelques procédures sommaires que l’éternité semble conforter."Le plus sauvage d’entre tous" est remarquable, sobre, adapté parfaitement à un noir et blanc, mettant parfaitement en valeur quelques impacts matériels et caractériels humains dans un espace silencieux filmé parfois de haut où l’homme n’est plus qu’un grain de sable torturé.Paul Newman, clone de Marlon Brando, semble être la projection de la violence de l'écorché vif Stanley Kowalski, héros d'un "Tramway nommé désir" dans un monde rural éloigné de tout.Son intérêt envers les autres ne s'exprime que par un rudoiement extrême implorant caresses et affections. Un sentimental refoulé doté d'une armure ne pouvant exprimer ses besoins que par des maladresses répétées.
  • LE DOULOS (1962)
    Le ticket numéro treize positionné sur le coin d’un chapeau donne quelques intuitions sur le final dramatique d’un protecteur dans l’ombre. A travers "Le Doulos" c’est la cartographie du "Samouraï" qui monte en puissance. Tout un univers lumineux mais souterrain de boites de nuits, de jeux, d’orchestre de jazz, d’interrogatoires de police, de paroles brèves suivis de corrections subites et musclées infligées à la blonde perverse s’égrènent pendant que les honnêtes gens sont dans les bras de Morphée.Les zones d’ombres entretenues font du Doulos un personnage mystérieux, ami et médiateur de deux extrémités passant leurs temps à s’entretuer. L’œuvre est bien souvent misogyne, peu d’égards envers la femme livrant une adresse sous les coups ou offrant quelques billets presque arrachés par celui qui ordonne sans s’émouvoir.Le dévoilement d’une véritable identité suite à des explications finales, auréolées par la révélation de la droiture d’un individu, débarrasse un esprit tortueux de son ambiguïté, celle-ci offrant un mini sourire radieux à une perplexité rassurée.Nantie de quelques faiblesses de traitements, l'oeuvre est confuse sans être heureusement décevante. Toutes ces pistes embrouillées ne facilitent pas toujours la rigueur d’un suivi."Le Doulos" ressemble à une salle d’attente proche d’un embarquement pour un "Deuxième souffle" plus prometteur. Dans cette optique, l’attente est plutôt agréable, la réalisation soignée encourage la clémence envers quelques imperfections. Le meilleur est à venir et comme ce meilleur passe par certains doutes antérieurs, le tout fait l’affaire.
  • LE PROCÈS (1962)
    Le zéro et l’infini. Le microcosme le zéro, le je, délaissé au profit du macrocosme le nous dans une société communautaire où l’individu est considéré comme quantité infinitésimale par rapport à la collectivité, quantité infinie.Le macrocosme, l'infini, le nous délaissé au profit du microcosme le je dans une société égocentrique ou l'individu se réalise par lui-même en se servant du contexte opportuniste de son époque.Le pouvoir du zéro (l’individu) ou de la masse (l’infini) dans une même image garnie d’éternelles alternances temporelles.Tous ensemble chacun pour soi.K est laminé puis éliminé par un ou plusieurs pouvoirs anonymes s'acharnant sur un esprit sans défense endurant son Golgotha dans un contexte hallucinatoire constitué de dominances et de soumissions.Harcelé par des interrogatoires soudains et éprouvants ne faisant qu'entretenir les impacts d'un complexe de culpabilité formaté sur un cobaye ciblé au hasard.Il faut atteindre péniblement des tribunes surélevées afin de plaider sa cause devant des accusateurs procéduriers canalisant leur paranoïa en s'acharnant à l'aide d'un faux procès, sur un tiers essuyant en vain les plâtres d'un système susceptible de toucher n’importe lequel de ses tortionnaires.L'empire du paradoxe ou un parti totalitaire vaporise une ressource tout en étant sous la menace de ses propres arguments pouvant à n'importe quel moment se retourner contre lui.Encaisser de soudains revirements incohérents.Étendre ou comprimer ses espoirs et ses doutes dans une structure miniaturisée ou pyramidale.Survivre à la claustrophobie scruté par des regards d'adolescents indifférents et moqueurs.S’enfuir terrorisé dans des passages hachurés de lumières.Un processus expérimental d'extermination dans un acharnement administratif programmé, volontairement incohérent, humiliant continuellement un visage de plus en plus décomposé.
  • LAWRENCE D'ARABIE (1962)
    S'il fallait concentrer dans un microcosme un des messages principaux de cette œuvre gigantesque, le sauvetage de Gassim adopterait un rang élevé. Un choc frontal s'opère entre une continuité discursive éternelle basée sur des écrits que l'on apprend, que l'on applique et que l'on offre à la génération montante qui elle en fera autant au sujet de sa descendance, sans en changer la moindre lettre et une prise de conscience de sa possibilité d'agir et de penser dans une liberté choisie, consciente d'elle-même éloignée d'une tutelle ancestrale.Gassim égaré dans le désert doit mourir, c'est écrit. Lawrence rétorque dans un premier temps que rien n'est écrit, pour ensuite spécifier que tout est écrit "Là dedans", c'est-à-dire dans un esprit indépendant, dans l'analyse et l'entreprise. Une approche universelle donnant naissance à l'individualité d'un raisonnement démarqué de la caste qui par sa conclusion sauvera une vie.Lawrence livre sur un plateau Hegel et Kant à une rose des sables, ne s'exprimant que par une loi unique depuis des millénaires. Un sacrifice au service d'un texte divin d'adoration, de résignation et d'abandon de soi est contourné pour permettre à un esprit d'en sauver un autre, par une procédure individuelle.Le prince Faycal à cheval, sabre au clair, ne peut rien faire contre la mécanisation terrestre et céleste, c'est un premier pas vers le siècle des lumières où il faut peu à peu s'adapter aux transformations technologiques et intellectuelles d'un autre continent.Sherif Ali Ibn El Kharish le comprend bien, il s'incline devant l'initiative d'une entreprise personnelle couronnée de succès, menée par un esprit indépendant. Cette attitude faisant suite à une condamnation de départ musclée contenant l'intégralité de la pensée de ses ancêtres, laisse présager l'entame potentielle d'une autre manière d'appréhender le monde.
  • UN SINGE EN HIVER (1962)
    L’esprit ibérique se délocalise en terre pluvieuse. Un état second livre fiestas et corridas à un vieux soldat, éteint par le bonbon du soir. Dix sept jours de beau temps en été rivalise en vain avec un soleil perpétuel ranimé au picon bière, sur une terre venteuse, n’offrant que la belote et le pastis comme chemin vers les étoiles.La parole donnée est lézardée par la fougue d’une jeunesse refusant dans un premier temps de traverser le corridor d’un ennui profond. Le jeune régénère le vieux, qui le temps d’une soirée, retrouve l’esprit de ses vingt ans voguant sur un Yang Tse Kiang devenu plus mental que féerique.Deux générations, le temps d’une soirée, illuminent un ciel normand désespérément sombre. Un comportement choisi, trop longtemps cumulé, s’applique au mépris d’une faune locale assoupie, ingurgitant du mauvais vin.Le jeune s’entretient par le chagrin d’amour, pendant que l’ancien se régénère à l’écoute de ces férias incessantes contées par ce jeune père aux responsabilités embrumées par la fête."Un singe en hiver" sorte de "Quai des brumes" désopilant montre l’autochtone de base harassé par l’ennui et les vents incessants. Bloqué par une mer omniprésente qu’il ne peut traverser, il ne survit que par un passé commémoratif, la cueillette du bigorneau et la déferlante estivale parisienne.L’œuvre est cynique, la différence entre ces deux nostalgiques et ces légumes endormis est appuyée, presque blessante, irrespectueuse entre un monde méprisant l’autre en s’octroyant par ses perceptions un droit de cuissage intellectuel.Le petit peuple, privé d’une véritable conscience, répète inlassablement sa médiocrité, sur un site désolé, brusquement réveillé par la délivrance d’un excès que l’on ne peut reconduire, une sorte d’orgasme de lumière avant de s’enfoncer dans un long hiver.
  • QUINZE JOURS AILLEURS (1962)
    Charité, stress, caprices, colères, névroses, banqueroutes, somnifères, drogues, alcool, orgueil, manipulations, sont au menu contemplatif d’un acteur en décomposition tentant de se ressourcer dans une ville festive, remplie d’enfants. "Quinze jours ailleurs" établi un constat réaliste autant qu’alarmant sur un milieu dont la finalité se nomme déstabilisation, oubli et dépression. Des métiers d’ensorcelés où le copinage n’est bien souvent qu’une bouée jetée sur une épave, ayant visitée toutes les pièces d’un environnement manquant totalement de structures morales sécurisantes.Du vieux metteur en scène au jeune comédien parano, tout un système de façade est scanné de manière déprimante, sur fond de ville éternelle imprégnée de nuits reposantes et joyeuses.Toutes les facettes thématiques de ce milieu bien particulier perdent pied ou surnagent dans un contexte où quelques révélations porteuses d’espoir montrent un léger puzzle d’humanité.Il y a par moments un peu de Doc Holliday dans l’interprétation de Kirk Douglas, pour qui ce rôle semble être une aire de repos où le comédien ne fait que restaurer un jeu d'acteur collant le mieux possible aux contraintes du scénario.Le cheminement, un peu trop classique de la globalité de ce film moyen, attise l’appétit d’une vision des ensorcelés dont quelques images judicieusement choisies apparaissent dans cet opus manquant un peu d’électricité. Par contre la toile de fond romaine, vivifiante et indisciplinée, est la bienvenue.
  • LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY (1962)
    Une rafale de procédures maritimes outrancières, entre en conflit avec un management plus souple, respectueux, tolérant presque bon enfant le tout dans une surdose de tamourés révélateurs et de paysages exotiques somptueux. On comprend plus aisément, en fonction de la seconde partie, concernant les fessiers en mouvement et la faune idyllique que le beau Marlon ait tout fait pour retarder la fin du tournage de cet affrontement hiérarchique basique au grand air, où la luminosité éclatante du site incite à prendre racines.Les sites sont grandioses. La belle Tarita convaincante à souhait. Ce paradis permet à l'équipage d'un bateau sombrant dans les châtiments corporels à répétition, de souffler dans la délectation de fruits délicieux et de pêches miraculeuses.Le contenu prend parfois l'aspect d'un documentaire complaisant, montrant des indigènes stéréotypés accostant la rigidité britannique, en distribuant sous des chants mélodieux, des couronnes de fleurs véhiculées dans des embarcations pilotées par des bras et des jarrets puissants.L'uniforme terne du capitaine Bligh, pantin grotesque, désarticulé par une danse imposée, est absorbé par les couleurs chatoyantes d'un dominant local complètement débridé.Rigueurs disciplinaires et comportements inconditionnels débonnaires se partagent la manne d'un paysage de carte postale."Les révoltés du Bounty" est la perception d'un ailleurs lointain, embelli d'images scénarisées, aussi abstraites qu'improbables. Trois heures de carburant conventionnel fortifiant nos besoins d'évasion.
  • L'AINÉ DES FERCHAUX (1962)
    "Il m'accorda son attention à défaut de son estime". "L’aîné des Ferchaux" est la visite d'une Amérique profonde dans un road movie initiatique et mélancolique réunissant un vieux chêne et un instable.Ceci permettant à deux esprits démunis de sensibilités de s'ouvrir lentement à une connaissance de l'autre par l'équilibre d'un rapport de force.Un opus dans un premier temps déprimant sur le rejet d'un monde que l'on méprise en le dominant par les affaires ou par l'opportunité.Un environnement que l'on fuit par peur ou par désœuvrement pour enfin extraire loin de chez soi les premières parcelles émotives d'un relationnel insensible, ne fonctionnant que par le dédain camouflé dans la procédure.L'un des plus beaux rôles sinon le plus beau de Jean-Paul Belmondo baignant dans les sons pathétiques de l'harmonica d'Albert Raisner.
  • MIRACLE EN ALABAMA (1962)
    "Miracle en Alabama" est un remarquable affrontement entre une enfant rebelle, insensible à toute aide extérieure et une éducatrice ayant besoin de se ressourcer par la perception de sentiments incorporés dans une méthode de travail. Il s'agit de soigner en ressentant de l'affection pour un cas extrêmement difficile, que seul l'émotion collectée, au fil des défaites et des victoires de cette lente et harassante thérapie d'éveil, peut entretenir dans la durée.Un film admirable, sur une volonté indestructible d'éveiller, éradiquant lassitude et abandon, en ne faisant fonctionner qu'une seule enseigne, son cœur.Anne Brancroft et Patty Duke sont admirables, en alternant querelles et apaisements, éléments antinomiques indispensables, menant vers une fusion éternelle deux esprits épuisés, mais enfin sur une même longueur d'ondes.
  • HATARI ! (1962)
    Drôle et chaleureux "Hatari" déroule un sympathique esprit de famille, loin des rivalités des usines et des bureaux, au contact d’une faune animalière dangereuse ou coopérative, selon les approches. Chapoté par un Duke en pleine forme, les composants cosmopolites de cette petite sédentarité domestique appliquent en douceur prestations de brousse et rivalités amoureuses, dans une générosité ne mettant jamais en péril l’union d’un groupe de travail, en constante découvertes d’affinités."Hatari" est une pépite, un esprit d’équipe magistral, aux basques d’un animal capturé, mais non chassé. Les petits sketchs avec les éléphanteaux et les autruches sont délicieux et soutirent presque des larmes, devant de tels jeux innocents et spontanés.L’espace offert délivre une superficie où l’homme et l’animal trouvent enfin de quoi s’ébattre sans s’entretuer. Tous les personnages, après les méfiances d’usages, s’apprécient pour leurs valeurs sur le terrain principale, sélection d’une amitié virile, potentiellement reconduite dans de futures aventures.L’intrigue sentimentale est simpliste, presque un peu déplacée par l’obstination d’une jeune fille à séduire un vétéran (ce concept sera d’ailleurs reconduit dans "Charade" avec Audrey Hepburn et Cary Grant) mais peu importe cette "anomalie" se dissipe rapidement devant l’accumulation de scènes désopilantes, garnissant ce film plein de tendresse.
  • LES BRICOLEURS (1962)
    Les bricoleurs fait partie d'une multitude de faux navets tournés pendant nos prospères années soixante dont les scénarios tenant largement sur des timbres postes permettaient à une famille de comédiens aussi farfelus que conviviaux de se retrouver régulièrement sur des tournages. Peu importe l'absence de virilité du produit, il fallait bosser et accepter souvent n'importe quoi.Ceci permettait paradoxalement à de nombreux fantaisistes de l'époque de passer du bon temps ensemble en se régénérant mutuellement dans des prestations lunaires tentant le cœur gros comme ça de sauver un ensemble du naufrage.Les bricoleurs n'échappe donc pas à la règle d'un système dont le seul but était de divertir un public facile avec du n'importe quoi.Et puis après tout à quoi bon tirer sur une ambulance qui n'en est peut-être pas une.Il y a de belles dames dans ce fourre-tout sans queue ni tête pour la plupart injustement oubliées.Qui se souvient de France Anglade, de Valérie Lagrange, de Claudine Coster et de Elke Sommer?De magnifiques poupées ayant en leurs temps fourni de la matière à mes fantasmes d'adolescent.Alors vive les bricoleurs et leurs états seconds que nos lucidités trop fortes ont condamnés au pilon.
  • WEST SIDE STORY (1961)
    "Twelve in a room in America"Encore un film sauvé par ses mélopées que l’on fredonne avec nostalgie en pardonnant à ce concept révolutionnaire de n’avoir pas su résister au temps et surtout à l’anéantissement d’une délinquance presque sympathique, sachant retenir ses coups dans des chorégraphies parfaitement ordonnancées. Le peu de matière consistante de cet assemblage musico verbal se dissout rapidement dans une suite de tableaux thématiques, préférant mettre en valeur les possibilités chorégraphiques et musicales d’une œuvre dont la trame romanesque n’est qu’un combustible.Les sentiments de Roméo et Juliette semblent bien isolés face à ces désœuvrés presque efféminés, bondissant sur des terrains de baskets, demeures à temps complets de provocations et d’effleurements physiques entre deux ethnies dont le point commun est de fuir l’intégration.La chanson "America", essence sociologique de l'opus, déverse un texte révélateur sur les conditions d’existence qu’un groupe condamné à l’hérédité, au chômage et à la promiscuité, préfère clamer au second degré dans un humour décapant."West side story", laborieuse alternance entre ce qui se dit et ce qui se chante, demeure une expérience courageuse qu’il fallait tenter au même titre qu’une idée folle dont le monde a besoin pour avancer.
  • TOUT L'OR DU MONDE (1961)
    René Clair offre dans ses dernières cartouches une farce paysanne désopilante dénonçant le délire promoteur du début de ces années soixante, consistant à déplacer sur un site calme et vivifiant un concept citadin, fossoyeur à long terme d'un vie longue, offerte à la soupe et à la terre. "Tout l'or du monde" est une agréable pause rurale et champêtre, mettant à l'épreuve deux manières de penser.Une paysannerie immobiliste et sommaire se voit moquer et chahuter sur ses terres par un parisianisme pédant et costumé.Une joute amusante, tout en restant limitée où chaque partie s'affronte en employant les procédures de ses habitats respectifs. L'entêtement et la robustesse pour les uns, la flatterie et l'hypocrisie pour les autres.
  • LEON MORIN PRETRE (1961)
    Une athée orgueilleuse, adorant le commandement offert à une jeune femelle au visage rayonnant de lumière noire, vient titiller sur ses terres un jeune prêtre pseudo anti-conformiste, mais aux argumentations vieillottes à l’aide d’une phrase assassine venue d’Orient. De longues conversations théologiques, faisant suite à une absolution guidant des premiers pas vers la foi, s’établissent entre un rhétoricien incorruptible et une jeune veuve soumise aux attirances féminines sur toile de fond de ville alpestre occupée où seul l’enfance et l’uniforme parviennent encore à se blottir l’un contre l’autre en s’inondant de sentiments purs.Des Juifs se baptisent afin d’échapper à la déportation, des chaussures peintes en noires respectent le souvenir d’un disparu, pendant que dans une chambre close des propos et des livres s’échangent en se commentant."Dieu est incommunicable. C’est atroce" s’écrie un esprit sur le point de déposer les armes et de se convertir.Cette soumission ressemble à une conquête de la chair en ces temps sans hommes, ceci est incompatible avec un missionné programmé pour sauver des âmes et qui malgré l’apport intime de quelques confidences, qu’il faut savoir interpréter, reste profondément attaché à son sacerdoce. La pensée virtuelle d'un unique baiser libère momentanément des tortures de la chair une jeune femme rongée par l'impossibilité de conclure sa passion en temps réel."Léon Morin prêtre" est une œuvre défaitiste, auto flagellatoire. Une femelle vaporisée par des perceptions amoureuses interdites, détruit une pensée primordiale, athéise en adoptant une conversion tactique lui permettant d’espérer vainement l’amour impossible d’un ecclésiastique uniquement proche de ses semblables que par la formation.La fin est datée, morose, décevante dans son processus que les intellects de l’époque soumis aux bonnes consciences n’ont pas la force de modifier. Chacun, tout en contestant les rigueurs moralistes de son temps, en subit les méfaits plus ou moins volontairement.Par manque de déterminisme, des potentiels de destins en communs sont brisés, laissant encore plus désemparée une entité prisonnière de ses sens, à contre courant. L'amour sous toutes ses formes subit de plein fouet un réalisme cinglant.
  • LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES (1961)
    Voici sans aucun doute le western le plus étrange de tous les temps. Mêlant actions et lenteurs le tout en bord de mer, "La vengeance aux deux visages" semble reproduire l’intérieur contrastée du maître lui-même qui s’essaie pour un unique fois à la réalisation.Le scénario est banal, deux braqueurs Rio et Dad, se donnent rendez-vous pour le partage d’un hold-up, Dad trahit et s’enfuit avec le magot, Rio est arrêté, il s’évade cinq ans plus tard, bien décidé à se venger.Pendant ce temps, Dad s’est offert une conduite, devenu shériff, il se marie et adopte la fille de sa femme.Est-ce une façade pour un homme qui dissimule au fond de lui un fond toujours aussi mauvais ? Et surtout faut-il néanmoins, en tenant compte de ce fait nouveau, appliquer la loi du talion, malgré l’image d’une ancienne trahison atténuée par le visage nouveau de son ancien complice réinséré et respecté ?.Cette œuvre fleuve (2h21mn) nécessite au préalable une préparation psychologique. Rien de commun avec le schéma traditionnel du genre.Le spectateur, si l’anachronisme avait un sens à l’époque, aurait pu se sentir projeté dans l’ambiance de "Paris Texas" de Wim Wenders. L’espace est roi. Le cheminement menant à l’affrontement final est une longue route semée de remise en questions.Les longs têtes à têtes, avec la très belle Pina Pellicer, belle-fille de Dad, séduite dans un premier temps par vengeance, casse un rythme laborieux difficilement acquis.La mer, omniprésente par ses remous berçant, est un contrepoids supplémentaire à une vivacité déjà compromise. En une phrase, il faut s’accrocher, haut les cœurs.Bref, ce film par toutes ses innovations, est un chef d’œuvre. Marlon Brando, tenant à signer son opus en y imprégnant sa personnalité, campe un héros à double facette, déterminé mais fragile, ne semblant pas de taille à résister à Dad, masochiste prononcé, s'acharnant à détruire une volonté de vengeance.Sa résolution à réapprendre à tirer au révolver, suite à la destruction partielle de sa main par son ancien complice, est plus un objectif cérébral qui ne garantit pas forcément la réussite finale de l'entreprise.Le cas de conscience est d’importance, Rio se positionne comme meurtrier potentiel du beau-père, aimé de la femme qu’il adore."La vengeance aux deux visages" au même titre que "La nuit du chasseur" furent deux révolutions dans le paysage cinématographiques de cette époque, ces deux piliers du septième art furent réalisés par deux comédiens dont ce ne fut que l’unique réalisation. Marlon Brando et Charles Laughton. Un fantastique coup de génie pour l’éternité.
  • CARTOUCHE (1961)
    Un léger clone de "Fanfan la Tulipe" et de "Cadet Rousselle" continue ses aventures en scope couleurs dans un contexte légèrement réactualisé. La trinité désinvolte de joyeux lurons sous les drapeaux active la tactique dite du lièvre devant un danger risquant de déstabiliser une bonne humeur de parcours. Ces trois là aiment la vie en lui inculquant une gestion particulière, adaptée à chaque rencontre.Cartouche, remarquable visionnaire, essaie de survivre en attendant le supplice de la roue, ultime rendez-vous lié à son rang. L'aristocrate et le gendarme sont bastonnés dans la joie et la bonne humeur. Tout est permis en attendant l'épreuve du gibet pour ces malandrins tentant de s'acclimater, le temps d'une courte existence, à une régence poudrée de mépris envers le va- nu-pieds.Ce pamphlet dénonciateur préfère amuser tout en gardant un message dramatique sous-jacent. Le détrousseur, sans illusions sur un avenir à long terme, se véhicule joyeusement sur le territoire de France, propulsé par la rapine, la raclée et le bon mot.On dévalise le carrosse presque avec respect, vaporise la comtesse de rhétorique amoureuse, éjecte en plein vol le maréchal de sa carriole, libère la gitane dans une taverne, se devant d'adopter suite à cet effet le statut de pulvérisée.L'aventure se vit de manière désordonnée, permettant récréations, beuveries et dérives, dans un monde où les responsabilités de maîtres efféminés sont uniquement positionnés sur les jolis minois.L'armée n'est pas en reste, plus le grade est élevé plus la réplique est somptueuse."J'ai perdu deux cent hommes aujourd'hui, j'espère faire mieux demain" s'exclame le colonel."Voici les trois héros de la journée, qu'on les mettent en première ligne demain", rétorque le Maréchal."Cartouche" active les derniers spasmes de bravoures d'un sacripant au grand coeur, se délectant de comportements paillards et chevaleresques sur un hexagone de misères.Amusons-nous en attendant la corde.
  • CLÉO DE 5 À 7 (1961)
    Cléo dispose de cent vingt minutes de réflexion, à l'air libre, afin de se préparer à une sentence finale. Deux heures égrenées dans les rues d'un Paris scénarisé par des procédures quotidiennes, distantes de rencontres spontanées, entre projets des uns et désespoir des autres.Il faut tout se dire en quelques minutes, avec en toile de fond une ville procédurière, dans des actions récurrentes, se prouver que l'on existe par la voix, plus pour soi-même que par l'apport des autres, en testant courageusement une indifférence collective à la terrasse d'un café.Les contraintes et les vitalités rencontrées narguent une jeune femme ne pouvant construire qu'un relationnel limité dans le temps, au contact d'une faune anonyme, dans une mégapole structurée par le devoir de production.La dernier quart-d'heure sensible, consacré au gentil militaire regagnant l'Algérie alors en guerre, tout en laissant en apparence un infime espoir de construction sentimentale, n'ôte pas le doute sur la difficulté d'élaborer une stabilité à long terme. La maladie scelle un avenir que Cléo doit assumer seule.Un esprit trituré par le potentiel d'un diagnostic à risques, se lâche dans une ville en pleine transpiration. Paris n'a jamais été aussi beau, filmé par une cinéaste de l'errance, la ville palpite en temps réel une technologie obsolète faite de plates formes de bus, de spragues et de machines à vapeurs.Ces deux heures distillées entre craintes et espérances, dirigent une entité momentanément récupérée par la thématique du vacarme urbain, vers une conclusion ne laissant que peu de chances sur la possibilité d'offrir à une femme pleine de vie, la possibilité de s'ébattre dans un élément souverain, le temps."Cléo de 5 à 7", œuvre de rues, promotionne les rencontres improvisées, stimulant colères, rires et larmes dans une procédure sensorielle frémissant en décor naturel.
  • LE ROI DES ROIS (1961)
    Ce film malgré sa bonne volonté reste désespérément fade et incomplet. Quelques personnages, hautement complémentaires, ne divulguent que des faciès surchargés de transcendances, imposés par l'offrande du plan unique et la contrainte d'évoluer dans des bases soumises à une morale de forteresse. Judas, mort dans les bras d'un Barabbas idéaliste et révolutionnaire trop filmé, frise le canular de premier ordre. La danse limitée de Salomé devant un roi médiocre et dépendant ne mérite pas la tête du Baptiste.Marie n'offre que des parcelles de tendresse naïve, sans décoller comme d'habitude d'un rôle de mère emmurée désespérément dans le faire valoir. Marie Madeleine, iconisée par la génuflexion permanente, n'est condamnée qu'à l'adoration et au baise main.Toutes ces surcharges cloisonnent hélas plusieurs ressources primordiales dans des scénettes simplistes où le ravissement de certains visages illuminés par la révélation respectent trop un créneau officiel.Nicholas Ray opte pour un Christ visible, beau et aux yeux bleus, se promenant dans un best-off de vie reproduit dans un cinémascope luxueux de combats et de scènes intimistes en alternance.Les arrêts sur images de certaines plates-formes d'un parcours emblématique sont fournies sans aucune prise de risque, ce qui valorise l'intuition d'un film de commande.Le casting reste curieux pas de grosses cylindrées à part Robert Ryan, physiquement trop imposant pour un rôle d'éclaireur sacrifié.Mention spéciale pour Franck Thring, Hérode Antipas halluciné, qui grâce à un personnage complètement débridé, peut en faire des tonnes, en offrant un peu d'aération à ce film long, presque ennuyeux, annonçant dans un déclin à son rythme, la fin du concept péplum.
  • LES QUATRE CAVALIERS DE L'APOCALYPSE (1961)
    La mort, la peste, la conquête et la guerre annoncent dans un prologue éblouissant les fissures d'une famille éclatée par les attraits d'une conjoncture historique nouvelle, réduisant à néant les destinées internes d'un continent soumis à la botte. Les passions interdites et les neutralités oisives côtoient à distances les alertes à la bombe, les attentats et les règlements de compte, dans un Paris occupé, filmé remarquablement en surface comme sous terre, par un cinéaste déployant sans retenue l'investissement de certains quartiers, porteurs de résistance, d'une cité provisoirement à l'agonie.L'aspect mélodramatique, tout en étant souvent à son paroxysme, s'incorpore entre des mouvements de foules brillamment coordonnés, indispensables à l'aération d'une œuvre d'atmosphère.Des réunions festives dégradantes montrent les faiblesses d'une certaine catégorie de citoyens, n'ayant plus le mécanisme d'une révolte. Tous ces abus et ces manques étant conditionnés par la réactivation régulière de quatre cavaliers programmés dans des temps constamment répétitifs, suite à la folie des hommes.La détresse et la lâcheté ont la possibilité de s'estomper devant la détermination et le courage d'une nouvelle perception, gommant un statut méprisant les déchirures de contemporains, inaptes à rendre les coups.Le film défile à son rythme, il faut s'en accommoder sans se moquer de ces situations et de ces profils obsolètes, provisoirement au placard grâce à nos bienheureuses années de paix.Une famille désagrégée, par des approches conjoncturelles différentes, tente de sauver ses derniers rameaux, dans un voyage réaliste sur fond de couleur sang, dans un final où une détermination enfin retrouvée, tout en sciant des branches intestines, redore un blason.
  • LA BELLE AMÉRICAINE (1961)
    Inégale, décousue, bien souvent dispersée un peu n'importe où, "La belle Américaine", malgré ses lacunes, détient une denrée rare, surtout de nos jours, la chaleur d’un groupe de déjantés lunaires, sédentarisés dans une alliance de proximité, valorisant leurs libertés d’appréhender le monde d’une manière décalée. Cette atmosphère détendue redistribue dans la joie et la bonne humeur le nectar de ces merveilleuses années soixante, avec comme thème principal les couleurs bénéfiques du long terme relationnel entre des personnages presque marginaux, raccordés de manière durable par leurs absences de maturités.Robert Dhéry se rit de cet organigramme administrato-policier de répressions, se changeant soudainement en courbettes devant une hiérarchie confortée par les lâchetés et les hypocrisies de rouages obscurs.Certaines maladresses mimiques calquées sur Stan Laurel sont compensées par un hommage malicieux aux "Temps modernes" de Charlie Chaplin. Les comédiens, certes sous l’emprise d’un concept de divertissement, ont la possibilité de s’exprimer librement dans des panoplies professionnelles fortement caricaturées, celles-ci leurs permettant d’en faire des tonnes.Le travail de Robert Dhéry ne cherche qu’à distraire, en se servant d’une outrance pulsée à son maximum."La belle Américaine" est avant tout un climat, celui d’un cinéma que l’on ne sait ou que l’on ose plus faire. Un rendu clownesque et facial obtenu grâce au concours de situations cocasses, permettant à des comédiens d’exprimer astucieusement leurs manières de faire, dans l’envolée du geste et la grimace convulsionnée.Un petit cours sur l’esprit farfelu des Branquignols est nécessaire afin de capter le message de cette œuvre volontairement incohérente, respectant un processus comique.Le point fort étant l’acceptation mutuelle presque naturelle d’un groupe à se mouvoir selon ses propres règles, dans un monde administré par la mécanique de l’exactitude.
  • LE PRÉSIDENT (1961)
    Un film intemporel faussement endormi, voyageant incognito dans l'histoire par un passage emblématique, toujours prêt à renaitre consistant à ramoner, violemment dans un hémicycle ou ailleurs une classe politique vieillissante, ronronnant dans ses abus. Le président Beaufort (Beau, fort) court-circuite dans la détermination les excès de Politiciens austères et barbus, parant par une riposte aussi pédante que détachée les boulets rouges courageux d'un dénonciateur transcendé.Un moment noble et majestueux de la part d'un esprit enflammé au soir de sa vie, n'étant pas le serviteur quotidien d'un système carriériste privant la plupart des composants d'une classe politique corrompue, d'une véritable vision de l'autre et de ses espérances n'étant au fil du temps que des illusions.
  • DIAMANTS SUR CANAPE (1961)
    "Breakfast at Tiffany's" remarquable comédie douce amère aux accents felliniens draine irrévocablement par les attributs contenues dans une sphère thématique, toutes les excentricités d'une faune luxueuse, protégée, immature, égrenant lourdement superficialités et débordements. Dans cette prison dorée, les prénoms se confondent, le whisky coule à flots, les chapeaux s'enflamment dans l'indifférence générale.Les placards abritent une luxure débridée, pendant qu'un troupeau carbonisé par l'alcool, roule sous les tables après minuit.Quelques larmes de lucidité annonçant une construction mature encore lointaine se manifestent enfin sur un quai de gare.Un visage privé de sens profond passe lentement de l'ébriété à la perception.Une thérapie permettant à deux paumés de refaire surface par une attirance dans un premier temps imposée par l'un subit par l'autre, dont la finalité est un retour fracassant vers les sentiments."Breakfast at Tiffany's" est un opus extrêmement attachant, drôle, cynique, provoquant.Une fable magnifique sur la liberté d'user de soi dans divers compartiments dont certains ne sont pas les bons.Pour s'en apercevoir, il faut être deux, se parler, apprendre à se connaître, retrouver ses vraies valeurs grâce à quelques confidences et boire le champagne d'un challenge réussi dans un bonheur durable, conquis lors d'une scène finale ou l'ont est enfin soi-même.
  • JAMAIS LE DIMANCHE (1960)
    Aristote est archivé. La nouvelle Grèce opte pour la liberté de s’éclater ou de se partager dans des situations débridées à des années-lumières d’une philosophie obsolète. Ylia, prostituée et fière de l’être, s’assume dans un métier choisi, exercé dans une joie de vivre permanente.L’intellectuel en perte de repères, venant se ressourcer au pays de Socrate, se retrouve capturé par la nonchalance d’un peuple se moquant bien de toutes ces théories dépassées faisant d’un esprit l’esclave d’une éthique.Le Grec, managé par une femme charismatique et indépendante, s’avère convivial, contrôlable et sympathique en se lâchant sur le port ou dans les tavernes.La philosophie d’antan est remplacée par une chansonnette agréable et douce, poussée dans un don de double vue toujours euphorique.Le pays chavire de gaîté , loin de Platon des usines et des chantiers. Un vrai bonheur fantasmagorique offert à une nation préférant montrer une collectivité rayonnante plutôt qu’un cerveau éreinté par la dialectique."Jamais le Dimanche" malgré un aspect outrancier a le courage d’extraire et d’acheminer un pays marqué par un passé lointain manquant cruellement de joie de vivre, vers la liberté de se livrer tel qu’il se ressent intérieurement, en ayant le courage de s’arracher d’un patrimoine philosophique référentiel mais étouffant.
  • LE COLOSSE DE RHODES (1960)
    L’apogée du carton pâte dans une suite de scènes ressemblant plus à un défilé de lingerie colorée couvrant à peine les corps qu’à un reconstitué historique digne d’être validé. Le raz de marée final cache une usine à gaz presse bouton faisant s’écrouler les édifices dans un synchronisme fantaisiste.Certaines pierres et colonnes rebondissant comme des balles de ping-pong montrent les limites d’un agréable spectacle dont la fonction première est de divertir sans prises de têtes.Une retour nostalgique dans l'univers du cinéma de quartier.
  • ALAMO (1960)
    "Alamo" est une fresque exceptionnelle, un Massada tragique paradoxalement bénéfique, formatant dans un lieu clos tout un processus humain enfin transcendé par la volonté de s’investir intégralement pour une cause. Aucune continuité n’est perceptible au delà de ses murs contenant les derniers instants d’un patriote à l’état pur prêt à donner sa vie en alternant détente, héroïsme et dévouement sur un site condamné à disparaître.Ce film est magnifique, son processus inexorable n’empêche nullement tous ces sacrifiés en puissance de vivre leurs derniers jours en se chamaillant ou faisant la fête avant d’en découdre dans un affrontement final digne d’Homère.La montée en puissance de l’œuvre est pathétique. Ses derniers instants drainent en surface quelques larmes difficilement comprimées.Avec un peu plus de courage on aimerait presque se tenir à l’intérieur de ces murs pour enfin montrer que l’on possède au fond de soi une valeur endormie, un instinct de sacrifice menant nos corps et nos âmes vers une dimension inconnue. Mais pour cela il faut tout abandonner.
  • PSYCHOSE (1960)
    Le temps semble réduire au maximum l’impact final et tragique de Marion dont le trajet menant de son origine vers une enseigne noyée sous la pluie ne semble jamais finir. Une femme en fuite inhale dans la lenteur d’un conversationnel courtois, les premières senteurs d’un repentir, avant d’être exterminée de la pire des manières par un cerveau squatté. De nombreuses parcelles sensitives glanées l’espace de quelques confidences brutalement annihilées par un esprit à l’écoute se dupliquant soudainement en tueur implacable.
  • LES SEPT MERCENAIRES (1960)
    "On m'a offert beaucoup dans la vie, mais jamais tout ce que l'on avait"Une fin de parcours héroïque, pour quelques esprits ayant enfin trouvés leurs véritables valeurs, dans un investissement sans soldes, offert dans des conditions précaires à des opprimés dans l'incapacité de se défendre. Le déroulement pathétique d'une association temporaire protectrice, dans un challenge audacieux permettant à des solitaires désœuvrés de révéler, le temps d'une aventure, une bravoure naturelle, ôtée d'opportunisme.Un film magnifique, sur une spontanéité d'encadrement retrouvée et assumée jusqu'à son terme.
  • L'ILE MYSTERIEUSE (1960)
    Un film d'aventures de bonne facture, ressuscitant dans des effets spéciaux aussi amusants que performants pour l'époque, les jeudis après-midis d'antan de beaucoup d'adolescents, visitant aujourd'hui avec un peu d'appréhension le territoire de la soixantaine. La merveilleuse visite d'une île perdue, au look King Kong en compagnie de quelques parachutés, luttant contre des monstres improbables.De sympathiques moments offerts à une jeunesse non exigeante, satisfaite de se connecter sur un travail honnête et captivant.
  • TERRAIN VAGUE (1960)
    Le taudis s’estompe devant le grand ensemble avec le terrain vague comme corridor. Une jeunesse, les poches vides, tente de trouver ses repères dans cette transition. Les dimanches sont formatés pour l’ennui. Le cinéma est inaccessible, les dîners familiaux ternes, il ne reste plus que la bande, l’épreuve d’admission, le sang échangé et la fête foraine. Une nouvelle famille de la nuit gommant les incompréhensions et les humiliations parentales. Les aînés défavorisés ne peuvent faire face aux besoins de leurs descendances. Dehors un béton démesuré sort de terre accompagné d’un semblant de végétation. Les menus larcins en boucles ne rapportent que l’attendrissement bienfaisant d’un receleur compréhensif.En ces temps de plein emploi, cette jeunesse en lutte contre un conformisme ancestral ne désire que sensations, plaisirs et désoeuvrements. Le père trime à l’usine, la mère fait la cuisine pendant que le rejeton dévalise le prisunic.Certains sexagénaires de l’an 2000 se reconnaîtront dans cette panoplie existentielle et ces conflits de générations du début des années soixante où le fils refusant de baisser les yeux dans une altercation avec le père clame la détresse de toute une jeunesse."J’en ai marre de vous, du boulot, du quartier, vous ne pouvez pas comprendre"Marcel Carné, cerné par le courant de la nouvelle vague, fut dans l’obligation de tâter de ces sujets neufs afin de rester connecté dans les tuyaux cinématographiques.En fonction de cette alternative le résultat est correct avec les contraintes d’un sujet difficile à traiter sombrant souvent dans des clichés supportables grâce à une bien belle Danielle Gaubert se battant comme un homme, mais sachant récompenser le méritant par des mots rarement prononcés dans un tel contexte "Je t’aime bien".
  • LES HONNEURS DE LA GUERRE (1960)
    "Les généraux meurent centenaires et moi je n'ai que vingt trois ans" L'Allemand, au bord de la désertion, est amaigri, avachi, malade, abandonné, hirsute, privé de chefs, usé par le conflit, traqué par le franc tireur. La soupe de plus en plus liquide se consomme collectivement dans un même grade à l'aide des réconforts d'un souvenir. L'occupé joue au billard, ripaille sur des tables bien garnies, flirte au bord de l'eau, offre la ritournelle au dessert. Ses journées semblent récupérées par l'insouciance et la distance envers un conflit dans lequel on s'investit mollement et surtout tardivement.Ces partisans aux physionomies ventripotentes casquées, munis de fusils, planquées dans les arbres, scrutant à distance respectable un danger potentiel, activent des actions d'opérettes protectrices argumentées par des récits souvenirs d'investissements non vérifiables.La sanction est dure, cinglante, scandée dans sa propre langue par une détermination combative plus musclée."Des gueules comme ça c'est le procès du suffrage universel".Interdit de petit écran, censuré pendant deux ans par le pouvoir gaulliste, "Les honneurs de la guerre" montre un occupant honorable, se retirant presque comme un prince d'un territoire qu'il ne contrôle plus, unis dans la défaite, tapant dans ses mains à l'écoute d'un air folklorique représentatif d'un pays trop longtemps déserté, il acquiert un esprit solidaire sous marinier en surface dans un climat de guerre et de paix en suspend.Le résistant hôte des lieux en permanence est en revanche plus opérationnel dans la partie de campagne que dans l'action militaire loin des sacrifices nécessaires exigés en ces temps d'investissements indispensables.La terrine et la gaudriole l'emportent sur le courage. La peur de mourir pour la cause se distille dans le tourbillon du banquet.La grande interrogation de ce film courageux est à l'image de cette phrase au combien porteuse de faits historiques contestés sauvés par l'embellie."Quand la réalité est au dessous de la légende, on publie la légende".Le résistant dans sa globalité mythe ou réalité ? L'homme reste homme avant tout.
  • UNE FEMME EST UNE FEMME (1960)
    Bienvenue dans le nouveau monde cinématographique, celui qui filme les marchés et les visages des anonymes dans la rue, encourageant de larges mouvements sur un immense balcon d'une fenêtre à l'autre, déliant les langues dans des dialogues déstructurés, respectant l'oreille en lui offrant intégralement la douce musique d'un titre légendaire de Charles Aznavour, faisant de Jeanne Moreau l'apparition que d'un seul mot "Moderato". Cette véritable Porte Saint-Martin, filmée d'en haut, envoie à la benne Alexandre Trauner et son gigantisme architectural, reconstituée naguère en studio."Tu te laisses aller" cela pourrait servir de sous-titre à ce film aux concepts extrêmement neufs où Emile fait du vélo dans son appartement sous les toits.Ses apparitions épisodiques, dans ce petit nid sous les étoiles, assurent une refonte des sentiments qui deviennent libres, Angela et Emile s'aiment tout en valorisant un ailleurs, rythmant les pulsions de leurs existences.Nous sommes dans le royaume de l'oisiveté et de la patience, les scènes prennent le temps de se faire aimer en se dupliquant. Angela affublée d'une lampe de nuit se laisse véhiculer par le mouvement répétitif, dominante de ce courant nouvelle vague, envoyant au diable le comédien d'antan crispé dans ses marques.Le dialogue est volontairement incohérent, la musique forte et folle de Michel Legrand habille d'une seconde peau ce film où il est impératif d'avoir un regard neuf sur une conception que l'on peut comparer scientifiquement aux idées d'Einstein, par rapport à celle de Galilée, tout est nouveau, surprenant, irritant parfois.Une amicale pensée est distillée à François Truffaut par Marie Dubois, mimant adroitement "Tirez sur le pianiste". La caméra de Raoul Coutard, indispensable au nouveau règne du décor naturel, donne une confortable liberté aux comédiens.Jean-Luc Godard impose sa loi, son propre style, plusieurs films seront nécessaires afin de glaner un public devant ramer pour comprendre les méandres intellectuels du maître, sans claquer la porte. Tout ceci ressemble à un esthétisme cérébral révélateur, un concept visuel et verbal novateur exterminant le courant cinématographique d'antan.Jean Luc Godard se hisse sur les épaules de René Clair et soudain l'horizon parait plus éloigné."Angela tu es infâme, mais non, je ne suis pas infâme, je suis une femme".
  • LA MACHINE À EXPLORER LE TEMPS (1960)
    Il est nécessaire de comprimer quelques sourires destinés à certains trucages de ce film, considérés comme archivés. Pour l’époque c’est du top, le travail est soigné. L’équipe met tout son cœur à l’élaboration d’une œuvre honnête, considérée comme un divertissement pur, transportant incognito quelques intuitions de décrépitudes morales futures.L’accélération du temps par l’intermédiaire d’un processus d’éclosion floral en boucle, de bougies rapetissantes, de pendules affolées et de mannequins vêtus et dévêtus en permanence, suite aux modes évolutives, est un vrai régal.Prévoir la guerre atomique en 1966, apaise nos consciences rivées déjà sur le constat de la première décennie du troisième millénaire. L’an 80.000, filmé par Georges Pal en 1960, ressemble étrangement à notre époque. Le plus grand des secrets ne cache que lui-même.Quelqu’un se noie dans l’indifférence presque générale, les ressources uniformisées ne s’exprimant pratiquement plus, subissent un monopole uniquement basé sur la disparition de ressources naturelles de défense.L'emprise audiovisuelle que nous subissons de nos jours est remplacée par la dominance d’horribles créatures bleues cannibales, craintives au feu, curieusement peu endurantes aux pugilats. Leurs éliminations semblent simple, il suffit de se réveiller, prenons en de la graine."La Machine à explorer le temps" est un magnifique ordonnancement visuel d’une terre retournant lentement, mais sûrement, vers la pierre brute.Les couleurs sont chatoyantes, le processus image par image comble de bonheur une génération montante dont l’un de ses maillons homonymes d’un des maris de la sublime Cléopâtre, restera scotché devant ces photos légèrement kitchs, surprenantes et oxygénées, semblant être élaborées par le cerveau d’un enfant utopique et protecteur."Beetlejuice", par certains trucages équivalents, rendra hommage à un processus de base merveilleux, une incohérence naturelle délivrée par le temps à des esprits adolescents encore protégés du pragmatisme.Qui n’a pas rêvé de faire tourner la roue et d’aller courtiser l’infini.
  • CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE (1960)
    Bienvenue au Texas. Les voitures changées chaque année sont conduites à cent à l’heure en pleine ville, avec au moins neuf fusils de chasse sur les banquettes. La mission première étant, à l’aide de cet attirail métallique, de plaire à ces dames, en entretenant la détermination d’en découdre de maris jaloux.Dans les bois, le chasseur ne poursuit que le reflet de lui-même, une peur à terrasser par la crainte du sanglier. Le fils trop couvé glisse lentement vers cette nouvelle configuration en testant les attraits du fusil, dans un salon délaissé au profit des étangs et des forêts.Il y autant d’incompréhension entre deux parents, que la longueur d’une table séparant un couple détruit, dont la progéniture ne représente plus que l’unique satisfaction mutuelle.La femme s’insère difficilement dans un contexte de putois, mère possessive, outil d’apaisement pour certains, initiatrice pour d’autres, elle tente d’exister en imposant un triple processus naturel.Méchoui, bière quotidienne et bain du samedi se succèdent, tissés dans des paysages grandioses, filmés abondamment.L’omniprésence de l’univers de la chasse, parfois momentanément privé de gibiers, devient un terrain de confidences touchant, permettant l’établissement d’un contact entre un bâtard et un demi-frère, quêtant le cadeau d’un père qu’il a sauvé d’une mort certaine.Les chiens sont primordiaux, combatifs, respectés et soignés. En forêt comme devant l’âtre, ils deviennent l’égal des humains disposant des lieux aux mêmes niveaux.L’œuvre est imposante, aucune minute d’ennui ne se profile à l’horizon.Le message sur l'enfance abandonnée, au profit d'un égoïsme personnel, est très fort.Robert Mitchum est remarquable, conquérant en espaces naturels, coureur de jupons invétéré, il subit la loi femelle en domesticité, en implorant presque le déverrouillage d’une porte conjugale fermée. Alternant force et faiblesse, peu scrupuleux de la casse occasionnée, il n’est qu’un homme à prendre, comme il est sans justification ni jugement.Une phrase magnifique résume parfaitement ce grand film."Ma mère est souffrante parce qu’elle hait mon père"Un climat complémentaire, entre une liberté de penser faussement éloignée d’une moralité revancharde, ne vous laissant plus de repos.
  • LA GARÇONNIÈRE (1960)
    L'opportunité de contourner un concept promotionnel d'entreprise extrêmement lent se présente à Baxter, ressource anonyme noyée dans un open space gigantesque et bruyant. Pour cela, il faut être conciliant en s'éclipsant, le temps de quelques soirées d'un domicile laissé à la disposition de ses chefs et de leurs compagnes du moment.Ceci s'avère rapidement incomplet dans la mesure où une véritable personnalité s'occulte par un arrivisme plus automatisé que réellement désiré.Une midinette naïve et un employé obscur n’intéressant leurs hiérarchies que par la bagatelle et le service, vont lentement s'éveiller et s'apercevoir qu'ils se doivent d'exister que pour eux-mêmes.La garçonnière est un merveilleux opus d'éveil aigre doux sur un assentiment intéressé donnant comme finalité, un bureau personnel, une ligne directe et un nom sur une porte. Le tout sans aucune perception d'une valeur morale ou professionnelle, on prend c'est tout.Un patron offre des cadeaux de Noël bien enveloppés à sa femme et cent dollars à sa maîtresse.Il suffit de capter sa différence, de s'apercevoir qu'elle ne changera jamais et d'offrir après avoir frôlée le pire, son intérêt à un personnage certes soumis au concept d'appartenance hiérarchique mais lunaire, drôle et farfelu.Il suffit de se parler, de s'apprécier tel que l'on est, puis de tracer sa vie ensemble en étant uniquement dépendants que de soi-même.Un film étonnant entre la comédie et le drame sur l'éclosion de deux personnages manipulés, enfin libres ayant rassemblés leurs obscurités pour en faire un luminaire éclatant.
  • LE TROU (1959)
    "Pauvre Gaspard""Le trou" est l’emblème d’un concept cinéma vérité filmant un récit en temps réel montrant chaque action exécutée dans son intégralité. Cette prodigieuse machinerie au verbe compté exécute un plan d’évasion d’une rigueur extrême, le tout dans un chapelet d’images dont chaque contenu et un déploiement procédurier de A à Z.La collaboration est parfaite entre cinq détenus respectueux du comparse, sympathiques volontaires et courtois, préférant faire la belle plutôt que de contempler leurs quatre murs pendant vingt ans.Le processus séquentiel de cette évasion est remarquable. Un authentique mécanisme d’horlogerie qu’il faut avoir le courage d’endurer en comprimant quelques bâillements.L’action est cérébrale dans des manipulations au cordeau. Aucune excentricité ni débordement dans ses gestes d’orfèvre parfaits, automatisés mettant en lumière un formidable esprit d’équipe.Ce qui compte c’est de foutre le camp et pour cela il ne faut être qu'un, puis cogner à en perdre la raison pendant d’interminables minutes sur des parois hypers résistantes.La solidarité de l’ensemble est poignante, elle roule dans la farine des surveillants formatés par le contrôle dans un univers carcéral reconstitué de manière parfaite.Jean Keraudy, revivant pour le cinéma sa propre aventure, déclencha à l’époque de nombreuses controverses entre des spectateurs sympathisants envers ces "Malfrats" courageux et déterminés à vivre en extérieur et d'autres beaucoup plus sentencieux.Un chef-d'oeuvre rien que pour son courage d'imposer des temps morts interminables mais indispensables à la compréhension des efforts de ces forçats grattant la terre à en perdre haleine.
  • À BOUT DE SOUFFLE (1959)
    "A bout de souffle" reste un ovni même de nos jours, une révolution cinématographique fournissant dans une aisance folle des images vives, hachées ne respectant ni règlement ni contrainte. Ce film référence à le mérite de tout chambouler, un éléphant dans un magasin de porcelaine, renvoyant au néant un néo-réalisme français trop statique, épuisé par les répétitions d’un fatalisme, écrasé dans des décors populaires reconstitués trop absents d’une véritable respiration, celle de la rue.Ici tout est simple, le marginal à la dérive froid et distant, filmé caméra au poing, fume au lit et se la pète en décor naturel dans un parcours tangentiel chaotique, impossible à contrôler.Icône de l’immaturité et de l’oisiveté "A bout de souffle" est un opus libre, filmant et montrant ce qu’il veut, comme il le veut, dans une indépendance et une indifférente nécessaires à la survie de ce nouveau style privilégiant la déstructure du mouvement dans une aventure chaotique en milieu urbain.L’intrigue s’avère peu importante, encastrée dans une suite de joutes verbales ne faisant qu’entretenir l’investissement impossible de deux marginaux se toisant par une réplique inconsistante mais auto-protectrice.Par contre le traitement est révolutionnaire. Toute une ville et sa technologie participe de près ou de loin aux tribulations d’un électron libre sans respect ni morale, projeté épisodiquement et sans états d’âme d’un lieu à l’autre avec qu’un seul but profiter de la collectivité afin de nourrir son dégout du conformisme.Un chef-d’œuvre non, une révolution oui.
  • LA DOUCEUR DE VIVRE (1959)
    Marcello Rubini à des années lumières d’un laborieux n'ayant que le terrain vague comme perspective d'avenir exhibe sa différence au petit matin dans une décapotable dernier modèle observant de loin la faible clarté de ces innombrables fenêtres dénudées incluses dans des tours immenses servant de toile de fond à un préservé de l'usine. Un Vitelloni new-look toujours festif recyclé dans un nouveau concept consistant à pister dans des lieux thématiques, la genèse d'un scandale carbonisant sans pitié de nombreux pétards mouillés n'atteignant les sommets que par leurs excentricités.Toutes ces femmes aussi belles les unes que les autres ne sont que des fantasmes, la nourriture répétitive d'un esprit ne faisant que dupliquer ses conquêtes plutôt que de les vivifier par un véritable ressenti.Il ne faut que séduire et dominer dans une sphère où tout s’évapore rapidement après usage pour mieux se reconstituer de manière identique.Dans des fêtes fumantes et alcoolisées où chacun se lâche dans sa superficialité en repoussant le plus loin possible l’apparition des premières fatigues.Un existentialisme nocturne puéril entretenant son retrait de la normalisation par un cynisme et un désespoir ne menant nulle part.
  • BEN-HUR (1959)
    Messala n’est peut-être pas si ignoble que cela, il permet à Ben-hur de s’extraire d’un quotidien bourgeois ennuyeux, en lui offrant un parcours certes viril, accablant sans visiblement de finalité heureuse, mais permettant à un homme meurtri, de se construire au fil de ses aventures et de ses rencontres. Le périple en vaut la peine, la vengeance alimente la force de continuer vers l’avant avec le Christ sur sa route, abreuvant un homme d’une force indélébile, celle de tester un cheminement inconnu menant jusqu'à un pic permettant d’acquérir une énergie projetant vers la case départ un indestructible plan destructeur, entretenu par un hyper motivé ayant conquis un statut d’homme sur le terrain.La numérologie s’en mêle, le numéro 41 porte bonheur. Même enchaîné, il permet d’éviter une mort certaine aux galères, de se faire remarquer par sa résistance, de sauver de manière désintéressé tout en faisant voyager incognito une opportunité un personnage important.Les couleurs d’un réconfort acquises sur des divans romains moelleux revigore une volonté intacte d’en découdre avec un adversaire persuadé que l’on existe plus.A travers un thème basique, celui de la vengeance alimentant une survie dans des contextes offerts à des surhommes, Ben-Hur acquiert une envergure miséricordieuse et rigoriste, hors de terres bienveillantes sans surprises.L’homme s’élabore dans des dimensions existentielles gigantesques préalablement, inconnues. Il souffre, frôle cent fois la mort, sauve une vie, rencontre par deux fois un personnage emblématique, s’interroge sur une condition humaine, fonctionnant à la percussion de plus en plus rapide. Entretient une croyance par une invulnérabilité hors du commun gérée par la divinité.Un privilégié qui finalement loin de ses bases s’embellit intérieurement par l'expérience en côtoyant un monde barbare et inconnu.Rien que pour cela, l’odyssée est payante, tout en devant retrouver sa famille et assouvir une vengeance d’une manière combative et loyale, un homme alimenté par l’endurance, s'enrichit loin de ses terres de toute les richesses du monde collectées par les sens dans des environnement évolutifs extrêmement réalistes.
  • LE DERNIER RIVAGE (1959)
    "There is still time... Brother (Il est encore temps... mon frère)"Un ouvrage exceptionnel d'une lenteur longiligne noire et intense, sur un effondrement planétaire agglutinant sur une dernière terre en sursis les derniers sursauts émotionnels d'une population condamnée à disparaitre. Cinq mois pour entretenir nos principaux concepts humains, consistant à ressentir tout en espérant sans trop y croire un miracle épargnant le dernier site d'une planète attaquée soudainement par un nuage atomique sans origine.Une peau de chagrin constituant tous les constats bien souvent négatifs élaborés dans les pleurs, la cigarette et l'alcool.Des existences ratées ou en devenir stoppées net par une technologie se retournant violemment contre son créateur.Du rire et des larmes, de l'espoir et de l'effondrement dans un compte à rebours impitoyable, châtiant sans discernement le bon comme le mauvais.Un chef d'œuvre injustement oublié. A voir absolument malgré son parcours somnolent.
  • LE SIGNE DU LION (1959)
    Curieux de dérouler une telle déchéance dans un contexte où tout les voyants économiques sont au vert. Une capitale croulante de positivisme est visitée, à pied, de long en large, par un exclu soudainement réduit à la rue et à son indifférence."Le signe du Lion " néo-réalisme italien à la française, tourné pratiquement en décor naturel, restitue dans un concept nouvelle vague le décalage d'un esprit livré à lui-même, face à un environnement respirant bonne humeur, confort et santé.Cette solitude insoutenable, vécue par un festif devenu un pestiféré sale et ordurier côtoyant en spectateur des marchés croulants sous les victuailles, annonce dans des clichés pathétiques un cataclysme social programmé pour s'éveiller cinquante ans plus tard.Un message prophétique angoissant touchant une individualité formatée pour se dupliquer par milliers dans un temps encore assoupi.
  • LE GRAND CHEF (1958)
    Deux clones de Laurel et Hardy, aussi désargentés que leurs illustres archétypes, se retrouvent malmenés par un enfant roi issu des beaux quartiers, parachuté temporairement chez des laborieux. Un opus plein de fantaisie sur un sujet délicat, dont l'approche négative est supprimée par l'irrésistible montée en puissance d'un univers catastrophe, mené tambour battant par un enfant protégé, farceur et turbulent.Un cheval de Troie de poche, déchainé en permanence, s'acharnant sur deux opportunistes, plus bêtes que méchants, complétement dépassés par les sévices d'un ouragan domestique, ne s'apaisant jamais.Très drôle.
  • LES QUATRE CENTS COUPS (1958)
    "La recherche de l'absolu vous a conduit droit au zéro"Voici certainement le flambeau du cinéma vérité, celui explosant la sédentarité de décors pyramidaux et sédentaires comprimant des comédiens prisonniers dans une surface imposée. Les plateaux de cinémas volent en éclats. La caméra s'installe dans la rue en filmant à la dérobée un nouvel espace de liberté offrant à des comédiens enfin oxygénés une suite de mouvements incorporés à la réalité des choses dans un concept scénarisé fusionnant merveilleusement avec la technologie de son époque.Antoine Doinel, premier cas social citadin de l'histoire du cinéma français, vit ses dysfonctionnements à l'air libre ou en milieu exigu, en gérant en alternance traversées de rues à haut risque et promiscuités contraignantes.Le rendu de la fin de ces années cinquante, rigides et austères, est remarquable parce qu'il est tout simplement vrai. Ce Paris aux façades noires pardonne pratiquement les écarts d'un jeune esprit vif prisonnier d'un contexte familial, étroit, instable, indifférent, sévère et punitif.Si l'on demande mille francs, c'est que l'on espère récolter cinq cents francs en ayant vraiment besoin que de trois cent francs, on obtient donc que cent francs.Cette équation paternelle pitoyable montre parfaitement la contrainte d'un adolescent de s'enfuir d'un tel contexte et de conquérir sa luminosité dans les rues accompagné de ses propres règles.Les adultes sont perçus comme procéduriers, limités, inintéressants dans leurs médiocrités moralistes et leurs manques total d'écoute et d'affection envers un adolescent en plein trouble.Sans être le composant d'une génération perdue, Antoine Doinel se construit par une opportunité libératrice, éloignée d'une société fonctionnant à la blouse grise, à la gifle et au sifflet.Courage Antoine, Mai 68 n'est plus si loin.
  • MON ONCLE (1958)
    Hulot tente en vain d’allumer sa pipe avec une allumette. Ce sont les derniers spasmes d’un lunaire, essayant désespérément de résister à l’attrait du briquet. Vestimentairement déphasé, il montre sa différence par le port d’une gabardine et d’un parapluie par temps clair. Son immeuble est l’image architecturale d’un esprit parvenant au but par l’incohérence d’un parcours toujours incertain. On grimpe quelques marches, pour aussitôt redescendre de quelques mètres, un léger parcours plat précède une dernière remontée, l’homme est enfin chez lui, après de nombreuses remises en questions.A l’extérieur, les terrasses de cafés sont animées, les scènes de marchés sont pittoresques, c’est un véritable catalogue de transactions entre vendeurs et clients, l’approche est simple, chacun respecte sa procédure de contact en relation, avec le règlement relationnel qu’impose les besoins de chaque participant, c'est le royaume de la cause et de l'effet.Non loin de là, c’est un autre monde, le modernisme a envahi les lieux de cette maison complètement fermée sur elle-même. On déclenche le jet d’eau extérieur en fonction de la position sociale du visiteur, les pièces sont d’un blanc peu engageant, les gestes des occupants maniérés, l’électro-ménager est imprévisible.L’imposante voiture sortant du garage est un signe des temps, la naissance d’un nouveau personnage en costume cravate imbu de sa personne, fier de la conception de son logis, recevant ses clients dans des bureaux gris et froids où les dossiers à traiter sont pratiquement inexistants sur les tables de travail.C’est la parade de l’inutile que Hulot essaie de contrer par un vieux vélomoteur imposé dans un espace vert où chaque pas est réglementé.Gérardn l’enfant de la maison, s’ennuie et se ressource par des blagues ancestrales dans des terrains vagues, seuls endroits naturels encore préservés.Hulot montre ses limites d’intégration par ses difficultés à gérer des tuyaux, prenant subitement l’image de saucisses. Par un geste naturel un chien referme la porte électrique du garage sur la maîtresse de maison et son mari, le symbole est fort, un modernisme anarchique tétanise des disciples décontenancés, qui ne savent plus comment s’en sortir.Les grosses voitures américaines prennent possession des routes, c’est la monstrueuse parade de l’arrivisme par l’adoration de la tôle. "Playtime" s’élabore lentement dans ce premier jet prophétique.Les seuls éléments non touchés sont les enfants et les chiens, qui par leurs ébats respectifs naturels, servent de prologue et de conclusion en freinant au maximum ce basculement inévitable de nos sociétés vers le presse-bouton.
  • LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT (1958)
    Aujourd’hui c’est jour de lessive dans ce domaine cossu où sur fond de cœurs asséchés, jalousies, mensonges, frustrations et dissimulations vont s’affronter par l’intermédiaire d’une famille en décrépitude, sous les yeux d’une marmaille criarde et provocatrice. Maggie la chatte, curieusement embellie par l’abandon lutte pour reconquérir un mari homosexuel refoulé, au tiers de sa capacité physique, imbibé par le contenu d’un verre constamment reconstitué.Aucune descendance ne pointe à l’horizon, dans un contexte ou implorations et indifférences se succèdent à rythme soutenu. Les grossesses inexistantes font de l’appareillage enfantin des monstres sans coups perturbateurs et insolents.Le climat est âpre, de la cave au grenier tout le monde se livre, s’affronte sous les yeux d’un mort-vivant soudainement requinqué par les reproches d’un fils égrenant le contenu d’un passé, sans amour paternel.Cette joute époustouflante de bout en bout révèle des cœurs meurtris, livrant en permanence des rivalités et des blessures profondes, que l’alcool se charge de colmater à chaque instant.L’ambition, l’absence et l’égoïsme d’un père condamné ont laissé des traces sur une progéniture en révolte, privée d’un chêne sécurisant et protecteur.Un manque additionné à la non cicatrisation d’une perte festive, perturbant la normalisation sexuelle d’un sportif de haut niveau, dont les pensées dissimulées préfèrent restaurer l’ambiance des douches et des sorties d’antan entre copains, plutôt qu’un mariage conventionnel privant un casse-cou de la promiscuité masculine et de l’émoi du terrain.Maggie la chatte, sur le gril, aux portes de la dépression, ferraille sur tous les fronts avec comme espoir d’oasis un apaisement conquis par l’épuisement de troupes, vaincus par la douleur, n’ayant plus la force de lutter.Ceci ayant l’avantage suprême d’offrir à certains une remise à niveau de fin de parcours.
  • LES AVENTURES DE TOM POUCE (1958)
    Message destiné à tous les enfants petits et grands. Voici votre film celui qui vous suivra pendant toute votre vie. Celui que vous n’oublierez jamais, tant ses images sont enchantées, à l’aide d’un récit aussi naïf qu'attachant, atténuant le tumulte de nos pragmatismes. Un conte traditionnel, respectant à la lettre les ingrédients féeriques nécessaire à un esprit neuf d’avoir encore la liberté de choisir une connexion bienfaitrice avec une virtualité limpide, douce et spontanée, fonctionnant avec un naturel enfantin que nos croissances sublunaires se chargeront de réduire à néant.Magique jusqu’au bout des ongles, ce joyau tissé dans les plus fins trucages que Tim Burton reproduira à l’identique, dans certains de ses films, est un paradis perdu, une œuvre inégalée offerte au plus bel écrin, un enfant roi blotti dans l’heureuse perception d’un univers n’appartenant qu’à lui, coloré, inoffensif, sentimental et chaleureux.Le mal inconnu d’un personnage, pas plus haut qu’un pouce, fait de Tom un privilégié. Un danseur merveilleux à l’unisson de jouets et d’animaux avec lesquels il peut communiquer, tout en s’amusant avec les éléments qu’il manipule avec confiance, sans l’impression d’un danger.Les méchants sont grotesques, caricaturés pour faire rire et ne pas frémir. La naïveté somptueuse du contenu permet à nos ambitions de souffler quelques instants, devant les chants et les chorégraphies magnifiques de jouets animés, donnant l’exclusivité de cette possibilité à un petit garçon à la taille minuscule, pur, joyeux et bondissant.Quel bonheur de parcourir ce territoire rempli d’images manquant affreusement à nos vies. Cent minutes de rêve, sans l’ombre d’un ennui sur une toile que l’on quitte les larmes aux yeux.Un film de début de vie qui peut grâce à tous ses messages ne jamais nous quitter.
  • GIGI (1958)
    Un film de qualité devenu obsolète. Une curiosité permettant d'intercepter un concept de l'époque consistant à intégrer des personnages chaleureux dans des environnements somptueux, dont la mission était d'acquérir une attention au même niveau que tous les protagonistes de l'histoire. Des comédiens dont les motricités et les états d'âmes sont accentuées par des décors somptueux.C'est un foisonnement continuel de couleurs, de gaîtés et de joie de vivre dans un scénario insignifiant bypassée rapidement par un visuel conséquent sur de biens agréables féeries citadines et champêtres, que cette triplette de comédiens français mettent très correctement en valeur.Les mélopées ne laisseront pas un grand souvenir, mais elles ont l'avantage d'entretenir la tenue d'un produit montrant un cinéma en très très bonne santé financière.Dans de merveilleux costumes, du bois de Boulogne en passant par chez Maxim's, une avalanche de figurants assurent la luminosité de certains endroits mythiques de la capitale.Tout ceci permet de passer un agréable moment, en éteignant un instant son monde, le temps de ces dîners mondains, de ces ballades parisiennes et de ces parties de campagnes bien naïves.
  • LE TEMPS D'AIMER ET LE TEMPS DE MOURIR (1958)
    "Ici le printemps vient plus tard, pour le découvrir, il faut patauger dans la boue". Peu importe la nationalité de l’individu portant l’uniforme, ses souffrances sont les mêmes. Que ce soit dans la steppe, sous les ruines ou accablé par la propagande, le soldat, qu’il soit vert de gris ou autre, subit toujours les horreurs d’un conflit en répandant en fonction des contextes sa sensibilité ou ses angoisses.Incluant séquentiellement selon les sites, les horreurs de la guerre et le repos temporaire d’un guerrier récupéré par les sens, le temps d’une permission, ce magnifique opus romanesque délivre une panoplie dialectique assez complète sur toutes les perceptions nécessaires à deux climats particuliers. La guerre et les sentiments.Douglas Sirk est un grand monsieur. Aidé considérablement par le support papier du roman de Erich Maria Remarque, cette œuvre somptueuse est une fresque émotionnelle mélodramatique exceptionnelle, extirpant de nos profondeurs des sensations de plus en plus recluses, suite à nos climats couillus mettant aux placards nos potentiels de midinettes.Jouons le jeu devant cette vitrine luxueuse, un peu naïve, mais tellement efficace, dont la finalité impitoyable s’élabore tout le long d’un parcours fait de glaces, de plaisanteries de sapeurs, d’alertes et de passions éphémères, grisant un soldat en alternance.Un très grand film sur une boulimie passionnelle, accumulée par un sursitaire que le destin laisse souffler quelques instants, en lui offrant avant de l’emporter, un morceau de bravoure, suite à une condition enfin perçue.
  • LES GRANDES FAMILLES (1958)
    Difficile de passer la main quand on détient tout et que l'on ne veut pas le perdre, pas même le partager avec une descendance pressée de grandir en imposant sa manière de faire, bouleversant le long fleuve tranquille d'un existant ronronnant dans sa récurrence. Seul dans sa tour d'ivoire, bien au delà d'un second souffle, un patriarche refusant de passer la main dirige sans montrer la moindre défaillance un empire financier presque Byzantin.Les décorations, les titres et les privilèges pullulent sur des esprits bien souvent revanchards et opportunistes dont le carriérisme se camoufle dans le bon mot servant à l'entretenir.Certains aveux sont sincères mais enrobées d'intelligence, dans un contexte où il faut savoir mener sa propre barque en sachant remercier.Seul un petit fils encore inoffensif semble avoir de l'intérêt pour un ténor de la finance encore vaillant, sans illusion sur un environnement familial hypocrite, austère, calculateur ou libertin, qu'il ne désire pourtant pas quitter en le manageant par une réplique appropriée.Un donneur de leçon désirant canaliser avec trop de virulence le punch d'une génération montante un peu trop dynamique à son gout ne fait que détruire la survie de sa propre continuité.Il ne lui reste plus que finir seul accablé de remords à condition que ceux-ci puissent s'exprimer sans orgueil ni fierté.
  • L'HOMME QUI RETRECIT (1957)
    Sous des traits pathétiques, un homme brisé, écartelé entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, tente de comprendre dans une lutte incessante contre des éléments surdimensionnés, les lois de l’univers. La dramatique expérience de Scott Carey, durement touché par une nouvelle condition, lui offre l’immense privilège d’activer au maximum les composants d’un esprit méthodique, tributaire d’un environnement hostile, établissant en parallèle des constats sociologiques, philosophiques et scientifiques suite à la découverte d’un nouveau monde.Ciblé par l’expérience initiatique, un homme hirsute cogite et s’adapte sur un territoire dont il ne distingue plus les hauteurs.L’homme qui rétrécit est un film exceptionnel. On devine dès ses premières images qu’il va tutoyer les anges en acceptant cependant, après cette première constatation, d’endurer une première vingtaine de minutes un peu mornes ne reflétant nullement un contenu spectaculaire qu’il faut sagement attendre.La force de cet opus intelligent se situe au niveau de l’éveil d’un esprit quelconque anéanti dans un premier temps par une perception inconnue, puis faisant face avec un courage lui permettant de découvrir de nouvelles valeurs physiques et morales dans une envie de comprendre tout en se dirigeant vers un destin hors norme transformant une tragédie en révélation.Le plein d’aventures et d’émotions, dans un film sensible sur une condition humaine dégradée permettant à des sens avides de connaissances de collecter de l'information dans un voyage sans retour.
  • PORTE DES LILAS (1957)
    Un sujet laborieux, tissé dans un contexte populaire, reproduit à la perfection, montrant des années cinquante sordides, dominées par les poches vides, la combine et la demeure au bord de l'effondrement. Un petit coin de Paris populaire, démuni, rempli d'enfants des rues, imaginatifs et turbulents, environnés de cloches et de chiftirs vivant au jour le jour, en se grisant de musiques et de mauvais vin.L'échec d'un sujet sans intérêt, évoluant dans une portion d'histoire remarquablement reconstituée.A voir pour la toile de fond clochardisée d'un microcosme exsangue, aux murs et aux esprits délabrés ou décalés, encore décisionnaires de l'écoulement de leurs journées.Une nouvelle fois, le fond l'emporte sur la forme.
  • LES VIKINGS (1957)
    La courette d'Einar sur les rames de son bateau demeure l'un des moments mémorable de cette fresque vitaminée, pleine de stéréotypes sur un peuple mal connu, uniquement opérationnel sur un bateau menaçant ou dans des orgies, bourrades apaisantes faisant suite aux combats. Qu'importe, le tout est de se divertir de cette course-poursuite entre deux prétendants se haïssant à l’extrême, dans une intrigue assez mince, privée d'une véritable originalité.C'est la période plein pot d'un acteur au top de sa forme physique, dont certains scénarii sont dans l'obligation de se subordonner.La vision des "Vikings" s'avère dynamique et aérée. Ses péripéties, alternant entre guerres punitives et festivités, n'ont pas la rigueur d'un cours d'histoire, mais les ingrédients d'un divertissement particulièrement réussi.Un bon récit d'aventures, sans prises de têtes, permettant de rester connecté, avec un acteur boosté régulièrement par des personnages revanchards aussi fougueux que solitaires.
  • QUAND PASSENT LES CIGOGNES (1957)
    Ce film émouvant montre les désastres d’une guerre broyant les itinéraires sentimentaux d’une génération essayant de s’extraire par le projet du destin dramatique d’une nation manipulée régulièrement par la répétition de l’histoire. Une nouvelle fois, l’avenir d’un couple est réduit en miettes, par le tribut du à une nation dont le sol périodiquement foulé par la logistique militaire, oblige ses enfants à s’investir dans un conflit dont la finalité dramatique se situe loin de leurs terres.Veronika, restée au pays, lutte intensément contre les assiduités d’un planqué, pendant que l’être cher trime pour gagner une minute de vie supplémentaire, à des années lumières de désirs avortés."Quand passent les cigognes", amer constat d’une lame historique perforant joies de vivre et investissement amoureux, montre admirablement une résignation camouflée dans un patriotisme de référence, de plus en plus difficile à supporter.Lyrisme et sacrifice, tout en étant présent, éprouvent certaines difficultés à masquer le besoin d’une maîtrise de son destin. Ces vies offertes à la patrie demandent l’offrande d’un temps complet, leur permettant de tester l’intégralité d’un parcours.Tout ceci annonce, par l’intermédiaire d’un cinéma technologiquement révolutionnaire et surprenant, l’apport de nouveaux sujets titillant une liberté existentielle, braquée sur les lumières de l'occident.Visuellement, l’œuvre est novatrice et ne recèle nullement le concept d’un cinéaste enclavé dans des procédures liées à un parti. La propagande semble bénéfiquement s’éloigner d’un style de traitement uniforme.La contenance globale, particulièrement dynamique, prouve la valeur d’un cinéma désirant, tout en respectant sa terre, effectuer quelques recadrages sur les espérances de nouvelles générations, lassées de mourir au champ d’honneur.Le challenge, tout en étant pratiquement réussi, laisse encore pour quelques temps le dernier mot à un message patriotique basique, clôturant un récit sensitif par une image glorifiant le dévouement et la reconstruction.
  • DU SANG DANS LE DÉSERT (1957)
    Emouvante rencontre initiatrice entre un chasseur de prime vieillissant, ancien sheriff aigri ayant perdu femme et enfant et un jeune sheriff inexpérimenté respectueux des lois, dans une bourgade où l’on tire avant d’avoir fait les sommations d’usages. " The Tin Star" (l’étoile d’étain) propulse un homme brisé sur le chemin d’une double récupération paternelle, professionnelle et sentimentale, offerte par la providence.Le destin et ses circonstances empêchent continuellement Morg Hickman de quitter une ville dominée par la violence, qu’un gamin assermenté ne peut contenir ni gérer.Un ange invisible protège Ben Owens, jeune inconscient en lui conservant continuellement la protection d’un homme aguerri et rationnel, prouvant que l’on peut intelligemment capturé de dangereux bandits de manière réfléchie, sans barbarie. Une action isolée, se démontrant préférable à la désorganisation galopante d’une foule déchaînée.La thématique du récit est claire, s’aider soi-même en aidant les autres.Le challenge est cossu, former un homme de loi fougueux, mais sans expérience afin d’entretenir sa longévité dans une conjoncture de terrain réaliste, en se réinsérant en parallèle dans une vie de couple avec enfant."The Tin Star", western sensible et humain, montre avec bonheur la lucidité d’un homme en reconstruction, dispatchant avec une rationalité exemplaire des procédures de survie, à un fils spirituel marchant sur ses traces.
  • MONTPARNASSE 19 (1957)
    "Sachez que je ne m'enivre que de moi-même""Montparnasse 19" est une approche réaliste sur l'aspect de certains quartiers parisiens insalubres de début de vingtième siècle, abritant sous leurs toits toute une peuplade hirsute, désespérée, désargentée, en état d'ébriété du matin au soir. Les derniers moments de Modigliani ne sont qu'absences et beuveries, légèrement combattues par quelques lucidités crayonnant sur un papier froissé des visages blêmes entourant des yeux vides, reproduction fidèle d'un artiste à l'agonie.Un talent n'apparaissant que dans de brusques éclaircies éphémères, faisant replonger rapidement une âme torturée dans ses travers.L'apparition minutée d'une remise à niveau volontariste et clairvoyante se révèle hélas non durable, sur une architecture délabrée, pourchassée et rattrapée par ses instabilités.Une descente aux enfers quotidienne, accomplie par une loque consentante, malgré la protection et l'amour transportant un mort vivant vers un impact sordide, loin de ceux ayant encore de l'affection envers une machine détraquée.Un chef d'œuvre noirissime.
  • COMME UN CHEVEU SUR LA SOUPE (1956)
    "Tu ressembles à la vie, comme la vie te ressemble" Quel film sympa que ce "Comme un cheveu sur la soupe". Les tribulations rocambolesques de tout un petit monde populaire, farfelu, lunaire et jamais méchant. De doux dingues bien sympathiques moulés dans des situations inconcevables de nos jours. Lâchés au gré de leurs délires, dans un Paris éventré, sombre et crasseux ne privant nullement ses occupants d'une communication conséquente et festive. La nostalgie de toute une faune simple et décalée capable de vibrer dans une ville où l'on a encore quelque chose à partager en commun. Bravo.
  • LA HAUTE SOCIÉTÉ (1956)
    Attention vous ne pourrez plus détacher votre regard de la sublime et parfaite déesse blonde et blanche, ondulant au bord de sa piscine, ou pilotant sans un voile de vent, une décapotable flambant neuve. Ceci aura l’avantage d’atténuer un jugement sévère sur cette guimauve musicale acidulée, permettant d’exhiber de somptueux intérieurs, de jolis bateaux, des robes de princesses et des costumes sur mesure, n’offrant que des clichés provocateurs et nauséabonds sur une classe privilégiée surfant sur papier glacé loin des inquiétudes du lendemain.Cette romance de midinettes bien vieillotte fait figure de musée. La principauté n’est plus bien loin pour une comédienne au pic d’une beauté de la tête aux pieds presque insoutenable.Il n’y a qu’elle, rien qu’elle, dans cette niaiserie insouciante alternant scènes simplistes et opus chantés, ceci par les deux voix les plus emblématiques de l’époque qu’Elvis Presley se chargera de fragiliser quelques mois plus tard.Tout cela est insolent, une richesse désinvolte est montrée en exemple dans un contexte naïf, sans perception de la vraie valeur des choses. Des êtres sublimement beaux, oisifs et bien habillés, excitent sous le prétexte de le faire rêver la convoitise du laborieux dans une panoplie luxueuse, paresseuse, préservée de toutes contraintes."Haute Société" faire figure de catalogue, avec sur chaque page de somptueux éléments décoratifs sans âme, ne faisant évoluer que de l’ameublement sophistiqué et des portes manteaux humains aux bottes des couturiers.
  • LA DERNIERE CHASSE (1956)
    "Tuer est la seule preuve que tu existes". Concernant ce western extrêmement réaliste, une seule question se pose. Les bisons sont ils réellement massacrés tout au long de cette chasse apologique, intarissable besoin d’assumer un alimentaire, camouflant l’euphorie exécutif d’un massacre organisé ?La procédure de survie liée à la conquête d’une peau de bête est vite remplacée par une démence de tuer, achevée par un orgasme intérieur, satisfait souriant, satanique dans une respiration saccadée.Le manichéisme de deux tireurs est disproportionné de manière parfaite, l’un de plus en plus talonné par le remords, est cerné par une lassitude de distribuer la mort sous prétexte de manger.Le second, au contraire, entretient par des yeux étincelants de haine, un périple sanglant menant vers la folie. Un besoin de dominer par un fusil et une parole irrespectueuse la bête et l’indien.Ce genre de récit, synonyme d’antinomies extrêmes, respecte une psychologie élémentaire du pire et du meilleur, ceci dans une nature généreuse en viande, dont tout les protagonistes bons ou méchants sont tributaires.Dans cette contrée foisonnante où la peau du buffalo est source de projet, c’est un Robert Taylor halluciné qui endosse l’habit négatif d’un esprit ne raisonnant plus.Le bison blanc, malgré une protection mystique, est abattu. Le racisme est primaire, irréfléchi, l’homme grisé par la puissance de tuer devient complètement incontrôlable."La dernière chasse", western convaincant sur les désastres occasionnés sur une nature immuable par des humains affamés de sang, démontre l’énorme difficulté d’un microcosme de se pourvoir d'un équilibre devant l’offrande naturelle de grands espaces, déposant une pitance abondante, massacrée plus par plaisir que par nécessité.Ce cimetière de squelettes, foulés par une raison ivre, est une accusation terrible contre un abus de pouvoir martyrisant un instinct animalLa prestation de Robert Taylor est magnifique.
  • LA VIE PASSIONNÉE DE VINCENT VAN GOGH (1956)
    "Je veux toucher les cœurs par mes œuvres"Boulimique de coups de bâtons, que ce soit sous terre ou en pleine nature, Vincent Van Gogh se construit dans ses jeunes années à l’aide d’une énergie mal jaugée, recadrée par un frère protecteur omniprésent. Tout n’est que précipitations envers un monde uniquement perçu par le bas. Un jeu de questions sans réponses envers des opprimés accablés par le charbon, incapables d’expliquer les raisons profondes de leurs misérables existences.Ce premier morceau de vie n'est qu'un besoin unique de collecter une sous-estimation de soi même, en testant le négatif quotidien de couches sociales défavorisées à laquelle on pense à tort appartenir.Libéré temporairement de l’autodestruction, l’homme, en attendant l’automutilation, la folie et l’illumination du tournesol, gravit un à un les degrés d’une délivrance provisoire axée sur une production saine, menacée par les contraintes d’une inspiration parfois déficiente, transformant un esprit vif en tempérament instable toujours terrorisé par la peur de ne rien pondre.A l’écoute de propos éclairés, les toiles s’illuminent. Des couleurs enfin sereines envahissent des surfaces primitivement blanches et sans vie.Le soleil restitue sur la toile sa lumière et sa chaleur.La continuelle quête de la paix de l’âme se récolte dans une nature reposée ou battue par les vents, sous les yeux d’un artiste exalté battant la mesure d’un monde unifié par une clarté commune, à l’aide d‘un pinceau chauffé à blanc.Les conflits avec Gauguin sont âpres et passionnés. Ces deux tourmentés n’ont qu’un seul but, offrir par la restitution d’un identique une identité intellectuelle à une nature n’ayant aucune notion de sa perfection.L’art est à son apogée. Les êtres se détachent d’une œuvre divine soumise à un processus inconnu, pour se centraliser sur une réflexion aléatoire, basée sur des jugements considérés comme posés.Le rendu l’emporte sur la réalité. L'esprit devient le seul outil créateur.Vincent Minnelli signe un travail parfait sur l’âpre volonté d’un passionné de mettre les lumières du ciel en bouteille, afin de vivre et d’assimiler au bord de la folie les mystères de l’univers, en luttant au maximum contre l'autodestruction terminologie d'une mission insurmontable.
  • LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS (1956)
    "Le tour du monde en quatre vingt jours" est une petite merveille, une agréable potion permettant à un aristocrate Anglais aigri et taciturne, de s’éveiller par l’aventure. Phileas Fogg et son fidèle Passe-Partout se balladent tout le long d’un trajet autour du monde, offrant à chaque pays le loisir de se présenter, en montrant ce qui le fait vibrer en interne.Voyage en montgolfière, corrida espagnole, cowboys, indiens et vache sacrée s’en donnent à cœur joie, en s’intercalant dans un parcours dépaysant et riche en couleurs.Garni de nombreuses et de succulentes apparitions surprises, "Le tour du monde en quatre vingt jours", film de jeunesse, se retrouve avec bonheur le temps venu, quand toutes nos ambitions consumées avec l’âge, appellent au secours, un recadrage d’adolescent.
  • LA TRAVERSÉE DE PARIS (1956)
    Que rajouter d’original sur ce film connu de tous, narrant dans une brève rencontre une tentative de connexion entre un artiste désabusé, provocateur, protégé, avide de théorèmes sur les limites de ses contemporains et un chômeur dont les possibilités de s’exprimer, avant d’en venir aux mains, ne dépasse pas trois phrases, le tout dans un périple se nourrissant de lâchetés contemplatives. Le prolétaire est durement malmené par un verdict de passage. Le pleutre rencontré au hasard est jugé sévèrement par un parachuté théorique, en manque d’expérience, désirant entériner sur le terrain, un catalogue social conçu entre intellectuels dans les salons, laminant le plus faible en le vêtant de toute la noirceur humaine.L’œuvre est récupératrice, en vaporisant un parfum d’homologation toujours latent envers ces constats racoleurs, hurlés dans les bars par un juge itinérant, transcendé par la liberté de vomir son mépris envers un troupeau héréditaire, durement touché."L’intellectuel" Grandgil vocifère, condamne une meute sans envergures camouflées dans les caves, en manipulant et rabaissant sournoisement par sa culture et sa présence d’esprit l’ouvrier Martin, ne sachant que geindre ou montrer les poings.La Paix, terminologie de ce parcours, repositionne chacun sur les rails d’un système maître serviteur, semblant indélébile. Le costume et les premières pour l’un, le port des bagages pour l’autre, dans un dernier contact chaleureux, mais superficiel, ne laissant aucune place à une réelle collaboration durable entre deux composants provisoirement rassemblés par la divine providence d'une occupation, synonyme de communication, entre une équation irréalisable en temps normal.Finalement le pire, c'est quand tout va bien.
  • PLUS DURE SERA LA CHUTE (1956)
    Choisissez un chiffre (Evitez 2, 3, 4) ou un nombre. Si le chiffre est pair, divisez-le par deux, si il est impair, multipliez-le par trois et ajouter un.Que va-t-il se passer ? A un moment donné, il n’y aura plus que des nombres pairs qui divisés constamment par deux effondreront la chaîne.Les films sur la boxe adoptent le même schéma, le boxeur suit une ascendance menant vers un pic, puis une descente vertigineuse, se terminant par un impact final extrêmement brutal, impossible de redécoller, c'est la fin.Eddie Willis, journaliste stagnant, accepte de publier des articles sur un colosse bidon, l'Argentin Toto Moreno, d’une naïveté d’école, agrémenté d’une gentillesse et d’un coeur gros comme ça.Ces qualités n’ont aucune envergure dans un monde insensible où tout le monde est le serviteur de tout le monde.Les premiers combats se succèdent tous truqués, Toto qui n’est pas au courant se croit invincible, les challenges sont de plus en plus musclés, les adversaires également, l’irrémédiable se profile à l’horizon, le dernier combat contre le champion du monde en titre sera régulier."Plus dure sera la chute" est le dernier film de Bogart.Eddie, à l’image du comédien, est fatigué, fragile, privé d’indépendance, en fréquence avec celui de "La comtesse aux pieds nus" se devant de satisfaire un producteur irrespectueux envers ses subalternes.Les rôles ne sont plus (à part "La maison des otages") que des approches lointaines de la dominance.C’est une fin de vie pour l’acteur, comme pour ses personnages, semblant bien éreintés.L’homme triomphant des décennies antérieures est abattu par la bouteille, les cigarettes et les nuits blanches.L'image finale martelée de Toto est symbolique du parcours chaotique de l'acteur.
  • LE BALLON ROUGE (1956)
    Elles sont bien obsolètes ces images d'un enfant inhalant en totale liberté les substances humaines et matérielles d'un Paris sombre et bruyant. Un parcours surprenant de nos jours, effectué par un gamin solitaire, rêveur, sans protection, lâché dans un urbanisme vieillot mais curieusement sans danger, en compagnie d'un petit copain de rencontre aérien, fidèle et farceur.Dans des rues populaires, supportant terrains vagues et immeubles écorchés, arpentées en tout sens par toute une bande d'oisillons encore propriétaire du bitume et de ses passages secrets.Des états d'âmes enfantins cruels et batailleurs, extériorisant par le jeu le besoin impératif de s'évacuer pendant quelques temps d'un monde adulte toujours plus près de la sanction que de la tolérance.Des contraintes écolières et parentales, oubliées dans des jalousies et attaques soudaines, offrant à un petit garçon sensible le visage multiple d'une amitié originale, l'emportant vers une finalité jamais dévoilée.Une destination inconnue et poétique, que seule une âme décalée peut connaitre et comprendre.
  • LE ROI ET MOI (1956)
    Le recadrage laborieux, étape par étape, d'un monarque autoritaire et impétueux se prenant pour le centre du monde, vers la perception de ses semblables, par une adorable institutrice douce et tolérante, transformant petit à petit une pierre brute en esprit. Un savoureux itinéraire exotique musical et chatoyant, enrobé d'un parfum obsolète consistant à insérer habilement paroles et musiques, dans une histoire sentimentalo-initiatrice.L'acceptation d'un autre monde, dans des joutes de moins en moins virulentes, menant un souverain intransigeant vers le respect et l'estime de l'autre.La découverte d'une différente manière de penser.Une bataille âpre, mêlée de victoires et de capitulations, annihilant lentement la cuirasse d'une conscience ancestrale, ayant enfin quelques parcelles de considérations envers ses contemporains, n'étant plus manager comme des rampants.
  • LE SEPTIEME SCEAU (1956)
    " Le vide est le miroir de mon visage, je veux savoir pour ne plus croire. Je veux que dieu me tende la main, qu'il me dévoile son visage et qu'il me parle".Antonius élabore à l’aide de ses valeurs de l'instant la mise en pages de ses réflexions.L'espoir d’une révélation consciente. Une approche religieuse pure découverte sur le pré ou lors de la traversée de villages tuméfiés.Une nouvelle perception faisant de cet indécis un référant convertit par une image, un comportement ou un mot révélateur contre vérités d'une époque souillée par la démence les épidémies et les malédictions.Les yeux exorbités d’une sorcière au bûcher scrutés intensément afin d’y percevoir une illumination au seuil du passage dans l’au delà s’avèrent décevant.Qui a-t-il après la mort ? A quoi sert la vie ? Quelle est notre mission sur terre ?Le contexte médiéval extrêmement épuré de toute sensibilité assèche les âmes à la recherche d’une autre dimension que celle d'un monde ou chaque rencontre ne fait qu'entretenir un territoire dévasté aux portes de l’aliénation.L'époque est nébuleuse, croupie dans ses superstitions, pillent les cadavres, rôtissent les illuminés, sarabande sur les crêtes.Un monde à la dérive sombre dans la folie tout en quêtant sa rédemption pendant qu'un interrogatif recherche désespérément une réponse afin d'apaiser ses méditations métaphysiques.Ou sont nos repères? Qu'est ce que la vérité?Antonius vivant au jour le jour désire tout connaitre, tout ressentir dans une vie éphémère rongée par la guerre, le rituel, la sorcellerie et les épidémies.Comment conquérir une autre échelle au contact de contemporains soumis ou déstabilisés par le monde qui les entourent ?Ne serions nous pas finalement que des Antonius des temps modernes.Des êtres désirant en savoir plus mais empêtrés dans une imagerie quotidienne décevante privée d'éléments porteurs leur permettant d'acquérir une nouvelle grandeur.
  • GERVAISE (1955)
    "L’hérédité est le seul Dieu dont nous sachions le nom" Oscar Wilde. "Gervaise" est l’arbre cachant la forêt d’un sordide étalé à perte de vue. L’image individuelle d’un destin malchanceux associé à une dépendance quotidienne que l’on finit par accepter.Cet univers crasseux géré par la paresse, le taudis et le mauvais vin est terrifiant. La femme forte ou faible, noyée sous une progéniture affamée, fait de maigres courses, trime au lavoir en essayant vainement d’acquérir un petit bonheur à long terme.Le peuple ravagé par les privations ramène en surface son contenu le plus mauvais et s’en accoutume dans une dépendance perverse. La promiscuité, l’oisiveté et l’ébriété quasi permanentes dominent l’intérieur de logements insalubres au bord de l’effondrement."Gervaise" reconstitution très réaliste d’une époque s’acharnant sans pitié sur les classes populaires est l’emblème d’une fatalité sournoise, récurrente que l’on croit anéantie par quelques rayons de soleils relationnels.Un environnement azimuté par un quotidien déplorable permet à une faune intellectuellement limitée d’extérioriser encore davantage une hérédité malsaine dans des comportements débridés dont la thématique est bien souvent au dessous de la ceinture.Des images impitoyables sur les comportements d’une catégorie aux mœurs primaires qu’un contexte délabré permet d’entretenir.
  • PLANÈTE INTERDITE (1955)
    "Forbidden Planet", adaptation de la dernière pièce de William Shakespeare, "La tempête" est une relique en puissance, sortant de nulle part. Sans références sur un tel sujet, du réalisateur aux comédiens tout le monde semble être nés coiffés, dans la réalisation de ce travail somptueux. Elaboré par un toucher neuf, presque hors du commun, cet opus se propage dans le cosmos de manière amusante en imposant les délices de la soucoupe, star de ces années cinquante. Intérieurement, on se croirait presque sur l’Enterprise par ces petits clins d’œils logistiques au capitaine Kirk.Le contenu, accompagné d’une partition instrumentale exclusivement électronique, bénéficie de décors extraits d’une littérature adolescente du Mercredi, tâtonnant à son niveau les prémisses d’une science perçue de manière primitive, presque poétique.Ce sont les premiers contacts modérés d’un esprit en pleine découverte avec l’anticipation, par l’intermédiaire d’une rassurante incrédulité naïve, premier pas d’une science livrée, scénarisée, de manière approchable dans une dominante futuriste.Le regard du profane en attendant un impact plus réaliste se laisse grisé par ces fausses montagnes, ces plaines interminables, couchées sous un soleil vert. Une vertigineuse descente dans des demeures abyssales, démesurées, démontrant la pointe d’une technologie un peu dépassée aujourd’hui, mais scintillante en son temps.Le personnage d’Anne Francis, complètement chamboulée par les sens, suite à l’apparition de jeunes mâles avides de possessions virginales, est charmant. Tout ce beau monde est précis dans le geste, respectueux dans un relationnel cinématographiquement correct, avec en particulier un cuistot s’adressant affectueusement à une machine considérée comme humaine.Délicieusement rétro, l’œuvre vaut de l’or pour son manque total d’adhésion à un processus plus rigoureux, que "2001 Odyssée de l’espace" se chargera d’instaurer.Sur Altair, c’est le règne du savant fou, de la petite jupette et du robot fabricant de whisky. Le tout mêlant l’univers à une aventure presque exotique parfaitement acceptable grâce à des trucages élaborés, éloignant cet agréable divertissement d’une série B."Forbidden Planet" est un premier contact décalé indispensable avec un autre monde avant de basculer dans le royaume réaliste des sophistes.
  • DOSSIER SECRET (1955)
    "Un scorpion ne sachant nager, demande à une grenouille de le faire passer d’une rive à l’autre, en montant sur son dos. Non, répond la grenouille, car qui me dit que tu ne me piqueras pas en cours de traversée. Je ne suis pas fou, répond le scorpion, si je te pique, tu meurs et moi avec toi. La grenouille rassurée accepte, le scorpion monte sur le dos de la grenouille et le voyage commence. Au milieu de la rivière la grenouille ressent une vive douleur. Tu m’as piqué, alors que tu m’avais promis que tu ne le ferais pas, ce n’est pas ma faute répond le scorpion, c’est mon caractère. " Cette anecdote contée par un mastodonte masqué, lors d’un bal, est une mimesis envers le parcours d’un personnage négatif, provocateur, manipulateur, criminel, traître et suicidaire, Arkadin lui-même, possédant cent visages similaires au citoyen Kane, mais bien plus sombres et puissants.Où est la vérité quand tout n’est que masques et fausses barbes. Cette remarque alimente un courant similaire présent dans plusieurs œuvres d’un réalisateur cherchant vainement à comprendre les mécanismes internes des humains, un carburant shakespearien ou la quête de soi-même s’avère perpétuelle, sans réponses, dans un contexte où tout se voile, au fur et à mesure que l’on déboise.Orson Welles se narcissise l’esprit en continuant de s’autodétruire par l’intermédiaire des personnages de ses oeuvres. Un vomi réceptif de plus en plus volumineux sur le spectateur, mêlé d’une continuité technique presque identique depuis "Citizen Kane", font de ce cinéaste singulier une pièce essentielle d’un cinéma en quête d’explications sur les difficultés de connexions d’esprits réticents aux parcours exemplaires.
  • LA NUIT DU CHASSEUR (1955)
    Le noir et blanc sublime et surréaliste de Stanley Cortez, épaulé magistralement par la musique envoutante de Walter Schuman, décore le plus abouti des clairs obscurs cinématographique. La luminosité traversée semble irréelle, calquée sur l'œuvre meurtrière qu'elle abrite.Confrontés à un double challenge crise/traque, John et Pearl deviennent opérationnels et indépendants dans la douleur, en se fabriquant par la résistance, une ossature physique et intellectuelle adaptée à cette poursuite tenace, qu'il faut gérer parallèlement à un besoin de se nourrir, afin de ne pas s'affaiblir.Le procès des adultes est flagrant, une enfance crasseuse, abandonnée par un environnement incapable de lutter devant une crise tenace, se retrouve en pleine nature livré aux environnements les plus hostiles.John devient invincible, malgré un visage cerné, façonné sous une lune flamboyante et une eau scintillante, abritant une faune animale indifférente au désespoir des hommes.Première et unique œuvre de l’excellent comédien Charles Laughton, "La nuit du chasseur" est une émeraude extra-terrestre située sur les alpages d’une contemplation éternelle. Une adoration inconditionnelle, sur un travail hors du commun, que l’éternité ne pourra jamais reproduire.
  • L'HOMME AU BRAS D'OR (1955)
    "L'homme aux bras d'or" est un film noir, sur un monde dur, violent et égoïste, s'acharnant sur un esprit combatif, mais tributaire de plusieurs aspects d'une emprise, qu'elle soit de l’héroïne, du tripot crasseux, de la simulatrice ou de l'aimante trop effacée. Une brochette destructive, réduisant au rang d'épave, un esprit volontaire sans cesse sur le fil du rasoir, entre repentir et récupération, suite à quelques dépendances, dont la première le condamne à sevrer un talent impossible à exercer dans un état normal.Emblème de référence et première approche cinématographique sur les ravages de la drogue, "L'homme aux bras d'or" montre sur fond de crise économique, de taudis et de prolifération de marginaux, les énormes difficultés éprouvées par un être instable, constamment ballotté entre sa volonté d'en sortir et ses dépendances.La descente aux enfers d'un homme avalé par un environnement sordide, dont il n'arrive pas à s'extraire.La scène de l'audition ratée reflète parfaitement le climat d'une époque où l'on a plus rien à se dire.
  • FRENCH-CANCAN (1955)
    Optant pour un visuel conséquent, "French Cancan" préfère attarder ses images sur le côté spectaculaire et reluisant d'une époque. Noyés dans des couleurs éblouissantes, le récit, absorbé par une figuration babylonienne et des décors frisant le péplum, peine énormément à s'arracher d'un statut de spectacle.Dans de telles conditions, le spectateur privé d'investissement affectif, s'abandonne à des images colorées, montrant dans un déroulé scintillant, une reconstitution cohérente, ceci grâce à un budget conséquent, réservé à une œuvre préférant distraire qu'émouvoir.La présence de la plus grande partie de la génération des comédiens, fantaisistes et chanteurs renommés de ces années cinquante, demeure un point vraiment positif.Une agréable suite d'apparitions surprises ou programmées, dans plusieurs aspects humant certains parfums des "enfants du paradis".Un ouvrage cossu, conçu pour éblouir.
  • SENSO (1954)
    Venise offre ses reflets ondins sur des murs effrités, orgueil et lâcheté déclenchent jalousie et vengeance dans une ville capiteuse occupée par un uniforme d’une blancheur statique venu du Nord. Une passion féminine l’emporte sur le mépris collectif de l’Autrichien gommant peu à peu par cette approche les motivations de lutter contre un envahisseur calfeutrant dans des registres de séduction une personnalité négative. Les perceptions d’une comtesse avide de sensations sont bouleversées de manières amoureuses puis vengeresses.Livia, enivrée d’artifices masquant une réalité en devenir, brosse ses longs cheveux pendant qu’un destin dramatique monte en puissance.Le Vénitien se bat, rêve d’indépendances. La comtesse Serpieri offre à sa passion corps et esprit. La bataille de Custozza s’exécute sous des battements de cœurs patriotiques que Livia répète à l’identique par des envolées transcendées dans des chambres capitonnées loin des combats.Les corps s’effondrent, touchés à mort sur le pré d’un environnement remarquablement filmé, pendant que des lits veloutés emprisonnent des unions interdites. Livia entièrement capturée pas un esprit de jouissance s’éloigne d’un contexte patriotique.La détermination, la volupté, la jalousie et la vengeance s’unissent sans se côtoyer. La lutte et la reconquête d’une liberté perdue se regarde de loin, récupérée par une passion dévorante damant le pion de l'investissement à une cause.Il y a deux ennemis similaires, l'un sur le terrain qu'il faut combattre, l'autre dans son lit dont l'emprise vous brûle les entrailles en vous entraînant vers le déshonneur."Senso", mélodrame somptueux, est une œuvre passionnelle intégrée dans un contexte guerrier, un schéma purement viscontien montrant l’inévitable parallélisme entre un mécanisme historique lié à un processus passionnel non autorisé suite à l'état des lieux d'une ville sous emprises.Le patriote défend chèrement sa ville, pendant qu’une femme inassouvie passe à l’ennemi sous l’emprise de ses sens grisée par une caricature militaire à la façade aux intérieurs suintants de cynisme. La finalité d’un tel parcours ne pouvant se terminer que par la trahison et la folie.
  • CADET ROUSSELLE (1954)
    Derrière cette petite merveille, se cache deux hommes de bien, André Hunnebelle le réalisateur et Jean Halain, scénariste et dialoguiste, nés tout deux coiffés par la paternité d'un cinéma de mouvement et de remarquables bons mots saupoudrant l’itinéraire joyeux, détaché de Cadet et de Jérôme s’adaptant à l’air du temps par la gaudriole, le baluchon au grand air, la pulvérisation des auberges et le don de triple vue dans un état second. L’entretien de l’esprit chevaleresque, accompagné d’une débrouillardise embusquée, réglemente l’accès à des routes incertaines, truffées d’un relationnel fécond entre illuminés tout uniformes et redingotes confondus."Quel est le nom de cette Bataille ? On vous le dira quand on l’aura gagnée"."Le peuple rêve d’avoir un chef pour avoir le plaisir de le renverser"."Depuis quand tire-t-on sur les états majors ?"."La guerre est une chose trop importante pour être confiée à des civils"."Voici une époque où la loi ne protège même plus celui qui l’a faite".Toutes ces petites perles verbales assurent la liberté d’expressions d’agréables lunaires déconnectés d’une époque où tout est au mieux dans le pire des mondes. La noirceur révolutionnaire est gommée par de joyeux godelureaux de tout bord ferraillant sans haine péjorative dans les caves ou la taverne pour leurs honneurs ou l’affront fait à la belle.Ce joli monde repeint par le burlesque une époque sanguinaire, on assomme plus que l’on tue. Ce joyeux parcours s’accompagne d’une ironie bienfaisante, de jeunes amoureux ne tiennent pas leurs promesses, les vestes se retournent allègrement, le général s’attribue une stratégie guerrière effectuée par le civil transcendé.Qu’importent ces dysfonctionnements l’aventure est dans le pré, la roulotte, le champ de bataille ou la geôle où l’on rebondit toujours. La bohémienne remplace la promise, le cœur est intemporel, il s’offre toujours à l’état neuf au hasard des rencontres.Cadet est impulsif, sanguin, formaté pour le récit évolutif, il adapte son jarret au périmètre d’une action pleine de panache, de rebondissements et surtout de liberté.Une indépendance pleine de vie, mêlée d’imprévue rend supportable une époque où les têtes ne tiennent plus sur les corps. Les évènements vus sous cet angle valent presque la peine d'être vécus.
  • FENETRE SUR COUR (1954)
    "Fenêtre sur cour" ressemble à une pièce de théâtre intra muros, offerte à un immobilisé temporaire. Voir sans être vu entame un passe-temps égreneur d’heures longues, ennuyeuses, entretenant une véritable passion admirative et sans bornes envers les prestations offertes par les locataires de ses grandes baies ouvertes. Jeff Jeffries momentanément inactif se pâme de bonheur devant les perceptions liées aux âges de cette faune scénarisée, offerte au regard d’un embusqué, par la dominance d’une météo accablante, imposant les grâces d’un courant d’air permanent.Un simple mateur devient un voyeur professionnel, reléguant au second plan une apparition sublime émergeant d’un demi-sommeil, un nouveau pensif accablé de chaleur.Elaboré dans son intégralité en studio, ce huit clos majestueux fascine par ses incohérences. Un hélicoptère surgit de nulle part frôle le toit d’un immeuble, ne s’ajustant pas à la logique de ce lieu reclus, d’une urbanisation sans âme.Curieusement le contenu est truffé d’extravagances bienfaitrices nécessaires à la bonne conduite de ce récit prisonnier de quelques centaines de mètres carrés.La vie se trouve en arrière-cour et non au bout de ce passage où l’on distingue à peine une foule mécanisée. Dans ces appartements tout bouge magistralement, trop intensément, de manière surdosée, théâtrale, outrancière.Un spectacle ininterrompu, activé en fonction des besoins ventilés par ses va-et-vient perpétuel d’une pièce à l’autre. Rien que pour cette énergie existentielle, offrant le mouvement à un site calfeutré, ce film est un chef- d’œuvre.Toutes les directives de la vie s’expriment en secret à deux pas d’une grande artère anonyme. La caméra comprime en une seule valeur les pointes d’une danseuse aux pleurs, d’une femme esseulée.D’une fenêtre à l’autre, les frivolités cachées d’une jeunesse cèdent la place à un dîner en solitaire mimant un convive invisible.Une vie devant soi en overdose, masquant ce qu’il y a de plus beau, l’élégance platinée d’une femme aimante, attendant patiemment que la crise de voyeurisme d’un être aimé s’estompe dans un repos réparateur.
  • UN HOMME EST PASSE (1954)
    Un nid de vipères sévit là où il n’y presque rien. Quelques embusqués scénarisent méfiance et racisme en traquant le parachuté et le Japonais local. La noirceur du site est révélée par les investigations d’un reconnaissant surgi de nulle part, chapeau et costume sombre, débarqué d’un train, ne contemplant en temps ordinaires ces lieux désolés qu’à grande vitesse. "Bad day at Black Rock" décrit les désastres d’un isolement permettant à des reclus de se réaliser par la dominance et la soumission. Cette parcelle de sol martien à peine distinguée d’une lorgnette civilisée, indifférente, trop éloignée, entretient par la lâcheté et la peur quelques petites frappes bannies d’un conflit mondial.Black Rock au fond du trou a l’immense chance de pouvoir renaître en vingt quatre heures, grâce à une pierre angulaire de passage. Le challenge consiste à reconstruire les valeurs morales d’un site entre le passage de deux trains. Les remords de quelques pénitents remontent en surface, en retrouvant le marché d’un courage enseveli.Sous un cinémascope profond, luminosité d’un non évolutif de pierre John J. Macreedy, manchot équilibré, serein et intuitif, sert de parcours rédempteur à quelques entités redevenues lucides grâce à la prise de conscience d’un état délabré.John Sturges préfère valoriser par un paysage désolé, la perception pour un moraliste d’une autre planète, où rien de bon ne pousse. John J. Macreedy cosmonaute fragilisé sur un sol hostile, contemple le négatif d’une contrée presque à évangéliser, managée par des aliens locaux particulièrement dangereux.La victoire s’obtient grâce à une confrontation soutenue, appuyée d’un désir de retrouver une identité même au bout du monde.La scène de la pompe à essence où Robert Ryan, tout en restant obtus, livre quelques révélations sur un comportement raciste perçu en interne comme indispensable et salutaire, est exemplaire en monstruosité.
  • LES DIABOLIQUES (1954)
    Le contenu est cruel, un jouissif au cordeau, rabaissant professeurs, épouse et maîtresse, dans un pensionnat où la nourriture est au rabais. Michel Delasalle, rustre, violent, irrespectueux, fait trembler l’intégralité d’un ordinogramme soumis par lâcheté ou mépris.L’instituteur fait pitié, en implorant un verre de vin supplémentaire.Certaines scènes impressionnantes conservent une verdeur surprenante malgré les années. L’œuvre est machiavélique, humiliante, certains individus, en pleine démolition, malmenés en permanence, ne lutte même pas pour reconquérir une dignité, Chacun s’effondre dans ses limites, auréolant un récit sans espoir, dominé par les restrictions d’après-guerre, tarissant sensibilités et bontés.Un agressif, stimulé par l’emprise, s’acharne sur des pleutres soumis à un maître par manque d’envergure.Henri-Georges Clouzot semble s’acharner sur certains composants lâches et maladifs, courbant l’échine devant un supérieur, mais infligeant punitions et leçons de morales à de jeunes élèves impuissants.Un logiciel vénéneux, dominateur, lâche, angoissé et religieux se déploie à foison dans plusieurs esprits réceptacles. Tout est à jeter, rarement une œuvre cinématographique n’a fourni autant de personnages négatifs.Une faune sinistre, projetée dans une intrigue policière gardant fière allure, dans un vaisseau humain déplorable, représentatif d’une société sclérosée par un relationnel verbal, implacable et procédurier, éradiquant de manière violente les plus faibles.
  • BRIGADOON (1954)
    L'impact de ce film n’appartient plus à ceux qui l’on découvert en son temps. Comment vont réagir nos jeunes générations, rationalisées à l’extrême, par un monde pragmatique, ne ceinturant qu’un essentiel froid. Métallique sur le terrain, comme dans les esprits, notre époque s’éloigne irrémédiablement de cet opus chaleureux, émouvant champêtre où soudainement, sans sommations, une logistique préservée ouvre les yeux, anime les cœurs qui spontanément, chantent et valsent dans une contrée, réveillée une journée tous les cent ans."Brigadoon" est une fable lumineuse sur tout ce que nos perceptions égoïstes et alimentaires ont détruit. Un challenge hors du commun, offert à l’homme de se recadrer, en pleine campagne par les sentiments, en fuyant la ville.Découvrir de nouveaux rituels, se vêtir d’une nouvelle source de vie en frissonnant devant un amour éphémère, imposant un processus sensible, déterminant, afin de tenter de le conserver pour l’éternité.Avoir la force de devenir absent des retombées d’un temps structuré par la foule et le bruit, en se ressourçant par l’aubade et le mouvement dans une nature ordonnée et sans limites.Le message est fort, l’amour rien que l’amour, envers un être et un territoire restauré que la force des sentiments aideront peut-être à ne pas repartir dans le néant."Brigadoon", fable écolo-réformatrice de comportements de plus en plus éliminés de nos sociétés, est un chef-d’œuvre, une école, un parfum nommé amour, un joyau inestimable favorisant une indispensable remise en questions, à l’aide de la restauration d’un contexte oublié, générateur de respect et surtout de sédentarité envers un modèle de vie.A voir, avec un cœur d’enfant, plein d’espérancesQuand on aime quelqu'un avec assez de forces, tout est possible.
  • VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS (1954)
    La mise en images de cette lecture incontournable d'adolescent est attrayante, colorée. Un parfum d'intrigues et d'évasions nécessaires à nos jeunes années, parfois tristes et indécises. Un merveilleux, chassant nos ancestrales craintes de basculer dans le monde austère des adultes, dans des aventures à vivre sur papier ou sur pellicule, en attendant les joies et les peines de l'entreprise.Il y a tout pour être momentanément absent de son temps, dans un virtuel accompagné de monstres marins terrifiants métalliques ou non, de trésors accumulés, de combats titanesques et de morceaux de bravoure finaux.Le schéma n'est pas nouveau, un scientifique misanthrope revanchar, d que se soit dans l'espace ou sur les mers, détient un pouvoir destructeur inimaginable.Une détermination vengeresse, impitoyable envers ses contemporains, atténuée par les bons mots d'un professeur humaniste, émerveillé par un assemblage technologique inconnu, supérieur, mais hélas pointé vers le mal.L'intégralité respire une ambiance thématique distrayante, accompagnée de quelques messages écologiques, de mises en gardes sur nos dérives terrestres.Le beau Kirk ne lésine pas sur le torse nu, en mettant habilement en évidence la désinvolture et la joie de vivre d'un acteur en pleine bourre physique.A l'aise au harpon, au chant, en partenariat animal ou en rupture avec la fourchette, le comédien prend plaisir à alterner la gaudriole et le combat.L'univers de Jules Verne consiste à délivrer l'analyse de mystères toujours rationalisés, par un esprit humain se devant de conserver une analyse cartésienne. Ici la tradition est respectée, ce qui se divertit ou inquiète n'est qu'humain.
  • LES FRUITS SAUVAGES (1953)
    Quelle aubaine de revoir cette pépite oubliée montrant le road movie campagnard d'une petite tribu adolescente fuyant la misère, le taudis et le père aviné en permanence pour se ressourcer au contact d'une nature à image fixe fidèle à elle même, depuis la nuit des temps. Une agréable parenthèse rurale, permettant à des jeunes sans repères de découvrir à l'air pur, liberté et sensualité, en attendant la venue des hommes et de leurs pénalités.Un très bel opus rageur et sensible sur l'éveil d'un "moi" impossible à révéler en milieu urbain.
  • LA TUNIQUE (1953)
    La tunique conçue en pleine guerre froide surfe simultanément sur plusieurs concepts. L’emprise sensitive de nouvelles perceptions spirituelles perturbant l’intransigeance d’un esprit façonné sur l’insensibilité d’un empire s’incruste habilement dans un produit marketing de grande ampleur.La mission de ce péplum un peu léthargique est aussi politique.Il s’agit de contrer par l'apparat le déploiement Athéiste de nouvelles pensées en affermissant sa foi dans des images grandioses et récupératrices servant de papier peint à l’émotionnel de son récit.Il faut en mettre plein la vue tout en prêchant.Un divertissement ternaire encourageant la consolidation de ses racines religieuses devant la montée de nouvelles idées tout en dénonçant les premières années d’une nouvelle invention sédentarisant de nouveaux otages ne mettant plus le nez dehors, cobayes d'un tout venant cathodique les dirigeant lentement vers la poubellisation intellectuelle.
  • TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES (1953)
    Les brimades, l’adultère, la séduction et les règlements de comptes entretiennent le quotidien d’une marmite militaire, temporairement préservée d’une attaque surprise japonaise. Chacun en fonction de ses désillusions pleure une maternité non assouvie, une droite trop appuyée ou un arrivisme momentanément à quai. La totalité de ces bilans n’étant bien souvent que des états d’âmes formatés par la récurrence de la vie en caserne. Faute d’adrénaline le soldat se baigne, se saoule ou sort la lame dans des ruelles sombres. Finalement ce sont les femmes qui par leur réalisme ont le dernier mot en prenant la décision de s’assumer loin de ces terres où l’homme immature ou paillard est dans l’incapacité de remplir une fonction de mari ou de père.
  • VACANCES ROMAINES (1953)
    Harassée par le protocole, la ravissante princesse Ann, en visite officielle en Italie, file à l’anglaise dans les rues de Rome, le temps d’une journée. "Vacances romaines" est une œuvre rafraichissante, sur une aventure éphémère, impossible en temps réel, entre un reporter légèrement carnassier et une princesse frustrée d’être absente de la vraie vie.Un joli conte de fées détournant les contraintes d’une logique empêchant ce genre de rencontres. Un film de midinettes plein de charme et de grâce, par sa désinvolture.Une princesse chez Monsieur tout le monde, qui n’en a pas rêvé ?Audrey Hepburn coquine, naïve et curieuse, à deux pas d’une beauté cristalline, en initiation urbaine, ouvre de grands yeux ébahis dans la ville du scooter, devant la découverte d’un monde bruyant, bigarré totalement inconnu.Cette agréable promenade amoureuse dans Rome ferait presque envier Stendhal, tant chaque découverte est pittoresque et attachante. La plus belle des visites touristiques, par l’intermédiaire d’un regard tout neuf, prenant pour quelques heures la poudre d’escampette.De la place d’Espagne, en passant par le Colisée, le palais de Victor Emmanuel II et la fontaine de Trevi, un billet d’avion est économisé tellement les rues romaines des années cinquante sont filmées de manières frétillantes et sans retenues."Vacances romaines" film romantique, avec un cœur gros comme ça, nous offre une seconde chance, celle des premiers émois, une renaissance bienfaitrice dans le territoire des sentiments.Une œuvre évaporée de naïveté, par un contexte émotionnel, un phantasme espéré de tous.Bravo et vive l’amour, même si celui-ci ne dure qu’une journée.
  • LES VITELLONI (1953)
    Vitelonni est l’épopée immature d’une certaine classe moyenne ayant échappée à la déchéance sociale, préférant camoufler une grande détresse existentielle dans des comportements détachés de toutes responsabilités, plutôt que d'offrir ses bras à un pays ayant besoin de se reconstruire. La nuit la fête est quotidienne, la récupération s’effectue le jour après un réveil bien souvent pénible, les traits tirés, le regard interrogatif et légèrement lucide sur un état parasite au repos, mais de nouveau opérationnel la nuit tombée.Le culte de la paresse rayonne dans l’esprit de petits bourgeois miteux avec comme unique perspective la récurrence de l’ennui. Pendant ce temps-le maçon trime sur les routes en tentant de ramener par la sueur une nation exsangue à la vie."I Vitelonni" premier chef-d’œuvre de Federico Fellini, montre l'association contrastée d'un territoire dont les seuls composants ne sont plus que l'existentialiste et le travailleur de force.Un rapport quotidien dédaigneux entre le désoeuvré en lutte contre la pelle et la pioche sur un territoire en miettes.
  • LE TOUR DU MONDE DE SADKO (1953)
    A quoi bon fendre les mers dans des aventures tourmentées si tout ce que l'on découvre ne sont que des êtres violents, opportunistes, irascibles ou pervers.La quête de l'oiseau de bonheur s'avère décevante, en révélant après bien des péripéties un concept déprimant, basé sur l'endormissement des masses.Le message est clair, rien ne vaut la terre natale, inutile de parcourir un territoire rempli de chimères ne débouchant sur aucun apaisement.Malgré les contraintes d'un régime imposant des critères incontournables, Alexandre Ptouchko, cinéaste du merveilleux, réalise une œuvre distrayante, exotique et surtout imposante.L'opus reste regardable, sans pour autant s'extraire d'un contenu moraliste, bien pensant, d'une naïveté colossale, embellie par des stéréotypes imposés par une idéologie politique favorisant l’héroïsme, la fidélité, le courage et l'amour, qu'ils soient envers sa patrie, sa bien aimée ou sur les mers.Ce film initiatique, sur la recherche avortée d'un bonheur improbable, s'avère de qualité malgré une propagande bien dodue, surtout dans le message final.Une grande sensibilité se dégage de ces très très beaux visages de princesse des ondes ou d'une promise attendant patiemment le retour d''un exilé temporaire, cherchant au quatre coins du monde ce qui se trouve sur ses terres.Une œuvre de grande allure, dans une conception subordonnée.
  • ULYSSE (1953)
    Ulysse, ingénieux sous les murs de Troie, nécessite un recadrage en caverne, par des hommes beaucoup plus lucides et méfiants, malgré la faim et la soif. Par bonheur, l'ingéniosité d'un esprit instable, fougueux, désordonné, provocateur et légèrement égocentrique, débordant d'énergie, redevient vite opérationnel.Sans briller de mille feux, cette odyssée se déroule sans éclairer, ni ternir un parcours permettant surtout à Kirk Douglas d'entretenir sa forme physique, en attendant Spartacus.Situé à la frontière d'un produit de série B, le contenu est beaucoup plus distrayant, que spectaculaire. Son manque de moyens s'occulte difficilement. Ses défauts sont saillants, mais n'engendrent aucune moqueries ni condamnations.Soyons tolérants, l'opus fait ce qu'il peut.Un périple terne, vécu par un bipolaire désireux de retourner chez lui, tout en restant connecté sur la vague de l'aventure.
  • LE SALAIRE DE LA PEUR (1953)
    Une réussite captant parfaitement le contenu médiocre et crasseux d'un site misérable, pourvu d'une poubelle humaine en fin de parcours, attendant sous une chaleur accablante l'apparition d'une opportunité. Une condamnation éternelle à tuer le temps dans un espace gigantesque, sans barreaux complètement démuni avec la faim, la lèpre, et les fièvres comme relationnel quotidien.Constat alarmant sur un état dont l'occasion de l'anéantir s'avère encore plus négatif.On quitte la perversité et l'oisiveté pour la lâcheté et la terreur, sans espoir de découvrir la fin des tourments.Un film exemplaire sur la misère intellectuelle et les incontournables transformations caractérielles d'esprits déchus de toute luminosité, se débattant furieusement dans des évasions impossibles.
  • UN SI DOUX VISAGE (1952)
    Diane machiavélique, jalouse et manipulatrice sévèrement sous l’emprise d’un complexe d’Œdipe conduisant à la tentative de meurtre prémédité, capture à l’aide d’un air de piano mélancolique un cobaye de passage paresseux, machiste et désabusé succombant sans résistance à une manipulation perçue et acceptée comme susceptible de lui délivrer un éveil sentimental. Voila certainement la scène choc entamant une inexorable descente aux enfers, menant un homme sans idéal ni envergure vers un destin tragique managé par un ange noir au regard froid, fixe et éteint.L’œuvre sans être parfaite demeure exemplaire dans sa progression dont l’on pressent la conclusion dramatique le long d’un récit un peu lent, mais démontrant habilement l’impossibilité d’un homme conscient du marécage dans lequel il se trouve de s’échapper suite à un tempérament faible prenant toujours le dessus sur une lucidité temporaire.Le mécanisme d’une créature vénéneuse prête à toutes les bassesses et à toutes les séductions intéressées pour continuer à maintenir son emprise sur une entité privée d’un organisme de défense, se déploie de manière magistrale dans un contexte de dominances et de soumissions dont les deux protagonistes ont besoin pour s’affirmer.A travers un dispositif de destruction destiné à récupérer un père idolâtré, romancier sans inspiration entretenu par une belle-mère aussi avare qu’indifférente , un esprit malheureux glisse de la désespérance à la contemplation jouissive.Un parcours initiatique menant violemment deux personnages antinomiques vers une même demeure.
  • STATION TERMINUS (1952)
    "Station Terminus" est un film glauque, instable et larmoyant sur une époque lourde et procédurière dont les impossibilités d'exister ne font qu'entretenir l'indifférence, la réglementation outrancière, la convoitise et une perversité malsaine glanée à la dérobée. Un couple adultérin se déchire sur un site kaléidoscopique bourrée à bloc, réceptacle de toutes les couches de la société qu'elles soient civiles militaires ou ecclésiastiques.Un troupeau sans âme sous la directive d'un ordonnancement sans lumière.Un film daté, triste et austère, sur un amour impossible avec comme toile de fond le naufrage d'un pays étouffé par ses interdits.
  • CHANTONS SOUS LA PLUIE (1952)
    Les prestations de Donald O'Connor sont un véritable check-up médical rassurant. Pas de problèmes, le cœur est solide. Le bonhomme, monté sur ressorts, bondi dans tous les coins, le tout en une seule prise. Icône de la chorégraphie "Chantons sous la pluie" est avant tout le socle d’une condition physique hors du commun. Comment ne pas trembler en visionnant ces escaliers dévalés ou ces murs traversés par des protagonistes regards hauts, visages rayonnants, sans notion du danger.Ces numéros sont à couper le souffle, une mécanique suisse. Des auréoles intégrées dans des scénettes amusantes montrant stars idiotes et metteurs en scènes au bord de la syncope, traqués par les technologies nouvelles.L’humour sert de moquette aux aléas d’un métier artistique constamment en devenir. Le navet idyllique à l’eau de rose sans parole est remplacé par le piédestal d’un nouveau genre, la voix inaugurant les beaux jours d’un genre nouveau, la comédie musicale.Tout est prétexte à basculer du mieux possible sans états d’âme, dans un comportement adapté, conservant motivation et bonne humeur. Le public est versatile, il s’adapte aux nouveaux courants. Les réactions de spectateurs moqueurs, à la sortie d’un sous-produit périmé, sont révélatrices, il faut se recycler et en vitesse."Chantons sous la pluie" est une figure triangulaire entre ce qui disparaît, le muet, ce qui naît le parlant et ce qui se maintient en évoluant, la danse. Les corps se moquent bien de ces rivalités entre concepts, ils s’entretiennent, bougent, offrent leurs splendeurs dans une géométrie tourbillonnante éternelle.D’agréables mélopées traversant un temps changeant où l’on ne se pose jamais longtemps. Les premières notes de "Singing in the rain" sont intemporelles, une manière de démontrer dans nos incessantes recherches de la vérité, que tout a déjà été découvert.
  • LES ENSORCELÉS (1952)
    Jonathan Shields est un jeune producteur ambitieux. Programmé héréditairement pour gagner, il dispose d'un environnement plus ou moins soumis à ses intuitions professionnelles.Les sujets et les comédiens ne manquent pas. Les films de troisième ordre pullulent dans cette industrie hollywoodienne farfelue des années cinquante.Œuvres sans intérêts tournées à la va vite sont monnaies courantes. Le ridicule de certains scénarii ne tuent pas cette faune assoiffé de gloire, se construisant lentement en traversant des contrées infestés de navets.Certains comédiens sont excentriques, qu'importe il ne servent qu'épisodiquement à l'avancée de la carrière d'un homme sans scrupules bâti pour l'environnement d'un travail où l'on est encore debout à quatre heures du matin, à cogiter sur les scènes à tourner dans la journée qui s'annonce.Les relationnels de Shiels avec les producteurs, metteurs en scène, comédiens et écrivains sont ambigus, construis uniquement sur l'ambition d'un seul homme. Ils s'achèvent tous par la trahison.Toutes ces personnes lésées rebondissent en faisant abstraction de leurs déceptions. Shiels est un bienfaiteur qui s'ignore. L'orgueil cicatrice ces blessés qui rebondissent en adoptant les principes de leur prédateur.Pour dominer, il faut rester libre et considérer les humains comme des éléments manipulables, le but est de se maintenir dans le métier, accompagné d'une solide base financière, conquise par les projets les plus fous.Néanmoins, certains esprits sont fragiles. Shields est obligé de se mouvoir intelligemment sur le terrain vaseux de la fausse protection, afin de rassurer ses ressources principales de revenus.Les années passent. Shields va mal, sa carrière de producteur est en chute libre, il a besoin de l'aide de certaines personnes trahies pour redécoller.Faut-il se venger de ce personnage au cœur sec, mais qui sans le vouloir a propulsé par une formation musclée des profils adaptés aux métiers réalistes du cinéma?Ce huis clos, ponctué de flash-back où chacun des quatre personnages revanchards relatent leurs relationnels raté avec Shields, est passionnant.Un véritable procès où le rapport de forces s'inverse. Shields n'est plus un dominant, il est devenu dépendant de la faune qu'il n'a pas respectée.Tout cela semble calqué sur le véritable cheminement du comédien de cinéma, qui au début n'est rien, puis se façonne une envergure, suite à l'accumulation de ses déceptions professionnelles."Les ensorcelés" est un très bon film d'éveil sur ce territoire attirant, malgré sa mauvaise réputation de nombreuses vocations.Qu'en est-il aujourd'hui ? Le film est daté il est vrai, par l'image négative de l'industrie de ces grands trusts et enseignes de cette époque obsolète où tout le monde était un kleenex en puissance.
  • L'AUBERGE ROUGE (1951)
    Extrêmement caustique "L'auberge rouge" réunit le temps d'une soirée et d'une nuit, sur un site enfoui sous la neige, un microcosme représentatif d'une société dominée par le bourgeois pédant, le curé tapeur, pique assiette et l'aubergiste assassin. Ce panier de crabes dominé par la rapine, le mépris et le profit, tente d'établir une communication en se servant habilement de leurs limites comme fil rouge.Chaque composant asservi par la table, la collecte de la pièce ou la convoitise de la rivière de diamants, n'en devient que plus méprisable dans des potentiels d'acquisition toujours reportés.Les joutes verbales, malgré leurs agréables mélopées, ne sont que le paravent d'une société en décomposition, malgré la coupe et la propreté de certains habits.Un paraître prétentieux ou faussement humble, partenaire de l'opportunité d'engranger, de philosopher, de rabaisser ou de pulvériser le pâté en croute, en rajoutant le mépris et la moquerie envers celui qui sert ou celui qui prêche.Tout un échantillon bourgeois répugnant se démarque du laborieux, en adoptant dans des ronflements presque animaliers, la configuration de ceux qu'ils méprisent.Drôle, malgré un message humaniste alarmant, "L'auberge rouge" est le calice d'un laboratoire pompeux, primaire, religieusement sophiste dans une manière de pensée hypocrite, sélective et méprisante.
  • LE FLEUVE (1951)
    Le fleuve, opus quasiment inerte, associe habilement le documentaire au romanesque, dans des couleurs flamboyantes, principales étincelles d'une action bien souvent somnolente. Inutile de glaner un dynamisme dont l'oeuvre n'a nullement besoin. Tout n'est que lancinance et lenteur distillées dans un ennui profond, faisant d'un site managé par ses rituels et ses croyances, le contenu d'une seule journée, où tout ne fait que se reproduire à l'identique sous une chaleur accablante.Trois jeunes filles sortent de leur adolescence, en s'éveillant au choix culturel et à l'amour antinomique, envers un pays où un grand blessé de guerre, incapable de positionner son émotif au dessus de son handicap.Un monde enfantin protégé et paisible s'estompe devant le brusque besoin de conquérir et de plaire à un indécis de passage, déconnecté d'une véritable perception émotionnelle, pendant qu'un immense pays écoule ses jours dans son quotidien, son histoire et ses traditions.Un film sublime, sécurisant, apaisant, mais dérangeant par son immobilisme presque hypnotique.
  • LA CHARGE VICTORIEUSE (1951)
    Pour devenir courageux, il faut d'abord avoir peur, en étant dans un premier temps illuminé par un patriotisme bien éloigné du réalisme des combats. Une fois sur site, l'angoisse devient insoutenable et l'on détale comme un lapin devant un enemmi déterminé, grossissant à vue d'oeil.La lâcheté permet bien souvent d'accéder à une méditation interne, permettant de constituer un capital courage au contact des siens, complètement délabrés qui eux ont fait face sans déserter.Il suffit de s'enrober de leurs sacrifices et de leurs confidences, puis de revenir briller dans un état transcendant, là où l'on ne désirait ne plus être."La charge victorieuse" est un film grandiose. Le basculement réussi d'un bipolaire incapable de s'assumer sur un site hyper violent, se mettant temporairement en retrait, pour revenir presque invincible sur un terrain dont il n'a plus peur.
  • LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA (1951)
    L'énergique recadrage final verbal de Klaatu avant son retour vers son étoile, tout en appartenant à une histoire sous l'emprise de la guerre froide, n'en possède pas moins une apparence intemporelle dont chaque époque semble concernée. Un jour ça va mal finir pour nos matricules.A force de convulser en permanence la planète bleue par nos conflits depuis des siècles, nous allons finir par désordonner la tranquillité d'un système planétaire, se contentant de tourner sans histoires autour d'un astre dominant.Nous sommes scrutés, analysés par une intelligence bien supérieure à la nôtre, sur le point de sanctionner nos intolérances.Klaatu l'affirme, dans une détermination sans détours, assistée d'une coopération encore complaisante, n'hésitant pas à compléter dans un calme encore Olympien, des formules Mathématiques stimulantes.Susceptibles de remettre sur pied un bipède pensant, élimé par un profit indélébile mettant en danger l'équilibre de l'univers.En tout cas nous voila prévenus. si nous continuons à régresser, nous allons avoir de la visite.
  • VIVA ZAPATA (1951)
    Je me bats depuis si longtemps que je ne comprends pas la paix. Trente quatre ans de despotisme font sortir un nom du troupeau.La mise en service d'une ressource représentative d’une image locale misérable que l'on manipule intelligemment afin d'en tirer profit.Zapata sanguin et emporté, inexpérimenté et mal entouré se retrouve de plus en plus accablé par sa charge en manageant les substances d’un territoire à son image rotant et hirsute périclitant en permanence dans la soulographie, la manipulation, l'incompétence la lâcheté, la dénonciation et la corruption le tout inséré dans des brasiers virulents ne s’éteignant jamais.Parachuté sur un sol ou les rapports de forces ont peu de chances de s'inverser l’espérance d’un temps nouveau se consume rapidement accablant le mordant d'un esprit prenant conscience qu’il ne pourra rien changer.Les riches restent riches, fuient les combats en se réfugiant couvert de biens sur des terres ensoleillées pendant que le révolutionnaire réduit au rang de fusible s'écroule criblé de balles en ne possédant même pas sur lui le cout d'une bouteille de tequila.L'éternelle fracture sociale exposée dans le très émouvant roman de Jean d’Ormesson Au plaisir de Dieu.Un châtelain fait monter son garde chasse sur les hauteurs de son domaine et lui demande : Que vois-tu ?Je vois des champs et des arbres.Eh bien tout ça est à moi. Maintenant ferme les yeux, que vois-tu ?Rien.Eh bien tout ça est à toi.
  • ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (1951)
    Quelle chance tout en gardant la maitrise de soi de pouvoir contempler le temps d'un songe de fin d'après midi l'apparition d'un félin microcosmique dont l'unique particule se déplaçant d'un endroit à un autre à l'aide d'un tunnel quantique duplique un rictus festif dont l'apparence sécurisante déclenche en parallèle une perception angoissante. Une nouvelle dimension déroulant ses arcanes déstabilisants à une jeune fille réfléchie, entreprenante et déterminée ne lâchant rien dont la curiosité alimentée sans cesse par des images nouvelles ne demande qu'à se répandre davantage tout le long d'une configuration n'offrant qu'une énergie surprenante et dématérialisée.Libre d'incorporer sa mixture incohérente dans l'intégralité de ses délires simultanés bien au delà de notre réalité et de la récurrence de ses concepts.Ce monde n'est pas fou, il est neuf libre de se vautrer dans son désordre permanent.Une aubaine non négligeable de s'assumer tel qu'on le souhaite sans crainte ni honte de se sentir dévalorisé par le verdict intérieur d'une lucidité que l'on ne possède pas.Alice est la pour analyser, apprendre et fusionner tous ses acquis dans toutes ces situations nouvelles ne fonctionnant uniquement que par leurs incohérences.L'unification temporaire et tant convoitée entre un microcosme souterrain déconstruit et un macrocosme terrestre structuré par son éthique.L'infiniment petit et l'infiniment grand. le délire et l'ordonnancement. L'incohérence et son recadrage réunis le temps d'une visite intemporelle.Gremlins et Gizmo sur une même fréquence dans des images décousues n'adoptant aucune logique servant de réflexion initiatrice et intensive à un esprit endormi ayant l'immense privilège de visiter la vacuité transcendante et euphorique de sa conscience.
  • EDOUARD ET CAROLINE (1950)
    "Edouard et Caroline" est une plaisante comédie sur la gestion de deux espaces, l’un infiniment grand, bourgeois pédant et maniéré, l’autre infiniment petit, en désordre permanent, managé par la promiscuité alimentant continuellement la casse, les disputes conjugales et les réconciliations. En ce début des années cinquante, on est possédant ou démuni. La définition de ces deux états complètement à l’opposé détermine la vision d’un intérieur luxueux et garni ou d’un logis en furie constamment sous pression.Le parcours est drôle. Jacques Becker filme brillamment les différences de classes dans un parisianisme partagé par les répits et les combats d’un jeune couple atypique et fauché, perpétuellement en altercations essayant de s’affirmer dans un logis presque microscopique pendant que sur d’autres terres des nantis acerbes et aigris entretiennent leurs vanités par la provocation et le bon mot sur un territoire presque infini.Un très bon constat amusant, jamais vulgaire ni revanchard sur nos deux principaux composants éternels. Une richesse acquise ne nécessitant plus aucun développement opposée à une pauvreté dont les turbulences perpétuelles sont synonymes de vie.
  • MIRACLE À MILAN (1950)
    "Tout se meurt, car il n'y a plus de vrais patrons"Toto naît dans un chou. Recueilli par Lolotta vieille dame lunaire et excentrique, il passe une enfance heureuse en devenant à son contact pur, naïf et joyeux à temps complet. Lolotta disparaît. Toto envoyé dans un orphelinat en ressort quelques années plus tard, paré d’une bonté raffermie à l’image d’un bon vin.A l’extérieur pendant son absence une misère colossale s’est emparée des rues. Le froid et la faim sont les maîtres. L’exclu se loge le long de la voie ferrée dans le baraquement ou la tôle.Au contact de tous ces défavorisés, Toto devient un médiateur et un patron, distribuant à chacun, courage et organisation. Le groupe, grâce à ses conseils et sa bienveillance, reprend des couleurs. Une logistique redémarre, en régénérant une morale disparue.Toto, aimant tout le monde, s’adapte naturellement par le geste et la parole à chaque cas rencontré. Cette déferlante inespérée de douceur génère un site responsable, ayant redécouvert une valeur humaine et un esprit de combat contre la spéculation.Pur chef-d’œuvre "Miracle à Milan" conte magique sur la volonté de survivre et de reconquérir un statut humain ne possède qu’un seul prédicat "L’amour des autres".En voyant l’investissement de ce merveilleux personnage, on assiste au premier acte moral désintéressé de tous les temps.Toto, n’attendant rien en retour, aime spontanément toutes les architectures de son environnement."Miracle à Milan" n’est pas un mélodrame, loin de là, l’humour omniprésent illumine des visages sauvegardés par un optimisme à toute épreuve, au contact de ces situations farfelues et ingérables, subies quotidiennement. La misère en devient presque supportable.A signaler la délicieuse et horripilante scène de la prise de température extérieure qu’un patron caricaturé à l’extrême effectue à l’aide d’un de ses employés.
  • QUAND LA VILLE DORT (1950)
    "Quand la ville dort" est un polar social. Un état des lieux complètement bouché aux espérances les plus élémentaires. Sous des tenues correctes se cachent des gangsters abritant eux-mêmes des hommes en bout de courses, désirant se poser définitivement sur des rêves d’adolescents ou des échéances alimentaires, que l’on peut enfin assouvir dans la continuité.Le dérapage d’un processus d’exécution malhonnête est presque inconvenant, tant cette petite communauté mérite, si le sang n’est pas versé, de s’en sortir et d’égrener enfin des jours heureux, loin d’une panoplie endossée pour survivre.Curieusement ce microcosme de mauvais garçons mécanisés par la machinerie de leur système domine un territoire absent d’honnêtes gens. La ville et ses clairs obscurs offre la nuit tombée de derniers engrenages à des personnages usés par le son monocorde de comportements axés sur les braquages, les trahisons et la peur.A l’intérieur d’un traitement sans surprises se détache un film humain, désespérant sur une condition d’existence forcée, ne reflétant pas le véritable visage d’une espérance de vie oisive, calme et détachée, que l’honnêteté ne peut offrir.Dix Handley couvé par Doll Conovan rêve de ferme et de chevaux. Une récompense finale entrevue en son entier, sans être pénétrée, dans une ultime scène pathétique, laissant victorieux une justice sans âme.Lauriers spéciaux pour Jean Hagen et surtout Sterling Hayden dont les traits usés par le désespoir et la crainte sont presque à anoblir.Un film magnifique sur la décomposition inévitable des rêves, qu'un outil de travail tragique et hyper dangereux ne fait qu'entretenir.
  • LES MINES DU ROI SALOMON (1950)
    Cette vivifiante ballade romanesque dans la savane, permettant de capter tout son contenu animalier pratiquement en un seul regard, prête à sourire. Néanmoins le produit est de qualité en possédant tous les ingrédients nécessaires à une évasion temporaire dans une mise en page captivante et exotique.L'intérêt envers ce parcours de brousse reste constant, sans engendrer la moindre lassitude. Voir Deborah Kerr citadine délocalisée en milieu hostile, en débattre avec une faune soudaine et agressive, est un vrai régal.Les paysages magnifiques traversés représentent un renouveau appréciable pour des esprits tourmentés par un conflit mondial à peine terminé.Tout est mis en œuvre pour se détendre en appréciant des territoires grandioses, soumis à la bête fauve ou aux lois tribales, avec comme conclusion un happy end enrobant l'opus d'une essence chaleureuse.Un très très bon film.
  • LA BEAUTE DU DIABLE (1950)
    "Même le pire des mendiants possède une âme"La beauté du diable est un très bel essai intemporel sur l'impossibilité de découvrir la véritable nature des choses, ceci forçant un esprit éreinté par l'étude, à faire machine arrière en se réfugiant dans une éternelle jeunesse, n'apportant que cupidités et jouissances éphémères. Le mythe est éternel. Une vie se passe à tenter de comprendre le mécanisme de l'univers, pendant que la perversité et la convoitise n'en peuvent plus de sommeiller.L'homme n'est et ne sera jamais autre chose qu'une machine sensitive, toujours prête à consumer les plus belles motivations, qu'elles soient culturelles ou scientifiques.A la moindre tentation tout se fragilise, malgré un mécanisme d'auto-défense dans un premier temps performant, mais condamné à disparaître.Le professeur Faust d’abord réticent se laisse griser par un pouvoir exercé sur des êtres fragiles de tous bords, manipulés comme des marionnettes, divertissant un envoyé du malin insensible et procédurier, déchaîné et irrespectueux, devant une meute versatile et inconsistante.Faust comprend rapidement que ce que l'on désire avidement, ne peut être qu'une poire pour la soif, privée de long terme, gommant la véritable nature d'un individu privé de la découverte de la chose en soi ."La beauté du diable" est un film étonnant, dont le contenu d'une modernité effarante, montre qu'au fil du temps l'homme, tout en tentant de se fabriquer un esprit, reste potentiellement sous l'emprise des plaisirs terrestres et de leurs conséquences.Un opus révélateur sur nos besoins jouissifs, toujours sur le point d'anéantir le plaisir d'apprendre, même si ce que l'on découvre ne reste que subjectif.
  • JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE (1950)
    Seule une même hérédité rapproche un jeune curé de ses nouveaux paroissiens ruraux consommés par l'alcool et la solitude dont certains à peine éclos rêvent de diaboliser la terre par leurs soifs de tout connaître. Se nourrissant mal en buvant du mauvais vin le nouveau curé d'Ambricourt rongé par un mal incurable se débat dans un torchis campagnard mêlant méfiance et suspicion.Le fils pleuré génère cloisonnement et renoncement de la foi pendant que certains troubles de l'adolescence se partage entre la servitude de Marie Madeleine et le vice dévorant de Salomé.Un esprit assailli par ses états d'âmes, élabore dans le mépris et l'austérité un agenda de doutes, d'adultères, de mépris et de haines analysés par une hiérarchie approuvant le manque d'amour que doit subir un homme d'église de la part de paroissiens acceptant difficilement l'aspect monocorde de la parole de Dieu.Sur la fin le Christ est moqué et molesté, itinéraire identique que semble prendre un lointain descendant sur un site abandonné.Ce nouvel envoyé de Dieu instable et trop tendre valorise trop fortement la pureté de son ministère, omettant de comptabiliser les nouvelles exigences d'une génération montante lassée de subir continuellement un enfermement religieux.Les lacunes d'un homme d'église uniquement guidé par la conquête de la grâce au détriment des besoins d'une jeunesse avide de vivre intensément le bien comme le mal dans un monde palpable.
  • MONSIEUR JOE (1949)
    Joe, gorille recueilli en Afrique, à la naissance, par une adorable petite fille, sait se montrer reconnaissant et protecteur envers sa bienfaitrice. Le monstre rugit toujours aussi fort, mais ne tue plus. Certes, il ne faut pas trop le titiller sous peine de tutoyer les nuages, mais le provocateur retombe toujours sur ses pattes, grâce à un management efficace opéré sur un primate aux ordres.Cette adorable petite perle rare, sans prétention, dénonçant les méfaits et les profits de l'homme urbain, dévalisant un continent de sa faune animalière, afin de monter des spectacles, permet de découvrir à condition d’être vigilant sur un générique défilant à son rythme, le nom de l’homme qui a vu quatre vingt dix neuf fois King Kong, Ray Harryhausen mentionné comme premier technicien.Le futur concepteur des effets spéciaux de Jason et les Argonautes fait ses classes sur cette œuvrette pleine de charme, possédant une morale digne d’un bar tabac.Les trucages de plus en plus élaborés permettent d’investir davantage un esprit dans une crédibilité que la technologie de la fin des années quarante hisse lentement vers une perfection encore lointaine.Malgré ces lacunes, le traitement est énergique, captivant. Les apparitions du grand singe sont impressionnantes et de conceptions plus que correctes.Peu importe les quelques défauts de cet opus, une scène magnifique éradique d’un seul jet toutes les imperfections d’un travail, qu’un imaginatif tolérant et soutenu maintient sur les hauteurs.La belle protégée jouant du piano, portée à bout de bras par son doudou africain, est à couper le souffle. La scène finale de l'incendie colorisée en rouge est également à ne pas rater.
  • ORPHEE (1949)
    "Il ne faut pas chercher à comprendre, il faut croire"De l'autre côté du miroir tout n'est que ruines et lenteurs. La progression dans l'autre monde à la recherche de l'être aimée s'avère interminable au contact d'un paysage désolé, foulé en compagnie d'une âme saturée par un décor constamment visité.Un poète en manque d'inspiration se retrouve happé par un au-delà carbonisé, sans chaleur, sombre et méthodique au service de la mort.Ses terres sont annoncées par la fluidité d'un miroir et des messages codés aussi troublants qu'incompréhensibles.Orphée est un opus interrogatif sur les conséquences négatives d'un mal de vivre s'emparant d'un esprit méprisant et détaché des choses terrestres, soudainement attiré par le royaume des ombres.Une œuvre visionnaire presque traumatisante sur notre dernière demeure où tout n'est que lamentations et tristesses.
  • SAMSON ET DALILA (1949)
    Equilibré entre ses scènes guerrières et intimistes, "Samson et Dalida" péplum hautement chatoyant, étale ses différences entre conflits et sensualités dans d'agréables parfums contradictoires, laissant chaque concept dynamique ou sentimental s'exprimer dans ses plus belles parures. En salon ou sur le pré, l'opus abonde de générosité contemplative, distribuant intelligemment en fonction de sa virulence ou de son accalmie, corps à corps conséquents, colonnes gigantesques, cuirasses rutilantes et étoffes somptueuses, donnant par leurs prestances de belles luminosités au conflit ou au banquet.Il s'agit d'en mettre plein la vue et ça marche malgré quelques pauses larmoyantes presque astronomiques, permettant à une action trop absente de se faire désirer.Un cinéma obsolète, spectaculaire, massif et opulent, se noyant dans l'ivresse de décors tutoyant la démesure d'"Intolérance".
  • LA CORDE (1948)
    Une partie d'échecs entre deux jeunes étudiants et un professeur astucieux ayant nourri volontairement leur écoute sur l’élaboration d'un meurtre parfait pour mieux le démanteler le moment venu. Cobayes endimanchés passant à l’acte sans soupçonner un seul instant qu’ils ne sont que les ressources d’un plan machiavélique dont le chef d'orchestre n’est qu’un enseignant impétueux avide de démontrer en public qu’il possède encore une puissance intuitive. Une expérience programmée dans le temps renforçant la dominance d'un maitre de jeu astucieux disposant ses cartes maitresses dans une logique presque machiavélique.
  • JOUR DE FETE (1948)
    "Jour de fête" est plus un divertissement concept, qu’un produit standard structuré. Calée de fond en comble sur l’arrivée et le départ d’une fête foraine dans un petit village, cette très agréable comédie arrive fort à propos afin de relancer sur un territoire en berne, rires et mouvements.Après toutes ces années de conflit, tout est à réapprendre. Le facteur s’en charge, dans d’hilarantes scènes de solidarités, offertes à la volée, en état second.Les gestes précipités de François, influencé par un documentaire novateur, annonce les chamboulements que va subir dans son fonctionnement une manière de faire ancestrale, gommée par une nouvelle production, uniquement basée sur la rentabilité.Pour l’instant, ce dynamisme complètement décalé amuse un public, ayant besoin de se recadrer dans la nervosité d’une mobilité perdue.Cette tournée à l’américaine, testée en France profonde, tout en étant révélatrice d’un changement de perceptions et d’exécutions de taches professionnelles, démontre déjà une dépendance envers nos libérateurs et leurs modes de vies.Une terre, menacée par la désertification, vit ses dernières années de ruralité, par l’oisiveté et la fête, tout en basculant lentement vers des fonctions automatisées, qu’il faudra avec le temps exécutées en ville.L’œuvre est guillerette, champêtre, drôle, à condition d’être un adepte des péripéties de ce lunaire d’école, à la diction approximative.Une heure quinze de délire, dans le plus beau des endroits, où l'homme, son vélo et la nature ne font qu'un.Le départ de la fête, tout en rassurant les enfants, par son retour cyclique, ne laisse planer aucun doute sur le destin de ces terres, de plus en plus pénalisées par leurs immobilismes.
  • LE VOLEUR DE BICYCLETTE (1948)
    Porte-drapeau du néo-réalisme italien, ce film culte, emblème d’un pays dévasté, brisé par une guerre tout juste achevée, montre admirablement la terrible humiliation d’un homme, ne pouvant assumer normalement son rôle de chef de famille et de père, envers un enfant lucide du désastre de son temps, tout en étant protégé par un imaginatif enfantin. Bruno, en pleine croissance, se construit avec force et courage, une dimension digne de temps futurs plus qu’incertains. Que se soit dans son déroulement ou dans son message final, "Le voleur de bicyclette" ne laisse que peu d’espoir d’amélioration.Le constat social, de la fin de ces années quarante, est plus que navrant. Plus rien dans les assiettes, les draps sont au mont-de-piété, une seule paire de chaussures et l'eau à des kilomètres.Propreté, dignité et respect se sont évaporés, comme cette bicyclette indispensable pour gagner quelques lires, suffisant à peine à se maintenir à flots.L’opus est pathétique, plus que tragique. Il se consulte au bord des larmes tant l’enfance est sabordée, affamée et en guenilles.Le père est bon, doux et à l’écoute. Un miracle dans un tel contexte.Cet abattage de kilomètres, ne servant à rien, dans une ville en pleine reconstruction, où chacun lutte pour manger, possède une force fraternelle, se concluant par le regard porteur d’un enfant encourageant un père à tenir, dans un dernier plan, qui sans pour autant être optimiste, incite à regarder de l’avant.Un film admirable, blindé d’injustices, se regardant la gorge nouée. Un pays pansant ses plaies ne reconnait plus les siens.
  • LES AMANTS DE LA NUIT (1948)
    "Ce garçon et cette fille sont étrangers au monde ou nous vivons, voici leur histoire". La bande et ses contraintes font de Bowie et de Keechie encore adolescents des ressources partagées entre la résignation de subir une époque complètement bouchée, n’offrant que l’opportunité de la rapine et le désir de vivre en parallèle les expériences de leurs âges, une passion amoureuse un peu naïve, dont l’un comme l’autre ignore le processus.Road movie exemplaire "les amants de la nuit" conte merveilleusement les quelques heures de libertés sensuelles que découvrent un couple presque enfantin, dans une cavale toujours recadrée sur l’obligation du devoir malhonnête.Vivre ses vingt ans, dans un contexte économique déplorable, entraine deux paumés en cavale sur des routes bordées de situations absurdes.On se marie en cinq minutes pour vingt cinq dollars, avec la meute aux trousses, après avoir tâtonné dans un car les pleurs d’une progéniture que l’on accepte comme un éventuel avenir.Rires d’adolescents dans une voiture cabossée, filmée de haut, font monter en puissance une conclusion tragique, éjectant une nouvelle fois une génération montante tourmentée et inexpérimentée d’une normalisation simple et durable, faisant d’elle par la force des choses des portes flingues improvisés.Nicholas Ray, pour sa première œuvre, adouci le schéma traditionnel du film de gangsters pour ne montrer que le trajet d’un couple culte, emblème d’une démolition sociale dont les espérances sont pulvérisées par la rudesse de modèles brutaux.Dans un tel temps, impossible de se construire. Il ne reste plus qu’à jouer les jeux de l’amour jusqu'à l’échéance finale, dans une fuite se grisant de situations sentimentales éphémères.
  • LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE (1948)
    La résurrection de l'enfant reste l'unique morceau de sensibilité de cette aventure hirsute et poussiéreuse, exécutée par des personnages violents et incontrôlables d’abord solidaires, puis s'épiant les uns les autres sur un sol torturé, au même titre que leurs visages déformés par la faim et l'avidité. Ces collines mexicaines dénudées sont le dernier jardin de quelques miséreux en bout de courses, grisés par une prospection de l'or bien incertaine, dont les efforts considérables développés en commun contre une nature imprévisible et des congénères sans foi ni loi ne sont qu'un pale rayon de soleil, au milieu d'une méfiance ininterrompue.Les raisonnements logiques s'éteignent lentement, en laissant leurs places à la paranoïa.Un rôle magnifique pour Humphrey Bogart dans un premier temps misérable, combatif et encore propre, sombrant sans espoir, suite à un mauvais choix dans le doute, le délabrement cérébral, la crasse et la folie.
  • LE NARCISSE NOIR (1947)
    Certaines images de cet opus sensuel et procédurier sont d'un esthétisme magnifique. Des couleurs grandioses sur un site isolé, froid et venteux, domicile temporaire de toute une évacuation sensorielle impossible à comprimer, malgré la parole donnée.Être religieuse et investie ne peut empêcher un esprit d'endormir un sensitif virulent.L'isolement et l'attrait de la mission s'évapore vite devant un besoin d'exister, basé sur la dominance, la jalousie, la volupté et la convoitise.Un film étrange et surprenant sur la solitude, mère d'un désir menant vers la folie ou la réminiscence des souvenirs des esprits privés d'indépendances pensives.Le rejet ou l'énorme difficulté de porter un uniforme d'éthique consumant par ses contraintes toutes les passions interdites.
  • DUEL AU SOLEIL (1946)
    Un sénateur, patriarche aigri et revanchard, ventile ses humeurs sur une épouse soumise et effacée. Chacun d'eux charge et contre les assauts en fonction de la psychologie de chacun de leurs deux fils. Violence et emportement, contre calme et mesure, se combattent du matin au soir. Le tout sur fond de chevaux galopant sur les collines et dans la plaine.Les psychologies bibliques de Jacob (Jesse) et d'Esau (Lewt) sont restaurées sur fond de western et de chemin de fer en construction.L'un est conçu pour la tente et l'administration du domaine, l'autre pour l'immaturité et les chevauchées fantastiques, avec comme admiratrice, en alternance, une sauvageonne indécise, entre la sédentarité d'une maîtresse de maison et l'attrait d'une instabilité héréditaire pulsionnelle.Un trophée potentiel domestique pour Jesse se mesure à un produit d'assouvissement temporaire pour Lewt.De majestueux levers de soleil rouge sang annonce la fin logique et tragique d'un gène déplorable menant une jolie métisse recueillie vers un ultime rendez-vous.Un dernier face face sublime, loin de tout sous un astre brulant que l'on subit, blessé et meurtri. La fusion dans une lucidité soudaine de deux amants apaisés, donnant à un site de pierre le rang de sanctuaire."Duel au soleil" possède pour l'éternité la conclusion la plus flamboyante du septième art. Un combat final violent et passionnel. Une détermination féminine hors du commun, rampant dans la poussière. Un éclair démoniaque visant un amour impossible qu'il faut punir, en se punissant soi-même.
  • LAME DE FOND (1946)
    "Michel, Michel"Il y a par moments dans "Undercurren"t l’empreinte de "Rebecca" et de "Soupçons" d’Alfred Hitchcock. Une présence invisible et mystérieuse plane sur les jeunes années d’un couple. Une femme, tout en idolâtrant un mari, se pose de plus en plus de questions à son sujet.Un souvenir de famille particulièrement néfaste prend racine en squattant le bon équilibre d’une union dont l’un des maillons, après une difficile adaptation envers un milieu inconnu, tente de comprendre et surtout de repositionner l’esprit d’un mari soi-disant perturbé.Quel est donc ce frère mystérieux dont l’empreinte démolit à distance la stabilité d’un jeune ménage?"Undercurrent" œuvre d’emprise, d’investigation, de mystère et d’atmosphère, s’avère particulièrement réussie. Par l’intermédiaire d’un poème et d’un leitmotiv classique langoureux, une femme se sent irrésistiblement attirée par un personnage qu’elle va tenter de matérialiser en débroussaillant des zones énigmatiques, antérieures à son apparition.L’épilogue, à l’inverse d’une mauvaise piste de départ, apporte une note finale surprenante. Le face à face fraternel montre un seul être fragmenté par la vengeance et l’arrivisme, pendant qu’une femme lutte pour ne pas tomber amoureuse d’une obsession.Encore un rôle en or pour le ténébreux Robert Taylor, dont le visage s’assombrit de plus en plus au fil de l’action.Vincente Minnelli filme une analyse freudienne passionnante, sans être dans l’ombre d’œuvres parallèles que le maître du suspense tournait à la même époque.Un metteur en scène ingénieux filme avec expérience les noirceurs de l’âme.Le bon, c’est certainement celui qui apparaît à la fin.Au fait "Aimez-vous Brahms" ?
  • LA VIE EST BELLE (1946)
    Plein de projets, Georges Bailey s’apprête à visiter le monde, sans s’apercevoir que tout ce qu’il désire connaître, existe déjà localement. Une amitié profonde est à savourer à deux pas, grâce à l’immense bonheur de contempler les transformations dans le temps d’une faune accompagnatrice.Du policier au chauffeur de taxi, en passant par le pharmacien et le premier et unique amour, tout pousse en même temps que soi dans un univers où les comportements évoluent en même temps que les morphologies.Ici le malheur est le bienvenu, car il déclenche une solidarité à toutes épreuves, appuyée par des analyses célestes démontrant que chaque vie est indispensable.Le refus d’exister carbonise des schémas de vies. L’absence est terrible et ne dois pas être. D’une manière ou d’une autre, faire ses bagages ne sert à rien, il suffit d’avoir la force de se fondre dans un environnement où tout ce qui vous entoure, se répète en réclamant votre soutien.Ici, voir les mêmes visages chaque jour, est un gage d’équilibre.Ensemble, il faut vivre et lutter afin d’empêcher le déploiement d’une ville perdue, avec comme apothéose finale la concentration d’un magma gigantesque d’amis de toujours venus spontanément vous sortir du bourbier."La vie est belle" est une œuvre magistrale, un constant rappel à l’ordre de tout ce que nous ne savons plus ou ne pas faire, regarder les autres au plus près, en sacrifiant toutes envies de briller hors de ses terres.L’indifférence est à des lieues de ce travail hors du temps, consistant à reformater, à l’aide d’un groupe sédentaire, un esprit à terre.Le contenu offre une démolition sans pitié, contrée par un panorama solidaire somptueux. Les prières montent au ciel, le cas Bailey étudié, émeut des ressources contemplatives, se décidant enfin à intervenir.Sur la terre comme au ciel, un plan d’urgence se met en marche.L’homme bon est béni des Dieux et des siens, dans un contexte de vie répétitif qu’il a su percevoir comme le parcours d’une existence entière entourée de ceux que l’on voit grandir et vieillir, le tout n’étant finalement que soi-même.
  • LES PORTES DE LA NUIT (1946)
    "Je suis le destin je vais, je viens c’est tout". Entre collabos, exploiteurs du peuple, travailleurs laborieux, existentialistes et résignés, "Les portes de la nuit" pansent les plaies d’un Paris d’après-guerre, imprégné localement d’une peur de l’autre et d’un fantastique décalé, répandu par un prédicateur insensible, omniprésent, tentant de relancer la machine des sentiments, en imposant à une faune en perte de repères, propos soudains et inquiétants.Les cibles sont dévisagées, approchées, effleurées. Les destinées sont distribuées dans les bars, sous le métro, dans les restaurants, par un prophète au regard vague, articulé par la parole divine.Les prédictions, bien souvent dramatiques, parsemant le trajet de ces oisifs en mal de vivre, alors que tout est à reconstruire, sont brutales et sans sommations.Préalablement conçu pour Marlène Dietrich, à laquelle Nathalie Nattier ressemble étonnamment et Jean Gabin, "Les portes de la nuit", magnifique danse sensitive entre des pantins articulés par un maître de jeu prophétique, débitant un verbe ne semblant pas être perçu, reste globalement accablant d’ennui.Le climat irréel, pessimiste et sombre, cher au cinéaste, s’exécute dans un parcours lancinant, faisant lentement abaisser les paupières. Cet opus déprimant s’aligne sur une manière de faire personnelle, mettant en valeur les destinées tragiques de personnages accablés de négatifs, dans un environnement ne faisant qu’encourager les débordements.Bavard, constellé de scènes inutiles "Les portes de la nuit" ne sont pas la bonne adresse pour quérir joies et bonne humeur. Tout n’est qu’une respiration humaine effondrée par la néantisation d’entreprendre.L’instable et le larmoiement ont pignon sur rues, dans un avenir imposé par le destin, que l’homme en plein désastre ne peut envisager par lui-même. Les feuilles mortes, ce sont ces êtres improductifs, rongés par leurs fatalismes.Mention spéciale dans ce petit naufrage, à Jean Vilar, le destin qui par son regard halluciné rappelle l’extra-terrestre Robert le Vigan.
  • ANTOINE ET ANTOINETTE (1946)
    "Tu t'es trompé de billet, tu t'es trompé de billet"La promiscuité peut avoir du bon. Elle permet sous des toits parisiens atteint sans ascenseur par une chaleur torride ou sous un froid glacial, de fournir tout le long d'une année, dans une communication spontanée, un climat constant et chaleureux. Les portes toujours ouvertes accueillent sans sourciller un tout venant souriant et taquin, n'ayant aucun horaire pour apparaître.Un petit monde ouvrier exclu, méprisé ou convoité par le nanti, tourne autour de lui-même par sa fraicheur et son naturel, malgré un confort inexistant et de maigres repas.En ces années d'après-guerre deux salaires ne suffisent pas pour manger à sa faim. Tout n'est que rêve et privation.Il n'y a qu'un seul remède pour que rien ne s'effondre, aimer et ne voir que l'autre, dans un vide matériel permanent, en espérant un monde meilleur.Il est bien mérité ce dixième de la loterie nationale permettant à ce jeune couple soudé et combattif, ciblé au hasard par la bonne fortune, de basculer de l'autre côté, tout en conservant son aspect juvénile.Une conclusion heureuse, dans un film générationnel, privant une catégorie considérée comme laborieuse, d'un avenir radieux.
  • LA BELLE ET LA BÊTE (1946)
    "Belle voulez-vous être ma femme ? ". Cette requête irréalisable exigée par une créature autoritaire et repoussante, se métamorphose temporellement dans la morphologie d'un singe amoureux ou la cuirasse d'un envahisseur sans scrupules.La belle refusant une union atypique engendrée par la force se réfugie momentanément dans le rêve en se laissant emporter tout le long de la découverte d'un site lugubre et endormi dont les rares manifestations sont des yeux aux visages de pierres et aux narines enfumées ou bien les caresses insensibles de quelques rideaux gonflés par des vents surnaturels.La bête sans esprit, rude et maladroite carbonisée par sa solitude exige un impossible amour que la belle malgré sa compatissante ne peut assouvir.Tout en respectant le diktat imposé par un occupant, un cinéaste courageux délivre en catimini un message d'espoir régénérant secrètement grâce à une poésie libre et intemporelle une population éteinte sachant décoder toutes ces images surréalistes.Reprenez-vous, rugissez.En ces termes la belle s'adresse à Marianne sur le flanc miroir d'une bête à l'agonie dont la résistance sera l'ingrédient principal de sa future délivrance.
  • LE POISON (1945)
    Jamais une auto destruction ne fut aussi admirablement filmée que dans cet opus pathétique absorbant dans le néant un romancier raté, mal rasé, hirsute, violent et alcoolique partenaire indélébile d’un vice côtoyé quotidiennement dans un état second alternant le temps d'un week-end effondrement et lucidité précaire. Privé de motivation existentielle et d’inspiration littéraire Don Birnam abonde d’ingéniosité et de sournoiserie afin d’assurer la longévité d’une association destructrice le menant au dernier degré avant enfin de rebondir dans un ultime sursaut.Les origines du mal sont inconnues. Dans une mégapole indifférente, les premières images dévoilent dans un leitmotiv crispant l’environnement d’une loque durement touchée ne percevant plus un encadrement chaleureux.La remarquable scène de la crise de délirium, de l’errance citadine en quête d’une bouteille introuvable et de la prise de conscience finale déterminant un renouveau suite au soutien et à l’endurance d’un environnement à l’écoute font de ce film magnifique et poignant un ensemble hallucinant de décrépitudes et de compréhensions.Une dépendance désespérée envers un faux ami déterminant une trajectoire infernale stoppée avant l’impact final par un dévouement à toutes épreuves et un esprit enfin retrouvé.Un chef-d’œuvre.
  • LA BATAILLE DU RAIL (1945)
    "La bataille du rail" image d'une résistance surgonflée frisant par moments la caricature, dévoile dans un parcours documento-fictionnel fascinant l’héroïsme inconditionnel d'un microcosme hyper motivé luttant toutes griffes dehors contre un occupant montré comme un airain vociférant et bestial. Sans pour cela refléter une réalité certainement beaucoup moins épique, cet opus possède le mérite de dévoiler des énergies certes romancées mais poussées à leurs maximums par un groupe de travail solidaire et déterminé.L'ensemble s'absorbe comme un spectacle de qualité qu'il faut surtout ne pas mettre en relation avec une propagande embusquée semblant indispensable afin d'éclairer d'une manière somptueuse une partie méconnue de la résistance française.Tout en demeurant des comportements virtuels, ces héros courageux s'imprègnent remarquablement dans le contexte historique de leur époque. Ils pensent, bougent, développent de la matière sur des sites dangereux où la vie peut s'arrêter à tout moment.Certains sacrifices pathétiques habillent ce rendu exemplaire d'un lyrisme presque insoutenable. Épaulés par quelques cadrages intelligents l’œuvre délivre une essence volontaire et soutenue tout le long d'un trajet sans failles ni essoufflements.René Clément filme un patriotisme flamboyant, une fusion temporaire magnifique unissant des individus presque transcendés, prêts à tous pour restaurer leur pays d'une liberté absente."La bataille du rail" est une brillante actualité reconstituée, dont l'atout principal reste l'action dans une démonstration remarquablement calibrée mettant en lumière des comportements fraternels que nos années de paix ont endormis.Ici c'est un pour tous et tous pour un.
  • LA RUE ROUGE (1945)
    Tout juste précédé de "Double Indemnity" de Billy Wilder et préparant la venue d'"Angel face" d'Otto Preminger "Scarlet street", remake de "La chienne" de Jean Renoir, respecte son modèle au plus près, dans une étude de cas assez réussie sur la machination et son acceptation de la part d'un personnage médiocre et naïf, perdant toute lucidité devant une créature sublime, mais vénale, masquant à peine ses pôles d’intérêts malhonnêtes, dans un cynisme non perçu par un individu insignifiant, persuadé d'avoir été ciblé rien que pour lui-même. A la différence des physiques plus aboutis de Fred Mac Murray et de Robert Mitchum, Edward G Robinson détient une morphologie ingrate et de petite taille. Un constat devant suffire à un personnage ne répondant pas à des critères d'attirances, à rester conscient, en refusant de valider ce qui ne peut être.Et pourtant il n'en est rien, l'homme, dans un sursaut prétentieux et revanchard plonge, corps et âme dans ce qui va le détruire, en le poussant au crime et à la déchéance, suite à la découverte de son infortune."Scarlet street" restitue parfaitement un mécanisme implacable de destruction, dans un jeu dont les règles fusionnent une perversité à peine voilée, rejetée volontairement ou non par un personnage anodin, aveuglé par sa passion.Ceci répond à un des courants cinématographiques américains de ces années quarante, consistant à montrer la femme autonome ou sous influence, comme une machine de guerre sans pitié, fondant sur une proie représentant l'objectif à atteindre.
  • LES ENFANTS DU PARADIS (1944)
    "Je suis libre, tant mieux, j’aime la liberté"Ces paroles de Garance, égrenées sur le boulevard du crime, s’adaptent merveilleusement à l’esprit de ces "enfants du paradis" vociférant sur les hauteurs d’un théâtre, laissant voguer leurs sensibilités non structurés dans des rencontres où chacun exécute une parade d’amour, sans investissement durable. Tous ces écorchés vifs sont des marginaux talentueux, combattants démesurés pour certains, contemplatifs pour d’autres, ils s’adonnent à la prose, se libère sur scène par la pantomime, inadaptés à la normalité, ils s’extériorisent par l’extravagance et la mélancolie.Les rencontres nocturnes imposées par leur marginalité rapprochent par le verbe tous ces personnages si différents, qui le temps d’un positionnement de taverne, se neutralisent par un regard respectueux envers leurs différences.Les procédures égoïstes s’émiettent, les cœurs frigides s’éveillent à des sentiments inconnus, on flirte avec des définitions nouvelles, l’orgueil véhicule principal s’estompe, un respect soudain envers la collectivité prend vie.La combinatoire universelle associe dans une même aubade : le destin, la protection, le voyou, le rêveur, l’arriviste, l’insouciante, l’amour.Chacun défend son architecture interne, par une rhétorique adaptée à sa survie, en baissant peu à peu sa garde le temps de quelques théories.Garance est merveilleusement soumise à la contingence, ce qui sera, est attendu sans crainte et avec impatience. Frédéric Lemaître se définit par cette sublime réplique : "Mon état normal ? Connais pas".Baptiste se débat entre ses devoirs moraux et une folle envie de sombrer dans cet océan insouciant des lois de l’incontenance et de l’irrespectabilité que représente cette petite femme au sourire dévoré par une plainte interne, répétitive et intense.Nathalie représente la sagesse, un immense combat afin de faire triompher son seul amour potentiel et véritable. Lacenaire brille d'arrogance dans ses exposés sur son principal carburant: l'orgueil.Tout ce petit monde aigri, ayant condamné la société, souffre du même mal. Le manque d’affection. L’approche du monde est sévère, pas d’attaches, se servir goulûment de chaque opportunité, le bonheur n’est pas personnel, il est massif et n’est visible que par les comportements de ces grappes humaines déambulant sur le boulevard du crime. La masse incrémente la joie. L’individualité des esprits est torturé par le besoin de détruire constamment cette force compacte, soudée par le plaisir de la rue."Les enfants du paradis" est un clair obscur de références, ces libertés sont fausses, elles appellent de toutes leurs forces la normalisation qui, elle seule, mettra fin à ces dérives, les protagonistes s’épuisent dans ces nouvelles lois qui ne mettent en valeur qu’eux-mêmes.Les dialogues de Jacques Prévert sont extrêmement pessimistes, tout le monde s’affronte par des propos en chute libre sur leur environnement, au delà du réalisme le plus prononcé, "Les enfants du paradis", par ses textes, révèle un concept où les personnages surnagent dans une béatitude dramatique, un état léthargique euphorique, entretenu par un refus de s’abandonner à une éventuelle confiance.La différence s'impose en refusant de se soumettre à la loi de la normalisation.
  • HANTISE (1944)
    Une ombre menaçante passe d’une fenêtre à l’autre, scrutée par une aide précieuse, dans un brouillard pesant. Paula simultanément rassurée et laminée en temps réel, par un double regard tendre et fauve, glisse irrémédiablement vers la folie.L’environnement d’un cocon stable et bourgeois se transforme peu à peu en un gite menaçant, constitué d’images vacillantes et de pas répétés que l’on est seule à voir et à entendre.Tout un environnement néfaste s’appuie sur la puissance de l’auto persuasion. Des yeux flamboyants de pitié et de haine entraînent lentement un agneau vers la logistique de l’asile. Le conjoint est froid, mécanique, persuasif en se servant habilement d’éléments domestiques soumis, devenus subitement de redoutables armes de déstabilisation.Le syndrome du marteau, martyrisant un métal soumis à l’enclume, se déchaine dans des pièces où la lumière croit et décroit en fonction de la pression.L’œuvre tutoie les anges de l’angoisse et de l’oppression dans un chantier de démolition tournant à plein régime, entre mobiliers et bibelots. Le contenu d’une maison ordonnée se déforme dans des images défiant une rationalité réduite en cendres, par des coups de massues assénés sans états d’âme, sur une victime acceptant sans combattre ses fausses dérives."Gaslight", must du harcèlement moral en clair obscur, applique les procédures d’un travail de sape palliatif, lent, démoniaque s’acharnant sur une proie piégée par les attraits d’une apparence, masquant la rigidité d’un être presque inanimé.Une œuvre d’atmosphère sans pareille, tenaillante, époustouflante, reconstituant dans les salons un des principes de l’univers. Une dominance planétaire envers un astre qu’il faut adorer et subir en parallèle.
  • LE CORBEAU (1943)
    Y a-t-il une frontière entre le bien et le mal ? Dans une ampoule lancée manuellement, se balançant de gauche à droite, où est l’ombre, où est la lumière ? Si une main tente de stopper ce mouvement, semblant éternel, une douleur instantanée libère la main de l’ampoule en redonnant vigueur à ce Ying Yang sombre et lumineux.Un climat particulier déclenche haines et dénonciations collectives, semant désordres et vengeances, dans un contexte préalablement trop passif. Soudainement activé par un mécanisme invisible, un microcosme épargné implose de l’intérieur, en déroulant inexorablement une implacable théorie des dominos.Considéré comme anti-français, avec un résidu boulevardier, "Le corbeau" est avant tout un laboratoire expérimental contenant dans son noyau une machine nauséabonde, suspicieuse et délatrice, prête à l’emploi.Le polar sert une fois de plus de cache-misère à un cinéma ayant momentanément perdu, dans un contexte particulier, une liberté d’expression. "Le corbeau", tout en paraissant déconnecté d’un climat historique, imposant œillères et silences, saupoudre quelques messages.L’œuvre est initiatrice, un maître de jeu démontre, par quelques missives bien pendues, la fragilité psychologique de ses concitoyens.Le cinéma françai, en ces années d’occupation, effectue par des scénarii répétitifs, une lessive interne montrant des habitants désemparés, désunis, broyés par un logiciel démoniaque lancé sur un marché déserté rapidement par la résistance et la bravoure."Le corbeau" n’échappe pas à la règle, une bourgade s’autodétruit en refusant la cohésion contre une pestilence initiatique. "Le corbeau" est l'ampoule délivrant la lumière ténébreuse d'âmes inconsistantes.Tous ces esprits, brusquement perturbés, se déchirent au lieu de lutter solidairement contre un appareil destructeur. Il n’en faut pas plus pour établir un état des lieux lâche et dénué d'un esprit de groupe.Le peuple France juge négativement certains de ses comportements en images, ceci par l'intermédiaire de ses propres enfants, voila de la manne pour un occupant n’ayant pas d’appréciation à opérer sur les comportements en interne d’un pays conquis."Le corbeau" possède un esprit auto immolateur, offert à un maître éphémère. Un point de l’hexagone livre un huis clos sordide, une citoyenneté lâche, divisée au premier soubresaut.Le professeur Vorzet explique admirablement l’impossibilité de fractionner ombres et lumières dans une figure décente, préférant favoriser le symbole éternel de l’incertitude, celui-ci devenant une procédure existentielle. Le docteur Rémi Germain entamé se met à douter."Le corbeau" délivre sur une dernière bombe écrite, inachevée, une alchimie associant le mot sentence dans un transfert épiloguant une remise à niveau en commun.Une double main achève l’épidémie. Celle d'un vengeur et d'un repu."La punition est levée"Le cours est terminé.
  • LE CIEL EST À VOUS (1943)
    Un naturel sensitif féminin est récupéré par une virilité masculine. La machine volante offre une voie de sortie à la pire des scléroses, l’ennui existentiel d’un couple combattu et vaincu par les attraits du ciel. Le mari, entre azur bleuté et terre contraignante, laisse sa femme se ronger les sangs sur le plancher des vaches. Suite à une révélation, le concept, tout en restant identique, s’inverse, le mari cloué au sol fait connaissance à son tour avec les affres de l’inquiétude, pendant que Madame s’offre un intérêt et une indépendance dans les airs.Le couple Gauthier éteint par une petite vie, se dynamise à tour de rôle, en craignant pour la vie de l’autre."Le ciel est à vous" est avant tout le cadeau offert à une mère éjectée de ses fourneaux, ayant la possibilité de vivre une passion découverte, suite à une illumination. Une femme en bleu de travail, rivée aux manettes dans les airs, apprend la ténacité et l’ambition menant vers l’élaboration d’une identité teintée d’égoïsme, surtout envers une progéniture, rêvant également d’une autre vie, mais dans une autre discipline.On pense que pour soi, en délaissant les devoirs ménagers et les besoins de ceux que l’on distingue de moins en moins. Un mécanisme d’autodétermination s’établit sur un monceau de préjugés et de contraintes. Les incertitudes d’un vol sont plus salutaires qu’une vie familiale sans surprises.Thérèse Gauthier redécouvre ce que d’autres ont offertes à la résignation, une peur et une inconscience livrée à une mécanique incertaine, mais garante de sensations, un contexte d’homme, conquis brillamment par une femme ne subissant plus de choix imposés par la distribution des rôles dans la société.Pierre Gauthier devient féminin, cloisonné dans un espace réduit, harcelé de reproches, rongé par l’anxiété, un transfert logique, suite à l’acquisition d’un nouveau statut sédentaire.La mère n’est plus là, elle est dans les nuages et porte le nom de femme.
  • JEUX DANGEREUX (1942)
    Adolf Hitler dans les rues de Varsovie au mois d’Août 1939, on croit rêver alors que la guerre n’est pas encore déclarée. "Jeux dangereux" tourné en 1942 valorise l’effort de guerre des métiers du spectacle. Ernst Lubitsch s’y colle sur le fil du rasoir entre drame et comédie. La récupération parodique d’une situation locale désespérée responsabilise la résistance plus ou moins théâtrale d’un peuple conquis dont la moindre habitation est au ras des pâquerettes."Jeux Dangereux" n’est pas un film de propagande ou d’investissement forcé envers une participation plus ou moins exigée en fonction d’un rapport avec un contexte historique guerrier catastrophique, mais une œuvre de solidarité entre sourires et larmes offrant la possibilité à des techniciens de l’image de s’exprimer par une ironie évitant une sinistre neutralité.Malgré quelques escapades comiques, l’œuvre reste grave en montrant la lutte parfois euphorique et farfelue d’un peuple brisé désirant retrouver sa liberté. Quelques frivolités ne s’exécutant envers l’occupant que pour le bien d’une nation.Ernst Lubitsch a le mérite d’offrir à des contemporains tendus la possibilité de dérider par certains détachements comiques des visages extrêmement préoccupés par les évènements.Charlie Chaplin préférant en rire avait choisi la même piste avec "Le dictateur" permettant à un peuple reclus de muscler sa force envers une domination par le courage et la dérision.Le pouvoir des images ayant pignon sur rues, il est possible de manipuler l’histoire, d’en changer le cours, de ridiculiser des pouvoirs destructeurs et de faire triompher la justice dans une pseudo bonne humeur entretenant les principes d’un réalisateur aux messages festifs mais toujours responsabilisés.
  • LES AMANTS DIABOLIQUES (1942)
    Une braise nommée érotisme et sensualité se consume à l’intérieur de volets clos, pendant qu’un mari abject est à la pèche ou à la ville. Un couple formaté par les sens s’adonne au plaisir, afin d’oublier la conquête des êtres et des choses par une misère déchaînée. Dans de telles conditions, il ne reste plus qu’une perversité libérée, consommatrices de baisers volés, de corps caressés dès qu’un vieux mari se retourne ou s’éloigne. Giovanna est sensuelle, voluptueuse, facile à cueillir. Gino se la joue par un esthétisme primaire mais efficace, en offrant dans l’embrasure des portes une sueur collée sur un linge de corps plus qu’éprouvé.Le processus est simple, mais fonctionne à merveille, une adepte du bovarisme, éveillée par des sens toujours en embuscades, se donne dans l’espoir d’un ailleurs sentimental non sollicité par un captif de la route. La chair s’affole sans sommations, encense un principe privé de conscience. Les amants se donnent prioritairement en activant de faibles projets d’évasions, ne menant nulle part.Les corps et les esprits sont sordides, minés par la crasse, les avenirs sont petits, véhiculés vers les métiers de rues, par le camion happé ou le train sans billet. Les parcours royaux sont introuvables par contre les contraintes existentielles pullulent.Luchino Visconti filme le dénudé avec comme toile de fond la merveilleuse luminosité d’une campagne italienne portant un même nom. La nature et l’homme font un bout de chemin ensemble dans l’histoire par l’intermédiaire de la misère qu’un paysage parfois presque lunaire reflète par sa désolation.Le néo-réalisme arrive à grandes enjambées en offrant dans cette œuvre sociale misères, érotismes et passions, consommant goulûment motivations et déterminations à s’en sortir, avec en bout de course une destinée tragique crée uniquement par la dominance d’un remords.
  • MA FEMME EST UNE SORCIÈRE (1942)
    La vengeance est un plat qui se mange froid. Pour cela il faut attendre parfois plusieurs centaines d’années pour l’assouvir. Un père et sa fille propulsés au vingtième siècle voient peu à peu s’étioler leurs déterminations vengeresses de départ.L’époque est agréable, le vin est bon. Le père se grise d’alcool, la fille n’est pas insensible au charme du maître de maison. Devant de telles impressions, la vengeance se trouve reléguée au rang d’une vilaine colère.L’échec de la mission sera complet, suite à l’élaboration d’un philtre d’amour que Jonathan Woolley, personnage dont le couple père, fille désire se venger, doit absorber afin de subir toutes les contraintes de l’amour.Manque de chance, par méprise la belle sorcière le consomme et devient amoureuse de l’homme à abattre, descendant de son persécuteur.Tout finira par un mariage sublimé et une descendance maintenant actifs les dons de la belle-maman.Œuvre pleine charmante, naïve et spontanée "Ma femme est une sorcière" se situe dans la période américaine de René Clair cinéaste parachuté, paradoxalement performant dans un cinéma joyeux, maillon important d’un genre plébiscité par un public friand de comédies américaines.Véronika Lake, la mèche dans l’œil, est une sorcière virevoltante, un petit bout de femme bondissant, de pièce en pièce, en troublant profondément le conformisme obscur d’un politicien sur le point de faire un mariage sans éclat.Un climat sympathique, réduisant en poussière les tristes moments précédant l’entrée en guerre du grand Sam.Ce film sera le détonateur de la célèbre série "Ma sorcière bien aimée" adorée de tous, malgré sa naïveté, rien que pour l’ambiance.Couple chaleureux, belle maison, bon boulot, jolie femme au foyer, bel enfant, belle mère envahissante.Que des stéréotypes, que nous le voulions ou non, sont toutes nos espérances, hormis la belle-mère.
  • LES VISITEURS DU SOIR (1942)
    "C'est si simple les échecs"Deux êtres insensibles au service du malin viennent divertir les humains, en les manipulant par de fausses illusions. L'ensemble austère et sans espoir se dirige malgré quelques ouvertures sensitives vers une conclusion négative, voulue par le maître des ténèbres, ici et ailleurs, en même temps venu en urgence recadrer ces troupes sur le point de sombrer dans les sentiments.Tout est volontairement distant, irrespectueux, obscur et froid dans un moyen âge sans vie, propice à tous les désenchantements où seul le chant est susceptible de drainer quelques sensibilités.Certains visages sont laids, déformés par une époque triste où l'on s'ennuie à mourir. Ceci représente un territoire royal pour un perturbateur, mesquin, expert en discorde, tenant le monde entre ses deux mains.Les naufrages, les orages, le vent, la pluie c'est lui.Les maladies, la guerre, la peste, la famine, le meurtre, la haine, la jalousie c'est encore lui.Il faut un rien pour le distraire, le malheur du monde par exemple cela n’empêche pas un voyeur sinistre et détaché, responsable de tous les maux, de souffrir de solitude, en se délectant seul de ses méfaits.Comment dans ces conditions, espérer la moindre indulgence d'un concept revanchard, livré à lui-même, n'ayant aucune pitié pour tous ces humains fragiles et prétentieux, soumis docilement à leurs fausses perceptions sans combattre."Les visiteurs du soir" est un complexe défaitiste et ténébreux, baignant dans une temporalité et une énergie quasiment nulles, à l'image de l'insensibilité de ces envoyés du Diable, aux regards éteints, complètement vidés de toutes émotions.Une sorte d'apocalypse diabolique et sentimental, combattu farouchement par la détermination absolue de deux adeptes d'Eros, désireux de conserver le seul élément qui rende la vie supportable, l'amour, même si celui-ci est destiné à deux êtres de pierres.Le principal est d'avoir gagné en sculptant dans l'immobilisme éternel, l'image de sa victoire.
  • L'ASSASSIN HABITE AU 21 (1942)
    Sans aucun doute une rosée cinématographique céleste s'est posée sur cet opus lumineux, bouillonnant, dynamique et plein d'humour, voyageant de bout en bout dans une intrigue passionnante. Aucune gâche dans ce catalogue de bons mots éparpillés intelligemment dans un contexte sédentaire, prenant et drôle, permettant à des personnages sanguins d'offrir leurs vitalités verbales et physiques, dans une intrigue de premier ordre.Paradoxalement, la France occupée met au monde une œuvre d'esprit d'une jeunesse éternelle, pleine de vitalité, de suspense et de charme, abreuvée constamment par le bon mot qu'il soit provoquant, moqueur ou ironique.C'est du lourd dans un climat historique pesant, permettant curieusement à un concept sous surveillance, de se vêtir de la plus belle parure qui soit.Un enthousiasme débordant, perpétuellement présent, dans un contexte imposant uniquement un cinéma français soporifique, qu'il soit fantastique, poétique ou de délation.Un pied de nez énergique et humoristique à toutes formes de censures.Vive la liberté.
  • CITIZEN KANE (1941)
    Charles Foster Kane s’éteint en solitaire dans un Xanadu gothique surdimensionné bâti à l’image d’un Kublaï Khan décentralisé dans le nouveau monde. L’énigme Rosebud est en marche, accompagnée d’une nécrologie faisant de ce magnat de la presse un détenteur de la totalité des combinaisons universelles de son temps. Fasciste, démocrate, communiste, belliciste, sympathisant nazi, volage, philanthrope. Quantités d’opinions n’ayant qu’une seule image, Charles Foster Kane clone de William Randoph Hearst, le célèbre industriel multimillionnaire.Différents flashbacks nous montrent que l’homme à aussi de l’esprit. "Je ne vous fait pas de promesses, car je n’ai pas le temps de les tenir" ou bien encore "A quoi aimeriez vous ressembler ? A tout ce que vous détestez".Le retrait brutal d’un cocon familial opère un branchement conditionnant une entame de vie nostalgique, vengeresse d’ébats stoppés soudainement. La maison sous la neige ainsi que la luge d’un adolescent sont cruellement abandonnées en cours d’usages. Ce traumatisme d’adolescent élabore la construction d’un personnage déterminé, complexe rupté trop tôt d’un parcours séquentiel menant tranquillement par des jeux d’enfant de l’adolescence vers le monde des adultes.La démesure effrite peu à peu un homme ambitieux écrasé par son propre gigantisme, la voix ne porte plus, il faut presque hurler dans des pièces gigantesques pour se faire entendre, Kane ne maîtrise plus son espace.Tout est haut de plafond, infini en profondeur. Pris de folie il saccage soudainement, en fin de vie, le contenu d’une pièce représentant symboliquement tout ce qui a été matériellement conçus depuis son déracinement d’enfance pour ne sauvegarder que ce dôme sous la neige porteur de son dernier mot.Charles Foster Kane bâtit son empire sur un éclectisme psychologique faisant de lui un caméléon articulé par toutes les procédures politiques en vigueur. Récupérable au moins par un des composants de ses multiples facettes son parcours de départ, élaboré de force, fait de ce déraciné un goûteur universel anéanti par ses propres concepts."Citizen Kane" considéré comme le meilleur film de tous les temps est une rivière de diamants innovatrices pour son époque. L’œuvre croule sous la charge. L’aspect terrifiant de Xanadu, les hauteurs alpestres des pièces, les profondeurs de champs, les miroirs, les raies de lumières dans la pénombre, etc... tout est neuf ce qui fait de "Citizen Kane" une œuvre plus référencée sur ses conceptions nouvelles que sur son traitement nécessitant une attention particulière. L'oeuvre est plus technique qu'émotionnelle.
  • L'ASSASSINAT DU PÈRE NOËL (1941)
    L’intrigue est simpliste, absorbée par une neige pesante déversée sur un village isolé, à deux doigts d’un basculement fantastique, faisant presque oublier que nous sommes en guerre et que les sujets cinématographiques liés à l’actualité sont traqués impitoyablement. Il ne reste plus qu’un récit de Noël, avec des enfants à fond dans le concept pour entretenir la flamme d’un septième art muselé. Le polar, sujet passe-partout, sied parfaitement à une configuration où l’étude de caractère confronte l’autochtone avec lui-même.Cette thématique, déconnectée d’un contexte de guerre, se reproduira l’année suivante avec "L’assassin habite au 21". Dans le cas de "L’assassinat du Père Noël", il s’agit d’entretenir un climat presque irréel en maintenant opérationnel, malgré la minceur du scénario, le jeu d’acteurs prestigieux tels que Harry Baur ou Robert le Vigan, par des colères pleurnichardes et un visage halluciné.Malgré l’isolement du site, les enfants sont respectés, comblés de cadeaux, en cette époque de disette. La suspicion ne s’adresse qu’à un notable au propos incohérents presque féeriques sur lequel les villageois s’acharnent.Le concept montre le manque de cohésion totale d’une communauté frappés par les grands froids, qu’ils soient naturels ou militaires, incapable de surmonter ses différends.La méfiance, la surveillance et la dénonciation quittent les grandes agglomérations pour s’ébattre en haute montagne. Difficile de bypasser des comportements liés à des années de logique de guerre et d’occupation."L’assassinat du Père Noël" est un sympathique conte de fées, bouleversant dans ses dernières images, où un merveilleux enfant-roi, revêtu d’une nouvelle vitalité, se blottit contre un Père Noël à la parole encourageante.
  • LA LETTRE (1940)
    Existe-t-il une aussi grande comédienne que ce lingot d'or personnifié par Bette Davis capable en fonction des rebondissements d'une enquête, de passer de l'assurance d'un regard de glace aux plaintes les plus persuasives mêlées d'évanouissements judicieux afin de manipuler au maximum un environnement soumis ou respectueux, non conscient du mécanisme d'une créature vénale. "La lettre" tout en restant une œuvre lente et souffreteuse déblaie habilement les faux vêtements de lumière d'une créature froide et coupante voguant habilement entre un mari naïf et la faiblesse d'un avocat.Le choix de montrer une faune locale servile ou corrompue, toisée par un colon croulant sous le service, n'est pas du meilleur goût. Nous sommes dans les quotas de l'époque où tout ce qui vient de l'orient est jugé comme décalé et fourbe donc à manager par l'ordre et le mépris.La scène de la remise de la lettre est un moment grandiose. Deux femmes s'affrontent par une dominance vengeresse déclenchant une soumission calculée.Le remarquable prologue et épilogue lunaire, fil rouge porteur de toute l'œuvre, valorise l'alpha et l'oméga d'un contenu bien souvent terne. Il faut lutter contre quelques risques de somnolences afin d'atteindre, en pleine possession de ses moyens, dans l'ombre de l'astre de nuit, un dénouement fantastique presque extra terrestre par son esthétisme.La sublime est d'une beauté machiavélique en clamant ouvertement son adultère. Elle ne manque pas d'humour non plus par l'intermédiaire de cette phrase surprenante"J'ai voulu me faire belle, ça m'a pris du temps".
  • LE DICTATEUR (1940)
    "Adenoid Hynkel dictateur fantoche managé par sa mégalomanie et ses maladresses possède une copie antinomique. Un barbier juif lunaire, farfelu, froussard, inadapté aux procédures militaires.L’un postillonne et vocifère sur des micros craintifs des théories extrémistes pendant que le second rase et dépoussière sa rare clientèle sur des danses hongroises de Zoltan Brabek.Deux mondes façonnés sur un même moule expriment leur différence dans un univers buriné conservant curieusement une certaine fantaisie.Le contexte tout en étant préoccupant par la montée en puissance de ses doctrines et la virulence de sa répression ne sombre jamais dans la barbarie.Un burlesque qui tout en étant lucide l’emporte toujours sur le mélodrame.Il s’agit de dénoncer mais toujours dans une sorte de bonne humeur dont le spectateur ne doit jamais se séparer malgré la rudesse de certaines images.Les gags sont nombreux, lumineux, indulgents envers certaines caricatures ridiculisées sur la pellicule tout en étant hyper dangereuses dans la réalité.Une fusion intelligente entre un réalisme invivable et l’audace de s’en divertir.".
  • L'ETRANGÈRE (1940)
    Bette Davis n’est jamais aussi performante que lorsque le récit lui oppose un rapport de forces avec un représentant de son propre sexe. C’est le cas ici où jalousie, aigreur, joie de vivre et dynamisme joutent par l’intermédiaire de regards aigres-doux, entre une femme délaissée et une gouvernante dont le rayonnement fait l’unanimité de la maisonnée.Ce drame de mœurs, taillé sur mesure pour une grande artiste bien que vieillot, réhabilite une merveilleuse atmosphère d’antan. Une manière d’interpréter oubliée, basée sur un regard froid ou apeuré, assimilant une information.Un esthétisme calibré, ordonnant dans un ballet d’images d’époque bien pensantes, des enfants éduqués dans un foisonnement de comportements quotidiens, presque protocolaires.Demandes d’explications, angoisses d’adolescentes, prières du soir, éducation monotone, révérences et réconfort ecclésiastique se succèdent, pendant qu’un couple se déchirent.La tension dramatique de ces images, qu’il faut impérativement recadrer dans un contexte de traitement cinématographique périmé, accentuées par une partition musicale appropriée au climat, respecte au cordeau les demandes d’un public désirant ressentir un état sans le subir.Le spectateur, suspendu aux technologies de son temps, s’adapte toujours aux produits de son environnement.Ces images, prêtant nos générations montantes à sourire, ont données des couleurs à des milliers de visages maintenant éteints, grisés par le pouvoir des sensations et des mots, habillant de sensibilités ce mélo symbole d'un produit plébiscité par des esprits en manque d'émotions.Une chaleureuse envie de se connecter quelques instants sur une autre manière de ressentir, par l’apport de visages calmes ou convulsionnés par la vérité de ce qu’il ressentent, loin de la fureur et du bruit des productions modernes.
  • LE VOLEUR DE BAGDAD (1940)
    Sabu Dastagir, fils de cornac et comédien principal, du "Voleur de Bagdad" campe parfaitement le prototype parfait d'un héros local pur et bondissant. Un joyeux compagnon d'aventures bon, généreux et loyal. La légende dit que lors d'un casting où il devait montrer son adresse à grimper sur un éléphant, celui-ci l'aida avec sa trompe à bien se positionner sur le sommet de son crâne, la production médusée l'engagea sur le champ.Sabu devint le porte parole d'une série de films exotiques des années trente et quarante, le positionnant bien souvent comme une pierre angulaire entre une malhonnêteté bien souvent locale et un "gentil" colon anglais plus ou moins dépassé par les us et coutumes d'un pays inconnu."Le voleur de Bagdad" est une prouesse pour l'époque, le climat est enchanteur, les effets spéciaux particulièrement réussis évadent le spectateur du spectre d'une guerre qui se profile.La réalisation soignée fournit une figuration fastueuse. Le thème est simple, manichéen, essentiel à un public non exigeant, amateur de couleurs chatoyantes et de méchants génies, avec en toile de fond une jolie princesse à éblouir.Les marchés aux fruits sont colorés, les costumes somptueux."Le voleur de Bagdad" régulièrement projeté à la télévision française, à l'époque en noir et blanc, émerveilla de nombreux adolescents imaginatifs, devant un tel contexte d'évasion.
  • LAUREL ET HARDY CONSCRITS (1939)
    Une perception nouvelle envahit un contexte dur et contraignant, le burlesque par l’intermédiaire de Stan Laurel et Oliver Hardy, entamé par un chagrin d’amour, s’attaque à la guérison des blessures d’Eros en titillant discipline et procédures. La légion est un met de choix pour mettre en pratique une approche personnelle du relationnel militaire hiérarchique, qui pour nos deux compères ne signifie pas grand-chose.Le bureau du commandant est envahi, on pille ses cigares en discutant du montant de sa solde, Stan et Oliver se ballade dans la caserne comme dans un supermarché, critiquent l’organisation, brûlent par maladresse l’intégralité de la lingerie, on est aux anges devant cette faune militaire bafouée jusque sur ses terres par cette double inconscience, ne répondant qu’à une perception interne et personnelle du relationnel.Rien ne les arrêtent, le camp militaire est en plein naufrage, les gags s’amoncèlent, Stan et Oliver dont la négligence naturelle du règlement est un vrai régal, s’en donnent à cœur joie, la caserne devient un parc de jeux où tout le monde court dans tous les sens afin d’enrayer au maximum cette inévitable chute de dominos, la où ils passent rien ne repousse.Le déclic de la cruelle déception amoureuse parisienne de départ permet à Oliver, grâce aux circonstances, de se rattraper sur site du dédain de la belle présente en ces lieux, la déferlante vengeresse ne s’en prend pas aux individualités, mais à l’organisation complète qui paie pour la moquerie féminine envers un gros balourd amoureux et sincère.Le respect envers le gradé est ridiculisé dans la joie et la bonne humeur, le spectateur se pâme de voir la hiérarchie militaire manipulée par deux civils déchaînés.En cette fin des années 30 (sortie du film) et de ses nombreuses diffusions dans les années 60 à la télévision française, le climat est lourd, le respect militaire est pesant, la discipline dure, Les extravagances de Stan et Oliver se payant le luxe de démissionner de l’armée amusent tous ces jeunes appelés en partance, appréhendant un service militaire de 18 mois à l’époque."Les conscrits" n’est pas un film mineur, il montre, certes par le rire, une certaine rébellion naturelle et inconsciente envers la servitude.
  • BEAU GESTE (1939)
    "Beau geste", très beau film sur la légion, ses exigences, ses sacrifices finaux, sa fraternité et ses débordements internes, fut interdit en France, pendant la seconde guerre mondiale. Cette sphère rigide et guerrière, salie de l’intérieur par l’arrivisme et la convoitise d’un de ses composants hiérarchique hyper dément, montre une architecture austère, complètement sclérosée par des procédures menant sadiquement, en se servant du règlement comme paravent, ses incorporés vers l’élimination finale.Les premières minutes ainsi que les dernières sont saisissantes admirablement proportionnées. Le final est bouleversant. Ces ultimes images sont incontestablement parmi les plus pathétiques du septième art.Une incroyable force se dégage de cet enfer saharien. Sous un soleil de plomb, les hommes sont rabaissés, bestialisés, de véritables moutons conditionnés, incapables de se révolter devant le sadisme d’un déjanté.Positionnés entre un règlement strict, en lutte avec les perceptions personnelles d’un sergent halluciné, le légionnaire environné de sable, traqué par le Touareg, n’a plus que le linceul du fortin comme épilogue."Beau geste" est absolument à voir, rien que pour l’admirable complémentarité de ce merveilleux et émouvant triangle fraternel, restant soudé devant les déferlantes incessantes d’un déséquilibré.Gary Cooper, Ray Milland, Robert Preston et Brian Donlevy sont extraordinaires dans leurs scènes, chaleureuses et démentielles, respectives.Une triade fraternelle, accablée de chaleur, aux liens indestructibles, se renforce dans la douleur de l'isolement."Beau Geste" est un chef-d’œuvre.
  • LE MAGICIEN D'OZ (1939)
    Film culte, borne indispensable à ne surtout pas contourner, "Le magicien d’Oz" devient avec le temps et les expériences lucides de la vie, une excellente réminiscence. Toute génération confondue ressentira une attirance envers cet environnement et surtout ces personnages propulsés, d’une terre imprévisible, vers un monde enchantée, fait de routes, de briques jaunes et de palais d’émeraude.L’initiation s’exécute dans des couleurs magnifiques. Un parcours insolite et décalé fusionne un cœur, un courage et une intelligence, espérés en bout de course, dans une collecte d’évènement, permettant d’acquérir par soi-même, sous des roses vêtues de neige, ses précieux ingrédients."Le magicien d’Oz" est un film fabuleux. Soixante neuf ans à ce jour, sans une seule ride, dans sa partie couleur. Les effets spéciaux, à couper le souffle, semblent narguer nos plus belles avancées numériques.Ce film, d’une autre planète, unique potion politique, éradiquant par sa sensibilité toutes nos doutes, permet de rédiger, par une dernière phrase, en leitmotiv, un constat extrêmement fort, sur toute une vie, accompagnée d’un unique encadrement familial et amical."Le magicien d’Oz" est un hymne à la sédentarité, à l’initiative d’une prière finale, demandant comme amour et protection, un seul groupe composé d’êtres chers, que l’on ne quitte jamais.Un message certes moralisateur, un peu parano, bien américain, démontrant qu’un danger est toujours présent, en dehors de ses frontières.La féerie de l’ensemble est bien plus forte qu’une dangereuse rationalité récupératrice, inconnue des enfants, qui eux adhère à la seconde, à ce monde merveilleux.Faisons-en autant, en maîtrisant, à la fin de la projection, un réveil à la réalité, presque douloureux.
  • ALEXANDRE NEVSKI (1938)
    Une habile propagande dévoile la détermination d'un empire à conserver, toutes époques confondues, sa terre inviolée. Pendant que le Mongol trépigne d'impatience aux portes de l'empire, des hordes germaniques sont anéantis par la volonté d'un seul homme, décuplant la force défensive d'une masse conditionnée par la peur perpétuelle de l'invasion.Un lyrisme sur fond blanc scrute l'avancée d'un ennemi métallique, sans visage. La froideur des glaces sert de tapisserie à une terre régulièrement assiégée.Le 5 Avril 1542 se projette dans le temps. En 1938 le potentiel teuton, devenu nazi, menace tel une comète, militairement, ces plaines éternellement convoitées.Le courage d'Alexandre voyage dans l'éternité répétitive de conflits aux aspects similaires. Sergei Mikhailovich Eisenstein, en redonnant vie à l'histoire, montre l'éternelle détermination d'un pays à sauvegarder ses terres.La musique de Prokofiev accentue par des notes burinées la menace progressive d'un assaillant sans pitié. L'homme d'église pleutre calfeutre son courage dans des mimiques peureuses et fuyantes. Les vieillards et les enfants sont rayés des listes de l'existence.La bestialité du Teuton est chargée au maximum. Tout ce qui vient d'au-delà de l'horizon n'est pas humain et se combat jusqu'à la mort. Un éternel schéma d'invasion reconduit, déclenchant les mêmes gestes de bravoure, sur de perpétuels assaillis.Cette fresque nationaliste intemporelle anime une procédure ancestrale, invitant toujours une force dévastatrice sur son terrain, afin de mieux la décimer de l'intérieur. Le message est clair, la bataille du lac Peïpous, annonce la stratégie et la déroute de Stalingrad. Le Russe, expert dans l'art de comprimer, dompte avec panache tous les assauts livrés régulièrement par le temps.Sublime dans l'individualité des gestes sur lesquelles la caméra fait parfois son nid, "Alexandre Nevski" sauvegarde la mère patrie, en projetant dans l'avenir un courage façonné sur des doctrines répétitives.
  • REMONTONS LES CHAMPS-ÉLYSÉES (1938)
    "Remontons les Champs Elysées" affiche fièrement à ce jour, pratiquement une vie humaine encore opérationnelle, grâce au bienfaisant câble ou à l'inespéré DVD permettant à cet opus de continuer d’exister. Bien sûr, il faut prendre sur soi en prêtant une oreille plus attentive que d'habitude devant ce noir et blanc un peu flou et ce son nasillard baignant dans un flot de paroles quasi continue.Il s'en passe des choses pendant la gestation de la plus belle avenue du monde.Grivoiseries et complots alternent non loin d'un paysage forestier adoptant lentement au fil de l'histoire le visage d'une urbanisation.De plus, le maître ne semble pas sous l'emprise de la modestie, en se révélant être le descendant de Louis XV, ceci devant l'extase d'enfants beaucoup plus passionnés par cette curieuse révélation, plutôt que par la validation d'une telle information.Ce qui compte est d'apprendre, en se mettant en valeur, devant de jeunes écoliers captivés par l'élaboration d'un concept citadin, en compagnie de personnages pittoresques dont les extravagances et les détachements envers un peuple, de plus en plus grondant, sont merveilleusement vendus par un conteur de qualité, légèrement pédant, mais prenant du plaisir à éloigner pendant quelques heures nos jeunes têtes blondes de l'emprise de la multiplication.Un cours historique savoureux, accompagné d'une diction parfaite, pouvant passer de nos jours comme surréaliste.
  • LE QUAI DES BRUMES (1938)
    "Quai des brumes", œuvre pathétique de fin de parcours, regroupe dans un microcosme grisaillant toute la tautologie du défaitisme. Du verbe résigné à la pause statique, une faune locale, comprimée par une mer infranchissable, s'entretient par le rhum, le mal de vivre, la lâcheté, la convoitise et l'envie d'un ailleurs, sous la voute d'un soleil absent, perpétuellement recouvert d'une mer de nuages.Les connexions sont méprisantes, acerbes, violentes, désabusées. Les conversations sont courtes, les poings s'activent après quelques phrases. Ces esprits rongés par la démotivation et la haine se provoquent sur une terre lugubre émiettée par une noirceur tenace.Cette ouvre pénible, pessimiste, est d'un esthétisme douloureux, extrêmement travaillé dans son amertume envers la scoumoune, privant quelques marginaux des saveurs d'un monde équilibré.Son message s'avère néanmoins dangereux, sur l'impact négatif qu'elle transporte à travers les âges.Le contenu volontairement désagrégé, d'un environnement en miettes, se répand en lamentations et révoltes incessantes, faisant de ses composants une meute effondrée et revancharde en alternance.Toute cette gâche humaine nauséabonde, regroupée en bord de mer, marquée par le destin, envahit la toile de ses tourments, dans des situations presque fantomatiques, faisant de l'homme une machine à ruer ou à geindre.A voir plus comme un exercice de style, en ignorant impérativement son aspect n'incitant qu'à en finir.Le cinéma de Marcel Carné n'incite pas des personnages auto-suicidaires à sortir de leurs gonds devant l'adversité, mais plutôt d'entretenir par une prose adéquate leurs lentes descentes vers le néant.
  • LA MARSEILLAISE (1938)
    "C’est une révolte ? Non sire, une révolution". Le roi Louis XVI mange du Poulet après la chasse, pendant que le paysan braconne pour se nourrir. Nous sommes en 1789, le citoyen et la nation n’existent pas. Seul le noble a le monopole de la parole et des lois.Les aristocrates se croient à l’abri de tout changement pour de nombreuses années. Les institutions semblent de marbre. Mais tout va changer de manière rapide. Des idées nouvelles sont en marche.De nouveaux concepts s’échangent entre tous ces affamés qui n’ont plus rien à perdre. Au commencement de la révolte, un miracle se passe. Les partis en lutte concernés s’accordent pour définir qu’il est inutile de s’entretuer.Une cohésion s’exécute. La marche des régions révoltées vers les Tuileries est unitaire. Les premiers combats font rage. La Marseillaise naît. Le roi capitule.Jean Renoir nous rappelle avec force l’effort collectif indispensable en vue d’un changement radical, ceci par le gommage des différences et la tentative désespérée d'acquérir un rang social plus juste.Il n’y a pas d’équivoque, le message est bien rendu par le citoyen, expliquant la signification d’un nouveau terme inconnu "citoyenneté" à l’aristocrate déchu, n’ayant plus que l’exil en Allemagne ou l’Angleterre comme destinée.Le Marseillais, enfin débarrassé de sa sieste et de sa désinvolture, est magistralement récupéré comme un actif motivé dans un morceau d'histoire épique et chaleureux.
  • VISAGES D'ORIENT (1937)
    "La terre est notre vie"Un film admirable, dans une réalisation somptueuse, montrant avec tendresse ou fureur les rapports conflictuels, que l'on doit accepter de la part d'une terre mère généreuse ou avare, dépendante au même titre que les hommes, des éléments qu'ils soient atmosphériques ou historiques. Un chef-d’œuvre rural et citadin d'une intensité dramatique exemplaire, reproduisant sur des visages harassés par le labeur, une résignation magnifique envers un héritage ancestral, fait de sueur et d'incertitudes.Les scènes de panique sont époustouflantes.A voir absolument.
  • HORIZONS PERDUS (1937)
    L’utopie, pénalisée par une impossible naissance, devient la ressource principale de l’ironie, voire d’une moquerie désabusée. Cela pourrait être l’unique perception de ce film, un peu naïf, projetant suite à un départ précipité, quatre Américains dans une configuration fantastique. Au-delà du froid et de la glace, sur des hauteurs pratiquement infranchissables, se trouve une vallée verdoyante, Shangri-La. Découverte dans la douleur, le site offre des vents calmés, une température clémente et des rires spontanés, l’accueil est chaleureux, la faune idyllique.A l’inverse d’Aguirre, Robert Conway n’envahit pas ces territoires inconnus, il y est convié par une douceur désarmante. La vallée s’auto-alimente en gestes simples, ici rien ne change, la base est immuable. Les tempéraments des nouveaux arrivants se transforment, au début réticents, ils s’adaptent et songent à ne plus repartir.Film culte, chef-d’œuvre de la quête récompensée, "Horizons Perdus" est un apaisement bienheureux. Au-delà de cette frontière, que Sondra empêchant Robert Conway de partir, ne peut franchir, les vents sont déchaînés, le froid est un poignard, dans ce contexte l’homme redevient immédiatement mauvais. Le long calvaire du retour vers la civilisation à travers ces montagnes, où la mort peut surgir à chaque instant, précipite de manière désordonné un homme complètement desséché vers ses semblables. La route est faite à l’envers. Robert Conway le comprendra et agira en conséquence.Frank Capra, dans ses films, offre bien souvent une seconde perception à l’homme projeté, dans un premier temps, dans des comportements universels. Georges Bailey rêve de conquêtes, il y renoncera en sauvegardant un bien précieux, la présence constante de sa famille et de ses amis. Tout est au kilomètre carré et pour toute une vie.A Shangri-la, dans un premier temps, on pleure un monde perdu, puis on s’adapte en visitant les lieux, les idées fusent, tout est à entretenir ou à améliorer, le basculement s’opère naturellement, le nid est fait, on ne regarde plus derrière soi.
  • LA FORET PETRIFIEE (1936)
    Singulière destinée que celle de ce clone du Vigan du "Quai des brumes" illuminé, sans le sou, en bout de course, quémandant avec fougue sur un site décharné, son anéantissement de la part d'un fugitif sommaire. Légèrement éclairé par les propos d'un Philosophe itinérant et indécis, désirant porter au plus haut le paroxysme de ses sentiments, avant de disparaître.Une perle méconnue, originale, mystique sur la volonté d'un esprit tétanisé par l'intégration de bouleverser un site sensitif intérieur aride et grippé, en acheminant tel un volcan de l'ombre vers la lumière, une transcendance sentimentale enfin révélée.Bette Davis et Leslie Howard sont magnifiques.
  • PEPE LE MOKO (1936)
    Pépé le Moko, malfaiteur calfeutré et protégé dans un labyrinthe sécuritaire lui ôtant tous repères sensibles, redécouvre l’art d’aimer et ses procédures, suite à une vision sublime. Un appât rapatrié sur site par un inspecteur de police revanchard.Un malfrat condamné au placard éternel se fragilise jusqu'à l’extrême, en se libérant d’une enveloppe environnante méfiante et agressive, fabriquée par des accompagnateurs poisseux, paresseux, possessifs, sales, toujours prêt à trahir pour se répandre à l’aide d’un paroxysme émotionnel, vers un sacrifice amoureux, faisant d’une bête aux abois, un homme reconstruit par l'attirance.Un beau film sur le réveil des sens, dans un environnement carcéral protecteur, mais isolant une ressource d'un patrimoine quitté précipitamment, que l'on redécouvre à deux le temps d’un souffle.
  • LES TEMPS MODERNES (1935)
    "La production démentielle ou l’enfer de la rue en alternance pour deux cobayes sans identité dans une époque du même nom dont on peut néanmoins atténuer les impacts grâce à un état second et une vivacité débordante. La pantomime et l'efficacité, l’automate et la fouine dans d’immenses salles de production froides et hiérarchisées ou sur les docks à l’affut d’une opportunité.Un même moule quotidien pour deux substances conservant miraculeusement absence et fraicheur dans une époque ôtée des trois quart de son humanité.Deux esprits sévèrement pénalisés par un environnement dégradé se réinventent en se servant d’un imaginatif leur ouvrant de nouvelles portes.Mimer un repas imaginaire devient le symbole d’un espoir celui de se reconstruire momentanément de manière virtuelle en attendant le retour de jours meilleurs.Le cœur y est et ça se voit dans ses œillades et mains tendues principaux remèdes affectifs de deux tourtereaux, parachutés dans une époque laborieuse dont il suffit de gommer les excès par un sourire et la volonté de se réaliser à l’aide de codes sentimentaux momentanément obsolètes.Deux roses sur un tas de fumier. Une complémentarité presque euphorique dans son décalage assure le maintien des sentiments dans un contexte ou la plupart des valeurs ont été mises à sac par la crise économique.Il ne suffit plus que de faire face main dans la main en se dirigeant plein d'espoir vers ce qui se cache derrière l'horizon.".
  • LA REINE CHRISTINE (1933)
    Une reine ne lisant que la nuit, s’habille au petit matin, en laissant apparaître une jambe prometteuse. De constitution robuste, son visage s’adapte facilement à la friction d’une neige omniprésente. La belle est solide, entreprenante, déterminée à modifier fermement l’attirance de son peuple pour des guerres interminables, en lui imposant la contrepartie des arts et des lettres. Une démarche alerte de long en large cède sa place à un profil droit somptueusement éclairé, lui-même rétrogradé par la prestance d’une jeune reine moqueuse juchée majestueusement sur la plus noble conquête de l’homme.De face, de profil, de haut en bas, immobile, en mouvement, en chapka, du faux jeune homme à la reine étincelante la Divine scintille de toutes parts. Pas de répit pour les sens devant une telle démarche volontaire, un rire rauque prenant, des yeux aussi beaux. Ce n’est pas la Reine Christine, c’est Greta illuminée par un réalisateur aux ordres d’un éclat éloigné, d’une vérité historique.Le mythe Garbo prend vie avec d’innombrables nuits sans sommeil, pour ceux pris au piège d’un tel minois. L’intrigue reste simple, cet amour impossible ne représente que peu d’intérêt, la compensation reste généreuse, le visage de la Divine largement montré, atténue de façon naturelle de loyales mais insuffisantes scènes de cours ne pouvant lutter à armes égales devant une telle merveille.Le fondu d’un visage plein écran affectivement touché, mais déterminé à survivre par l’intermédiaire d’un regard au delà de l’horizon, clôture cette œuvre cousue main, livrée aux tourments de folles espérances.
  • LA CHASSE DU COMTE ZAROFF (1932)
    Paradisiaque, étrange et merveilleux, la chasse du comte Zaroff façonne dans un moyen métrage à deux pas du fantastique, une aventure hors du commun vécu par deux cobayes, pourchassés par un illuminé. L'opus est vigoureux. Le climat interne et externe oppressant. Les conséquences d'une demeure cauchemardesque et d'une jungle de tous les dangers contraignent deux esprits devenus gibiers à utiliser en alternance l'intelligence et l'instinct, dans une traque minutée.Une intrigue hallucinante, dans des décors magnifiques, devenus d'effroyables terrains de jeux.Un chef-d'oeuvre.
  • GRAND HOTEL (1932)
    Plusieurs composants en rupture de normalisation tentent de se ressourcer dans des connexions temporaires, offertes par la logistique d’un grand hôtel de luxe berlinois. Dernières folies, pleurnicheries et caprices côtoient maitres, courtisans et ambitieux, dans un lieu où les dernières cartouches, les remises à niveaux et les acquis ne projettent aucun avenir en commun à long terme, entre les différents protagonistes.Tout n’est qu’une tranche de vie où chacun, en fonction de son bilan, plastronne ou s’effondre dans un lieu froid sclérosé par la thématique du service et l’attrait de l’argent semblant gommer toutes les différences.La caméra dévore le profil, les mimiques et les déplacements d’une divine, formatée de film en film, par la perception d’un autre monde nommé solitude, sous les yeux d’un Wallace Berry, à l’allure de Kaiser."Grand Hôtel" établi un catalogue microcosmique de tout les mécanismes de notre société. Une prestation passagère entre ce qui est sûr de soi et ce qui doute, avec comme conclusion la constitution des malles et la porte de sortie pour tout le monde, une fois la représentation terminée.
  • JE SUIS UN ÉVADÉ (1932)
    "Je suis un évadé" est un film rude, particulièrement brutal dans sa partie carcérale. L'homme, qu'il soit maton ou prisonnier, est au plus bas. Même si les chaînes sont fausses quand on les prend dans la figure, l'impact est fort, ceci dans tous les sens du terme qu'ils soient physiques ou psychologiques.Au bagne, l'environnement n'est qu'un distributeur automatique de brimades et de sueurs récurrentes distribuées à du bétail sans nom.Trahi par les siens, James Allen possède un potentiel, un désir d'entreprendre dans une volonté hors du commun, maintenant sur le cap de la compétence, un esprit de valeur privé de clémence, diminué par la crise, mais transcendé par la rage de survivre.Un opus exceptionnel sur un homme dont l'intégrité parvient à se maintenir au contact de rustres ou d'indifférents anéantis par la rudesse d'une époque d'airain, dont les principaux critères ne sont que froideur et acharnement.Paul Muni est remarquable.
  • LA LUMIÈRE BLEUE (1932)
    Junta est une enfant de la pleine lune. Un esprit maquisard et insaisissable partageant sa vivacité naturelle avec une nature traversée au pas de course sans aucune protection loin de contemporains effacés, médiocres et sentencieux, terrorisés par de lourdes croyances endurées sans être étudiées. Une escalade périlleuse vers une lumière bleue tout près du ciel offrant ses parures nocturnes à une élue temporaire découvrant de nouveaux ressentis dans une révélation finale atteinte et contemplée grâce une volonté hors du commun.La détermination d’acquérir une autre perception entre détermination et transcendance.Un écrin éphémère dangereux malgré son offrande qu’il ne faut pas contempler jusqu’à l’ivresse sous peine d’être emporté.
  • LES LUMIERES DE LA VILLE (1931)
    Une telle histoire serait-elle encore possible de nos jours tant les critères de rencontres ont changées ? Aujourd'hui notre sympathique et lunaire vagabond des années trente serait à la dérive devant la vision quotidienne de nos clichés médiatiques modernes, ne faisant qu'embellir nos semblables jeunes et beaux le plus souvent dans des situations de réussites et de charmes savourés dans des intérieurs vastes et lumineux.Parachuté dans un contexte de crise ou tout devient insensible, indifférent et moqueur, un homme bon, insignifiant, aux habits en détresse, sans le sou, livré à la rue a-t'il une chance de conquérir sa belle protégée une fois son visage découvert ?L'opus ne le dit pas, préférant botter en touche, filmant des retrouvailles touchantes, mais ne révélant aucune parcelle de continuité entre ces deux personnalités dont l'une dans un imaginatif certainement trop débordant dépeint intérieurement un profil bienfaiteur ne correspondant pas à la réalité.Un exclu, ni riche ni beau, ne mangeant plus à sa faim, vivant au quotidien le concept de sa marginalité, ne possède que sa sensibilité pour déraciner toute une structure hors norme.Un naturel au delà de la misère ambiante dont on ne connaitra hélas jamais la récompense sentimentale.
  • À L'OUEST RIEN DE NOUVEAU (1930)
    "Pourquoi nous ont-ils fait cela, on ne demandait qu’à vivre""A l’ouest rien de nouveau" dénonce la propagande patriotique démesurée d’un pays en transe menant de jeunes étudiants survoltés par un discours enseignant frisant la démence vers l’engagement et la désillusion devant la fureur des combats qu’une virtualité enfantine en pleine extase ne peut déceler. Une boucherie innommable éteint brutalement la fougue de jeunes appelés, constatant sur le terrain que la sauvegarde de la patrie n’entraine qu’une violence insoutenable insérant quelques convivialités entre deux attaques.L’opus est d’un pathétisme guerrier jamais égalé, on s’y croirait et ces mots valent leurs pesants d’horreurs. Quelles images! Sur un site infernal le soldat mené à la dure, liquéfié par la peur, est poignardé ou mitraillé comme un lapin.Les corps à corps d’un réalisme époustouflant montre l’homme devenu bête féroce frappant son semblable comme un forcené ou au contraire, miséricordieux et prévenant, une fois sa rigueur retombée.La survie, le dégout, le repentir, les larmes et la folie cohabitent dans un contexte pathétique anéanti par les bombes. Une page d’histoire sanglante éteignant des esprits loin de leurs terres dans la boue et le barbelé."A l’ouest rien de nouveau" est un rendu magnifique, incorporant unréalisme thématique stupéfiant, dont l’avancée inexorable est freinée par quelques cris de désespoir offrant à l’homme anéanti par la peur l’offrande d’un révélé insoutenable qu’il peut vomir dans des plaintes interceptées par un silence céleste indifférent.Une fresque infernale à la disposition de quelques privilégiés temporaires, leur permettant d’extérioriser dans un univers cauchemardesque, une transcendance maléfique inconnue en temps de paix.Un chef-d’œuvre grandissime aux portes de l’icône.
  • COEURS BRULES (1930)
    Marlène n’a rarement été aussi belle que dans ce film où Gary Cooper n'en finit pas de se déplier et de raser de la pointe de ses cheveux, sous nos regards effrayés, le haut des chambranles. Ah ! Il l'aime Josef, sa belle et il le montre en lui offrant le secret des dominations et des dépendances gravitationnelles entre hommes et femmes.Une virilité féminine s'affirme sous un chapeau claque choisissant ses futures proies dans une froideur presque indélébile.La Sublime, malgré ses crises de dominances, est touchée par Eros, parachutant son propre clone, un légionnaire sans repères durables, préférant les frivolités de la taverne et l'indécis des combats au repos du guerrier.En entretenant perpétuellement une liberté, la belle montre soudain un besoin de soumission inassouvi, en contemplant chez l'autre les inconvénients de son propre reflet.La belle se voit au miroir, devient blessée en visualisant ses propres concepts d'indifférences, elle subit à son tour les leçons de tous les désagréments d'un désintérêt.La froideur des sentiments se renvoie sa propre image.Pas grand-chose d'autre à dire sur ce film daté, sauf la prestigieuse scène finale montrant une convertie se soumettant pieds nus au devenir de son homme, en le suivant au pas sur la braise d'un sable lumineux dans des roulements de tambours sans musiques. Quel final !
  • METROPOLIS (1926)
    Des nuages de vapeurs crispent des visages sacrifiés, exécutant des taches répétitives, sécurisant la continuité d’un jardin à ciel ouvert où des nantis méprisent d'interminables transpirations souterraines par des jeux égoïstes et insouciants. Les superficies des bureaux sont à la démesure de la démence des dominants, les baies larges et ensoleillées transfigurent le regard d’un concepteur devant la vision d'une réussite urbaine démesurée s'étendant à perte de vue.Les sous-sols explorés dévoilent des ressources exténuées, endoctrinées par des prestations dérisoires, masquant la définition d’un réel besoin communautaire.Dans ces bas fonds, ce n’est que servilité envers une machine ne mentionnant même pas à quoi elle sert.Trimer devient simplement par le sacrifice d’exclus, la sauvegarde en surface d’ébats sulfureux, de courses viriles et de captures amoureuses.Un clair obscur Darwinien à l’échelle humaine, fortement implanté dans deux concepts acquis à leurs procédures respectives, la dominance et la soumission.Comment ne pas se rapprocher en regardant ces images d’un temps douloureux encore endormi où ces maquettes futuristes annoncent l’arrivée d’un Speer alimentant dans une architecture spatio colossale les délires d'un dictateur.A l'inverse ou en parallèle, les masses colossales, froides et informes de ces blocs ne masquent nullement une récupération socialiste dont le gigantisme s'avère correctement reproduit.Ceci positionnant "Metropolis" comme une œuvre absolue au service de toutes les idéologies.Fritz Lang fut courtisé par les nazis, il préféra la fuite, en argumentant sur l'éclosion d'un troisième parti équilibrant deux extrêmes, Un esthétisme d’images, certes démentiel mais uniquement au service de l’expressionnisme.Concluons sur les propos du maître."Métropolis est un excellent film de science-fiction, rien de plus.".
  • L'OPINION PUBLIQUE (1923)
    Charlie Chaplin met les choses au point dès le départ par un petit message d'information, il n'apparaît pas dans "L'opinion publique". Dès la première image, on perçoit de suite l'atmosphère pesante d'un logis de province triste, noir et embrumé. Marie Saint Clair est séquestrée par un visage paternel de cire.Jean Millet son amant ne peut imposer une union à un père obtus. La grisonnante chevelure d'un géniteur dépassé est synonyme de conflits de générations et d'hostilité envers un couple désargenté, mais désirant se stabiliser par le mariage.Devant de telles pressions paternelles, la fuite est inévitable, mais Marie par un concours de circonstances défavorables l'exécute seule. Dans la capitale, la beauté aidant l'ascension devient rapide, Marie côtoie les fumets, les liqueurs et les champagnes, Jean est archivé, Pierre Revel son nouvel amant riche, brille de mille feux.L'ambiance est balzacienne, "Grandeurs et misères des courtisanes" avec entre ces deux extrémités, une réflexion de la belle sur l'intérêt de l'existence, la caresse de son collier par Pierre, lui donne une vision du milieu.Les débauches parisiennes sont récurrentes, les dîners deviennent ennuyeux et Pierre ne reste jamais.L'impact de la gaudriole semble un moment indélébile, les paillettes sont grisantes, les amies enjouées. Jean devenu artiste peintre refait surface, l'environnement protecteur est reconsidéré par une sensibilité, la morale reprend le dessus, Marie élabore un avenir avec son premier amour même dans le dénuement.Il faut attendre la conclusion, pour savourer la douceur d'un retour aux sources, impératif pour un équilibre. L'intérêt pour des enfants socialement perturbés par la misèreMarie, empêchée par le destin de conclure selon une lucidité retrouvée, rebondit en fuyant la sécheresse d'un contexte artificiel, uniquement basé sur le paraître, en protégeant par l'investissement de belles têtes blondes orphelines, elle retrouve un naturel enfoui.Pierre un instant nostalgique sur une route de campagne dans sa luxueuse automobile se demande ce que Marie a bien pu devenir. Une charrette croisée sans un regard contient la réponse.Charlot, prince incontesté du mélo, tapisse cette oeuvre de référence de tous les ingrédients nécessaires à un parcours artificiel, s'achevant sur une prise de conscience et un recadrage sur les vraies valeurs de la vie.Marie quitte la misère en qualité de victime pour la retrouver et la combattre dans une maturité conquise dans la superficialité des salons.Un chef-d'oeuvre.
  • LE KID (1921)
    Les taudis pullulent, la nourriture est rare. Cet enfant abandonné découvert lors d'une promenade matinale est d'abord rejeté par un marginal ne désirant pas s'investir.Les circonstances imposent à ce personnage détaché l'éducation de ce petit être vif et malicieux qui en grandissant s'avère intuitif, énergique et débrouillard.Un fardeau devenant rapidement un intérêt majeur qu’il faut encadrer dans le dénuement le plus complet uniquement supportable grâce à l’ingéniosité d’un esprit sachant rendre opérationnel les éléments domestiques les plus décharnés.La vie reste un jeu au contact des situations les plus pénibles qu'il faut côtoyer chaque jour tout en gardant un coté farceur et enfantin.Ce duo que plus rien ne peut séparer devient ingénieux et constructif.Il n'y a rien de plus amusant que de briser des vitres qu’un père adoptif surgit de nulle part répare à la volée en papillonnant autour de la ménagère abandonnée par un mari récupéré par la taverne.Un vagabond au début réticent se démène corps et âme pour la protection d’un modèle réduit audacieux et entreprenant adapté à survivre dans un monde en miettes.Une vivacité dont il ne peut plus se passer lui redonnant l'énergie de combattre.
  • INTOLERANCE (1916)
    « Joies et peines fin tissage ». William Blake. Sans cesse se balance le berceau reliant le passé à l’avenir. Des grappes humaines en révolte sont corrigées au canon, des tours s’embrasent au pied des murailles d’une ville momentanément épargnée. Le Christ se prépare à la passion. Babylone trahi par ses religieux offre à l’envahisseur ses murs éventrés. Le chômeur à bout de ressources détrousse l’éméché. Il y a toujours un prêtre pour vendre une ville à un empereur. En costumes ou bardés de fer, les hommes ne font bien souvent que se trahir, souffrir et guerroyer. Ces quatre exemples alimentent parfaitement la récursivité d’un concept ne fonctionnant que par ses accalmies et ses bouillonnements successifs. Assoupis ou pathétiques en alternances s’exprimant bien souvent au coup par coup dans un contexte toujours incertain à long terme. Une Monade thématique constituée d’une même substance disposée sur toute sa surface assurant dans son ensemble les différentes vibrations de son archétype. Un clair-obscur indélébile n’étant que les divers aspects d’une même réalité déroulant dans son histoire son antinomie répétitive sur diverses parcelles toujours prêtes à s’enflammer. L’être des êtres, l’âme universelle, une pensée unique en accord avec chacun de ses objets. La violence et la charité d’un ensemble ne formant qu’une seule et même image malgré toutes ses métamorphoses. Intolérance est notre éternité.